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Critiques de Francis Groff (64)
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Orange sanguine

Orange Sanguine - Francis Groff - Éditions Weyrich-Noir corbeau - Lu en octobre 2020 - Roman policier.



Merci de tout coeur à Nicolasbabelio et son équipe Masse Critique du 7 octobre 2020 ainsi qu'aux éditions Weyrich pour le plaisir de lecture que m'a apporté "Orange sanguine" qui est le 3ème livre de Francis Groff mais le premier que je lis. J'ai donc découvert un nouvel auteur.



Si je vous dit : Binche, vous situez ?

Si je vous dit : Carnaval, vous voyez ?

Si je vous dit : Les Gilles et les oranges, là vous y êtes sûrement, le franc est tombé !



Mardi gras, 4h du matin, on s'affaire chez Cédric Lebarnier et sa femme Myriam.

Cédric est un Gille célèbre à Binche, ayant fait l'objet d'un reportage par une équipe de France 3 l'année précédente .

Le bourreur est là, pour remplir de paille le costume de Cédric, le bourrage est une spécialité, il est important que ce soit bien exécuté, la paille ne peut en aucun cas blesser ou gratter la peau du Gille qui va porter son costume durant 24 heures sans pouvoir se déshabiller et battre le pavé de ses sabots au son du tamboureur, lui aussi un spécialiste. Tous ces préparatifs doivent suivre un processus très précis et minuté.



Cédric, assureur (entre autres) de son métier attend impatiemment son tamboureur qui a du retard. Quand celui-ci arrive enfin, il est surpris de voir que ce n'est pas celui qu'il attendait, mais un remplaçant qu'il n'avait jamais vu, Gianni Cortese.



Les voilà partis, tambour battant, pour rattraper le retard et "ramasser" tous les gilles de la société les Inégalables afin de rejoindre l'Hôtel de Ville où toutes les sociétés de gilles se retrouveront avant le départ officiel.



Vont-ils y arriver ? Et bien non, ils seront assassinés de manière barbare avant que d'arriver chez le deuxième Gille.



Qui ? Pourquoi ?



"De mémoire de Binchou (Binchois en wallon), on n'avait jamais vu cela"



C'est ici qu'entre en scène Stanislas Barberian, bouquiniste à Paris, né à Charleroi, spécialisé en livres anciens et sa fiancée Martine, vivant à Bruxelles et tenant boutique au Sablon. Ils sont de passage à Binche pour le travail de Stanislas. Le commissaire Moineau et sa brigade. Omer Clarinval, haut fonctionnaire au Service public fédéral des Finances, ami du collectionneur Clément Janowski et de son épouse avec qui Stanislas doit négocier une vente et Samuel Delecourt, entrepreneur de pompes funèbres.



Les conversations vont bon train, les supputations sur le mobile des crimes sont retournées en tous sens. Il est question de mafia italienne, spécialisée dans la fraude aux ouvrier du bâtiment baptisée "L'affaire des négriers de la construction" dite aussi "l'affaire Bongiorno" qui éclata dans le Hainaut en 1989. Certains lecteurs s'en souviennent certainement.



Mais qu'est-ce que cela vient faire dans l'assassinat de Cédric et Gianni ?



J'ai été scotchée jusqu'à la fin de ma lecture.



Un petit bémol, quelques longueurs dans les descriptions des livres de Stanislas le bouquiniste et dans l'emploi du temps de Martine, qui n'ont pas de rapport avec l'enquête.



Par contre, j'ai apprécié les informations sur le carnaval de Binche, classé par l' UNESCO au Patrimoine mondial immatériel de l'humanité en 2003,



J'ai aimé le style de l'auteur et sa plume acérée.



Une carte du centre de Binche, avec ses remparts nous situe les lieux du carnaval et de l'enquête.



Je suis tentée par ses deux autres livres "Mort sur la Sambre" et" Vade retro, Félicien"



Et j'ajoute que dans un encadré, il est dit que la collection de romans policiers Noir Corbeau bénéficie du regard averti de François Périlleux, Commissaire Divisionnaire (e.r.), ancien chef de la Crime à la Police Judiciaire Fédérale de Liège.



Bonnes lectures et prenez soin de vous, prendre soin de soi, c'est aussi prendre soin des autres.







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Vade retro Félicien !

Vade Retro Félicien - Francis Groff -Editions Weyrich - Collection Noir Corbeau Roman policier- lu en juin 2021.



Un tout grand merci à Saigneurdeguerre qui m'a généreusement offert cette lecture avec laquelle j'ai passé un bon moment d'évasion.



Un ancien prof d'histoire, Eloi Taminiaux, surnommé Vercingétorix à cause de ses longues moustaches et sa barbe à l'instar du chef et roi des Arvernes, passionné par le peintre et sculpteur Félicien Rops, aimé par certains détesté par d'autres, travaille sur une biographie de celui-ci dans le petit bureau de l'athénée André Bovesse à Namur, bureau que la direction de l'athénée a laissé à sa disposition pour y poursuivre ses recherches et ses écrits.



Il semble détenir un manuscrit inconnu qui lui permettrait de compléter la biographie de l'artiste très controversé, mais...



Un crime est commis, le manuscrit a disparu.



Stanislas Barberian, célèbre bouquiniste franco-belge spécialisé dans les livres anciens,

ayant déjà participé à deux autres enquêtes dans "Morts sur la Sambre" (que je n'ai pas lu) et "Oranges sanguines" que j'ai lu, avait rendez-vous avec Eloi qui voulait lui parler.



C'est ainsi que Stanislas se trouve confronté à l'enquête sur le meurtre du brave Eloi/Vercingétorix. On découvre que certains personnages d'une loge maçonnique namuroise sont mêlés à ce crime odieux.

L'inspecteur principal Delaive rame dans la choucroute, après être convaincu d'avoir trouvé le coupable et en faire une affaire classée , notre Stanislas n'a pas dit son dernier mot et l'enquête rebondit.



De rebondissement en rebondissement, on en apprend beaucoup sur l'artiste Félicien Rops, sur la loge maçonnique, un peu moins sur la jolie ville de Namur.



J'aime beaucoup ces histoires qui se déroulent en Belgique, et quand on connait les lieux, on a vraiment l'impression de participer à l'enquête avec Stanislas.



J'ai passé quelques bonnes heures en compagnie de Stanislas Barberian, de l'inspecteur Delaive et de Félicien Rops.



Francis Groff à l'art d' entraîner le lecteur dans des enquêtes rondement menées.









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Morts sur la Sambre

La Haute-Sambre : Thuin, Landelies et leurs écluses charmantes. Un coin pittoresque de la Wallonie où nous emmène l’auteur belge Francis Groff.

Descriptions à l’ambiance désuète, où les brumes du Nord caressent l’eau glacée de la Sambre, où les péniches amarrées attirent par leur mystère, où les personnages boivent d’excellentes trappistes mais flirtent aussi avec l’illégalité et de coupables désirs…



Car nous y voilà : « Morts sur la Sambre » est un polar, un pur, un classique. Avec des déductions, des interrogatoires, des révélations, et des découvertes avant tout.

Un classique ? Pas tout à fait, puisque celui qui découvre des indices n’est pas un policier mais un bouquiniste franco-belge habitant Paris et faisant souvent l’aller-retour Paris-Bruxelles, vu que la femme de sa vie habite la capitale belge. Il fait partie intégrante de l’enquête, ce qui me semble quand même hautement improbable.

C’est lors d’une promenade au bord de la Sambre en compagnie d’un client magistrat avec lequel il avait rapidement sympathisé que Stanislas Barberian , notre enquêteur en herbe aux yeux fureteurs, aperçoit quelque chose de bizarre…Il faut dire que la veille, on y avait découvert le corps d’un juge d’instruction…



Merci à Daniel et à Antonio de m’avoir fait découvrir cet auteur, journaliste, réalisateur de documentaires et scénariste. Son style enjoué entraine le lecteur jusqu’à la fin, et c’est quasi d’une traite que j’ai suivi les tours et détours de l’enquête, même si les polars ne sont pas ma passion.

