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Citations de Gaston Bachelard (544)


En rêvant à notre langue maternelle, dans notre langue maternelle—peut-on vivre des rêveries dans une autre langue que cette langue confiée à la «murmurante mémoire»?
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Tout ce qui monte recèle les forces de la profondeur.
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Dans cet idéal de la flamme voulue et non pas subie, le bûcher du Phénix est maternellement préparé, comme un berceau extrême, comme un berceau de la mort.
L'oiseau merveilleux assemble les aromates, les aromates qui sont des feux sourds, des feux en puissance.
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Le poète monte au niveau d'un événement d'univers pour connaître l'instant d'un éclat.
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Dans la poésie l'élan vital du langage est sans cesse renouvelé. En lisant les poètes on a mille occasions de vivre en un langage jeune.
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[Note isolée]

Les psychanalystes ne peuvent accéder à la libération linguistique parce qu'ils vivent entre les deux pôles du signifiant et du signifié. Ils oscillent toujours au-dessous du seuil de libération par les images.
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On vivrait au double si l'on pouvait vivre poétiquement et déjà parler, en conviction première, le langage poétique.
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Avec l'image poétique, on peut saisir le moment où le langage veut être écrit. Quand on connaît le bonheur d'écrire, il faut s'y livrer, corps et âme, main et œuvre.
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Inventer dans l'ordre des idées et imaginer des images sont des exploits psychologiques très différents. On n'invente pas des idées sans rectifier un passé. De rectifications en rectifications on peut espérer dégager une idée vraie. Il n'y a pas de vérité première, il n'y a que des erreurs premières. L'idée scientifique a un long passé d'erreurs. L'imagination poétique, elle, n'a pas de passé. Elle déroge à toute préparation. L'image poétique est vraiment un instant de la parole, [...] Pour recevoir toutes les surprises du langage poétique, il faut se donner à la conscience kaléidoscopique.
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La poésie, c'est le langage qui est libre à l'égard de soi-même.
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La sublimation pure telle que nous l'envisageons pose un drame de
méthode, car bien entendu, le phénoménologue ne saurait méconnaître
la réalité psychologique profonde des processus de sublimation si longuement étudiés par la psychanalyse. Mais il s'agit de passer, phénoménologiquement, à des images invécues, à des images que la vie ne
prépare pas et que le poète crée. Il s'agit de vivre l'invécu et de s'ouvrir
à une ouverture de langage. On trouvera de telles expériences dans de
rares poèmes. Tels certains poèmes de Pierre-Jean Jouve. Pas d'œuvre
plus nourrie de méditations psychanalytiques que les livres de PierreJean Jouve. Mais, par instant, la poésie chez lui connaît de telles
flammes qu'on n'a plus à vivre dans le premier foyer. Ne dit-il pas 8
« La poésie dépasse constamment ses origines, et pâtissant plus loin
dans l'extase ou le chagrin, elle demeure plus libre. » E t,
« Plus j'avançais dans le temps et plus la plongée fut maîtrisée, éloignée de la cause occasionnelle, conduite à la pure forme de langage. »
Pierre-Jean Jouve accepterait-il de compter les « causes » décelées par
la psychanalyse comme des causes « occasionnelles » ? Je ne le sais.
Mais, dans la région de « la pure forme de langage » les causes du
psychanalyste ne permettent pas de prédire l'image poétique en sa nouveauté. Elles sont tout au plus des « occasions » de libération. Et
c'est en cela que la poésie — dans l'ère poétique où nous sommes est
spécifiquement « surprenante s, donc ses images sont imprévisibles.
L'ensemble des critiques littéraires ne prennent pas une assez nette
conscience de cette imprévisibilité qui, précisément, dérange les plans
de l'explication psychologique habituelle. Mais le poète le déclare nettement : « La poésie, dans sa surprenante démarche actuelle surtout,
(ne peut) correspondre qu'à des pensées attentives, éprises de quelque
chose d'inconnu et essentiellement ouvertes au devenir. » Puis, page : « Dès lors, une nouvelle définition du poète est en vue. C'est celui qui connaît, c'est-à-dire qui transcende, et qui nomme ce qu'il
connaît. » Enfin : « Il n'y a pas poésie s'il n'y a pas absolue
création. »
Une telle poésie est rare
On pourra hésiter dans la détermination exacte du plan de rupture,
on pourra longtemps séjourner dans le domaine des passions confusionnelles qui troublent la poésie. De plus, la hauteur à partir de laquelle on aborde à la sublimation pure n'est sans doute pas au même
niveau pour toutes les âmes. Du moins, la nécessité de séparer la sublimation étudiée par le psychanalyste et la sublimation étudiée par le
phénoménologue de la poésie est une nécessité de méthode. Le psychanalyste peut bien étudier l'humaine nature des poètes, mais il n'est
pas préparé, du fait de son séjour dans la région passionnelle, à étudier
les images poétiques dans leur réalité de sommet. C.-G. Jung l'a dit
d'ailleurs très nettement : en suivant les habitudes de jugement de la
psychanalyse, « l'intérêt se détourne de l'œuvre d'art pour se perdre
dans le chaos inextricable des antécédents psychologiques, et le poète
