Quand Gaspard Dernaisse, jeune photographe français, engage la conversation avec un inconnu à l'aéroport d'Istanbul, il ne sait pas encore que cette rencontre va marquer le début d'une longue aventure. L'homme qui se présente sous le nom d'Arstan Isaev va lui révéler assez vite qu'il est condamné par la maladie. Il aimerait néanmoins réaliser avec l'aide de Dernaisse un livre de photos sur son pays, le Kirghizstan, et l'offrir comme un dernier témoignage d'amour à son épouse, spécialiste de la photographie. Arstan lui présente alors un autre Français, installé au Kirghizstan depuis plus de dix ans, qui pourra lui servir de guide : Barza. Personnage troublant au caractère imprévisible, Barza est aussi un fugitif qui cache de lourds secrets.
Ensemble, ils débutent un périple à travers le pays ainsi qu'au Kazakhstan voisin, et c'est dans ce décor de lieux sauvages et reculés, entre steppe et montagnes, que se jouera la confrontation de ces deux hommes si dissemblables.
À la manière d'un récit initiatique, Refuge au crépuscule nous interroge sur des vies marquées par le deuil et qui cherchent malgré tout le chemin de la rédemption.
« Refuge au crépuscule » de Grégoire Domenach
https://bourgoisediteur.fr/refuge-au-crepuscule/
Le 7 mars 2024 en librairie
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Un jeune homme ne devrait jamais perdre de vue que l'âge ruinera un jour son corps, sa force, ce royaume du désir ...
« Sur les rives on distinguait mal la cime des arbres, tout juste quelques branches cassées qui surgissaient comme des pieux entre les formes exubérantes des saules et des ormes. La rivière s’enfonçait dans la brume, une odeur de terre glaise et de vase flottait dans l’air .
L’humidité poissait sur nos visages et la barque dérivait depuis de longues minutes , sans aucun bruit » .
« C’est à mon ombre seulement que je puis parler comme il faut » .
SADEGH HEDAYAT .
On fait de la mise en scène, de la psychologie ... de l'idéologie, sans cesse ... on s'imagine un rôle, une posture. Toutes ces choses pour se rassurer, c'est bien légitime, mais au fond, on arrive plus à s'oublier. Partout, on nous vole notre âme. Ou pire, on la donne, on la cède. Ce siècle nous montre à quel point l'homme est un mollusque, une grosse moule. Oui. Une moule qui ouvre sa coquille pour donner son âme, et se laisser dévorer dans la casserole. L'homme est une moule à l'agonie. Et après ça, dans la casserole, la moule se plaint que l'eau est trop chaude, trop salée, que ça sent la catastrophe ... mais c'est trop tard ...
Après ce siècle, ç'en est fini de l'homme ... Du moins de l'homme qu'on a connu depuis des centaines et des centaines de milliers d'années. Pour l'instant, on se prend en photo, tout va bien, on se branle sur les algorithmes, mais la nature nous fout dehors ... Les écrans nous bercent encore un peu, tout ça nous aide à oublier le chaos à deux pas de la porte, mais ça ne va pas très loin.
Les moules sont cuites si vous voulez mon avis.
« J’eus l’impression, malgré nos rapports « d’inconnu à inconnu », que Lazare était un homme encore capable d’amitié…..
Une amitié comme une Atlantide , néanmoins engloutie sous la misanthropie, la douleur et la tristesse qu’il y a de vivre, mais un sentiment d’amitié inexpugnable .
Les choses avançaient, et à la fin, personne n'avait d'emprise sur ce mouvement dont rien ne semblait altérer l'accélération. Tout le monde semblait dépassé, mais la télévision donnait aux gens fatigués le soir, de quoi penser le contraire, de quoi faire croire qu'ils avaient encore leur importance ...
Après tout, ils pouvaient voter au travers d'un téléphone lors d'émissions éliminant de jeunes candidat, sur une île déserte ou dans une académie de chansonniers. C'était bien, ça, mais leur vie restait d'une insignifiance absolue ...
Il s'en rendait bien compte désormais, qu'on l'avait trompé pendant tant d'années.
Bariton maudissait sa génération : celle qui avait su monter des barricades en soixante-huit, en voulant rompre avec une certaine logique de l'histoire ... Une génération qui avait commencé dans la libération sexuelle et se terminait avec le viagra. La génération d'un mois de mai - d'un printemps du siècle - avant une saison de cynisme qui n'avait pas encore pris fin. À l'autre bout du wagon, trois falots écoutaient une musique agressive, jaillissant d'un teléphone portable.
Le matin est là. L'on ne lutte plus. On a cessé de le repousser pour que la nuit dure un peu plus. Pour certains, il est salutaire contre les angoisses de la nuit ; pour la plupart, il est encore prometteur de richesses à saisir ... Pour d'autres, il n'est déjà plus rien. Rien qu'un écueil, un esquif échoué, quand l'écume se retire.
Au fond, se demandait-il, que pesait la valeur du sens de la vie contre une existence incertaine, chaque jour plus chétive ou belle, parce que justement dispensée d'illusions ? Celà, ce n'était pas le sens. C'était le caractère. Et c'était aussi insensé que l'idée de vivre.
On ne quitte pas la ville parce que la vie est plus belle à la campagne. Ça, c'est le mythe de l'artiste parisien qui se réjouit d'une baraque secondaire, et qui au bout de quelques heures regrette déjà les boulevards et le vocabulaire bien - pensant. La vie est dure ici aussi ... Beaucoup d'isolement, peu de culture, les ragots qui traînent. Mais j'ai quitté la ville parce que je voulais quitter ses réseaux, ses masques, ses grandes artères. Ses mirages ... La ville ne me parlait plus.