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Critiques de Hanya Yanagihara (214)
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Vers le paradis

Oh, un texte foisonnant, un pavé et presque trois romans en un, par le nombre de pages (816 pages) et par son découpage en trois parties. Des prénoms qui se répondent dans les parties et des lieux que l'on retrouve dans les trois époques, New York, l'île d’Hawaï et une demeure de Washington square.

Tout commence en 1893 avec l'histoire de la famille Binham : Nathaniel, le grand père, patriarche, propriétaire de la banque qui porte son nom. Deux frères et une sœur, ses petits enfants qu'il a recueilli après le décès tragique de leurs parents. Nous allons suivre plus particulièrement l'histoire de David, l'un des frères, encore célibataire et qui vit avec son grand père dans cette magnifique maison de Washington Square. Le grand père voudrait bien le marier et va arranger des rencontres pour un mariage arrangé. Nous sommes donc en 1893 et les Etats Unis sont séparés entre les Etats libres (dont NYC) et des colonies. Un état libre où "il était citoyen d'un pays où chaque homme et chaque femme étaient libres et pouvaient vivre dans la dignité. Régi par une constitution de 1790 "qui promettait la liberté de mariage, abolissait l'esclavage et la servitude, et qui, sans accorder aux Négros une citoyenneté plein et entière rendraient illégales la maltraitance et la torture exercée sur eux".

Le grand père va d’ailleurs lui présenter Charles Griffith, un veuf, qui a une entreprise de vente de peaux et qui s’avère être un beau parti pour son petit fils. Mais celui ci va rencontrer Edward, qui va devenir son amant et qui lui est considéré dans la société comme un exilé des colonies. Une histoire d'amour contrariée, de mariage arrangé, de faux semblants. Étrange à la lecture que les mariages entre sexes soient tolérés et pourquoi pas d’ailleurs. Une histoire très 19e siècle, avec des soirées d'aristos, l'image d'un grand père, patriarche qui domine sa famille et son monde. Mais bien sûr, David va essayer de m'émanciper et de prendre ses propres décisions et de suivre ses désirs, et trouver son chemin vers un paradis.

Dans la seconde partie, nous sommes plus proche de nous en 1993. Nous allons suivre un couple, Charles et David, installé dans la belle demeure de Washington square. Charles, le plus âgé est consultant dans un cabinet d'avocat et a une vie professionnelle réussie, David est assistant dans ce cabinet et viens d’Hawaï et serait peut être un descendant des rois et reines de cette île. Des pages parlent très bien d'ailleurs de l'île d’Hawaï, de son histoire, de ses mythes. Une évocation touchante et émouvante de la dernière soirée de Peter, malade et qui va partir en Suisse pour un suicide assisté. L'auteure évoque très bien les années SIDA et les comportements de chacun face à ce fléau : de la colère, des revendications ou de l'indifférence, du "laisser couler" les moments de vie. Le portrait d'Eden, la meilleure amie de David, comédienne sans un sou, bohème et qui regarde à travers les fenêtres, la cage dorée de son ami. Comment trouver dans sa vie un chemin vers un paradis.

Puis la dernière partie, 2093, une phase science fiction mais qui a de cruelles et saisissantes résonances de notre vie actuelle. Toujours NYC mais divisé en quartier, toujours cette énigmatique demeure de Washington Square. Un monde de "1984" et des situations que nous venons de vivre, des virus qui nous contraignent à être isolés. Cette fois, il s'agit d'une narratrice, Charlie, qui travaille dans l'une des universités qui fait des recherches sur les virus. Elle a été élevée par son grand père, David, chercheur et qui a travaillé avec et pour l'Etat. Le père de Charlie, petit fils de David, va essayer de se rebeller face à la société et aux décisions prises. L'auteure va nous parler de l'évolution de cette société, vers une société gérée par la science, par la recherche, le contrôle des populations. Une partie effrayante car des échos de ce que nous vivons actuellement et de ce que peut être nous attend prochainement.

L'auteure a une plume qui nous entraîne dans ces différentes époques, nous suivons les sentiments, les ressentis des personnages. Elle parle d'histoires d'êtres mais aussi d'épisodes de l'histoire et du futur.

Des lassitudes de lectures tout de même car peut être trop denses dans certaines parties. Beaucoup de sujets, (la maladie, les troubles psychiatriques, la propagation des virus les relations amoureuses, amicales et familiales, la place des minorités dans la société à travers les périodes, le rôle de la recherche, l'évolution de nos sociétés (du commerce, de la communication à la recherche) peut être beaucoup trop dans un seul texte.

Mais je vais lire son précédent livre.

#Versleparadis #NetGalleyFrance













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Une vie comme les autres

Pour parler de ce roman-là, il faut trouver les mots et je dois avouer qu’ils me manquent.



Je sais que ses lecteurs sont assez divisés : soit c’est un grand oui, soit c’est un grand non. Pour moi, vous l’aurez peut-être deviné, ça a été un grand oui.



Finalement, j’ai trouvé exactement ce que j’attendais en ouvrant ce livre : une écriture belle, recherchée, sérieuse, des personnages attachants, incroyables, diversifiés, une histoire douloureuse, dure, pas facile à lire. Attention, cette œuvre n’est pas à mettre entre toutes les mains : c’est de l’angst pur, fait pour ça. Ça retourne le coeur, ça fait pleurer, ça met en colère. Si vous n’appréciez pas les lectures difficiles, qui vous mettent dans un mood affreux pendant des semaines, ce n’est pas pour vous. Si vous êtes légèrement fragiles, ce n’est pas pour vous. Si vous craignez certains trigger warnings, quel qu’ils soient, ce n’est pas pour vous.



Quand on ouvre ce livre, il faut être prêt, il faut désirer lire sur des personnages qui souffrent, qui s’en prennent réellement plein la tronche, qui sont mis face à un destin terrible qu’ils ne peuvent éviter. Des personnages traumatisés, qui ne s’en remettront jamais.



Pour moi, ça a été un coup de coeur.



