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Critiques de Igor Kordey (192)
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Marshal Bass, tome 1 : Black & White

Une nouvelle BD Western, encore!!!



Celle ci est original, comme quoi le thème du Western est innépuisable, un esclave afffranchi, se retrouve être le premier marshal noir des états-Unis.



Les doutes de notre héros quant aux motivations de son embauche et la conditions des noirs (même affranchi) ainsi que la violence sont bien retranscrites.

Darko Marcan le scénariste et dessinateur à évidemment beaucoup de talents, mais je dois dire que le coloriste m'a épaté, Desko, il suffit de regarder la première page pour être admiratif.

Au final une idée originale et une série à découvrir...



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Marshal Bass, tome 1 : Black & White

Tudieu, la belle BD que voilà !



1875, Arizona, peut pas dire que le Black Power soit à la mode.

Alors si, peut-être en tant que douteux agrément décoratif de moult arbres aux pendus mais c'est bien là sa seule et triste prérogative.

C'est dans cette position plutôt inconfortable que nous découvrons River Bass, le seul gars susceptible de passer de statut de macchabée imminent à celui de néo marshal.

Et c'est ce qu'il fit, le bougre, missionné en tant qu'infiltré à la solde de l'État pour démonter un gang d'esclaves affranchis qui fait rien que foutre le boxon partout où il passe.

Bonne chance, l'ami, tu en auras grandement besoin.



Posé, réfléchi, charismatique, ce marshal atypique possède pas mal d'atouts qui le rendent immédiatement attachant et sympathique.

Pour contrebalancer, il nous faut un vrai salopard que l'on se plaira à haïr, le mal nommé Milord et ses manières aux antipodes de son titre honteusement usurpé.



Le trait s'avère séduisant contrairement à la colorisation que j'ai trouvé un brin agressive pour mes yeux de myope visiblement devenus trop délicats.



Basée sur l'histoire de Bass Reeves qui fut le premier shérif adjoint noir à l'ouest du Mississippi, cette série possède tous les ingrédients d'une belle et grande série en devenir, tant par son caractère original que sa propension à construire des scénarios qui tiennent la route.



To be continued...
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Empire, tome 1 : Le général fantôme

C'est fort de sa riche expérience rôlistique que Jean-Pierre Pécau se lance avec la série "Empire" dans une uchronie totale fleurant bon le steampunk (mais pas que ^^) !

Après la destruction de la flotte française à Aboukir, le Général Bonaparte au lieu de rentrer en France la queue entre les jambes pour réaliser le Coup d'État du 18 Brumaire franchit son Rubicon oriental pour allier défier les janissaires de la Sublime Porte… C'est ainsi qu'il s'empare de l'Empire Ottoman et qu'en s'alliant avec le Shah d'Iran il vole vers les Indes anglaises : désormais le sort de l'Europe se joue entre les montagnes de l'Himalaya et les eaux de l'Océan indien !

Alors nous sommes dans un uchronie steampunk puisque la course aux armements entre France, Angleterre, Prusse et Russie a conduit un niveau technologique fictionnel plus élevé que le niveau technologique réel. Mais après tout la France de 1799 avait des décennies d'avance sur le reste du monde dans le domaine de la chimie avant de se faire rattraper et dépasser par le IIe Reich, donc si quelques savant clés dans quelques domaines clés avaient échappé aux aléas des événements donc à la mort pour contribuer à la liberté, à l'égalité et à la fraternité qui sait ce qu'il serait advenu… Jean-Pierre Pécau est un auteur populares extrêmement doué pour les dialogues de qualtié, c'est donc avec verve qu'il nous met en scène un "Wild Wild West" napoléonien d'une grande supracoolitude avec les agents très spéciaux de Napoléon Bonaparte que sont Alexandre Saint-Elme, alias les jambes, et Charles Nodier, alias la tête (d'ailleurs on va vite retrouver également la demoiselle tantôt traîtresse tantôt en détresse et un détournement de ce bon vieux Miguelito Loveless ^^) :

- Alexandre Saint-Elme est un officier fils d'un Français et d'une Indienne élevé par une louve, c'est donc un Mowgli frenchy ce qui n'est que justice puisque l'enfant sauvage d'origine était français (c'est fascinant qu'autant de « Tarzan », tant hommes que femmes, aient existé avant le personnage de « Tarzan »)… C'est le détournement de James T. West !

- Charles Nodier est écrivain, érudit et espion, il est libre et fantasque certes mais il est aussi un puits de de connaissances tant dans le domaine des sciences dures que dans le domaine des sciences occultes, et en plus il est à la recherche du contre-révolutionnaire Joseph de Maistre dont il est persuadé qu'il est la dernière identité d'emprunt du Comte Dracula… C'est le détournement d'Artemus Gordon !

L'ensemble s'avère assez clairement pulpien ce qui peut constituer à la fois un avantage et un inconvénient en terme de narration car on va toujours de l'avant en oubliant, on change de direction assez souvent et on oublie tout un tas de trucs en cours de route… J'ai adoré mais je sais qu'avec le dessinateur croate Igor Kordey issu du monde des comics ça passe ou ça casse : ici il livre un travail soigné (sans doute que les couleurs de Chris Chuckry n'y sont pas étrangères), mais je préfère avertir par avance...





Le tome 1 intitulé "Le Général Fantôme" est grandement d’introduction et d’exposition mais pas que… L’heure est grave pour l’Empire Français car aux Plaines de Nichapur la 15 juin 1815 Napoléon Bonaparte a subi sa première défaite depuis son arrivée au pouvoir, et il n’est pas sûr que l’un et l’autre ne survivent à une nouvelle défaite ! Personne ne sait qui est le mystérieux stratège qui a mis l’empereur en échec, et les agents Alexandre Saint-Elme militaire et Charles Nodier civil sont chargés d’enquêter pour révéler son identité. En utilisant comme appât le piano à écrire Enigma ils font sortir de leur trou les Thugs alliés de Sa Majesté, et en donnant l’assaut du Temple de Kali qui leur sert de repaire ils récupèrent des indices déterminants ! Quels sont les liens entre les travaux du docteur suisse Victor Frankenstein, les travaux de l’ingénieur lyonnais Joseph Marie Jacquard et le mystérieux Général Fantôme ? To Be Continued ! ^^
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Empire, tome 3 : Opération Suzerain

Dans ce tome 3 intitulé "Opération Suzerain" (ou « Overlord » en anglais, donc si vous ne comprenez pas la vanne vous n’avez qu’à vous en prendre qu’à vous-mêmes ^^), c’est plus pulpien que jamais avec nos deux agents français aux d’agents russes eux-même en guerre secrète contre les agents britanniques (un noble allemand et un vampire se faisant passer pour un fanatique végétarien ou inversement ^^)… Robert Surcouf vient à leur rescousse, et on c’est à toute berzingue qu’on revient vers les Indes françaises pour se crasher sur les terres de la Sahiba Noire (une souveraine marathe ayant vraiment existé IRL et qui a fait assassiné son mari indien pour promouvoir son amant français avant de le trahir à son tour). Baba 50% Miguelito Loveless 50% Jabba the Hutt revient sur le devant de la scène pour jouer les deus ex machina bien utile pour que Jean-Pierre Pécau mettent en place le détournement steampunk des jeux du cirque de "La Menace fantôme" de George Lucas… Très court mais très bien c’était !

