"Bonne chasse, Krasnaïa ? " me demande Nina, le binôme de Tania.
Je hausse les épaules tout en y inscrivant mon seul tir de la journée. J'en ai tué vingt-huit depuis trois mois que je suis arrivée sur le front, c'est un bon palmarès. Krasnaïa zvezda est un de mes surnoms ici, ça veut dire Etoile rouge, en hommage au journal des forces armées du même nom qui m'a consacré un article. Tolstoï lui-même a publié dans ses pages, ce n'est pas rien. J'ai d'autres surnoms, comme la Mort invisible, ou la Faucheuse, ceux-là, paraît-il, sont ceux que me donne la presse fasciste. J'en suis fière, je les porte comme des médailles.
Helmut et christo marchèrent sous le soileil. Ils errèrent longtemps s'egarerent plusieurs fois l'Allemand maudissait les pirates de l'avoir forcé à entrer dans l'eau pour leurs échapper : ses cartes,ses carnets avaient pris l'eau et certaines pages étaient illisibles.
- Dites, mon brave, qu'attendez-vous pour porter mes bagages ?
- Faites-le vous-même, ça vous fera le plus grand bien !
- Qui peut bien sonner en plein hiver ?
- Quelqu'un qui va se faire botter le derrière.
Roxane ferma les yeux. Ses pensées étaient maintenant envahies d'images de gueules béantes, hérissées de dents tranchantes. Des museaux de squales déchiraient ses chairs, découpaient ses membres. Chaque clapotis, le moindre frémissement à la surface gluante lui serrait le cœur. L'angoisse gagnait les trois naufragés.