Je lirai avec plaisir ses autres romans, l’un se déroulant à Namur, ma ville, et l’autre à Binche.



Cela fait du bien de se sentir chez soi.

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Casse-tête à Cointe

Au départ, deux jeunes gens s'aventurent dans le très vieux bâtiment de l'Observatoire astronomique de Liège sur les hauteurs de la ville. Lucas est passionné d'Urbex : une nouvelle façon de découvrir des lieux abandonnés.

Arrivés à l'endroit le plus sinistre de leur exploration, ils tombent nez à nez avec un cadavre de femme nue sans tête.

Parallèlement, Stanislas Barberian, bouquiniste belgo-français spécialisé dans les ventes d'objets anciens dans les salles de vente séjourne à Liège pour se renseigner sur la guillotine exposée au musée de la Vie Wallonne et fréquente les Archives de l'État situées non loin de l'Observatoire.

À l'hôtel, il lit un article du journal "La Meuse" relatant cette macabre découverte et ne peut rater le parallèle qui existe entre la femme sans tête et ses recherches sur la guillotine. Une sacrée coïncidence qui éveille sa curiosité !

Il doit participer à l'organisation d' une vente qui identifie des objets liés aux guillotinés, va fréquenter assidûment les Archives et faire la connaissance du journaliste qui suit l'affaire du corps retrouvé.

Il est donc mêlé l'air de rien à l'enquête qui l'intéresse énormément.

Le roman est très agréable à lire, truffé d'anecdotes historiques et actuelles.

Un seul reproche, j'aurais voulu vivre plus près de l'enquête et pas m'embarquer dans les méandres historiques, certes intéressantes auxquelles l'auteur m'a fait participer.

C'est un avis tout à fait personnel.

Francis Groff, journaliste, réalisateur signe sa cinquième enquête aux éditions Weyrich dans la collection Noir Corbeau .



Merci à la Masse Critique Mauvais Genres de Babelio et aux éditions Weyrich pour l'envoi du livre qui se passe dans ma ville.
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La piste congolaise

Stanislas Barberian n’est ni policier ni enquêteur pour un quelconque organisme ou société, mais il a un sens aigu de l’observation qui lui a permis plus d’une fois d’aider à résoudre une affaire policière. En fait, Stanislas est un bouquiniste belge à Paris. Tout simplement !

Mais alors que fait-il là, bâillonné et attaché sur une chaise ? Et où est-il ? Ni à Paris, ni en Belgique… Apparemment !

Où donc, alors ? Après une pénible reptation, il touche un objet gisant à terre… Un objet ? Non ! Un corps ! Plutôt un macchabée ! Heureusement, les gens qui l’ont assommé et placé là n’ont pas pris son petit et vieux Laguiole ! Après beaucoup de contorsions, il arrive à se libérer. Il reconnaît le cadavre. Magloire ! Son guide, son chauffeur… Il se souvient : il est au Congo, à l’ouest de Kinshasa, dans un chantier désaffecté. Vu le coup de machette qui a ôté la vie à Magloire, ceux qui l’ont amené là ne lui veulent certainement pas du bien. Comment s’échapper au plus vite ?



Critique :



Stanislas Barberian, spécialiste en ouvrages anciens et rares, n’est pas à proprement parler un grand aventurier. Très attentif au moindre détail, il s’est révélé plus intuitif que bien des enquêteurs professionnels. Ses observations lors des enquêtes précédentes ne l’avaient jamais confronté à des périls menaçant sa vie… Jusqu’à ce qu’il aille au Congo ! Mais que diable est-il allé faire dans cette galère ?

Le bouquiniste s’est vu confier un coffret contenant une bouteille, apparemment très ancienne, et un carnet qui, selon toute vraisemblance est l’œuvre d’un botaniste. Son propriétaire demande à Barberian de s’enquérir de la valeur potentielle de l’objet dont il a hérité d’un parent qui vécut des dizaines d’années au Congo.

L’héritier sera sauvagement torturé, sans doute par des Africains. L’homme était un joueur compulsif, et il se pourrait qu’il ait contracté des dettes vis-à-vis d’une mafia du jeu composée d’Africains. Stanislas a une autre hypothèse en tête : et si c’était ce fameux coffret qui intéressait les assassins ?



Selon son habitude, Francis Groff se dote d’une documentation très solide et fait découvrir au lecteur des faits bien réels. Le fameux carnet de cette histoire pourrait bien avoir été rédigé par le frère Justin Gillet, incroyable botaniste autodidacte qui a donné naissance au plus grand jardin botanique d’Afrique centrale. Le missionnaire était un vrai génie, réussissant à acclimater dans le parc de Kisantu des plantes issues d’Europe, mais aussi et surtout d’Asie. Un petit coup d’œil à sa biographie sur Wikipédia vous apprendra l’essentiel sur un personnage qui mériterait d’être porté à la connaissance du plus grand nombre.

Même les plus méticuleux des auteurs, dont Francis Groff, peuvent être distraits et commettre une bourde historique dans leur ouvrage. Je ne vous dirai pas laquelle, mais pour peu que vous connaissiez un tout petit peu l’histoire de Belgique, elle devrait vous sauter aux yeux. Nul doute qu’elle sera corrigée dans les futures rééditions.

Maintenant que j’ai balancé une pierre dans le jardin de Francis, et sachant qu’il en aura le sommeil perturbé pendant plusieurs nuits d’affilée s’il lit ma petite prose, je dois reconnaître que je suis épaté par le côté investigations qui nous rappelle que l’écrivain, avant d’être auteur, notamment, de polars, était journaliste. Depuis le petit village de Remagne en Belgique, jusqu’au Congo, en passant par Bruxelles, monsieur Groff nous offre un authentique reportage. Il s’est d’ailleurs rendu au Congo pour peaufiner cette enquête africaine qui nous révèle de multiples aspects de la société en RDC de nos jours, mais aussi quelques pages de l’histoire du Congo, et notamment de la troisième religion du pays.

Alors en route pour un polar à la sauce congolaise qui ne manque pas de saveurs exotiques !

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Orange sanguine

Quand on est fille du Nord, on n’est pas sans connaître Binche, cité médiévale de Belgique connue pour son célèbre carnaval et ses lanceurs d’oranges, les Gilles. Aussi quand Babelio et sa non moins célèbre masse critique proposent de découvrir un auteur du plat pays qui nous parle de cette tradition séculaire, c’est avec grand plaisir que l’on accepte ce cadeau de lecture.

Alors pour commencer un grand merci bien sûr à Babelio et aux éditions Weyrich.



Si dès le départ, j’ai été séduite par cette lecture, c’est grâce à son auteur, qui a d’abord joué au guide touristique pour bien partager ses connaissances autour de ce fameux carnaval du mardi-gras, ainsi que les traditions auxquelles se soumettent les habitants de Binche quand ils revêtent leurs fameux costumes bourrés de paille et enfilent leurs sabots, le tout ornementé d’une panoplie de grelots que l’on entend résonner bien avant de les voir.

Ensuite, j’ai été conquise par le héros, bouquiniste de son état, originaire de Charleroi mais vivant à Paris. Héros sympathique, bon vivant, amateur de bonne chère et de bons vins et qui plus est, curieux de nature et adorant se mêler et démêler les histoires policières. Ce qu’il fera, vous vous en doutez, à Binche puisqu’un double meurtre vient d’être commis lors de ce fameux carnaval.

Mais... mais oui quel dommage, tout partait si bien... trop de bavardages autour « des négriers de la construction » (affaire très connue en Belgique dont l’auteur utilise les tenants et les aboutissants pour installer son intrigue) ont eu raison de mon fol enthousiasme et ce beau soufflé s’est dégonflé. Si bien que même après ce long passage, je n’ai pas réussi à retrouver mon élan premier.

Il en reste cependant une lecture intéressante car l’auteur a su mettre en avant, en plus bien sûr de ce surprenant carnaval, la criminalité, les trafics d’influence et la petite mafia locale, tout en dénonçant le chômage provoqué par les grandes entreprises, comme Caterpillar ici.

