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Citations de Gitta Sereny (91)


Les réactions au livre ont révélé un autre aspect, d'après moi très significatif : le refus, chez certains commentateurs, de croire les souvenirs de Mary. Ils jugeaient impossible qu'elle eût été abusée sexuellement de 4 à 8 ans par les clients de sa mère [prostituée] et en présence de celle-ci. Cela démontre, une fois de plus, que quelques experts - ils sont peu nombreux, mais tenaces - et un grand nombre de personnes tout à fait convenables demeurent incapables de supporter l'existence même de la pédophilie, ce qui, étant donné le nombre de faits qui devraient s'imposer à eux, est presque aussi stupéfiant que la pédophilie elle-même.
Quiconque a travaillé auprès d'enfants abusés sexuellement sait à quel point ils ont du mal à en parler. Ils ne comprennent pas l'horreur de ce qui se passe, d'autant qu'ils sont soumis à un lavage de cerveau de la part de leur père ou de leur mère, ou des deux, consistant à leur faire croire que ce qui leur arrive arrive à tous les enfants. De sorte que nous sommes, encore aujourd'hui, souvent incapables de détecter et par là de prévenir ces abus.
(p. 484-485)
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... lorsqu'il y a un plus fort et un plus faible, le plus faible rend l'autre plus fort en se montrant plus faible...
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Elle avait un oiseau, une mésange bleue qu'elle nourrissait tous les matins. J'ai vu plusieurs fois ce petit oiseau, il semblait l'attendre, toujours au même endroit. Quand quelqu'un s'approchait, elle faisait semblant de le chasser, ça ne se faisait pas de montrer de la tendresse en prison.
(p. 295)
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Les travailleurs sociaux [...] sont souvent extrêmement protecteurs de la vie privée de leurs 'clients'. On peut comprendre pourquoi, mais dans la pratique, leur priorité étant - si les parents ne sont pas notoirement négligents ou abusifs - de maintenir les familles unies à presque n'importe quel prix, cette apparente bienveillance a pour résultat de mettre les enfants en danger.
(p. 110)
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(...) personne, même s'il l'éprouve, ne peut manifester du chagrin en continu.
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[l'auteur en conclusion]
Je voulais montrer comment une histoire aussi terrible pouvait avoir lieu, mettre en lumière les nombreuses failles qu'elle révèle. D'abord dans la famille, mais aussi dans la société, quand la parentèle se protège en resserrant ses rangs contre les étrangers sans se préoccuper des conséquences, quand les voisins ferment les yeux, quand les policiers sous-estiment le danger des conflits parents-enfants et le plus souvent prennent la défense des parents (sauf dans les rares cas où des enfants dénoncent des abus sexuels), quand les travailleurs sociaux protègent leur relation avec ces derniers aux dépens des enfants, quand les instituteurs, débordés, mal formés à la détection des troubles psychologiques, ne voient pas ce qu'ils ont sous les yeux...
Dans le monde anglo-saxon, et particulièrement en Grande-Bretagne, nous ne nous contentons pas d'être discrets, nous vouons un culte à la vie privée. Nous n'observons pas les enfants de nos voisins. Surtout, nous ne les écoutons pas, nous ne sommes pas - pardonnez-moi de le répéter encore - à l'écoute de leurs cris, de leurs pleurs, de leurs appels.
(p. 479)
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« Je pense qu'il faut que quelqu'un comprenne et explique comment des crimes aussi terribles que ceux commis par Mary [Bell en 1968], celui des deux garçons de 10 ans qui ont tué James Bulger [1993, Royaume-Uni] et beaucoup d'autres, commis par des enfants, peuvent se produire. Il n'est pas question de chercher des excuses ou de légitimer de tels actes, mais devant l'horreur du public, pleinement justifiée, et la rapide acceptation du terme 'diable' pour désigner les responsables, les gens ont tendance à oublier qu'il s'agit ou s'agissait d'enfants. Il s'agissait d'enfants, avait-elle répété avec emphase. Des enfants qui, avant ce qu'on pourrait appeler leur 'explosion' dans ces actes de violence, portaient un poids inconnu ou ignoré par tous les adultes responsables. »
D'expérience, elle savait que des enfants comme Mary et les deux jeunes meurtriers de James Bulger étaient bien trop jeunes pour comprendre eux-mêmes l'impact de leur enfance malmenée sur leurs actes.
