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Critiques de Galia Ackerman (31)
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Le livre noir de Vladimir Poutine

L'État russe nazifié qui a envahi l'Ukraine le 24 février dernier, commettant des exactions qu'on n'avait pas revues en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, a à sa tête une bande de criminels mafieux, émanant pour la plupart d'entre eux des agences de renseignements ( KGB, FSB, GRU etc ) ou de la pègre.

Depuis l'accession de l'un d'entre eux à la tête du Kremlin... " un homme ordinaire avec des pouvoirs extraordinaires ", cette truanderie étatisée a mis au point, comme le régime stalinien avant elle ou celui hitlérien antérieurement, un système de lavage de cerveaux tel qu'elle est parvenue en réécrivant l'histoire et en martelant sans arrêt un narratif de "citadelle assiégée" à zombifier quelque 140 millions de Russes, faisant d'eux un peuple "d'esclaves" au service d'une clique de gangsters.

Le tout en l'espace d'une génération.

Ces presque 25 ans au cours desquels "la bête immonde poutinienne" a inexorablement tissé sa toile belliciste sur la Fédération de Russie, Galia Ackerman et Stéphane Courtois, l'une et l'autre historiens, nous les passent au crible de thèses, d'analyses, toutes étayées par des faits avérés, prouvés, démontrés, irréfutables, brillamment explicités.

Et pour que leur démonstration soit la plus honnête et la plus exhaustive possible, ils se sont entouré des meilleurs spécialistes contemporains du monde russe ; chacun apportant dans l'écriture d'un ou plusieurs chapitres, sa pierre à l'édifice d'un livre collectif référence.

Parmi ces éminents spécialistes, il y a :

-Antoine Arjakovsky, historien français d'origine ukrainienne.

-Iryna Dmytrychyn, historienne spécialiste de l'Ukraine.

Thorniké Gordadzé, Géorgien diplômé de l'IEP ( Institut d'études politiques de Bordeaux ), chercheur associé au Centre d'études des relations internationales de Sciences-Po."En 2010, il est nommé par le nouveau président géorgien, Mikheil Saakachvili, vice-ministre des Affaires étrangères chargé des relations avec l'UE, puis en 2012 ministre d'État chargé de l'intégration européenne et euro-atlantique,"

- Yves Hamant, agrégé de russe et docteur en sciences politiques.

- Andreï Kozovoï, maître de conférence en langue et littérature russe, habilité à diriger les recherches à l'université de Lille.

- Mykola Riabtchouk,, politologue.

- Nicolas Tenzer, ex-enseignant à Sciences-Po, il est le président fondateur du CERAP ( Centre d'étude et de réflexion pour l'action politique ).

- Françoise Thom, historienne française, agrégée de russe, spécialiste de la Russie et de l'URSS, maître de conférences titulaire d'une habilitation à diriger les recherches en histoire contemporaine à l'université Paris-Sorbonne.

- Cécile Vaissié, historienne agrégée de russe et spécialiste de l'URSS.

- Maïrbek Vatchagaev, né en Tchétchénie, il est historien et journaliste.

Que du "très beau monde" ( excusez mon prosaïsme ), des experts dans leurs domaines de compétence(s), Des experts triés sur le volet pour nous raconter, nous expliquer – Le livre noir de Vladimir Poutine -



Cet essai de 403 pages est structuré par 22 "chapitres", le premier ouvrant le livre s'intitule " Chronique d'une dictature annoncée - Vladimir Poutine, un Homo sovieticus-". Les intervenants nous montrent comment un concours de circonstances historique a porté au pouvoir ce "petit homme" drainant dans son sillage le KGB et un milieu pour le moins interlope, Comment ce qu'ils qualifient de "fuite vers le passé" a posé les fondements du "poutinisme", créant "l'Homo post-sovieticus" grâce à ce qu'ils appellent "l'ingénierie des âmes".

Un mélange décomplexé de réécriture de l'histoire, de culte du chef, de l'homme fort utilisant un langage viril, en l'occurrence l'argot, "marqueur d'un code de vie", pratiquant une politique de déstabilisation et d'agression à l'étranger : Tchétchénie, Géorgie...entre autres, avec pour conséquences une "militarisation des consciences et une préparation à la guerre.

Nous sont expliqués les trois piliers de la politique étrangère russe :

-le recrutement.

-le racket.

- le chantage.

Quels sont "les réseaux de Vladimir Poutine en Occident et quelles sont leurs méthodes.

Un chapitre important est consacré aux "voies et aux moyens de la toute- puissance russe... l'assassinat des peuples".

Sur le plan domestique sont analysés et détaillés " l'écrasement des médias, des ONG et des opposants" ainsi que la "réécriture Orwellienne de l'histoire" par le régime.

Tout cela ayant pour conséquence une société où la verticalité du pouvoir est assurée par un petit tsar chef des oligarques avec comme arme politique la religion orthodoxe, le tout aboutissant à "une société pseudo-conservatrice qui marche à reculons".

Dans ce contexte, le livre se clot sur un chapitre posant la question "où va la Russie ?"



Pour susciter l'intérêt légitime qu'il faudrait porter à ce formidable travail collégial, je vais vous citer trois petits passages très éloquents de ce que cet essai porte à notre connaissance... de façon tout à fait surprenante.



