AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Henri Murger (9)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Scènes de la vie de bohème

Épris(e) d'admiration pour les films d'Aki Kaurismäki, je me suis accordé(e) une petite cure en chambre obscure. Le générique de "La Vie de bohème", film franco-finlandais sorti en 1992, a attiré mon attention, surtout par l'indication de Laika interprétant le rôle de Baudelaire, car je savais déjà que Laika était le chien du réalisateur, mais visiblement j'ai dans un premier temps raté l'indication de l'adaptation (toujours libre ou devrais-je dire originale) d'après Murger. Il m'aura fallu l'amusement d'un incorrigible bohème vivant, Mihai Neagu Basarab, qui cite généreusement dans "La dernière bohème bucarestoise" des maîtres bohèmes français, pour rétablir le lien entre le film (que je vous conseille d'ailleurs vivement aussi) et le texte de Murger. Voilà comment de film en livre et de livre en livre, j'en arrive à confirmer que c'est un livre qui mérite en effet d'être sorti de l'oubli. L'absurde germe déjà dans certaines mises en abîme de la création de l'artiste sans le sou mais en quête de soûlerie. On a reproché à Murger de s'être enrichi en écrivant sur la bohème, en la trahissant par la même occasion. Que ce forfait lui soit pardonné pour notre plus grand amusement. L'interprétation d'Aki Kaurismäki qui se sert de diverses nationalités (Albanais, Bulgares, Roumains si ma mémoire est bonne) pour incarner les "marginaux" nous apparaît presque comme une métaphore d'un intemporel Paris bourgeois.
Commenter  J’apprécie          430
Scènes de la vie de bohème

Voici un bouquin aurait sombré dans un oubli absolument total s’il n’avait pas été adapté en opéra ! Le mot « Bohème » désignerait-il autre chose qu’une obscure voisine de la Moravie, sans Puccini et Pavarotti chantant son amour pour Mimi ? Et plus grave que tout, comment surnommerait-on les parisiens brunchant dans des restaurants post-industriels bios ?



Ce que je sais, c’est que voici un livre qu’il serait bon de déterrer. Le sieur Murger possède une excellente plume et un humour ravageur, et c’est plaisir que de suivre Rodolphe, ses comparses et leurs maitresses respectives dans leurs vies on ne peut plus chaotiques. La misère est là, dans l'existence de tous les jours, le drame pas bien loin, mais il s’agit de profiter avec superbe de ce qu’on a ou pas à l’instant présent, et de faire contre mauvaise fortune grand rire. Les tragédies sont bonnes à allumer le feu, les tableaux à servir d’enseignes à des estaminets, qu’importe !



Au fond, tout ce petit monde est bien gentil et bien brave. Il fait beaucoup de bruit, ne paye pas ses dettes, mais il ne leur viendrait pas à l’esprit de faire une méchanceté, et on peut compter sur eux dans la détresse. Ils pardonnent aussi vite qu’ils s’offusquent, oublient vite les infidélités de leurs maitresse –qu’y faire si de temps en temps elles ont le désir de fréquenter un homme fortuné qui les remplumera un peu ?



D’ailleurs ces dernières ne sont pas en reste. Que faire quand l’huissier a saisi votre mobilier et l’a fait descendre dans la cour ? Déroulez les tapis sur le pavé, disposez vos meuble, et recevez vos amis comme si de rien n’était. La fête n’en sera que plus gaie !



A lire pour redécouvrir un talent oublié, et constater que la jeunesse d’aujourd’hui n’a pas grand-chose à envier à celle d’hier – à part peut-être son art du calembour.
Commenter  J’apprécie          280
Scènes de la vie de bohème

Publiées en feuilleton, comme cela se faisait beaucoup à l'époque, de 1845 à 1849, ces Scènes de la vie de bohème sont un véritable petit trésor littéraire qu'il ne faut pas manquer de découvrir.