(p. 40)
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En prison, ce que tout le monde combattait sans relâche, c'était la monotonie. « Comme je vous l'ai dit, la semaine on faisait toujours la même chose et les week-ends, c'était pire : si vous n'aviez pas de visite, il n'y avait rien à faire, absolument rien. C'était l'ennui, l'ennui, l'ennui, donc même si c'était horrible pendant la semaine, on attendait impatiemment le lundi pour retourner au travail. En même temps, ils essayaient de nous rendre la vie plus supportable, en nous faisant changer de lieu de travail tous les trois mois et même avant si on s'appliquait. »
(p. 295)
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- Evidemment, j'ai repéré qu'il y avait beaucoup d'autres relations [entre détenues] et à quel point ces relations tenaient une place importante dans la vie de la prison - la seule forme de contact dénuée d'agressivité, vous voyez. Surtout pour les femmes qui étaient habituées... pas seulement à une vie sexuelle régulière... mais à être avec quelqu'un, à vivre et à dormir avec quelqu'un. Bien sûr de telles femmes - et, honnêtement, il s'agit de la plupart des femmes - vont avoir besoin de poursuivre cette vie. J'ai très vite compris que ce n'était pas seulement une question de sexe. Les plus vieilles - certaines détenues étaient très vieilles, il y avait une Grecque de 80 ans qui purgeait une peine de dix ans - voulaient juste des câlins. Les sentiments, le désir, les besoins ne disparaissent pas parce que vous êtes en prison. En fait, ils s'intensifient. Je veux dire que là-bas, il n'y a rien d'autre à faire que de penser... eh bien... aux sentiments.
- Vous voulez dire au sexe ?
- Ouais mais plus... plus que ça.
(p. 280-281)
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Leurs révélations sont monstrueuses, et incompréhensibles. Le 2 février, Jonathan et Robert ont fait I 'école buissonnière. À leur arrivée au centre commercial, après quelques larcins (les fameuses piles faisaient partie du butin), ils ont cherché à kidnapper un enfant. Ils ont essuyé un échec auprès
d 'un premier petit garçon, de deux ans lui aussi, rattrapé in extremis par sa mère. Puis ils ont trouvé James Bulger.
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Les proxénètes, comme tout le monde, ont des droits, et les prendre en défaut nécessite des centaines d'heures de travail. En Amérique, un proxénète ne peut être arrêté qu'après le témoignage sous serment d'une de ses 'filles', et il est extrêmement dangereux pour une prostituée de fournir une telle preuve. La menace d'un proxénète équivaut, m'avait dit un policier, "à un contrat lancé par la Mafia, sans aucune limite dans le temps."
(p. 10-11)
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Combien de temps un criminel, enfant ou adulte, ayant été jugé et puni, doit-il, d'après nous, payer pour son crime une fois qu'il a accompli sa peine?
En d'autres termes, croyons nous la réhabilitation possible?
Croyons-nous qu'un prisonnier libéré à le droit de travailler normalement et de construire une vie de famille?
Croyons-nous à la rédemption?
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Tous les survivants de Treblinka avec lesquels je me suis entretenue affirment---avec le détachement fataliste de ceux qui en sont venus à s'accommoder de l'inévitable faiblesse humaine tant chez eux que chez les autres--- que Blau était un informateur . Mais dans son rôle d'observateur impartial, c'est Suchomel qui a exprimé cela le plus fortement . "Oh ! Blau,a-t-il dit, il a d'abord été Kapo en chef (Oberkapo ) . Voyez-vous, il avait connu Stangl en Autriche; il me l'a dit lui-même . Non je ne pense pas qu'il ait menti . Stangl ne s'était pas caché de l'avoir connu auparavant . Il était autrichien mais d'origine polonaise, je pense, et il avait dû être envoyé de Vienne dans un ghetto polonais . Il m'a raconté son arrivée à Treblinka; apparemment, en descendant du train il a vu Stangl, là, devant lui . Il m'a dit " Je l'ai serré dans mes bras " . En Autriche, il avait été marchand de chevaux ou de bestiaux . Stangl lui aurait dit : "Ecoute, je vais te nommer Kapo chef; tu m'aides maintenant et je vais m'arranger pour que tu t'en tires . Et après la guerre, je t'aurai une ferme en Pologne " . Voilà comment Blau est devenu Oberkapo . quand il a débarqué, il avait un bon ventre --- c'était un gros homme gras ; en deux semaines, il avait fondu de moitié . Oui, on le haïssait , bien sûr, il a certainement "collaboré" ,et naturellement on le craignait et on le détestait . Il n'avait pas le fouet de tout le monde mais un très long et il était là debout, à le faire claquer en hurlant avec son accent des faubourgs de Vienne: " Allez, cochons, truies merdeuses, venez un peu vous y frotter, vous allez voir comme vous serez vite dressés" . On aurait dit qu'il voulait surpasser le pire des Ukrainiens . Je suppose qu'il le faisait pour survivre . Qui suis-je pour blâmer ou accuser ?
