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Citations de Florian Vörös (37)


Je suis socialiste, et à ce titre je vois le porno comme une production capitaliste. Pour autant, je ne pense pas que toutes les productions culturelles capitalistes expriment à chaque instant l'idéologie capitaliste. Je suis constamment à la recherche e moments de contradiction, d'instabilité et de jeu dans notre culture, de ce points auxquels un changement peut s'effectuer, et je aprs du principe que l'on peut en trouver Edna sale porno comme partout ailleurs. (Richard Dyer)
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Ni les frontières culturelles ni les frontières subjectives ne sont immuables, bien sûr. Ce ne sont pas des universaux intemporels. Les motifs qui obsèdent la pornographie - que ce soit le rapport de l'enfance à l'âge adulte et du privé au public, l'esthétique corporelle, les bonnes manières ou encore les relations illégitimes - changent d'une culture à une autre et se transforment à travers l'histoire. (Laura Kipnis)
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La violence de la culture légitime ne semble pas avoir d'effets sur ses consommateurs, ou tout au moins, personne au sein de la communauté scientifique ne semble s'en soucier. On entend peu parler du mépris des femmes dans La Mégère apprivoisée ou bien encore de la manière dont la lecture de Médée pourrait pousser une mère à tuer ses enfants. Quand une mère de Caroline du Sud a noyé ses deux enfants en 1994, personne n'a fait le rapprochement avec Euripide. Quand Lorena Bobbit a tranché le pénis de son mari John, personne ne s'est demandé si elle avait récemment vu L'Empire des sens d'Oshima, film dans lequel le personnage masculin connaît le même destin sanglant. Est-ce parce que les publics d'Euripide et d'Oshima se contrôlent mieux que les publics de la pornographie en particulier et de la culture populaire en général? Ou n'est-ce pas plutôt que l'attribution d'une "valeur sociale rédemptrice" à la seule culture légitime est un préjugé de classe qui ne dit pas son nom? (Laura Kipnis)
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Je ne vais pas prendre de détours. Si la pornographie est tout en bas de ce système de classe qu'est la culture, au sommet duquel on trouvent els forme culturelles a priori réservées aux élites culturelles et économiques - il suffit pour s'en rendre compte de regarder le prix d'une place d'opéra ou des vêtements qui sont portés pour la première d'une symphonie -, c'est bien que les panique morales qui entourent la pornographie sont aussi une question de classes sociales. Si la culture est organisée hiérarchiquement, alors la pornographie se situe, par analogie, sur l'échelon le plus bas de la structure sociale. Il ne s'agit pas là de dire que les classes populaires sont particulièrement consommatrices de pornographie, mais plutôt d'avancer, que dans la mesure où le porno est considère comme inférieur culturellement, il se trouve associé aux traits des classes populaires. (Laura Kipnis)
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Je ne m'intéresse pas ici au "pourquoi" de la préférence sexuelle de telle ou telle personne. Mon travail, en tant que théoricienne de la culture, est d'essayer de rendre compte de "pourquoi" de l'attachement culturel à un niveau plus collectif. L'existence et le succès de certaines forme de culture populaire nous renseignent plus largement sur le social. Il est par exemple courant d'avancer que la science-fiction est un genre dont les récits traduisent des angoisses sur ce que peuvent les humains dans un contexte d'expansion de la science et de perte de contrôle sur les technologies. Nous savons ou apprenons certaines choses sur nous-mêmes à travers la manière dont ces angoisses sont représentées dans la culture populaire. Il en va de même avec la diversité des genres pornographiques. La matière première de ces sous-genres est précisément constituée de tout ce qui a été évincé du reste de la culture. Cette relation dialectique que la pornographie entretient avec la culture conventionnelle (mainstream) n'en fait rien de moins qu'une critique culturelle. La pornographie nous confronte à notre hypocrisie. Et à notre inconscient. (Laura Kipnis)
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Appréhender la pornographie comme une forme culturelle aussi légitime que les autres permet de l'envisager au prime de la fiction; du fantastique et de l'allégorie. La pornographie ne reflète pas plus le monde réel qu'elle n'est un appel hypnotique à l'action. Le monde de la pornographie est mythologique, hyperbolique, peuplé de personnages. C'est un monde qui n'existe pas et qui n'esquissera jamais, mais il revendique - c'est là une des dimension politiques les plus importantes - le droit à un espace consacré au fantasme. Cette revendication est l'une des origines de la controverse actuelle - la pornographie semble avoir un don pour faire passer ses fantasmes pour des forces dangereuses à même de tout mettre à feu et à sang. (Laura Kipnis)
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Florian Vörös
