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Critiques de Gavino Ledda (16)
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Padre Padrone : L'éducation d'un berger sarde

Vive les challenges !

C'est grâce à eux que je suis souvent tombée sur de vraies pépites. Padre Padrone en fait partie sans aucun doute.

Ce roman autobiographique est l'histoire d'un apprentissage obstiné et contradictoire. C'est une réflexion profonde sur la relation père-fils et un regard réaliste sur le malheur des pauvres dans la Sardaigne d'après-guerre.

Il lui faudra des années à Gavino Ledda pour se rebeller contre un père qui connaît comme seuls moyens d'éducation, la rudesse et le travail acharné. Berger illettré jusqu' à l'âge de 20 ans, il sortira de sa condition, grâce à sa propre volonté.

Quelle vie ! Et quel talent pour la raconter !

J'ai beaucoup aimé la construction du récit, qui intègre des mots sardes et des chansons populaires.

J'ai lu ce livre lentement en m'arrêtant souvent, pour savourer toute la beauté de l'écriture et la profondeur des paroles.



Inoghe mi vaghe die

Cantende a Palma dorada

Tue in su lettu coscada

E deo frittu che nie…

« Et voilà bientôt le jour

Chantons Palma la dorée

Toi, couchée dans ton lit,

Et moi dans le froid de la neige »…



Si on se concentre bien sur les mots de cette chanson, on ne peut s'empêcher de penser à la vie de Gavino, qui était celle de tous les bergers sardes de l'époque.

Gavino Ledda n'utilise jamais un mot par hasard. le langage de la nature et des animaux est tellement enraciné en lui, qu'il devient sa marque de fabrique le temps d'un roman.

Il ‘bêle' son chagrin lorsque son père l'arrache à l'école à l'âge de 6 ans, ou il laisse la nature s'exprimer lorsque la solitude des pâturages lui pèse de trop : ‘tout le feuillage hurlait comme un loup affamé. Dans la solitude, la parole de la nature en colère dominait tout'…

Et quand le plaisir de la découverte de la musique prend le relais, voilà ce que cela donne :

‘Non, la nature, à présent, je la laissais parler comme elle voulait et je ne répondais point à ses discours…Dans ma passion, je devenais insensible au gel, pareil à une bûche brûlante qui craquait et étincelait même sous l'eau. (…) Après trois mois de solfège clandestin, le bois de ma passion se transforma en un joli tas de braise, où on aurait pu mettre à cuire le plus savoureux des rôtis musicaux'…

Un récit dur et optimiste, une prose superbe. Tout simplement inoubliable!



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Padre Padrone : L'éducation d'un berger sarde

Une de ces magnifiques histoires de résilience comme il en existe parfois. Un berger sarde, contre l'avis de son père, qui en a besoin pour garder le troupeau, va peu à peu reprendre les études à force de courage et de passion, et grâce au service militaire, deviendra enseignant.

Lu en VO, après avoir vu le magnifique film des frères Taviani, c'est une intrigue que l'on oublie pas.
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Padre Padrone : L'éducation d'un berger sarde

Un très, très lointain souvenir époustouflant de lecture, telle que je m'étais précipitée pour voir l'adaptation cinématographique des frères Taviani, qui m'avait, de façon très différente, tout autant emportée.

En lisant la très convaincante critique de Miriam (17 septembre 2014), j'ai de grandes envies de "relecture"...de ce superbe texte....
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Padre Padrone : L'éducation d'un berger sarde

Abramo Ledda vient à l'école pour chercher Gavino, son jeune fils de 6 ans car il trouve qu'il lui sera plus utile à garder les brebis, il l'amène à Siligo ou vit la famille puis à Braddevrustana !

Dans un premier temps, il lui apprend les rudiments pour reconnaître les chênes, les collines, les bêtes et la nature sauvage, mais le père va cultiver une oliveraie, Gavino va rester tout seul avec le chien et Pacifico : le mulet..Son père n'est jamais content de son travail et le frappe avec violence à coups de ceinture, de branchages..Peu à peu, Abramo va l'envoyer au village pour apporter le lait, le fromage puis lui confier des boeufs pour labourer et aussi pour travailler comme journalier dans des métairies voisines ..

