Georges-Emmanuel Hourant

Nous sommes habités par une peur profonde, qui du point de vue de l'ego est la peur de ne plus exister. Nous vivons sous la direction de ce que j'appellerai "le dieu de la peur"... Nous avons grandi en essayant de contrôler notre vie, nous imaginant que certaines choses pourront nous sauver, comme avoir le bon mari ou la bonne épouse, des enfants, un meilleur travail, plus d'argent, des biens matériels....Mais rien de tout cela, en réalité, ne peut nous sauver... Pour que commence le voyage spirituel, nous devons être capables de toucher cet endroit où notre foi a été endommagée, être capable de toucher la nuit obscure de notre âme... C'est seulement lorsque nous sommes à genoux que nous savons que tout a échoué, que commence pour la première fois le voyage spirituel. S'établit alors un processus que je ne peux expliquer, qu'on pourrait peut-être appeler "la Grâce."

La vie spirituelle se caractérise en premier lieu par l'expérience, et non par la croyance en une vérité établie par quelqu'un d'autre.

La pratique du Bouddha ne peut se concevoir qu'avec les autres et pour les autres.... Ainsi chacun est comme un maillon dans une chaîne et cela permet de prendre conscience de ce qu'est un don C'est important car nous vivons dans une société du "donnant donnant", où tout est pris comme un dû. Pour moi, tout est comme un cadeau. Dans chaque chose qui arrive vers nous, tout l'univers a participé.... Voir cela agrandit notre coeur. On devient "relié".

Si l’on pratique seul, on ne peut aller très loin. On risque de se perdre dans l’action —même si cette action est conçue comme une action menée au nom du dharma. Notre pratique a besoin d’être soutenue par celle des autres et réciproquement ; sans quoi elle devient faible. On peut aider avec des mots, bien sûr, mais la meilleure manière d’aider les autres est de vivre ensemble le quotidien, en formant une famille spirituelle : on médite ensemble, on mange ensemble, on travaille ensemble, on partage notre expérience de la pratique et notre compréhension. Ainsi chacun a plus d’énergie. Prendre refuge dans la sangha n’est pas une déclaration de foi : c’est un engagement quotidien. Vous devez considérer la sangha comme votre propre corps ; regarder avec l’œil de la sangha, écouter avec l’oreille de la sangha. Ce qui arrive à la sangha vous arrive ; son bonheur est votre propre bonheur, sa souffrance votre propre souffrance. On se comporte à l’image d’un essaim d’abeilles. On obtient ainsi une intelligence collective, qui détermine toute décision collective, et on génère de la fraternité, sans laquelle il ne peut y avoir ni joie ni bonheur véritables.

C'est l'amour qui relie tous les éléments de l'univers. L'amour est le fondement, la beauté et l'accomplissement de la vie.

L’enseignement du Bouddha est une invitation à toucher la nature de la réalité, ce n’est pas un endoctrinement. (A ce moment, Thich Nhat Hanh craque une allumette et la laisse se consumer.) Regardez cette allumette. Elle produit la flamme et la flamme permet d’allumer une lampe ou un bâton d’encens. Ce dont vous avez besoin, c’est de la flamme et non de l’allumette. L’enseignement du Bouddha n’est pas l’éveil, c’est un moyen pour y parvenir.
Aussi ne cherchez pas l’allumette, cherchez la flamme. Si vous êtes attaché à l’enseignement, vous perdez tout. S’entraîner à regarder les choses en termes de vide, de non-soi, de non- apparence, ce n’est pas s’endoctriner mais utiliser les enseignements du Bouddha de manière intelligente, habile. Avec l’enseignement du Bouddha, vous pouvez produire la sagesse et, alors, vous êtes libre de l’enseignement ; l’allumette est consumée par la flamme.

En réalité, plus on donne, plus on a la capacité de donner. C'est comme lorsqu'on tire de l'eau d'un puits : plus on puise, plus l'eau monte.... Par l'humilité et la patience, nous pouvons atteindre beaucoup de choses dans la vie. Si nous devenons zéro, nous devenons un héros.

Imaginer que Dieu a besoin de nous, ce serait comme imaginer que le soleil a besoin d'une bougie pour éclairer. Il y a cependant dans le monde tellement de souffrances, tellement de gens qui ont besoin d'aide, qu'on doit venir à leur niveau pour pouvoir leur porter secours.

Le plus important est de générer l’énergie de la pleine conscience. C’est la pratique de base, qui comporte deux aspects. Premièrement, se mettre en contact avec les choses rafraîchissantes, positives —si vous n’êtes pas en contact avec les choses positives de la vie, vous n’aurez pas assez de force. Deuxièmement, si la douleur survient, la pleine conscience vous donne la capacité de la reconnaître et de la comprendre et puis de l’embrasser, la calmer comme une maman le fait avec son bébé.

De grands mystiques peuvent se dire chercheurs de vérité. Mais nous, nous avons juste à apporter notre grain de sable au monde qui nous entoure et à nous-mêmes si nous le pouvons...L'amour humain lorsqu'il est authentique, est une préparation à l'amour de Dieu. La liberté, la générosité, le respect, le don de soi, tout ce qui peut se passer entre deux êtres humains, dans l'amour ou l'amitié, nous préparent à l'amour ultime.