Il en reste aussi la découverte d’une série policière sympathique dont le héros semble prendre de l’ampleur puisque le voilà à sa troisième énigme résolue. La pesée finale reste donc positive :0)

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Casse-tête à Cointe

Liège (Belgique).



Elle, c’est Yasmina. Elle est jeune et belle. Elle travaille dans une pharmacie. Le popotin de son cher papa s’est posé par inadvertance sur le smartphone de sa fille adorée mettant un terme à son existence ! … Celle du smartphone…

Comment une jeune fille en 2022 pourrait-elle vivre sans cet engin plus vital encore qu’un pacemaker ?

Que faire, sinon se rendre dans la boutique de téléphonie pour s’en procurer un autre ? Là, elle tombe sur Ludo, un gentil jeune homme qui la conseille au mieux… Et qui souhaiterait la revoir… La jeune fille accepte et ils deviennent d’autant plus proches qu’ils ont des passions fort semblables : elle adore les « escape games », et lui l‘urbex, activité qui consiste à s’introduire dans des lieux abandonnés pour en tirer les plus belles photographies possibles. Un soir de déluge, elle lui demande de l’entraîner dans un de ces lieux à l’abandon. L’observatoire de Cointe ferait parfaitement l’affaire…



Critique :



Décidément, les auteurs qui publient dans la collection « Noir Corbeau » ont un faible pour la ville de Liège puisque sur les onze numéros parus, trois aventures s’y déroulent ! Cependant, Francis Groff innove car, à ma connaissance, c’est le premier roman, parmi une grande quantité (pensez à Simenon, notamment), qui se déroule dans le quartier de Cointe ! Je reconnais d’ailleurs que c’est un quartier de la Cité ardente où je n’ai jamais mis les pieds ! Maintenant, j’ai une bonne raison de m’y rendre.

C’est avec une joie non dissimulée que je retrouve le personnage de Stanislas Barberian, bouquiniste très cultivé, venu dans la ville… sur les traces d’une guillotine ! Eh, oui, Mesdames et Messieurs les Français, lorsque vous avez occupé, après votre révolution de 1789, ce qui aujourd’hui constitue la Belgique, vous n’avez pas manqué d’amener avec vous l’engin le plus symbolique de votre révolution et d’une partie de votre culture ! Cette splendide machine pourvoyeuse de veuves, veufs et orphelins ! Comment ça, je suis provocant ? Moi ? Navré, mais je suis contre la peine de mort, encore que pour Vladimir Poupou, je ferais peut-être une exception… Je plaisante Vladimir Vladimirovitch ! Juste cinquante ans de goulag là où les températures descendent à -57°C. Remarque qu’avec le réchauffement climatique, tu ne devais bientôt plus descendre qu’à moins 40°C. Veinard, va !

Bon, j’aimerais que vous cessiez de me dérouter sans arrêt de cet ouvrage car Francis Groff va finir par m’en vouloir…



Francis Groff, ancien journaliste, ne manque pas l’occasion de nous entraîner dans les locaux du journal liégeois « La Meuse » et de la Maison de la Presse à « Liége », fief des journalistes, via son personnage Stanislas Barberian. De son côté journaliste, l’auteur situe très précisément tous les déplacements de son héros et il met un point d’honneur à donner des informations vraies sur l’histoire et la localisation des lieux intervenant dans le récit dans un souci de grande crédibilité.

Les Liégeois retrouveront avec bonheur leur quartier de Cointe, quant aux autres, l’auteur leur donnera envie de s’y rendre car, visiblement, le coin en vaut la peine.

En gros, sachez que dans cette histoire une femme va perdre la tête… Comment ? Vous m’accusez de tenir des propos misogynes ? « Toujours comparer les femmes à des oiseaux sans tête… Et patati et patata… » Votre accusation à mon égard est parfaitement injuste ! Lisez donc le dernier opus de Francis Groff, et vous constaterez que je n’ai nullement exagéré.

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Waterloo, mortelle plaine

17 juillet 2020. Campagne brabançonne (Belgique). Entre Braine-l’Alleud (où eut lieu l’essentiel de la Bataille dite de Waterloo) et Vieux-Genappe (dernier quartier-général de Napoléon).



Les autorités ayant autorisé des rassemblements en extérieur de cinquante personnes maximum, des reconstituteurs de l’épopée napoléonienne se sont rassemblés, le temps d’un week-end pour évacuer leur frustration n’ayant pu reconstituer la bataille de Waterloo qui se tient tous les cinq ans. 2015, bicentenaire de l’ultime bataille de l’Ogre, avait été l’apothéose avec plus de six mille participants venus du monde entier. 2020 aurait dû tout de même en compter près de la moitié. Maudit COVID19 qui avait empêché ces retrouvailles. Tous étaient en joie de pouvoir se rencontrer pour vivre leur passion grâce à Eddy Meuleman, fondateur de la célèbre Ambulance 1809, qui reconstituait avec une fidélité sans pareille un corps d’ambulanciers, médecins et chirurgiens de l’Empire. Il avait opéré un tri très sévère tant les candidats étaient nombreux pour participer à ce week-end de retrouvailles entre passionnés.

Il était près de deux heures du matin, ce dimanche, lorsque Charles-Damien Passereau quitte sa tente pour se rendre à un rendez-vous dont il ne souhaite pas que d’autres en soient avisés. Il tient beaucoup à son secret et montre de grands signes d’inquiétude. Son rendez-vous est fixé dans la grange de la ferme où est entreposé le canon qui sert lors des reconstitutions. C’est dans une quasi obscurité qu’il parvient, non sans mal, dans la pièce où celui-ci est parqué. Il est un peu en avance et n’a plus qu’à attendre la personne avec qui il a convenu de cette rencontre. Il ignore que ce sera sa dernière nuit sur cette terre où jadis tant de sang coula et ou le canon tonna…



Critique :



Enfin une nouvelle aventure de Stanislas Barberian, bouquiniste belgo-parisien ! Francis Groff, notre auteur Luxembourgeois-Carolo ne saurait cacher qu’il fut journaliste et, à ce titre, fureteur. Le sens du détail, la précision, l’amour de l’authentique, se ressentent une fois de plus dans cette investigation menée par un « civil » au grand dam du responsable de l’enquête à qui, pourtant, Stanislas ne manque pas de faire part de ses très judicieuses observations.

Après nous avoir fait découvrir dans « Morts su la Sambre » ce fameux cours d’eau qui traverse une partie du Hainaut et est porteur de l’histoire industrielle de ce bassin minier et sidérurgique, et sa péniche-chapelle (authentique !), où un magistrat fut assassiné, Namur et Félicien Rops dans « Vade retro Satanas ! », qui vit la mort de Vercingétorix, un prof de l’athénée Bovesse, le carnaval de Binche dans « Orange sanguine », où monsieur Groff s’offre le luxe d’étaler deux cadavres, un Gille et son tamboureur, le jour sacré du Mardi-Gras, c’est au tour de la célébrissime bataille dite de Waterloo, d’alimenter ce polar. Pour ce faire, rien de tel qu’un crime, très original, dans le milieu des reconstituteurs de l’épopée napoléonienne. Francis Groff a bel et bien rencontré des mordus, des fidèles à l’Histoire, ceux du groupe « Ambulance 1809 » créé par Rudy Meuleman. Pour avoir eu la chance de partager deux journées avec eux et de les interviewer, je peux vous assurer que plus « authentiques » que ces soldats de l’Empire du petit Corse, tu meurs !

Des personnages célèbres, tels que Victor Hugo ou Baudelaire, sont cités fort à propos dans ce récit que je qualifierais de polar culturel tant Francis Groff s’intéresse à l’histoire des lieux où il étale son cadavre pour qu’un Stanislas Barberian, Sherlock Homes contemporain, mais sans grand vice, aidé de son « Watson », en l’occurrence sa délicieuses fiancée, Martine, fasse preuve d’un sens très développé d’observation et établisse des liens lui permettant de mettre la main sur l’assassin après nous avoir baladé et amené à suspecter des personnes innocentes. Pas bien ! 😊

C’est donc gavé d’authenticité que Francis nous entraîne dans une enquête où la viande rôtie n’est pas du goût de tout le monde.



