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Citations de Franz Werfel (51)


Il restait partisan de la sentence qui jadis avait acquis une certaine célébrité parmi les Arméniens: "Plutôt laisser périr notre corps en Turquie que notre esprit en Russie." Il n'existait pas de troisième possibilité.
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Notre coeur est double. Il existe un coeur de chair et un autre, secret et céleste, qui enveloppe le premier, de même que son parfum entoure une rose.
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Le peuple arménien, qui est la fraction la plus cultivée et la plus active de la population ottomane, fait, depuis plus de trente ans, d'immenses efforts pour détacher l'empire de son système d'économie trop primitive, pour le faire s'élever vers les sommets de l'agriculture moderne et s'acheminer vers l'industrie. Et c'est justement pour avoir été d'aussi valeureux pionniers que les Arméniens sont persécutés et anéantis par la vengeance de la paresse brutale.
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Le ministre était un petit homme vêtu d’un complet avachi, froissé, qui donnait à penser que son possesseur avait dormi plusieurs nuits sans le quitter. Tout était gris chez ce Spittelberger et semblait étrangement terni par l’usure. Les cheveux coupés en brosse, les joues mal rasées, les lèvres proéminentes, les yeux qui louchaient -on appelait cela une coquetterie -et même une amorce de ventre qui surgissait, inattendue et injustifiée, au bas de la modeste cage thoracique. Originaire d’une des contrées alpestres, il se nommait lui-même toutes les deux phrases un paysan, mais ne l’était en aucune façon, ayant passé sa vie entière dans les grandes villes, dont vingt ans dans la capitale comme professeur puis directeur d’une école professionnelle. Spittelberger donnait l’impression d’un oiseau nocturne. Le pince-nez démodé devant ses yeux tournés vers le ciel ne paraissait pas destiné à aider sa vue. Dès qu’il se fut installé à la table du conseil dans un fauteuil présidentiel, sa grosse tête tomba sur son épaule droite. (..) Telle la marmotte, il faisait des réserves de sommeil en tout lieu et en toute circonstance.
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La brutalité froide et calculée des théoriciens du massacre, la rapacité sournoise de la meute, l’attrait du sang chez les tueurs fanatiques, l’appel au sacrifice chez les victimes : l’auteur ne s’est-il pas trompé d’époque et de lieu ? Je le suis pas à pas et je ne me sens nullement dépaysé. Le monde est en guerre, mais à l’intérieur de cette guerre, une autre guerre est livrée par une grande puissance à une minorité marquée, pourchassée, oppressée. Déportations, marches forcées, humiliations sans fin, meurtres et boucheries ayant pour but l’extermination d’un peuple tout entier : l’auteur évoquait-il un passé vécu ou un futur prophétique ? Le « Musa Dagh », n’est-ce pas une sorte de ghetto où des rescapés, dans un sursaut d’orgueil et de courage désespéré, se préparent à mourir au combat plutôt que de périr dans la poussière ensanglantée des routes lointaines ?
Préface, Elie Wiesel
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Nous y voilà ! De nouveau l'orgueil séculaire de ces gens-là, leur complexe révoltant de supériorité. Même quand on les a enfermés dans la cave, ils semblent vous toiser d'en haut, du septième étage.
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Depuis le court moment où la lettre de Véra avait complètement transformé son existence, le temps de ce jour d’octobre s’était lui aussi modifié de façon surprenante. Le ciel uniformément couvert ne dévoilait plus, impudique, quelques espaces dégagés ; les nuages d’un blanc vaporeux aux contours précis ne couraient plus au firmament, mais pesaient lourdement, immobiles, couleur de housses sales. Pas de vent. Une atmosphère cotonneuse. Le ronflement des moteurs, les grincements des tramways, le vacarme de la rue, tous ces bruits proches ou lointains parvenaient assourdis, à la fois exagérés et imprécis, comme si l’univers racontait à pleine voix l’histoire de cette journée. Un temps anormalement chaud, un temps traître qui provoque chez les gens d’un certain âge l’appréhension d’une mort subite. De lui on pouvait tout attendre : l’orage, la grêle, une pluie tenace, sinistre, ou un armistice fallacieux avec le soleil. Il détestait ce type de temps qui oppressait sa poitrine et semblait par son ambiguïté correspondre à son propre état d’esprit.
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Ensuite, venait une profonde et puérile lamentation sur le cannibalisme spirituel de l'humanité, les joies de la cruauté, le plaisir d'humilier et d'avilir les autres, la satisfaction que donne le malheur d'autrui.
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-Apprenez à temps l'art de vous endormir rapidement. Le bon sommeil est le grand art de ceux qui sont dans les ordres.
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Qu'a-t-il bien pu arriver ?
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-Vous ne dites jamais quelque chose qui ne soit pas vrai, ma Soeur...Et cependant, je suis en lutte contre moi-même à propos de ce qui est la grande vérité ou le grand mensonge de votre vie.
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-Si je remercie Dieu de m'avoir donné la grâce de la foi, je remercie mes ascendants du sens critique que j'ai hérité d'eux. Nous savons fort bien, tous d'eux, mon cher (...) , que le sens critique n'est pas du tout un mauvaise chose.
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Toutes les femmes de Lourdes portent leur chapelet dans leur poche. Il est le fidèle outil de leur piété. Les mains des femmes pauvres et travailleuses ne savent pas se tenir en repos.
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François Soubirous, sans bouger de sa place, lance un regard vers la cheminée. ce n'est pas une vraie cheminée, c'est plutôt un foyer grossier, que le tailleur de pierres, André Sajou, le propriétaire de ce magnifique logement, a improvisé pour ses locataires. Sous la braise, couvent et craquent encore quelques branches trop humides pour se consumer. De temps en temps, une leur faible s'échappe.
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- La mort, repris-je, surtout la mort au premier stade, n'est absolument pas un état de non-être, ainsi que je l'ai déjà affirmé, mais un semblant de non-être par manque de contrastes. C'est vrai, la conscience cesse peu à peu; elle dépérit, se dessèche ainsi que ses racines parcourues de nerfs qui plongent profondément en dessous de la surface. Mais cela aussi n’est qu’une apparence et des plus trompeuses, car ce n’est pas la conscience qui dépérit, mais seule la dualité de la conscience, la plénitude du tu dans le moi, le vis-à-vis qui, dans l’existence, fait office de miroir. L’Ego n’est plus seulement face à face avec lui-même, ce qui lui permet d’avoir conscience de soi-même, comme un visage humain prend vraiment conscience de lui-même dans le miroir. Le moi se dissout dans le moi.
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Ballade de deux portes