J'ai fait mention précédemment du support indispensable de la religion comme pilier du régime poutinien. Voici un exemple étonnant :

"Pour le soixante-quinzième anniversaire de la Grande Victoire, en 2020, la principale église des Forces armées russe, dotée d'une coupole atteignant cent mètres de hauteur, y fut construite. Ce temple est décrit comme " le symbole spirituel de la Russie qui glorifie la plus grande victoire de la vie sur la mort". Pratique totalement païenne, toutes ses mensurations sont symboliques et font référence aux chiffres les plus importants liés à l'histoire de la "Grande Guerre patriotique": le diamètre du tambour du dôme est de 19,45 mètres – 1945, fin victorieuse de la "Grande Guerre patriotique" ; le diamètre du dôme est de 22 mètres et 43 centimètres, car le 8 mai 1945, à 22h43, l'Allemagne signa l'acte de sa capitulation sans condition ; la hauteur du clocher est de 75 mètres, car l'année 2020 marquait le 75e anniversaire de la fin de la "Grande Guerre patriotique" ; la hauteur du petit dôme est de 14,18 mètres, car la guerre a duré 1418 jours et nuits de combat. Une promenade baptisée "chemin de la Victoire", fait, elle aussi 1418 pas autour de l'église, et les visiteurs peuvent y admirer des "reliques" dont le véritable costume et le couvre-chef de Hitler...



Dans l'endoctrinement des 140 millions "d'esclaves russes" figure en bonne place "le Régiment Immortel".

"Cependant, le plus grand évènement rassembleur de la nation, fêté par les petits et les grands, est la procession du Régiment Immortel. Cette manifestation lancée par trois journalistes de Tomsk, en 2012, avait au début un objectif noble : "Préserver au sein de chaque famille, la mémoire de la génération qui a vécu la "Grande Guerre patriotique". Les habitants de Tomsk furent donc invités à défiler, le jour de la Victoire fêté le 9 mai, avec des photos de leurs ancêtres ayant participé à la guerre. C'est le nom de la manifestation qui marqua la différence avec d'autres initiatives : les ancêtres acquéraient tous, ainsi, le statut d'immortels, d'où l'enthousiasme des médias, régionaux et nationaux, qui rendit ce mouvement immédiatement populaire. Rapidement, le Kremlin et ses affidés s'approprièrent ce défilé à la fois solennel et festif. Outre des raisons idéologiques, il s'agissait d'une manne monétaire dont le Kremlin arrosait une multitude d'associations patriotiques ainsi que les autorités locales et régionales. En 2015, le Régiment Immortel fut inclus dans le programme panrusse des célébrations du soixante-dixième anniversaire de la Victoire et défila donc, pour la première fois dans les rues de Moscou et sur la place Rouge, après le défilé militaire. Près d'un demi-million de personnes y participèrent, avec Vladimir Poutine en tête, qui brandissait le portrait de son père."



Enfin, je ne saurais terminer la présentation de ce livre sans évoquer les enfants et la jeunesse russe embrigadée dans le tourbillon de la propagande poutinienne.

J'ai le triste souvenir de ma petite-nièce moscovite m'ayant envoyé fièrement un bout de la vidéo dans laquelle elle arbore uniforme et autres colifichets de la propagande et heureuse de chanter à la gloire de l'"Oncle Vova"...

"Jusqu'à quand le peuple russe vivra-t-il dans ce palais de glaces déformantes ? En 2017, une chanson chantée par une chorale d'enfants devant Mamaïev Kourgan, le plus grand mémorial de la Deuxième Guerre mondiale au monde, qui se trouve au centre de Volgograd (l'ex-Stalingrad) a remporté un triomphe sur l'Internet russe et continue d'y circuler. Son titre ?"Oncle Vova". C'est ainsi que les enfants russes appellent les aînés du cercle familial ou amical : "oncle" ou "tante", plus le diminutif du prénom. Vova est le diminutif de Vladimir. Les enfants et les ados, garçons et filles, affublés d'uniformes militaires, portent en quelque sorte le serment de fidélité à l'"Oncle Vova" pour lequel ils sont prêts à mourir.



"Depuis les mers nordiques jusqu'aux limites méridionales,

Depuis les îles Kouriles jusqu'aux côtes baltiques, tout est à nous.

On aimerait que ces terres soient en paix, mais si le commandant en chef

Nous appelle au dernier combat, oncle Vova, nous sommes avec toi !"



Impressionnant, terrifiant, consternant !



Un ouvrage qui montre l'envers du décor de cette Russie Potemkine et ses 140 millions d'esclaves marchant au pas derrière un Docteur Folamour et sa garde prétorienne de voyous corrompus jusqu'à la moelle.



Qui veut comprendre la Russie de Poutine ne peut pas ne pas lire ce travail fantastique de Galia Ackerman, Stéphane Courtois et leurs collaborateurs.



Un livre référence. Un livre indispensable !
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Traverser Tchernobyl

Depuis plus de vingt ans, Galia Ackerman hante la zone de Tchernobyl et rencontre ses habitants, ceux qui y ont vécu, ceux qui y passent encore, scientifiques, trafiquants et natifs incapables de vivre ailleurs malgré les risques encourus. Elle recueille leurs témoignages et les restituent pour construire une mémoire de cette catastrophe industrielle dont les conséquences se feront sentir encore pendant des dizaines de milliers d’années.

(...)

Galia Ackerman livre un compte rendu de ses visites, sensible et consciencieux, de la zone interdite autour de la centrale de Tchernobyl. Mêlant ses souvenirs de l’époque soviétique, qui lui permettent d’ailleurs de gagner bien souvent la confiance des témoins, aux récits de ceux-ci, elle dresse un panorama de ce monde à part, à la fois intime et fiable, raconte la vie quotidienne après la catastrophe par la voix même de ceux y sont restés et de ceux qui y retournent.



