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Critiques de Fred Deux (8)
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La Gana

Le récit autobiographique d'un enfant vivant dans l'entre-deux-guerres à Paris, dans une cave qui sert de conciergerie à ses parents. Confronté à une profonde misère sociale malgré son jeune âge, il côtoie de près alcoolisme, délinquance, insalubrité, sexe et prostitution, mort et maladie. Lui-même — est-ce une façon de se protéger ? — tombe malade au point d'être envoyé un temps en sanatorium. Il a des moments de délire et le lecteur l'accompagne aussi au gré de ces fièvres, de ses rêves et des discussions où il se fait les questions et les réponses. L'ouvrage est articulé en une nombreuse série d'anecdotes, de moments, vécus avec les uns ou les autres. Malgré l'épaisseur de l'ouvrage, il n'y a pas de répétition, l'appétit de poursuivre la lecture ne diminue jamais, et quand c'est fini, on en voudrait encore. L'écriture est d'une finesse, d'une sensibilité et d'une efficacité remarquables. Et sans qu'il y ait une totale ressemblance stylistique, ce roman m'a souvent rappelé « Mort à crédit » de Céline. Une pépite !
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La Gana

Des trucs, comme ça, Dame ! Je te le dis…C’est quand même mieux qu’ leur pain béni. C'est des écailles grosses de murailles, des globes pendus au soupirail, des portes arrachées aux silences des caves, des tâches qui effacent toute la connerie des armures et ouvrent la panse muette des âmes . Ça vous dénude le torse des larmes devant le mitard d'un mur.



Astrid Shriqui Garain
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La Gana

Lire La Gana, c'est avant tout, le vouloir. 950 pages en tout petit caractère. le livre n'est pas « confortable » ni dans la forme ni dans le fond. Il ne s'adresse pas à tout le monde. Il s'adresse à qui veut bien voir et à qui a le coeur bien accroché.

La Gana, c'est le récit romancé de l'enfance de Fred Deux, autrement nommé Jean Douassot, artiste peintre et écrivain né en 1924 et décédé en 2015. Il a traversé le siècle et lorsqu'il publie La Gana en 1958, il a 34 ans – seulement ! Car il faut la lucidité d'un vieux monsieur pour écrire un bouquin pareil. On y suit le quotidien d'un enfant qui a plus ou moins 10 à 15 ans selon les moments du récit. Il vit dans une cave avec ses parents et sa grand-mère maternelle. de temps en temps, il va à l'école. le plus souvent il écoute l'oncle que beaucoup croient fou. Tous se tuent à la tâche à l'usine, à la laverie, sur les trottoirs, de vols à l'étalage. de tout ce que la vie voudra bien leur laisser en sursis. Et c'est la tête dans le guidon, un jour après l'autre que l'on avance ou piétine à la suite du mouflet, en quête d'un bol d'air, d'une évasion. 950 pages condensées, cadenassées, compactées. Aucun avenir, peu d'espoir. Pas de fenêtre. Seulement les eaux qui remontent des égouts sous la table de la cuisine certains hivers, les rats qui fuient. Pour rêver d'autre chose, encore faut-il avoir l'intuition qu'autre chose est possible.



Alors voilà, La Gana marque son lecteur, le courageux qui osera s'y plonger et y rester des semaines durant, dans ce marasme sans fond. Dans cette misère sans misérabilisme, la lucidité est de mise, le sens rationnel frise le plus souvent avec la folie, la mort, les corps fatigués. Des plaintes, si peu. Des lâchetés, aussi. de l'amour, peut-être bien. Je crois sincèrement que cette plongée dans les bas-fonds parisiens de l'entre-deux guerres est une expérience nécessaire. de celles qui aident à penser l'humain et le voir tel qu'il est.



Le langage de Fred Deux fait preuve d'un tel réalisme, d'une telle lucidité, d'une telle capacité à rendre ces émotions compressées et si rarement exprimées verbalement que je ne peux qu'être séduite par ce mélange de fiction et d'éléments biographiques qui recomposent une vérité qu'aucun documentaire, qu'aucun roman conçu pour l'évasion n'aurait pu transmettre.
Lien : https://synchroniciteetseren..
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La Gana

La Gana est une espèce d'autobiographie hallucinée d'un homme qui grandit dans le sous-prolétariat parisien des années d'entre deux guerres. C'est une plongée dans le sordide de l'extrême dénuement. Pour l'essentiel il s'agit de la vision d'un enfant avec ce qu'elle comporte de déformations et de fantasmes. C'est ainsi que surgissent des images puissamment inquiétantes, qui pourraient venir d'un tableau de Jérôme Bosch; le tout baignant dans une atmosphère d'un Paris qui laisse entendre l'écho de dialogues sortis des films de Jean Renoir.