Face à la froide intelligence du Général Fantôme, c’est pour sauver Napoléon et la France que notre dynamique duo joue les agents du chaos pour faire la nique à l’Amiral Nelson et le Général Wellington. Résultat des courses ? Puisque celui-ci fonctionne sous environnement Windows, c’est fatalement le SYNTAX ERROR ! Mort de Rire !!!



Une série super sympa qui aurait mérité de se poursuivre, ne serait-ce que pour connaître les ambitions nécromatiques de l’Empire Russe, les complots de Dracula et le destin de Mary Shelley… Des années plus tard, les auteurs ont sorti un tome 4 se déroulant en Egypte mais on est toujours dans l’attente de nouvelles concernant un hypothétique tome 5…
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Marshal Bass, tome 1 : Black & White

La vérité a fait tomber davantage d’hommes que les balles de revolver.

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Ce tome est le premier d’une série à suivre. Sa première publication date de 2017. Il a été réalisé par Darko Macan pour le scénario, Igor Kordey pour le dessin et la supervision des couleurs, et par Desko pour la mise en couleur. La traduction et le lettrage ont été assurés par Fanny Thuillier. Le personnage principal est inspiré de Bass Reeves (1838-1910), premier shérif adjoint noir de l’United States Marshals Service à l’ouest du Mississippi, qui a essentiellement officié en Arkansas et en Oklahoma. Il comprend cinquante-quatre pages de bandes dessinées.



Arizona, 1875. Alors que le ciel se pare de magnifiques tons pour le coucher de soleil, River Bass, un afro-américain, se trouve dans une situation intenable : au pied d’un très gros arbre, une corde autour du cou, les mains liées dans le dos, sur un cheval dont la longe est attachée à une des racines, mais qui résiste de plus en plus mal à la tentation d’aller manger les feuilles d’un buisson à deux ou trois pas de distance. Bass tente de le calmer avec des paroles douces, mais la corde se resserre inexorablement. Soudain un cavalier arrive au grand galop et prend les rênes de la monture de Bass pour l’empêcher de l’avancer. Le colonel Terrence B. Helena présente ses excuses au pendu, tout en coupant la corde et en desserrant le nœud. Il lui explique la situation : la bonne nouvelle est que Bass n’est effectivement pas la personne qu’il cherche. La mauvaise nouvelle est que l’homme en question, un dénommé Bill Derby, s’est révélé véritablement pénible. Il a fichu la frousse à ses adjoints et Helena a dû régler ça tout seul. Du coup, il a une proposition pour Bass. Il a entendu beaucoup de bien de lui, du mal aussi mais moins qu’il ne l’aurait cru. Il en est venu à se dire qu’il serait peut-être l’homme de la situation pour appréhender le gang que Bill Derby prévoyait de rejoindre. Il lui demande de réfléchir à sa proposition et il lui offre le chapeau de Derby, avec le trou là où la balle qui l’a tué a pénétré.



Le lendemain, par une belle journée, la famille Bass, monsieur & madame, ainsi que leurs six enfants, ont fini de manger. Bathsheba indique à son mari River qu’elle n’aime pas ce nouveau chapeau, car le trou en fait un mauvais présage. Elle n’aime pas l’idée qu’il pourrait être pendu à un arbre à cet instant précis, que les enfants et elle pourraient atteindre en vain son retour sans savoir qu’il est pendu quelque part. et elle n’aime pas le travail qu’on lui a proposé. River décide de la convaincre par la douceur, et leur plus grande fille fait sortir ses sœurs et frères pour assurer l’intimité nécessaire à ses parents. Après leurs ébats, Sheba livre le fond de sa pensée à son mari : la seule et unique raison pour laquelle ce colonel blanc veut qu’il soit son adjoint, c’est parce que River est un homme noir et qu’il doit arrêter un gang de noirs. C’est comme envoyer un chien chasser des loups, voilà ce que c’est. Elle défie River de lui dire le contraire. Quelques jours plus tard, le gang de Milord attaque la ville d’Olive Grove. Ils ont pillé la banque et s’enfuient à cheval, mais plusieurs habitants sont armés et leur tirent dessus.



Ce n’est pas la première fois que ce scénariste et ce dessinateur collaborent ensemble, et tout en menant à bien cette série, ils ont également réalisé un superbe diptyque : Colt & Pepper, Colt et pepper, tome 1 : Pandemonium à Paragusa (2020), Colt et Pepper, tome 2 : Et in Arcadia ego (2021). Un western de plus : certes la bande dessinée franco-belge ne manque pas d’excellentes séries dans ce genre, ce qui incitent les auteurs à se montrer originaux. Ces derniers ont choisi de mettre en scène un marshal adjoint afro-américain, ce qui en fait un personnage original et ce qui rend sa mission plus difficile du fait du racisme qui est bien présent dans ces pages. Le lecteur peut se dire que les auteurs en font un peu de trop, ce qui nécessite de sa part un surcroît de suspension d’incrédulité consentie, mais il s’avère qu’un tel individu a bel et bien existé. Cet état de fait ramène l’histoire dans un domaine plausible, même si le lecteur sait bien qu’il s’agit d’un récit de type aventure, avec actes de courage et conventions de genre, comme les chevauchées dans des paysages naturels, des individus patibulaires sans foi ni loi, des échanges de coups de feu, tout ce qui fait un western classique. Le lecteur plonge dans cette ambiance western dès la première page, avec ce bel arbre et ce ciel presque enflammé par le coucher de soleil.



L’artiste impressionne par le degré de détails de ses dessins et sa capacité à reconstituer l’époque et les environnements pour une véracité historique saisissante. En page six, le lecteur découvre la ferme modeste des Bass : une vue en extérieur du bâtiment construit à l’ombre de deux grands arbres magnifiques, les murs en pierre, l’enclos à cochon, les poules et le coq, le chien à l’ombre de l’avancée du toit, les deux chevaux dans leur enclos, le puits artésien, le tonneau en bois à demi enterré pour servir d’abreuvoir, le soc de charrue. L’aménagement intérieur a bénéficié de la même implication de l’artiste : la grande pièce principale, la table en bois et les bancs tout simples, la cuisinière à bois, les quelques casseroles et pots sur l’unique étagère, le baquet en bois, le lit des parents uniquement séparé de la pièce principale par une tenture et le crucifix accroché au-dessus du lit. Dans un dessin en double page, dix & onze, spectaculaire, le lecteur se retrouve dans la grand-rue, l’unique rue, d’Olive Grove. Par a suite, il se retrouve aux côtés de divers personnages dans des environnements comme un zone désertique rocailleuse pour un feu de camp et une nuit à la belle à étoile, un long chemin de terre, entre deux vastes prairies, menant à une ferme, avec son portique en bois pour marquer le début de la propriété, l’intérieur de cette ferme avec également sa grande pièce principale, le crâne d’un buffalo avec ses deux cornes suspendu à un autre portique, une haute éolienne avec sa girouette, une superbe chevauchée dans une zone désertique avec ses cactus et ses formations rocheuses en arrière-plan, l’approche de la petite ville de Dardanelle avec un début de végétation rase et éparse, et les bâtiments de cette ville une fois le gang en pleine action pour le pillage.