NB : il n’est pas indispensable d’avoir lu les trois enquêtes précédentes de Stanislas Barberian, mais c’est mieux…

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Orange sanguine

Binche (Belgique).

03 :05 du matin, jour du Mardi gras.



Myriam prépare pour son homme un copieux petit-déjeuner. Une rude journée attend Cédric. Cédric est ravi d’être un Gille. A Binche, encore plus que partout ailleurs, Gille vous confère un statut dont vous pouvez être fier et dont vous devez vous montrer digne !



Habiller un Gille n’est pas à la portée du premier venu. Si le bourrage à la paille est mal réalisé, le Gille va souffrir mille morts et risque d’être blessé au cours des vingt-quatre heures durant lesquelles il doit porter son costume. Myriam a suivi des cours et une fois elle a habillé son mari. Ce fut un désastre ! Aujourd’hui, c’est Gaëtan, un bourreur chevronné qui s’occupe de Cédric. Le voilà fin prêt, mais bon sang où reste Antoine, son tamboureur ? Le Gille ne peut sortir de chez lui qu’en dansant accompagné de son tamboureur pour effectuer le ramassage des autres Gilles.



Déjà un quart d’heure de retard ! … Enfin le coup de sonnette tant attendu ! … Mais où est Antoine ? Qui est ce type qui se présente à sa place ? Après de brèves explications, le Gille et le tamboureur se mettent en marche, mais Cédric a décidé de ne pas prendre l’itinéraire habituel pour se rendre chez le Gille suivant ! Il doit rattraper le temps perdu.



Ayant à peine parcouru une cinquantaine de mètres, une forme sombre surgit devant les deux hommes. En se rapprochant, Cédric se rend compte que la forme noire arbore le masque que les Gilles ne portent normalement que pour entrer à l’hôtel de ville quelques heures plus tard ! Il y a là quelque chose d’incongru… Et de menaçant !



Critique :



Voici donc le troisième épisode mettant en scène Stanislas Barbarian, sympathique bouquiniste à Paris, mais natif de Charleroi. Son sens de l’observation en fait une sorte de Sherlock Holmes ou d’Hercule Poirot.



Francis Groff est journaliste et cela se sent dans la précision des affaires qu’il évoque et qui ont secoué la Belgique. En l’occurrence, ici, l’affaire des « négriers de la construction ». Des entrepreneurs qui soumissionnaient à des prix défiant toute concurrence, et qui, malgré tout, réalisaient de plantureux bénéfices grâce à des fraudes à la TVA et parce qu’ils ne payaient pas les lois sociales de leurs ouvriers, des ouvriers « sous-loués » par des entreprises fantômes. Lorsque la fraude était mise au jour, l’entreprise tombait en faillite et l’entrepreneur soumis à de lourdes amendes… qu’il ne payait pas puisqu’il était insolvable ! L’entrepreneur redevenait simple maçon ou retournait en Italie, et un autre homme de paille devenait entrepreneur… Parfois, l’entrepreneur disparaissait et les ouvriers ne recevaient même pas leur dernière paie. Il a fallu plus de quinze ans pour mettre un terme à ces agissements… Mais aujourd’hui encore, des entreprises fantômes continuent à « sous-louer » des ouvriers…



Pour ceux qui se rappellent de l’affaire, ils se souviendront de Carmelo Bongiorno qui graissait la patte à nombre de fonctionnaires et avait des accointances avec un adjudant de la gendarmerie de La Louvière, Michel Dubuisson, à qui il « rendit service » en faisant exécuter le journaliste Stéphane Steinier par le turc Nejdet Demirkaya.



Dans le roman de Francis Groff, pas de Bongiorno (« bonjour » en italien), mais bien un certain Buonasera (« bonsoir »)… Bien entendu, l’auteur ne rapporte pas fidèlement les faits que je cite ci-dessus puisqu’il s’agit d’un roman… Où, cerise sur le gâteau, l’humour est très présent.



Comme à son habitude, Francis Groff nous fait découvrir les lieux par où passe son héros et évoque des pages d’histoire. Ici, c’est Binche qui est mise à l’honneur. Binche et son carnaval entré au patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais rassurez-vous, ce n’est pas pesant du tout et cela cadre parfaitement avec son personnage principal, Stanislas Barbarian, homme de goût très cultivé.



En conclusion : il me tarde de découvrir la suite des aventures de SB !

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Morts sur la Sambre





Stanislas Barberian, libraire à Paris, trouve un indice sur la scène d’un présumé accident.



Francis Groff entremêle avec brio les fils d’une histoire on ne peut plus intrigante mené sur un rythme soutenu grâce à ce Français qui se retrouve par hasard mêlé à une enquête de police. Je ne sais pas si l’intrusion d’un civil est seulement envisageable à ce niveau. Néanmoins l’auteur décrit parfaitement la découverte successive d’éléments liés à ce dossier et nous immerge dans les réseaux peu recommandables de la région de Charleroi. Bien évidemment la fin est complètement inattendue.



Une lecture rendue possible grâce à l’enthousiasme de Antonio @Saigneurdeguerre que je remercie vivement





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Morts sur la Sambre

A l'occasion d'une vente au procureur de Charleroi, Stanislas Barberian, bouquiniste parisien originaire du pays noir, relance l'enquête sur la mort par noyade du controversé juge Jean Régis de Chassart.



Enquête bâclée ou malveillance? Mafia caorolo ou boites de nuits sélect? D'heureux concours de circonstances lui permettront de faire évoluer les investigations.



J'ai bien aimé le ton léger et l'ambiance bien rendue de la capitale du pays noir.



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L'homme qui écrivait au crayon

A Zurich, connaissez-vous « Die drei Brüder » ? Mais si, voyons ! C’est un établissement réputé, dont le caractère de phacochère du patron aurait fait fuir la clientèle depuis longtemps s’il s’était trouvé dans les parages une brasserie de petite restauration de la même qualité… Ses toasts au crabe sont simplement divins ! N’hésitez pas à en commander si vous passez par-là ! Et puis, le deuxième atout de cette entreprise est la jeune et très jolie serveuse… Ah, Martha ! La blonde et délicieuse Martha qui apporte le sourire à ces hommes, plus nombreux que les dames à fréquenter l’établissement. Mais Martha sait changer d’aspect lorsque ces messieurs sont accompagnés de dames… Martha qui boutonne plus haut son chemisier, qui évite de trop se pencher en servant à table et qui baisse les yeux, toute en discrétion… Mais pourquoi, est-ce que je vous parle tout ça, moi ? … Ah, oui, un client fidèle, qui venait souvent accompagné d’une femme plus jeune que lui, âgée de 50 ou 60 ans, s’est effondré aujourd’hui alors qu’il savourait son plat. Les secours n’ont rien pu faire pour le ramener à la vie. Vu son costume trois pièces, ne connaissant pas son nom, Martha l’avait surnommé le « banquier », ce qui n’aurait rien eu d’étonnant dans une ville suisse telle que Zurich ! Chose étrange, la femme qui était avec lui disparut, sans payer, après que le corps de son « compagnon » eut été transporté à l’hôpital. Ils ne portaient pas d’alliance, ces deux-là. Martha pouvait donc supposer qu’ils n’étaient pas mariés… Pourtant, à voir leur comportement, on aurait pu les prendre pour un vieux couple de mariés ou pour des amants de longue date. Le « banquier », malgré son âge, était un homme actif ! Dès qu’il s’attablait, il sortait un petit carnet noir en cuir qu’il remplissait d’une petite écriture régulière ? Exclusivement écrite au crayon…



Critique :



