Sophie Scholl, Les derniers jours (Trailer en V.O), film réalisé par Marc Rothemund, adaptation des "Lettres et carnets "
Et j'en pleurerais, de voir combien les gens sont mesquins, même à un haut niveau de responsabilité politique, et trahissent leurs semblables, peut être pour un avantage personnel.
Le courage ne pourrait-il parfois passer par là ?
Qui aurait cru qu'une minuscule fleur puisse occuper si complètement quelqu'un qui n'y ait plus la moindre place pour une autre pensée, que je puisse me transformer en terre, comme j'aurais aimé le faire, ou me jeter dans les bras du premier venu, tant j'étais heureuse. Ce que j'ai aimé le plus, c'était de m'allonger par terre, où j'étais proche des petites créatures, en étant une partie du tout.
Les fourmis et les bestioles me prenaient simplement pour un bout de bois, et je n'étais ainsi que trop heureuse de les laisser se promener sur moi. Tout était si beau.
:" J'ai pitié des gens incapables de rire de la moindre vétille, de ceux qui ne trouvent pas en chaque chose un prétexte à rire, le piment de la vie quotidienne.
Cela n'est pas nécessairement en rapport avec la superficialité.
En vérité, je crois que, s'il le fallait, je pourrais trouver une raison de rire jusque dans les moments les plus tristes."
Etre dur est beaucoup plus difficile que s’attendrir.
Peut-être imaginez-vous qu'un homme doit rentrer de guerre plus sage et plus mûr. Mais cela n'est vrai que dans de très rares cas. Je crois que j'étais plus sensible et plus réceptif avant cette folie.
La guerre nous ramène loin en arrière. On a du mal à concevoir à quel point l'être humain est devenu dérisoire.
Nous quittons la salle d'opération, où quelqu'un se meurt, et fumons une cigarette.
Je ne vais pas me plaindre de notre génération, mais elle est vraiment mal partie.
La fonction de l'art est de mettre plus de sérénité dans le monde.
Nous avons tous nos échelles de valeurs en nous, mais nous ne les consultons pas assez souvent.
Peut être parce que ce sont les échelles les plus rudes.
"De la pauvreté"
[...]
L'autre rive,
Nous aspirons tous à y parvenir. Mais aucun de nous n'y est conduit. Nous en sommes réduits à regarder le bac, une quête qui souvent nous conduit à glisser, à tomber et à nous redresser. La rivière est noire et profonde, son débit rapide ; c'est la nuit. Pas une étoile dans le ciel. Ni sentier, ni pont. Juste une vague lumière sur l'autre rive, au loin, à l'abri du vent, et rien qu'un bac pour faire la traversée.
Mais le bac a pour nom pauvreté. Ceux qui voient la lumière doivent devenir pauvres avant de pouvoir séjourner dans la lumière qui illumine les affamés depuis deux mille ans. Oh vous, sots vaniteux qui préférez vous vouer aux vagues et périr. Vous voyez la lumière et vous ne pouvez l'atteindre. Vous voyez le chemin et vous ne voulez pas l'emprunter. L'amour me pousse à souhaiter à maint homme épreuves et affliction, qu'il connaisse la pauvreté ! La pauvreté est plus forte que la richesse. La pauvreté permet de jeter aux vents sans regret l'ancienne abondance, de placer toute possession au-dessous des valeurs spirituelles. La pauvreté met l'homme en face du choix absolu.
La guerre nous rendra tous très pauvres. Nous devons abandonner tout espoir d'un heureux dénouement. Dans un premier temps, la faim et la détresse ne vont pas nous lâcher d'une semelle, tandis que les hommes des villes dévastées, des pays dévastés et des nations dévastées et à demi exterminées rechercheront des diamants indestructibles enfouis sous les décombres.
Malgré tout, nous ne souhaitons pas que le calice soit éloigné de nous. il faut le boire jusqu'à la lie. Nos ennemis ne seront pas abattus par la chute de tuiles, pas plus qu'ils ne s'évanouiront de la surface de la terre. Ils seront plutôt totalement défaits par leur incompétence et noyés dans leur fange.
Cela seul suffira à empêcher toute glorification future de l'histoire.
La guerre assujettira l'Europe à une grande pauvreté. N'oubliez pas, mes amis, que la pauvreté est le chemin de la lumière.
Pages 118-119
Je crois que le métier de soldat ne correspond plus aujourd'hui à la description que tu en fais.Un soldat doit prêter serment, après tout, si bien que sa tâche est d'exécuter les ordres de son gouvernement.Il peut avoir à se plier demain à une vision diamétralement opposée à celle d'aujourd'hui.Son métier, c'est d'obéir.L'attitude du soldat n'est donc pas vraiment un métier......Comment un soldat peut-il avoir une attitude honnête, comme tu dis, quand il est forcé de mentir? N'est-ce pas mentir que de devoir prêter serment à un gouvernement un jour, et le suivant un autre?