C’était prenant, et si certains avis que j’ai lu disaient que c’était long (c’est le cas, plus de 200 000 mots c’est beaucoup) personnellement ça m’a permis de m’attacher encore plus aux personnages. Je les ai aimé, sincèrement. J’ai tout lu en quelques jours tellement il m’a été impossible de le lâcher : l’ordre de narration était bon, la chronologie présentée également. Le temps qui passe est douloureux et nécessaire. Chaque chose prend son temps, de sorte à ce qu’on comprenne bien l’évolution de chacun, leur passage à l’âge adulte, leurs changements.



Je reviens un instant sur l’écriture car c’est un aspect très important : les phrases sont belles, longues, recherchées. Le rythme en est sublimé et finalement on se retrouve rapidement entraîné. Je pense que ce genre de style va parfaitement avec l’histoire, avec l’époque, avec l’atmosphère. Ça permet de créer quelque chose de spécial. Le choix de la troisième personne est judicieux car ainsi on ne s’attache pas qu’à Jude, mais à presque tout le monde.



Ah, Jude. Dès le début, j’ai su qu’il allait être mon préféré (avec William, bien sûr). Ses traumatismes étaient touchants, prenant à la gorge, sa manière d’avancer avec un œil vers le passé, son comportement logique. Tout était incroyable avec lui, et chaque effort de sa part me donnait envie de pleurer. William et lui étaient, très franchement, la représentation parfaite de l’amitié d’une vie. J’ai été ravie par leur évolution, car pendant toute la moitié du livre je ne pouvais pas m’empêcher de me dire que personne ne se méritait autant qu’eux.



Les personnages secondaires aussi étaient incroyables. Harold ? Andy ? Malcom ? JB ? Ils m’ont tous touché, énormément, et si je devais me prononcer je dirais que le coup de cœur paternel de Harold m’a renversé, et que les terribles choix que devait prendre Andy m’ont détruite. L’évolution de JB, son parcours, la vie de Malcom.



Tout était là, pour moi. Une vie comme les autres, malgré ses critiques selon lesquelles le drama est “trop”, que toutes les choses qui font mal sont là uniquement pour faire mal (oui, c’est sans doute le cas, mais moi c’est ce que je voulais, ce que j’attendais, je voulais ressentir des choses, je voulais que ça soit cathartique, je voulais que ça fasse mal) était quasiment parfait. Quasiment, car rien ne l’est jamais vraiment, mais à mes yeux ça s’en rapprochait énormément.



C’était un livre sur la vie, sur l’amitié, sur l’amour, et la peur, l'impossibilité de se reconstruire, la douleur, la mort.



J’ai passé un moment incroyable en lisant ce livre. Mais pour autant, je ne le recommande pas, car je ne sais pas entre quelles mains il peut finir : soyez sûr. Et si vous l’êtes, alors j’espère que vous passerez le même moment que moi.

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Une vie comme les autres

Bouleversant, douloureux ,oppressant, violent, sombre, difficile, insoutenable par moment ce roman est aussi magnifique,lumineux,éblouissant,bouleversant.

Hymne à l' amour inconditionnel il nous plonge dans dans le pire et le meilleur de ce que peut être l' être humain.

Et comme un somptueux cadeau il y a une lettre d ' amour magnifique écrite à la fin de ce roman comme une des plus belles lettres qui a été écrite.
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Une vie comme les autres

Une vie comme les autres.

Hanya Yanagihara

1122 P.

Mes amis ,

Ce livre fut une belle découverte pour moi !Le quatrième de couverture est complet :

" Ils sont quatre amis de fac et ont décidé de conquérir New York : Willem , l'acteur à la beauté ravageuse; JB , l'artiste peintre aussi ambitieux et talentueux qu'il peut être cruel; Malcolm , qui attend son heure dans un cabinet d'architectes; Jude, le plus mystérieux d'entre eux , celui qui au fil des années s'affirme comme le soleil noir de leur quatuor, celui autour duquel les relations s'approfondissent et se compliquent cependant que leurs vies professionnelles et sociales prennent de l'ampleur."

Mais cette œuvre va bien au - delà! L'histoire va se concentrer sur Jude . Là , nous allons percevoir , sentir , ressentir le pire comme le meilleur . Jude ,c'est le copain que tout le monde apprécie mais personne ne le connait vraiment .

Ce pavé est riche , intense , dur , prenant.

Celui- ci m'a marquée pour différentes raisons: l'amitié , l'entraide mais beaucoup plus difficiles pour moi : les différentes orientations sexuelles.

C'est un livre sur l'Homme avec tout son Bien mais aussi tout son Mal.

Je m'y suis plongée un Week end entier sans être dérangée.

J'ai beaucoup aimé cette puissance et cette force qui en émane.
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Une vie comme les autres

Mais quels sont les motifs qui m'ont fait choisir ce livre parmi tous ceux à lire dans ma bibliothèque ?



Sûrement pas son titre ! "Une vie comme les autres" n'a rien d'attirant pour qui, dans la lecture, cherche à rêver...

Sûrement pas sa couverture ! Un mec qui hésite entre rire et pleurer... Encore que...

Sûrement pas son poids ! 800 pages, c'est lourd à trimballer dans le métro, même si je ne lis que des e-book et que j'habite au soleil d'une île grecque sans métro...

Pas plus le nom de l'auteur ! Yanagihara sonne nippon, et je suis allergique à la littérature asiatique...



Alors peut-être la situation de l'intrigue à New-York, que promet le synopsis de quatrième de couverture ? J'adore Manhattan...

Peut-être aussi l'espoir de quelques relations homosexuelles entre ces quatre étudiants que ne laisse pourtant pas prévoir le synopsis de la quatrième de couverture...



Et me voilà parti pour la longue épopée, enthousiasmé par les effluves de Manhattan, ravi par la beauté de Willem, excité par l'homosexualité de JB, attendri par le handicap de Jude et... sans émotion pour l'insipide Malcom !



