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Citations de Florian Vörös (37)


Nous verrons par exemple dans cette enquête que si les hommes gays et bisexuels sont souvent plus réflexifs que les hommes hétéros sur les constructions de la masculinité à l’œuvre dans leurs fantasmes, ils expriment aussi volontiers le désir de conserver la domination masculine. A rebours des discours enthousiastes sur « les hommes qui changent » et les « nouvelles masculinités », cette enquête part du principe que toute pratique de la masculinité implique avant tout un certain degré de complicité avec l’ordre patriarcal. (p. 20)
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Par contraste avec les féministes antiporno, les féministes anticensure insistent sur le caractère contextuel et contingent de la construction du genre à travers la réception d’images pornographiques : elles invitent ainsi à prendre en compte l’environnement médiatique dans son ensemble, ainsi que la capacité d’agir des publics. (p. 22)
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Evaluer l’influence du visionnage de pornographie sur l’agressivité sexuelle masculine présente toutefois plusieurs limites. (…) ils [les psy] s’attardent également peu sur les critères qui leur permettent de qualifier certaines images comme violentes et certaines attitudes spectatorielles comme dangereuses. Enfin, ils ne tiennent pas compte de la pluralité des sous genres pornographiques, de la marge d’interprétation des spectateurs, ainsi que des contraintes posées et des possibilités ouvertes par les contextes culturels de réception et d’appropriation des images. (p.22)
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L’ignorance des potentialités de plaisir liées à la stimulation de la prostate n’est pas seulement causée par le manque d’éducation ou d’accès à l’information. La construction active de l’ignorance s’inscrit ici dans une défense de l’identité hétérosexuelle par un homme qui cherche à maintenir sa position sociale dominante, dans le domaine de la sexualité et au-delà, en se différenciant en priorité des hommes gays. La connaissance sexuelle du monde par le seul pénis s’accompagne alors d’une déconnexion d’avec les capacités sensorielles du corps humain qui sont dévalorisées en tant que « féminines » et « homosexuelles ». (p. 46)
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Là où la virilité serait une force extérieure, visible, la vraie masculinité serait « quelque chose d’intérieur ». En contexte bourgeois, la masculinité hégémonique passe par la maîtrise intellectuelle du corps et la distinction par rapport à la force physique brute attribuée aux classes laborieuses. (p. 51)
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L’opposition entre couple et pornographie se retrouve également dans le discours des hommes célibataires et multipartenaires. Les fantasmes pornographiques de Louis ne sont « pas si différents » de ce qu’il pratique en club échangiste : levrette, sodomie, urophilie et éjaculation faciale, toujours dans le rôle du dominant. Il ne s’imagine en revanche pas transposer ces pratiques dans le domaine de la sexualité conjugale. Avec son épouse, Louis imagine qu’il aura une sexualité « normale », qui contribuera à la construction d’une famille « saine ». Reprenant à son compte l’opposition patriarcale entre « la putain » et « la maman », Louis dénie aux femmes la liberté sexuelle qu’il s’autorise. Son discours participe du contrôle social à la fois des femmes en couple,qui devraient faire preuve d’une sexualité modérée et respectable, et des femmes multipartenaires, qui se voient ainsi refuser l’accès au couple et à la famille, d’autant plus lorsqu’elles sont travailleuses du sexe. (p. 59)
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L’intrusion des fantasmes pornographiques viendrait perturber cette harmonie conjugale et engendrerait un risque de discontinuité dans la relation. Les désaccords au sujet du porno dans les couples gays voient s’affronter approches conjugales et approches communautaires de l’homosexualité masculine. (p.64)
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L’humour sexuel hétéronormatif, dont le porno est une des références, constitue un point de fixation – un lieu commun – de la camaraderie masculine. (p.66)
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Je m’intéresse plus spécifiquement aux usages normatifs de l’identité sexuelle : quand la définition de sa sexualité par rapport à celle des autres prend la forme d’une prétention à la normalité et donc aussi à la supériorité. (p. 89)
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Les hommes hétéro se présentent volontiers comme naturellement attirés par les femmes. A l’issue de son enquête sur les pratiques sexuelles entre hommes « hétéros » et « blancs » aux Etats-Unis, Jane Ward propose a contrario de penser l’hétérosexualité masculine blanche comme une « fétichisation de la norme ». Selon cette perspective, l’identification à l’hétérosexualité masculine blanche est une pratique de normalisation de soi, par opposition aux femmes, aux gays et aux Noirs. Cette identification opère avant tout sur le registre de l’implicite. Les hommes hétéros blancs ont davantage tendance à se présenter comme « normaux » que comme spécifiquement « hétéros » et « blancs » (p. 97).
