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Citations de Georges Charpak (22)


"Seul dans la nuit, dans une vaste et sombre forêt, je ne dispose que d'une petite bougie pour m'éclairer. Survient un inconnu qui me dit : "Souffle ta bougie : tu y verras bien mieux."
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Débusquer la structure intime de la matière était ma passion. Les adeptes de Freud prétendent qu’il faut voir dans la démarche du chercheur la curiosité de l’enfant pour les phénomènes sexuels… Peut-être ont-ils raison car cette curiosité semble vraiment insatiable !
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Nous ne voulons en aucun cas imposer une pensée unique, nous militons au contraire pour le doute, le scepticisme, la curiosité et la science.
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J’enrageais souvent de devoir apprendre ce que l’on appelait les mathématiques modernes qui me semblaient souvent relever d’un art de rendre compliquées et incompréhensibles des choses terriblement simples.
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Toute épouse de physicien sait — généralement elle s’en plaint — : quelle insolente rivale est la physique. Elle sait d’ailleurs qu’elle n’a plus qu’à capituler … ou à composer ! La physique ressemble à la plus exigeante et parfois à la plus destructrice des maîtresses. Nuit et jour, été, hiver, matin, soir, elle vous poursuit, vous envahit, vous comble ou vous désespère. Et vous l’aimez éperdument, incapable de vous en passer, ne serait-ce qu’une journée. Elle vous dévore comme la plus intense des névroses obsessionnelles. Mais elle vous donne l’excitation, la joie, la jouissance la plus aiguë !
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Des expériences ont en effet montré que le pouvoir persuasif de déclarations vagues et générales est supérieur aux descriptions appropriées.
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p. 200
Ce rabaissement de l'homme est bien mis en évidence dans la technique sectaire qui consiste à dépersonnaliser l'individu. Le leitmotiv consiste toujours à déclarer que des "forces" peuvent être canalisées par certains individus (les "élus", les "messies", les "surdoués" ; les autres n'étant que valetaille tout juste bonne à s'émerveiller) qui pourtant sont pas les générateurs de ces forces, de ces pouvoirs, mais uniquement les "focalisateurs", les "médium".
On assiste ainsi à une mystification de la connaissance qui a pour résultat une conception du monde dont de nombreux éléments sont irrémédiablement hors du champ de compréhension - donc du contrôle - de la majorité des individus. Cette pensée ésotérique induit une stratification du monde - ceux qui ont des pouvoirs, savent et agissent tout en haut et, loin en dessous, ceux qui s'étonnent, admirent et suivent sans comprendre - débouchant sur le fatalisme béat et la dé-responsabilisation des individus.
Attitude scientifique et comportement citoyen nécessitent en fait le même terreau mental et moral spécifique pour leur développement. Une société véritablement démocratique présuppose nécessairement des citoyens aptes à la réflexion. Voilà pourquoi il serait encore plus grave qu'on ne le pense généralement que l'esprit scientifique, c'est-à-dire l'esprit critique, se trouve submergé par la crédulité. N'oublions jamais que le droit au rêve ne prend toute sa valeur qu'accompagné du droit à la lucidité.
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N'écoutez que vous même
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Des expériences ont en effet montré que le pouvoir persuasif de déclarations vagues et générales est supérieur aux descriptions appropriées.
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On assiste ainsi à une mystification de la connaissance qui a pour résultat une conception du monde dont de nombreux éléments sont irrémédiablement hors du champ de compréhension - donc du contrôle - de la majorité des individus. Cette pensée ésotérique induit une stratification du monde - ceux qui ont des pouvoirs, savent et agissent tout haut et, loin en dessous, ceux qui s’étonnent, admirent et suivent sans comprendre - débouchant sur le fatalisme béat et la déresponsabilisation des individus.
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[...], les hommes de médias devraient prendre leur place, toute leur place, et réfléchir sérieusement aux notions de neutralité et de responsabilité. De nombreux acteurs desdits médias ont, en effet, une fâcheuse tendance à se retrancher derrière leur "nécessaire" neutralité pour nous présenter des reportages sans enquête sérieuse, des informations "brutes", sous prétexte que l'auditeur saura juger de lui-même. Ils oublient simplement - ou feignent d'oublier - qu'un esprit critique s'exerce à vide s'il n'est pas suffisamment informé et informé de façon suffisamment objective.
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Mais ce qui est extraordinaire, c'est qu'une alarme stridente est désormais sonnée lorsque des détecteurs décèlent une contamination dix ou cent fois plus faible que celle due au potassium naturel. C'est un véritable fond de commerce ou un tremplin vers le pouvoir pour certains groupes. On a pu voir à la télévision des ingénieurs convaincus, des âmes soucieuses de leurs infortunés compatriotes, dirigeant un laboratoire indépendant de mesure de la radioactivité (...), crier au loup à une heure de grande écoute parce qu'il s'agissait évidemment d'une nouvelle renversante, et annonçait qu'une laine de verre était radioactive et contribuer ainsi à faire chuter les actions de la puissante société industrielle (...) qui la produisait, ou bien dénoncer une innocente plage du midi de la France, près du Grau-du-Roi, dont les sables étaient radioactifs ! C'était certes vrai, mais ce sable provenait tout simplement de l'érosion des roches naturellement radioactives de massifs montagneux, transportée par les cours d'eau jusqu'à la mer. On a vu lancer des études coûteuses, se chiffrant sans doute en millions de francs, juste pour analyser les effets nocifs de l'uranium appauvri utilisé dans les obus antichars pendant la guerre du Golfe dont celui dû à la radioactivité était nul, d'évidence, car son intensité car son intensité inférieure à celle que l'on respire à quatre pattes dans l'herbe, le nez dans les fleurs des champs, en raison de l'émission d'un gaz radioactif naturel, le radon, qui accompagne la désintégration de l'uranium présent dans toute la croûte terrestre et dans beaucoup de maisons. La dépendance à l'égard d'un préjugé idéologique peut contraindre à d'étonnants travestissements de la réalité.
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La plupart des tensions actuelles résultent de la décolonisation brutale, indifférente aux conséquences, qui fit suite à la colonisation. Nous ne nierons pas que celle-ci fut un des fruits pervers d'une supériorité essentiellement due à l'exploitation malsaine de la science. L'un des foyers les plus menaçants à l'époque actuelle - l'ancienne Palestine, à présent Israël - résulte plus directement des séquelles de la Seconde Guerre mondiale.