Bien moins connu que les œuvres de Musset, de Balzac, ou plus tard Baudelaire, qui dirent à leur façon la difficulté de créer dans un monde où l'argent devenait souverain et où la bourgeoisie la plus conformiste triomphait, ce recueil mérite pourtant d'être sauvé de l'oubli.

A travers quelques personnages récurrents, Rodolphe, Mimi, Musette, Schaunard - grisettes et artistes en devenir - c'est tout une époque que l'on découvre : celle de la première moitié du XIXe siècle, celle de jeunes gens vivant au jour le jour sous les toits de Paris, croyant en leur génie, ne souffrant aucun compromis et brandissant tout à la fois leur jeunesse et leur expérience la plus intime comme des flambeaux.

C'est aussi la fin d'une époque que nous narre Murger, l'apogée du romantisme, alors qu'au lendemain de la révolution de 1848, une nouvelle génération allait se faire jour, une génération désabusée qui prônerait un art ancré dans le réel, montrant celui-ci jusque dans ses aspects les plus crus et les plus triviaux.

Enfin, c'est aussi le chant de la jeunesse, quelle qu'en soit l'époque, le moment de l'entrée dans la vie, lorsque tout paraît possible, lorsque l'insouciance donne des ailes alors même que la difficulté du quotidien pourrait interdire toute espérance. Une histoire intemporelle, donc, une histoire "que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître".


Lien : http://delphine-olympe.blogs..
Commenter  J’apprécie          151
Scènes de la vie de bohème

On imagine souvent l'artiste ou le poète comme une sorte de chauve-souris : une personne sombre, mystérieuse, recluse sur elle-même.



Ce n'est pas le cas de ces artistes auto-proclamés dans ce roman, des « bohèmes », de joyeux festifs à l'esprit fraternel, goutant à tous les petits plaisirs que la société parisienne offre.



Ce ne sont pas des bohèmes bourgeois, et cela a toute son importance dans le roman. La misère les rend attachants. Plus séduisant encore, ce sont leurs manières de réagir à la misère. Chaque problème à sa fausse solution. Emprunteur davantage pour rembourser une dette, fuir le propriétaire qui réclame des impayés, ou l'amadouer quand il faut, réparer un chagrin amoureux par la première amourette venue, faire des orgies plutôt qu'épargner quand l'argent vient… Chaque bohème fait consciemment toutes ces maladresses, dans l'insouciance et la gaieté la plus totale et rien n'est fait dans l'intention de nuire.



Les premiers chapitres décrivent à merveille ces bohèmes vivant de hasard et d'esprit. Puis ce groupe de bohèmes, que l'aléa à formé, se resserre et semble murir tout le long du roman, en bien et en mal.



Le principal défaut de ce groupe est d'être une sorte d'association ou de club très fermé : il y a un parti pris d'isolement clairement affirmé. Ils perdent ainsi nécessairement l'avantage de se renouveler et de se rafraîchir par de nouveaux membres. Tout se concentre alors sur 4 artistes, un poète, un musicien, un philosophe et un peintre, petit cercle agrémenté de bohèmes féminines qui sont artistes dans l'âme, des électrons libres, vivant de liberté et de caprices.



L'autre défaut est que l'auteur n'a pas suffisamment développé le caractère de ces 4 artistes, ils se ressemblent un peu tous : mêmes goûts, habitudes, amours, mêmes sentiments et esprits. Seul le philosophe se démarque un peu dans le lot par ses extravagances.



C'est un peu la même chose pour les filles du cercle, ce ne sont que des courtisanes amoureuses, et variant peu, sauf à la fin du roman.



Bien dommage également, ce sont quelques digressions ratées à mon sens, en ce qu'elles sont trop détachées du roman. Quelques-unes sont toutefois suffisamment originales et touchantes pour marquer l'esprit.