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Dans la pratique, pour être considéré par ses pairs comme un homme hétéro « normal », mieux vaut en fait en dire le moins possible sur la réalité complexe de sa vie autosexuelle et fantasmatique. (p.103)
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Le désir gay pour la virilité hétéro est souvent interprété en terme d’aliénation, de haine de soi et d’homophobie intériorisée. En désirant des hommes hétéros, les hommes gays voueraient un culte à des hommes plus virils qu’eux. Ils resteraient ainsi prisonniers d’un ordre hétéropatriarcal qui place la virilité hétéro au-dessus de l’efféminement gay. La réponse serait alors la fierté gay, qui ouvre à la possibilité de s’aimer soi-même. Ce que cette interprétation en termes de « haine de soi » oublie, c’est que le détournement des représentations hétérosexuelles est au cœur même du fonctionnement des cultures gay.
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Au modèle du « male gaze » défini par Laura Mulvey, selon lequel le corps érotisé de l’actrice est objectivé simultanément par les regards masculins du réalisateur, de l’acteur et du spectateur, se substitue ici le modèle de la « triangulation homosociale » théorisé par EveKosofsky Sedgwick, où la fonction du corps féminin de l’actrice est de permettre le rapprochement homoérotique des corps masculins de l’acteur et du spectateur. (p. 109)
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Etre un « vrai mec » qui désire les « vrais mecs » n’est pas seulement un jeu érotique, c’est aussi une marque d’appartenance au groupe dominant. On peut désigner par le concept d’homonormativité cette forme spécifiquement gay d’attachement au binarisme hiérarchique masculin/féminin. Entre hommes gays, ce sens commun homonormatif peut s’établir par le recours à la blague potache. (p. 111)
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Dans son ouvrage fondateur Masculinités, Raewyn Connell avance que « l’oppression situe, parmi les hommes, les masculinités homosexuelles au bas de la hiérarchie de genre. » Selon elle, « dans l’idéologie patriarcale, le gay est le dépositaire de tout ce qui se trouve symboliquement expulsé de la masculinité hégémonique, du goût sophistiqué pour la décoration d’intérieur jusqu’au plaisir anal ». En somme « l’interprétation de l’homosexualité masculine par la culture patriarcale est simple : les gays manqueraient de masculinité. » Tous les hommes gays sont alors pensés comme occupant une même position subordonnée par rapport à la masculinité hégémonique, qui est imaginée comme intrinsèquement hétéro. (p. 113)
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C'est ce pas de côté par rapport à la construction dominante dela masculinité blanche française qui permet de relier des fantasmes personnels à une histoire coloniale des imaginaires, à un marché genré de la pornographie ou encore à une organisation raciale des espaces de rencontre. Entrer dans cette démarche réflexive implique de quitter la posture confortable du "bon" spectateur qui condamne publiquement les "mauvaises" images "sexistes et racistes", tout en profitant, en privé, de leur pouvoir érotique genré et racialisé. (p. 144)
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Le genre et la race sont des systèmes de signification et de domination qui valorisent la masculinité et la blanchité. (p. 143)
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Le problème n'est pas le "porno" mais la misogynie et l'hétéronormativité qui empêchent de penser la pénétration autrement que comme l'emprise violente d'un corps masculin actif sur un corps féminin passif. (p. 124)
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Florian Vörös
Le porno (dans son ensemble), bon ou mauvais (et, de nos jours, il est la plupart du temps mauvais), participe de la façon dont nous vivons notre sexualité. C'est-à-dire que la manière dont nous nous représentons la sexualité participe de la manière dont nous allons la vivre, et que le porno s'est quelque peu accaparé le marché de la représentation de la sexualité. (Richard Dyer)
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Le porno est souvent défini en tant que genre filmique par sa prétendue absence de scénario. Le film porno typique, le film hardcore en tout cas, est censé comporter une série infinie de scènes de baises, qui, comme le remarque Beatrice Faust, ne suivent même pas l'ordre physiologique normal "enregistré" par Masters et Johnson. le porno gay (ainsi que ce que je connais du porno hétéro) foisonne pourtant de récits. Le récit en est en fait le fondement même. (Richard Dyer)
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