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Critiques de Hector Berlioz (9)
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Euphonia ou la ville musicale

J'ignorais que Berlioz fût un auteur , et pourtant il a écrit, et beaucoup. La nouvelle parue aux éditions Ombres est en réalité extraite des « soirées de l'orchestre », long ouvrage relativement décousu où des séances de répétitions sont autant de prétextes à des morceaux de bravoure sur diverses thématiques musicales. Ainsi, « Euphonia » est un récit décrivant une ville dédiée à la musique -et aussi son dernier refuge. Située dans un avenir lointain, elle fait figure d'exception alors que le sens de l'harmonie aurait déserté la planète - et plus particulièrement l'Italie dont Berlioz se gausse outrageusement.

Or, l'intéressant de l'affaire est que Berlioz lui-même, dans ce récit, semble considérer que la musique ne sert à rien. La sublime cantatrice émeut dans ses chants mais possède un coeur de pierre. Le compositeur quoique génial est incapable de trouver la moindre inspiration ou consolation à son chagrin d'amour dans son art. L'art c'est bien, la cruauté et la vengeance, c'est mieux. le final inattendu est tellement gore qu'il en est jubilatoire. Après avoir fait au début de son texte des moues et des mines sur l'Arrrrt, le vrrrrai, le narrateur cocufié envoie valser (ah ah) toute considération esthétique et trucide à tout va en se fichant de la tierce comme de la quarte.

Plutôt rigolo, donc, et pas si anecdotique.
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Les soirées de l'orchestre

Hector Berlioz décrit avec une verve joyeuse et une imagination foisonnante des anecdotes de la vie d'un orchestre, côté coulisses. Comme dans ses "Mémoires" ce livre se lit avec grand plaisir, avec ce style un peu suranné et romantique mais si drôle d'un Berlioz toujours enthousiaste, curieux, ironique. Plus que tout, c'est la passion de la musique que transpirent ces lignes, passion de l'auditeur et du compositeur, et un état des lieux de son époque, des archaismes, lourdeurs administratives, paresses des instrumentistes...

Ceux qui ont connu la vie à l'intérieur d'un orchestre quel qu'il soit reconnaitront le rapport de force du groupe face à l'individu tout puissant (compositeur, chef d'orchestre), les blagues potaches, les clans d'instrumentistes, qui, encore aujourd'hui, et pour encore longtemps auront cours dans ce microcosme d'une société humaine.

Pour les autres, ce sera une découverte tout autant jubilatoire, même si certaines considérations leur échapperont par la force des choses.

On rit beaucoup, en musique, et ça fait du bien.
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Les grotesques de la musique

Cet ouvrage de 1859 fait suite aux "Soirées de l'orchestre" (1852), et, dans le même esprit, relate des anecdotes, bons mots, événements ayant trait à la vie musicale de l'époque du compositeur. Comme l'indique le mot "grotesques", ce recueil est encore plus drôle et féroce que le précédent. Berlioz raconte toutes ces aventures et mésaventures avec une ironie désopilante, dans un français délicieux, avec cette touche de désabusement qui nous laisse entrevoir avec élégance à quel point il s'est battu pour imposer sa conception de la composition, la vie de l'orchestre, sans oublier ses rapports avec la célébrité, la sienne (qui, si elle le flatte n'en est pas moins décevante) ou celle de ses contemporains, en particuliers chanteurs et chanteuses, qui en prennent pour leur grade ! il n'oublie pas de glisser quelques peaux de banane à ses rivaux compositeurs (en particulier Cherubini avec lequel il ne cessa d'être en conflit), pour notre plus grande joie. Car, que l'on soit musicien ou pas, on rira franchement à la lecture de ces souvenirs. Le rire du musicien sera sans doute plus "éclairé" et davantage dans l'autodérision, mais le lecteur non musicien rira de tout aussi bon coeur à la découverte de ce monde de fous décrit avec la passion, l'enthousiasme, de ce Berlioz de génie.
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Mémoires

Plonger dans la vie exaltée d'un grand musicien donne à sa musique un supplément de coeur. Berlioz incarne à merveille l'artiste romantique, en est presque la carricature. Il s'enflame pour l'art et l'amour, les fusionne en une épouse shakespearienne, et pourfend, donquichotesquement, les moeurs musicales dissolues de ses contemporains, qui (horreur ultime, impensable aujourd'hui et dans l'esprit en avance de Berlioz) réarrangent les symphonies de Beeethoven et sont incapables de monter correctement la moindre petite oeuvre à mille exécutants du brave Hector, qui erre à travers l'Europe dans l'espoir de trouver un ophycléide jouant juste. Tantôt fleur bleue, quand, vieux, il réécrit au rêve amoureux de ses douze ans, tantôt féroce, quand il décrit comment le jury (des architectes et des scultpeurs...) déscernait le prix de Rome, quand il zozotte la méchanteté de Cherubini et de tous les directeurs d'opéras et de conservatoires, ou quand il énonce les compétences des musiciens qui ne l'aiment pas, Berlioz parvient à captiver un lecteur prêt à le suivre dans ses pérégrinations à travers l'Allemagne et la Russie et dans sa romanesque fuite de Rome pour tuer l'amant de son amie, fuite avortée, car Berlioz, toujours, revient à la musique, son émotion la plus vraie et son énervement le plus outrancier.

