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Critiques de Freidoune Sahebjam (28)
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Morte parmi les vivants

« Fâéché !... Sale putain !... »

Depuis qu'elle a été violée à douze ans par des soldats soviétiques, Bilqis est méprisée et rejetée. Sa mère est la première à lui cracher dessus et à la répudier - il faut dire qu'un 'bon' mariage lui était réservé, quel gâchis ! Tandis que la jeune fille a souffert dans sa chair et se sent souillée, les autres considèrent qu'elle s'est offerte à ces hommes. C'est comme ça pour les filles et les femmes violées, dans l'Afghanistan des années 1980 et 1990 (et encore aujourd'hui, là ou ailleurs). Elles ne sont pas victimes, elles sont coupables. Et c'est une des forces de l'occupant - pénétrer le territoire par le corps des femmes, aussi :

« En nous offrant [par la force] leurs filles et leurs nièces ou leurs soeurs, nous obligerons peut-être ces salopards [...] à déposer leurs armes et à cesser de nous harceler. »



Le seul salut possible pour Bilqis : la fuite. Dès qu'elle arrive à mener une nouvelle vie un peu plus confortable (où les autres ne décident pas à sa place qu'elle sera bonniche et/ou putain), la crainte que son passé soit révélé l'oblige à repartir. C'est un des aspects le plus terrible de cet ouvrage : on connaît la fin, on sait qu'à trente ans Bilqis reste une paria, on est donc certain que les moments de répit et les jolies éclaircies dans son existence ne dureront pas.



Ecrit par un journaliste qui a rencontré la jeune femme, ce témoignage est dur et révoltant. Il rappelle le sort des femmes dans certains pays, qui ne peuvent même pas se montrer solidaires entre elles dès que l'opprobre est jeté sur l'une (question de survie pour les autres, qui seraient rejetées à leur tour). Il rappelle aussi, si besoin, la barbarie guerrière qui fait perdre à l'homme toute réserve, tout sens moral : au nom d'une patrie, d'un dieu, il tue, massacre, détruit, déchire, viole femmes ou enfants, qu'importe - des pulsions à assouvir ?



A lire.
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La femme lapidée

Tout d'abord, je tiens à expliquer les 5 étoiles, je déteste noter un livre qui traite d'un sujet grave (la maladie, la barbarie, la souffrance...), je trouve déjà difficile de noter un livre, mais encore plus quand l'histoire est vraie et surtout dramatique.

Là, nous sommes confrontés à la cruauté humaine à son niveau maximum, déjà prendre la vie de quelqu'un est inacceptable à mes yeux, mais quand cette vie est prise dans une violence et une injustice extrême, cela dépasse l'écoeurement.

Soraya, jeune fille Iranienne, est mariée très jeune à un homme qu'elle n'a pas choisit, elle vit dans un tout petit village de 250 âmes, et ce sont ses parents, qui moyennement finance, marie leur fille à leur convenance. Soraya accepte ce mariage, sans rien dire, soumise à la loi islamique pratiquée dans son village, très vite, elle se retrouve enceinte et cumulera les naissances pendant une quinzaine d'années certains de ses enfants naîtront morts comme c'est malheureusement le cas dans ce genre de situation, elle élèvera convenablement ses enfants et tiendra parfaitement sa maison, son mari ne pouvant rien lui reprocher.

Son mari, dont je n'ai même pas retenu le nom, se lasse de sa femme, mais si il demande le divorce, il devra reverser la dot et ça il en est hors de question, il va donc comploter avec le maire du village, le mollah et bien d'autres pourritures pour faire passer Soraya pour une femme infidèle et donc pouvoir la condamner à mort.

L'occasion est tout trouvée, puisque Soraya a pour voisin le veuf d'une de ses amies d'enfance et par charité et loyauté envers son amie partie trop jeune, elle va aider cet homme dans les diverses tâches ménagères et l'éducation des enfants. Cet homme, dont le prénom ne m'intéresse pas plus, va témoigner contre Soraya, prétextant qu'elle lui fait des avances et qu'elle n'hésite pas à le draguer chaque fois qu'elle vient chez lui.