Mais ce qui distingue formidablement ce roman, c'est ce va et vient amoureux entre Mimi et Rodolphe et Musette et Marcel. Les couples de bohèmes sont complexes, hauts en couleurs, un jour attaché, le lendemain détaché, ces couples créent des refrains d'amour frais et spontané mêlés avec des refrains de caprices, de disputes… Musette et Mimi sont tiraillées par les séductions de la haute société à laquelle elles ont un ticket d'entrée et Rodolphe et Marcel ont parfois cette dureté d'artiste égoïstes qui n'incitent pas à la réconciliation. Parfois l'extrême misère des uns attire la compassion des autres et renoue les liens, parfois l'irrésistible charme d'un poème suffit à déraciner une des filles du milieu aristocratique et aussi parfois l'état de santé critique d'une personne rebat les cartes de toute une relation.



La fin est sublime d'émotions sauf le tout dernier chapitre qui est un peu décevant et se veut maladroitement moralisant. Pour résumé grossièrement, être bohème ça va un temps, mais après il faut grandir… Une fin qui détonne et ressemble trop peu à l'auteur, la fin est brève, cela ressemble à une morale nécessaire pour éviter les critiques pour atteinte aux bonnes moeurs et éviter des remarques comme « ce roman va corrompre l'esprit de mon jeune fils ».



Le style ressemble aux bohèmes du roman, en ce que le style est léger, comique, quelques métaphores audacieuses. Les chapitres sont rapides, attachants, complets, les larmes s'y glissent sous le rire, les détails sont à leur place et l'on trouve des mots charmants de naïveté, de sentiment, de vérité ou de fantaisie.



Si vous n'avez pas l'humeur à vous consacrer à des lectures romantiques, certes attachantes, mais d'une solennité froide, car comme disait Balzac « tous ces poètes ont peu ce sentiment du comique » alors vous apprécierez grandement cette succession de récits brefs, attachants, où le comique se mêle à toutes les émotions, le tout sous un ton humble et décontracté sans pour autant tomber dans la vulgarité ni la facilité d'esprit.
Commenter  J’apprécie          52
Propos de ville et propos de théâtre

Un journaliste n’ayant rien à proposer à son chef a l’idée de jeter dans la Seine un chapeau trouvé sur un banc et de hurler à la noyade. Les passants s’attroupent, croient à une noyade et alertent les autorités. Pour le plumitif en manque de matière, ce sera un de ses meilleurs « papiers »… Savez-vous ce que Montaigne disait des hommes qui épousent leur maîtresse ? « Ce sont des gens qui crachent dans leur verre avant que de boire »… Le Français sait le mieux faire l’amour ; l'Italien le fait mieux agir ; le Russe le fait agir et parler également bien ; l’Allemand l’endort ; le Polonais le ruine…

« Propos de ville et propos de théâtre » est un recueil de petits articles, d’anecdotes, d’historiettes, de traits d’esprit et de chroniques de pièces de théâtre. Une sorte de fourre-tout pétri d’humour et d’ironie plus ou moins grinçante. Une sorte de concentré de l’esprit français et même parisien. Bien que datant de 1853, cet ouvrage reste d’une lecture agréable. C’est pétillant, corrosif, parfois poétique, philosophique, même si certaines références sont perdues et même si l’auteur a des femmes une vision désenchantée et frôlant la misogynie. Certains textes ont plus d’intérêt que d’autres. Ainsi sort du lot celui sur le temps trop doux du mois de janvier qui permet toutes sortes d’extravagances et une incursion dans le fantastique désopilant très proche du surréalisme. Idem pour la série de portraits archétypaux de toutes sortes de piètres personnages gravitant autour du théâtre et de la littérature. Il y a du Saint-Simon chez Murger, auteur qui ne mérite le détour.
Lien : http://www.bernardviallet.fr
Commenter  J’apprécie          50
Scènes de la vie de bohème

Un classique peu connu, mais qu'il est intéressant de découvrir !

