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Critiques de Florence Noiville (101)
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Nina Simone : Love me or leave me

15/12/1963, une explosion dans la plus vieille église noire de Birmingham, perpétuée par 4 salauds du KKK.



"Black Lives Matter". Nina Simone va composer "Mississippi Goddam":

"L'Alabama m'a rendu folle de rage

Le Tennessee m'a fait perdre le sommeil

Et tout le monde sait ce qu'il en est du Mississippi, Bon Dieu!"

Un hommage aux victimes de l'attentat.



Plusieurs radios refuseront de diffuser la chanson, mais l'onde de choc secoue l'Amérique.



En 1936, dans l'église de Tryon, Caroline du Sud, Eunice à 3 ans, est un petit prodige, à l'orgue...



La famille d'Eunice est pauvre. En 1954, Eunice va jouer du piano dans un bar miteux d'Atlantic City, pour survivre. Elle deviendra Nina Simone...

La légende est en marche!



En 1951, Linda Brown n'avait pu être inscrite dans une école de blancs, et en 1955, c'est l'affaire Rosa Parks...



Nina joue du piano et chante: "Sophisticated Lady"

"Des accents du Caroline du Sud auxquels elle imprime une douceur sensuelle. Une voix vibrante, à l'autorité naturelle et au relief insoupçonné. Un timbre chaud, envoûtant, puissant, caverneur et délicat, sombre et lumineux "...



Nina Simone va rencontrer Martin Luther King, James Baldwin, Angela Davies...

Mais, elle n'oubliera jamais qu'en musique: "Une blanche vaut deux noires!"

(Et une noire est égal à un soupir...)

Car elle a subi une terrible humiliation, à 10 ans, quand un blanc voulut repousser ses parents au dernier rang, lors de son premier récital de piano...



"My baby juste cares for me" deviendra l'hymne au parfum "N°5 de Chanel"...
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J'ai fait HEC et je m'en excuse

J'admire le courage de Florence Noiville, qui n'a pas peur d'admettre qu'elle se soit trompée en s'inscrivant à la HEC, l'École des Hautes études commerciales de Paris, à Jouy-en-Josas à 10 km de Versailles. À considérer ses talents littéraires, on peut effectivement se poser la question : mais que faisait-elle donc dans cette galère ? Car ne nous faisons guère d'illusions, celles et ceux qui entrent à HEC et autres hauts instituts commerciaux, n'ont qu'une seule ambition : gagner le plus possible de fric dans un minimum de temps. Ce genre d'institut n'a lui-même qu'une seule vocation : la formation de futurs hauts cadres dans les banques (de préférence les banques d'affaires et d'investissement) et des grosses entreprises, selon le credo du libéralisme économique pur (ou devrais-je dire à outrance) de maximalisation des profits, sans beaucoup d'égards pour l'environnement, la santé publique et la justice sociale. Je n'ai rien contre ces instituts, ils sont indispensables pour former une élite, ce que je leur reproche c'est justement de ne pas être suffisamment ouverts aux réalités et problèmes fondamentaux de notre époque.



Le petit livre de Florence Noiville "J'ai fait HEC et je m'en excuse", analyse en peu de pages (89) de façon pertinente les maux de ce genre d'instituts. Elle met en exergue qu'ils n'ont virtuellement rien appris de la dernière crise économique de 2008-2009, provoquée par ces hauts cadres de banques et leurs constructions débiles, comme les "junk bonds", pour stimuler des larges crédits sans garanties. En 1929, le Krach de Wall Street avait pourtant déjà démontré que cette bulle artificielle pouvait exploser avec tous les malheurs que nous connaissons par la lecture d'entre autres le chef-d'oeuvre de John Steinbeck "Les Raisins de la colère". La dernière crise économique mondiale, intervenue sous la présidence de ce génie de fiston Busch, n'a eu pratiquement aucun écho dans les programmes de ces écoles de formation de nos futures élites. Pour eux apparemment "l'éthique c'est du pipeau !" Ainsi, "le cours d'éthique des affaires n'est pas obligatoire...(et) le cours sur le commerce équitable a été annulé... faute de participants."



L'auteure a parfaitement bien résumé la réalité de ces écoles par l'abréviation MMPRDC "Make More Profit, the Rest we Don't Care" ou : Faites plus de bénéfices, du reste on s'en fout ! Les femmes et hommes diplômés de ces écoles sont quasiment conditionnés par cette idée fixe de maximalisation des profits. Cela devient un sérieux problème quand elles ou ils entrent en politique. C'est le cas de l'actuel ministre des finances de la Belgique, qui souffre d'une fixation de l'École de Chicago - encore pire que HEC - et des théories de l'ultralibéraliste Milton Friedman (1912-2006). Dans une réaction à un article paru dans un magazine flamand, j'ai écrit qu'il est le pire ministre des finances que le royaume a eu depuis à peu près 1831 (la Belgique date de 1830). Qu'il appartient au parti de la droite flamande de Bart De Wever n'est bien sûr pas un hasard.



