Il y va avec les livres comme avec les gens: au premier coup d'oeil, vous avez l'intuition que vous allez vous entendre ou non. Ce fut le cas avec la famille Dolce. Dès les premières pages, j'ai été conquise! Et ce n'est pas eux qui me contrediront, eux qui accordent la plus grande attention à leurs premières impressions.
Il faut dire que cette famille pour le moins atypique est confrontée aux mêmes difficultés que n'importe quelle famille au monde: relations conflictuelles entre parents et adolescents, difficultés de couple, soins à une personne âgée...
Evidemment, chez les Dolce, tout est amplifié! Difficile pour les enfants de conserver un jardin secret quand on a une mère qui lit vos pensées les plus intimes. Pas évident pour un mari de reconquérir le coeur de sa belle lorsqu'on est marié depuis près de cent ans et que dire des difficultés pour la famille de s'occuper d'un aïeul vieux lui de plus de dix siècles!
Dans cette galerie de personnages intéressants, ma préférence va aux seniors de cette aventure. Le personnage de Melkaridion, l'aïeul de la famille qui a vu le jour en 920, petit-fils du célibrissime Merlin, m'a particulièrement émue. Difficile pour lui de s'adapter aux bouleversements du XXIe siècle et au brouhaha de New-York. Si son intelligence est intacte, sa mémoire est parfois défaillante! A moins qu'il ne s'agisse d'un processus d'auto-protection - "la mémoire n'est pas toujours une compagne douce et aimante"!
Le personnage de son ami d'enfance, Philippe Delondres, m'a également beaucoup touchée. Professeur d'histoire sans histoires, il s'est investi d'une mission, protéger coute que coute le secret de son ami. Sa relation toute en tendresse qui le lie à sa fille adoptive, Virginie, m'a littéralement fait fondre. Ce petit passage en particulier:
"Comme tous les soirs de son enfance, sans en manquer un seul, Philippe vint lui lire quelques lignes.
"Je ne suis plus une gamine, dit-elle nostalgique.
- On devrait continuer à raconter des histoires aux adultes, ça leur éviterait d'en faire la journée.""
Quant aux jeunes lecteurs, ils s'identifieront facilement aux deux ados de la famille: Antonius qui joue divinement de la guitare: une réincarnation de Jimmy Hendrix et Leamedia, la rebelle qui a comme devise: "ne pas offrir la moindre prise au ridicule, mais tout faire pour être remarquée"!
Les aventures de Docteur Green, le chat en peluche de Leamedia (qui passe du statut de fauve à celui de simple doudou en peluche selon que sa maitresse soit proche ou non de lui) ainsi que de Simone, la souris un brin dépressive, fidèle compagne et secrétaire de Melkaridion m'ont fait sourire. Petits clins d'oeil sympathiques aux dessins animés et à Stuart Little!
Autre référence cinéma, ce fameux bus londonien rouge à double étage! Lors de la fuite des Dolce, je n'ai pu m'empêcher de voir les images de notre célèbre Harry Potter et du magicobus... D'ailleurs, de manière générale, ce roman était très visuel. L'auteur, Frédéric Petitjean, écrit essentiellement pour le cinéma et a travaillé pendant dix ans dans les studios de production américains, comme scénariste de longs métrages et des dessins animés. Ceci explique cela! Une intrigue très musicale aussi. L'auteur, par le biais de ces deux jeunes héros, évoque de nombreux titres musicaux (je vous en reparle très vite dans ma rubrique "Playlist de...").
Puisqu'on parle de magie, ici, point de baguette, de formules ou de potions magiques. Les Dolce tirent leurs pouvoirs de leurs neurones! Utilisant leur cerveau à 100 % de ses capacités (l'histoire du cheveu à tirer pour l'éveiller est, il est vrai, un peu tirée par les cheveux!!!!), ils ont prise sur la moindre cellule de leur corps, peuvent communiquer avec n'importe quel vivant et influer sur les matières naturelles. Exit donc le plastique, les alliages, les GSM et autres appareils électroniques qui interfèrent avec leurs pouvoirs! Ce petit côté écolo m'a bien plu.
Quant au style, l'auteur qui s'adresse à la jeunesse, a pourtant pris le parti d'employer un registre de langue assez soutenu, notamment lorsqu'il retranscrit les notes de Philippe Delondres sur la famille Dolce et la Fondation 18 sur laquelle il enquête. Celui-ci donne encore plus de poids à ces expertises et rend le sujet plus consistant.
Seul bémol peut-être, le projet des "méchants" qui m'a paru nébuleux voire peu crédible. Racheter tous les sous-sols des grandes villes en vue d'y asservir les humains en tablant sur les épidémies et l'augmentation de la pollution en surface m'a peu convaincue. Il y a sûrement plus radical comme tactique...
En conclusion, les Dolce, voilà une famille attachante avec qui vous rêveriez de nouer des liens d'amitié. Et puis, "l'avenir de cette famille conditionne le tien, le nôtre et tout ce que cette planète comporte de vivant". Ils sont aussi les seuls à pouvoir révéler la magie qui sommeille en nous... Mieux vaut donc les chouchouter!
P.S.: Je ne pense pas trop m'avancer en vous annonçant que ce 2e tome sera rempli de suspense, d'action mais également de romance (les magiciens ayant la particularité de reconnaitre qui sera leur autre moitié). Selon la maison d'édition, Les Dolce 2 - Les cinq secrets, devrait sortir en librairie en novembre 2012. Le tome 3 intitulé Le Dernier Puits est quant à lui prévu pour l'année suivante.
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