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EAN : 9782757860700
272 pages
Points (16/06/2016)
3.5/5   8 notes
Résumé :
" Un jour, il y a très longtemps, je lisais une histoire à haute voix dans un vieux salon. " Horatio et Marie, un couple sans enfant, collectionnent des poupées grandeur nature, qu'ils mettent en scène en les costumant. L'une d'elles, Hortense, va peu à peu se substituer à Marie. Madame Margarita est une grosse femme qui vit dans une maison inondée. Sur sa barque, elle déambule, crée des tempêtes et des courants, armée d'arrosoirs et de tuyaux...

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dans ces nouvelles l'auteur uruguayen Felisberto Hernández nous fait entrer dans un monde bien singulier, un réseau de correspondances, d'associations surprenantes, de rêves et de souvenirs, où même les objets semblent investis d'une vie particulière, où certaines transformations deviennent possibles : "Il y a quelques étés déjà, j'ai commencé à me dire que j'avais dû être un cheval. A la tombée de la nuit cette pensée revenait en moi comme sous un hangar de ma maison. A peine avais-je couché mon corps d'homme que mon souvenir de cheval se mettait à trotter." Un personnage apparaît à plusieurs reprises, celui d'un pianiste désargenté et solitaire (Felisberto Hernández a été musicien avant de se consacrer à la littérature) qui se produit dans des cafés et des théâtres de plusieurs villes. Après ses concerts il reçoit souvent des invitations insolites et se retrouve dans des maisons inconnues. L'atmosphère de ces nouvelles paraît parfois surannée. il y règne comme un parfum de décrépitude, de forte mélancolie, de charmes magiques et de fantaisie.
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Felisberto Hernández est un auteur qui a peu publié, dans ses jeunes années il envisageait plutôt une carrière musicale, et c'est dans la quarantaine qu'il a tenté de percer dans les lettres. Il a eu quelques encouragements, tout particulièrement ceux de Jules Supervielle, il obtient même une bourse pour venir quelques temps à Paris. Mais il n'arrive pas vraiment à s'imposer, et rentre en Uruguay où il subsiste tant bien que mal. Il a toutefois des admirateurs célèbres, Cortazar et Calvino entre autres, et il est considéré comme une sorte de précurseur de l'explosion littéraire de l'Amérique du Sud après la deuxième guerre mondiale.

Les Hortenses, une sorte de longue nouvelle (Hernández n'a pas écrit de roman, que de textes relativement brefs), est sans doute l'oeuvre la plus connue, et la plus publiée de l'auteur, c'est d'ailleurs le seul texte de l'auteur actuellement disponible en français. Ce n'est pas un texte autobiographique, comme beaucoup d'écrits de Hernández. le personnage principal, est un homme riche, qui ne travaille plus et vit avec son épouse dans une belle demeure. Il s'est pris de passion pour des poupées, des poupées de taille humaine, qui ressemblent à des personnes vivantes autant qu'il est possible. Il a des jeux sophistiqués qui les mettent en scène. Une de ses poupées a été conçue pour ressembler à sa femme, et petit à petit, il s'attache de plus en plus à elle…

Un texte étrange, pas vraiment fantastique, aucun événement réellement surnaturel dans la nouvelle, mais dans lequel la réalité se met un peu à tanguer, mais du fait du personnage, principal, de sa façon de voir le monde, de ses obsessions, de ses perversions, d'une forme de folie qui s'installe. le texte l'accompagne dans cette dérive, sans jugement de valeur, de l'intérieur. C'est troublant, un peu dérangeant, très questionnant.
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Les nouvelles de Felisberto Hernández nous immergent dans un univers hybride, étrange et énigmatique, et pourtant pas tout à fait fantastique, comme l'explique Julio Cortázar dans sa préface à l'ouvrage. En effet, si l'on s'attarde sur les événements ou les personnages qui habitent ces textes, tout y est vraisemblable, bien qu'inhabituel. On ne peut pourtant s'empêcher de relever l'ambiguïté qu'y instaure l'auteur, et qui en fait en grande partie le charme, ambiguïté consistant à nier l'absurdité ou la bizarrerie de situations auxquelles le pragmatisme du lecteur tentera peut-être de trouver une explication. En vain.
Mais de quoi est-il donc ici question ? Dans le texte qui donne son titre au recueil, et qui en est le plus long, le héros, Horatio, collectionne des poupées grandeur nature qu'il fait installer chaque soir dans des vitrines, le but étant alors de deviner le sens des mises en scènes ainsi réalisées. L'une d'entre elles, baptisée Hortense, est la réplique de sa femme Marie, le couple et la poupée formant un étrange trio.