Il s’agit bel et bien d’un récit d’aventure, avec ses scènes spectaculaires. Le lecteur admire les paysages naturels et leur belle mise en valeur grâce à la mise en couleurs qui vient rehausser les reliefs, installer une ambiance lumineuse, que ce soit la nuit tombée ou la belle luminosité d’une espace grand ouvert à perte de vue, qui vient ajouter des éléments descriptifs en couleur directe. Le dessinateur emporte d’entrée de jeu le lecteur dans ces lieux, et rend plausible chaque situation, avec un dosage sophistiqué du spectaculaire en fonction des besoins. Le lecteur en prend plein la vue avec le dessin en double page dix & onze : la demi-douzaine de membres du gang de Milord en train de s’enfuir à tout allure d’Olive Grove après avoir dévalisé la banque, et un groupe d’une vingtaine d’habitants en train de se défendre et de les attaquer, soit avec des armes à feu, soit avec n’importe quel outil contondant ou tranchant qui leur est tombé sous la main. Une scène d’une sauvagerie peu commune, à l’opposé d’une violence esthétique, attestant d’un affrontement fruste, désordonné, avec des individus qui ne sont pas des combattants de métier. C’est brutal, violent, barbare, primal, sans même parler de Myra abattu par un coup de feu à bout portant dans le visage. Par la suite, le lecteur se rend compte qu’il est totalement investi et impliqué dans des scènes comme des dialogues avec une tension à couper au couteau, les pauvres propriétaires de la ferme battus et attachés en plein soleil par le gang de Milord, leur fille qui risque de se faire abattre de sang froid pour éviter de laisser des témoins, la chevauchée dans les rues de Dardanelle.



Le scénariste maîtrise donc pleinement son dosage, et conçoit un récit qui fait la part belle à la narration visuelle, avec des moments où les dessins portent largement plus de la moitié des informations. L’intrigue s’inscrit dans un fil directeur très classique du western : un groupe de bandits mené par un chef autoritaire et qui écume la région pour s’approprier les richesses des patelins (piller les banques), et investir des fermes pour y séjourner en massacrant les propriétaires et leur famille, voire leur serviteur ou leur esclave, et consommer leurs ressources. Le lecteur apprécie que le récit soit porté par l’intrigue comme une vraie aventure. Il ressent que le scénariste la raconte comme un adulte, avec des touches d’acceptation de l’état du monde (la réalité du racisme), d’indignation (le colonel demandant à son adjoint Steff s’il trouve normal qu’il y ait toujours eu des antis et des pauvres), de résignation (obligation de faire usage de la force et de la violence, de subir pour partie la loi du plus fort), de cynisme (tant pis pour les pauvres bougres qui connaissent une fin brutale, c’était inéluctable), d’acceptation (Sheba sait qu’elle ne pourra pas faire changer d’avis son mari), d’arbitraire (Milord peut décider d’abattre la fillette comme il peut très bien la laisser en vie, sans autre raison que l’impulsion du moment), d’injustice (Pourquoi River Bass se retrouve-t-il pendu une deuxième fois ?), et de pulsion de vie, de continuer à se battre malgré tout parce que l’alternative est pire. Il s’agit donc d’un récit profondément adulte sous ses atours de western et d’aventures.



Pour un western de plus, avec toutes les conventions bien établies du genre ? Oui, sans aucune hésitation. Igor Kordey est un conteur formidable, à la fois pour la vitalité et la justesse de ses personnages, pour ses mises en scène spécifiques à chaque situation, pour la qualité de sa reconstitution historique, pour le souffle et la lumière de ses grands espaces, pour le dosage parfait du spectaculaire quand nécessaire, pour son implication exemplaire dans les séquences visuelles complexes. En plus, le scénario fonctionne sur une dynamique simple et efficace, avec une soif de justice inextinguible, et des individus qui se comportent en adulte conscient du caractère imparfait et injuste de la vie et de la société, ce qui ne les empêche pas de faire leur possible pour l’améliorer en fonction de leurs moyens, avec un courage admirable.
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Keltos, Tome 1 : Le corbeau des batailles

En 279 avant notre ère, 50 000 Celtes traversent la Grèce, écrasent une armée grecque aux Thermopyles et mettent le siège devant Delphes, la ville sacrée, le nombril du monde. D'où venaient-ils ? Qui les commandaient ? Pour quelle raison avaient-ils choisi d'entamer cette expédition contre les descendants d'Alexandre le Grand ? C'est une très bonne idée que réaliser une BD sur l'expédition celte vers le sanctuaire de Delphes, une véritable horde sauvage qui traversa toute l'Europe avant de s'abattre sur les Balkans et l'Asie Mineure : c'est cette histoire qu'on devait nous raconter, mais on n'aura jamais réponse aux questions posées par l'auteur à ces questions vu que la série a été stoppée au tome 2 malgré l'annonce de la parution du tome 3...





Dans le tome 1 intitulé "Le Corbeau des batailles" nous sommes en Armorique dans la cité d'Ys, et on passe à la moulinette les légendes arthurienne et les mythes celtes : c'est Mordred le roi et Arthur le rebelle, et Morgan n'est pas son ennemi mais son allié. Arrive alors le détournement de Lancelot du Lac, qui s'avère être un mercenaire qui a bourlingué sur la Grande Verte, nouvellement accompagné d'un barde qui se dit fils de Lug et anciennement poursuivi par les lavandières de la nuit (les Érinyes quoi ^^) pour les crimes qu'il a commis envers les dieux sur l'île de Trinacria (la Sicile quoi ^^). C'est l'équivalent de l'homme sans nom de la "Trilogie du Dollar" de Sergio Leone, et si on l'appelle Bran Maeg, lui-même se nomme Personne... Nous sommes donc peu ou prou dans un western celtique, et on aurait très bien pu avoir le mercenaire sans nom monnayent ses services aux camps de Mordred et d'Arthur : oui mais non, il lie son sort au roi déchu et perdu et alors que les Cimbres venus du Nord s'abattent sur les peuples celtes les augures ne cessent de mettre en garde contre une menant venant du Levant... Chassés par Mordred, poursuivis par les Cimbres, la team Arthur se réfugie au Mont Tombelaine (le Mont Michel quoi ^^) où la prêtresse qui voit l'avenir leur remet « Foudre », le premier attribut du Haut Roi de tous les celtes. Assiégés par les Cimbres les compagnons d'Arthur n'ont d'autre choix que vaincre ou périr, sauf que la prêtresse qui voit l'avenir a d'autres plans pour Arthur, Morgan et Lancelot : To Be Continued !



Graphiquement je ne reviens pas sur les qualité et les défauts du dessinateur croate Igor Kordey transfuge du monde des comics, j'en ai déjà parlé dans me chroniques de L'Histoire Secrète... Je note toutefois qu'il semble bien inspiré par ce western celtique avec des illustrations de couvertures particulièrement réussies, et que le travail du coloriste Len O'Grady lisse voire gomme certaines de ses limitations habituelles.
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Empire, tome 4 : Le Sculpteur de chair

Avec cet album, les infatigables Jean-Pierre Pécau et Igor Kordey offrent un nouveau cycle à la série "Empire". Dans cette uchronie steampunk, Bonaparte n'a pas perdu à Saint-Jean-D'Acre et au lieu de retourner en France effectuer le 18 Brumaire s'empare de l'Empire Ottoman et du Moyen Orient avant de se lancer avec succès à l'assaut des Indes Britanniques… C'est donc tout naturellement que le pouvoir suprême, lui a été confié au grand dam des Républicains !

