Hélène Romano, Dr en psychopathologie-HDR, psychothérapeute, répond aux questions des parents concernant le confinement.
Aujourd'hui : fin du confinement et retour à l'école
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helene.romano@cleditions.com
La reprise des cours annoncée par le Président pour le 11 mai pour les élèves de primaire et de secondaire n'est pas sans poser question. Nombreux sont les parents à se demander si ce retour est envisagé pour les enfants ou pour permettre aux parents de reprendre le travail.
Autrement dit pour être rassurés (et de ce fait rassurants pour leurs enfants) les parents ont impérativement besoin d'avoir des garanties sur les modalités de retour des enfants à l'école et sur le fait qu'ils ne seront pas en danger d'être contaminés. Autrement nous risquons une épidémie de phobie scolaire.
Car le milieu scolaire est très loin d'être conçu au niveau ergonomique pour éviter des contaminations de toutes sortes (Covid 19 mais aussi gastroentérites, grippes, varicelle et autres poux bien connus des parents) : en classe les élèves sont regroupés les uns à côté des autres, idem à la cantine et pendant la récréation où il paraît difficile d'éviter les interactions, sans parler des toilettes
. Faire cours tous avec un masque apparaît également difficilement réalisable sur une journée.
Pourtant, si les enseignements reprennent le ministère va devoir inventer d'autres modalités d'accueil dans les établissements et dans les classes. Il lui faudra aussi bien prendre notion que les enfants qui ont été enfermés chez eux pendant plus d'un mois ne vont pas facilement pouvoir reprendre le rythme scolaire classique, qu'ils risquent d'être agités, car anxieux, fatigués (en raison du stress accumulé), plus difficilement mobilisables pour les apprentissages.
Pour les parents cela peut être un soulagement de savoir qu'ils n'auront plus à assurer les cours d'ici un mois, mais aussi une inquiétude face à ce virus qui continuera d'exister (comme un tas d'autres). Exiger des établissement scolaire une réorganisation des lieux est indispensable et possible via les associations de parents d'élèves et le CESC (Comité d'éducation à la santé et à la citoyenneté). Expliquer à son enfant qu'il peut aller à l'école en toute sécurité serait lui mentir, la vie est faite aussi de choses difficiles. Par contre, lui rappeler l'importance de se laver les mains autant de fois que possible, lui expliquer que l'on peut établir des relations chouettes avec ses camarades sans se coller l'un à l'autre fait partie des pistes pour lui permettre de reprendre confiance en la vie. Et l'école fait partie intégrante de la vie d'un enfant.
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Le principal malheur des enfants et des adultes traumatisés n'est pas tant l'incompréhension des autres, mais leur indifférence et leur refus de vouloir savoir.
Ma parole libre et mon engagement professionnel dérangent ceux qui préféreraient que la défense des enfants maltraités, la prise en charge de personnes aux vies fracassées par des traumatismes et l’accompagnement des victimes restent des supports de communication bien plus qu’une réalité. J’aurais pu faire le choix d’une carrière simple mais le silence tue la vérité et détruit davantage ceux qui ne peuvent pas se libérer eux-mêmes de leur souffrance. La vie m’a appris depuis longtemps combien la liberté de penser est inaliénable. La volonté et le courage de faire face et de tenir malgré tout, m’ont permis de ne jamais renoncer. J’en connais le prix mais aussi toute la force que cela m’a permis d’acquérir.
Les jeux post-traumatiques comme les pratiques dangereuses,témoignent de la blessure psychique de d'enfants ou d'adolescents confrontés à des évènements de vie indicibles; ils sont autant de traces traumatiques qui s'inscrivent dans leur histoire.
L'enfant a horreur du vide. Très tôt il lui faut trouver des explications au monde qui l'entoure et donner du sens à ce qu'il vit. La réalité psychique de l'enfant ne supporte ni l'incertitude, ni le hasard et il va déployer une énergie considérable pour décrypter les événements de vie qu'il subit et leur trouver du sens en fonction de la valeur qu'il leur accorde.
Deux axes principaux de recherche ont progressivement orienté l’ensemble de mon travail : le traumatisme psychique et la dimension de transmission traumatique (au niveau institutionnel, comme au niveau familial). Ces deux axes se sont régulièrement rejoints avec des travaux sur le traumatisme psychique en situation collective et le développement d’études portant plus spécifiquement sur la clinique de l’enfant traumatisé, de la période périnatale à l’adolescence.
Grandir, c'est découvrir la réalité (psychique), sa consistance; c'est se sentir capable de créer,de produire et de croire à cette création.
Winnicott
Au cours de mon itinéraire professionnel, la clinique, l’enseignement et la recherche ont toujours été étroitement associés. La recherche m’est vite apparue indispensable pour mieux comprendre les processus psychiques à l’œuvre dans la clinique et apporter une évolution positive à ma pratique. Seule, l’activité clinique n’est rien, si elle ne s’inscrit pas dans une dynamique de réflexion et d’évaluation qu’apporte la recherche et si elle ne vise pas à transmettre les connaissances acquises. Et la recherche témoigne que tout savoir est provisoire et perfectible. Elle nous incite à l’humilité et nous engage dans des perspectives multiples, passionnantes et sources infinies de créativité.
C'est en jouant et seulement en jouant, que l'individu, enfant ou adulte, est capable d'être créatif et d'utiliser sa personnalité tout entière. C'est en étant créatif que l'individu découvre le soi.
Winnicott
- Mais si Papa devient un terrotriste aussi ?
- Est-ce que tu pourrais me dire pourquoi tu penses ça ?
- Mais parce que ces terrotristes, c'étaient des grandes personnes et Papa et toi vous êtes aussi des grandes personnes !
- Je comprends mais, tu sais, Papa nous aime. Il ne va pas devenir un terroriste, ni moi non plus. Il sait que la vie est un vrai trésor et, pour rien au monde, il ne se tuerait, ni ne tuerait d’autres personnes.
Si les adultes croient souvent que les enfants n'ont rien compris, qu'ils ne sont pas traumatisés et qu'ils continuent de vivre « comme avant », c'est bien souvent parce que les enfants se taisent ; ou plus précisément qu'ils ne s'expriment pas à la hauteur de leur détresse et de leur souffrance. L'événement traumatique déporte l'enfant hors du champ de la pensée, hors du monde.