Les chiffres d'abord : environ quinze millions de Juifs vivaient sur la planète avant la guerre ; le nazisme en assassina six millions dans les chambres à gaz ou sous les balles. C'est à la suite de cette tentative d'extermination que l'idée d'un État juif s'imposa aux survivants.

Theodor Herzl avait été le prophète de cet état d’Israël. C'était le type même du Juif viennois bien assimilé, avant son séjour à Paris comme journaliste pour couvrir l'affaire Dreyfus qui éclata en 1895. Des hommes épris de justice s'indignèrent de la condamnation à dix ans de bagne d'un homme dont l'innocence ne faisait aucun doute. Émile Zola, qui avait fustigé la décision dans son célèbre libelle J'accuse fut condamné à son tour à un an de prison et 3000 francs or d'amende.
On vit alors des foules excitées descendre dans la rue. Des magasins juifs furent pillés ou saccagés. Des écrivains célèbres, tels Maurice Barrès, hurlaient avec les loups : " les étrangers n'ont pas le cerveau fait de la même façon que le nôtre. (...) Baissons un peu la voix, restons entre nous quand nous traitons des affaires communes à notre race " ( La Cocarde, 23 octobre 1894) ou encore : " En toutes choses la race sémitique nous apparaît comme une race incomplète par sa simplicité même. Elle est, si j'ose dire, à la famille indo-européenne ce que la grisaille est à la peinture, ce que le plein-chant est à la musique moderne" ( Mes Cahiers, p.120). Herzl, témoin de ces désordres, perdit sa foi antérieure dans la possibilité d'une assimilation véritable des Juifs dans la société, même dans un pays aussi démocratique et civilisé que la France. C'est alors qu'il décida de lutter pour la création d'un État Juif qui accueillerait une grande partie de ce peuple en Palestine.

Avec le temps, le sionisme trouva peu à peu un écho suffisant pour devenir une force politique. Lorsque la Seconde Guerre mondiale prit fin, devant l'horreur du massacre de six millions de Juifs, la plupart des États européens et l'Union soviétique acceptèrent le projet de la création d'un État d’Israël. Certains de ces pays se vidèrent presque entièrement des rares Juifs rescapés et devinrent Judenfrei, accomplissant ainsi de manière paradoxale le rêve de Hitler. Des millions de Juifs accoururent du monde entier vers Israël, dont un million venant des pays arabes.

Ainsi, contre vents et marées, l’État d’Israël naissait, et il a survécu. Il n'avait rien à envier aux vieilles démocraties pour la qualité de ses institutions et l'activité y était remarquable dans beaucoup de domaines. Il y avait pourtant une ombre au tableau : l'injustice initiale à l'égard des précédents habitants qui avaient été spoliés. Les Israéliens font valoir le fait que ces Arabes refusèrent d'adhérer à un plan de partage qui avait été proposé par l'ONU, mais il est clair que les Palestiniens n'avaient pas la moindre responsabilité dans le massacre des Juifs européens et qu'ils n'en ont pas moins payé le prix fort en perdant leur patrie.