Florence Noiville a été conséquente avec elle-même, lorsqu'elle a réalisé ce que ces techniques de MMPRDC apprises, peuvent être néfastes, elle a abandonné une carrière à haut salaire - et une perte de revenus importante - pour se recycler dans le littéraire avec succès. Elle est l'auteure d'une excellente biographie du Nobel, Isaac Bashevis Singer (2003), de "So British !: 23 visages d'écrivains d'Outre-Manche" (2013) ; de 3 romans : "La Donation" (2007), "L'Attachement (2012) et "L'illusion délirante d'être aimée' (2015) plus 8 livres pour la jeunesse. Entrée à 33 ans au "Monde des livres", elle y est aujourd'hui responsable de littérature étrangère.

Son mari, Martin Hirsch, est directeur général de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris et l'auteur de "La pauvreté en héritage : Deux millions d'enfants pauvres en France", paru en 2006.



Elle n'est, par ailleurs, pas un cas isolé et dans son livre elle cite de sa promotion d'autres recyclés : un qui est devenu jésuite, un autre musicien et une psychanalyste.

J'ai été ravi d'apprendre un peu plus sur Muhammad Yunus (°1940 à Chittagong au Bangladesh actuel), fondateur de la Grameen (= village) Bank, la première banque de microcrédits, le père du "social business" et prix Nobel de la Paix, en 2006. le "banquier des pauvres" a commencé sa carrière en prêtant 27 dollars, de sa poche, à un compatriote pour monter un petit commerce. Il est l'auteur de "Vers un nouveau capitalisme" (2008) et de "Pour une économie plus humaine" (2012). Des ouvrages que devraient lire Dump-Trump et son entourage de conseillers et ministres millionnaires.



En conclusion, je suis pessimiste sur un véritable changement de mentalité dans ces super écoles. Aussi longtemps que pour un tel institut le "ranking" (classement), publié chaque année dans le "Financial Times", est considéré comme absolument primordial et que l'un des critères de ce classement est basé sur les rémunérations des anciens élèves, ce n'est pas demain qu'on sortira de l'auberge. Les modifications intervenues dans ces écoles depuis la dernière crise mondiale - qu'elles n'ont pas vue venir du tout - sont, malheureusement, plutôt "cosmétiques" : on ajoute des cours (le plus souvent facultatifs d' ailleurs), comme par exemple "Entreprise et pauvreté", "l'altermanagement" ou "social business", qui sont suivis par une minorité infime d'élèves. Ces jeunes qui préfèrent aller travailler à la City de Londres ou pour la banque Morgan Stanley à Manhattan, New York, au lieu de Médecins sans frontières, pour des raisons évidentes de sous.



Il y a de l'amère ironie, si l'on pense que HEC est incapable d'appliquer sa propre (ancienne) devise : "Apprendre à oser" !
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So British !: 23 visages d'écrivains d'Outre-..

Ce petit livre d'à peine 212 pages brossant le portrait de 23 auteurs anglais est une mine de renseignements et de références, ainsi qu'un régal pour feuilleter.



J'ignore qui a le plus de chances : le Monde qui profite des connaissances de Florence Noiville en matière de littérature anglaise, ou la critique française qui comme journaliste du Monde a eu accès à 23 auteurs britanniques contemporains ?

Quoiqu'il en soit, il s'agit d'une combinaison que doit envier toute concurrence, d'autant plus que Florence Noiville se révèle être en plus une bonne dessinatrice originale.



Pourquoi exactement ces 23 ? À cette inévitable question du lecteur curieux, l'auteure a une superbe réponse : pour "simplement donner envie... de partir à la rencontre de ceux d'en face".



Pour ne pas abuser plus longtemps de votre patience, voici les noms des "élus" de Florence Noiville en ordre strictement alphabétique : Peter Ackroyd, Tariq Ali, Martin Amis, Julian Barnes, Alain de Botton, William Boyd, A. S. Byatt, John le Carré, Jonathan Coe, Kazuo Ishiguro, Howard Jacobson, Claire Keegan, Hanif Kureishi, David Lodge, Ian McEwan, Edna O'Brien, Edward St Aubyn, Will Self, Zadie Smith, Graham Swift, Adam Thirlwell, William Trevor et Joanna Trollope.



Chaque contribution a été publiée dans Le Monde ou le Monde des livres à l'occasion de la parution d'un ouvrage. Par exemple "Agent triple" de le Carré en décembre 2012 et "Au commencement étaient les verbes" de Zadie Smith dans le Monde des livres du 17 mai 2013.

Fait marquant : l'interview de John le Carré, décédé en 2020 à 89 ans, a été son tout dernier.



Chaque contribution commence par une phrase révélatrice pour caractériser l'auteur et est suivie d'une synthèse de l'oeuvre et/ou des questions et réponses, et se termine par un relevé des dates biographiques et une bibliographie sommaire. Sans oublier bien sûr les 23 dessins suggestifs au crayon par lady Noiville.



Le but de l'écrivain selon Ian McEwan (surnommé Ian Macabre) est de "faire redécouvrir le plaisir de l'histoire". Une ambition qui rejoint l'objectif de l'auteure avec le présent ouvrage.

Dans "Expiation", qui figure parmi mes 6 oeuvres pour une île déserte, McEwan a réussi son coup avec maestria et son "Amsterdam" lui a valu en 1998 le Prix Booker.