Toute cette petite communauté de pourriture va donc venir chez Soraya pour lui faire part de ce témoignage et lui demander si tout cela est vrai, elle va bien évidemment nier, puisqu'elle n'a jamais draguer cet homme. Sa tante, Zahra, présente et très influente dans le village, va essayer de tout faire pour sauver sa nièce, mais rien n'y fera, et Soraya sera jugé en 20 minutes et condamné à la lapidation, exécution qui aura lieu le soir même.

La scène de la lapidation est extrêmement dure à lire, sachant que les premières pierres seront jetées par le père, le mari et les deux fils ainés de Soraya.

Dur récit qui témoigne encore une fois que les hommes peuvent être d'une cruauté extrême, et même si je déteste souhaiter du mal aux gens, j'espère juste qu'ils en ont bien chier pour le restant de leurs jours et que leurs actes les a empêché de dormir jusqu'à la fin.
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La femme lapidée

La femme lapidée" n'est pas un roman, il faut bien le préciser, mais le récit d'une histoire vraie que raconte Freidoune Sahebjam. On lit d'une seule traite, connaissant la fin de l'histoire grâce au titre, mais non pas les raisons de cette lapidation, qui ne sont rapportées qu'au milieu du livre. Faut-il les préciser ? Quatre hommes s'unissent contre la malheureuse Soraya, pour l'accuser d'adultère. Nous ne dévoilerons pas l'identité de tous ces individus. Mais il faut quatre hommes témoins de l'adultère, pour condamner une femme à la lapidation, « là-bas ».



Soraya ne sait pas se défendre. Les hommes sont particulièrement répugnants aussi bien le mari, homme violent et cupide que ses fils aînés, qui lapideront leur propre mère ; quant au maire du village, homme déchu, il ne fait qu'obéir à la toute-puissance d'un mollah qui prêche la parole d'Allah, pour s'attirer la bienveillance des villageois et assurer sa notoriété et se venger du refus de la condamnée, quand il lui avait fait des avances.



La figure de la tante de Soraya, femme de bon sens qui se rend compte de la folie des hommes du village et de la population tout entière, qui aime sa nièce, devient son dernier refuge et sa douleur, muette, est saisissante. Des détails sur le corps mutilé, qui n'aura pas droit à la sépulture, sont encore un sujet de réflexions douloureux pour le lecteur aussi bien que pour cette tante qui a été longtemps une figure importante, dans ce petit pays perdu dans les montagnes.



Un livre cynique et cruel, où le lecteur verse sans doute des larmes de compassion et d'impuissance, face à l'imbécillité des coutumes et à la perversité d'un homme qui n'a trouvé que ce moyen pour se débarrasser d'une innocente, afin de profiter d'autres femmes.



Quant à cette épouse « ignoble », elle a pour seuls torts d'avoir mis au monde des enfants, d'avoir été fidèle et généreuse, et supporté menaces, coups et injures d'un mari volage et pervers.



Un style clair, sans emphase, lapidaire devrait-on dire. Après cette lecture, on ne peut plus regarder une pierre comme on avait coutume de la regarder auparavant, avec indifférence...



Un récit qui ne pourra jamais s’oublier des mémoires des hommes.

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Morte parmi les vivants

C'est une terrible descente aux enfers d'une petite fille de 12 ans que l'on suit pendant plusieurs années. C'est tiré d'une histoire vrai qui c'est déroulé dans les années 90.

Suite à son viol par plusieurs soldats soviétiques, une petite fille Afghane devient la paria de sa famille, de sa ville... Rejetée, humiliée, vendue, violentée, violée, elle vivra pendant une dizaine d'année les pires atrocités. Un livre captivant par son horrible réalité.
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Morte parmi les vivants

Magnifique livre sur la condition féminine en Afghanistan, superbement écrit, qui met le lecteur au coeur des malheurs impensables d'une fille de 12 ans, violée, bannie de presque tous, vendue et revendue; on se demande en lisant ces pages quelle issue elle peut oser espérer tant son désespoir est immense.