Gavino souffre de sa solitude, de ne pas revenir voir ses frères et soeurs et même ses amis de Siligo..

La Sardaigne est une île pauvre, aride, écrasée en été par la chaleur et glaciale l'hiver avec la pluie, la neige et en plus : Gavino est obligé de lutter contre les puces, la saleté de leur habitat rustique, les moustiques, et les poux, subir même l'invasion de sauterelles qui ravagent les cultures et puis il y aura le gel de 1956 qui fait périr tous les oliviers..

A l'âge adulte Gavino va, comme tous les jeunes du village être tenté par l'émigration pour fuir, avoir une vie meilleure, il fera une tentative pour les mines de Hollande : en vain et, finalement il va s'engager dans l'armée..

Le problème est qu'il ne sait ni lire, ni écrire et, ne parle pas l'italien, de plus il a choisi par erreur une spécialité : le radio-montage qui présuppose d'avoir fait des études de mathématiques jusqu'à la quatrième..Heureusement, il va être aidé par des jeunes gens à qui il raconte sa détresse.. Il réussira tous ses examens à force de volonté et de travail acharné et, il deviendra sergent..Mais, il a pris le gout des études et veut continuer d'étudier : il démissionne..

De retour à Siligo, son père va lui faire comprendre qu'il est un poids mort pour la famille et qu'il doit trouver un travail pour rapporter de l'argent ! A cette occasion, Gavino va enfin se révolter et affronter ce père violent et avaricieux qui a saccagé son enfance !

Gavino Ledda nous offre une biographie émouvante sur son enfance entravée, frustre et solitaire. Mais aussi, la sociologie de la vie rude et pauvre des Sardes dans les années 50, leur émigration massive pour échapper à la misère ! Une belle plume qui, au travers de ses souffrances d'enfant, n'oublie pas d'évoquer sa Sardaigne natale..

L.C thématique de mars 2023 : une biographie.
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Padre Padrone : L'éducation d'un berger sarde

A six ans tout juste, le père de Gavino retire l’enfant de l’école pour en faire un berger, l’emmène dans la montagne au dessus de Siligo, dans le Logudoro – province de Sassari . Il apprendra dans la solitude - glacée en hiver – à garder le troupeau avec la seule compagnie du chien Rusigabedra, de l’âne Pacifico du bruissement des frondaisons des grands chênes-liège ou du torrent. Intimité avec la nature sauvage.

Quelques histoires de bandits sardes.



« Pédagogie » féroce du père : les coups de ceinture ou de branchages au moindre écart. Plus tard, il apprendra à traire et ira même livrer lait et fromage au village.

Apprentissage du métier de berger, mais aussi d’agriculteur. Piocher la vigne d'abord . Dès que l’enfant est assez grand on lui confie une paire de bœufs pour labourer et il devra louer ses bras aux autres métayers.

« la compétition dans le travail servait de fondement moral, elle permettait d’accéder au prestige social » et à la richesse. »

La famille Ledda, quittant le village pour vivre à la bergerie, vit dans une certaine sauvagerie, loin des écoles, des distractions et de la société des hommes. Mais avec le travail acharné du père, la richesse n’est pas loin : ils défrichent les chênes, bonifient les champs et la vigne. La fierté du père est l’oliveraie crée de rien, avec des pousses sauvages, dans une clairière. Les oliviers sont plus « les enfants chéris » du père que ses enfants humains.



« Ce combat effréné pour accroître notre bien, dans une rivalité acharnée avec les autres, n’était qu’un mouvement incontrôlé de notre inconscient, dans la quête rapace de « ce qui est à moi » opposé à ce qui est à toi » terrain obligé du devenir social »



Analyse Gavino Ledda



« chacun de nous était un arbre engagé dans ce combaat impitoyable et cruel en pleine nature : tous les bergers, une chênaie, plongeant à l’envi leurs racines dans le sol et élevant leurs frondaisons en cherchant à avoir le dessus »

Monde d’une cruauté et d’une violence terrible. Renards qui mangent les agneaux, agneaux que les bergers, les valets mal nourris se volent entre eux. Combat avec les éléments : le gel décima en 1956 l’oliveraie réduisant à néant les efforts du père, les sauterelles que l’on combat avec des moyens dérisoires….