Le porno (dans son ensemble), bon ou mauvais (et, de nos jours, il est la plupart du temps mauvais), participe de la façon dont nous vivons notre sexualité. C'est-à-dire que la manière dont nous nous représentons la sexualité participe de la manière dont nous allons la vivre, et que le porno s'est quelque peu accaparé le marché de la représentation de la sexualité. (Richard Dyer)
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La croisade morale menée depuis les années 1980 par la droite sur la culture en général et sur la pornographie en particulier n'est pas anodine. Que mettent en scène les culture wars, si ce n'est un duel entre le canon (associé à l'élévation culturelle) et la pornographie (associée à l'affaissement culturel)? A chaque fois que des arguments sont avancés en faveur de la culture légitime, est immanquablement invoquée la pornographie (ou son cousin germain, la masturbation) pour illustrer les dangers auxquels il s'agit de résister. Cette intensification du discours ne fait paradoxalement que donner à la pornographie une place de plus en plus centrale culturellement. (Laura Kipnis)
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La pornographie est donc profondément et paradoxalement sociale, mais elle a aussi et surtout un sens aigu de l'histoire. Elle est une archive qui nous renseigne à la fois sur l'histoire collective (celle de notre société) et sur l'histoire individuelle (elle permet de retracer la formation du sujet). Le point de rencontre entre la psyché individuelle et le processus de production historique des subjectivités est en effet le terrain de prédilection de la pornographie.
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Les marges de la culture sont des lieux délicieusement menaçants. En les arpentant, des perspectives très différentes s'ouvrent à nous. Cela peut susciter de l'inconfort (voire des réactions défensives et conservatrices). Le parcours des marges est une expérience de la frontière qui mêle le plaisir et le danger, l'excitation et l'indignation. Cette frontière est en effet à la fois collective et subjective : elle ne dessine pas seulement les limites de la culture, mais également les limites de l'individu. Nous ne choisissons pas les codes sociaux dans lesquels nous vivons, ce sont eux qui nous choisissent. Sa transgression minutieusement calculée des codes stricts que nous avons incorporés dès le berceau fait de la pornographie une expérience excitante et éprouvante. Ce sont ces limites que nous mourrons d'envie de dépasser, de défier - certain.e.s d'entre nous plus que d'autres, apparemment. (Les tabous fonctionnent en effet de manière à stimuler simultanément le désir pour la chose taboue et pour sa prohibition.) (Laura Kipnis)
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La sueur qui coule des corps dénudés et de les improbables acrobaties sexuelles n'est pas la seule raison pour laquelle les images pornographiques nous collent à la peau. Nous sommes également captivé.e.s par la pornograhie en tant que théâtre de la transgression, par sa mise en scène du bafouage des règles et de la violation des restrictions sociales. Comme tous les autres genres de la culture populaire (la science-fiction, la comédie romantique, le policier, le noir) la pornographie obéit à certaines règles. Or sa règle première est la transgression. C'est un peu comme cet oncle qui réussit à mettre tout le monde mal à l'aise lors des repas de famille : son plus grand plaisir est d'aller chercher un à un les tabous, interdits et conventions de la société pour les transgresser. (Laura Kipnis)
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Je voudrais toutefois émettre l'hypothèse, peut-être un peu perverse, selon laquelle notre obsessions pour la pornographie, qu'on la consomme ou qu'on la critique (l'obsession étant encore plus importante dans les second cas), a moins à voire avec son contenu évident (le sexe) qu'avec ce qu'on pourrait appeler sa philosophie politique. (Laura Kipnis)
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J'entends par là que la pornographie est révélatrice. Elle ne révèle pas que des corps nus, transpirant les uns contre les autres. Elle expose la culture à elle-même. On peut envisager la pornographie comme la voie royale vers la psyché culturelle (de la même manière que, selon Freud, les rêves mènent à l'inconscient). La question est donc de savoir ce que dirait la pornographie si on l'allongeait sur un divan et qu'on la laissait faire des associations libres, ce que les histoires qu'elle nous raconterait nous montreraient comme tensions internes et conflits inconscients. (Laura Kipnis)
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Aux Etats-unis, la problématisation de la pornographie s'intensifie dans les années 1980 lors des pro wars (batailles du porno) qui se déclenchent au croisement des culture wars (guerres de la culture) lancées par la New Right contre les politiques d'égalité et des sex wars (guerres du sexe) lancées par un courant féministe dit "radical" contre la pornographie, la prostitution et le BDSM.