C'est un livre pour les amateurs de poésie brutale.
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La Gana

"La Gana" est de ces romans dont on ressort à la fois exsangue et comblé...



Avec cette autobiographie romancée, Jean Deux -également connu sous le nom de plume de Jean Douassot-, nous immerge dans le Paris populaire des bords de Seine des années 30, aux côtés d'Alfred, dix ans, qui évoque son quotidien de misère. Il vit dans une cave, entouré d'une mère tuberculeuse qui travaille sur les marchés et rêve pour son fils d'élévation sociale, d'un père alcoolique et ouvrier, d'une grand-mère aveugle et conciliante, et d'un oncle anarchiste, un peu voleur, un peu parasite, dont le tempérament libertaire, généreux et fougueux suscite chez son neveu une véritable vénération. Ses parents sont par ailleurs les gardiens de l'immeuble dont ils occupent la cave, sous laquelle coulent les égouts. En période de crue, les nuits sont hantées par la crainte que l'eau et les rats envahissent leur logis par la trappe placée en son centre, devenue pour Alfred un objet de terreur.



Les journées sont rythmées par l'école, souvent buissonnière, les incursions sur les berges de la Seine, en solitaire, ou en compagnie de camarades traîne-misère comme lui, par l'atmosphère tristement besogneuse et souvent orageuse du foyer familial...



De ce quotidien sordide, Alfred fait une épopée, qui suscite -et c'est un véritable tour de force- à la fois dégoût et émerveillement. Portant sur son environnement un regard sans filtre, à la fois candide et acéré, il évoque avec minutie une réalité de promiscuité et de dénuement, qu'il entremêle à une fantasmagorie enfantine nourrie de rêves si prégnants qu'on a parfois du mal à les distinguer du réel, d'où émergent démons et gorgones inspirés des membres de son entourage.



L'organique occupe une place prédominante dans le récit, ponctué de l'évocation continue du spectacle des corps et de leurs sécrétions, dégueulis, sang, merde..., et de la profusion des détails physiques -poils et boutons, plis, odeurs- alimentant les descriptions que livre Alfred, en observateur curieux que rien ne dégoûte, du spectacle des êtres déguenillés, sales, vieillis avant l'âge, se vautrant dans la fange, qu'il côtoie. Le sexe y est de même omniprésent, à la fois effrayant et obsessionnel, notamment symbolisé par la "grosse Perny", une des locataires de l'immeuble qui le poursuit de ses assiduités, et peuple ses rêves avec régularité, sous la forme d'une répugnante et gigantesque créature assoiffée de sexe.



"La Gana" se déroule en un flux énergique et martelant, dont la crudité fascine et écœure, qui n'est pas sans évoquer, par moments, la verve Célinienne... Jean Deux a une capacité à saisir l'instant qui donne l'impression de lire le journal que tiendrait, mentalement un enfant de dix ans. Et pourtant, il se dégage de l'ensemble une poésie qui émeut et enchante, liée à la sincérité du narrateur, et à sa faculté à tirer, du désespoir et de la violence, une énergie et une sensibilité salvatrices.



Aussi, malgré la noirceur du propos et l'aspect répétitif du texte -nécessaire car participant pour grande partie à sa véracité- qui rendent la lecture parfois ardue, découvrir "La Gana" est une expérience forte, originale, qui marquera durablement ma vie de lectrice.


Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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La Gana

Une œuvre vraiment spéciale qui tient une place unique, bien que discrète, dans la littérature française. Rarement a-t-on vu un roman avec une empreinte aussi personnelle, aussi intime et aussi honnête, et qui évite le misérabilisme dans la description de la précarité humaine et matérielle de ses personnages. Les caves humides de Paris et la Seine sont le théâtre de ces quelques années de vie d'un jeune garçon, et l'auteur entremêle l'organique et l'onirique pour raconter cet enfant qui grandit.
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La perruque

Ce roman est la suite de "La Gana", on y retrouve les mêmes personnages, la même famille, mais cette fois le héros - le fils - n'est plus un enfant, mais un adolescent qui entre dans la vie d'adulte, un peu prématurément, notamment avec la Seconde Guerre qui éclate en France. L'univers est toujours la misère sous toutes ses formes, la débrouille et l'espoir presque vain d'échapper à un destin tout tracé, celui de ses parents. Une lecture plaisante, même s'il peut être plus difficile cette fois de s'attacher au personnage principal qui joue des coudes pour entrer dans la vie...
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La ligne de partage

Exceptionnel.
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