Je ne veux surtout pas dévoiler le dénouement dans cette critique. C'est vraiment une lecture indispensable pour garder les yeux ouverts sur ces vies douloureuses privées de la notion même de bonheur.
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La femme lapidée

Quand on lit ce genre d’histoire vraie il faut avoir le cœur bien solide car c’est toujours pénible de voir des femmes traitées moins bien que du bétail. Freidoune Sahebjm nous offre le portait d’une femme Soraya accusée d’adultère. Et comme le veut la loi islamique elle sera lapidée. L’auteur va nous raconter comme cette jeune femme est arrivée dans ce calvaire. Et son histoire fait froid dans le dos.

Comment ne pas être touchée et meurtrie pour cette femme qui n’a rien demandé à personne ? Comment ne pas être en colère face à ces hommes qui se servent d’une loi pour leur plaisir ? Comment ne pas être outré pas la manière qu’on réagit ces villageois ?

Nous sommes dans les années 70 pour ce récit mais on le sait très bien que ça se passe encore dans certains villages retirés. Les choses ont peut-être sensiblement changés mais ce n’est pas assez.

Donc pour conclure, j’ai été touchée et bouleversée par cette lecture. L’auteur a trouvé les mots justes pour raconter la vie de cette femme.
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La femme lapidée

La face sombre de l'islam dans toute son horreur ! Encore aujourd'hui. . .
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Morte parmi les vivants

Encore un témoignage très dur à encaisser.

L’horreur du destin de Bilqis m’a écœurée. Jusqu’où les êtres humains sont-ils capables d’aller pour détruire leurs semblables ?

Humiliation, violence physique, psychologique, viol, prostitution. En Afganistan, la victime est considérée comme coupable. Double peine donc pour ces malheureuses femmes qui non contentes d’être maltraitées sont rejetées par leur famille. Drôle de sens de la justice où la réputation prévaut sur l’amour filial ou sur le respect des droits de l’Homme.



Heureusement, le récit se termine bien, sur une ouverture pour Bilqis. J’espère pourra-t-elle réapprendre la vie, la paix, le bonheur, la confiance et l’amour bien intentionné.

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La femme lapidée

Freidoune Sahebjam est un auteur qui avait à cœur de dénoncer les injustices du système de l’Iran de Khomeiny. Il s’est rendu à plusieurs reprises clandestinement dans son pays, malgré une condamnation à mort qui pesait sur sa tête depuis 1979. C’est ainsi qu’il a recueilli les témoignages du calvaire de Soraya Manutchehri.

Son ouvrage a fait l’objet d’une adaptation cinéma sous le titre « la lapidation de Soraya M. »

Il nous montre combien les femmes ont été rabaissées sous le nouveau régime, devenant des poupées soumises dénuées de voix et de droits.

Sans concession, il montre comment des hommes avides de pouvoirs et de biens n’hésitent pas à déformer une loi déjà inique pour arriver à leurs fins, comment des hommes ordinaires peuvent se transformer en meute de hyènes assoiffées de sang dès qu’il est question de leur soi-disant sacro-saint honneur.

La plume de l’auteur est incisive, il va droit au but sans fioriture, sans emballer son propos dans des descriptions inutiles.

Dès le titre on sait de quoi il est question et on n’a ainsi aucun doute sur le destin de Soraya. Mais toute la question est de savoir comment on en est arrivé là. Comment une femme courageuse, épouse exemplaire et mère dévouée a pu être condamnée à la plus atroce et avilissante des morts ?

Les sentiments qui m’ont dominée tout au long de ma lecture ont été l’horreur et la colère.

L’horreur devant une pratique aussi barbare que la lapidation dont l’auteur ne nous épargne aucun détail, la colère devant l’hypocrisie de quasiment tous les auteurs du drame, devant leur attitude après l’exécution qui a de quoi soulever le cœur.

En peu de pages (le livre fait moins de 200 pages), l’auteur nous alerte sur ces pratiques qui ont toujours lieu aujourd’hui. Soraya a été suppliciée en 1986, autant dire hier.

Personne n’a pu venir en aide à cette pauvre femme mais la pression internationale réussit parfois à changer le destin d’une de ces condamnées, c’est pourquoi, même si on n’est pas à côté, même si on ne les connaît pas, il ne faut jamais cesser de dénoncer et de condamner ces pratiques, en espérant que ceux qui veulent les conserver hésiteront à le faire en pleine lumière.
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La femme lapidée

Présenté comme un livre bouleversant retraçant la vie de Soraya, on passe très peu de temps avec elle. On nous décrit en long et en large, son mari, le Cheikh Hassan et d'autres personnages masculin dont on voit leur vie du début jusqu'à l'accusation.

