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Citations de Henri Barbusse (303)


- De quelle nationalité êtes-vous ?
- Je ne sais pas. Nous sommes à la Compagnie, qui est du monde entier. La police qui règne ici appartient à tous les grands pays. La gare du chemin de fer qui fait de cette région un morceau de tous les grands pays, est un piège monstre contre nous.
En un clin d'oeil, le rail déverserait ici une armée et ses bagages de fer.
Il y a, par là-bas, presque enterré, un canon énorme qui a l'oeil sur nous.
Ici c'est un centre d'industrie, un enfer de l'humanité ...
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- C'est quand y a plus rien qu'on comprend bien qu'on était heureux. Ah ! était-on heureux !
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- Ah ! mon vieux, dit Tirloir, on parle de la sale race boche. Les hommes de troupe, j'sais pas si c'est vrai ou si on nous monte le coup là-dessus aussi, et si, au fond, ce ne sont pas des hommes à peu près comme nous.
- C'est probablement des hommes comme nous, fait Eudore.
- Savoir ! s'écrie Cocon.
- En tous les cas, on n'est pas fixé pour les hommes, reprend Tirloir, mais les officiers allemands, non, non, non : pas des hommes, des monstres. Mon vieux, c'est vraiment une sale vermine spéciale. Tu peux dire que c'est les microbes de la guerre. Il faut les avoir vus de près, ces affreux grands raides, maigres comme des clous, et qui ont tout de même des têtes de veaux.
- Ou bien des tas qui ont tout de même des gueules de serpent.
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C'est pourquoi, malgré la fatigue qui les écrase, et la boucherie toute fraîche dont ils sont éclaboussés encore, et leurs frères arrachés tout autour de chacun d'eux, malgré tout, malgré eux, ils sont dans la fête de survivre, ils jouissent de la gloire infinie d'être debout.
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Pourquoi, dit-il, est-on saisi par le rythme ? Au milieu du désordre de la nature, la création humaine apporte, partout où elle se manifeste, son grand principe de régularité et de monotonie. Ce n’est qu’en obéissant à cette dure loi que l’œuvre, quelle qu’elle soit, monte et s’établit d’une façon sûre. Cette vertu austère différencie la rue de la vallée, et élève un escalier aux marches égales dans la montagne du bruit. Car le désordre n’a pas d’âme, et la régularité est pensante.
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La bouche qui est rouge de sang, qui saigne éternellement, est comparable au cœur : c’est une blessure, et c’est presque une blessure de voir la bouche d’une femme.
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L'ivresse du sommeil me gagne. Mais je me rappelle ce qu'ils ont fait et ce qu'ils feront. Et devant cette profonde vision de pauvre nuit humaine qui remplit cette caverne sous son linceul de ténèbres, je rêve à je ne sais qu'elle grande lumière.
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- On se demandera, dit l'un : "Après tout, pourquoi faire la guerre ?" Pourquoi, on n'en sait rien ; mais pour qui, on peut le dire. On sera bien forcé de voir que si chaque nations apporte à l'idole de la guerre la chair fraîche de quinze cents jeunes gens à déchirer chaque jour, c'est pour le plaisir de quelques meneurs qu'on pourrait compter ; que les peuples entiers vont à la boucherie, rangés en troupeaux d'armées, pour qu'une caste galonnée d'or écrive ses noms de princes dans l'histoire ; pour que des gens dorés aussi, qui font partie de la même gradaille, brassent plus d'affaires - pour des questions de personnes et des questions de boutiques. Et on verra, dès qu'on ouvrira les yeux, que les séparations qui sont entre les hommes ne sont pas celles qu'on croit, et que celles qu'on croit ne sont pas.
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Pourtant, ces Africains paraissent gais et en train. Ils vont, naturellement, en première ligne. C'est leur place, et leur passage est l'indice d'une attaque très prochaine. Ils sont faits pour l'assaut.
- Eux et le canon 75, on peut dire qu'on leur z'y doit une chandelle ! On l'a envoyée partout en avant dans les grands moments, la Division marocaine !