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De ces mobilisations politiques émergent les féministes pro-sex (pro-sexe), sex-positive (prônant une attitude positive vis-à-vis de toute pratique sexuelle consentie) et sex-radical (alliance politique des sexualités "hors-la-loi"), les mouvements et théories queer ainsi que le concept de sex work, ou "travail du sexe".
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L'indiscipline des pro studies consiste alors à replacer au centre des pratiques de recherche et d'enseignement ces mêmes textes "vulgaires" et " dégoûtants" qui avaient été évincés à la fondation aux XIXe et XXe siècles des différentes disciplines qui composent aujourd'hui le paysage des sciences humaines et sociales.
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Le porno est souvent défini en tant que genre filmique par sa prétendue absence de scénario. Le film porno typique, le film hardcore en tout cas, est censé comporter une série infinie de scènes de baises, qui, comme le remarque Beatrice Faust, ne suivent même pas l'ordre physiologique normal "enregistré" par Masters et Johnson. le porno gay (ainsi que ce que je connais du porno hétéro) foisonne pourtant de récits. Le récit en est en fait le fondement même. (Richard Dyer)
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La condition d'existence de la pornographie est un processus de civilisation dont les instruments sont la honte et la répression. L'un des thèmes centraux de la pornographie est l'idée que nous sommes des adultes qui ont un jour été des enfants, des enfants pour qui la socialisation a eu un coût élevé, souvent tragique. (Cette socialisation est par définition incomplète, si l'on suit la conception freudienne de l'inconscient comme entrepôt de tout ce qui est refoulé au cours du passage à l'âge adulte - par exemple, l'envie de baiser avec ses parents.) A l'évidence, une chose que notre société ne veut contempler sous aucun prétexte et sous aucune forme, c'est la sexualité infantile. Si l'on part du principe que la pornographie est bel et bien porteuse de complexité culturelle, alors ses sous-genres les plus exotiques apparaissent soudains moins étranges. Je pense notamment à ces sous-genres qui - du bondage et de la domination classiques, au terrain un peu plus pervers de la fessée et de la punition jusqu'aux contrées plus marginales de la fétichisation de la couche-culotte et de l'infantilisme - peuvent être vus comme des odes tardives et poignantes à l'érotisme de l'enfance. (Laura Kipnis)
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Nous verrons par exemple dans cette enquête que si les hommes gays et bisexuels sont souvent plus réflexifs que les hommes hétéros sur les constructions de la masculinité à l’œuvre dans leurs fantasmes, ils expriment aussi volontiers le désir de conserver la domination masculine. A rebours des discours enthousiastes sur « les hommes qui changent » et les « nouvelles masculinités », cette enquête part du principe que toute pratique de la masculinité implique avant tout un certain degré de complicité avec l’ordre patriarcal. (p. 20)
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Par contraste avec les féministes antiporno, les féministes anticensure insistent sur le caractère contextuel et contingent de la construction du genre à travers la réception d’images pornographiques : elles invitent ainsi à prendre en compte l’environnement médiatique dans son ensemble, ainsi que la capacité d’agir des publics. (p. 22)
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