Même si ce qu'on lui a fait subir est horrible et très bien décrit dans les moindres détails comme s'il y avait assisté. Le côté féminin est réellement absent de l'histoire. On l'a tellement peu vu durant son livre que c'est comme si on l'effaçait une deuxième fois.
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Morte parmi les vivants

Impossible pour moi d'aller au bout. Je respecte les religions et les cultures du monde, quelles qu'elles soient. Cependant, il était pour moi impossible d'aller au bout tant cette souffrance faite à cette à la femme m'était insoutenable. Je respecte mais je ne comprends pas comment on peut traiter les femmes de la sorte... Peut-être parce que je suis une occidentale, que j'ai toujours grandi dans une culture où la femme était (à peu près) l'égale de l'homme, peut-être est-ce à cause de mon regard extérieur... Je ne sais pas... Toujours est-il que c'est une excellente démarche de la part de l'auteur, un excellent témoignage pour toutes les femmes du monde, je regrette que ma trop grande sensibilité m'ait empêchée d'aller au bout. (Je donne le livre s'il intéresse quelqu'un).
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Morte parmi les vivants

Morte parmi les vivantes nous plonge dans l'enfer des femmes afghanes.

L'auteur de la femme lapidée nous conte une fois encore le destin tragique d'un femme maltraitée et outragée. Bilqis n'a que 12 ans quand elle est violée collectivement par des soldats russes qui vont quitter l'Afghanistan après dix ans de guerre. Ils veulent garder un bon souvenir disent-ils. Bilqis, elle, est traumatisée et surtout, laissée à son triste sort. Elle parvient à revenir chez sa mère mais Homeira rejette sa fille quand elle apprend qu'elle a été souillée et ne s'est pas défendue. le malheur de Bilqis ne s'arrête pas là. Souillée, donc impur, elle ne peut plus être mariée. La mère a cinq autres enfants plus jeunes dont elle doit s'occuper seule depuis que son mari a été tué. Bilqis est une charge bien trop grande pour elle désormais. Réduite à l'état d'animal – d'ailleurs elle l'a fait vivre parmi les animaux – elle décide, sans état d'âme, de vendre la pauvre enfant au plus offrant. L'avenir de Bilqis va encore s'assombrir. Violée encore et toujours, traitée de putain par tous ceux qui croise sa route, elle est une jeune fille à tout faire et un paquet de chair fraîche qu'on se repasse et qu'on humilie. Sa vie ne sera que maltraitance, mépris, dénégation d'humanité. Une fois elle va se rebeller, se révolter, et toute sa haine va être déversée sur un homme. Il prendra pour tous les autres.

Le récit est proprement affreux. Tragique n'est pas un mot assez fort. D'un viol collectif traumatique alors qu'elle n'est encore qu'adolescente, Bilqis va tomber toujours plus bas et souffrir toujours plus. Pour les autres, ses contemporains, elle est coupable de son propre malheur.

Le plus horrible est que c'est une histoire vraie...
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Morte parmi les vivants

Celle qui a perdu sa réputation n'est plus qu'une morte parmi les vivants. ( proverbe Persan).

12 ans et demi, une enfant Afghane déshonorée par des soldats, Bilqis est l'égérie de ces filles dont la vie ne tient plus que par un fil . Elle est le témoin vivant de ce que l'homme a de méchant en lui... À lire absolument !
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Un procès sans appel

C'est le calvaire de Rahmat Daneshvar, ancien gouverneur de la banque centrale de l'Iran, de foi baha'i, aide de camp du Shah déchu, qui vécut l'enfer après la venue du régime islamiste. Le livre a un rythme rapide, l'histoire est trés bien narrée. L'auteur reproduit dans les détails l'ambiance des salles d'audience (qui rappelle la salle d'audience du Procès de Kafka), les tortures, l'angoisse, la peur. Bref, un livre qui transmet au lecteur une partie du malaise de Daneshvar. Le livre contient en outre des informations sur la religion baha'i, peu connue.