Dans ce tome 4, nous sommes en 1820, et tandis que la Russie est sous la surveillance d'une ceinture de Républiques Sœurs allant de la Prusse au Caucase, et que le Canal de Suez est le point de mettre fin à la domination de l'Angleterre sur le commerce mondial, l'Empereur Napoléon est victime d'une tentative d'assassinat lors de la célébration de son jubilé d'argent à Constantinople ! Tous les indices remontent au Tsar Alexandre Ier et son agent principal surnommé « le Sculpteur de chair » : l'Empereur veut des réponses et des résultats, sinon des têtes tomberont !!!



Nous retrouvons l'officier Saint-Elme, enfant sauvage détournement de Mowgli, là où nous l'avions laissé à la fin du cycle précédent : à jouer au Grand Jeu en Afghanistan, aux confins des empires russes et français… Il est rapatrié en urgence en Egypte par le Général Berthier avec pour mission de retrouver l'Ambassadeur de Jérusalem François-René de Chateaubriand (^^) avec l'aide de l'agent de liaison Honoré de Balzac (^^). Il y retrouve son vieux compère Charles Nodier, qui doit accomplir la même mission mais pour le compte de Talleyrand. N'étant pas adeptes de la guerre des services, ils coopèrent dans la joie et la bonne humeur pour remonter la piste d'un blanc dément chantant en breton pour découvrir les créations biomécaniques du Sculpteur de Chair… Charles Nodier n'est dément pas, le savant fou au service de l'ennemi et la mystérieuse créature appelée oupire qu'il traque depuis 20 ans ne sont qu'une seule et même personne !





Ce n'est pas de la grande bande dessinée, mais c'est de la bonne Série B complètement décomplexée… Un duo d'agents spéciaux incarnant la tête et les jambes, un mystère, un complot un savant fou… Tout le monde aura reconnu la formule bien rodée de la série pionnière "Les Mystères de l'Ouest" / "The Wild Wild West" (1965-1969) : le James Bond à vapeur remplace le James Bond à cheval et les similitudes sont légions, du coup on attend avec impatience l'arrivée de la damsel in distress traîtresse qui remplacera la Mary Shelley du 1er cycle. En attendant je me suis régalé de tous les trucs pulps qui m'ont rappelé au bon souvenir d'"El Borak" de R.E. Howard, et de Baba le rusé aventurier oriental de petite taille qui remplit très bien son rôle de comic relief.

Graphiquement on connaît maintenant bien les atouts et des contraintes des méthodes de travail du dessinateur croate Igor Kordey, transfuge du monde des comics : il ne s'embarrasse pas de détails avec un encrage épais et une colorisation grasse, mais il connaît son affaire et les graphismes dynamiques et efficaces font le taf. Déjà que sa page pleine planche nous montrant le port d'Alexandrie dominé par une statue géante de Napoléon tenant le Pharos dans sa main en met plein les mirettes, je vous laisse deviner ce que donne un combat sur la pyramide de Khéops entre exosquelettes steampunk et morts-vivants mécaniques ! blink
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L'Histoire Secrète, Tome 1 : Genèse

Face aux dessinateurs de mangas qui sortent 48 pages en 2 semaines et face aux dessinateurs de comics qui sortent 48 pages en 2 mois, il est difficile de fidéliser un public avec des dessinateurs de bandes dessinées qui font 48 pages en 2 ans… Donc de plus en plus d’éditeurs ont opté pour la formule gagnante de la collection thématique où interviennent plusieurs auteurs (les puristes crient à l’hérésie, mais il fallait bien trouver une solution pour ne pas dépérir encore davantage face à la concurrence). C’est dans cette optique que les éditions Delcourt ont été lancé ce qu’on peut qualifier de prototype dans ce domaine : la série "L’Histoire Secrète" ! (avec les couvertures toujours réussies du duo Manchu et Olivier Vatine, 2 vieux routards de la SFFF !!!)



3000 ans avant J.-C., une tribu est anéantie par ses ennemis et seuls survivent un vieux chaman et quatre enfants… Le vieil homme leur remet ses puissants talismans magiques après leur avoir fait promettre de ne jamais les utiliser conjointement, car si le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt lui absolument ! La tentation est trop forte pour les jeunes gens de recourir aux pouvoirs des esprits pour assouvir leur vengeance, et cette dernière emporte les assassins de leurs proches en même qu’une partie du continent !

Désormais maudits et immortels, ils traverseront les siècles tantôt alliés, tantôt ennemis :

- Dyo le dominateur représente les Coupes / Cœur / Le Pape, mais aussi le chaudron de la mythologie celte

- Erlin le protecteur représente les Deniers / Trèfle / L’Empereur, mais aussi la pierre qui hurle de la mythologie celte (on t’a reconnu Merlin, archétype du mentor magicien ! ^^)

- la dure et belliqueuse Reka, sœur jumelle d’Aker, représente les Lances / Pique / La Papesse, mais aussi la lance qui saigne de la mythologie celte

- la douce et pacifiste Aker, sœur jumelle de Reka, représente les Épées / Carreau / L’Impératrice, mais aussi l’épée-tonnerre de la mythologie celtique



Le projet du prolifique Jean-Pierre Pécau, ancien rôliste et vieux routard de la bande dessinée, est d’autant plus alléchant qu’il se situe dans le même univers que ses séries "Arcanes" et "Arcane majeur". Ici, il veut nous raconter l’histoire secrète et ésotérique du monde à travers leurs affrontements directs ou indirects ! Ce qui nous offre un "Highlander" raconté en direct-live plutôt qu’en alternance passé/présent à grand renforts de flashbacks… blink

Après, ledit projet a changé de cap en cours de route, toujours en faisant le part belle à l’ésotérisme :

- on a une saison 1 où on change d’époque, de lieu et de personnages de tomes en en tomes (et parfois de dessinateurs aussi)…

- on a une saison 2 centrée sur l’entre-deux-guerres, avec un récit avec un début, un milieu et un fin où on suit les mêmes personnages de tome en tome (et la série aurait très bien pu s’arrêter sur sa conclusion)

- on a une saison 3 où tant qu’on gagne on joue dans laquelle on explore l’époque contemporaine en naviguant d’événements en événements avec moult personnages différents (mais on est parvenu à offrir un fin assez cool à la série, assez proche de celle d’"Hordes" de Laurent Genefort, vieux routard de la SFFF française, mais ceci est autre histoire…)





Dans ce tome 1, intitulé "Genèse", nous sommes en Egypte en 1300 ans avant J.-C.

Dyo veut absolument détruire les Hébreux sous la protection de son frère Erlin, et après avoir envoyé ses sœurs Reka et Aker à la chasse au dahu en Nubie, l’inévitable affrontement à lieu au bord du Nil à El Koumma… D’un côté Pharaon, qui compte sur les légions d’ashebas et de golems de Dyo le sorcier… D’un autre Moïse qui doit faire un choix entre sa foi et le recours à la magie d’Erlin…

A chacune des plaies d’Egypte correspond ainsi un maître sortilège, mais on a aussi un siège, une bataille et de l’héroïsme en veux-tu en voilà avec des hoplites grecs qui se la jouent Bataille des Thermopyles, oh yeah ! ^^ Tout ça ferait carrément une excellente Série B blockbustérienne, mais tout le monde connaît les graves lacunes du cinéma français…



Au final Moïse s’enfuit en Egypte avec l’Ivoire de Dyo, Erlin disparaît, et Reka et Aker se séparent à jamais… Rendez-vous pour le tome 2 !





