Citations de Frédérique Dolphijn (30)
il faut avoir dix-huit ans, c'est comme une maladie de jeune chien !
je dois dire qu'il y a aujourd'hui beaucoup de livre où on plaque un truc haletant, un suspense, un appât, mais où on n'a pas fait ce travail , qui est toujours à faire, de la singularité de l'écriture. (p 29)
Un texte me touche, me bouleverse quand le sens et la musique des mots sont si unis qu'ils prennent possession de vous, qu'on en relit des passages à voix basse, qu'on aimerait les avoir écrits.
Le mot ne dit pas tout... et c'est là qu'est le vide. Tu n'arriveras jamais à dire.
J'éprouve ça en regardant une feuille, un arbre... Je me dis souvent que je peux lire les descriptions les plus fortes, les textes les plus intenses jamais écrits sur un arbre, jamais ça n'atteindra le réel indicible de cet arbre.
Ça va avec l'indicible, le vide... il y a de l'indicible dans l'écriture.
Elles marchent les deux sœurs, attentives à l'amitié de l'air. Elles machent, unies dans le mouvement. Une cadence qui s'accorde comme chaque fois, et leur présence aussi. Mystérieuse harmonie entre elles et la nuit.
Ella n'a pas crié, elle n'a rien dit. Qui me croira. Il est plus fort que moi. Mais qui t'a appris petite fille que les garçons sont plus forts que toi? Qui t'a appris? Je ne sais pas! Je ne sais pas.
Le point n'est probablement pas de savoir exactement ce qu'il se passe, mais de reconnaître ce que je sens, ressens, c'est pour moi le seul ancrage concret que je reconnaisse.
Dans le supplément Livres du journal "Le Soir" des 2 et 3 mai 2020
Si je devait résumer le livre en une phrase, je dirai :
"Mon rêve est parti en fumée."
Elisée :
"elle s'en va, tenter des croisements de mémoires, détricoter les mensonges laids, écouter le bruit des phares"
Il y a des temps nécessaires où être assis au sombre de la forêt ne peut pas se dire avec des mots.
Il y a aussi un temps pour se mettre debout, pénétrer l'obscurité et marcher sur les sentiers qui cheminent le creux de l'être.
Je ne veux pas me pétrifier dans les traces de quelque chose que je ne désire pas.
Toutes ses attentes se rapatrient au cœur et se rient de ses malheurs.
Juste encore un pincement, là où les côtes se rejoignent, là où ce qu'elle se cache à elle-même s'entasse comme du petit bois pour le noir insatiable d'un grand hiver.
Etre là. Elle n'y arrive pas. Etre là. Un moment que l'on sait bon, dont on ne veut pas connaître la limite, que l'on sait ne pas pouvoir reproduire.
Elle a dans son corps de la liberté, du contentement. Elle promène son silence. Elle trimbale cette chose qu'elle met difficilement en mots, que certains appellent le bonheur.
l' ennui elle aime ça .Ne rien faire , chercher à sortir du ne rien faire en trouvant un rien qui remplit le temps , qui l'amène vers quelque chose à faire , qu'elle quitte sans savoir pourquoi , pour inexorablement se glisser à nouveau dans l'ennui .
Fanny et moi nous pensons que les peines des enfants ne sont pas réduites à leur taille. Qui êtes-vous pour décider de l’importance, de la densité de ce que vit l’autre ?
pour lire le braille avec plus de précision, on déplace les doigts verticalement plutôt qu'horizontalement, les récepteurs sont plus sensibles quand on les déplace dans ce sens. Les doigts se meuvent avec précision lorsque le corps a appris, lorsqu'il a pris la mémoire du chemin de lecture.
Notre peur de souffrir contribue irrémédiablement à notre souffrance. Mais comment parler de cela à quelqu'un qui souffre à ce point ?
« Avec le temps, pense-t-elle, les choses devraient se tapir, peut-être s'oublier. C'est ce qu'elle espère, mettre le chagrin au fond d'une poche, en coudre les bords et enfermer le vêtement dans un placard aux lourdes poches. »