Un autre gagnant du Prix Booker (en 1989) avec "Les vestiges du jour " et qui avec "Auprès de moi toujours" fait également partie des 6 de l'île déserte est Kazuo Ishiguro "le Japonais plus Anglais que nature".

Né à Nagasaki en 1954, moins d'une décennie après la bombe, Ish (comme l'appellent ses amis) est "un drogué de la mémoire" ce qui permet que son écriture "épouse la flexibilité du souvenir". Ce qui lui a rapporté en 2017 le Prix Nobel de littérature pour l'ensemble de son oeuvre.



Un mot sur une de mes favorites de la sélection Noiville : Zadie Smith qui à 25 ans, en 2000, a publié le best-seller mondial " Sourires de loup ("White Teeth") et des années plus tard "Swing Time" que j'ai commenté ici le 5 août 2018. Puis, il y a eu "De la beauté" et sa selection pour le Prix Man Booker en 2005.



Je me suis limité à seulement 3 écrivains britanniques, donc, chers ami-e-s, il vous en reste 20 à explorer dans un ouvrage qui mérite sa place à portée de la main.

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Isaac Bashevis Singer

Excellente biographie ! Hormis celle de Dominique Bona sur Stefan Zweig, je suis, en effet, souvent déçue par le manque d’enthousiasme des auteurs de biographies qui fait que je les trouve soporifiques.

Celle-ci est captivante, très bien écrite, très documentée. Derrière l’écriture, on ressent le travail d’envergure qu’il a fallu à Florence Noiville pour rédiger cette passionnante biographie et l’attachement qu’elle a pour Isaac! Pour cet ouvrage, elle a reçu le Prix du récit biographique 2004, amplement mérité à mes yeux ! Florence Noiville, journaliste et critique littéraire au Monde des Livres, a aussi dirigé Le Cahier de l’Herne consacré à Isaac, c’est dire !.



Quel personnage de roman qu’Isaac Bashevis Singer et quel parcours ! Déjà sa date de naissance, 14 juillet 1904 ! Il l’aurait inventée ! Enfant précoce, très éveillé, à l’affut de tout, doté d’une mémoire exceptionnelle, il se rappelle des évènements qui se sont produits dans sa ville natale de Léoncin en Pologne dont il est parti à l’âge de quatre ans. Issu d’une famille de rabbins orthodoxes, chez les Singer c’est Talmud – Torah, tout le reste est impie et ce climat d’ascèse, d’austérité, Singer en restera imprégné toute sa vie : ce qui transparaîtra dans son oeuvre. Néanmoins, il finira par se rebeller contre le fait que Dieu tourmente ses créatures, alors naîtra chez lui ce qu’il appellera son éthique de la protestation.



De 1904 à 1917, la famille SINGER habite le quartier juif de Varsovie au 10 puis 12, rue Krochmalna. Doté d’un grand sens de l’observation, rien ne lui échappe de cette vie grouillante et colorée où cohabitent les voleurs, les braves gens, les prostituées, les synagogues, le surnaturel. Et tout cela en yiddish, peut-être à peine dix mots de polonais ! Mais c’est delà que naîtra toute son inspiration créatrice.



Son frère Joshua et sa sœur Esther seront aussi écrivains. A la lecture de leurs livres, il est facile d’imaginer la Pologne des shtetl où la misère et le religieux tiennent une grande place, voire toute la place pour le religieux. En lisant cette biographie, j’ai retrouvé tout à fait l’ambiance de « La danse des démons » écrit par sa sœur, Esther, et « Yentl » d’Isaac. Je n’ai pas lu son frère, Joshua, dont les écrits se révélaient très prometteurs et qui est décédé trop tôt.

C’est justement Joshua qui va l’inciter à le rejoindre aux Etats-Unis en 1935. Isaac quitte alors la Pologne en laissant une femme, Ranya, et un fils de cinq ans, Israël. Isaac retrouvera Israël à l’âge adulte.



C’est alors l’exil avec toutes ses difficultés. Dans l’East Side réside la plus grande communauté yiddish au monde. Singer connaît à ce moment une période de grande dépression entre un passé mort et un avenir impossible. Et les informations qui lui parviennent d’Europe ne font qu’aggraver son désespoir. Son frère le fait entrer au Jewish Daily Forward et c’est à cette formidable aventure, reconnaissance, conquête du continent américain que nous assistons en lisant Florence Noiville.



Ce déraciné finit par rebondir curieusement après le décès de son frère. Joshua, frère aîné, lui aurait-il fait de l’ombre ? Bien sur, Isaac est un être doté d’une intelligence supérieure mais quel extraordinaire « mensch et kliger°°° » ! L’imaginaire ashkénaze n’ayant rien de commun avec l’imaginaire américain, il va écrire une histoire en yiddish qui fait référence au Talmud, à la Loi Juive et la même en anglais qui sera plus en adéquation avec la société américaine et les symboles chrétiens ! Deux langues, deux œuvres ! Et cela Singer est le seul à pouvoir le faire ! Mais ne nous y trompons pas, toute sa vie il y aura un Singer comme coupé en deux: la partie visible est lumineuse et sereine tandis que l’invisible semble tordue par l’angoisse. En se voyant sur la photo en noir et blanc du Nobel il dira « j’ai l’air d’un juif effrayé …..et c’est exactement ce que je suis !