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Mémoires

J'avais 20 ans et quelques, je découvrais l'art lyrique, un ami me fit écouter le morceau du concours de Rome où Berlioz échoua cette fois encore: La Mort de Cléopâtre.Interprète: Janet Baker.

Saisissement, étonnement, rire même à la dixième écoute.Il y a des facéties musicales réjouissantes qui secouent un peu les paroles pompeuses et lourdes (ah! le" vil reptile"! )

Orchestre démentiel, expressionisme, romantisme, voix détimbrée de Miss Baker pour traduire les affres et le remord de la "Veuve d'Antoine et veuve De César, au pouvoir d'Octave livrée"Cela ne ressemblait à rien de ce que je connaissais.

Plus tard Les Troyens m'ont livré quelques merveilles et enfin L'Enfance du Christ m'a charmée de sa délicatesse (L'Adieu des bergers à la Sainte Famille ferait pleurer un taxidermiste)

Mais qui est Berlioz? Un provincial qui s'émancipe de la lourde tutelle du papa médecin,et qui dissèque quelques semaines les cadavres avant de suivre sa vocation musicale et de jouer du flageolet.

Etudiant pauvre, il court le cachet et se fâche avec tout ce qui compte dans le monde musical. il va à l'opéra, au poulailler, déroule sa partition sur ses genoux et se lève courroucé pour dénoncer les timbales qui ne partent pas, les trompettes qui ne trompettent pas, et, sacrilège des sacrilèges, une interprétation tronquée: "qui donc se permet de corriger Glück??" éructe-t-il durant un silence de l'orchestre, à la grande confusion du chef, et à la grande joie des étudiants fauchés qui s'engouffrent dans un chahut monstre.Les têtes chapeautées ou aigrettées des dames se tournent vers lui.

C'est un braillard au nez en bec d'aigle, aux cheveux incandescents et ébouriffés, l'oeil méchant et l'écume aux lèvres. Un vrai punk, en somme. Il a écrit ces épisodes caractériels, son bras de fer avec les vieux profs du Conservatoire de Paris où il fait peur à tout le monde, avec une vanité ingénue qui passe très bien.Il raconte aussi son propre parcours vers la musique, ce qu'il croit, et à quoi il croit. Il a toujours une cause à défendre, mais sait aussi se dénommer ver de terre amoureux d'une étoile: Miss Harriett Smithson

L'anglaise actrice de théâtre, à qui il fera une cour effrénée, et qui se révélera bipolaire, ou neurasthénique, et qu'il n'abandonnera pas, pourtant.

Et il rédige ses mémoires, pour consigner tout ce bruit et cette fureur.

Méchant, souvent spirituel, ce brûlot au style journalistique fait toujours mouche. Il ne fait pas bon se trouver sous ses flêches.



Il a du souffle, pour parler de ses passions, Berlioz.



Mais le plus beau est à la fin du livre, quand il nous fait vivre de façon très "cinématographique" ses retrouvailles avec une femme plus âgée, dont il tomba amoureux au sortir de l'enfance,qu'il aima longtemps, qu'il aima toujours, et qui se refusa à ses avances, même quand elle eût pu, libre, les accepter car elle comprit à la fin de quel amour vrai et sincère elle était et resta l'objet. Cette scène là, à la fois retrouvailles pour l'éternité et séparation définitive, est une des plus émouvante que j'aie lue, ou fantasmée à la lecture.



Rire, critique féroce, style percutant et images à l'emporte pièce, c'est bien, bien meilleur que Pacadis et Beigbeder réunis.

Sa capacité à s'enflammer pour une femme, puis à se consumer ensuite, sa tendresse jointe à son caractère atrabilaire, cela fait de ses Mémoires un sacré bon livre!

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Mémoires

- Berlioz, vous connaissez, les enfants ?

- Facile, Berlioz, avec Marie et Toulouse, sont les trois chatons de Duchesse dans les « Aristochats » !

- Mmouais, c’est pas faux, comme dirait Perceval, mais à part ça, ce nom ne dit rien à personne ?

- Si, c’est un musicien, je crois ?

