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Critiques de Felisberto Hernandez (6)
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Les Hortenses

Dans ces nouvelles l'auteur uruguayen Felisberto Hernández nous fait entrer dans un monde bien singulier, un réseau de correspondances, d'associations surprenantes, de rêves et de souvenirs, où même les objets semblent investis d'une vie particulière, où certaines transformations deviennent possibles : "Il y a quelques étés déjà, j'ai commencé à me dire que j'avais dû être un cheval. A la tombée de la nuit cette pensée revenait en moi comme sous un hangar de ma maison. A peine avais-je couché mon corps d'homme que mon souvenir de cheval se mettait à trotter." Un personnage apparaît à plusieurs reprises, celui d'un pianiste désargenté et solitaire (Felisberto Hernández a été musicien avant de se consacrer à la littérature) qui se produit dans des cafés et des théâtres de plusieurs villes. Après ses concerts il reçoit souvent des invitations insolites et se retrouve dans des maisons inconnues. L'atmosphère de ces nouvelles paraît parfois surannée. il y règne comme un parfum de décrépitude, de forte mélancolie, de charmes magiques et de fantaisie.
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El caballo perdido

Imaginatif et inventif quand Felisberto Hernández fait un retour sur son passé, il évoque dans ce recueil sa jeunesse, en particulier sa formation musicale. Il meuble ses souvenirs d’un animisme imaginaire par lequel les objets sont dotés d’une âme qui fait d’eux les maîtres d’un monde imprévisible et fantasmatique. Comme dans ce livre, toute l’œuvre, très talentueuse, de Felisberto Hernández tourne autour d’une thématique en sourdine : la difficulté de se situer dans le monde.
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Les Hortenses

Felisberto Hernández est un auteur qui a peu publié, dans ses jeunes années il envisageait plutôt une carrière musicale, et c’est dans la quarantaine qu’il a tenté de percer dans les lettres. Il a eu quelques encouragements, tout particulièrement ceux de Jules Supervielle, il obtient même une bourse pour venir quelques temps à Paris. Mais il n’arrive pas vraiment à s’imposer, et rentre en Uruguay où il subsiste tant bien que mal. Il a toutefois des admirateurs célèbres, Cortazar et Calvino entre autres, et il est considéré comme une sorte de précurseur de l’explosion littéraire de l’Amérique du Sud après la deuxième guerre mondiale.



Les Hortenses, une sorte de longue nouvelle (Hernández n’a pas écrit de roman, que de textes relativement brefs), est sans doute l’oeuvre la plus connue, et la plus publiée de l’auteur, c’est d’ailleurs le seul texte de l’auteur actuellement disponible en français. Ce n’est pas un texte autobiographique, comme beaucoup d’écrits de Hernández. Le personnage principal, est un homme riche, qui ne travaille plus et vit avec son épouse dans une belle demeure. Il s’est pris de passion pour des poupées, des poupées de taille humaine, qui ressemblent à des personnes vivantes autant qu’il est possible. Il a des jeux sophistiqués qui les mettent en scène. Une de ses poupées a été conçue pour ressembler à sa femme, et petit à petit, il s’attache de plus en plus à elle…



Un texte étrange, pas vraiment fantastique, aucun événement réellement surnaturel dans la nouvelle, mais dans lequel la réalité se met un peu à tanguer, mais du fait du personnage, principal, de sa façon de voir le monde, de ses obsessions, de ses perversions, d’une forme de folie qui s’installe. Le texte l’accompagne dans cette dérive, sans jugement de valeur, de l’intérieur. C’est troublant, un peu dérangeant, très questionnant.
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Les Hortenses

Les nouvelles de Felisberto Hernández nous immergent dans un univers hybride, étrange et énigmatique, et pourtant pas tout à fait fantastique, comme l’explique Julio Cortázar dans sa préface à l’ouvrage. En effet, si l’on s’attarde sur les événements ou les personnages qui habitent ces textes, tout y est vraisemblable, bien qu’inhabituel. On ne peut pourtant s’empêcher de relever l’ambiguïté qu’y instaure l’auteur, et qui en fait en grande partie le charme, ambiguïté consistant à nier l’absurdité ou la bizarrerie de situations auxquelles le pragmatisme du lecteur tentera peut-être de trouver une explication. En vain.

Mais de quoi est-il donc ici question ? Dans le texte qui donne son titre au recueil, et qui en est le plus long, le héros, Horatio, collectionne des poupées grandeur nature qu’il fait installer chaque soir dans des vitrines, le but étant alors de deviner le sens des mises en scènes ainsi réalisées. L’une d’entre elles, baptisée Hortense, est la réplique de sa femme Marie, le couple et la poupée formant un étrange trio.