Parlons du principal dessinateur de la série, le croate Igor Kordey qui a gagné ses galons outre-Atlantique dans le monde des comics… Son travail peut être clivant, car autant son découpage et ses mises en scènes sont très efficaces, autant il a du mal à se départir de mauvais gimmicks comics d’où un charadesign clonesque pas toujours soigné, et des arrière-plans limités pas vraiment soignés. J’imagine aussi qu’il a dû trouver chaussure à son pied niveau encrage et colorisation. Au final il officie comme un bon artisan de la BD en s’inspirant de Goya, Fellini et Sergio Leone, avec un grimm et gritty parfois à la limite du trash quand déboule le sexe et la violence… Mais dans tous les cas, il ne méritait pas la volée de bois vert qu’il a reçu : j’imagine que lui qui rend une BD tous les 2 mois a dû insupporter des dessinateurs qui ne parviennent pas à finir correctement une BD en 2 ans !
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Marshal Bass, tome 1 : Black & White

Arizona 1875.

Un homme, assis sur un cheval, bras liés dans le dos, a le cou enserré dans une corde attachée à une solide branche.

Tentative de suicide ? Ah, oui ? Avec les bras attachés dans le dos ?

Disons qu’il est peut-être victime d’un malentendu. Le colonel Terrence B. Helena, qui dirige un groupe de marshals voulait s’assurer que monsieur Bass, un Noir, le presque mort, n’était pas en réalité un certain Bill Derby, malfaiteur qui effraie même les hommes du marshal. Celui-ci semble avoir réglé l’affaire, et après avoir vérifié l’identité du presque pendu s’en vient le délivrer. Il le délivre, mais n’en reste pas là ! Il lui fait une proposition… Honnête !



Critique :



Scénario violent, âmes sensibles s’abstenir ! Darko Macan met en scène un personnage inspiré de Bass Reeves, shérif adjoint qui a réellement existé et qui aurait procédé à plus de 3000 arrestations. Mais son Bass à lui mène une existence bien différente du personnage réel.



Dans ce premier tome, on assiste à l’engagement de Bass comme marshal pour contrer un gang de blacks particulièrement violent. Bass reçoit pour mission de l’infiltrer…



Le dessin de Kordey plaira certainement à beaucoup de monde. Je n’ai pas été particulièrement séduit.

L’histoire tient la route. J’ai cependant du mal lorsqu’on prend un personnage qui a réellement existé et qu’on lui fait faire autre chose que ce qu’il a accompli, alors que cet individu était extraordinaire et qu’on aurait pu narrer sa véritable existence. Manque de documentation ? Paresse du scénariste ? Envie d’originalité ?

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L'ombre d'antan

14 récits, oui 14 comme dans 14-18 car c’est bien de la Grande Guerre dont traite ce roman graphique où se côtoient une multitude de talents avec des scénarios écrits, tant par des auteurs francophones, que serbes, et où les dessinateurs sont tous issus de l’ex-Yougoslavie. Vous vous doutez bien qu’avec pareil sujet, il n’est pas un récit qui soit de nature joyeuse. Chaque dessinateur utilise la technique qui lui semble la meilleure pour traiter de cette infâme boucherie qui aurait dû être « La Der des Ders » si les hommes avaient eu un peu plus de jugeotte et si l’esprit de revanche n’avait pas poussé un petit caporal affublé d’une moustachette ridicule à remettre le couvert vingt-et-un ans plus tard.



Les sujets traités sont très variés ce qui m conduit à écrire ma plus longue chronique à ce jour.



« Entre ciel et terre ».

Commençons par la retraite de l’armée serbe, accompagnée de milliers de civils, à travers les montagnes d’Albanie, où les montagnards albanais entraînés et équipés par les Allemands lui tendent des embuscades. J’ai été particulièrement sensible aux dessins de Drazen Kovacevic et à la mise ne couleur dans les tons sépias de Toni Anastasovski. Le scénario de Dragana Stojilkovic est magnifiquement bien ficelé.



« L’odyssée du sous-marin Curie »

Suit l’incroyable histoire du sous-marin français « Curie » qui s’est empêtré dans les filets à l’entrée du port de Pola où il devait se glisser pour détruire les navires austro-hongrois qui s’y trouveraient. Le scénario de Philippe Zytka se réfère à l’histoire authentique de cet équipage. Le dessin de Darko Perovic a quelque chose de « Corto Maltese ». La mise en couleur de Sofjia Perovic est bien adaptée à l’atmosphère nocturne et à la faible lumière à l’intérieur du sous-marin.



« L’ange gardien ».

Le troisième récit, nous narre l’histoire de Milan, blessé à la tête par un shrapnel. Heureusement pour lui, son casque Adrian a amorti le coup. A l’hôpital, on lui rapporte son couvre-chef pour qu’il puisse voir l’effet du shrapnel et ce casque qui lui a sauvé la vie. C’est alors qu’un mot glisse de ce couvre-chef. Un mot en français que Milan se fait traduire. C’est le début d’une nouvelle histoire… Un très beau scénario de Bruno Falba, superbement illustré et mis en couleur sépia par Aleksa Gajic.



« Le retour de Milou », sur un scénario de Rodolphe, nous entraîne à Belgrade en décembre 1918. Zoran Janjetov au dessin et à la couleur offre l’un des styles les plus particuliers de ce court récit.

La mère de Milan est impatiente de le revoir et s’affaire à mettre sa chambre en ordre. Elle contemple sa photo avec son ami français, Louis. Il y a aussi la photo de Vesna, sa petite fiancée. La maman établit déjà des projets d’avenir. Quand Milou va-t-il rentrer ? Voilà le facteur sur son vélo. Il dépose une lettre dans la boîte, enfin !



« Fusillé pour l’exemple », un scénario de Frédéric Bertocchini avec, au dessin, Igor Krstic. Septembre 1914, du côté de Verdun… LOISEAU Marcel est ramené grièvement blessé à la jambe et à la tête par un camarade. Sur sa route, l’infortuné croise un capitaine, genre abruti de première classe avec palmes et grande distinction. Ce capitaine, malgré les graves blessures dont il est affligé, lui ordonne de repartir au front. Marcel désobéit, tourne le dos à ce fou-furieux de capitaine et se rend au poste de secours tandis que le bon samaritain qui l’a secouru s’en retourne dans l’enfer des combats pour éviter des ennuis avec ce farouche capitaine qui se garde bien de foncer risquer sa très précieuse peau… Les ennuis de Loiseau ne font que commencer à cause de cet oiseau de malheur.

Si vous effectuez des recherches sur Internet, vous vous apercevrez bien vite que Marcel Loiseau a bien été « fusillé pour abandon de poste » le 12 octobre 1914. Il était soldat au 106 R.I. Les faits se sont déroulés à Mouilly - Rupt-en-Woëvre, près des Éparges, dans le département de la Meuse. Il a été réhabilité le 17 mars 1922. Son cas était un exemple flagrant d’un abus de pouvoir de l’autorité absurde d’un supérieur. Il fit partie des premiers soldats « fusillés pour l’exemple » réhabilité.