Article complet sur le blog :
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Femen

Femen est le mouvement international d'activistes topless que l'on connaît bien. Femen c'est une sorte de commando de féministes, de femmes qui veulent lutter pour les droits des femmes en adoptant des stratégies de "guerrières".

C'est ce qui ressort dans ce livre passionnant qui montre que les objectifs de "Femen" sont divers mais concernent essentiellement la volonté de provoquer le "patriarcat" au conflit ouvert, miner les institutions du patriarcat que sont la dictature, l'industrie du sexe, les religions,..

Un mouvement de "femmes libres" donc..

Qui sont-elles?

Au départ des adolescentes, quatre jeunes Ukrainiennes qui s'ennuient ferme dans leurs villes "paumées" et pauvres. Il s'agit de Anna Houtsol, Inna Chevtchenko, Oksana Chatchko et Sacha Chevtchenko. Elles cherchent un sens à leur vie.

Elles n'ont quasiment pas connu l'époque soviétique. Par contre, elles ont connu les années 90 et 2000, les années de "démantèlement" de l'empire soviétique. Elles en ont gardé la haine du capitalisme sauvage qui a marqué cette époque.

Dès le printemps 2008 leurs actions sont costumées et pittoresques. Elles se cherchent et protestent déjà contre l'industrie du sexe qui fleurit dans leur pays.

Leur ouverture au monde extérieur est grande. Ainsi elles vont lutter contre le président dictateur de Biélorussie Loukachenko.

Elles mènent un combat anticlérical dans beaucoup de pays s'opposant aux autorités de différentes religions.

Ce livre est intéressant et il complète bien les différents reportages qui ont été faits sur les Femen. On explique rarement leur doctrine en effet, et on montre davantage leurs actions spectaculaires.

Et il y en a des actions spectaculaires!! grimper sur le clocher de la cathédrale de Kiev, grimper sur l'enceinte du Forum de Davos, affronter les intégristes catholiques déguisées en nonnes, manifester devant la grande mosquée d'Istanbul.. Rien ne leur fait peur..

Depuis l'automne 2012 elles sont installées en France tout en conservant leur bureau de Kiev.

Quel sera l'avenir de ces Femen? difficile de le dire...

Vont-elles réussir à mettre en place une révolution féministe mondiale?

L'avenir nous le dira...
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Femen

Femen est un groupe de féministe topless qui font beaucoup entendre parler d'elles depuis quelques années. J'avais hâte de découvrir ce livre et je l'ai enfin lu voulant vraiment découvrir un peu plus leurs idées et le pourquoi du comment de leurs actions. Une bonne découverte.
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Le régiment immortel

Voici un livre qui m'a été bien utile pour mieux comprendre la place de Poutine en Russie et les différents conflits qui subsistent autour de ce pays.



Finalement Poutine continue à vendre l'idée d'une grande Russie, proche de celle du Tsar, une Russie éternelle, puissante et messianique. Sa grande force est d'avoir intégré la période soviétique dans ce récit, en faisant de la Russie le pays qui a vaincu le Mal, à savoir Hitler.



De défilés d'anciens soldats, aux familles des victimes de la "Grande Guerre", à la militarisation des enfants, rien n'est trop beau pour vanter la force et la grandeur de la Russie que seul Poutine peut défendre. Ajoutons à cela un ennemi, l'Otan et le tour est joué , le peuple est soudé autour de cette idée.



Que la vérité soit tronquée, transformée, mensongère peu importe, les années post- communisme ont laissé un goût amer et cette nouvelle version de l'histoire évite de jeter aux orties les années soviétiques .



Un ennemi, l'OTAN, un empire à reconquérir: l'Ukraine, la Géorgie, la Tchétchénie ..., une guerre froide contre l'un, une guerre "chaude" contre les autres, cela mérite bien une armée super équipée et une armée de propagande utilisant les nouveaux moyens de communication...



Un livre extrêmement intéressant où les pages se tournent toutes seules quasiment
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Traverser Tchernobyl

Clairement, c'est vraiment un bon témoignage sur la vie post-tchernobylienne de cette catastrophe planétaire survenue il y a maintenant 33 ans.

Nous connaissons tous cette explosion nucléaire survenue en 1986. Moi-même, 9 ans à peine, j'ai entendu plein de choses. Des reportages, articles. Mais loin de cette Ukraine dévastée, je n'ai pas retenu grand chose (hormis des thyroides gonflées de mon entourage proche). Il a suffi un jeu vidéo "Stalker" entre mes mains pour que je m'approprie le sujet et témoigne d'un intérêt grandissant.

C'est donc avec grande joie que j'ai demandé ce récit d'une grande auteure russe (qui a traduit notamment "La supplication" de Svetlana Alexievitch) et elle-même curieuse de tout ce qui concerne la mémoire de Tchernobyl.



Dans ce livre paru en 2016, elle honore les habitants de la zone interdite, les héros (liquidateurs, pompiers, travailleurs). Elle est allée à la rencontre de quelques personnes résidant là-bas, traversé ces forêts contaminées, discuté avec un trafiquant de métaux, des guides, le photographe officiel oublié. Un long chemin entamé en 2003, où elle s'interroge sur la teneur de cette zone interdite : est-ce un retour dans le passé ou un saut dans le futur post-industriel voire post-apocalyptique.

