Citations de Frédérique Dolphijn (30)
- Le petit chapeau du mot brûler, c’est comme un toit pour me protéger !
je dois dire qu'il y a aujourd'hui beaucoup de livre où on plaque un truc haletant, un suspense, un appât, mais où on n'a pas fait ce travail , qui est toujours à faire, de la singularité de l'écriture. (p 29)
Il y a des temps nécessaires où être assis au sombre de la forêt ne peut pas se dire avec des mots.
Il y a aussi un temps pour se mettre debout, pénétrer l'obscurité et marcher sur les sentiers qui cheminent le creux de l'être.
Notre peur de souffrir contribue irrémédiablement à notre souffrance. Mais comment parler de cela à quelqu'un qui souffre à ce point ?
« Avec le temps, pense-t-elle, les choses devraient se tapir, peut-être s'oublier. C'est ce qu'elle espère, mettre le chagrin au fond d'une poche, en coudre les bords et enfermer le vêtement dans un placard aux lourdes poches. »
Lorsqu’elle sort de l’immeuble, la pluie aboie sa soif de la rajeunir de quelques milliers d’années. Ses crépitements tigrent la danse de ses hanches, et l’odeur du ciel fanfaronne comme un essaim d’abeilles.
Où sont les mots ? Où restent les mots ? Où sont les mots ?
Non pas de cris, tu ne cries pas tu ne cries pas.
Que reste-t-il de la nuit ? Quelques heures.
Des mots non dits. Son histoire cachée.
Elle rentre telle une péniche qui atterrit dans l’univers de l’ombre.
Sa nuit recèle un secret.
Laisser le temps effacer de son disque dur la férocité. Laisser le temps effacer le souffle laid qui courts dans ses os. Ce morceau d’histoire bien réel qui ne s’évapore pas. Qui résiste à ses nouvelles mémoires.
Un texte me touche, me bouleverse quand le sens et la musique des mots sont si unis qu'ils prennent possession de vous, qu'on en relit des passages à voix basse, qu'on aimerait les avoir écrits.
Le point n'est probablement pas de savoir exactement ce qu'il se passe, mais de reconnaître ce que je sens, ressens, c'est pour moi le seul ancrage concret que je reconnaisse.
Dans le supplément Livres du journal "Le Soir" des 2 et 3 mai 2020
Je ne veux pas me pétrifier dans les traces de quelque chose que je ne désire pas.
l' ennui elle aime ça .Ne rien faire , chercher à sortir du ne rien faire en trouvant un rien qui remplit le temps , qui l'amène vers quelque chose à faire , qu'elle quitte sans savoir pourquoi , pour inexorablement se glisser à nouveau dans l'ennui .
Fanny et moi nous pensons que les peines des enfants ne sont pas réduites à leur taille. Qui êtes-vous pour décider de l’importance, de la densité de ce que vit l’autre ?
pour lire le braille avec plus de précision, on déplace les doigts verticalement plutôt qu'horizontalement, les récepteurs sont plus sensibles quand on les déplace dans ce sens. Les doigts se meuvent avec précision lorsque le corps a appris, lorsqu'il a pris la mémoire du chemin de lecture.
Pas de pleurs presque pas de larmes. Un soupçon de pluie sur le carreau. Du chagrin à l’intérieur bien rangé.
Une promenade silencieuse de mots commence à naître.
Comment vais-je me réconcilier ? demande Abeille. Je suis devenue une femme cabossée. Je m’en veux de ne pas avoir crié, de ne pas avoir été au bureau de police.
Souillure.
Viol.
Cheyenne prend Abeille dans ses bras.
- Je m’en veux de me sentir sale. Je me sens coupable de ne plus m’aimer
La douleur ne veut pas de l’amitié de la nuit.
Qui se soucie de ceux qui y souffrent.
Cheyenne est habillée de blanc. Ses sous-vêtements aussi son blanc s. Elle aime ce blanc plein de promesse, le vide qui accueille le plein.
Avec le temps, pense-telle, les choses devraient se tapir, peut-être s’oublier. C’est ce qu’elle espère, mettre le chagrin au fond d’une poche, en coudre les bords et enfermer le vêtement dans un placard aux lourdes portes.
Depuis le jour du non cri, sa peau nue est un étouffement, une prison dénuée d’infinis.