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Citations de Georges Eekhoud (26)


"La nuit attendrie prête à ces pensées vagues. L'obscurité diaphane rappelle de sombres pierreries. Les ténèbres scintillent comme si, trop véhéments, les parfums dont elles sont saturées, avaient pris subitement feu. Les phosphorescences intermittentes des vers luisants s'accordent avec le cri-cri des grillons..."
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(...) un adolescent mieux découplé et plus élancé que les compagnons de son âge, aux reins cambrés, au teint d'ambre, aux yeux de velours sous de longs cils noirs, à la bouche charnue et très rouge, aux narine dilatées par de mystérieuses sensualités olfactives, aux cheveux noirs plantés drus, avantageusement moulé dans son méchant costume qui adhérait à ses formes comme leur pelage aux membres élastiques des félins...
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Malgré la touffeur, au milieu du petit estaminet servant d'antichambre à la salle de danse rougeoyait un grand poêle flamand à l'ardeur duquel, machinalement, des fumeurs de pipes venaient exposer le bas de leur dos, en remontant le bas de leurs vestes.

Dans le tas de lurons qui s'affriolaient de houblon, d'alcool, de vertige et de chair, l'un d'eux mémorable - à preuve ce récit - nous requit aussitôt par son galbe hors pair, une étonnante souplesse de mouvements, une élégance inattendue.