Un passage de ce livre m’a profondément émue. Lors de son discours à Stockholm en décembre 1978, il commencera son discours en yiddish, devant un auditoire fasciné, par ces mots : « le Yiddish est une langue de l’exil, sans territoire, sans frontières, soutenue par aucun gouvernement, une langue qui n’a pas de mots pour dire « armes » « tactiques de guerre », une langue méprisée par les gentils et par les juifs émancipés ».

Il se fera l’ardent défenseur du yiddish, ressuscitant ainsi un pittoresque yiddishland mais il aura aussi ses détracteurs qui lui reprocheront de s’approprier l’histoire de ces communautés juives d’Europe centrale et de la dénaturer !



Petit bonhomme avec de beaux yeux bleus, il va conquérir bien des femmes et ravira son auditoire, des lettres d’admiratrices et d’admirateurs s’empileront sur son bureau , il ne se glorifie pas de ses conquêtes mais c’est un tendre, un sentimental! Les femmes de sa vie vont quitter mari et enfants pour lui, l’accompagner, le protégé. Alma, son épouse, sera consciente de ses adultères mais ne se rebellera jamais ! Et sa dernière maîtresse, Dvorah succombera au charme du grand homme à 21 ans et lui 71 ans. Dans ses mémoires, Dvorah confiera « c’est un maître es charme ». Toutes lui seront particulièrement dévouées et lui serviront de secrétaires, de traductrices et se plieront à son rythme de travail effréné.



Il sera honoré de plusieurs prix mais le Nobel lui sera décerné « pour son art de conteur enthousiaste qui prenant racine dans la culture et les traditions judeo-polonaises, ramène à la vie l’Universalité de la condition humaine ».



Petite anecdote que j’adore : A son arrivée à l’aéroport de Stockholm pour recevoir le Nobel il est assaillit par les journalistes, les questions fusent jusqu’à :

Monsieur Singer, êtes-vous végétarien pour des raisons religieuses ou de santé ?

A cette dernière question il répond pince-sans-rire que c’est surtout la santé des poulets qui le préoccupe pas la sienne !



(°°°Homme bien et intelligent, futé)
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L'illusion délirante d'être aimé

C. est une amie toxique, trop disponible, trop gentille, trop intrusive, trop aimante. En un mot, elle en fait trop et Laura ne le supporte plus. Insidieusement, C. est devenue omniprésente au milieu des amis, de la famille et du travail. Cette relation est étouffante et malsaine et Laura a l'impression qu'on lui vole sa vie.

La réponse est médicale: C.est atteinte du syndrome de Clérambault ou l'illusion délirante d'être aimé.



Par curiosité de romancière, par intérêt journalistique, Laura cherche à en savoir plus, fait des recherches sur le délire psychotique de son "vampire", pense à un roman, pour comprendre et en même temps pour se protéger. Mauvais choix, mauvaise appréciation de la réalité.

C'est la descente aux enfers...qui va imposer de prendre des décisions les plus radicales.



En réflexions concises et écriture efficace, l'auteur fait un savant cocktail avec la rivalité, la jalousie, la manipulation, le narcissisme, l'emprise, dans une partie à deux destructrice, qui fait perdre concentration et confiance en soi. Un petit livre percutant, bien construit, porté par une montée d'adrénaline et une audace incisive par des paragraphes courts qui symbolisent bien l'urgence, le stress et la névrose.

Troublant et percutant!
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La donation

Devant le notaire, une mère s’apprête à recevoir une donation, laquelle on ne le saura jamais mais de ce rendez-vous suscitera pour cette dame des réflexions et questionnements liés à une autre donation, celle qui se distille dans la génétique.



Il s’agit d’un petit roman que je pensais autobiographique tant il est courageux dans sa démarche d’analyse, mais non, l’auteure le signale à la fin, c’est une fiction inspirée par un travail minutieux auprès de psychologues et d’ouvrages référents.



La narratrice dont le nom n’est jamais mentionné, raconte avec beaucoup de sobriété son enfance auprès d’une mère «haute en couleurs avec des hauts très hauts et des bas très bas ». Cette mère, née d’une mère qui n’en voulait pas de cet enfant, nourrira un attachement rassurant pour la nature et la botanique rappelant que les fleurs ne nous déçoivent jamais.



La narratrice part dans un chemin nébuleux mais non dépourvu de résilience et d’acceptation heureuse. Avec un constat alambiqué « tout ce qu’on a, c’est ce qu’on n’a pas ». Tout le dilemme de l’inné et du libre arbitre.

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Confessions d'une cleptomane

Valentine de Lestrange est « une dame d'un certain âge, tellement comme il faut ».

Tellement comme il faut qu'on ne la soupçonnerait jamais de vol. Son mari est ministre, ils sont riches, pourquoi piquerait-elle dans les magasins des babioles qu'elle peut largement s'offrir ?

Parce que la cleptomanie est, comme son nom l'indique, une pathologie.

« C'est un jeu, disait elle, un défi. Pour voir si on y arrive. Et quand ça marche, c'est chaque fois une victoire. »



J'ai failli abandonner cette lecture après quelques pages. L'actualité nous gave d'histoires de riches, ultra-riches, qui veulent toujours plus, et satisfont ce désir au mépris des lois, alors que le quidam ne passe pas entre les mailles de la Justice, lui.



