Le jaloux commet une confusion : il veut posséder au lieu de jouir, et une erreur : il croit pouvoir jouir de posséder, alors que jouissance et possession sont exclusives. » Si une telle analyse peut rendre compte de la psychologie du jaloux ordinaire, elle ne suffit pas à expliquer la fureur jalouse, à savoir cet attachement morbide du jaloux à sa jalousie, cette jouissance immonde qu’elle lui procure et dont il refuse de se détacher. Proust, dans Un amour de Swann, compare justement la jalousie à une pieuvre qui s’accroche à son rocher. Un mot-valise de Lacan, « jalouissance », souligne ce qui est en jeu dans cette fureur. L’image de la pieuvre me semble ici rejoindre celle du « monstre aux yeux verts » dont parle Iago à Othello dans la longue scène centrale de la tragédie, dite de la tentation (3.3).