Arrivé à l’âge adulte, Gavino, comme tous les jeunes du village, songe à émigrer. Retenu par son père il va s’engager. C’est à l’armée sur le continent que le jeune solitaire, illettré, ne parlant que le Sarde va découvrir la solidarité de tous ceux qui l’aideront à apprendre l’Italien, puis le métier de radio-monteur, puis à faire des études.

Gavino trouve sa voie, il étudiera. Malgré l’opposition du père, malgré les privations.

Et il deviendra écrivain et professeur.



Un chef d'oeuvre!

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Padre Padrone : L'éducation d'un berger sarde



Padre Padrone de Gavino Ledda



L'histoire se passe en Sardaigne ,pour être précis à siligo province de Sassari!

Un père tyrannique , et son fils Gavino (l'auteur)

c'est une biographie du fils vivant dans un monde cruel , avec une violence terrible.

Gavino à six ans est retiré de l'école par son père pour devenir berger .

S'ensuit une vie de folie ,(cela me rappelle le dernier livre que j'ai lu "là ou chantent les écrevisses "

Mais là ce n'est pas Kya dans les marais avec son père autoritaire et brutal )

ici c'est Gavino avec son père violent brutal! je dirais même un fou Sarde .

Déjà, la Sardaigne ,juste au Sud de la Corse est une ile Italienne sauvage et son histoire rude et terrible à formé des

habitants de cette région ,très durs , nature et vie oblige.

Et cela se transmet de père en fils , sauf que là Gavino n'est pas violent mais soumis à l'autorité paternelle

dans une solitude extrême , à garder avec son chien et son âne un troupeau de moutons. Il vivra dans cette férocité ,

agriculteur , berger , laboureur, et tous les travaux de la terre ; loin de toutes les choses qui sont pour un enfant .

Mais avec un acharnement pour avoir plus , accroitre et accroitre encore plus !! (ça ne change pas hélas )



Voila la trame de cette biographie ,je ne vous en dis pas plus Vous verrez en le lisant que vous ne lâcherez plus ce livre magnifique ,

brut comme une pierre ,dans une espérance indéniable de Gavino à sortir de cette enclave qui va le digérer.

Il ne faut pas oublier que quittant l'école à 6 ans il est illettré ?

Mais comment a t-il fait pour écrire ? cette autobiographie ? et Kya comment à t'elle fait ?

Ah , voila le nerf du livre !!



à vous de vous enquérir de cet ouvrage et de le lire , car ce que je vous ai dis , est simple , derrière il y a beaucoup

de réflexions à se faire .



Je le vous recommande fortement , (comme me l'a recommandé un ami Babeliote !)

là il y a des vérités qui font peur, mais aussi celles qui affirment que dans

cette force de l'âme de lutter, de vouloir s'en sortir , l'homme peut devenir un être humain à part entière .



Gâtez vos enfants ,entourez les d'amour , et laissez les grandir avec vous , en leur donnant une vie d'enfant

et quand ils arrivent, plus tard ,laissez les choisir leur vie d'adulte leurs études et leurs métiers .

Voila le Fabiolino vous dis bonne lecture .

Attention Ce livre n'est pas un roman ,Son adaptation au cinéma par les frères Taviani a été couronnée

par la Palme d'Or à Cannes en 1977.
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Padre Padrone : L'éducation d'un berger sarde

L'histoire racontée par Gavino Ledda commence en 1944, lorsqu'il a à peine 6 ans. Après un mois d'effort pour s'habituer aux études et aux copains qui sont plus grands que lui, Gavino est prêt à apprendre. Mais l'arrivée brusque de son père interrompt son apprentissage. Il sera obligé de le suivre à Braddevustrana, à 8 km de la maison. Gavino deviendra berger contre sa volonté. C'est une vie très difficile qu'attend Gavino. Il devra se confronter avec la solitude, la peur, le travail dur, le froid, les puces qui attaquent pendant le sommeil à la belle étoile.