Mais je me suis laissé charmer par les talents de conteuse de Florence Noiville, déjà appréciés dans 'La Donation' et 'L'illusion délirante d'être aimée'.

Après les troubles bipolaires et l'érotomanie, l'auteur décortique de nouveau une pathologie, s'interrogeant sur ses origines, sur une hérédité éventuelle, sur le fonctionnement des addictions, sur le quotidien de ceux qui en sont atteints.

Et plus généralement, elle s'interroge sur la famille, la façon dont les femmes s'inscrivent dans une lignée.



Elle m'a finalement semblé touchante, cette Valentine, un peu femme-enfant, marquée par le manque du père, déresponsabilisée, perdue dans l'opulence, la solitude et l'ennui.



Agréable à lire, sensible, intelligent et documenté.
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Nina Simone : Love me or leave me

Une mère et sa fille, Florence Noiville et Mathilde Hirsch, nous proposent une biographie de grande qualité de la talentueuse Eunice Waymon, alias Nina Simone. De ces 3 ans à ses 70 ans, Nina/Eunice n'aura eu de cesse de prouver (à elle comme aux autres) qu'elle n'était pas "n'importe qui". De Tryon en Caroline du Nord au Sud de la France, en passant par La Barbade, Londres, le Liberia, les Pays-Bas, entre autres lieux... nous voyageons dans la galaxie de Mrs Simone. Au grès de ses déplacements et rencontres (Martin Luther King, James Baldwin, Angela Davies, entre autres), c'est une grande partie de l'Histoire du XIXe siècle qui nous est racontée avec brio.



Tombée sous le charme de la voix de Nina Simone depuis fort fort longtemps, je suis à présent complètement fascinée par l'artiste engagée et désaxée, grâce à la lecture de cette merveilleuse biographie. J'ai passé 4 soirées "en compagnie" de Nina : le livre dans les mains, les morceaux dans les oreilles...



Musique, famille, Droits Civiques, religion, solitude et folie : voici les quelques mots que je retiendrai de cette biographie magistrale. J'ai beaucoup appris au sujet de cette artiste qui m'a longtemps émue. Florence Noiville et Mathilde Hirsch proposent une biographie documentée, proche du travail journalistique, basé sur des écrits (de Nina Simone et d'autres) mais aussi des enregistrements audio et vidéo (toujours référencés en note) et des entrevues. Les autrices ont interrogé des proches de Nina Simone et elles intègrent harmonieusement ces entretiens au récit.

Cette biographie passionnante se lit comme un excellent roman ! L'écriture est fluide et très agréable. Quelques photographies bienvenues viennent s'intercaler entre les chapitres.
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L'illusion délirante d'être aimé

« On peut devenir fou parce qu'on s'est retrouvé du jour au lendemain otage d'un cerveau détraqué qui n'est pas le sien. »



La discrète Laura et la volubile C. sont devenues amies en intégrant une prépa littéraire parisienne, puis se sont perdues de vue. Elles se retrouvent quelques années plus tard (par hasard ?) au cours d'une séance de signature. Journaliste TV et romancière, Laura Wilmote vit ses heures de gloire, tandis que C. végète comme pigiste pour un magazine féminin. C., fascinée par Laura, resserre les liens au point d'étouffer sa 'proie' - la relation prend vite des allures de prédation.



Si le début du roman ressemble beaucoup à 'D'après une histoire vraie' de Delphine de Vigan, il s'en éloigne peu à peu, tout en restant dans le registre 'thriller psychologique' (façon Tatiana de Rosnay, c'est-à-dire assez léger). On apprend beaucoup sur l'érotomanie, cette « conviction délirante d'être aimé » décrite par le psychiatre Clérambault à la fin du XIXe siècle et c'est l'attrait principal de cet ouvrage, dont l'intrigue elle-même, bien que prenante et oppressante, m'a semblé manquer d'envergure et de subtilité.

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Pour l'anecdote : la couverture de l'édition poche (Points) est à peu près la même que celle de 'Le choeur des femmes' (Martin Winckler, Folio, édition 2017).
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Confessions d'une cleptomane

Violaine/Valentine de Lestrange raconte sa vie de cleptomane.

Pour elle, voler n'est pas une nécessité économique mais un plaisir inoffensif. En tout cas c'est ainsi qu'elle perçoit ses larcins. Elle respecte d'ailleurs un code de bonne conduite : elle s'interdit de flouer des particuliers, et ses seules victimes sont des magasins, plus rarement des hôtels.

Mais lorsque Valentine se laisse prendre la main dans le sac, ce qui devait bien finir par arriver, elle commence à s'interroger sur son comportement. Celui-ci devient en effet d'autant plus gênant que son mari est un homme désormais bien en vue, à qui elle souhaite éviter tout scandale.

Elle comprend alors que voler est un besoin psychologique, devenu physiologique…



Le parallèle que fait l'auteure entre la cleptomanie et d'autres addictions (alcoolisme, boulimie, dépendance au jeu, au sexe…) est intéressant. Florence Noiville n'omet pas de signaler que certains volent par nécessité, pour pouvoir manger ou se vêtir, ou parce que quelqu'un les y contraint.



