"La nuit attendrie prête à ces pensées vagues. L'obscurité diaphane rappelle de sombres pierreries. Les ténèbres scintillent comme si, trop véhéments, les parfums dont elles sont saturées, avaient pris subitement feu. Les phosphorescences intermittentes des vers luisants s'accordent avec le cri-cri des grillons..."
(...) un adolescent mieux découplé et plus élancé que les compagnons de son âge, aux reins cambrés, au teint d'ambre, aux yeux de velours sous de longs cils noirs, à la bouche charnue et très rouge, aux narine dilatées par de mystérieuses sensualités olfactives, aux cheveux noirs plantés drus, avantageusement moulé dans son méchant costume qui adhérait à ses formes comme leur pelage aux membres élastiques des félins...
Malgré la touffeur, au milieu du petit estaminet servant d'antichambre à la salle de danse rougeoyait un grand poêle flamand à l'ardeur duquel, machinalement, des fumeurs de pipes venaient exposer le bas de leur dos, en remontant le bas de leurs vestes.
Dans le tas de lurons qui s'affriolaient de houblon, d'alcool, de vertige et de chair, l'un d'eux mémorable - à preuve ce récit - nous requit aussitôt par son galbe hors pair, une étonnante souplesse de mouvements, une élégance inattendue.
Une jolie tête brunette et souriante aux vifs yeux noirs, légèrement bridés, sur un corps extrêmement bien fait. La dégaine délurée, il porte un complet mastic qui, par hasard, à l'air d'avoir été taillé sur mesure et un chapeau boule, chocolat, qu'il rejette en arrière. Et le débraillé, l'air casseur qui choquerait chez les autres polissons de sa trempe, lui sied comme une grâce et un affinement de plus.
Et ses lèvres ayant repris les lèvres de l'enfant éperdument offertes aux siennes, Guidon et Henry confondirent leurs haleines dans un suprême baiser. Blandine leur ferma les yeux, à tous deux.
Mais non, la nature ne désavoue, ne répudie rien de ce qui nous béatifie. Ce sont les religions bibliques qui veulent que la terre nous ait enfantés pour l'abstinence et la douleur. Imposture ! L'exécrable créateur que celui qui se complairait en la torture de ses créatures ! A ce compte, le pire des sadismes serait celui d'un prétendu Dieu d'amour ! Notre supplice ferait sa volupté !...
La ferme du Boschhof ou « Maison Forestière » était située entre Wortel et Ippenroy.
Pays désolé mais plein de caractère, comme disent les peintres d’aujourd’hui : des bruyères couleur de rouille, des sapins d’un vert noirâtre, des genêts d’or, çà et là un de ces marais glauques et figés, entourés de genévriers, que nos paysans appellent « vennes », de rares chênayes, des cultures plus rares, trois ou quatre clochers ayant l’air de se faire des signaux par-dessus des lieues de landes, et presque toujours un grand ciel nuageux, aussi mobile, aussi tourmenté que la pleine est quiète et amortie.
Le contraste s’étend du décor à la population : au noyau des habitants primitifs, gens résignés et laborieux, sont venus s’ajouter, à cause du voisinage de la frontière hollandaise et du Dépôt de mendicité d’Hoogstraeten, quelques rafalés, d’humeur moins chrétienne, vivant de contrebande, braconnage et de maraude.
Entourée de pacages fertiles, elle fait l'effet d'un désert dans une oasis. Elle ne couvre pas une importante superficie, mais tel est son caractère abrupt qu'elle produit une impression grandiose et soufflette, par son attachante frustes, la banale et grasse cocagne d'alentour
- Oh pitié ! Je ne sais ce que j'éprouve, mais je te veux pour moi seul, sans partage... Pourquoi imiter les bêtes, et faire comme les autres ? Ne nous suffisons-nous point ? Penses-tu être jamais aimé comme par ton Gérard ? Suspendons, en ce qui nous concerne, la création prolifique. Ne naît-il point assez de créatures ? Vivons pour nous deux, pour nous seuls.
Certains détails du paysage contractent [...] une signification poignante, presque fatidique. La nature paraît souffrir de remords. Les nuées arrêtent et accumulent leurs funèbres cortèges au-dessus d'une mare prédestinée à une noyade, à un théâtre de crime et de suicide...
[...] un peu de cette volupté de souffrance qu'ils ont appelée de ce joli nom : masochisme !