Comme toujours avec l’écriture de Francis Groff, on visualise très bien la scène et on apprécie les petites descriptions pleines de sous-entendus : « Envers les épouses ou les compagnes de ces messieurs, Martha adoptait une stratégie tout empreinte de discrétion, gardant les yeux modestement baissés avec les unes, flattant les autres pour un bijou ou un nouveau vêtement. »

Une petite phrase permet de comprendre une bonne partie de la psychologie du personnage : « La jeune femme avait compris qu’un sourire en coin ou une main qui s’attarde sur le bras d’un vieux mâle en tweed sont autant d’adjuvants pour un pourboire digne de ce nom. »



Le roman se nourrit d’un humour très second degré : « Mais sans être devin, je crois que vous allez au-devant de tracas administratifs à côté desquels le calvaire du Christ était une aimable plaisanterie. »

Mais Francis Groff ne nous entraîne pas dans un roman social ou une étude de mœurs (encore que) ! Il nous propose ici un roman d’espionnage. Ah, la Suisse ! Un pays qui convient si bien à cette activité hautement stratégique ! Il n’y a pas que les banques, le chocolat et les montres, tonnerre de Dieu ! Pourtant, son héros n’est pas le salarié d’une des nombreuses agences américaines de renseignements. Paul Krueger est un professeur qui enseigne le journalisme à l’université de Memphis. Mais, non ! Qu’allez-vous imaginer là ? Non, son métier de professeur d’université n’est pas une couverture ! A mon avis, vous regardez trop de films d’espionnage.



Paul Krueger un espion ? Non ! Non ! Et non ! … Par contre, son paternel, Jim, mort carbonisé dans un incendie d’un cinéma de Berne en février 1977, c’était autre chose ! Lui, qui avait des aptitudes au déchiffrement, avait commencé une carrière dans le monde des services secrets en 1943 en Angleterre pour le compte des alliés… Carrière qui s’était poursuivie sous d’autres formes après la guerre. Il bénéficiait d’une couverture d’une soi-disant entreprise travaillant l’acier et il était régulièrement amené à se rendre en Europe, maîtrisant parfaitement la langue allemande, langue de ses parents ayant fui le nazisme à l’arrivée d’Hitler au pouvoir.



Le pauvre Paul Krueger, qui n’a rien d’un James Bond, va être entraîné dans une aventure qui le dépasse et qui pourrait lui coûter cher ! Très cher !



Quel dommage que ce roman, pourtant très récent, soit si mal diffusé ! Il mériterait de connaître un bien meilleur sort tant il me fut agréable de le lire. Inutile de dire que le passé de Francis Groff, journaliste d’investigation, aide à créer un contexte des plus plausibles… Qui viendra nourrir les thèses des complotistes apportant une pierre de plus à leur édifice…

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Vade retro Félicien !

Vercingétorix, vous connaissez ? Comment ? Le chef gaulois dont Jules César parle dans la Guerre des Gaules ? Heu, oui… Enfin, non ! En fait, « Vercingétorix » est le surnom donné par ses élèves à Eloi Taminiaux à cause de sa chevelure et de sa moustache tombante. Eloi fut longtemps prof d’histoire en secondaire à l’athénée François Bovesse à Namur (Belgique). Aujourd’hui pensionné, il conserve le privilège de pénétrer dans l’établissement et d’y disposer d’un bureau. Eloi va publier un livre qui va éclairer le personnage de Félicien Rops, peintre, graveur et bien d‘autres choses encore, et qui devrait être une vraie petite bombe. Malgré l’heure tardive en ce samedi du mois de janvier et qu’il soit secoué par un vent glacial, il a hâte de préparer sa rencontre avec le bibliophile Stanislas Berberian qu’il doit rencontrer demain matin pour faire authentifier un manuscrit très intime qu’il prétend être de la main de l’illustre Rops. De son bureau part un étroit escalier jusqu’à une cave qu’au cours de ses quarante ans le carrière l’enseignant avait transformée en une sorte d’atelier d’artiste dédié à Félicien Rops, atelier tout à fait vraisemblable, artiste dont il n’avait jamais cessé d’étudier l’œuvre et de la mettre en scène avec ses élèves. Cependant, cette cave est restée secrète ! Nul autre que « Vercingétorix » n’en eut jamais connaissance.



Un jour, en aménageant cette cave, Eloi fit une étonnante découverte : un passage vers un labyrinthe de couloirs et de caves d’un autre bâtiment ! Oh, il n’y avait là que des vieilleries moisies et abîmées, genre chaises d’église, armoires branlantes, documents sans intérêt de l’évêché…

Eloi est venu s’assurer que la farde qu’il compte présenter à son interlocuteur demain est bien en ordre. Il la referme satisfait. Tout y est ! Pour célébrer ce grand événement, il sort la bouteille de prune et le verre ballon. Il remplit généreusement le verre et descend vers son antre d’artiste. Quand il y arrive, l’obscurité est complète jusqu’à ce qu’il allume les deux bougies qui servent d’éclairage à la pièce. Tout est là pour rendre vie à Félicien Rops, même la vieille épée. Eloi, assis dans son fauteuil profite de cet instant magique dans son antre à la gloire du peintre-graveur pour savourer son alcool de prune. Quelque chose vient de bouger… Un humain ? Il s’éloigne instinctivement de l’escalier. Il entend le bruit de l’épée, la lame glissant le long de son support en fer forgé… Il découvre petit-à-petit un homme habillé façon dix-neuvième siècle qui cache son visage d’une main, l’autre tenant l’épée… L’intrus retire lentement la main et… Non ! C’est impossible ! Cet homme ne peut être Félicien Rops ! Eloi se sent mal, il n’arrive plus à respirer… Mais que fait l’individu avec cette épée ? Il ne va tout de même pas…



Critique :



Ah, quel bonheur de retrouver l’écriture de Francis Groff dont j’avais savouré « Morts sur la Sambre » (allez l’acheter, si ce n’est pas encore fait). Il nous revient avec son personnage fétiche, Stanislas Barberian, bouquiniste expert franco-belge, au sens de l’observation très développé, tout comme sa culture, d’ailleurs.

Cette fois, c’est à Namur, là où la Sambre se jette dans la Meuse, que Groff nous balade, rendant l’histoire parfaitement crédible pour qui connaît un petit peu la ville. (D’ailleurs, il me donne méchamment envie d’y retourner pour redécouvrir les lieux qu’il insère dans son histoire.)



Mais Francis Groff ne nous a pas concocté un simple guide touristique ! L’homme est un journaliste qui pousse ses investigations aussi loin qu’il peut. Spécialiste de la mine (de charbon), il a aussi publié un livre sur Albert Frère, l’homme le plus riche de Belgique, aujourd’hui décédé, un livre hélas devenu pratiquement introuvable, publié chez Labor en 1995 : « Albert Frère, le Pouvoir et le Discrétion », un livre que j’ai hâte de lire… Mais il faut d’abord le trouver !

Tout ceci pour vous dire qu’en moins de deux cents pages, l’auteur nous construit une très belle histoire policière avec des tas de références à des événements réels qui se sont déroulés en Belgique et des références historiques qui, ici, nous donnent envie de nous replonger dans l’œuvre très contestée, à son époque, de Félicien Rops. Une incursion dans les milieux d’extrême-droite catholiques traditionalistes nous montre que l’auteur reste un journaliste d’investigation qui se convertit, avec succès, dans le polar. Et puis, il y est aussi fortement question de franc-maçonnerie et un petit peu… d’Alain Delon ! Si ! Si ! Vous verrez ! Et là, ce n’est pas de la fiction !



Ce qui m’est particulièrement agréable dans la lecture d’un livre de Francis Groff, c’est qu’il titille notre curiosité par ses enquêtes tout en nous évitant de longues descriptions de tortures, de mutilations, choses qui paraissent indispensable à de nombreux auteurs de thrillers et de polars actuels.



Francis Groff fait plus d’un clin d’œil à ses collègues auteurs qui publient dans la collection « NOIR CORBEAU » en faisant référence à leurs personnages… Suscitant ainsi l’envie de lire leur prose !