L'histoire réserve quelques surprises, mais c'est surtout la finesse de l'analyse psychologique et la qualité de l'écriture que j'ai appréciées.
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Nina Simone : Love me or leave me

« Ne m’enlevez pas mes démons, vous emporteriez aussi mes anges ».Rainer Maria Rilke.

Eunice Waymon …. Nina Simone. Entre ces lettres ...quelques années. Années Lumière, années colères. Pour Toni Morrison , Nina Simone a sauvé la vie de toute toute une génération.

Entière, totale, volcanique, incontrôlable, géniale, singulière, révoltée, multiple. Une vie ne se résume pas à un point, ni à un trait. Mais se reconnaît à son rythme. Mesure, cadence, Accélération, succession, répétition, rupture. Comment rendre la prosodie d’un mouvement ?

Qu’il soit pictographique, artistique, politique, scénique, mental, corporel ? Comment faire lien entre les hautes fréquences d’une légende et l’injuste fréquence du destin ?

«Un portrait n’est pas une amabilité mais une opinion». Richard Avedon.

La biographie de Nina Simone que Mathilde Hirsch et Florence Noiville nous livre à travers ces pages nous fait comprendre que nous n’avons peut être pas assez bien entendu Nina Simone ; Oh nous l’avons tous écouté. Mais en suivant le fil de son histoire, c’est aux textes de ses chansons, à leur choix, à leur pertinence qu’il faut recevoir ce qu’elle donnait. Ce qu’elle aimait, haïssait, condamnait, combattait. Mais nos cœurs trop souvent font souvent la sourde oreille. On retient l’air, et les paroles..mais savons nous au plus profond de nous-mêmes ce que l’esprit vient frapper en dedans ?

La violence de Nina Simone, ses différentes personnalités, ne sont que l’écho de la violence d’un monde dans lequel elle a vu le jour.

« Les chagrins des enfants engendrent les révolutionnaires les plus dangereux » Lydie Dattas ( La chaste vie de Jean Genet).

Eunice Waymon était un ange. Comment vivent les anges lorsqu’ils doivent tenter de survivre dans un monde monstrueux ?

Femme battue, elle le fut. Mère violente elle le fut. Auteure spoliée elle le fut. Citoyenne discriminée elle le fut. Pianiste géniale, enfant précoce, auteure, compositrice, interprète virtuose, elle est. Nina Simone restera.

Entendez Nina Simone et vous entendrez couler la sève de Toni Morrison. Entendre Nina Simone et vous entendrez des millions de voix.

Entendez «  I Wish I Knew How It Would Feel To Be Free »..Well I'd soar to the sun and look down at the sea… .

https://www.youtube.com/watch?v=inNBpizpZkE&list=RDo7dxopPw2eQ&index=22



Entendez «  Baltimore », ...Livin' in the country w here the mountain's high never comin' back here 'Til the day I die….

https://www.youtube.com/watch?v=R0HmdB7OZnw



entendez « Fodder in Her Wings », ..she watched the people, how they live. They've forgotten how to give. They had fodder in they're brains. They had dust inside they're wings. She watched them how they tried to live. They've forgotten how to give. They had fodder in they're wings. They had dust inside they're brains…

https://www.youtube.com/watch?v=QlSyO1XpoCg



Entendre le chant de Nina Simone c’est entendre James Baldwin, Martin Luther King, Malcom X, Abel Meeropol, Angela Davis, Brel, Bach, Chopin, Lorraine Hansberry,Chinua Achebe, Langston Hughes...

États-Unis, Suisse, France, Pays Bas, Angleterre, Barbade, Nigéria...

Si le chant de Nina Simone nous transporte autant c’est qu’il traverse l’histoire et le monde.

On la dit sauvage, féroce, diablesse... Elle était vraie, intransigeante, instinctive.

Celle ou celui qui refuse d’être un mouton ressemble toujours à un fauve pour le troupeau.



« Vous pouvez me rabaisser pour l’histoire

Avec vos mensonges amers et tordus,

Vous pouvez me traîner dans la boue

Mais comme la poussière, je m’élève pourtant,(..)

Vous pouvez m’abattre de vos paroles,

Me découper avec vos yeux,

Me tuer de toute votre haine,

Mais comme l’air, je m’élève pourtant.

Ma sensualité vous met-elle en colère?

Cela vous surprend-il vraiment

De me voir danser comme si j’avais des

Diamants, à la jointure de mes cuisses?

Hors des cabanes honteuses de l’histoire

Je m’élève

Surgissant d’un passé enraciné de douleur

Je m’élève

Je suis un océan noir, bondissant et large,

Jaillissant et gonflant je tiens dans la marée.

En laissant derrière moi des nuits de terreur et de peur

Je m’élève

Vers une aube merveilleusement claire

….Je m’élève » Maya Angelou, And still I rise, extrait ».

Le chant de Nina Simone est une danse.

https://www.youtube.com/watch?v=oJlWGgBkzeQ



Masse critique juin2019 Babelio/ Editions Tallandier.

Astrid Shriqui Garain



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Nina Simone : Love me or leave me

Moment d'émotion, presque de recueillement que le temps de cette biographie sans sur-effets grossiers, sans non plus de révélations nouvelles mais ponctuée de magnifiques photos et de temps d'arrêt lumineux sur quelques concerts clé, qui nous fait entrer dans l'intimité de l'incandescente, puissante, tragique et douloureuse Nina Simone.