C'est un récit dur et bouleversant que nous livre l'auteur. Les années passées en travaillant comme berger ont laissé des traces : il a des difficultés à communiquer avec les autres, et il est toujours analphabète.

'les efforts physiques auxquels j'avais été condamnés depuis l'âge de six ans m'avaient empêché de pousser plus haut qu'un mètre cinquante-neuf. Je n'étais qu'une broussaille au milieu de la tyrannie des bois.'

Et puis viennent les années cinquante, c'est l'heure du changement et de l'émigration. Gavino voit l'opportunité de sortir de sa condition, mais la route sera longue et semée d'embuches.

Il faut lire le livre pour comprendre ce parcours hors norme, plein de sacrifices et de courage.

Un témoignage sur la résilience qui reste en mémoire. J'ai beaucoup aimé.

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Padre Padrone : L'éducation d'un berger sarde

Dessine-moi une brebis



A Siligo, Gavino Ledda 6 ans fait son entrée à l'école, il est heureux, il progresse vite. Mais alors qu'il s'épanouit dans cet environnement auprès de ses camarades, son père Abramo Ledda, homme rustre, paysan et berger vient l'arracher de ce milieu sans se soucier de l'avis de la maîtresse. Il veut faire de son fils un pâtre, un berger. Peu importe l'âge de l'enfant, ses propres désirs, Gavino est l'aîné de ses enfants et il a besoin de ses bras. Le garçon est ainsi arraché à sa mère, ses frères et soeurs, à ses amis et plonger dans l'isolement au coeur de la Barbagia sauvage. Le rythme de travail auquel son père le soumet ferait pâlir aujourd'hui les organisations de lutte contre le travail des enfants. Ainsi, sous le joug de ce père tortionnaire, Gavino va grandir entravée dans toutes ses libertés auprès de cet homme obnubilé par ses bêtes, ses oliviers, sa terre, la richesse qu'elle porte en elle et qui pourrait le sortir lui et sa famille de la misère. Qu'importe pour lui d'y sacrifier ses enfants.



Après S'accabadora, Padre Padrone nous ramène en Sardaigne sur cette sol aride, porteur de tous les espoirs dont celui de se sortir d'une misère qui prend à la gorge ces familles sardes accablées par une vie de labeur et abusées par quelques propriétaires terriens. Gavino Ledda nous raconte son histoire, l'histoire d'un enfant esclave. Esclave de son père. Padre padrone, "père patron", le titre résume presque tout. Il n'y a pas de place pour vivre l'enfance auprès de cet homme tyrannique, maître plus que père qui ne supporte en aucune façon que son autorité soit remise en question.



"Contrevenir aux lois de mon père, c'était comme nier l'ordre naturel et immuable des choses."



Gavino se pliera aux exigences du pater, pour un temps... Ce qu'il apprendra, il l'apprendra à la rude, sous la pluie, sous la neige, jour et nuit, avec la fièvre au corps, à la limite de la mort. Entre amour et haine de cette terre mais avec la rage aussi de se sortir de cette condition.



Et l'échappatoire, la révolte contre l'autorité viendra d'abord par la musique. Gavino avec l'aide de son oncle (tous deux ligués contre Abramo Ledda), démontrera ainsi, en apprenant à jouer d'un accordéon en un temps record, des capacités d'apprentissage hors normes. Première étape vers la liberté, premier pas vers la différence entre lui et les siens. Puis viendra le temps où porté par l'exemple de ceux qui s'expatrient, Gavino rêvera de fuir sa condition à l'étranger.



"Quand telle est sa condition, on se regarde et on quasiment peur de soi-même. On a honte de son état : le fait d'être nu et que ses racines ne tiennent pas à un sol inspire quelque répugnance, et on voudrait plonger sous terre, mais on n'y parvient point, pas plus que ces plantes infortunées. L'unique chance que l'on ait par rapport à elles, c'est les jambes : la fuite. Émigrer, se noyer dans le réseau noir des mines, voilà qui prend aspect de liberté : dans la désolation où l'on macère, l'émigration semble être la seule arme que l'on puisse retourner contre son milieu et grâce à laquelle on parvienne à cacher ses racines ; l'unique serpe qui permette de se frayer un chemin dans la forêt impénétrable, au moment où l'on est traqué par un incendie effrayant qui va nous brûler et nous réduire en cendres."