Mais voilà, vers la centième page, mon esprit s'évadait, et je ne savais plus lequel des quatre garçons était concerné par ma lecture. Sans doute la faute au style (volontairement ?) sans émotion qui pourtant, au début, m'avait séduit...

Alors j'ai abandonné Willem, JB, Jude et Malcolm à leur triste sort, avant qu'ils ne sombrent dans la détresse d'une vie (pourtant) comme les autres...



Une chose m'a surpris : les nombreuses notes excellentes, alors que les commentaires sont dans l'ensemble plutôt négatifs ! de là à en déduire que le livre a été offert gratuitement par l'éditeur aux lecteurs de Babelio...
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Une vie comme les autres

Quatre garçons, quatre caractères bien différents, on attend impatiemment d'apprendre à les connaitre, de comprendre qui ils sont, ce qu'ils vont devenir et la dynamique de leur clan. Jean-Baptiste, l'artiste, mène une vie de bohème, Malcom l'architecte, Willem le comédien et enfin Jude, l'homme de loi aussi ambitieux qu'énigmatique, dont les origines se perdent dans les traces d'une enfance et d'une adolescence mystérieuses. Ce sont quatre jeunes hommes, un peu perdus, qui se cherchent une voix, une famille, en particulier Jude et Willem qui perdent peu à peu toute attache. Nous voilà face à un quatuor déséquilibré, où a priori deux d'entre eux partent mieux armés dans la vie tandis que les deux autres restent étroitement liés par ce sentiment d'abandon. Tous ont brillamment réussi, et pourtant. Derrière la réussite se cache cette forêt de secrets indicibles, que chacun perçoit, que chacun d'entre eux met tant de force à dissimuler. Et Jude. Surtout Jude.



Assez vite, enfin après de longues présentations en bonne et due forme avec nos jeunes hommes car le roman n'est pas exempt de certaines longueurs, on comprend que tout va s'articuler autour de Jude, le plus indéchiffrable d'entre tous, ce jeune homme à la jambe abîmée qui lui donne une apparence d'homme usé. Un homme insaisissable, même pour ses amis, qui pour préserver leur amitié, lui épargne toute curiosité mal placée. Nous y voilà, nous touchons enfin au fil conducteur de ce roman, nous commençons à percevoir ce qui se cache derrière cette carapace que s'est construit Jude, après les trois longs portraits de JB, Malcom et Willem. Hanya Yanagihara est d'autant plus habile à traiter son sujet, qu'elle prend le temps de disséminer ici et là différents indices sur son passé, lesquels engendrent en réalité plus d'interrogations qu'ils n’amènent de réponse. On pressent, on subodore, on imagine, on doute, on soupçonne, dans l'attente d'un début d'une piste à défaut d'une réponse. Jusqu'à ce que l'auteure américaine se décide enfin à lever un peu le voile, pas totalement, non, mais de façon épisodique, parce que la lumière de la réalité est en vérité un peu trop aveuglante. L'effroi ne m'a pas quitté, entre deux épisodes narrés au présent, j'ai continué à lire, un peu vidée, sonnée par la violence du récit. Daniel Mendelsohn, l'auteur et critique américain, a, à ce sujet, déclaré que les représentations de la violence y sont trop souvent gratuites et exagérées pour être honnêtes et que par ce moyen Daniel Mendelsohn trompait ses lecteurs. "My larger point was that Yanagihara’s slathering-on of trauma is, in the end, a crude and inartistic way of wringing emotion from the reader—an assaultive repetitiveness that can hardly claim to be one of the “techniques…designed to lead us by degrees into a realm of authentic emotion and aesthetic bliss” that Howard rightly mentions as a hallmark of a genuine novelistic achievement" (The New York Review of Books, 17-12-2015). Certes, certains passages sont pour le moins durs, mais ne contiennent rien d'autre que les pires maux de notre société. Est-ce que le mutisme, l’atténuation de cette violence ou la litote auraient été mieux adaptés pour rendre le propos plus percutant? Il ne me semble pas, tout du moins dans le cas ici présent d'Une vie comme les autres. Je n'ai jamais eu la sensation que notre romancière tendait vers le voyeurisme, en outre il y a des sujets, qui sont intrinsèquement violents, que très honnêtement, je ne vois pas vraiment comment on peut traiter de façon à ne heurter qui que ce soit. Je crois, au contraire, qu'elle a su traiter le sujet de manière à ce qu'il soit et reste crédible. Et puis il semblerait que Mendelsohn se mette davantage dans la peau de l'écrivain que du critique en sous-entendant à Daniel Mendelsohn ce qu'il aurait dû écrire, et la façon de l'écrire, ce qui a tendance à légèrement m'agacer.



Et là, mon cher Daniel Mendelsohn m’amène à évoquer les ravages du silence, puisqu'au fond ce Jude, dont personne ne sait rien, personnifie cette incapacité à parler. Vous l'aurez surement deviné à la couverture du livre, Hanya Yanagihara ne nous invite clairement pas à une petite virée sympathique au bord de l'Hudson. Avec bonheur, les relations entre ces quatre amis, quatre garçons totalement différents, donnent cependant un peu de légèreté à ce roman. Je déplorerais simplement que deux des quatre personnages soient moins exploités que les autres et deviennent de plus en plus transparents au fur et à mesure que les pages se tournent.



J'aimerais revenir sur une autre critique, qui me chiffonne autant, de Daniel Mendelsohn, lequel reproche à Hanya Yanagihara de se permettre de parler de personnages appartenant à la communauté LGBTQ, et de toutes les problématiques y afférant, alors qu'elle est elle-même hétérosexuelle. Aucune intention de ma part de créer un débat mais je trouve cette critique tout de même aussi bien limitée que de mauvaise foi dans la mesure où on ne demande pas, fort heureusement, aux auteurs de s'identifier à leurs personnages et inversement. Nombreux sont les hommes, et on saluera Flaubert parmi tant d'autres, qui ont inscrit leur récit sous un éclairage féminin. Qui aurait donc eu l'idée de leur reprocher de créer des personnages qu'ils n'ont pas la capacité de comprendre? Il me semble évident que les problématiques LGBTQ ne sont pas forcément, peut-être, toujours assimilables par les personnes non concernées mais le propos de l'auteure n'était surement pas de faire de quelconques revendications dans ce sens. Il y a tant de choses critiquables dans un roman que je trouve dommage de reprocher à une auteure de construire des personnages qui ne lui ressemblent pas. Est-elle plus apte à se mettre dans la peau de garçons hétérosexuels qu'homosexuels, vraiment?