Une jolie tête brunette et souriante aux vifs yeux noirs, légèrement bridés, sur un corps extrêmement bien fait. La dégaine délurée, il porte un complet mastic qui, par hasard, à l'air d'avoir été taillé sur mesure et un chapeau boule, chocolat, qu'il rejette en arrière. Et le débraillé, l'air casseur qui choquerait chez les autres polissons de sa trempe, lui sied comme une grâce et un affinement de plus.
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Et ses lèvres ayant repris les lèvres de l'enfant éperdument offertes aux siennes, Guidon et Henry confondirent leurs haleines dans un suprême baiser. Blandine leur ferma les yeux, à tous deux.
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Mais non, la nature ne désavoue, ne répudie rien de ce qui nous béatifie. Ce sont les religions bibliques qui veulent que la terre nous ait enfantés pour l'abstinence et la douleur. Imposture ! L'exécrable créateur que celui qui se complairait en la torture de ses créatures ! A ce compte, le pire des sadismes serait celui d'un prétendu Dieu d'amour ! Notre supplice ferait sa volupté !...
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Entourée de pacages fertiles, elle fait l'effet d'un désert dans une oasis. Elle ne couvre pas une importante superficie, mais tel est son caractère abrupt qu'elle produit une impression grandiose et soufflette, par son attachante frustes, la banale et grasse cocagne d'alentour
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La ferme du Boschhof ou « Maison Forestière » était située entre Wortel et Ippenroy.
Pays désolé mais plein de caractère, comme disent les peintres d’aujourd’hui : des bruyères couleur de rouille, des sapins d’un vert noirâtre, des genêts d’or, çà et là un de ces marais glauques et figés, entourés de genévriers, que nos paysans appellent « vennes », de rares chênayes, des cultures plus rares, trois ou quatre clochers ayant l’air de se faire des signaux par-dessus des lieues de landes, et presque toujours un grand ciel nuageux, aussi mobile, aussi tourmenté que la pleine est quiète et amortie.
Le contraste s’étend du décor à la population : au noyau des habitants primitifs, gens résignés et laborieux, sont venus s’ajouter, à cause du voisinage de la frontière hollandaise et du Dépôt de mendicité d’Hoogstraeten, quelques rafalés, d’humeur moins chrétienne, vivant de contrebande, braconnage et de maraude.
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[...] un peu de cette volupté de souffrance qu'ils ont appelée de ce joli nom : masochisme !
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- Oh pitié ! Je ne sais ce que j'éprouve, mais je te veux pour moi seul, sans partage... Pourquoi imiter les bêtes, et faire comme les autres ? Ne nous suffisons-nous point ? Penses-tu être jamais aimé comme par ton Gérard ? Suspendons, en ce qui nous concerne, la création prolifique. Ne naît-il point assez de créatures ? Vivons pour nous deux, pour nous seuls.
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Certains détails du paysage contractent [...] une signification poignante, presque fatidique. La nature paraît souffrir de remords. Les nuées arrêtent et accumulent leurs funèbres cortèges au-dessus d'une mare prédestinée à une noyade, à un théâtre de crime et de suicide...
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— Ah ! ville superbe, ville riche, mais ville égoïste, ville de loups si âpres à la curée qu’ils se dévorent entre eux lorsqu’il n’y a plus de moutons à tondre jusqu’aux os. Ville selon le cœur de la loi de Darwin, Ville, féconde mais marâtre. Avec ta corruption hypocrite, ton tape-à-l’œil, ta licence, ton opulence, tes instincts cupides, ta haine du pauvre, ta peur des mercenaires ; tu m’évoques Carthage…
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Souvent au coucher du soleil, la bruyère s’avive, scintille, rougoie ; la nappe fleurie déferle comme un lac tragique, et les religieuses améthystes se convertissent en rubis sanglants
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Quelquefois, sensible à une parole émue, il promettait de se ranger; il ferait un effort et se contenterait de l'existence commune aux gens rassis ou plus ou moins posés; mais ces sages résolutions l'abandonnaient au premier froissement que lui causaient la platitude et la morgue bourgeoise.
P. 330
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Il arrive que l’origine de ces discordes soit plus futile encore ; mieux vaudrait dire que le prétexte n’existe même pas, à moins qu’il n’ait existé toujours et que ces échauffourées ne proviennent d’un antagonisme immémorial. Peut-être y a-t-il pour nos coureurs de rues la saison des coups de poing, comme il y a celle de la toupie, de la balle, de la marelle et des billes ?
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De l’habillement du voyou c’est la casquette qui change le plus souvent de mode. Une saison, ils la demandaient à visière jaune comme le bec des merles, ce qui accentua le caractère effronté et gouailleur de tant de physionomies. Puis ils voulurent la casquette de laine verte ou écossaise des joueurs au cricket, ou la toque du jockey, tirée sur les oreilles.
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Beaucoup n’ont qu’un temps, une saison de beauté. Ils passent comme une fleur, un insecte rare. Précoces, ils mûrissent trop vite. Rien de plus intensif que l’atmosphère de leur milieu. Aussi se fanent-ils prématurément. Leur vie n’est qu’une aube, qu’une adolescence. Heureusement, ils sont aussi prolifiques qu’éphémères et leur progéniture leur ressemble bientôt pour mes suprêmes délices.
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« A tes pieds »
Je m'habituais délicieusement au brouillard de tristesse, doucement enivrant, qui se dégageait de tout ce qui m'entourait. Je passais de longues heures dans la bibliothèque, assis près de la fenêtre, laissant courir indolemment mon regard sur la vague toujours agitée des herbes que le vent faisait houler, dans un perpétuel remous. Par une échappée, à ma droite, je voyais courir l'eau verte de la rivière et plongé en l'exquise somnolence qu'apporte la monotonie des sensations répétées, j'éprouvais un tel bien-être que j'en venais à comprendre les délicieux engourdissements de l'éternelle solitude. Il y a dans l'éloignement de tout, dans l'absorption en soi-même, dans la répercussion de la nature sur le Moi immobile, une jouissance qui touche de bien près à celle du Nirvâna hindou.
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« La Pirane »
A vingt cinq ans, elle perdit son père ; un mois plus tard mourut sa mère ; et cette année de deuil (car elle aimait ses parents) fut marquée par un autre drame : être amoureuse.
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« Le chevalier aux hermines »
Tous nous connaissions le « Château du Diable », pour avoir impunément commis la même imprudence, peut-être, qui venait de coûter la vie à notre camarade. Nous évoquions le colosse de granit dominant l'océan et les dunes. A son sommet la falaise, hérissée et farouche, se recourbait en tête d'oiseau monstrueux, et sous le bec, face à la mer, abritait une excavation si étroite et si peu profonde qu'on ne pouvait s'y tenir debout. Pour y atteindre, il fallait franchir un sentier de pierre nue, large d'une semelle, muré à droite d'âpre granit, et à gauche surplombant, dans le vide, à soixante pieds, l'éternelle bataille des flots, dont le sourd ébranlement et la clameur assourdissante montaient comme une menace au cœur des plus téméraires. Jean Rosnoën avait-il voulu passer par là, et atteindre la grotte aérienne ? Le vertige alors l'avait précipité, et son corps avait disparu parmi les lames et les récifs.
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"Gentillie"
- Je ne l'ai vu, ni entendu ! Je ne le connais que par tout le mal que le village raconte. Et pourtant il me semble que je l'ai toujours là, devant les yeux. Et sa pensée me remplit tout entière... Et cela bourdonne dans ma tête comme la si douce musique de l'orgue et j'en suis toute parfumée, comme si je m'étais couchée dans les foins... Oui, plus ils le disent laid, repoussant et sordide, plus je me le représente aimable, appétissant, plein de ragoût...
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