Les autres nouvelles évoquent notamment une maison inondée par une veuve qui depuis la perte de son mari, éprouve une fascination pour l'eau, convaincue que quelqu'un, voulant communiquer avec elle, y a laissé un message ; un pianiste désargenté reconverti en vendeur de bas qui s'aperçoit qu'en pleurant sur commande, il augmente significativement son potentiel commercial ; un homme persuadé d'avoir été un cheval ; un musicien employé pour jouer à la seule intention d'une femme vivant recluse dans sa vaste et triste demeure…

Des récurrences traversent les textes. Les objets y sont parés par l'imagination des personnages de pouvoirs qui les font accéder au rang de symboles ou d'être pourvus de volonté. On y croise à plusieurs reprises des femmes que leurs proportions immenses font ressembler à des vaches, dont "le corps semble s'être développé comme les alentours d'un village dont elles se seraient désintéressé", qui suscitent la fascination d'un narrateur qui semble toujours être le même (sauf dans "Les Hortenses", seule nouvelle où le "je" fait place à la troisième personne). Il s'agit souvent d'un pianiste tirant le diable par la queue (à l'instar de l'auteur), combattant l'écrasante déception que lui procure la vie, la profonde mélancolie qui le hante par divers subterfuges, en "isolant les heures de bonheur pour s'y enfermer" ou en "volant des yeux (...) un objet qui ne soit pas sous ses gardes pour l'emporter dans sa solitude."

On suit le fil, dérouté mais curieux, attentif aux silences qui ponctuent la narration, cherchant des symboles là ou sans doute il n'y en a pas, dans les dialogues parfois obscurément poétiques ou dans le regard insolite que les héros portent sur les choses. On attend des chutes qui ne viennent pas, comme si le récit en lui-même ne comportait pas d'enjeu, et n'était qu'un reflet, sans début ni fin, de cette longue intrique qu'est la vie. Il émane de l'ensemble un charme étrange et poétique, comme si on était transporté dans une autre dimension qui à la fois dépasse l'ordinaire et semble atteindre une version finalement plus juste et plus précise d'une réalité sondée au-delà de ses apparences trompeuses.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Un pianiste en filigrane avec des adultes décalés et figés dans un monde où le regard reste infantile...
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La poupée avait une robe de mariée et ses yeux grands ouverts fixaient le plafond. On ne savait pas si elle était morte ou si elle rêvait. Ses bras écartés pouvaient signifier une attitude de désespoir ou d'abandon heureux. Avant d'ouvrir le tiroir de la petite table et de lire la légende de cette mariée, il voulait imaginer quelque chose : peut-être attendait-elle un fiancé qui ne viendrait jamais ; il l'avait abandonnée quelques instants avant la noce. Ou peut-être était-elle veuve et se souvenait-elle du jour où elle s'était mariée ; peut-être même avait-elle mis cette robe pour se donner l'illusion qu'elle allait se marier.
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Quand il revient à la maison noire, un peu de soleil entrait encore dans la chambre. En passant devant un miroir, et malgré le rideau tiré, il y vit son visage ; à travers le tissu des rayons de soleil tombaient sur le miroir et faisaient briller ses traits comme ceux d'un spectre. Il frissonna, ferma les fenêtres et se coucha.
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