D'ailleurs sur ce point-là, je trouve plutôt intéressant que justement une femme emprunte le point de vue d'hommes, de quatre hommes, ce n'est pas si souvent que l'on rencontre ce genre de cas, il me semble que d'habitude c'est plutôt l'inverse. Et justement, je trouve cela plutôt réussit, la cohérence est là. Hanya Yanagihara a accomplie un sacré travail d'écriture, et notamment psychologique. Elle soulève d’intéressantes questions,



Avec ses 1110 pages, c'est un roman très dense, très riche en émotion, dont on arrive difficilement à se séparer. Et le miracle, c'est que l'auteure parvient à nous tenir en haleine jusqu'à la toute fin du roman, que l'on accueille avec soulagement, certes, car l'histoire que nous narre Hanya Yanagihara est l'une de celle qui marque l'esprit. Mais sans avoir pour autant donner l'envie de se replonger dedans, parce que votre esprit a besoin de temps pour assimiler, s'approprier le roman, ses personnages, réfléchir, et puis digérer. Parce que la fin d'une lecture ne coïncide pas forcément au moment où l'on repose le livre. Je crois que c'est un nom à retenir, qui va sans douter compter ces prochaines années car avec la richesse de son texte, j'imagine qu'elle a encore beaucoup de choses à nous dire.












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Une vie comme les autres

New-York. Quatre hommes, quatre amis de fac que l'on suit durant plus de 30 ans. Une vie (presque) comme les autres pour JB, Malcom, Willem et Jude. Surtout Jude. Amitiés, amours, travail, violence, drogue, galères... tout y est dans ces 1200 et quelques pages. Rapidement, Jude devient l'élément central de leur relation (et du livre). Cet homme mystérieux intrigue autant les personnages qui gravitent autour de lui que le lecteur. Qu'a-t-il bien pu lui arriver pour devenir celui qu'il est aujourd'hui ?



Et bien je vous le dis sans spoiler et sans prendre de pincettes : il ne lui arrive que des tuiles. Même une personne dépourvue d'empathie ne peut qu'être prise d'affection pour lui. À certains moments j'avais envie de prendre mon téléphone, d'appeler l'auteur et de lui demander : "mais pourquoi tu t'acharnes comme ça sur lui ? Ça ne te dirait pas de lui tracer un destin un poil plus sympa ? Allez, sois cool."



J'ai eu une relation en dent de scie avec ce livre. J'y ai parfois trouvé des longueurs, et à d'autres moments je ne pouvais pas le lâcher. Dans tous les cas, je suis ravie de l'avoir découvert.
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Une vie comme les autres

Une fiction contemporaine qui ne paraît pas si fictionnelle que ça, tant les personnages sont réalistes, humains, torturés et désolants. C'est également un roman long, très long, mais j'ai trouvé cela nécessaire pour comprendre la psyché de ces quatre personnages, et se laisser immerger dans cette épopée romanesque intense en émotions.
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Une vie comme les autres

Je ne referai pas le pitch ici, d'autres s'y sont attelés avant moi et fort bien. Ressenti en demi-teinte. Démarrage assez difficile, puis addiction complète, j'aurais presque posé des RTT pour continuer, puis in fine, je me suis lassée, Jude a commencé à m'agacer prodigieusement. Etre entouré de tant d'amour et de sollicitude et en refus de thérapie pendant autant d'années, ça va un moment. Oui il a vécu l'enfer et le traumatisme est grand, mais le refus de se soigner frise la bêtise parfois, alors que le personnage est brillant. Bref, je crois qu'un le roman n'aurait pas démérité en étant un poil moins long.
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Une vie comme les autres

Une vie comme les autres

Hanya YANAGIHARA



Malcolm, JB, Willem et Jude ont la vingtaine étudiante et sont très bons amis.

Ils vivent à New York et Willem et Jude sont colocataires.

Ils partagent tout : leurs sorties, leurs repas, leurs espoirs, leurs rêves, leurs passés...

Tous, sauf Jude qui reste toujours très évasif et mystérieux sur son passé.

Pendant 30 ans nous allons les suivre et découvrir que Malcolm deviendra un grand architecte, Willem un talentueux acteur, Jb un incroyable peintre et Jude un redoutable avocat.

Mais ce quatuor va beaucoup souffrir de l’attitude de Jude, des souffrances de Jude...

Au fil des chapitres la désastreuse enfance puis la destructrice adolescence de Jude nous seront dévoilées.

Nous permettant ainsi de développer une intense empathie pour ce personnage hors normes.



Comment vous parler de ce livre ???

Tout d’abord il m’a fallu 400 pages ( soit la moitié) pour commencer à l’apprécier.

Ce livre est un symbole de résilience.

Un cri contre les maltraitances faites aux enfants ( qui détruisent physiquement et psychologiquement des adultes en devenir).

Une dénonciation de la pédophile.

Un témoignage contre la prostitution enfantine.



Ce livre est un symbole de l’amitié.

Une ode à l’amour ( d’un ami, d’un conjoint, d’un père adoptif...)

Une démonstration de courage et de silence.

Une manifestation incroyable de résistance.



Bref, je suis marquée par ce livre. Il est dur, il est beau et je vous assure que si comme moi vous persistez alors que le début vous ennuie vous serez gratifiés au centuple par la suite !
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Une vie comme les autres

Pour moi Une vie comme les autres est tout simplement un chef d'oeuvre !