J’aurais pu finir ce livre d’une traite, tellement il est plaisant à lire, si je ne m’arrêtais pour prendre de nombreuses notes et aller jeter un œil sur Internet pour en savoir plus sur des lieux, des personnages, des événements cités dans le roman.



Dernière remarque : il ne faut nullement être Namurois ou Belge pour apprécier ce roman ! L’histoire qu’il raconte est universelle et peut être appréciée dans le monde entier par tout lecteur de romans policiers. Vivement le prochain, « Orange sanguine », qui se déroule à Binche et où, sans le moindre scrupule Francis Groff assassine un Gille et son tambourineur ! Et tout ça en plein carnaval ! Impardonnable ! … Mais n’étant pas Binchou, moi, je l’absous de ce forfait et n’ai qu’une envie, me plonger dans ce roman !

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Morts sur la Sambre

L'hiver est là. Glacial ! L'eau de la Sambre ne doit pas dépasser les trois degrés. Quand un corps est repêché, l'enquête conclut rapidement à un accident : un joggeur, glisse le long de l'eau et son coeur ne résiste pas au choc thermique.



Passant par là en compagnie du procureur Oscar Lambermont à qui il est venu acheter des livres de l'éditeur Hetzel, Stanislas Barberian, expert en manuscrits anciens et livres rares, a le regard attiré par un objet jaune flottant à la surface de l'eau. Une fois cet objet repêché, il attire l'attention du procureur sur sa particularité et commence à poser des questions qui intriguent suffisamment Oscar Lambermont que pour qu'il décide de rouvrir l'enquête… Il faut dire que la victime n'est autre que le juge d'instruction Jean-Régis de Chassart…



Alors ? Règlement de comptes voulu par un gredin que le juge a expédié en prison ? Tentative pour faire échouer une enquête du juge ? Ou… une affaire privée, le juge étant connu pour aller voir ce qu'il y a sous les jupes des filles ? Chassart est un chasseur de jupons… Mais est-ce suffisant pour justifier son assassinat ?



Critique :



Un polar comme je les aime : dès le début, après une présentation des protagonistes, nous sommes directement embarqués dans une enquête qui fleure bon le réalisme et qui donne envie d'aller se promener le long de la Sambre. L'auteur décrit assez fidèlement les lieux dont il parle ce qui permet aux personnes qui les connaissent d'être « témoins » des drames qui surviennent dès le début du récit.



Le personnage du libraire spécialiste en livres anciens, Stanislas Barberian, qui est le véritable déclencheur de l'enquête et qui, à plus d'une reprise, la fait progresser est sympathique et bourré d'un tas de qualités qui le rendent attachant.



Voilà un très bon polar qui trouve une fin surprenante, totalement inattendue. La Belgique aurait-elle accouché d'un nouveau Simenon ?

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Albert Frère : le pouvoir et la discretion

Petite précision : ce livre date de 1995. Cette biographie est forcément incomplète ! Albert Frère est décédé à l’âge de 92 ans, le 3 décembre 2018, à Gerpinnes (Belgique).

Il était considéré comme la personne la plus riche de Belgique.

Si vous n’avez que de médiocres résultats en mathématiques et en commerce (économie) à l’école, ne désespérez pas ! Voici respectivement les résultats en mathématiques et en commerce du jeune Albert Frère à l’Athénée royal de Charleroi (année scolaire 41/42) : 130/450 et 294/630 !



Mais que l’on ne s’y trompe pas ! Si les résultats scolaires n’étaient pas brillants, il n’en restait pas moins qu’Albert Frère avait le sens des affaires et qu’il était un travailleur acharné.



Un travailleur acharné, oui, mais un filou aussi : lorsque Noël Lammertijn, qui allait devenir son beau-frère, effectuait son service militaire à Charleroi, à la caserne Trésignies, il s’est vu confier la responsabilité de certains transports. « Très vite, le jeune Flamand se rend compte qu’on utilise indifféremment des bidons de 200 et de 22O litres de carburant. A partir de ce moment, il se constitue une réserve de conteneurs de 220 litres et les renseigne systématiquement comme 200 litres. Le gain – dix pour cent – est important et les approvisionnements nombreux. Lors de chaque opération de remplissage, Noël récupère 20 litres qu’il stocke dans d’autres jerrycans. A quatre heures du matin, en venant prendre son service au camp de Fontaine-l’Evêque, il fait un crochet par la cour de la maison des Frère où il dépose son précieux chargement. Dans la journée, Gérard et Albert revendent le carburant, le produit de la vente étant ensuite partagé entre les trois complices, en attendant la livraison suivante… Telle fut, dans le chef d’Albert, la première manifestation d’un sens du commerce qui allait, par la suite, le propulser dans les plus hautes sphères de la finance. » écrit Francis Groff (p. 10 et 11).



Francis Groff poursuit (p. 13) : « Si on en croit quelques proches, cette première expérience eut le don de mettre le jeune Albert en appétit. Si bien que lorsqu’il effectua son service militaire à la base aérienne de Florennes en 1947, il réédita l’opération en montant de toutes pièces un juteux trafic de carburant avec… les Américains. »



Très vite Albert Frère comprend qu’une entreprise dans la métallurgie, petite ou moyenne, appartenant en général à une seule personne n’a pas les moyens de se moderniser pour suivre le rythme de la compétition. La société commerciale permet d’obtenir des capitaux importants, notamment grâce aux banques. Il transforme la société familiale d’abord en société de personnes à responsabilité limitée, puis en société anonyme offrant aux principaux actionnaires des moyens de contrôle au niveau de l’assemblée des actionnaires et du conseil d’administration. Le tournant décisif sera le rapprochement des intérêts d’Albert Frère et du groupe Paribas.



Tôt couché et tôt levé, il « mène ses affaires à la cravache comme si le sort du monde en dépendait » et il presse ses collaborateurs comme des citrons pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. Ces derniers doivent faire preuve d’une totale disponibilité au service d’un seul homme… Albert Frère ! Que certains de ses proches décrivent comme un comédien génial, passant de la douceur à la dureté la plus féroce sans que ses proches ne sachent s’il était vraiment sérieux…



Albert Frère ne vit pas au même rythme que ses collaborateurs. Lui se couche tôt alors que ces derniers sont parfois obligés de travailler jusqu’à pas d’heures. Se levant tôt, quand arrive la réunion de huit heures, lui est déjà pleinement actif alors que ses collaborateurs sont souvent « encore dans le gaz ».



La première recette d’Albert Frère, c’est de se faire connaître de tous et à tout prix. Il envoie des offres partout, dans le monde entier, et s’il ne ramasse rien au début, la recette finit par payer et les commandes commencent à arriver, même de l’autre bout de la planète.



Albert Frère prenait des risques fous… Et il arrivait que son équipe échoue… Mais Albert avait aussi l’art de transformer une défaite en victoire. C’est un véritable caméléon, capable de s’adapter à tous les genres, à toutes les situations, à tous les interlocuteurs. Les grands maîtres des forges ne l’ont pas pris au sérieux… Et ils ont eu tort ! Ses collaborateurs étaient des manipulateurs, mais Albert Frère les manipulait aussi et il était de loin le plus fort à ce petit jeu ! Albert Frère avait une mémoire d’éléphant… Et n’oubliait jamais un affront qu’il faisait payer très cher en monnaies sonnantes et trébuchantes.