Le dessin de Igor Krstic, tout en nuances de lavis de gris et de noirs correspond idéalement à l’ambiance très sombre de cette histoire marquée par une profonde injustice. Petite observation : dans ce récit, les uniformes ne correspondent pas à ce qu’ils étaient au début de la guerre…

Anatole France avait écrit en 1909 : « L’armée étant une administration comme l’agriculture, les finances ou l’instruction publique, on ne conçoit pas qu’il existe une justice militaire quand il n’existe ni justice agricole, ni justice financière, ni justice universitaire. Toute justice particulière est en opposition avec les principes du droit moderne. Les prévôtés militaires paraîtront à nos descendants aussi gothiques et barbares que nous paraissent à nous les justices seigneuriales et les officialités. »



« Yanko le berger » de Tibery (Tiberiu Beka), seul aux commandes.

1914. Les Austro-Hongrois sont entrés en Serbie. Dans le territoire occupé ne restent que des femmes, des vieillards et des enfants. Yanko, petit berger, se morfond. L’armée ne veut pas de lui. Il garde ses moutons lorsqu’il entend des coups de feu en provenance de son village. Lorsqu’il arrive à portée de vue, des flammes dévorent déjà plusieurs maisons…

Une mise en couleur aux tons chauds et sombres pour accompagner une descente aux enfers qui montre comment certains soldats austro-hongrois se sont comportés dans les malheureux villages se trouvant sur leur passage. Après cela, on peut mieux comprendre pourquoi tant de civils ont pris la fuite avec les restes de l’armée.



« Le conscrit » sur un scénario de Nenad Mikalacki Django, Igor Krstic au dessin.

Les gaz, ces horreurs, sont évoqués dans ce récit qui est une sorte d’allégorie fantastique de la mort. Je ne commenterai pas cette BD en noir et blanc pour garder l’entière surprise qui attend le lecteur.



« Frères d’armes » est un scénario du Français Dobbs (Olivier Dobremel) mis en lumière par Dragan Panovic.

Récit d’un équipage d’avion. Un Français comme pilote, un Serbe comme mitrailleur. Ils sont pris en chasse par un hydravion autrichien…

Les couleurs sont vives comme le sont celles des paysages autour de la rivière Drina. Un paysage magnifique qui ferait presque oublier que des hommes s’entretuent, comme s’ils n’avaient appris à voler que pour pouvoir s’envoyer en l’air afin de mieux s’étriper !



« L’éclaireur et son binôme », on le doit à un scénario de Vasa Pavkovic et aux dessins, puissants, en noir et blanc de Stevan Subic.

Darko Petrovic est éclaireur dans l’armée serbe. Voilà que seulement quatre mois se sont écoulés depuis le début de la guerre, mais déjà le monde de Darko s’est écroulé. Le voilà reparti, seul, une fois de plus, pour une mission de reconnaissance. Mais cette fois, Darko ne reviendra pas seul…



« Le chemin du désespoir » Milenko Misic, accompagné de Darko Stojanovic au dessin.

Un récit où l’on découvre la grave décision que prend l’état-major serbe de fuir le pays vers l’Albanie et le Monténégro, avec les principaux trésors du peuple serbe et des milliers de civils qui ont déjà « goûté » au comportement des troupes bulgares qui sont entrées en guerre avec des promesses effectuées par l’empereur austro-hongrois et le kaiser.

Les dessins sont de très grande qualité, mais pourquoi avoir opté pour un fond aussi foncé qui empêche de profiter pleinement des dessins ?



« Piqûre d’abeille » est une histoire de Pavle Zelic, Maza au dessin et Desko à la couleur.

Cette narration nous transporte à Salonique en Grèce où les populations et les militaires subissent les attaques incessantes, et leurs terribles conséquences, de l’aviation bulgare. La décision est prise de porter la guerre au cœur-même de la Bulgarie, à Sofia, leur capitale ! Et pour mener à bien cette mission, ils peuvent compter sur… un bombardier Farman ! Un caporal français, Royable, et un sous-lieutenant serbe Naumovic se voient confier cette mission…

De très beaux dessins où le noir se détache sur un fond sépia.



« Le sang des damnés » de Michel Dufranne mis en dessin et en couleurs par Milan Drca.

Sergeï Feodorov qu’as-tu fait pour te retrouver à Mers-El-Khébir dans un bataillon disciplinaire en compagnie de tes camarades russes ? Comment, parti de Russie, t’es-tu retrouvé en France à te battre sous les ordres d’officiers incompétents qui te traitaient, toi et tes semblables, comme des esclaves dénués de droits autres que ceux consistant à obéir, à souffrir et à mourir ?

Un récit poignant sur ces soldats traités comme des moins que rien par leurs officiers inaptes au commandement, soldats qui, en France aussi, vont se révolter contre eux et faire leur petite révolution d’Octobre…



« Le billet » de Philippe Zytka dessiné et mis en couleur par Milan Jovanovic.

Hugh Gibson est Australien… Et engagé volontaire. Il quitte son pays en 1915. Sa fiancée lui remet un billet de chemin de fer « aller-retour ». Comme cela, lorsqu’il rentrera en Australie, il n’aura pas à en acheter. Pour Hugh, ce billet va devenir son porte-bonheur. Son sauf-conduit qui doit lui permettre de revenir vivant au pays…

Basé sur le premier combat des Australiens sur le continent européen, à la Bataille de Fromelles, ils perdirent 5533 hommes. Cet épisode constitue les 24 heures les plus sanglantes de l’histoire militaire australienne ! Pour rappel, il n’y eut pas de conscription en Australie durant la Grande Guerre ! Tous les soldats étaient des engagés volontaires.



« Le journal de Corfou », d’après un scénario de Filip Bankovic, mis en images par Ivan Stojkovic.

Milutin Dimitrijevic a 42 ans et il a découvert, à Belgrade, dans l’appartement de ses parents, au milieu d’un tas d’ouvrages poussiéreux, le journal de son arrière-grand-père qui s’appelait exactement comme lui. Le 3 décembre 1914, lors de la contre-offensive serbe, son aïeul n’eut la vie sauve que grâce à un autre soldat qui le jeta à terre au moment d’une explosion. Il retrouvera par hasard cet inconnu sur l’île de Corfou où les survivants de l’armée serbe ont trouvé refuge, évacués par la marine française. Son sauveur s’appelle Lazare. Ils ne se quitteront plus jusqu’à ce que…

Un récit qui montre qu’il s’en faut de peu pour que s’arrête ou survive une lignée. Traité dans les tons sépia, c’est une BD très touchante.



Voilà résumés les courts récits présentés dans ce roman graphique d’excellent facture, tant artistique qu’historique. Il nous ouvre les yeux sur l’implication des Serbes dans la Grande Guerre (mais pas que puisqu’on y relate aussi des histoires de soldats australiens, russes, français, …).



La lecture de cet ouvrage m’a pris des jours ! Heureusement que j’étais en congé pour en profiter pleinement : il m’a mis en appétit pour en savoir davantage sur la participation des Serbes à ce conflit qui a démarré à cause d’un étudiant serbe à Sarajevo. J’ai passé des heures et des heures sur Internet à effectuer des recherches pour m’assurer de la base historique de chacun des récits, mais surtout pour en savoir plus (et pas que sur les Serbes).



A la fin de l’ouvrage, un dossier retrace l’histoire de la Serbie durant la Grande Guerre.