J'ai été littéralement happé par cette fresque amicale de 800 pages, je me suis tout de suis attachée aux personnages et particulièrement Jude le personnage principal.

Un personnage tellement secret qu'il en est attachant, on se demande pourquoi tant de mystère sur son passé, pourquoi mène t il un tel combat avec lui même ? Nous le découvrons au fil du récit et c'est tout simplement effroyable.



Hanya Yanagihara fait des aller-retour dans le passé et le présent des personnages sans jamais nous perdre, il y a également des changements de narrateur, le tout dynamise une écriture qui demande une concentration, un investissement au lecteur.

J'ai également aimé le fait que l'auteur ne détaille pas les atrocités dont est victime Jude dans son enfance. Il n'y a pas une volonté de faire le buzz avec des détails scabreux qui auraient gâchés le récit.



Pour en revenir à l'histoire, Une vie comme les autres, est une des plus belle histoire d'amitié/amour qui m'est été donné de lire. Jude rêve d'une vie comme les autres, après avoir tant souffert, mais il n'arrive pas à lâcher prise, à mettre son passé de côté pour avancer. Malcom, JB mais surtout Willem sont là pour l'épauler, le soutenir. Les personnages secondaires sont également très important dans la vie de Jude et dans ce récit pas comme les autres. Je pense notamment à Andy et Harold, qui feront tout pour que Jude se sentent mieux.



Je ne veux pas en dire plus sur le récit, tellement j'ai aimé découvrir cette histoire et je me dis que ceux qui n'ont pas encore lu ce bijou ont bien de la chance !
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Une vie comme les autres

Je vous l'accorde, l'épaisseur d'un roman ne garantit pas sa qualité, pas plus qu'apparemment sa visibilité. En effet, certains romans bien que volumineux (816 pages quand même !) parviennent à passer inaperçus ou presque... C'est typiquement le cas de Une vie comme les autres, le premier roman de Hanya Yanagihara à être traduit en français. Il l'a déjà été dans vingt-trois pays, a conquis plus d'un million de lecteurs dans le monde, mais reste assez confidentiel chez nous. Et pourtant, il mérite de caracoler en tête des ventes. Mon défi du jour, vous convaincre de plonger dans ce pavé.



Une vie comme les autres, se déroule exclusivement dans le New York aisé des années 1980 à 2010. Trois décennies durant, Hanya Yanagihara nous propose de suivre la vie d'un quatuor masculin venu conquérir NYC. Willem, Malcom, JB et Jude étaient colocataires lorsqu'ils étaient à l'université. Brillants, chacun d'eux excellera dans leur domaine. L'un deviendra architecte, un autre peintre, avocat ou encore comédien. Ces quatre amis resteront liés jusqu'à leurs vieilles années. Leur relation, qu'elle soit collective ou individuelle, évoluera au fil du temps mais surtout autour de Jude, un personnage pour le moins mystérieux.



Une vie comme les autres c'est quatre trajectoires croisées mêlant réussites et échecs. Quatre trajectoires qui peuvent en premier lieu donner une impression plutôt agréable au lecteur de déjà lu. Mais Une vie comme les autres n'est pas un roman comme les autres, au fil des pages sa vraie nature est révélée au lecteur. Il mute, devient intime, intensément douloureux dès lors que l'énigmatique Jude entre en scène avec son corps scarifié qu'il s'évertue à cacher sous d'amples vêtements.



Une vie comme les autres est non seulement un bel hymne à l'amitié masculine, mais il est surtout un roman d'une puissance psychologique telle que le lecteur est complètement happé par la souffrance du personnage principal. On endosse son passé traumatique, son mal-être, ses espoirs, son désespoir. Tout en finesse, Hanya Yanagihara interroge notre disposition à l'empathie et à l'endurance à la souffrance, c'est une véritable descente dans les tréfonds de l'âme humaine qu'elle nous propose. Une vie comme les autres est un roman intense, profond, bouleversant dont on ne sort pas indemne. Quant à l'écriture de Hanya Yanagihara, elle est fluide, parfaitement aiguisée, fine et tranchante comme une lame de rasoir.



Un roman puissant et captivant !


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Une vie comme les autres

Quatre garçons dans le vent, Malcom l'angoissé, JB le cynique, Willem le doux et Jude le tourmenté. En débutant cette histoire, le lecteur met un adjectif sur chaque prénom, plus parlant que la situation de chacun ou la couleur de peau.

Tous les quatre ayant fini leurs études s'installent à New-York pour y débuter leur carrière.

Le roman est découpé en sept parties. La première peut sembler un peu longue mais elle met en place l'armature du puzzle, et c'est surtout le point de vue de JB qui prime, avec sa façon de faire des photos pas très nettes mais néanmoins qui lui serviront à faire des portraits de ses amis, alors oui il a le sens du détail, qui va interpeller.

Mais le mystère demeure Jude, plus jeune qu'eux de 2 ans, souffrant des jambes, terriblement, et refusant beaucoup de choses, il est taiseux mais il a besoin de ces amis, ceux-là en particulier, ce sont les premiers amis qu'il a. Il est brillant, procureur adjoint à 25 ans dans les affaires criminelles.

« Il savait que Jude détesterait son air fragile, féminin, vulnérable, qui lui donnait un air si jeune, et JB savait aussi qu'il trouverait beaucoup d'autres aspects chimériques à honnir, des choses que JB ne pouvait même pas commencer à imaginer ou concevoir, parce qu'il n'était pas un fêlé comme Jude, dans la haine de soi. »

La force de ce roman, est dans une construction sans faille, qui fait entrer le lecteur dans ce New-York cosmopolite.

Ville des grandeurs, des bas-fonds et de tous les possible…

L'auteur, a le talent de nous faire vivre chaque vie, nous sommes tour à tour acteur, architecte, peintre ou juriste. Rien n'est laissé au hasard pour nous faire pénétrer chaque univers avec précision.

