Citations de Frédéric Clément (42)
Quand son chapeau était très usé, trop lustré, monsieur Magritte se rendait dans l'appentis de son petit jardin belge, plantait une graine dans l'ancien chapeau. Une poignée de terreau. Arrosage chaque nuit de sept gouttes de rosée mêlée d'encre. Et à la fin de l'été Monsieur Magritte avait un nouveau chapeau melon gonflé à souhait, mûr, noir comme la nuit et gorgé d'idées nouvelles, fantasques et fantastiques.
Un peu d'eau, quelques lichées de jus aspirées aux fruits tombés seront ses seules nourritures au cours de son si bref mois de vie...
Suspendu à son ancienne peau, le papillon défroisse et déplie ses ailes pendantes. Il attend que le soleil sèche et durcisse le million d'écaille colorées pailletant ses ailes.
Quelques battements, encore hésitants...
Et c'est le premier envol de ce merveilleux bijou volant !
"Je suis un livre vieux, un vieux livre d'images
fatigué, lissé par tant de mains que mes couleurs
s'écaillent et laissent sur le bout de vos doigts
des paillettes d'argent comme les papillons, usé
par tant de visages que les grains de mon papier
s'effritent comme le sable de ton désert.
Sur l'île d'Insomnie, toute petite île de rien du tout,
pas plus grande qu'un caillou, un tout petit homme
pas plus grand que trois pépins de pomme
tourne, tourne, tourne en rond.
" Je te donne une de mes ailes cramoisies,garantie pu sang dragon.Tu la plies menue.Tu la mêles à deux gouttes d'huile d'oeillette et sept de térébenthine.Tu l'étales sur ta palette.Cueille ensuite un bouquet de coquelicots.Peins-le vite,vite,avant que les pétales ne tombent...
Puis..."
J'ai des graines de citrouilles et des graines de carrosse
Si vous comptez aller au bal du printemps
Il vaut mieux planter dès maintenant
Les graines de carrosse
Sauf, bien sûr, si dans votre entourage vous avez une tante, une amie
Ou une marraine fée...
Alors là
Les graines de citrouille suffiront
Chaque année, aux premiers coquelicots, Jan se rendait devant le tableau de son père Jeux d'enfants, son préféré, celui qui montre des ribambelles de gamins, jouant, riant, galopant sur la place.
De la pointe de son ongle Marquise prend la mouche posée sur sa gorge, à l'orée de la vallée d'Organdi, et glisse la Majestueuse dans la boite bleu, en porte-bonheur, "en talisman de taffetas", chuchote-t-elle. (...)
Votre papillon moucheté s'est recroquevillé en son état de chrysalide. Laide. Feuille sèche. Souche.
La mystérieuse diva, la divine, la sibylline
Passiflore
va exécuter devant vous son célébrissime
tour de passe-passe :
Fleurir. Sourire. Mourir.
Poétique à souhait, une balade parisienne distrayante.
Un Beau livre !
IF ... IF ... IF ... ... SI ... Si, en attendant la capture du MUFLIER qui s'est fait la belle sur l'île du château d'IF... IF ... IF ... IF ... Si nous en profitions pour souffler, souffler, soutenir, soutenir, éventer, éventer... Chuchoter, murmurer de bouche à oreille l'arrivée du Géant aux feuilles de chou, le clou du spectacle du BOTANIQUE CIRCUS ... ... ... ... IF ... ... IF ... IF ...
Le site littéraire ACTUALITTÉ.com a aimé LE PARADISIER : http://www.actualitte.com/dossiers/1290-pardisier-frederic-clement-roman-flottant.htm
"Le Paradisier, oiseau de paradis, paradis d’œufs et de plumes de tout poil, n’est pas un livre ordinaire. Véritable éclosion de poésie, chaque page caresse l’œil et le cœur. On y joue avec les mots, avec l’Histoire et les histoires. Vies minuscules et concordantes racontées en pied de nez par une plume qui prend tour à tour le rouge cerise d’une certaine bouche, les reflets d’or de tels cheveux, bleu virginal ou plomb fondu. Et c’est le cœur qui fond. Touché, plombé dirait l’auteur.... " rédigé par Clémentine Baron=> suite à lire sur le site http://www.actualitte.com/dossiers/1290-pardisier-frederic-clement-roman-flottant.htm
Des "Grains de beautés" LE MONDE DES LIVRES en a dit :
" L'écriture baroque de Frédéric Clément est un authentique régal. Ce roman miniature est un bijou..." (extrait de l'article de Vincent Roy en juin 2007)
Ovo
Trente-six jours que je suce ce mot. Ce petit mot joli, rond comme un noyau de cerise.
Ovo
Trente six jours que, du bout de ma langue, je le fais rouler sur mon palais. Le mouille. Que j’en savoure le velouté. Le sèche. Le fais cliqueter sur mes dents de devant. Claquer sur mes molaires. Le coince entre mes canines. Quelquefois. Je serre à l’entendre craquer.
Ovo
Ovo
Je m’appelle Moineau. Moineau comme l’oiseau. Comme le passereau de la famille des Fringillidés, conirostre, à livrée brune striée de noir, dit Robert le Dictionnaire. Et Raphaël, comme le peintre. Et Raphaël comme l’ange.
Le livre épuisé gisait,
là, parmi les ondes
de sable
provoquées
par le choc.
Trois perles d’îles, précieuses et pernicieuses, reliées par deux ponts de cheveux tressés, ai-je compris dans les mimiques du Capitaine. Trois îles patientes, attendent les hommes en désir de s’éprendre, en désir de s’éperdre
Marquise… Oh, Marquise, les créatures criardes et gesticulantes entre les doigts de Tuan sont de petites femmes! De toutes petites femmes ailées!
Mi-noctuelles, mi-pipistrelles, mi-hirondelles, mi-demoiselles. Des elfes. En tout point comme il est écrit dans les contes. Ailes cendrées, effilées, poudreuses, marbrées de gris. Corps pâles et polis comme mes ivoires, nus, glabres et musclés. Visages en éclats de silex, plats, de la taille de l’ongle auriculaire, enfouis dans des cheveux beiges, secs et crêpés comme des fleurs de coton. Bouches béantes sur des râles, sur des cris et des crachats. Des yeux en grains de sésame, noirs et huileux.
La scène était si étrange, si troublante, la Marquise si exquise, et le dîner si muet, que, entre deux bouchées, entre deux verres de vin, j’osai croquer à la pierre noire sur mon carnet la Marquise penchée, la vallée d’ivoire, le delta de veines bleues, le scarabée d’ébène et les deux Bouddhas ronds. Tournis.