Je connaissais déjà le parcours de cette artiste solaire et unique et plonge régulièrement dans sa musique; lire sa vie à travers cet ouvrage, marqué par le respect et l'admiration tout en s'appuyant sur l'objectivité des faits, permet de pénétrer autrement les fêlures d'une personnalité hors normes, ses outrances, sa pugnacité, ses combats et ses souffrances, à l'origine de son talent.

Pour la petite histoire, j'ai été stupéfaite d'apprendre que son concert au festival de Jazz de Montreux en 1976, qui représente pour moi la prestation la plus bouleversante que j'ai jamais vue, ait été perçue comme un fiasco. Vrai ou pas, la lecture de ce concert proposée dans le livre n'est pas la mienne.



"De l'homme à l'homme vrai, le chemin passe par l'homme fou" dit Michel Foucault en exergue d'un des chapitres (tous étant introduits par des citations parfaitement choisies); cette folie, que je pressentais dans la musique et dans l'attitude brûlante et dérangeante de Nina Simone sur scène, est abordée avec finesse et sensibilité dans le livre qui tente de donner quelques clés de lecture de l'artiste, à qui de toutes manières on pardonne tout.
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La donation

Petite bourgeoise raconte sa mère dépressive. Sensation de lire article dans Psychologie Magazine. Pas mon truc.
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Confessions d'une cleptomane

C'est sans doute le bandeau qui m'a incité à acheter ce livre. L'histoire d'une bourgeoise, mariée à un député et qui passe son temps à voler pour l’adrénaline et aussi pour le plaisir de ramener chez elle objets luxueux ou babioles bien inutiles.

Pas de sa faute, c'est atavique chez elle. De mère en fille - trois générations déjà - et elles en tirent une certaine gloire.

L'histoire se lit bien, cette femme n'est pas antipathique et sa vie s'écoule sans trop de soucis. Jusqu'au jour où...

On explore les rouages de cette addiction, la cleptomanie avec des explications précises et que j'ai trouvé un peu longues. Ce n'est pas le côté scientifique qui m’intéressait dans ce roman, mais le parcours ce cette Valentine de Lestranges.

Drôle de monde tout de même, peu attirant...

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Confessions d'une cleptomane

Une des déceptions de cette rentrée littéraire , le roman présenté par les éditions Stock lors des soirées d'avant la rentrée était très alléchant, étude clinique de cette maladie qu'est la cleptomanie sous le prisme de la fiction..

Sauf qu'à l'arrivée, le roman n'a pas de vraie épaisseur ni consistance et cette plongée dans le vol des produits de luxe est aussi superficiel que peu intéressante... Dommage car Florence Noiville, psychologue de son état et auteur de plusieurs romans remarqués était la personne idoine pour ce sujet !
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L'illusion délirante d'être aimé

Ce roman se lit vraiment rapidement, du à sa centaine de pages, à tout casser... Mais pas que... Il nous amène au coeur du Syndrome de Clérambault, ou l'illusion délirante d'être aimé. J'ai adoré que l'auteur nous mette au-travers de l'histoire de ce roman les notes cliniques de celui qui a donné le nom à ce syndrome. J'ai toujours trouvé fascinant les études de cas en psychologie qui nous aide à comprendre les mécanismes psychiques d'un être humain hors réalité. Le seul bémol que je vois à ce livre, et c'est mon humble avis, c'est que l'ensemble de l'histoire se déroule du côté de la personne qui a déclenché le syndrome et non chez la personne qui le vit. J'aurai adoré vivre de l'intérieur le sujet chez la personne tourmenté. Mais, ce livre m'a tout de même captivé...
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L'illusion délirante d'être aimé

Rare sont les romans qui nous entraînent autour d’une maladie encore peu connue qu’est le syndrome de Clerembault, aussi appelé érotomanie ou encore illusion délirante d’etre aimé.

L'histoire commence quand Laura retrouve C une copine de lycée. Cette amitié va être petit à petit transformé quand Laura va se rendre compte que C a toujours été amoureuse d’elle, au sens platonique du terme, mais qu’elle est complètement obsédée par elle au point de croise qu’ elle l’a toujours aimé en secret. Cette obcession va très loin car C ne peut vivre sans Laura et pense qu’il y a réciprocité. Questionnnant son ami medecin Laura se rend compte que C est atteinte du syndrome de Clerembault. Comme celle-ci est journaliste culture elle va entrer dans le jeu de C. Sortirons t-elles indemme de cette maladie qui peut aller au meurtre ou au suicide de l’une des deux parties?
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Isaac Bashevis Singer

Florence Noiville écrit la biographie de Isaac Bashevis Singer, auteur juif d’origine polonaise, né en 1904, émigré à New York en 1935. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1978 pour son œuvre écrite en Yiddish et en Anglais.