A travers chacun des personnages se dessine en filigrane la vie du mystérieux Jude. le lecteur va s'enfoncer dans un domaine où l'horreur envahit chaque pore de sa peau. En effet l'analyse des conséquences des violences subies dans l'enfance est tellement réaliste que le lecteur ne peut pas lui attribuer le terme « gore » car ce n'est pas de la fiction.

Jude joue sur le « montré-caché », sur l'impossibilité de révéler l'indicible. le lecteur comprend combien il lui est difficile de s'aimer ou de se voir tel qu'il est vu et accepté par les autres. Tout ce qui lui arrive de bien est perçu comme non mérité. Meurtri jusqu'à l'os sa vision est totalement faussée ainsi que ses émotions.

« Sa solitude est si profonde qu'il l'éprouve parfois physiquement, un tas humide de linge sale qui lui pèse sur sa poitrine. »

Le processus de scarification est tellement prégnant que j'ai souffert dans ma chair. L'empathie nous entraîne au-delà de l'inimaginable, le génie de Hanya Yanagihara est de faire que le lecteur n'est jamais « voyeur ».

Construction, déconstruction et anéantissement d'un être, tout est là.

La première partie est ardue car l'histoire se met en place avec tous ses acteurs et leur environnement, c'est l'ossature du puzzle. Les six parties suivantes sont d'inégale longueur et se déroulent sur plusieurs décennies sans qu'il y ait besoin de repère de dates.

C'est une lecture soutenue mais fluide, une véritable prouesse pour dévoiler le mystère de Jude. A aucun moment le lecteur ne frôle la vérité, il l'effleure.

Le bouleversement est intégral, la psychologie est d'une subtilité absolue.

Une attirance irrésistible pour continuer notre lecture, comme si en allant plus loin, en découvrant ce martyre subi, le lecteur allait pouvoir sauver Jude et tous les Jude de la Terre.

Même très bien entouré, l'isolement peut être une partie intégrante de soi, et comme l'écrivait Victor Hugo : « L'enfer est tout entier dans ce mot : solitude. »

Touchée en plein coeur par cette histoire poignante, impressionnée par le savoir-faire de Hanya Yanagihara, bouleversée par ce roman qui est un bel exemple de vraie littérature, à la fois populaire et exigeante.

Chantal Lafon-Litteratum Amor 15 mai 2018.

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Une vie comme les autres

Ouf! Me voilà enfin arrivée à bout de ce pavé qui m'aura occupé plus de 3 semaines ! Trois semaines où j'ai dû m'accrocher souvent, où je me suis lassée parfois... et pourtant, impossible de lâcher ce livre, qui ne cessait de me rappeler à lui.



Il s'agit d'une chronique, sur plusieurs décennies, de l'amitié qui unit depuis l'université Malcolm, JB, Willem, et Jude. Après de brillantes études, chacun excelle dans son domaine et peut se targuer d'une indéniable réussite sociale, mais chacun traîne également son lot de casseroles. Et plus particulièrement Jude, pierre angulaire de cette amitié, astre noir autour duquel semble graviter les autres membres de la bande. Jude a souffert, souffre toujours. Chaque tentative de mener cette "vie comme les autres" à laquelle il aspire tant se trouve entravée par les blessures d'une enfance entourée de mystère et qu'il est incapable de révéler. Jude se déteste, il déteste son corps meurtri et handicapé, il déteste ce qu'il est, ne trouvant un réconfort bien éphémère que dans les scarifications qu'il s'inflige régulièrement.





Bien sûr, au fil des pages, l'enfance de Jude se révèle par brides, dérangeante, dégoûtante. On devine très vite de quoi il est question, sans en mesurer immédiatement toute l'horreur. Et en filigrane on voit poindre la question : peut-on vivre une vie normale après ça ? Dans cette histoire rien ne semble pouvoir sortir Jude de l'enfer de son passé : ni la réussite sociale, ni l'amitié, ni l'amour indéfectible de son entourage.



Un livre très sombre, qui aborde des thématiques intéressantes : comment aider quelqu'un qui refuse toute main tendue ? Peut-on guérir d'une enfance brisée ? Peut-on soigner un dégoût de soi si profondément ancré ? Comment accepter que parfois, on ne peut plus rien pour ceux qu'on aime ?



Des thèmes passionnants, des personnages apparemment fouillés et au caractère étoffé, ce livre avait a priori tout pour devenir mon premier coup de cœur de cette année. Malheureusement il souffre énormément de ses longueurs ! 800 pages tout de même, truffées de nombreux détails inutiles (ou alors est-ce le style qui est mal maîtrisé? un problème de traduction?), des répétitions, des répétitions, des répétitions et aussi... beaucoup de répétitions, comme si l'auteur craignait que le lecteur n'ai pas bien compris la première fois... Autant de défauts qui plombent le récit et le font trop souvent tomber dans le pathos et l'exagération, le rendant de moins en moins plausible.



On comprend bien que chaque personnage joue une figure bien précise dans cette amitié. Mais l'auteur ne parvient pas à éviter le piège de la caricature et finit par les enfermer dans le rôle qu'elle leur a assigné dessinant des caractères qui manquent de nuances. Ainsi limités dans le spectre de leurs émotions, restreints dans le choix de leurs actions, ils semblent tourner en rond, incapables d'évoluer ou de nous surprendre. A vouloir trop en faire, l'auteur fait perdre toute crédibilité à son histoire et à ses personnages.



Ce qui m'a poussé à la terminer ? Ma curiosité sans doute ! L'histoire reste prenante et évidemment le mystère entourant Jude, sa fragilité, m'ont accroché malgré tout, ainsi que l'évolution des relations entre les différents protagonistes. J'ai beaucoup aimé l'idée de suivre le destin de chacun sur plusieurs années, de les connaître au sortir de l'adolescence pour les quitter à l'aube de la vieillesse. Difficile de ne pas s'attacher à certains d'entre eux malgré les défauts cités plus haut. Et ce livre aura aussi le mérite de me donner envie de redécouvrir New-York, que je n'ai pas réussi à apprécier lors de ma première et unique visite.