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L’avenir ! L’avenir ! L’œuvre de l’avenir sera d’effacer ce présent-ci, et de l’effacer plus encore qu’on ne pense, de l’effacer comme quelque chose d’abominable et de honteux.
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L'étroitesse terrible de la vie commune nous serre, nous adapte, nous efface les uns dans les autres. C'est une espèce de contagion fatale. Si bien qu'un soldat apparaît pareil à un autre sans qu'il soit nécessaire, pour voir cette similitude, de les regarder de loin, aux distances où nous ne sommes que des grains de la poussière qui roule dans la plaine.
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Tout à coup une étoile intense s’épanouit là-bas, vers les lieux vagues où nous allons : une fusée. Elle éclaire toute une portion du firmament de son halo laiteux, en effaçant les constellations, et elle descend gracieusement avec des airs de fée.
Une rapide lumière en face de nous, là-bas ; un éclair, une détonation.
C’est un obus. 
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Jésus-Christ est un pauvre bonhomme à l'âme pure ; il ne méritait pas tout le mal qu'ont fait ses idées.
P 396
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On dévale, on roule. on va de l'avant, on ne sait pas où. On ne sait rien, sinon que le ciel et la terre vont se confondre dans un même abîme.
[...]
De grands nuages gris, pleins d'eau, pendent du ciel. La plaine est grise, pâlement éclairée, avec de l'herbe bourbeuse et des balafres d'eau. De place à autre, des arbres dépouillés ne montrent plus que des espèces de membres et des contorsions.
[...]
A travers champs, on pétrit et on écrase une pâte à consistance visqueuse qui s'étale et reflue sans cesse devant les pas.
[...]
Sur les parties empierrées - les ex-routes effacées, devenues stériles comme les champs - la troupe en marche broie, à travers une couche gluante, le silex qui se désagrège et crisse sous les semelles ferrées.
P330
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Ah ! mon vieux, dit Tirloir, on parle de la sale race boche. Les hommes de troupe, j'sais pas si c'est vrai ou si on nous monte le coup là-dessus aussi, et si, au fond, ce ne sont pas des hommes à peu près comme nous.
P 55
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...Non, on ne peut pas se figurer. Toutes ces disparitions à la fois excèdent l'esprit. Il n'y a plus assez de survivants. Mais on a une vague notion de la grandeur de ses morts. Ils ont tout donné ; ils ont donné, petit à petit, toute leur force, puis, finalement, ils se sont donnés, en bloc. Ils ont dépassé la vie ; leur effort à quelque chose de surhumain et de parfait.
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On nous pousse dans les abris d'arrière. À nos yeux, le champ de la mort s'éteint. À nos oreilles, le tonnerre s'assourdit sur l'enclume formidable des nuages. Le bruit d'universelle destruction fait silence. L'escouade s'enveloppe égoïstement des bruits familiers de la vie, s'enfonce dans la petitesse caressante des abris.
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Il y a peut-être des attractions magnifiques entre des hommes et des femmes. Je ne dis pas qu'un tel amour ne puisse exister entre deux êtres. Mais ces deux êtres, ce n'est pas nous. Nous n'avons jamais pensé qu'à nous-mêmes. Je sais bien que je me suis aimée avec toi. De ton côté, c'est pareil. Il y a pour toi un attrait qui n'existe pas pour moi, puisque je ne ressens pas de plaisir. Tu vois, nous faisons un marché, nous nous donnons l'un du rêve, l'autre de la jouissance. Tout cela n'est pas de l'amour.
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Quant aux discussions philosophiques, je pense qu’elles sont absolument vaines. On ne peut rien contrôler, rien vérifier. La vérité, qu’est-ce que cela veut dire ?
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LA LETTRE
Doucement.
Je t’écris et la lampe écoute.
L’horloge attend à petits coups ;
Je vais fermer les yeux sans doute
Et je vais m’endormir de nous…

La lampe est douce et j’ai la fièvre ;
On n’entend que ta voix, la voix…
J’ai ton nom qui rit sur ma lèvre
Et ta caresse est dans mes doigts.

J’ai de la douceur de naguère ;
Ton pauvre cœur sanglote en moi ;
Et mi-rêvant, je ne sais guère
Si c’est moi qui t’écris, ou toi…
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