C’est une biographie classique, qui nous présente les moments importants de la vie de Singer, dans l’ordre chronologique, en plusieurs courts chapitres. L’auteure donne également beaucoup d’éléments pour mieux comprendre l’œuvre de Singer mais ne cite malheureusement aucun extraits. Isaac Singer est connu pour ses nombreuses nouvelles et ses romans retraçant la vie de familles juives Yiddish dans les petites villes de Pologne (shtetl). Il y mélange sensualité, religion et surnaturel, un peu comme dans un tableau de Chagall. Son père était rabbin, mais rendait également des jugements sur les questions religieuses. La famille vivait dans une grande pauvreté. J’ai beaucoup apprécié « Au tribunal de mon père » de Singer qui relate, à sa façon, de nombreux épisodes, de cette période.



Singer sera longtemps caché dans l’ombre de son grand frère, écrivain lui aussi, Israël Joshua Singer. De 11 ans plus âgé que Singer, ce grand frère va faire énormément pour l’aider à écrire, d’abord à Varsovie, puis à New-York où lui-même s’est installé avec sa femme. Joshua va malheureusement mourir brutalement à la fin de la guerre, et Isaac prendra son envol.



L’auteure le présente comme un homme qui aime les femmes, pas un homme « à femmes » mais un homme charmeur qui aime s’entourer de femmes. Les femmes sont attirées, ce qui est assez étrange car il est plutôt tourmenté et mal fagoté. Il abandonnera sa dernière amoureuse et son fils de 4 ans quand il partira pour New-York. Quand la notoriété viendra, il aura ainsi un harem de secrétaires et d’éditrices totalement dévouées à sa personne et à son œuvre. Sa femme, Alma, ira même jusqu’à quitter son mari, et ses enfants, pour l’épouser. Elle l’accompagnera jusqu’à la fin de sa vie.



Isaac Singer, comme auteur, est un génie. Il écrit en Yiddish et en Anglais. Grâce aux traductions de ses écrits qu’il fait finalement lui-même, son œuvre sera connue en Europe et ailleurs, jusqu’au couronnement du Nobel, tandis que le milieu des écrivains Yiddish New-Yorkais lui fait un accueil mitigé et quelque peu jaloux. Ses confrères écrivains lui reprochent entre autres la trop grande sensualité de ses œuvres, mal vu dans le milieu, et ce qu’ils appellent son carriérisme.







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Isaac Bashevis Singer



Florence Noiville, journaliste littéraire au Monde, nous offre une bien belle biographie documentée d'Isaac Bashevis Singer, prix Nobel de littérature en 1978.

I.B.Singer nait en 1904 en Pologne, à une date indéterminée, les documents de cette époque ayant disparu, dans une famille juive orthodoxe rigoriste qui change fréquemment de lieu d'habitation. Ses deux parents sont issus de lignées de rabbin et son père est lui-même rabbin. Il est, dès le plus jeune âge, imprégné par la culture hassidique et il se plonge très tôt dans les grands ouvrages religieux, ce qui influencera plus tard l'ensemble de ses écrits.

F.Noiville part sur ses traces en Pologne et reconstitue son parcours jusqu'à Varsovie, d'où il s'enfuit pour les Etats-Unis en 1935 afin de retrouver son frère aîné, l'écrivain Israël Joshua, après avoir abandonné une femme et un fils.

I.B.Singer vivra aux Etats-Unis jusqu'à sa mort à Miami en 1991.

Que retenir de cet immense écrivain, au travers de cet ouvrage ?

En tout premier lieu, la dualité de cet homme, tiraillé entre le mysticisme et le rigorisme hérités de sa famille, et le goût pour la rébellion, l'aventure, avec les femmes notamment. Toute son oeuvre sera le reflet de cette passion pour les femmes qui peuplent ses jours et ses nuits et avec qui il entretient toujours plusieurs liaisons à la fois, et de cette lutte entre des aspirations métaphysiques et les attraits d'une vie dissolue.

I.B.Singer est l'écrivain du désarroi, de la culpabilité, de l'homme agi par les passions et les pulsions mais c'est aussi un conteur hors pair qui s'inspire des lectures des grands textes religieux et de la vie dans les shtetls, pour nous raconter le monde perdu des juifs ashkénazes d'Europe centrale.

Il fait preuve, dans ses romans et nouvelles, d'un humanisme hors du commun, nourri par l'observation des consultations que son père donnait dans un tribunal rabbinique.

Florence Noiville nous apprend également qu'il était un travailleur infatigable qui a écrit simultanément deux oeuvres, l'une en yiddish, et l'autre en anglais, car il récrivait et traduisait lui-même, dans une langue apprise sur le tard, tous ses livres, avec l'aide de plusieurs traductrices.

Cette biographie nous a permis de mieux connaître cet écrivain de génie, surdoué, hyper-mnésique, qui a su reconstituer une culture disparue, et qui, dans la vie réelle et avec les siens, semblait manquer d'altruisme et de générosité. Elle nous a donné envie de replonger dans ses contes, peuplés de magiciens et de dibbouks.

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L'illusion délirante d'être aimé

Dans la première partie du roman, d’un réalisme saisissant, le lecteur découvre avec le même effarement que le personnage principal les manifestations et les conséquences du « syndrome de Clérambault », un trouble psychologique au nom méconnu mais de toute évidence pas si rare que cela. La deuxième moitié du roman est plus romanesque, moins crédible. Malgré cela, la lecture du récit est agréable et marquante.
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