Il est resté Kapo jusqu'au début du printemps, je crois . Puis il a demandé à Stangl de le relever de ses fonctions pour raison de santé . Il se plaignait de palpitations ou quelque chose de ce genre et Stangl l'a mis avec sa femme aux cuisines des Juifs . la vieille Frau Blau était bonne cuisinière ; elle m'a fait souvent des petits plats . Je détestais la nourriture de notre mess, aussi très souvent elle m'a cuisiné des plats spéciaux . Après la révolte, ils ont été parmi la centaine de ceux qui sont restés et qui ont été évacués à Sobibor. J'y suis parti également .
Un jour, j'ai entendu dire qu'ils allaient fusiller ces cent-là, le lendemain . Alors j'ai été voir le vieux Blau et je l'ai prévenu . Je lui ai seulement demandé s'il avait du poison et il a compris . Lui et sa femme ont pris du poison ainsi qu'un docteur et sa femme qui faisaient partie du même groupe; ils avaient pourtant aidé à éteindre le feu dans les baraques des Ukrainiens après la révolte . Alors ils sont morts aussi ce jour-là . C'est mieux que d'être fusillé.
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Il y a de plus en plus d'enfants aussi perturbés que Mary partout dans le monde, même si tous ne vont pas jusqu'au crime. Tant que nous n'aurons pas d'unités éducatives à orientation médicale, thérapeutique - peu ou prou comme Red Bank mais dirigées par des équipes spécialisées -, ces enfants ne trouveront pas ce dont ils ont besoin. Ils risquent de rester toute leur vie un fardeau pour la société, et ils paieront par leur malheur les déficiences de notre société.
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Si un acte illégal est commis et que deux personnes y participent, peu importe laquelle des deux commet effectivement l’acte. Si une personne commet l’acte qui cause la mort et que l’autre est présente, sait ce qui se prépare, ce qui est en train de se passer, et ne fait rien, ni pour aider ni pour essayer d’aider la victime, cette personne est également coupable.
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Je lui racontai que selon sa tante Cath et sa grand-mère McC., Betty, lorsqu'on avait essayé de lui mettre son bébé dans les bras, avait crié: "Débarrasssez-moi de cette chose!"
Cath disait que vous étiez le plus bébé du monde.
- Eh bien, répondit Mary d'un ton cassant, c'est à ce momemnt-là qu'on aurait dû la débarrasser de moi, vous ne croyez pas?
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On n’aime jamais personne tout de suite, sauf quand on tombe amoureux ou qu’on a un enfant.
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On change lorsqu’on a un enfant. On devient plus vulnérable et on se rend compte que l’enfant a lui aussi besoin d’être protégé. On réfléchit davantage à soi, à ses actes et à ses réactions.
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Il vous faut regarder au-delà de l’acte pour voir si l’enfant comprenait ce que sont le bien et le mal, s’il savait apprécier ce qui est bon et ce qui est mauvais, afin de savoir si cet enfant est responsable aux yeux de la loi.
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Le meurtre, implique une intention de tuer ou de porter sérieusement atteinte au corps en sachant que cela peut entraîner la mort. L’homicide involontaire n’implique pas cette intention. Il suffit qu’un acte illégal, dangereux et entraînant la mort soit commis. Le degré de compréhension nécessaire pour qu’un enfant de cet âge soit considéré comme responsable devant la loi est parfois appelé “coupable en esprit”.
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