Je vous aurais volontiers conseillé ce livre s'il faisait plusieurs centaines de pages en moins... mais là je ne peux pas vraiment vous encourager à vous jeter dessus.
Lien : https://pointplume.blogspot...
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Une vie comme les autres

Une vie comme les autres est un livre choc.

800 pages pour raconter la vie de quatre garçons américains pendant trente ans.

Jude, Willem, JB et Malcom.

4 destins que l'amitié a liés à jamais.

Très vite, Jude Saint-Francis apparaît être le personnage principal, celui autour duquel tout va graviter tout le livre.

Jude, le mystérieux, le fascinant.

La découverte par le lecteur vers le milieu du livre des secrets de son enfance et adolescence est presqu' insoutenable.

L'amour peut il encore être même seulement rêvé après un tel traumatisme ?

On savait déjà, avec Montaigne, que de l'amitié à l'amour il n'y a pas parfois qu'un pas.

Parce que c'était lui, parce que c'était moi.

Mais cela ne suffira pas car le destin, parfois, est bien cruel.

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Une vie comme les autres

C'est l'histoire de quatre garçons : JB, Jude, Malcom et Willem. Venus d'horizons et de familles très différentes, ils se rencontrent à la fac et ne se quitteront plus lorsqu'ils s'installeront à New York. Chacun mène sa carrière : JB est un peintre ambitieux très vite reconnu par le milieu artistique ; Jude, stupéfiant d'intelligent, devient un avocat redoutable ; Malcom est un architecte renommé ; enfin Willem, comédien, quitte les planches pour jouer dans des films à succès et fait une belle carrière. On pourrait suivre la vie de chacun d'eux, mais le récit se focalise surtout sur Jude, dont on découvre petit à petit les sévices atroces qu'il a subis au cours de son enfance, qui font de lui un homme fragile, persuadé de ne pouvoir être aimé.



Du quatuor émergent deux figures, celle de Jude et celle de Willem, dont on suit la carrière montante au fil de ses tournages, tandis que Jude devient l'avocat froid et efficace qui remporte tous ses procès. JB, à part lors de quelques épisodes liés aux expositions de ses oeuvres, et Malcom dont on ne saura guère plus que ce qui est dit au début de l'ouvrage, sont mis de côté rapidement, au profit du tandem et de ses proches, Andy, le médecin dévoué qui soigne les blessures de Jude, impuissant devant son désespoir, et Harold, devenu son père adoptif, prêt à tout endurer pour aimer ce fils qu'il a choisi, probablement afin de sublimer la perte de son propre petit garçon, à l'âge de 5 ans. Cet aspect psychologique est révélateur du dessein de l'auteur, qui semble avoir voulu, tout au long de ce récit, montrer les séquelles irréversibles d'une enfance placée sous le signe de la violence et de la pédophilie – à de demander comment Jude parvient encore à vivre, après avoir vécu sous la coupe de frère Luke, ce curé pervers qui va lui apprendre à se scarifier pour se soulager. Jude a une vision abjecte de lui-même, et cependant il va batailler pour être comme n'importe qui, ainsi que lui reproche JB, lors d'une dispute : "Tu vas passer ta vie à paraître complètement normal, ennuyeux et banal ?". C'est exactement le combat de la vie de Jude, être normal, ce qu'il va parvenir à faire un temps – quelques années de bonheur.



Cependant, malgré cette approche intéressante, le roman est long, beaucoup trop long, et l'auteur aurait gagné à éliminer nombre de digressions qui font perdre le fil de la narration. Et que dire des pages de description des sévices dont Jude a été victime, comme le dos de la main enduit d'huile par l'un des curés, auquel il met le feu pour le punir de lui avoir dérobé sa montre ? Des pages où l'on nous décrit en détail l'apparition de nouvelles plaies sur ses jambes abimées, qui s'infectent et se nécrosent ? Rien ne nous sera épargné, ira crescendo dans l'horreur. Fallait-il à ce point s'y complaire ? S'agissait-il de susciter la pitié chez le lecteur ? C'est chose faite assez rapidement. La suite ne génère que du dégoût… Reste la psychologie de Jude, ce survivant.



Malgré un indéniable travail de rédaction et de restitution d'un milieu artistique et intellectuel new-yorkais, ce roman est décidément trop long et indécent de violence. Sur la forme, les phrases sont parfois trop longues, au point que l'auteur se perd dans sa syntaxe. Dans la traduction française, on peut relever de nombreuses fautes d'accord, certains verbes mis au pluriel alors que le sujet, placé en avant dans la phrase, est au singulier, ou inversement ; une expression curieuse probablement due à une faute de traduction : "Il se garda la face pendant tout le dîner" (p.201) ; des fautes d'orthographe inadmissibles : "coûter très chères" (p.311), "Aucune des personnes qu'il connaissait n'était un accroc : ni aux drogues..." (p.315) ; enfin une perle : Jude cisèle des "feuilles de basilique" (p.719). J'ai du mal à concevoir qu'un éditeur comme Buchet-Chastel ait laissé passer de telles énormités...



Roman lu dans le cadre du Prix des Lectrices de Elle.

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Une vie comme les autres

Ce roman, d’un langueur et densité assez impressionnante au premier abord, nous conte les vies de quatre amis New Yorkais alors qu’ils naviguent entre soucis et questions existentielles, qu’accompagnent leur parcours, depuis l’université. Plus particulièrement, on se retrouve à suivre Jude St Francis, véritable protagoniste de ce livre puisque tous les autres personnages se voient morbidement obsédés par son passé tragique et mystérieux, l’ayant laissé profondément traumatisé et handicapé. J’ai trouvé que le livre se repose trop sur le dévoilement progressif du parcours de Jude pour être intéressant et garder l’attention du lecteur, et que le « facteur choc » s’épuise rapidement comme il n’est question que de montrer les aspects les plus monstrueux de la nature humaine et de, justement, choquer et attiser notre compassion. Comment ne pas apprécier un personnage qui a autant souffert? Comment ne pas ressentir de la peine pour l’enfant qu’il a un jour été, avant que tout ne parte en sucette? J’ai trouvé cet aspect un peu facile, étant donné qu’on ne nous ai donné que cette facette de lui à connaître; le Jude drôle et attentionné dont Willem nous parle ne nous est jamais présenté. Je me suis donc retrouvée à compatir avec lui, mais pas à l’apprécier (non pas à cause de ses défauts et traumatismes, mais bien parce qu’après 1100 pages on ne le connaît pas). Finir le roman a donc été assez pénible car une fois toute la curiosité morbide rassasiée, c’est 200 ou 300 pages de… rien qui nous attend.