Ce recueil est composé de nouvelles publiées en feuilleton, sauf les premières et les dernières, écrites spécialement pour la sortie du livre en 1851, les trois premières racontant par exemple la rencontre des quatre amis. En effet, les héros de ces nouvelles sont quatre artistes (enfin, selon eux !), Alexandre Schaunard, musicien, Gustave Colline, philosophe, Marcel, peintre, et Rodolphe, poète. Ils mènent une vie de "bohème", dans la misère, et dépensant sans compter et sans se soucier de l'avenir le peu d'argent qu'ils ont. Trois d'entre eux ont une maîtresse avec qui ils entretiennent des relations tumultueuses, dont Mimi, dont les amours avec Rodolphe ont inspiré Puccini.

Un recueil agréable à lire, avec des personnages et des situations comiques voire grotesques, et qui restitue bien l'esprit de la vie de ces artistes désargentés au XIXe siècle.
Commenter  J’apprécie          40
Scènes de la vie de bohème

Commenter  J’apprécie          40
Scènes de la vie de jeunesse

A Paris, quatre jeunes et riches aristocrates s'apprêtent à souper avec quatre jolies femmes quand l'un d'entre eux, un nommé Tristan leur annonce qu'il a invité un mort, Ulric de Rouvres parti se suicider en Angleterre suite à un chagrin d'amour... Théodore, jeune étudiant en médecine plutôt volage, séduit Clémence, jeune couturière de milieu modeste. Mais très vite, il se lasse et l'abandonne à son triste sort... Octave est un jeune homme trop sérieux. Il loue une petite chambre dans un immeuble modeste et fait la connaissance d'un vieux jardinier, ancien grognard de Napoléon qui s'étonne qu'Octave n'ait toujours pas de petite amie... Olivier aime Marie qui lui préfère Urbain. Mais un jour, Marie se retrouve emprisonnée. Olivier est inconsolable... Melchior, poète sans talent, va jusqu'à simuler la maladie pour se faire hospitaliser. Il veut se mettre dans la peau d'un écrivain phtisique et maudit... A la mort de sa maîtresse, Jacques un sculpteur inconsolable, veut garder un souvenir de son amour perdu. Il réalise un moulage du visage bien-aimé...

« Scènes de la vie de jeunesse » est un recueil de cinq nouvelles toutes sur le thème des amours de jeunesse. Magnifiquement écrites, elles sont quand même assez datées XIXème siècle. Murger (1822-1861), écrivain populaire et issu du peuple, qui obtint un joli succès à son époque (Puccini se servit de ses « Scènes de la vie de Bohème » pour le livret de « La Bohème » est tombé ensuite dans un oubli un peu injuste. D'inspiration réaliste, sociale et un tantinet fantastique (« Le souper des funérailles » avec son petit côté étrange mérite à lui seul le détour, les autres nouvelles sont autant de petits romans charmants mais un peu trop romantiques et même parfois un peu trop mièvres pour nos temps d'ultra moderne fureur), cet auteur ouvrait pourtant la voie au réalisme social d'un Jules Vallès ou au naturalisme d'un Emile Zola. Cette unique raison justifie que l'on s'intéresse à ce petit maître oublié !
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
Commenter  J’apprécie          30
Scènes de la vie de Bohème, tome 1

J'ai lu ce livre il y a une éternité. Mais mon souvenir est vif de l'émotion provoquée. Très loin du romantisme larmoyant de l'opéra qu'il a inspiré, il s'en dégage une fraîcheur et une joie de vivre rares (ici je fais un parallèle avec l'atmosphère régnant entre les pages de Jules et Jim). J'ai tellement aimé ce livre que j'en ai voulu à l'opéra de Puccini de l'avoir si cruellement dénaturé. D'autant que l'opéra est célébrissime, alors que l'oeuvre originale a sombré dans l'oubli. C'est bien dommage qu'il soit si méconnu.
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Henri Murger (94)Voir plus


{* *}