Quelle émotion s'empare de moi quand je lis ces quelques lignes où elle raconte l'histoire d'anonymes ayant oeuvrés au nettoyage, ces personnes bénévoles se sachant condamnées mais ayant beaucoup de coeur à l'ouvrage. (ah, l'esprit patriotique collectif soviétique!).

L'auteure a présenté une exposition à Barcelone et elle explique comment elle a rassemblé tous ces souvenirs et ces artefacts de la catastrophe (objets du folklore, photographies, uniformes...).

On sent qu'elle a mis toute son âme là-dedans, pour expliquer au monde entier que la vie est fragile. Que n'importe quelle centrale nucléaire peut potentiellement détruire le Vivant à tout moment.



Un récit à fleur de peau, juste, factuel. Un voyage sur une terre malade mais encore vivante. Une expérience personnelle.



Bonus: sur le site de l'éditeur, vous pourrez visionner les photographies personnelles de cette pérégrination. A mettre en mémoire.

http://www.premierparallele.fr/traverser-tchernobyl
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Femen

Avant ma lecture, j'étais très réticente, non pas sur le fond mais bien sur la forme prise délibérément par Inna, Sacha, Oksana et Anna, les quatre fondatrices du mouvement Femen. En quoi manifester seins nus peut-il faire avancer la cause des femmes ?



Si je ne suis pas aujourd'hui plus convaincue, je comprends davantage leur point de vue et je vous l'avoue, je le respecte entièrement. Il m'est impossible d'adhérer au discours extrémiste, l'homme, et non le patriarcat, semble véritablement être l'ennemi, mais la radicalisation me parait acceptable dans la mesure où elle semble être la première forme du changement.



Choquer pour faire bouger, provoquer pour se faire entendre, donner aux médias ce qu'ils désirent pour obtenir gain de cause, les Femen manipulent, agacent, interrogent et, souvent, touchent juste. La religion à abattre, la corruption à dénoncer, l'utilisation des femmes, totalement admise par la communauté, à combattre.



Entre la sainte et la putain, les Femen ont fait leur choix. Fières, fortes, radicales et indépendantes, de telles femmes, il en faut dans le monde d'aujourd'hui. En refermant le livre, j'ai eu presque l'impulsion de me faire photographier seins nus en levant le poing, une couronne de fleurs dans les cheveux. J'ai bien dit presque.
Lien : http://www.audouchoc.com/art..
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Traverser Tchernobyl

Hantée depuis dix-huit ans par tout ce qui touche à Tchernobyl, Galia Ackerman, journaliste et traductrice, nous emmène avec elle dans ce lieu désolé. A ses côtés, nous rencontrons des gens tout aussi différents que surprenants, immensément attachés à cette terre et qui en parlent avec un langage bien à eux. Nous marchons sur ce territoire contaminé qu’elle-même défie depuis de longues années, à Pripiat et ses environs, mais aussi dans la zone même qu’elle décrit magnifiquement comme "un espace à la fois post-apocalyptique, sauvage et paisible, où règne en maître une contamination radioactive invisible, inodore et sans saveur."

Et c’est dans ces contrastes que Tchernobyl fascine.

J’ai beaucoup lu sur la catastrophe du 26 avril 1986 mais en découvrant cet ouvrage, j’ai à nouveau été choquée, effarée, émue. Galia Ackerman nous présente des babouchkas à l’humour déroutant, des trafiquants de métal irradié – quel choc d’apprendre ça ! – ou encore des forestiers travaillant en pleines forêts contaminées. Et c’est à travers ces portraits concrets que la catastrophe prend véritablement chair. Les tchernobyliens rentrés sur leurs terres malgré l’interdiction sont appelés des samossioly et ont beaucoup à dire. D’ailleurs, l’auteure émaille son texte de nombreuses réflexions et anecdotes qui m’ont accablée ou m’ont fait frémir.

Ce livre est une enquête journalistique mais aussi un témoignage dans lequel l'auteure se livre beaucoup et nous raconte son obsession pour "son" Tchernobyl. La traductrice de la célèbre Svetlana Alexievitch s’interroge, se confie sur son parcours et les gens qui ont marqué sa route – j’ai beaucoup aimé cette partie, bien plus personnelle. "Ma traversée de Tchernobyl, écrit-elle, c’est la tentative d’une indignée de raconter ″ce qui arrive″, comme disait Paul Virilio : le passé et le présent d’un bout décimé de notre terre."

Enfin, petit détail qui a son importance : le tableau de Malevich utilisé pour la couverture est très représentatif de ce malaise indéfinissable qui ne quitte pas le lecteur tout au long de cette lecture. Un grand merci à Babelio et aux éditions Premier Parallèle pour cette lecture.
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Les silences de Tchernobyl : L'avenir conta..

Etude édifiante sur les dits et non-dits autour de Tchernobyl.
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Traverser Tchernobyl

J'étais encore petite lorsque la catastrophe de Tchernobyl s'est déroulée et pourtant, je me souviens assez bien de ce que j'avais entendu à la radio mais étrangement, pas tellement des images à la télévision. Peut-être qu'il n'y en avait pas eu beaucoup à l'époque, l'URSS n'étant pas un pays qui communiquait beaucoup. Toujours est-il que j'ai sans doute été bien marqué par cet événement, je lis tout ce qui me tombe sous la main concernant cette catastrophe nucléaire. Du coup, je n'ai pas hésité longtemps à postuler pour recevoir Traverser Tchernobyl de Galia Ackerman. Je remercie Babelio et surtout les Editions Premier Parallèle pour cet envoi.