C'est finalement l'armée qui lui mettra le pied à l'étrier et lui offrira les meilleures opportunités pour accomplir son destin, un destin non plus tout tracé de berger mais d'homme libre et érudit. Autodidacte, Gavino se fera tout seul, certes avec quelques aides opportunes mais surtout par la force de sa volonté. En n'affrontant plus seulement son père mais un village tout entier loin de vouloir lui reconnaître une autonomie et un avenir autre que celui du travail de la terre.



Les anecdotes prêtent parfois à rire, parfois tristement à sourire. Certains qui ne comprendraient pas quelles pouvaient être les conditions de vie de ces enfants, jeunes hommes, pourraient s'offusquer de certains passages où il est question de relations avec des bêtes. Gavino Ledda nous donne à voir tout de cette misère humaine faite d'isolement et de solitude propre à la condition des bergers. Il ne nous donne pas à voir des portraits polissés, ce qu'il nous montre ce n'est rien moins que ce qu'il a vécu, connu. Des hommes esseulés avec des envies à assouvir, devenus plus animaux eux-mêmes que leurs propres bêtes et ayant pour seule distraction et plaisir la masturbation à la va-vite dans un buisson ou derrière un arbre entre deux corvées.



Roman d'apprentissage, roman autobiographique, roman quasi sociologique : Padre Padrone nous montre certes la misère humaine et la dure loi de la terre mais il nous délivre aussi un vrai message d'espoir. Pour nous dire que nul ne doit vivre dans la fatalité de sa condition et, que si parfois l'on baisse la tête et l'on courbe le dos, c'est pour mieux se redresser ensuite, pour peu qu'on en ait la volonté.



A savoir Padre Padrone a été adapté au cinéma en 1977 et a récolté La Palme d'Or du Festival de Cannes la même année.



En aparté : J'ai en mémoire, ces paysans sardes montés sur leurs ânes croisés au bord des routes. Hommes bourrus aux traits durs, fatigués avant l'heure mais qui portaient dans leur regard cet attachement particulier à leur terre sarde et orgueilleux malgré tout de leur travail. Je les ai vu ces hommes rentrés fourbus de leur journée de travail et moi, je me souviens de mon orgueil d'enfant lorsque lors des promenades familiales "zietta" nous disait "tout ce que tu vois-là et à perte d'horizon vous appartient". Je ne savais pas encore que d'autres hommes travaillaient à l'enrichissement de notre terre. Mes grands parents étaient eux des propriétaires terriens. Alors oui, j'ai eu "conscience" très tôt que mon père avait appartenu à une famille privilégiée, enviée et respectée. Ce qui ne m'empêchais pas de les craindre ces bergers et dans ma crainte il y avait aussi une forme de respect.
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Padre Padrone : L'éducation d'un berger sarde

Ca se passe dans la province de Sassari, en Sardaigne, dans les années 1950. Une enfance rude, trop rude, privée de jeux et d'agrément. le travail éprouvant de Gavino, dès son plus jeune âge, pour épauler son père berger agriculteur. Ce père qui …. Je m'arrête pour ne pas trop dévoiler.

Les saisons, les bêtes, la terre. L'attachement viscéral à la terre. La pauvreté et l'absence de perspectives. Un témoignage touchant grâce au don de rendre vivante cette amère expérience.

L'affrontement entre le père est le fils reste un moment clé – inoubliable.

Curieusement, la dernière partie qui parle d'ouverture au monde tout en apportant une note d'optimisme m'a semblé moins touchante. Comme si l'écriture de Ledda était faite pour le registre tragique.

