Avec le développement du numérique, la pornographie n'a jamais été aussi facilement accessible qu'aujourd'hui. Les sites de vidéos X regorgent de milliards de contenus classés dans des catégories multiples, identifiables par des mots-clés, qui permettent aux spectateurs·trices de trouver plus facilement ce qui pourrait les exciter. Mais que veulent dire ces fantasmes dans une société régie par la domination masculine et les inégalités de race et de classe ?
Pour comprendre ce qui se joue derrière la consommation de porno,
Florian Vörös, sociologue, a mené un travail d'enquête sur les habitudes de visionnage d'un groupe composé majoritairement d'hommes blancs, aux identités sexuelles variées (hétérosexuel, bisexuel, gay) issus des classes moyennes et supérieures, pour analyser leur rapport à la virilité et à la masculinité, mais aussi pour voir jusqu'à quel point leurs fantasmes érotiques sont influencés par les rapports de genre, de classe et de race.
L'auteur commence par s'interroger sur la masturbation pornographique, pratique qui permet d'éprouver, de ressentir la virilité. En effet, la masculinité hégémonique développe une vision essentialiste du désir sexuel masculin : les hommes ont par nature des besoins sexuels supérieurs aux femmes, la capacité à s'exciter rapidement (« tu bandes, tu te branles » résume un des hommes interrogé par l'auteur). La centralité sur la masturbation empêche les hommes hétérosexuels de découvrir d'autres zones érogènes, comme la prostate par exemple. le sexe anal est ainsi perçu comme une pratique uniquement homosexuelle, et donc repoussoir, ce qui empêche au final les hétéros de découvrir de nouveaux plaisirs corporels.
Du côté des fantasmes porno, on retrouve cette focalisation hétéro sur le pénis à travers « l'imaginaire viril d'un corps vigoureux et pénétrant qui prédomine ». Les corps des femmes doivent être conquis et possédés, et il semble inenvisageable aux personnes interrogées qu'une femme puisse dominer sexuellement un homme.
Enfin, pour ces hommes blancs des classes moyennes et supérieures, la virilité ne doit pas être réduite uniquement à son aspect naturel, elle doit aussi être civilisée et se démarquer des autres virilités (noire, arabe, populaire) représentées dans le porno comme étant l'expression de la force physique brute, alors qu'en « contexte bourgeois, la masculinité hégémonique passe par la maîtrise intellectuelle du corps [...] ».
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