Le 26 avril 1986, le réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl explosait. Sur une catastrophe dont on croit avoir épuisé les récits, des secrets peuvent encore être mis au jour. Voici vingt ans que Galia Ackerman fréquente ceux qui sont la mémoire de Tchernobyl. Scientifiques, artistes, écrivains, ethnographes, et tout ceux qui sont restés, malgré l'interdiction. Quelle vie après la catastrophe ? Traverser Tchernobyl compose un tableau unique et intime du désastre et de ses conséquences. Mais aussi, en creux, de l'ex-URSS et de ce qu'elle est devenue. Loin des images d'Epinal, l'auteur nous emmène dans des lieux inattendus : la plage ensoleillée du bord de la rivière Pripiat, les forêts habitées par une faune sauvage, le cimetière juif abandonné, les alentours du plus grand radar de détection de missiles intercontinentaux de toute l'URSS, les décharges nucléaires... Elle raconte le vieil homme heureux de sa pêche radioactive, les orphelins irradiés, les vrais et les faux héros de Tchernobyl. Un voyage sur une terre fantomatique. Dans le monde d'après.



Pfiout ! Quelle lecture ! Une baffe, un voyage fascinant dans une des zones les plus contaminées du monde. J'avais déjà lu un bouquin regroupant des témoignages de victimes qui m'avait bien secoué mais là, c'est encore plus fort. En effet, c'est l'auteure elle-même qui nous livre son témoignage, il n'y a pas de filtre et j'ai parfois eu les poils de la nuque dressés. Je trouve qu'il est important que des personnes comme Galia Ackerman osent revenir dans ces contrées pour raconter, pour permettre aux gens qui vivent loin de ce pays de ne pas oublier.



J'ai été surprise d'apprendre que les habitants vivent toujours sur place, plus ou moins clandestinement ceci dit. J'ai été touchée par les témoignages de certains, je n'ai même pas osé me mettre à la place des habitants qui ont vécu cette tragédie. J'ai même eu la sensation que nous, spectateurs extérieurs de tout ça, vivions bien plus mal cette horreur que les habitants eux-mêmes qui sont plutôt philosophes.



Lorsque j'ai reçu le livre, j'ai été impressionnée par la couverture (oui, je sais, c'est bête). Je la trouve qu'elle représente parfaitement le thème du livre, elle est vraiment bien choisie et je l'aime beaucoup. C'est futile, j'en suis consciente mais je tenais à faire remarquer le travail éditorial. Autre mention spéciale, j'ai apprécié le fait d'avoir une chronologie de la catastrophe en fin de livre. Ca permet de bien se remettre les événements en tête.



Je suis vraiment contente d'avoir pu découvrir ce bouquin, je vous le conseille si comme moi vous avez été sensible à la tragédie qu'a été Tchernobyl.
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Le livre noir de Vladimir Poutine

Il suffit d'un regard sur l'actualité pour comprendre que Poutine est un être amoral pour qui la brutalité est le seul moyen d'expression valable. le livre noir va plus loin, il nous montre comment cet obscur colonel du KGB devenu président du plus vaste pays du monde, s'y est pris pour arriver au pouvoir et comment son programme d'agression et de répression était écrit à l'avance. Car Poutine n'est pas un imbécile, tout son programme était calculé dès le début. Les discours haineux proférés à l'égard de ses ennemis réels ou supposés préparent l'opinion russe aux actions violentes qui vont suivre.

Comme beaucoup de Russes, Poutine est un "homo sovieticus", nostalgique de l'époque où l'URSS était une superpuissance, alors que la Russie d'aujourd'hui n'est qu'un pays dont l'importance tient d'abord à sa capacité de nuisance (qu'il ne faut pas sous-estimer). Son ambition est clairement de reconstruire une sphère d'influence soviétique autour de la Russie, l'Ukraine en est l'élément le plus visible mais ce n'est pas le seul.

Si on parle de l'Ukraine aujourd'hui, il ne faut pas oublier que c'est la 4ème fois que Poutine engage son pays dans la guerre. A chaque fois il invente une "provocation" pour justifier ses actions. Il y a eu d'abord la Tchétchénie, immédiatement à son arrivée au pouvoir, où il est allé rétablir l'ordre suite à quelques actions téléguidées par ses amis du KGB. La bataille de 80.000 soldats russes contre 4.000 combattants tchétchènes a tourné au massacre et personne n'a jamais su le bilan humain de ce conflit.

En 2008 il y a eu la Géorgie, où le KGB a semé la zizanie dans deux provinces séparatistes jusqu'à ce que les forces géorgiennes interviennent, et là les chars russes ont traversé la frontière "pour protéger les russophones" bien sûr. Les 2 provinces en question vivent sous administration russe depuis ce jour.

Ensuite ce fût la Syrie, où Poutine est allé aider son ami Bachar El-Assad, grand humaniste lui aussi, menacé de tous côtés par Daech, les Kurdes et quelques démocrates. Cette fois-ci la Russie n'intervenait pas pour des raisons territoriales, une des raisons clairement revendiquée était de tester son armée (et son arsenal) en conditions réelles. Et tant pis pour les Syriens.

Puis l'Ukraine bien sûr. D'abord un conflit larvé dans le Dombass depuis 2014, avec interdiction aux rebelles de remporter une victoire décisive puisque le but était de montrer que l'Ukraine était un gigantesque bazar depuis que les pro-démocratie étaient au pouvoir (lire "Le Mage du Kremlin"). Et puis l'invasion en 2022 avec la suite que l'on connait, et un conflit qui risque de durer sans que l'on ait la moindre idée de la manière de l'arrêter car Poutine ne reconnaitra jamais qu'il a eu tort.