Je me repose dans une pagode de rêve.
Mes ennemis se faufilent le long de la lisière de la forêt.
Ils sont comme du brouillard, pointus et tordus.
Je me suis endormi profondément dans l'encens.
Ma main n'a pas bougé depuis un millénaire,
je ne sens pas un corps, juste une lumière noire.
Mon visage est pétrifié par une vision aveugle,
Fern enfonce un ennemi à cheval dans sa corne.
Je ne sors pas ma jambe de la lande,
Une campanule
me chatouille et effleure mon oreille bruissante comme un baiser d'enfant.
Un vent de cloche atteint ma couronne.
Il respire un long retentissement en moi,
Et la chanson est mon regard, mon regard est la chanson.

Je me repose dans une pagode de rêve.
Des taches profondes raflent la pièce.
Je vois deux portes ouvertes,
le ciel de droite noirci par les corbeaux,
les cigognes rouge doré de gauche s'envolent.
Une porte s'appelle : Menteur,
l'autre porte s'appelle : Folie.
Je me repose au milieu et ne bouge pas.
Le zodiaque entoure mon visage de mousse.
Les ennemis rient au bruit des armes, -
De souffle en souffle,
une goutte rythmée me frappe durement.
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Le paysan donna à Stéphan un morceau de son fromage, une miche de pain et sa gourde qu’il avait encore remplie d’eau fraîche à Antioche. Puis il prononça sans doute quelques pieuses formules propres à donner du courage au jeune voyageur et les termina par le souhait de paix : « Selam alek ! » Stéphan n’entendit rien de tout cela, car sa tête était obsédée d’un grand bourdonnement d’oreilles. Il vit seulement le turban clair et la barbe blanchâtre s’agiter selon un rythme régulier, puis l’un et l’autre, la barbe et le turban percèrent l’obscurité d’un éclat toujours plus vif. Le fils de Bagradian se sentit le cœur serré en voyant s’éloigner ces sources de douce lumière tandis que retentissaient les sabots du cheval sur le chemin raboteux. La voiture déjà lointaine n’avait pas de lanterne et la lune n’était pas encore montée au-dessus des gorges de l’Amanus.
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De plus ce monsieur s'entend à encaisser des honoraires, et quels honoraires ! Le fait est connu. Deux cents à millr shillings une simple consultation. Il n'a de cœur que pour ses coreligionnaires évidemment, il les soigne gratuitement, particulièrement s'ils se présentent à la visite en caftan.
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-Ecoutez-moi, ma fille, commence Marie-Thérèse Vauzous, vous qui entrez demain dans une voie difficile. C'est la voie qui par le dépouillement de la vie du monde mène à la vie éternelle. En réalité, le noviciat n'est que le sentier qui débouche sur la voie principale, mais pour certaines personnes, c'est la partie la plus dure du chemin.
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A l'heure dite, le psychiatre est annoncé. Il a fait venir spécialement le psychiatre qui dirige à Pau un asile d'aliénés. L'Etat a, de temps à autre, besoin d'un médecin des âmes pour se débarrasser d'un individu rebelle. (...)
Le psychiatre est un homme aimable à la barbe rouge. Ses cheveux flamboyants couronnent artistiquement sa tête. On pourrait dire de lui que c'est un bel homme, n'était que le coin gauche de sa bouche, en raison d'une paralysie musculaire, est quelque peu tiré vers le haut. Il y aussi ses yeux gris souris qui errent de droite et de gauche, car les aliénistes empruntent toujours un peu de folie à leurs malades.
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Un amiral britannique dit à Surcouf : "Vous, les Français, vous vous battez pour l'argent ; nous, les Anglais, nous battons pour l'honneur !" Que lui répondit Surcouf ?

'Fi donc !'
'Monsieur, chacun se bat pour ce qu'il n'a pas !'
'C'est vous qui le dite ! '

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