En 1972, le magazine Combat, organe du syndicat FGTB, attire l’attention sur le pouvoir extraordinaire qu’ont acquis les commerciaux dont font partie les entreprises Frère. En résumé, ces entreprises touchent une commission, et cela que le prix de l’acier soit obtenu en réalisant un bénéfice ou qu’il soit vendu à perte. Et si les pertes s’accumulent, on demande l’aide de l’Etat pour éponger les pertes car il s’agit de sauver des milliers d’emplois. Donc, que les entreprises sidérurgiques réalisent des gains ou des pertes, pour Frère cela ne change rien puisqu’il touche une commission sur toutes les ventes. Frère pousse donc la production à outrance…



Dans son livre « Les Sidérurgistes », cité par Francis Groff, le journaliste Luc Delval a des mots très durs à l’égard d’Albert Frère qui ne fut pas, selon lui, le gestionnaire de génie que d’aucuns ont voulu voir en lui : « La grande habileté d’Albert Frère fut plutôt celle du commerçant que celle de l’industriel. Elle repose principalement sur deux recettes magiques qui ont fait leurs preuves. Première recette magique : séparer juridiquement les centres de profit – sociétés commerciales et financières – et les centres de pertes – sociétés industrielles. Elle a été appliquée avec un bonheur sans égal par M. Frère. » Luc Delval ajoute : « Etant donné la place que des entreprises comme les usines sidérurgiques occupaient dans le tissu industriel et les conséquences sociales de leur éventuelle disparition, on pouvait sans grands risques parier sur une intervention de la puissance publique lorsqu’une pareille menace apparaîtrait. On verra qu’elle se produisit dans des conditions très favorables aux intérêts des actionnaires privés. Quant aux sociétés financières et commerciales, elle se portèrent toujours très bien, merci pour elles. »



La deuxième recette magique est la monopolisation. Au moment où Albert Frère fit son entrée dans les différentes sociétés sidérurgiques, chacune avait ses propres services commerciaux. Petit à petit, tout le service commercial va se retrouver entre les mains de Frère-Bourgeois Commerciale. Luc Delval précise : « Elle enregistrait les commandes, passait les ordres et encaissait une commission calculée sur le montant du marché. » Le plus souvent, cela se traduisait par des gains réalisés par les commerciaux et la vente à perte pour le producteur.



L’ouvrage ne s’arrête pas là, il y a encore bien des épisodes « juteux », mais ma chronique devient super longue et certains lecteurs, surtout les non-Belges, ont probablement été perdus en route. Datant de 1995, le livre se fait rare et beaucoup le vendent sur Internet à des prix allant jusque 69 euros. Chose étrange, on en trouve davantage en vente sur des sites anglo-saxons que francophones !



Francis Groff a mené son enquête comme un juge d’instruction, à charge et à décharge.



Sachez encore, amis Français, que l’histoire d’Albert Frère vous concerne… Il était surnommé « Le Roi du CAC 40 » ! Le CAC 40, c’est bien chez vous, non ?

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Casse-tête à Cointe

Un grand merci à Babélio pour ce polar gagné lors de la dernière MC mauvais genres. L’année du bac, c’est à dire il y a une éternité, j’avais décidé de faire un « Brel safari » de deux semaines, qui m’a fait visiter la Belgique et certaines villes de Hollande. Je suis donc passée à Liège un jour de pluie (on ne peut quand même pas demander de la neige en juillet !), cette ville m’a laissé peu de souvenirs en dehors de la promenade au bord du fleuve, contrairement à Amsterdam ou Bruges, surtout je ne me rappelle absolument pas l’observatoire qui sera le point de départ de ce roman.



Il commence très fort avec deux jeunes urbexeurs qui explorent ledit observatoire, désaffecté depuis longtemps et en mauvais état, à tel point que le garçon passe à travers le plancher du grenier sans se faire trop mal, mais les jeunes découvrent un corps décapité. Après cette entrée sur les chapeaux de roue, le soufflé retombe. Stanislas Barbérian un vendeur de livre ancien de Paris vient à Liège car il doit rechercher des documents ayant trait à la guillotine aux archives pour une maison suisse de ventes aux enchères. Il se rend aux archives de l’Etat, rencontre le directeur, mais comme il est détective privé à ses heures perdues, il enquête sur le meurtre de l’observatoire avec un journaliste avec qui il s’est rapidement lié.



Il n’y a pas beaucoup de suspense et l’histoire se déroule très lentement. A la fin, on retrouve un rythme d’enfer lorsque l’assassin est démasqué sans que rien ne nous fasse deviner son identité auparavant. J’ai eu l’impression qu’un magicien sortait un lapin de son chapeau. Je me suis beaucoup ennuyée à suivre les pérégrinations de nos deux héros dans les rues de Liège.



Je dirais que c’est un roman très régional, qui devrait beaucoup plaire aux lecteurs locaux, mais pour les autres, du moins ceux qui ne connaissent pas bien Liège, c’est très soporifique. Les détails topographiques fouillés sont agréables quand on est du coin (comme dans les romans de Nicolas Feuz pour moi), ils permettent de visualiser l’action comme dans un film, mais sans connaître les détails du lieu on est vite submergé d’information inutiles, qui laissent un sentiment de confusion. De plus l’enquête n’est pas très intéressante avec ces deux pôles menés à train d’enfer et une lenteur d’escargot entre deux.



Les renseignements historiques, notamment sur les exécutions aux dix-huitième et dix-neuvième siècle sont intéressants, comme l’histoire des bâtiments comme l’observatoire et le local de la PJ, mais cela n’a pas suffit à me distraire du profond ennui ressenti tout au long de cette lecture. Par contre je ne doute pas que les lecteurs belges y trouveront leur compte.
Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Vade retro Félicien !

Deuxième enquête de Stanislas Barberian, cette fois à Namur, autour d’un manuscrit de Félicien Rops. Rythmé et haletant, avec une touche de mystère liée au milieu de la franc-maçonnerie et à la personnalité sulfureuse du peintre. Un agréable moment de lecture qui donne envie de se plonger dans le volume suivant.



Francis Groff n’est pas un perdreau de l’année : il a derrière lui une expérience d’écriture d’histoires. Mais les histoires qu’il avait rédigées étaient principalement des histoires vraies, des travaux de journaliste consacrés à des personnalités ou à des entreprises belges. Depuis quelques années, il s’est tourné vers la fiction, nous livrant des enquêtes policières menées par le libraire Stanislas Barberian. Jusqu’ici chaque récit se déroule dans une région de Belgique



En temps qu’auteur de fiction, Francis Groff est un jeunot. Et j’ai pris un plaisir attendri à le voir évoluer depuis « Morts sur la Sambre ».



«  Vade retro Félicien » m’a davantage tenu en haleine que «  Mort sur la Sambre ». L’ambiance y est plus mystérieuse, et le mystère se niche dans plusieurs aspects. Cela commence par le cadre du crime : un local oublié dans un vieux collège, où un ancien professeur entasse ses archives de Félicien Rops. Une porte dérobée, un passage secret, mystères... Et puis il y a ce mystérieux manuscrit du peintre, qui est au centre de l’intrigue. Et enfin, les rites mystérieux des francs-maçons.



Le mystère, on a envie de le percer : bon plan pour tenir le lecteur en haleine et le pousser à tourner les pages vers le dénouement. Le rythme est soutenu, on avance fort agréablement ! Ce deuxième roman comblera davantage que le premier les amateurs d’intrigues policières, même si, comme le premier, il reste de facture classique.



Cette intrigue plus prenante, il me semble qu'elle a emporté l'auteur lui-même, au détriment de son enquêteur: en refermant le livre, j'ai réalisé que l'auteur n'avait pas mis en scène Stanilas Barberian pour expliquer le dénouement. C'était comme s'il était mis à l'écart et que le récit venait de l'extérieur. Je m'en suis un peu amusé, mais cela ne gâche pas le suspense !



Enfin, comme dans "Morts sur la Sambre", Francis Groff situe son histoire dans une région de Belgique, pour laquelle il s'est soigneusement documenté pour que les détails de ses descriptions collent à la réalité. C'est là une des raisons pour lesquelles je vous conseille de vous plonger dans le travail de cet auteur. Dans ce volume-ci, il s'agit de la ville de Namur. Néanmoins, mais cela risque d'être purement subjectif, j'ai trouvé que l'ambiance de l'endroit était moins bien rendue que celle du volume précédent. Si cela est effectivement le cas, peut-être faut-il en chercher la raison dans le fait que "Mort sur la Sambre" est géographiquement plus proche du milieu d'origine de l'auteur.