Pour être complet on pourrait ajouter la Moldavie, dont la partie est (Transnistrie) est occupée par les Russes. Au moins ça s'est fait sans combat, mais c'est un pion de plus poussé par Poutine dans un pays étranger.



Comment en est-on arrivé là ? D'abord en réécrivant l'histoire. Dans Régiment Immortel, l'auteur écrit : "Le génie de Poutine a été d'utiliser la victoire contre le nazisme pour rendre aux Russes la fierté de leur passé soviétique, en occultant ses côtés sombres." A bien regarder, la victoire lors de la 2nde guerre mondiale est (avec le vol de Gagarine dans l'espace), le seul succès de l'URSS qui par ailleurs, a surtout connu des humiliations. Et alors que l'Allemagne a dû reconnaître les horreurs du nazisme suite à sa défaite, l'URSS n'a jamais eu à répondre des massacres commis tout au long de l'époque communiste. Une bonne refonte des manuels scolaires pour cacher les vérités qui dérangent, une militarisation à outrance de la société (La population de la Russie en 2022 est la moitié de ce qu'était la population soviétique en 1991, mais le nombre d'hommes sous les drapeaux est le même). Ajoutez à ceci un système mafieux qui a rendu milliardaires les oligarques amis du pouvoir, la suppression de toute presse libre, des ONG, des méthodes mafieuses, et la population russe n'a plus qu'à suivre. Au fur et à mesure des pages on note combien d'amis, politiques ou oligarches, ont été victimes d'accidents de toute sorte, d'empoisonnements, voire même d'assassinats purement et simplement. Il n'est pas conseillé de se fâcher avec le maitre du Kremlin. (Pour Prigojine c'est différent, il jouait avec une grenade dans son avion).



Tout le discours sur les "nazis ukrainiens" tend à rappeler à l'opinion publique russe la "Grande guerre patriotique" conclue par une victoire en 1945. Parce que s'il fallait chercher le pire nazi du 21ème siècle, comment ne pas penser à celui qui règne à Moscou et porte le nom de l'infâme plat national québécois.



Au passif de ce livre, quelques redites dues au fait que les multiples auteurs abordent parfois des sujets proches. A noter également que le livre est parfois assez ardu, et cite beaucoup de noms connus des seuls spécialistes de la Russie. C'est le revers de la médaille pour un ouvrage extrêmement complet et précis.
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Le régiment immortel

Galia Ackerman est une journaliste et historienne française d’origine russe. Dans cet ouvrage publié en 2019, réédité en 2022 et 2023, elle décrit la façon dont la Russie post-soviétique a été transformée par Vladimir Poutine : falsification de l’histoire, création d’un nouveau récit national en s’appuyant sur des mythes déjà exploités aux époques tsariste et stalinienne, embrigadement de la jeunesse, militarisation de la société… Le Régiment immortel, c’est tout cela. Depuis les années 2010, à l’occasion des célébrations de la victoire du 9 mai, des millions de personnes défilent dans toute la Russie et même à l’étranger en portant les portraits de leurs parents et grands-parents qui ont vécu la Grande guerre patriotique (la Seconde guerre mondiale). Cette manifestation ultra-patriotique qui exalte le culte des héros morts, affirme la supériorité du peuple vainqueur du nazisme. Parce que les Russes ont versé leur sang pour cette victoire, ils auraient gagné le droit moral et quasi religieux de jouer un rôle de premier plan sur la scène internationale.



Il y a là une idéologie mortifère qui me fait froid dans le dos et il me semble bien que ce que fait Poutine à/de son peuple ressemble beaucoup à ce qu’Hitler avait fait en Allemagne. Dans la postface à la présente édition, Galia Ackerman n’est guère optimiste. Elle anticipe une période de troubles importants à la disparition de Poutine et même un éclatement de la Russie. En attendant, cet ouvrage éclairant et étayé de nombreux exemples et citations de propagandistes russes ma paraît une lecture importante pour comprendre le danger que représente aujourd’hui la Russie pour les démocraties européennes.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Le livre noir de Vladimir Poutine

L'histoire de la Russie des 30 dernières années, mise en perspective après la chute de l'URSS au passé non liquidé, dont les fantômes hantent le présent. Comment un tchékiste s'est transformé en nationaliste crispé, régressif nostalgique d'empire, son aversion pour l'Occident, sa révision de l'histoire, sa médiocrité et sa brutalité communes à tous les autocrates.

Vladimir Poutine et son régime : militarisation et corruption morale de la société russe, guerre asymétrique, haine et tentatives de déstabilisation des démocraties, glorification du passé mythifié et fantasmé, mensonges éhontés. De malfrat pétersbourgeois liquidant les premiers oligarques rivaux, à Parrain de la Russie, l'irrésistible ascension de Vladimir Poutine et de son système kleptocrate entropique. Ouvrage collectif écrit par des historiens ou politologues, russes dissidents, ukrainiens, tchéchènes. Passionnant de bout en bout.
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Tchernobyl, retour sur un désastre

Il s'agit pour moi d'un des meilleurs livres sur la catastrophe survenue le 26 avril 1986. J'écris cette critique sans spoil sur le livre afin de laisser le loisir de découvrir ce livre évoquant la tristesse d'un drame humain à l'échelle internationale. Il surpasse selon moi et de loin le livre d'Svetlana Alexievitch « la Supplication ». C'est un livre où à l’intérieur il est question de la catastrophe en long en large et en travers. On y apprendra la ou les façons de comment la catastrophe est survenue. Mais également, les plus absurdes théories éditées par des politiciens. Quelques témoignages de personne ayant connu et travaillait sur la catastrophe y évoque leur souvenir. Mais ce livre sera selon moi une claque concernant l'ancienne URSS et la façon de comment le pays à traiter la catastrophe en envoyant à une mort certaine voire prématurée des personnes qui sans cette catastrophe seraient encore en vie ou en parfaite santé.

