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Citations de Fawaz Hussain (27)


Mon cœur est devenu capable de toutes les formes
Une prairie pour les gazelles, un couvent pour les moines,
Un temple pour les idoles, une
Ka'ba pour le pèlerin,
Les Tables de la Torah, le Livre du Coran.
Je professe la religion de l'Amour, et quelque direction
Que prenne sa monture,
L'amour est ma Religion et ma Foi.
Ibn Arabi
Repris en exergue par l'auteur
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Le combat contre la pandémie a commencé à porter ses fruits, mais je ne sais pas quand nous célébrerons la victoire du beau, de l'éthique, précisément comme dans La Peste d'Albert Camus. La lumière chassera les ténèbres grâce à la fraternité entre les hommes. Et les femmes bien sûr. Les portes des villes s'ouvriront de nouveau sur l'extérieur, le ballet des avions sur les tarmacs reprendra. Nous aussi, père, nous nous adonnerons aux scènes d'allégresse, mais dans ce genre de combat, la victoire n'est cependant jamais décisive : la vigilance doit rester de mise. Les germes de la destruction peuvent se tapir quelque part dans une vieille malle, s'échapper d'un laboratoire, surgir comme un démon des plis d'une mémoire qu'on assassine. Ils risquent de s'en prendre de nouveau au monde et à se fabuleuse mosaïque.
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Ce qui fait la beauté de la quête, ce n'est pas sa découverte, mais le chemin qui y mène.
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Je [leur] préfère les romans, la poésie, la littérature en général. C'est pour cette passion dévorante que j'ai quitté la Syrie et que je me suis tant éloigné de toi. Autrefois, quand nous avions le franc comme monnaie, nous pouvions voir l'effigie de grands écrivains, de grands artistes sur les billets de banque : Antoine de Saint-Exupéry, Blaise Pascal, Voltaire, Montesquieu, Delacroix…
Bien que le français soit une langue assez récente par rapport à l'arabe ou au chinois, il possède une littérature impressionnante et une grammaire sophistiquée à l'extrême. Pour amuser la galerie, je confie souvent sur un ton badin aux amis qu'après nos terres kurdes, le français est ma seconde patrie.
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Je continuerai à espérer des jours meilleurs pour l'humanité. Je me comporterai comme Maurice Zilberstein, ce vieux Juif qui depuis plus de soixante ans va prier deux fois par jour au Mur des Lamentations. Emerveillée par une telle constance, une jeune journaliste venue d'une chaîne américaine va le trouver. Eh quoi ! prier depuis tant d'années ! Que demande-t-il donc ? Le vieil homme répond : "je prie pour la fin de toutes les guerres et de la haine. Je prie pour que nos enfants grandissent en sécurité et deviennent des adultes responsables, qui aimeur leur prochain." La journaliste lui demande alors ce qu'il ressent après soixante ans de prières. La réponse du vieux Zilbertein est un chef-d'œuvre à la fois de sagesse orientale et d'humour juif. Comme sil avait l'habitude de répondre à ce genre de question, il dit : "J'ai l'impression de parler à un mur !"
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«Dans l'islam, le monde entier tournait autour du trou de la femme et de la membrane fragile qui le couvrait. La femme aux droits bafoués et qu'on méprisait tant dans la vie ici-bas était l'ultime récompense dans l'au-delà, la paradis promis aux fidèles de la foi mohammadienne était avant tout connu pour ses vierges» (p. 126).
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Depuis le début de la guerre en Syrie, je fais la navette entre France 24 et Al-Jazeera, je me déplace entre l’enfer et la géhenne. Pour quarante-deux euros d’abonnement mensuel, ma box Numericable me permet d’assister au banquet de la folie généralisée, au festin de l’hystérie collective. Les
deux chaînes d’information relatent en boucle l’horreur et me fournissent ma ration quotidienne de nouvelles toutes sanglantes de mon pays. Elles me plongent, dans la langue du Coran et de Mahomet, au coeur de l’apocalypse. Je fais le plein de cadavres déchiquetés, d’immeubles pulvérisés, de survivants qu’on dégage des décombres et qu’on transporte
d’urgence sur des motos dans des hôpitaux de fortune.
Au Moyen-Orient, la Syrie était au sommet, en matière de niveau l’instruction, parmi les plus avancées des nations du monde arabo-musulman. Elle envoyait des milliers de médecins et d’ingénieurs se spécialiser dans les grandes capitales européennes et les meilleures universités des États-Unis. À présent, elle rivalise par son chaos et son instabilité avec les Somalies et exporte le plus grand nombre de
demandeurs d’asile aux quatre coins de la planète. Elle est devenue l’un des pays les plus dangereux au monde pour les civils et les journalistes. Paradoxalement, c’est là-bas et dans l’Irak voisin que l’homme avait cultivé le premier blé de l’histoire de l’humanité.
