Citations de Fatima Daas (149)
J'écris des histoires pour éviter de vivre la mienne.
Ma mère m'habille jusqu'à mes douze ans.
Elle me fait porter des robes à fleurs, des jupes patineuses, des ballerines, j'ai des serre-tête de différentes couleurs, en forme de couronnes.
Toutes les petites filles ne veulent pas être des princesses, maman.
Je déteste tout ce qui se rapporte au monde des filles tel que ma mère me le présente, mais je ne le conscientise pas encore.
Je suis en cours de sport la première fois que j’ai mes règles.
Je réalise que je suis une fille.
Je pleure.
Le soir, je dis à ma mère que je ne veux pas.
Elle m’explique que c’est naturel.
Je déteste la nature. (page 48)
J'ai compris que partir ne signifie pas nécessairement rompre et abandonner.
À quatorze ans, je ne savais pas faire mon lit.
À vingt ans, je ne savais pas repasser une chemise.
À vingt-huit ans, je ne savais pas faire de pâtes au beurre.
Je n’aimais pas me retrouver dans la cuisine, sauf pour manger. (pages 8-9)
Le tabac, c'est le parfum de mon père.
Il fume à l'intérieur de l'appartement, ça ne l'inquiète pas pour mon asthme, il me porte sur ses genoux et tient sa clope de la main gauche.
Une allergologue me reproche un jour de ne pas être venue à une consultation en 1997.
J'ai deux minutes d'absence.
Je fais le calcul dans ma tête.
Je réponds que j'avais cinq ans à l'époque.
Je suis bien accueillie par ma famille inconnue.
Mes tantes sont « tactiles ». Mes parents le sont moins. Ou pas du tout.
Je découvre les premiers câlins, les embrassades, les caresses, les compliments, les mots doux. (page 167)
- Tu sais quoi ? C’est pas grave, mama ! Aujourd’hui on peut tout être : violeur, tueur en étant musulman, sauf être un homme et en aimer un autre. D’entrée de jeu, on l’élimine, on le fait sortir de la religion. (page 138)
Fatima signifie « petite chamelle sevrée ». Sevrer, en arabe : fatm. (page 14).
Je m'appelle Fatima.
Je cherche une stabilité.
Parce que c'est difficile d'être toujours à côté, à côté des autres, jamais avec eux, à côté de sa vie, à côté de la plaque.
Madame Guérin [la psychologue], elle prend son pied quand elle voit que je suis torturée, quand je me retiens de balancer sa table contre le mur, quand elle insiste pour me faire parler de ma mère. (page 88)
« Il n’y a que sur les photos qu’on est heureux. »
L'amour, c'était tabou à la maison, les marques de tendresse, la sexualité aussi.
En Algérie, la France, c’est à la fois un sac à merde et le paradis. (page 158)
Je n’ose pas dire que l’homosexualité féminine n’est pas abordée dans le Coran. Je n’ose pas non plus dire que seule l’histoire de Sodome et Gomorrhe l’évoque explicitement. Qu’on ne parle pas d’homosexualité, mais de viol d’hommes sur des jeunes hommes, et pas de relation homosexuelle consentie. (page 129)
Avant l’adolescence, mon père me chantait des chansons.
Il me racontait des histoires, aussi.
Loundja ! Loundja, la princesse aux cheveux d’or.
Mon père commençait toujours son histoire par : il était une fois.
Il était un fois Loundja. (page 17)
Je m’appelle Fatima Daas.
Je suis française d’origine algérienne.
Mes parents et mes sœurs sont nés en Algérie.
Je suis née en France.
Mon père disait souvent que les mots c’est «du cinéma», il n’y a que les actes qui comptent.
Il disait smata, qui signifie insister jusqu’à provoquer le dégoût, quand il voyait à la télé deux personnes se dire «Je t’aime». (…)
Quand mes sœurs arrivaient à convaincre notre père de nous laisser regarder Charmed à la télé (parce qu’il n’y en avait qu’une de télévision, qui se trouvait dans la chambre de mes parents), il suffisait que la main d’un homme frôle celle d’une femme pour que mon père dise khmaj et change de chaîne illico presto.
Khmaj, ça veut dire pourriture. p. 101
Je m’appelle Fatima.
Adolescente, je suis une élève instable.
Adulte, je suis hyperinadaptée. (page 118)
- La PRIDE, Fatima ! Ne dis pas la Gay pride, tu invisibilises les lesbiennes et tout le reste de la communauté en disant Gay pride. (page 84)