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Padre Padrone : L'éducation d'un berger sarde

Un livre "coup de poing", impressionnant par ce qu'il raconte plus que par la manière, quoique.. J'avais vu le film - que j'avais trouvé à l'époque magnifique - des frères Taviani, mais n'en garde aujourd'hui qu'un souvenir flou d'images très sombres montrant sans artifices une vie très dure, très pauvre, très rustre et c'est bien ce dont il s'agit, la vie dans une famille où le père (le "père patron" comme dit le titre) élève des brebis pour faire du fromage, cultive des céréales et veut créer une oliveraie. Travaillant lui-même sans cesse il veut que son fils ainé fasse le berger, pour le décharger un peu de ce travail. Je n'en dit pas davantage. C'est en Sardaigne dans les années 1940, puis 50 et cette lecture devrait nous aider à relativiser tous les "problèmes" qu'un français comme moi peut rencontrer aujourd'hui.. A l'époque, dans ce milieu, c'est de survie dont il s'agit.. et de désespoir.

C'est sombre, très sombre, cruel, violent.. mais vrai puisqu'il s'agit d'une autobiographie. C'est aussi - et le film avait cette dimension là - un document ethnosociologique sur cette société très hiérarchisée et sans pitié.

Je ne sais pas si c'est facile de traduire un patois sarde en français mais le texte n'a pas de style particulièrement séduisant, un peu sec et froid (comme la vie qui est narrée) mais la manière dont l'auteur rend compte de son "enfance" (si on peut dire qu'il en a eu une) est tellement lucide et brut de décoffrage que l'expression "coup de poing" est la 1ère qui m'est venue pour qualifier ce récit.

Il y a un tome 2 (la suite) que je lirai si j'en ai l'occasion. Impressionnant !
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Padre Padrone : L'éducation d'un berger sarde

Fort & précieux. Une éducation à la dure, les Spartiates n'ont qu'à aller se rhabiller. Tel père, tel fils? La vita fa schifo ragazzino.
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Padre Padrone : L'éducation d'un berger sarde

Un autre regard sur la Sardaigne et le monde rurale. Très réaliste qui se lit comme un conte, une légende. Un regard sur la pauvreté et la lutte u'il faut employé pour sortir des schémas. Un regard sur l'autorité parentale... Un regard tout simplement...
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Padre Padrone : L'éducation d'un berger sarde

Acheté juste avant de partir à Rome, au rayon Italie de la … (où on n’a pas le droit de lire par terre). Pour les évocations géographiques, j’en suis pour mes frais (à part la place du Palio à Sienne et le « parler pur » des Pisans), et c’est plutôt un essai ethnographique qu’un roman autobiographique. C’est bien écrit, mais c’est loin de moi. Le ton « instit » ?
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Padre Padrone : L'éducation d'un berger sarde

Gavino a 6ans quand son père l’oblige à quitter l’école pour devenir berger. Cet homme rustre l’endurcit et l’exploite. Gavino apprendra à lire au service militaire en Italie et poursuivra des études. Un magnifique journal de cette vie rude en Sardaigne qui rappelle la vie des campagnes et la peine des paysans. Il me tarde de lire la suite
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Padre Padrone : L'éducation d'un berger sarde

Le récit biographique de Ledda, dans sa rudesse, sa simplicité âcre et son déroulé implacable est à mettre dans la famille de ces grands moments de littérature que sont par exemple "Abel dans la forêt profonde", d'Aron Tamasi, ou "La ravine" du jeune Sergueï Essénine.

Mais on ne peut que regretter que l'éditeur n'ait pas jugé bon d'accompagner le texte de quelques réflexions sur les modifications que celui-ci a subi, de la part de Gavino Ledda lui-même, dans les années qui ont suivi son adaptation cinématographique.

On regrettera aussi le peu de soin mis par l'éditeur à cette réimpression : demeure une multitude de coquilles, voire de fautes tout simplement, qui laissent à penser qu'aucune relecture sérieuse n'a été faite avant impression. À quoi on peut ajouter deux ou trois passages où manifestement quelque chose de la phrase a été perdu, obligeant le lecteur à reconstituer comme il le peut le propos de l'auteur.

On attend, bien sûr, la réédition (et on la voudrait, bien sûr aussi, plus soignée) du deuxième volume de "Padre Padrone", épuisé depuis belle lurette.
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Padre Padrone : L'éducation d'un berger sarde

La dureté de la vie du jeune berger sarde nous rappelle la misère du monde paysan d'hier et d'aujourd'hui encore dans bien des pays du monde.
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