Livre idéal selon moi à lire en hiver pendant les longues nuits.



Bonne lecture.
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Le régiment immortel

Le régime immortel Galia Ackerman

Je remercie d’abord les Editions Premier Parallèle et Babelio de m’avoir permis de découvrir cet ouvrage. Je ne l’aurais sans doute pas acquis vu le titre et surtout la couverture. Bien que m’intéressant depuis plus de deux ans à la Russie, je serais surement tombée sur ce livre et l’aurais acquis ou emprunté. Bref, c’est un livre pour des lecteurs avertis et s’intéressant à la Russie bien que certains de nos politiques devraient le lire : ils découvriraient à leur stupeur que la Russie est en train de changer, que nous devenons pour eux des ennemis « fascistes » alors que nous étions depuis Voltaire des amis sincères.

Dans une première partie, l’auteur nous explique d’où vient ce sentiment sue le peuple russe se sente habitée d’un sentiment national, d’une appartenance à une « Sainte Russie ». Les conquêtes d’abord. La figure du tsar. L’église orthodoxe. Puis surtout le pouvoir des Soviets puis Stalinien. La Grande et forte « URSS ».

Ensuite, qu’en est-il actuellement ? Et puis nombreux russes sont emprunts de ce sentiment de « Sainte Russie », méprisant les territoires perdus au temps du démantèlement de l’URSS. Car la Russie c’était l’ex-URSS. Ils méprisent notamment l’Ukraine. Elle nous explique ces grands rassemblements où tous vénèrent le 9 mai, date de la victoire de la Russie, ces cortèges au nom de Régime Immortel où chacun porte un portrait d’un être disparu ou blessé dans cette « Grande Victoire ». Elle nous fait comprendre que les Russes ne vénèrent ni Staline ni le communiste mais une certaine idée nostalgique de ces temps. Et ce Régime immortel est prétexte non seulement à mépriser ces adversaires mais aussi à quelques exactions qu’elle trouve juste : les agressions contre la Crimée, l’Ukraine…

Ils veulent simplement revenir aux valeurs soviétiques en les vidant de leur essence communiste. Car cette période soviétique ils en sont fiers : les grandes réussites économiques, la conquête spatiale, le sport, les ballets, la production littéraire et artistique, les avancées scientifiques…

Et tout l’appareil diffuse cette idée générale de « soviétisme » triomphant : la télévision avec ces films, les manuels scolaires d’orientation patriotique. Ils haïssent la pérestroïka, la jugeant comme une victoire occidentale, libérale, européenne, contraire à cette « Sainte Russie ». Ils haïssent Gorbatchev et Boris Eltsine, coupables à leurs yeux de l’éclatement de l’URSS. Ils nient certains crimes commis pendant le Seconde Guerre mondiale comme celui de Katyn où des milliers de polonais et leur famille ont péri. Le Président Poutine tout comme le peuple russe n’a aucun sentiment de culpabilité.

DE plus, ce qui à mes yeux est le plus dangereux, la Russie se croit encerclée d’ennemis qui embrigadent les jeunes gens avec l’ragent des Occidentaux. Ils craignent un coup d’Etat pour le contrôle des richesses nationales russes.

Bref, ils sont non seulement des saints, sans remords, mais aussi des victimes et aussi des sauveurs avec leur intervention en Syrie.

Dangereux donc ces Russes. Car n’oublions pas qu’ils sont un e grande nation, qu’ils ont vaincus Napoléon et Hitler, qu’ils ont des capacités inimaginables et qu’ils ont une sentiment national puissant.

Grâce à ce livre, j’ai resuis à cerner mon personnage Mikhaïl : il n’accepte pas que l’Ukraine où il était né et avait grandi ne marche plus dans les pas de « son Grand Frère » Russe. Merci pour cet éclaircissement de la Russie actuelle.

Et j’ai aussi une interrogation. Où sont les Iles Kouriles ?

A lire. A prêter soit à mon frère Bruno soit à mon ami Olivier.

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Traverser Tchernobyl

Le choix du tableau de Malevich en couverture, "Paysanne au visage noir" s'avère des plus évidents à la lecture de ce fascinant témoignage : Une tenue blanche similaire à ce que peuvent porter les travailleurs et liquidateurs au sein de la désertique (mais toujours aussi redoutable) centrale abandonnée de Tchernobyl et ses environs; et un visage au noir, comme le pain brûlé, disparu, inexistant, effacé dans le néant. Le même tableau employé comme pochette de disque du Odyshape des Raincoats était dès lors plus une invitation pour un voyage vers des terres musicales inexplorées. Ici, c'est aussi à un voyage où nous convie Galia Ackerman, mais vers un monde en ruine, perdu, irradié à jamais. Et où pourtant, de la vie, voire de l'espoir subsistent.



