Citations de Henry Quinson (41)
Moine des cités : une contradiction dans les termes ?
Pour désarmer la violence, il faudrait dire bonjour plus souvent, aimer les gens, les connaître, communier. Ces exigences évangéliques que je vis si mal me dérangent plus que l'incident qui les rappelle à mon bon souvenir . nous luttons contre une montagne de problèmes politiques, économiques, culturels et sociaux. Si j'étais resté à la banque, si j'avais pris des responsabilités politiques, j'aurais eu plus de moyens financiers. Cependant, la tragédie de l'église ,observe Shane Clayborne n'est pas que les chrétiens riches se désintéressent du sort des pauvres mais qu'ils ne connaissent pas les pauvres.
(...) Tout ce que les spécialistes appellent le dialogue interreligieux : le dialogue purement théologique est sans issue c'est la proximité et la durée qui permettent d'accueillir l'étranger ou le pauvre quel que soit son étiquette confessionnelle . le voisinage suscite donc des rencontres qui peuvent aller jusqu'à participer aux cérémonies cultuelles d'une autre confession .toutefois, il s'agit moins de vivre avec l'islam que de vivre avec des voisins qui sont, entre autre chose et de manières très diverses, plus ou moins musulmans. D'ailleurs dans les cité HLM, les critères d'appartenance confessionnelle sont très variables, des frontières ne correspondent pas toujours aux définitions des clercs ou des spécialistes de l'histoire des religions.
Le seul objectif de conversion, c'est soi-même, la mission consiste avant tout à révéler à l'autre qu'il a du prix aux yeux de Dieu.
Vivre avec les plus petits à pour enjeu notre propre transformation
Mon attirance vers l'absolu est progressivement converti au service de l'amour, qui est charité en actes.
par la fréquentation quotidienne des évangiles, Dieu prend de plus en plus le visage dérangeant de Jésus, homme concret, exigeant de liberté, tourné tout autant vers ses frères terrestres que vers son Père céleste
Tout est s questions d'amour et de discernement :utiliser ses talents avec intelligence et inventivité pour aimer notre prochain, à notre manière, dans le jardin qui nous a été confié. La domination de Dieu sur l'univers et son écosystème ne s'exerce pas directement, mais par l'intermédiaire d'hommes libres et raisonnables. Ma vocation, pour être chrétienne, doit être humainement et écologiquement responsable.
(Or) Dieu ne saurait se réduire à un joker philosophique.
Si les transhumanistes se rêvent propriétaires de la vie, une spiritualité adulte reconnaît, avec humilité et réalisme, que l’humanité n’est que locataire en ce monde : elle peut aménager la vie mais ne peut en aucun cas la posséder ici-bas.
La spiritualité adulte est celle du pèlerinage. Elle ne confond pas immortalité et résurrection. L’une, fondée sur des prouesses technologiques, voudrait faire advenir une humanité augmentée dans le temps mais condamnée à ce monde, l’autre, au contraire, abolit le temps par une humanité dilatée promise à d’autres cieux. L’une est interminable, l’autre est pleine. L’une veut sauver l’individu de la mort physique, l’autre comprend l’humanité comme une aventure collective transcendée par l’Esprit éternel.
Ainsi, par le Christ crucifié – Dieu « souffrant », « faible » et « impuissant » – s’opère une étape ultime et inédite : renversant les rôles ancestraux, la divinité toute puissante de l’enfance abdique son omnipotence pour que l’humanité enfin adulte devienne pleinement autonome, responsable et créatrice. Et l’Homme devient Dieu !
Que faire pour naviguer entre les deux écueils d’un universalisme naïf, persuadé que les humains ne sont séparés que par de vaines querelles théologiques sans conséquences réelles, et le relativisme paresseux, qui condamne les cultures à la réclusion identitaire pour cause de valeurs réputées exclusives ?
La solution réside sans doute dans la rencontre des personnes. Car on ne dialogue pas avec des doctrines ou des institutions, mais on peut vivre avec des voisins qui, entre autres choses, sont de traditions religieuses différentes. Seuls des amis peuvent réellement partager leur vie spirituelle profonde et, le cas échéant, accepter des interrogations ou des critiques.
Au lieu de chercher à sauter au-dessus d’un obstacle trop élevé – rapprocher des théologies – mieux vaut, plus humblement, franchir l’obstacle par-dessous – vivre concrètement des anthropologies : vivre ensemble des réalités, souvent non confessionnelles, comme le travail ou le sport.
Il est temps de sortir de l’aveuglement. La finance aujourd’hui est au monde ce que le lifting est aux femmes qui cherchent à cacher leurs rides : une prouesse technique qui ne fait que retarder les signes d’un vieillissement inévitable. De nouveaux tsunamis, de plus en plus violents, sont à craindre, comme en témoigne le crash boursier de l’hiver 2020.
Dans la tradition chrétienne, l’illumination ou l’éveil spirituel n’est pas l’expérience la plus haute : le sommet réside dans la découverte du Christ dans le pauvre, l’étranger, le prisonnier ou le malade . Dieu n’est plus intellectuellement démontré ni mystiquement ressenti, mais concrètement rencontré et aimé.
Fonder une foi religieuse sur les seules insuffisances de la raison à expliquer totalement le mystère de la vie, c’est laisser les « croyants » avec rien de plus qu’un dieu des lacunes, un « dieu bouche-trou ». Or Dieu ne saurait se réduire à un joker philosophique. Au contraire, il est le sel invisible qui donne son goût inimitable à toute la pâte du monde créé.
Personne ne peut se contenter de proclamer « je crois en Dieu » ou « je ne crois pas en Dieu » ou encore, comme l’agnostique, « je ne sais pas ». La vie, qui est mouvement, exige une adhésion d’intelligence et de volonté ici et maintenant.
L’opposition entre rationalité et religion suppose que les religions reculent à mesure que le monde développe ses connaissances. Mais peut-on, par la critique littéraire, tuer la poésie, ou, par l’analyse des compositions picturales, déconsidérer la peinture ? Inspirations et aspirations artistiques continueront d’exister tant que l’Homme vivra. Pourquoi en irait-il autrement pour les religions ?
Pour l'Aïd, Kader et Mohamed nous rapportent des gâteaux. C'est le bel islam. Je leur fais des brownies. Le 26 mai, notre amie Zineb nous explique qu'elle a été battue par son frère "au nom de la religion". Elle évoque "le Dieu mâle qui châtie, envoie en enfer et interdit de poser certaines questions". C'est l'islam inquiétant.
Il m'apparaît de plus en plus que Jésus vivait avec tous les hommes et les femmes de son temps, dans les villes et les villages.
Il montre que les premiers moines n'habitaient pas le désert mais les faubourgs des villes. il souligne que ce qui les caractérise, c'est le célibat, et non la "séparation du monde".
Le Seigneur des chrétiens ne reste pas au bord du Ciel : il s'assoit à la table des pécheurs, il se compromet jusqu'au bout, refusant de faire ses valises quand vient l'heure de la crucifixion.