Il y avait des précédents. A la même époque, le président de Tchécoslovaquie Edvard Benes avait exproprié par décret et fait expulser dans des conditions souvent effroyables trois millions de personnes appartenant aux anciennes minorités allemandes et hongroises de son pays, accusées de collaboration passée avec les nazis. Et pourtant personne, même parmi les Sudètes, n'a songé à une solution militaire car les populations exilées furent intégrées dans des sociétés démocratiques. Ce ne fut pas le cas des Palestiniens qui furent même massacrés par dizaines de milliers en Jordanie et au Liban lorsqu'ils voulurent dominer les pays où ils étaient réfugiés.

Beaucoup sont devenus des parias, parqués dans des camps bordant Israël, condamnés à végéter par l'indifférence d'une communauté internationale leur fournissant tout juste le minimum indispensable pour survivre biologiquement. Là se sont constituées des poches de misères et de désespoir, terreau de toutes les frustrations sociales, politiques, religieuses, idéologiques.

On y ressent évidemment la spoliation du territoire, qu'on pense ne pouvoir récupérer que par les armes, ce qu'on pourrait appeler le " syndrome de l'Alsace-Lorraine ". N'a-t-il pas été parmi les causes de la Première Guerre mondiale ? Combien d'hommes politiques français auraient-ils admis alors qu'une guerre serait trop cher payé ces terres perdues ? Combien auraient imaginé que le problème se trouverait un jour résolu dans une Europe apaisée ? Les peuples, hélas !, n'ont pas cette patience de visionnaire.

La recherche d'alliés dans cette lutte, arabes eux aussi mais concurrents, a fait proliférer les groupes autonomes, richement dotés par les gouvernements de la région mais qui ne sont guère que des pions dans des affrontements qui les dépassent.

Cette tragédie comporte peut-être une leçon. Alors que l'Europe semble sortir de ses guerres innombrables, voici un endroit - non le seul -, l'Antique Palestine, où la mémoire d'épreuves récentes se heurte à des traditions millénaires. L' histoire rappelle ce qu'elle est aussi : un conservatoire de haine envers ceux qui descendent des ennemis de jadis, un musée des gloires ternies, un réceptacle d'ombres....
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Placer un homme quelque part sur une île et au bout d’un certain temps, il créera sa propre religion. Elle est la réaction de l’homme face à l’inconnu. Le scientifique, celui qui expérimente, peut s’extasier à l’infini, comme nous le faisons devant les lois de la nature. L’homme, sur son île s’extasiera devant la répétition des phénomènes comme le coucher ou le lever du soleil. Il comprendra qu’il est gouverné par des puissances qui ne sont pas à l’échelle humaine.
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Cette solidarité va de pair avec une aide au développement qui ne résoudra rien par le miracle des seules lois du marché mais aura peut-être un effet avec un énorme investissement dans l’éducation, seul antidote à la prise en main par des intégristes religieux ou politiques transmettant leurs transes à des foules assommées par la misère et abruties par l’ignorance.
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La validation subjective fait percevoir comme reliés deux événements qui ne le sont pas et cela simplement parce qu’une envie, une hypothèse ou une croyance demande ou nécessite une telle relation, en l’occurrence simplement parce que l’horoscope l’annonce. Ce qui induit un comportement superstitieux, un comportement fondé sur la conviction que ses propres actions déterminent le cours des événements même s’il n’en est rien dans la réalité."
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Dans son ignorance, Dame Nature a négligé le fait qu'un centime de cette brique essentielle était radioactif et pourrait terroriser quelque écologiste anxieux. Sa vie moyenne est de 1,3 milliards, si bien que sa radioactivité subsiste de nos jours, elle est d'ailleurs aisément mesurable grâce à la sensibilité miraculeuse des détecteurs de particules. On découvre ainsi que le corps humain d'un adulte est le siège de près de 6 000 désintégrations du potassium par seconde. Celui-ci émet surtout des électrons et des rayons gamma très énergétiques qui peuvent sortir du corps et irradier la personne innocente, et sûrement inconsciente du danger, qui partage le même lit. Les spécialistes et les citoyens qui traquent la radioactivité disent qu'elle est de 6 000 becquerels dans notre corps à cause du potassium. Bien entendu, ce n'est pas notre seule source d’irradiation. Notre environnement naturel, la terre et le ciel, nous en octroie généreusement au moins vingt fois plus.
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Parmi les cendres d'étoiles consumées dont l'agglomération créa la Terre, il se trouva quelques éléments radioactifs lourds, comme l'uranium et ses semblables, mais aussi le potassium. On le rencontre dans tous les tissus vivants. Il est essentiel à la vie. Son absence conduit à des maladies graves et souvent létales.
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Une affirmation extraordinaire nécessite une preuve plus qu'ordinaire. (p204)
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Il serait néfaste que le besoin de consolation se traduise par une vulnérabilité exagérée aux chants de sirènes des marchands d'illusion que nous croisons sur notre chemin. (p17)
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