Cependant, la question qui me tourmente: comment l'auteur - qui selon le livre, "a bien connu la victime" - a-t-il pu obtenir tant de détails sur sa captivité, étant donné que Daneshvar était intensément surveillé et isolé?

Et si je cherches Rahmat Daneshvar sur google, le seul lien pertinent que j'obtiens , est la page amazon de ce livre. N'y aurait-il pas d'autres sources sur Daneshvar que ce livre?
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Morte parmi les vivants

Il raconte l'histoire d'une fillette afghane de 12 ans qui deviendra femme, Bilqis, entre 1989 et 2004, rejetée par sa famille après un viol collectif, vendue comme domestique, subissant maltraitance, viols, et contraintes. Elle s'enfuis, trouve refuge, s'enfuis encore à travers tout le pays.



Malgré ses évasions, elle est reprise, subit de nouvelles souffrances, témoignant ainsi du sort de nombreuses femmes afghanes, d'avant et malheureusement d'aujourd'hui...



Ce récit poignant met en lumière les valeurs patriarcales oppressives où les femmes sont réduites à de simples objets, destinées à procréer des héritiers masculins. Il met également l'accent sur la ténacité de cette femme, qui ne veut pas subir le sort qui est attribué aux femmes. Mais comment se sentir vivante, quand on est morte de l'intérieur ?



Bien que difficile à lire en raison de sa réalité poignante, j'ai été profondément touchée par le courage et la persévérance de l'héroïne, Bilqis, dans sa quête de liberté.



L'auteur a fait un vrai travail, dans ce récit. Mais je ne vais pas me permettre de le juger, car je ne suis personne pour juger de ce témpignage.
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La femme lapidée

Il est très difficile de donner une note à ce livre. Tout est dans le titre « La femme lapidée ». On sait d'emblée de quoi il traite et on sait que cela ne va pas être plaisant.

J'ai lu le livre d'une traite. J'ai avalé les 187 pages sans m'en rendre compte si bien que je n'ai pas vu l'heure. J'ai mis à peine plus de trois heures pour le lire, mais il était largement plus de minuit quand je l'ai refermé. Je ne pouvais pas le lâcher, je ne pouvais pas arrêter pour le reprendre le lendemain. Si j'avais fait cela, j'aurais eu le sentiment de trahir Soraya. Je devais l'accompagner jusqu'au bout.

Soraya Manoutchehri est née très exactement le 12 février 1951. Elle a reçu le même prénom que la princesse Soraya Estandiari Bakhtiari qui ce jour-là épousait le Shah d'Iran, Mohammed Reza Pahlavi. Elle vit dans le village de Koupayeh, non loin d'Ispahan, dans le centre du pays. A dix ans, elle est placée chez un riche propriétaire terrien comme il est de coutume. Elle est alors sa bonne à tout faire. L'homme ne la viole pas mais il se livre à des attouchements durant les trois ans où elle vit chez lui. A treize ans, elle revient chez ses parents et est rapidement mariée à un jeune homme de vingt ans, Ghorban-Ali. Soraya le connaît malheureusement bien : il la brutalisait déjà enfant. Lui par contre ne se souvient pas d'elle. le mariage est célébré dans la plus pire tradition religieuse. Une fois la nuit de noce arrivée, c'est un tout autre homme que Soraya a face à elle : une brute, rustre, sans manières et surtout, sans égards pour elle. Ce soir-là, il la viole. Il agira toujours ainsi. En quatorze ans de mariage naîtront neuf enfants, vivants ou mort-nés.

Les malheurs de Soraya vont crescendo. Son mari est paresseux et il vit de petits larcins. Il est souvent absent car il se rend à la grande ville voisine pour y faire du trafic en tout genre et y fréquenter les prostituées. Quand il revient chez lui c'est pour frapper, encore et encore, sa femme et ses enfants. Il fait régner un climat de terreur. Soraya se tait.

Quelques années plus tard, la mère de Soraya, Shokat, meurt. Elle était appréciée de tous et surtout de son mari Morteza même si celui-ci avait pris une seconde épouse comme il en a le droit quand il avait apprit que la santé fragile de sa première épouse ne lui permettait plus d'avoir d'autres enfants (elle lui en avait déjà donné cinq). Morteza offrit le collier en or de Shokat à sa fille. C'est le seul souvenir qu'elle gardera d'elle.