- Tu peux en être sûr ! Un des plus grands. L’histoire de la musique française ne serait pas la même s’il n’y avait pas eu Berlioz ! Voyez-vous, Hector Berlioz, en musique, a fait ce que faisaient à la même époque Victor Hugo en littérature et Eugène Delacroix en peinture : la révolution romantique. Révolution, parce que c’était un sacré coup de balai sur une tradition en train de se scléroser ; et romantique, parce que le Romantisme est un mouvement des idées qui a secoué la fin du XVIIIème siècle (en Allemagne et en Angleterre) et la première moitié (au moins) du XIXème siècle (dans le reste de l’Europe et donc en France).

- Berlioz était donc un romantique ?

- Un peu, mon neveu. On peut même dire que c’était un romantique à l’état pur. Mais savez-vous qu’en plus d’être un génie de la musique, il avait aussi un excellent don d’écriture : pendant des années il a tenu une rubrique dans le Journal des débats, où il étalait ses états d’âmes, fustigeant la médiocrité des créations contemporaines (en particulier une haine tenace contre Cherubini) et portant aux nues les compositeurs qu’il idolâtrait, Beethoven, Glück ou Weber. Et puis il nous a laissé ses « Mémoires » qui ne sont parus qu’en 1870, à titre posthume (il était mort en 1869, à l’âge de 66 ans).

Ecrire ses mémoires, en soi, n’est pas un acte nouveau : Rousseau et Chateaubriand l’avaient fait avec lui. Mais l’époque n’était pas la même, et la sensibilité non plus, quoique l’un et l’autre ont eu une influence prépondérante sur le romantisme français. Quand Berlioz commence à rédiger ses souvenirs, il pense à une autobiographie, mais aussi à une histoire de son œuvre, et à travers elle, au tableau musical de toute une époque. Et de fait, ces « Mémoires » sont autant une évocation extrêmement vivante de sa vie et des amours, que la lente description de son évolution musicale, son parcours personnel, ses influences, ses haines, parfois, et la place qu’il prend sur la scène musicale.

Pour autant, ces « Mémoires » sont-ils un document ? Sans aucun doute oui. On y respire toute une époque, où le sentiment prévaut, où le génie (littéraire, artistique ou musical) se manifeste obligatoirement par le cœur autant que par la raison. Berlioz, comme Hugo, ou Delacroix (qui lui aussi a laissé un Journal très intéressant), laisse paraître sa sensibilité dans tout ce qu’il fait, ses écrits comme ses partitions. Bien sûr, on pourra relever çà et là des inexactitudes, ou des approximations, et même des oublis, volontaires ou pas. Il reste cependant que ces « mémoires » constituent un témoignage important de cet autre « enfant du siècle ».

L’impression, en lisant ces « Mémoires », est que Berlioz ne nous livre pas seulement son « vécu », mais également son « vivant » : dans ces mémoires qui ont été rédigés tout au long de sa vie, on sent l’accent de l’authentique. Berlioz ne cache rien de ses sentiments, de ses haines comme de ses amours. Des quatre femmes de sa vie, il en est une qui bizarrement tient une grande place : ce n’est pas Camille Moke, qui l’a enflammé en 1830, ce n’est pas Harriett Simpson, qui lui a inspiré nombre de succès musicaux (mais bien des déboires sentimentaux), ce n’est pas Marie Recio qui elle n’avait rien pour elle, semble-t-il, que son physique, non, la femme qui a le plus marqué Berlioz, c’est Estelle Duboeuf, future Estelle Fornier), son tout premier amour (il avait douze ans), qu’il a aimée toute sa vie, et dont le retrouvailles à la fin de sa vie constituent un des moments les plus émouvants des « Mémoires »

Un livre remarquable, incontournable si l’on s’intéresse à la musique, incontournable si l’on s’intéresse à l’histoire littéraire. Et même, si ces deux intérêts vous sont étrangers, vous aurez quand même grand plaisir à lire ces pages vivantes, parfois enjouées, parfois techniques, et toujours enrichissantes. Fantastiques, comme… disons, une symphonie !

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Le chef d'orchestre

Lorsque j'ai rêvé du métier de chef d'orchestre, ce livre de Berlioz m'a remis les pieds sur terre :-)) J'ai lu aussi celui de Wagner sur le même sujet (mais je ne me souviens plus du titre).

Et j'ai continué à aimer la musique en auditrice. C'est vraiment plus accessible !
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Mémoires

Un livre qui allie connaissances biographiques et musicologiques sur Berlioz. Il se lit assez bien, les détails sur ses voyages et sur ses compositions sont précises et claires...! Un très beau livre sur un compositeur romantique, écrit par lui même.
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Mémoires de Hector Berlioz comprenant ses voy..

j'ai adoré : mémoires d'une qualité exceptionnelle, qui en révèlent à la foi sur l'Homme derrière le compositeur, le romantique par excellence, mais aussi un puits de savoir sur le monde musical de l'époque... j'ai pleuré, je l'avoue, à la lecture de la vie de cet homme passionné
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