C’est en Mésopotamie qu’on avait inventé l’écriture, qu’on gravait l’épopée de Gilgamesh sur des tablettes d’argile, les lois d’Hammourabi dans le basalte et qu’on excellait dans l’art de l’irrigation et des jardins suspendus. Avec la découverte de ses gisements pétroliers au siècle dernier, le berceau des plus anciennes civilisations est devenu l’épicentre de graves tensions et l’objet de toutes les convoitises.
Devant une telle charge d’animosité, de contradictions, je fais diversion. Je me fabrique un bouclier, une carapace contre l’aliénation. De guerre lasse, j’éteins la télévision et m’arrache, non sans effort, à ces deux mamelles satellitaires de catastrophes. Je me dis qu’il faut penser à autre chose et
aussitôt dit, aussitôt fait. Ces dernières semaines, une affiche scotchée à la grille de la porte d’entrée de notre HLM nous informe : la Régie immobilière de la ville de Paris tient à notre bien-être comme à la prunelle de ses yeux et améliorera prochainement notre quotidien en nous dotant d’un interphone.
Comme preuve de sa bonne foi, la RIVP, comme on dit familièrement, nous envoie ce matin un jeune Malien, sans doute en stage de formation en vue de l’obtention de son BEP. À neuf heures, il sonne à ma porte afin d’installer
le fameux dispositif. Il me demande tout de go de brancher sa perceuse dans ma cuisine, malgré la prise prévue pour ce genre de tâches sur le palier.
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Cet été, ma vie est un théâtre à ciel ouvert. C’est une gare, un port, un départ imminent, permanent, pour les quatre coins du monde. J’arpente les cinq continents d’un pas alerte et j’en invente d’autres. Je me réjouis d’explorer des espaces vierges, des forêts pri- maires, des déserts dont personne n’a encore foulé les dunes nomades. Quant à ma caravelle, pliable et aussi légère qu’un petit nuage blanc, elle glisse sur les mers et les océans sans dédaigner aucune baie, aucun estuaire, en ces temps peu ordinaires.
Cet été, je reste fidèle aux fougères des Fougères, mon quartier relégué en périphérie parisienne. Je renouvelle mon pacte avec les pavés résignés des ruelles et je compatis avec les arbres dociles des squares. Guettant toutes sortes de rencontres, de réminiscences réelles ou imaginaires, je les couche sur une des feuilles volantes que je disperse à tous les vents.
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Ne sachant ce qui m'attendait au bout de cette entreprise, j'étais persuadée que ma joie serait grande quand je serai parvenu à la dernière ligne que j'aurais tracé : MISSION ACCOMPLIE ! Oui, mon aventure, pour le moins singulière et se trouvant à ses tout premiers balbutiements, serait bouclée par l'apothéose de lettres majuscules et d'un point d'exclamation.
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Tel un aiglon qui bat des ailes avant de quitter son nid pour la première fois, je me jette dans le vide. Je fais le geste qui sauve, je m’éloigne de cette France, certes terre d’asile et pays des droits de l’Homme, mais qu’on devrait également appeler cimetière des exilés et de tous les tarés. Dans un monde régi par l’inertie et l’indifférence, l’île ionienne d’Ithaque m’attire désormais tel un aimant la ferraille. N’est- ce pas là le royaume d’Ulysse, l’un des personna- ges parmi les plus importants de l’épopée grecque ? Aède des temps modernes, je caresse l’espoir d’y être reçu par la reine Pénélope. Selon la tradition homérique, cette grande dame offre l’hospitalité aux voyageurs venus de loin et écoute attentive- ment leurs histoires. Oiseau hors de ma cage, je vais à la rencontre de gens plus humains, plus à l’écoute que mes acolytes et piliers de bars. J’ai une mission à accomplir, un contrat à honorer. Je parlerai tout mon soûl de la solitude des exilés et du désarroi des Ulysse du troisième millénaire.
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Depuis 2011, le drame syrien s’invite avec force dans mon écriture et se confond avec le malheur kurde. Par la faute des islamistes qui ont détourné les revendications du peuple, les villes retournent dans le giron de Damas.