Les années passent sans que la vie de Soraya ne change vraiment. Sans qu'elle ne s'améliore non plus. Sa dernière fille naît en 1979. ensuite son mari la délaissera totalement, ce qui ne sera pas pour la déranger.

Ghorban-Ali ne veut plus de sa femme. S'il avait eu les moyens d'avoir une seconde épouse il aurait privilégié cette solution. Mais, sans réel travail, il souhaite divorcer pour se remarier avec une jeune femme du village voisin. Il fait sa proposition à Soraya : lui partirait sans rien lui devoir et elle, elle garderait la maison, les meubles et les enfants. Ghorban-Ali et l'iman Hassan trouvent l'accord plutôt juste et équitable et demandent à Soraya d'y songer. L'iman ne perd pas le nord et propose même à Soraya de s'occuper d'elle. Soraya refuse tout. Mais elle se fait deux ennemis. Son mari Ghorban-Ali qui va alors tout faire pour se débarrasser d'elle, et l'iman qui s'est fait éconduire.

Le piège va se refermer doucement mais sûrement sur la pauvre Soraya. Son mari et l'imam l'autorise à se rendre plusieurs fois par semaines chez un homme devenu récemment veuf pour l'aider à tenir sa maison et à s'occuper des enfants. Elle s'acquitte merveilleusement bien de sa tâche et continue de tenir parfaitement sa propre maison.

Un scénario prend vite forme cependant avec la complicité du maire du village, Machdi Ebrahim, un vieil homme effrayé de tout et surtout dotée d'une faiblesse crasse. L'accusation d'adultère éclate au grand jour. Tout le monde se retourne contre elle, tous l'accusent, son mari en tête, et ensuite tout le village.

Sans procès, sans aucun moyen de se défendre, Soraya est condamnée. Pour elle, ce sera la mort par lapidation. Soraya n'a que trente-cinq ans et sa courte vie prendra fin à l'été 1986. Pour tous ces accusateurs, ce sera une libération. le village sera lavé de la honte et de la faute de cette dévergondée.

Ce livre est bouleversant au-delà du fait qu'il raconte une histoire vraie. Il n'est pas question de juger des pratiques ou des coutumes, mais le récit démontre l'enfermement de villageois dans leurs certitudes. Tous, qu'elle que soit leur positionnement, contribuent à la chute inexorable de Soraya. le complot est énorme, les ficelles sont grosses, et pourtant la fin est sans surprise, la sentence est connue d'avance. L'auteur n'épargne pas le lecteur dans la description de la mise à mort, il n'édulcore pas son propos, sûrement pour le choquer et l'édifier. Et le résultat est là. C'est affreux, mais ce livre est diablement utile.

Pour toutes ces raisons, je donne 5 étoiles à "La femme lapidée".
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La femme lapidée



Ce livre bouleversant m'a fait pleurer
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Morte parmi les vivants

A lire...un temoignage de faits souvent tus au grand public...
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Morte parmi les vivants

Un journaliste de passage en Iran s’intéressa au cas d’une jeune femme, installée dans une tente, à l’écart du reste de la population. Celle-ci lui raconta son histoire. La jeune Bilqis est violée étant jeune par plusieurs soldats soviétiques. Apprenant la nouvelle sa mère la rejete car à ses yeux elle n’est qu’une fâéché. Dès lors Bilqis devra partir et rencontrera des hommes et femmes de divers endroits du pays. Elle sera serveuse, femme de ménage, objet sexuel... Certains l’apprécieront et la feront rentrer dans leur vie comme si elle était de leur famille mais, dès lors que ces personnes découvriront qu’elle fût violée, elle devait s’enfuir sinon elle était frappée ou traitée comme un animal.. Comme le dit un proverbe persan « Celle qui a perdu sa réputation n’est plus qu’une morte parmi les vivants. ».
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Le dernier eunuque

C'est un honnête roman historique bien écrit, qui se lit bien et rapidement. La plongée dans l'Iran de la fin du XIXème siècle qui se débat entre modernité et traditions est tout simplement dépaysante. Je le recommande!

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