Bref, en attendant de découvrir l'opus suivant, "Orange sanguine", qui se passe à Binche, je vous recommande de vous intéresser aux romans de Francis Groff. D'une part pour le plaisir de lecture que vous en retirerez, mais aussi pour l'encourager à continuer, ainsi que les éditions Weyrich, dont je continue à vous suggérer de feuilleter l'excellent catalogue. C'est bon, puisque c'est belge !
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Le destin d'Agathe Pinoche

Se pourrait-il qu’il existe des gens qui se repaissent du malheur de leurs contemporains ? Apparemment, oui et Arnold Callembert est bien de ceux-là puisqu’il est rusé, manipulateur, sournois et toujours prêt à pourrir, l’air de rien, la vie de ceux qu’il rencontre.

N’ayant guère envie de travailler dans la boutique familiale, monsieur Arnold-le-fils prétend devenir fonctionnaire. Grâce aux relations de son paternel, il obtient un poste au bureau de poste (sic) où, en à peine trois mois, il va réussir à se mettre à dos les sept employés du bureau.

Retour à la case départ ! Son emploi à l’épicerie ne va pas l’empêcher de poursuivre son œuvre de manipulation. L’une de ses victimes n’est nulle autre que dame Pinoche, une vieille veuve aigrie pour qui personne ne trouve grâce à ses yeux… Arnold sent qu’il va bien s’amuser…



Critique :



Qu’il est agréable de lire Francis Groff ! En une petite nouvelle, petite par la taille, grande par le style, il a vite fait de donner vie à des personnages que le lecteur voit agir au fil des pages par la magie de son écriture.



Francis Groff prouve qu’il n’est nullement nécessaire de se lancer dans un roman de mille pages pour raconter une histoire, avec un début et une fin, capable de donner au lecteur un film à « voir » tant ses personnages sont vivants sous sa belle plume. Allez donc lire l’un ou l’autre extrait.



Vous ne connaissez pas encore les œuvres de Francis Groff ? N’attendez plus !

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Orange sanguine

Pourquoi donc sauvagement assassiner un Gille et son tamboureur le matin du mardi gras, à Binche? Francis Groff nous entraîne dans le monde des malfrats de la région du Centre et j’ai eu du mal à lui lâcher la main tant son récit était prenant !



C’est toujours un plaisir de voir les personnages de Francis Groff évoluer dans un décor bien belge ! Dans « Orange sanguine », il nous emmène à Binche, ville célèbre pour son carnaval du mardi gras. Les Gilles sous leurs chapeaux en plumes d’autruches y lancent des oranges sur les passants, d’où le titre du roman. Je ne suis pas trop attiré par les manifestations de foules, mais je dois dire que l’auteur m’a donné l’envie de flâner dans les vieilles rues de Binche que je connais fort peu, ainsi que de découvrir les collections du Musée du masque. Merci Francis pour l’ambiance et les idées de balades ! (Permettez-moi une parenthèse de publicité pour le trop peu connu Centre de la gravure et de l’image imprimée, à La Louvière, autre lieu de ce roman).



Comme dans ses deux romans précédents, nous retrouvons une fois encore Stanislas Barberian, bouquiniste spécialisé qui ne peut s’empêcher de jouer à l’enquêteur. Le style reste celui d’un policier classique, à l’ancienne. Je ne dirais pas qu’il s’agit d’une « enquête de Stanislas Barberian » parce que finalement, il enquête assez peu. En gros, il va découvrir un élément qui s’avèrera central, mais sans trop chercher, dirais-je. Cela pourrait peut-être décevoir certains amateurs trop orthodoxes du genre, mais moi, cela ne m’a pas dérangé. Je dirais même que parmi les trois romans de Francis Groff, c’est celui-ci que j’ai trouvé le plus prenant ! Je l’ai lu d’une traite, le temps d’un aller-retour en train. Pas vraiment un suspense, mais juste prenant. Je pense en particulier à une longue scène de repas où l’on raconte les méfaits (inspirés de faits réels) d’un négrier de la construction italo-belge de la région du Centre. Passionnant comme les aventures d’un parrain maffieux !



Je ne le dirai jamais assez: nos auteurs belges valent le détour ! Dans le genre policier, j’ai déjà vanté les milles rebondissements de Barbara Abel, la profondeur des personnages et la minutie de Paul Colize et maintenant le charme de belgitude sous une forme délicieusement désuète de Francis Groff. Trois plaisirs fort différents, mais tout aussi intenses !



Donc bref, lisez Francis Groff ! Je suis déjà impatient de savoir quel sera le décor de son prochain opus. Mon aller-retour en train, c’était pour aller au Musée de la vie wallonne à Liège, voir une superbe exposition de motos anciennes issues de la région liégeoise (FN, Gillet, Saroléa, …). Allez, Francis, ça ne t’inspire pas, ces vieilles fabriques ?
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Morts sur la Sambre

Un bouquiniste s'improvise enquêteur au bord de la Sambre et dans la région de Charleroi. Francis Groff nous offre un fort agréable moment de belgitude, dans un policier de facture classique.



Francis Groff est un journaliste indépendant. Outre les documentaires qu'il a réalisés pour la télévision, on lui doit des ouvrages consacrés entre autres au charbonnage du Bois du Cazier, à l'histoire de la RTBF, à la bière trappiste de Chimay, à l'usine Caterpillar de Gosselies, ainsi qu'à des personnalités belges comme l'homme d'affaires Albert Frère ou la maman d'Ernest et Célestine, Gabrielle Vincent (alias Monique Martin). En 2017, il écrit son premier roman, "L'homme qui écrivait au crayon" et depuis lors, romans et nouvelles constituent l'essentiel de sa production. Pour plus de détails, je vous renvoie à http://catalogue.servicedulivre.be/sll/fiches_auteurs/g/groff-francis.html .



"Morts sur la Sambre" met en scène le bouquiniste Stanislas Barberian. Un de ses clients, procureur du Roi, l'emmène le long de la Sambre pour une courte promenade qui les conduit là où un juge d'instruction vient de faire une chute mortelle dans la rivière. Par hasard, Stanislas remarque des indices qui lui font conjecturer que cette chute pourrait ne pas être accidentelle. de fil en aiguille, il se retrouve enquêteur malgré lui et je vous laisse découvrir comment il s'illustrera dans cette mission.



Le style est fluide, le rythme est enlevé, la lecture est agréable ! L'auteur s'est documenté pour nous ballader dans un décor réaliste. Il m'a par exemple donné l'envie d'aller à Marchienne-au-Pont pour voir de mes yeux la péniche-chapelle "Spes nostra" issue du chantier naval de Thuin et inaugurée en 1953, quelques semaines après la naissance de Francis Groff. Cette ambiance de batellerie m'a particulièrement touché car elle m'a rappelé mes années d'enfance, du temps où mes grands-parents maternels habitaient au bord du canal de Mons à Condé, qui avait été creusé sous Napoléon et qui est maintenant recouvert par l'autoroute qui mène vers la France (ce qui explique que, venant de France, vous pouvez observer que le beffroi de Mons est dans l'alignement de l'autoroute).



Les amateurs de Belgitude, et en particulier de la région de Charleroi, liront ce roman avec beaucoup de plaisir. Et pour ce qui est des amateurs de romans policiers, leur intérêt dépendra du genre qu'ils affectionnent. Je ne suis pas expert, mais je dirais que celui-ci est assez classique. Un détective improvisé mène l'enquête, explore des pistes pour finalement déemêeler le sac de noeuds après quelques rebondissements. D'avantagePlus d'action que chez SimenonRien de trop sophistiqué, pas de réelle tension psychologique (de ce point de vue-là, ce n'est mais moins de profondeur psychologique. On n'est pas dans une grande tension, mais on se laisse agréablement mener. du classique. Sympa. Essayez, vous verrez !



Je remercie Antonio saigneurdeguerre, qui m'a fait découvrir Francis Groff avec son enthousiasme habituel. Je reviendrai bientôt avec une critique de l'autre livre qu'il m'a gentiment mis dans les mains, "Vade retro Félicien !", lui aussi sorti de l'excellent catalogue des éditions Weyrich.
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