Il y a eu Deraa, Homs, Hama, Ghouta, Alep-Est, Raqqa et bientôt, ce sera le tour d’Idlib. Quant au rêve kurde d’édifier des cantons démocratiques et prospères à la suisse, il est déjà mort et enterré. page 59
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Elle m'a demandé si j'étais chrétien et catholique. J’ai répondu qu'on ne choisissait presque jamais sa religion, pas plus que ses parents. J’étais musulman et le sang arabe coulait bel et bien dans mes veines, mais un peu, pas beaucoup, et je n'y étais pour rien non plus. page 148
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En 2011, la guerre civile en Syrie a mis un terme à nos retrouvailles. J'ai cessé de rentrer, comme d'ailleurs des centaines de milliers de Syriens à travers le monde. page 101
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En Mésopotamie, sur nos terres entre le Tigre et l’Euphrate, j’ai découvert le français en même temps que l’arabe à l’école. On pouvait apprendre toutes les langues, même le martien s’il existait, mais le kurde que je parlais avec mes frères et sœurs et les enfants du quartier était interdit. J’ai grandi avec cette idée que ma langue maternelle était celle des paysans bouseux, des exclus, des damnés de la terre. page 54
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Ce soir, je ne vais pas me mettre devant le vieux poste de télévision, non, je ne têterai pas le lait noir des deux mamelles déversant le malheur que sont France 24 et Al Jazeera. Oui, dimanche prochain, j’irai faire le marché, non pas pour les deux Suédoises, mais pour voir le vendeur des quatre saisons et le couvrir d’éloges à propos de la qualité de ses clémentines. Je lui demanderai comment il s’appelle pour de vrai et me présenterai à mon tour, le Syrien du 7e étage. J’espère de tout cœur que d’ici-là l’ascenseur sera réparé, non pas pour moi, mais pour tous les gens de l’immeuble. Je pense en particulier à la Kabyle nourri au miel et au couscous, avec ses pleurs de tragédie grecque et au français du quatrième, celui qui doit vérifier toutes les deux heures s’il a du courrier.
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i les jeunes peuvent s’adapter à leur nouvel environnement et apprendre plusieurs langues étrangères, ma mère ne supportera pas la vie en Europe. Elle vit en Syrie depuis quatre-vingts ans et elle n’a toujours pas appris l’arabe, pourtant la langue de la nation. Alors comment se mettra-t-elle au français et pourra-t-elle maîtriser le comportement de l’épithète ? Elle mourra d’ennui loin de ses filles puisqu’elle continue de les diriger d’une main de fer. Elle impose sa volonté à tout le monde autour d’elle car elle a toujours vécu comme ça et ce n’est pas Daech et un quart de million de morts en Syrie qui lui feront changer de caractère.
Mon ami constate que je n’ai pas oublié le sujet de sa thèse et en sourit. Il passe sa main devant son visage comme pour effacer un souvenir écrit sur un tableau invisible :
« Nos deux pays sont devenus ce qu’on appelle des zones de guerre dans le jargon militaire. Comment laisser la famille à quelques kilomètres des fous d’Allah qui ne pensent qu’à une chose, égorger ? Ces hystériques s’entraînent sur des moutons et des chèvres pour mieux décapiter les hommes, tu te rends compte ?
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Mon compatriote me ramène à notre première rencontre devant le restaurant universitaire Albert Châtelet. C’était dans les années 80, et il avait fui Saddam Hussein comme moi Assad, le père, son homologue et ennemi juré. .… Mais avec Saddam Hussein au pouvoir, il n’osait pas, à la fois comme kurde n’ayant pas fait son service militaire, et comme ressortissant d’une petite communauté comme les yézidis qu’on appelait les fayliz.. Musulmans chiites, ils avaient été déportés par le parti Baas est condamné à vivre aux alentours de Bassora.
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L’autocar climatisé faisait un premier arrêt dans l’oasis de Palmyre. Les passagers pouvaient acheter de quoi se restaurer tandis que le chauffeur et son aide mangeaient à l’œil en tant qu » apporteurs de clients. Moi, par peur de tomber malade, je n’avalais rien et je me dirigeais chaque fois vers la grande colonnade, principale voie de circulation de la ville antique qui s’étire sur plus d’un kilomètre. Je passais sous l’arc monumentale où des gamins Bédoins proposaient aux touristes des promenades sur la bosse unique de leurs dromadaires. Je me pressais vers le temple de Bêl, le dieu du soleil, et me recueillais devant le sanctuaire de Baalshamin, le dieu du ciel, sans imaginer alors qu’ils seraient bientôt plastiqués par le groupe État islamique et complètement rayé du patrimoine archéologique de l’humanité.
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Malgré un ciel Parisien constamment squatté par des nuages ténébreux et menaçants, je décide de quitter l’écran de la télévision pour prendre quelques vacances. Depuis le début des catastrophes à répétition en Syrie, je vis la violence qui s’exerce sur mon pays à distance, ce qui la rend encore plus cruelle que si j’y étais en chair et en os.
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« Alors, kurde syrien, tu arrives encore à bander ou tu t’en sers uniquement pour pisser ? »
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