Je ne puis qu’en recommander l’achat à tous les passionnés d’histoire, en particulier ceux intéressés par la Première Guerre mondiale, mais aussi par l’histoire de l’aviation. Au niveau du graphisme, il y en a pour tous les goûts. Pour cette raison aussi, si vous voulez sortir des sentiers battus au niveau du « dessin », osez vous aventurer dans « L’ombre d’antan ».



Merci aux éditions INUKSHUK et à cette Masse critique « spéciale » qui m’ont permis de déguster une œuvre très originale.

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Empire, tome 2 : Lady Shelley

Dans ce tome 2 intitulé "Lady Shelley", la situation pour l’Empire Français devient d’autant plus urgente que le Général Fantôme vient de réaliser un nouvel exploit en coulant la Flotte du Levant… C’est dans ce contexte qu’Alexandre Saint-Elme et Charles Nodier passent les lignes ennemies pour arriver au QG anglais aux Indes en se faisant passer pour les espions décédés du tome précédent. Notre Mowgli franco-indien paye de sa personne en rapprochant intimement du génie adverse Lady Shelley, strong independant woman sexuellement très libérée, fille d’un socialiste et d’une féministe, admiratrice des idées de la Révolution Française qui en bonne ennemie des tyrans a donné priorité à la lutte contre Bonny… Une femme complexe et sophistiquée, quoi ! ^^

Nos détournements de James T. West et Artemus Gordon découvrent la véritable identité du Général Fantôme mais se font immédiatement grillés, mais c’est là que débarquent Shere Khan et ses yétis au service du Tsar ! Le Mowgli franco-indien reporte sa vengeance à plus tard, et nos deux compères des services secrets de Napoléon Bonaparte s’échappent pour se retrouver coincés dans l’Himalaya entre les forces du Bien de l’Argarttha et les forces du Mal de Shamballah (du moins c’est ce que Charles Nodier explique quand la lamaserie dans laquelle ils se sont réfugiés est attaquée par des robot de combat steampunk débarquée par dirigeable ^^) : To Be Continued !!!
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Keltos, tome 2 : La grande quête

Dans ce tome 2 intitulé "La Grande Quête", Morgan est retournée à Ys pour convaincre Mordred de préparer leur peuple à combattre les Cimbres... C'est peine perdu car le roi maudit qui se berce d'illusions est persuadé d'avoir raison et que la réalité a tort ! Arthur, Lancelot et Merwin sont à la fois en cavale et à la recherche du deuxième attribut du Haut Roi de tous les celtes : la lance qui donne la victoire ! Et une fois atteinte l'île blanche voilà nos héros transportés dans le jardin des pommes d'or des Hespérides à combattre des Fir Bolg...



Arthur, Lancelot et Merwin ne rentrent pas à temps pour sauver la cité d'Ys de la horde cimbre (le scénariste aurait pu trouver un autre stratagème pour les Cimbres que celui déjà usité dans le tome précédent...), mais ils rallient les survivants à leur cause : Arthur devient Setanta, celui qui chemine, et prend la route de Delphes au Levant pour arracher le Chaudron de Dagda aux griffes de Lug / Apollon... To Be Continued ? Et bien non, et c'est bien dommage car c'est pour cela que je n'ai pas lâcher les étoiles car la série s'arrête juste au moment où les choses sérieuses commencent (et puis j'aurai bien aimé revoir le Merlin marseillais ^^)
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Marshal Bass, tome 8 : La mort misérable et s..

Aucun homme n’obtiendra plus jamais rien de moi !

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Ce tome fait suite à Marshal Bass, tome 7 : Maître Bryce (2022) qu’il faut avoir lu avant. Sa première publication date de 2022. Il a été réalisé par Darko Macan pour le scénario, Igor Kordey pour le dessin et la supervision des couleurs, et par Len O’Grady pour la mise en couleur des pages 1 à 6, par Anubis pour celle des pages 7 à 54. La traduction et le lettrage ont été assurés par Fanny Thuillier. Le personnage principal est inspiré de Bass Reeves (1838-1910), premier shérif adjoint noir de l’United States Marshals Service à l’ouest du Mississippi, qui a essentiellement officié en Arkansas et en Oklahoma. Il comprend cinquante-quatre pages de bandes dessinées.



Dryheave, en Arizona, fin août 1877. Les habitants se rassemblent devant la maison close tenue par madame Cleopatra : un meurtre vient d’y être constaté. Mindy Maguire a assassiné Bernhardt le puant. Un vieil afro-américain à la barbe banche, un va-nu-pieds, marche en s’éloignant de l’établissement et en répétant : Un meurtre. Il parvient devant le magasin général Delila’s store et il demande un peu d’eau pour le vieux Tom, à la fillette qui se tient sous l’auvent, avec un nourrisson dans les bras. Elle répond sèchement qu’ils sont fermés le dimanche. Comme il insiste, elle le menace d’un couteau en précisant qu’elle sait s’en servir. Son petit frère Jacob ramène un verre d’eau et le tend au vieux Tom. La jeune fille veut savoir pourquoi il a fait ça : d’abord le vagabond demande de l’eau, puis le pichet et enfin un endroit où passer la nuit. Vieux Tom les remercie du fond du cœur et s’en va, après avoir rendu la tasse.



River Bass est arrivé devant la maison close et il montre son badge de marshal pour y entrer : la foule ne le laisse pas passer. Madame Cleopatra le prend par le bras pour le faire entrer par derrière. Son épouse Bathsheba l’accompagne, car elle ne va pas le laisser aller seule dans une maison close. À l’intérieur, dans la chambre, le shérif Lawrence est agenouillé devant le cadavre de Bernhardt, en présence de quatre hommes. Le doute n’est pas permis : Mindy et Bernhardt le puant étaient seuls dans cette pièce. Il paraît que Bernhardt avait un peu d’or sur lui. Mindy a pris le flingue de Bernhardt, lui a tiré dessus et s’est enfuie avec l’or. Vraisemblablement vers les territoires indiens, ajoute Bass. Le shérif décide d’organiser une battue pour retrouver la meurtrière : il promet aux hommes assemblés dans la grande salle que le comté paiera pour tout le whisky nécessaire à réchauffer leurs vieux os. Une dizaine d’hommes se portent volontaires. Madame Cleopatra demande à Lawrence s’il n’est pas possible de trouver un arrangement. Il répond qu’il lui avait proposé un arrangement voilà six mois et qu’elle avait répondu : Le crédit est mort. Elle se tourne vers River pour lui demander d’aider Mindy qui va se retrouver seule face à cette horde imbibée de whisky. Bathsheba lui intime de le faire. Cleopatra la remercie de son intervention.



Avec le tome précédent, le lecteur avait senti que les auteurs avaient acquis l’assurance de pouvoir continuer leur série, ce qui les avaient amenés à consacrer un tome à l’histoire personnelle de leur personnage principal, et quelques pages à celle de son épouse. En dernière page, ils annonçaient le point de départ du présent tome : un meurtre. En dernière page du présent tome, ils annoncent le point de départ du suivant, tout en y ayant subrepticement consacré quelques pages en cours de récit. De même, lorsque River Bass se retrouve face à Mindy Maguire, sa décision prend en compte celle qu’il avait dû prendre dans le tome [[ASIN:2413007830 Marshal Bass T03: Son nom est Personne]] (2018). Comme dans les tous les tomes de la série, l’histoire charrie des questions sociales, à la fois les conditions de vie dans l’Ouest américain, à la fois des rapports de force qui restent d’actualité. Voilà une prostituée accusée d’un meurtre : elle l’a commis, elle a pris la fuite certaine de subir un procès expéditif. En cours de récit, elle explique son geste à River et Cameron : une proposition inattendue de son client lui a fait prendre conscience que son espoir d’un jour rembourser ses dettes et de pouvoir recouvrer sa liberté était illusoire. Cela permet au lecteur de mieux comprendre la réaction de Bathsheba : elle demande à son époux de venir en aide à une prostituée même si elle sait pertinemment qu’il a payé pour ses services il y a quelques mois, car elle a elle aussi souffert de la servitude féminine dans cette société. Les auteurs montrent ces conséquences d’une maltraitance systémique.