Les autres nouvelles évoquent notamment une maison inondée par une veuve qui depuis la perte de son mari, éprouve une fascination pour l’eau, convaincue que quelqu’un, voulant communiquer avec elle, y a laissé un message ; un pianiste désargenté reconverti en vendeur de bas qui s’aperçoit qu’en pleurant sur commande, il augmente significativement son potentiel commercial ; un homme persuadé d’avoir été un cheval ; un musicien employé pour jouer à la seule intention d’une femme vivant recluse dans sa vaste et triste demeure…



Des récurrences traversent les textes. Les objets y sont parés par l’imagination des personnages de pouvoirs qui les font accéder au rang de symboles ou d’être pourvus de volonté. On y croise à plusieurs reprises des femmes que leurs proportions immenses font ressembler à des vaches, dont "le corps semble s’être développé comme les alentours d’un village dont elles se seraient désintéressé", qui suscitent la fascination d’un narrateur qui semble toujours être le même (sauf dans "Les Hortenses", seule nouvelle où le "je" fait place à la troisième personne). Il s’agit souvent d’un pianiste tirant le diable par la queue (à l’instar de l’auteur), combattant l’écrasante déception que lui procure la vie, la profonde mélancolie qui le hante par divers subterfuges, en "isolant les heures de bonheur pour s’y enfermer" ou en "volant des yeux (...) un objet qui ne soit pas sous ses gardes pour l’emporter dans sa solitude."



On suit le fil, dérouté mais curieux, attentif aux silences qui ponctuent la narration, cherchant des symboles là ou sans doute il n’y en a pas, dans les dialogues parfois obscurément poétiques ou dans le regard insolite que les héros portent sur les choses. On attend des chutes qui ne viennent pas, comme si le récit en lui-même ne comportait pas d’enjeu, et n’était qu’un reflet, sans début ni fin, de cette longue intrique qu’est la vie. Il émane de l’ensemble un charme étrange et poétique, comme si on était transporté dans une autre dimension qui à la fois dépasse l’ordinaire et semble atteindre une version finalement plus juste et plus précise d’une réalité sondée au-delà de ses apparences trompeuses.


Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Felisberto Heràndez - Oeuvres complètes

Du temps de Clemente Cooling



Dans ce récit, un narrateur, forcement très proche (jusqu’à quel point ?) de l’auteur, évoque un organiste français qui fut son professeur d’harmonie. Mais nous sommes chez Felisberto Hernández, et il ne va pas nous parler de suite de ce qui est censé être le sujet de son texte. Non, nous allons commencer par un détour, une ballade, le trajet d’un bus, les maisons qui sont là et qui n’étaient pas exactement les mêmes à une certaine époque. Et puis nous rentrons dans une de ces maisons, nous découvrons ses habitants, un fou qui a des crises, sa mère, ses trois sœurs. L’auteur prend le temps nous faisons des tours et détours au gré de sa mémoire. Et puis nous découvrons un neveu musicien, qui prend des leçons avec Clemente Colling, dont nous faisons enfin la connaissance et qui ne nous quittera plus jusqu’à la fin du récit.



C’est étrange, fascinant, cela demande de l’attention, certaines phrases dans leurs méandres ont besoin de plusieurs lectures, mais c’est prodigieux de finesse, poésie, d’un charme évanescent et légèrement délétère, comme des fleurs qui commenceraient un peu à pourrir dans leur vase. D’une folle originalité, et d’une liberté absolue. Difficile d’oublier un tel texte.



Le cheval perdu



Felisberto Hernández remonte encore d’avantage dans son passé, et évoque le souvenir de Celina, son professeur de piano. Nous le découvrons enfant attendant dans un salon, dont les meubles sont sous des housses blanches, et différents objets livrés à sa curiosité d’enfant. Car Celina arrive en retard lui laissant le temps d’imaginer, de s’approprier sa personne à travers les objets qui constituent son cadre de vie. Et puis nous suivons des leçons, nous découvrons Celina par les yeux de l’enfant à qui elle donnait des leçons. Une grande fascination et une grande attirance marquent les sentiments du petit garçon pour son professeur, un professeur qui peut pourtant être sévère et exigeant.



Un enfant devenu adulte, mais qui passe pourtant toujours beaucoup de temps avec Celina et le petit garçon qu’il fut dans les étranges labyrinthes de la mémoire et du souvenir.



Epoustouflant de virtuosité, de sensualité, l’auteur tel un funambule dansant au bord du vide, explore des territoires dangereux et instables de son passé, jamais vraiment quitté, au risque d’y perdre sa vie de maintenant. Une littérature de l’essentiel et du vital.





Terres de mémoire



L’auteur jeune homme marié part dans une tournée de pianiste, avec un autre musicien. Le voyage en train se met à évoquer pour lui un autre voyage, fait pendant son adolescence, où il a déjà eu l’occasion de jouer du piano et de faire des rencontres importantes. Mais le présent, et son compagnon de voyage ne se laissent pas toujours oublier, et interfèrent avec le voyage dans les souvenirs.



Toujours aussi impressionnant que les deux textes précédents, avec une tonalité encore différente, le récit semble plus présent en tant que tel dans ce troisième récit. La frustration en est d’autant plus grande, puisque le texte est inachevé, et on aimerait connaître la suite, et voir comment l’auteur allait conclure ce qu’il avait si brillamment commencé. Tel quel, c’est un grand moment de lecture.
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Les Hortenses

Un pianiste en filigrane avec des adultes décalés et figés dans un monde où le regard reste infantile...
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