. En sa grande masse, la poésie est plus
mêlée aux passions, plus psychologisée. Mais ici la rareté, l'exception,
ne vient pas confirmer la règle, mais la contredire et instaurer un régime nouveau. Sans la région de la sublimation absolue — quelque
restreinte et élevée qu'elle soit, même si elle semble hors de portée à
des psychologues ou à des psychanalystes — qui n'ont pas, après tout,
à examiner la poésie pure — on ne peut révéler la polarité exacte de la
poésie.
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Heureux en parole, donc malheureux en fait, objectera tout de suite
le psychanalyste. Pour lui, la sublimation n'est qu'une compensation
verticale, une fuite vers la hauteur, exactement comme la compensation est une fuite latérale. Et aussitôt, le psychanalyste quitte l'étude
ontologique de l'image ; il creuse l'histoire d'un homme ; il voit, il
montre les souffrances secrètes du poète. Il explique la fleur par l'engrais.
Le phénoménologue ne va pas si loin. Pour lui, l'image est là, la
parole parle, la parole du poète lui parle. Nul besoin d'avoir vécu les
souffrances du poète pour prendre le bonheur de parole offert par le
poète — bonheur de parole qui domine le drame même. La sublimation, dans la poésie, surplombe la psychologie de l'âme terrestrement malheureuse. C'est un fait : la poésie a un bonheur qui lui est
propre, quelque drame qu'elle soit amenée à illustrer.
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Peut-être la situation phénoménologique sera-t-elle précisée à
l'égard des enquêtes psychanalytiques si nous pouvons dégager, à propos des images poétiques, une sphère de sublimation pure, d'une sublimation qui ne sublime rien, qui est délestée de la charge des passions, libérée de la poussée des désirs. En donnant ainsi à l'image poétique de pointe un absolu de sublimation, nous jouons gros jeu sur une
simple nuance. Mais il nous semble que la poésie donne des preuves
abondantes de cette sublimation absolue. Nous en rencontrerons souvent dans le cours de cet ouvrage. Quand ces preuves leur sont données, le psychologue, le psychanalyste ne voient plus, dans l'image
poétique, que simple jeu, jeu éphémère, jeu de totale vanité. Précisément, les images sont alors pour eux sans signification — sans signification passionnelle, sans signification psychologique, sans signification psychanalytique. Il ne leur vient pas à l'esprit que de telles images
ont, précisément une signification poétique. Mais la poésie est là, avec
ses milliers d'images de jet, d'images par lesquelles l'imagination créatrice s'installe dans son propre domaine.
Chercher des antécédents à une image, alors qu'on est dans l'existence même de l'image, c'est, pour un phénoménologue, une marque
invétérée de psychologisme. Prenons, au contraire, l'image poétique en
son être. La conscience poétique est si totalement absorbée par l'image
qui apparaît sur le langage, au-dessus du langage habituel, elle parle,
avec l'image poétique, un langage si nouveau qu'on ne peut plus envisager utilement des corrélations entre le passé et le présent. Nous donnerons par la suite des exemples de telles ruptures de signification, de
sensation, de sentimentalité, qu'il faudra bien nous accorder que l'image poétique est sous le signe d'un être nouveau.
Cet être nouveau, c'est l'homme heureux.
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La philosophie de langue française contemporaine — a fortiori la
psychologie — ne se servent guère de la dualité des mots âme et esprit. Elles sont, de ce fait, l'une et l'autre un peu sourdes à l'égard de
thèmes, si nombreux dans la philosophie allemande, où la distinction
entre l'esprit et l'âme (der Geist et die Seele) est si nette. Mais puisqu'une philosophie de la poésie doit recevoir toutes les puissances du
vocabulaire, elle ne doit rien simplifier, rien durcir. Pour une telle philosophie, esprit et âme ne sont pas synonymes. En les prenant en synonymie, on s'interdit, de traduire des textes précieux, on déforme des
documents livrés par l'archéologie des images. Le mot âme est un mot
immortel. Dans certains poèmes, il est ineffaçable. C'est un mot du
souffle
À elle seule l'importance vocale d'un mot doit retenir l'attention d'un phénoménologue de la poésie. Le mot âme peut être dit poétiquement avec une telle conviction qu'il engage tout un poème. Le
registre poétique qui correspond à l'âme doit donc rester ouvert, à nos
enquêtes phénoménologiques.
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L’action, la pensée, le discours, ainsi amassés à leurs sommets successifs, prennent donc une continuité de composition qui commande de toute évidence la continuité subalterne d’exécution 
p75
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L’action musicale est discontinue. C’est notre résonance sentimentale qui lui apporte la continuité.
p116
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Le concept n’a de sens qu’une fois incorporé dans un jugement
p16
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L’hétérogénéité est si grande entre les termes [de la succession] que la succession est proprement une discontinuité

p22
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La continuité est hétérogène à ce qui la manifeste
p26
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On se surprend à vivre dans les mots, à l'intérieur d'un mot, des mouvements intimes. Comme une amitié, le mot se gonfle parfois, au gré du rêveur, dans la boucle d'une syllabe
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