Il y a également beaucoup de répétitions tout au long de la lecture. Les personnages s’interrogent sur les mêmes questions sans cesse, même 30 ans après se les être posée la première fois; avec un texte d’une telle ampleur, ça paraît lourd et redondant, même si ces soucis restent très humains et réalistes.

De plus, les personnages, sauf exception, sont tous un peu trop parfaits, attentionnés et patients avec Jude. Tous l’adorent et/ou le jalousent, alors que j’ai du mal à imaginer la même chose dans la vraie vie…



Ça reste un texte très joliment écrit, fluide et léger par moment, malgré les sujets assez compliqués abordés. Texte malheureusement quelque peu faussement complexe, qui rempli les lignes avec des informations non essentielles.
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Une vie comme les autres

Première lecture de 2024, et quelle lecture !!! Je voulais lire ce livre depuis peut-être deux ans maintenant, mais j'avais peur, je me sentais pas mentalement prête, même si finalement, je ne savais même pas vraiment de quoi il parlait. Et puis en décembre, je me suis sentie prête, et quelle décision incroyable !



Je me suis tellement attachée aux personnages, j'avais peur au début lorsqu'on a quelques pages dédiées à chacun des personnages, je ne pensais pas m'attacher à eux, mais oh la la Jude et Willem ! Honnêtement, je ne me suis pas attachée aux deux autres, mais vraiment Jude et Willem... Wow. Et les personnages secondaires comme Harold et Andy ne sont pas mis de côté, on s'attache également tellement à eux.



Honnêtement, je pense qu'il faut lire ce livre en se sentant, déjà, prêt mentalement car les trigger warning sont très importants, mais surtout, il ne faut pas le voir comme un simple roman qui a un début, un milieu et une fin. Pour moi, ça a été un véritable voyage, je l'ai d'ailleurs lu très vite, je pensais qu'il allait me prendre au moins deux mois car je savais qu'il était très difficile mentalement, mais il ne m'a pris finalement qu'une semaine tant il m'a passionné.



Et évidemment, à la fin du chapitre "The Happy Years" j'ai pleuré comme pas possible...



Ce livre va rester longtemps en moi, j'y pense régulièrement, et je pense que cela va durer encore longtemps.
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Une vie comme les autres

1122 PAGES ! C'est écrit "une épopée romanesque" dans le résumé, et c'est peu dire !

Je me suis profondément ennuyée pendant les 250 premières pages. Mais alors que j'étais prêtes à abandonner, le miracle c'est produit et j'ai été complètement happée.

Il manque, à mon sens, un sacré avertissement en début de livre. Imaginez le pire que vous puissiez lire à propos de l'enfance de quelqu'un. Voilà. Tout y est. Et selon moi, cela constitue encore au moins 100/200 pages de trop au roman.

Je me suis attachée à Jude comme rarement cela m'est arrivé dans une lecture. J'ai eu envie de le sauver, de son passer, de son futur... J'ai adoré voir ce groupe d'ami si solidaire malgré les disputes.

J'ai aimé ma lecture pour ses personnages, pour son ambiance, pour la tension et pour tout l'amour qu'elle dégage. Mais il n'y a pas vraiment d'histoire, si ce n'est celle de Jude qui nous est révélée petit à petit.

Je vous le conseille, parce qu'il m'a bouleversé. Mais il faut vraiment etre disponible emotionnellement pour se lancer. Il vous faudra prendre beaucoup de recul, et parfois, faire quelques pauses.
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Une vie comme les autres

Cet énorme pavé me faisait assez peur. Il fait plus de 1000 pages et ce n’est pas dans mes habitudes de lecture. Mais je l’ai vu absolument PARTOUT sur les réseaux, surtout anglophones, et il a fini par me faire envie.



Bon, j’ai trouvé les 200 premières pages lentes. On va suivre 4 personnages principaux et heureusement que la 4ème de couverture les décrit parce que j’ai eu du mal à savoir qui était qui. On suit parfois l’un, parfois l’autre, sans ordre chronologique particulier et ça demande une certaine exigence et et une certaine concentration.



Puis d’un coup, sans prévenir, on te traumatise. Allez hop, des scènes bien décrites, bien difficiles à lire et très sombres. Je n’ai pas pour habitude d’être particulièrement sensible mais là ! C’est quelque chose…



On m’a également fait part, pendant que je lisais ce livre, que l’autrice tient des propos un peu limites. Elle est contre la thérapie et pense que si l’on se sent mal et bien, on se sent mal, ça ne sert à rien d’aller consulter un spécialiste de la santé mentale. Elle pense aussi que parfois le suicide est la meilleure option. De plus elle n’a fait aucune recherche sur aucun des sujets qu’elle aborde. Je ne suis évidemment pas du tout d’accord avec ces propos et j’ai eu l’impression que ça se reflétait dans son livre.



Cette lecture semble être juste une succession de drames et on assiste à la chute profonde et définitive d’un des personnages. Bof envie de continuer ce que je lisais alors que je n’aimais pas les 10% lus. J’ai un peu l’impression qu’avec ce roman ça passe ou ça casse, il n’y a pas de demi mesure.



En bref, c’est sans regret que je vais me séparer de ce livre et ne jamais le finir. D’autres belles lectures m’attendent !
Lien : https://madamepointvirgule.f..
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