Outre cette iconographie qui intrigue d'emblée, on saluera d'emblée la carte du territoire Ukrainien livrée dès qu'on ouvre le livre. Un bon moyen de se repérer en effet dans tous les lieux cités dans l'ensemble de l'ouvrage. Et si l'on pestera par contre sur la faute principale de n'avoir mis aucune image dans le livre (même en noir et blanc), un peu comme si vous dénichiez un superbe livre dédié à la peinture mais qu'il n'y en avait aucune citée en exemple dedans, un lien internet donné d'emblée par l'auteur et l'éditeur dans le livre, permettent heureusement d'aller farfouiller, mais flûte quand même quoi !



Je chipote bien sûr pour la forme mais ayant déjà évoqué un film sur Tchernobyl sur mon blog (http://dvdtator.canalblog.com/archives/2012/12/01/25715205.html), le sujet me passionne un peu quand même et j'attends de quelqu'un qui a d'ailleurs réalisé plusieurs expositions là dessus (dont une en 2006 à Barcelone où elle était commissaire d'expo quand même hein) et plusieurs ouvrages, fruits de la somme de près de 20 ans d'explorations de "la zone" (au sens Tarkovskien qu'on pourrait lui donner), un peu plus de rigueur sur ce terrain.



Bon après, cela n'empêche pas la passion et c'est essentiel, ce livre est des plus passionnants.



Entre récit et témoignage, enquête journalistique (rappel historique des faits pour mieux contextualiser en final, même !), voire roman, on est baladé d'un radar ultrapuissant digne de James Bond ("L'Arc" crée en 1976, démantelé depuis mais dont les restes en photos s'avèrent encore plus impressionnants que le texte --c'est dire l'importance du visuel), au petit cimetière juif de la ville sans oublier l'église Sainte Elie. On découvre l'histoire du couple Koukharenko qui dût constamment changer d'habitation ou bien la petite Maria, petit miracle du lieu (pas d'enfants ou de jeunes là bas !) née justement en août 1999, treize ans après la catastrophe... Et parfaitement saine. Et on apprend même d'étonnants détails techniques assez glaçants : A votre avis, si vous découpez du bois dans la zone irradiée illégalement pour ensuite le travailler pour en faire un meuble, voire un lit, que croyez-vous qu'il arrivera au petit couple ou aux petits jeunes qui attendent un enfant qui vont le prendre ? Vous vous en doutez j'en suis sûr...



Comme le résume l'auteure à propos de ces "ventes" : "Malheureusement, nous savons depuis longtemps que les autorités, à Tchernobyl comme à Fukushima, n'hésitent pas à augmenter les normes admissibles lorsque cela les arrange. Comme souvent la logique industrielle et marchande prévaut sur toute autre considération". (p.85)



Vous l'aurez compris, si le sujet vous passionne vous aussi, n'hésitez plus et jetez-vous dessus !
Lien : http://dvdtator.canalblog.co..
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Traverser Tchernobyl

Troisième livre de la traductrice de Svetlana Alexievitch, Prix Nobel de littérature en 2015, sur la catastrophe nucléaire, « Traverser Tchernobyl » revient sur les terres ukrainiennes martyrisées par le plus important désastre écologique que l'humanité ait connu.

Si elle s'attache à décrire les conséquences terribles de l'explosion sur la santé des habitants, elle a eu à cœur de faire parler ceux qui en ont été les spectateurs involontaires. Paradoxalement, il en ressort que les riverains de la zone ont été moins perturbés par le désastre que par l'évacuation forcée. Certaines personnes sont même revenues sur place pour y retrouver leurs racines. On les appelle les samossioly.

« Vous comprenez, Galia, l'Ukraine a besoin de cette beauté, pas moins que d'air pur » confie l'un d'entre eux. Aussi puissante que soit cette phrase, il n'en reste pas moins qu'en Ukraine, en Biélorussie et en Russie, 8 millions de personnes vivent dans un environnement contaminé.

Mêlant enquête journalistique et témoignages, Galia Ackerman fait preuve dans « Traverser Tchernobyl » d'un souci de vérité historique et d'une grande humanité.

EXTRAIT

Pourquoi choisit-on de vivre ou de travailler dans un lieu habité par un ennemi invisible ? Quelles histoires, quelles vies la catastrophe a-t-elle ensevelies ? Comment en transmettre la mémoire ?


Lien : http://papivore.net/litterat..
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Femen

Un livre sur un phénomène de société ou de groupe que j'ai apprécié car il explique à travers le témoignage des Femens leur motivation, leur idéal et leur modus opérandi dans leur manière de procéder. Bien que subjectif, j'ai apprécié de lire le point de vue de ces femmes bravant les normes sociales instaurées depuis des lustres par une société machiste. Une lecture sympathique qui montre une détermination sans faille à faire changer les mentalités sous des procédés qui choquent la société bien pensante.
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Traverser Tchernobyl

Direction l’Ukraine et les alentours de la centrale nucléaire de Tchernobyl, où l’auteure (Galia Ackerman) va parcourir ce territoire et l’histoire de cette tragédie humaine en un plus d’une décennie de travail d’écriture, d’investigations et de rencontres. On y découvre une zone 30 ans après l’explosion de ce réacteur numéro 4. Un livre témoignant d’un certain passé, ancré territorialement dans le présent, tout en se posant la question de ce qu’il adviendra dans le futur.

[Rem]
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Le régiment immortel

Un livre lumineux pour tenter d'expliquer l'obscurantisme de la dictature et de ses dévastations prémonitoires. L'être humain, de chair à canon à l'acceptation absolue de son asservissement, se plie avec dévotion aux volontés de ses maîtres, par delà les siècles. Pauvres de nous.
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