Au cours du récit, d’autres thèmes affleurent. Les habitants de Dryheave ne se montrent pas très empressés de se mettre à la poursuite de la meurtrière : il faut pénétrer en territoire indien et les nuits sont froides à la belle étoile, des lâches peu préoccupés de justice. Le shérif sait les convaincre en leur indiquant qu’ils pourront attendre la fuyarde dans un chalet dans les bois et que le comté leur paiera leur alcool en attendant, sans compter la présence d’une ou deux dames de compagnie, un bel exemple de dépense de l’argent public, et à nouveau de courage masculin. Effectivement, ils se retrouvent en territoire indien, et voilà que se présente un Lakota pour leur narrer la bataille de Greasy Grass, c’est-à-dire celle de Little Bighorn (25 & 26 juin 1876), en l’échange d’une bouteille d’alcool. Le lecteur peut y voir le ravage de l’alcool distribué par l’homme blanc, ainsi que la guerre de conquête. Dans son comportement, l’indien lakota se montre également raciste envers l’afro-américain qu’est River Bass, et tout aussi misogyne envers Mindy. Cette dernière fait observer au marshal que la justice qu’il entend appliquer en tant que représentant de l’état s’applique plus aux individus des catégories sociales populaires et défavorisées qu’aux riches. Ce qui fait écho à une question posée par un personnage dans le tome quatre : N’y a-t-il donc pas de punition pour les riches, colonel ? Le vieux Tom, un afro-américain d’une cinquantaine d’années ou plus, incarne également les laissés pour compte du rêve américain, de la grande expansion vers l’ouest.



La continuité de la série s’étoffe également par des éléments de l’intrigue. L’histoire débute le jour même de celui du tome précédent, alors que le corps de Bernhardt le puant a été découvert, pendant le repas organisé à l’occasion du baptême du nourrisson de Delila. Plusieurs enfants de Bathsheba et River font une apparition, comme Jacob, Jake et Judith. Un autre membre de la famille Defoe se fait connaître à River Bass, après Alexander Defoe, Lionel Defoe et Constance Armstrong (née Defoe), avec une approche différente de ses sœurs et frères. Le lecteur retrouve cette familiarité qui figure dans son horizon d’attente pour une série avec un héros récurrent, et il voit également une progression, lente et discrète, dans les personnages, à commencer par la manière dont River Bass accomplit son devoir de marshal, mais aussi dans la décision de Bathsheba de demander à son époux d’aider une prostituée dont il a eu recours aux services. Le comportement de l’humanité s’inscrit toujours dans le roman noir, et des moments de bienveillance et d’espoir parviennent à se manifester malgré tout.



Le lecteur regrette un peu le départ de Nikola Vitković pour la mise en couleur. Ses successeurs apportent le même soin dans l’approche naturaliste, la conservation ou l’amélioration de la lisibilité, le rehaussement des reliefs de chaque élément détouré. Il semble qu’ils se montrent un peu moins talentueux pour les effets de textures. Pour autant, l’un puis l’autre réalisent de superbes compositions : la lumière tamisée de la maison close, la belle lumière naturelle des grands espaces sauvages, les nuances de vert de la végétation, les belles couleurs des vêtements de Mindy Maguire, le ciel nocturne étoilé, les lueurs violettes au petit matin, la chaleur des feux de camp, etc. L’artiste s’en donne à cœur joie comme depuis le début de la série, et les rétines du lecteur sont à la fête. Il prend un grand plaisir dès la première page à regarder les visages des uns et des autres pour essayer d’y lire le fond de leur pensée, ou de deviner leur caractère : le vieux Tom et son sourire trop gentil pour être honnête, le sérieux du shérif trop professionnel pour ne pas cacher quelque chose, la bonhommie de Cameron Defoe trop décalée dans cet environnement sans pitié, le visage indéchiffrable d’Enapay le Lakota, etc. Le portrait de Mindy Maguire s’avère le plus savoureux, le plus vivant, générant immédiatement une empathie extraordinaire chez le lecteur.



Visuellement, le lecteur retrouve tout ce qu’il apprécie dans la série : les tenues vestimentaires, la description des bâtiments de la petite ville de Dryheave, les grands espaces, la végétation des régions boisées, le pragmatisme des feux de camps, les postures adultes des personnages, leurs interactions plus ou moins franches, etc. Il constate comme d’habitude la coordination et la complémentarité impressionnante entre dessinateur et scénariste dans toutes les séquences. Quelques exemples. Il saisit tout de suite l’expression de solidarité féminine présente dans le bref échange de regard entre madame Cleopatra et Bathsheba Bass. Il se retrouve autant fasciné que les enfants Jacob et Jake quand le vieux Tom leur fait un tour de prestidigitation. Il sourit par empathie en voyant la relation se développer entre Mindy et Cameron. Il sourit à l’humour très noir des combats, les auteurs ayant conservé leur volonté de montrer que la plupart des individus ne sont pas aguerris : ils se montrent hésitants, maladroits, patauds, malhabiles, peu efficaces. Le déroulement des affrontements relève plus du hasard et de la malchance que de compétences guerrières. Lorsqu’une personne dispose d’une réelle expérience en la matière, c’est un carnage affligeant dans l’autre camp.



Cette série se bonifie de tome en tome, gagnant en profondeur, en intensité, en épaisseur, que ce soit pour les personnages, les thèmes ou la narration visuelle. Le lecteur s’immerge avec délectation dans cet ouest qui n’a rien de mythique, où les individus se montrent dans toute la laideur de l’humanité, et parfois dans sa bonté. Une telle société peut-elle tolérer qu’une prostituée se rebiffe contre la place qui lui est assignée par un fonctionnement systémique inique ? Le lecteur reprend à la chevauchée aux côtés de River Bass, dans de magnifiques paysages, accompagnant un individu imparfait, humain.
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L'Histoire Secrète, Tome 2 : Le Château des Dji..

Ce tome 2, intitulé "Le Château des Djinns", est raconté à travers les yeux du célèbre croisé Renaud de Châtillon. Ce cadet sans le sou avait tenté le tout pour le tout en rejoignant l’aventure des croisades. Magnifique guerrier, il obtint fortune et gloire en épouse la riche l’héritière de la riche principauté d’Antioche avant de se mettre tout le monde à dos lors de la sanglante razzia de Chypre… Et c’est tout naturellement que tout le monde lui tourna le dos quand il fut fait prisonnier par le glaive de l’islam Nur ad-Din en 1160…

C’est en 1176, 16 années plus tard, que Renaud de Châtillon est libéré mais c’est un homme brisé qui a tout perdu : sa femme Constance est morte en 1163, sa fille Agnès a été mariée au roi de Hongrie en 1170, et sa principauté d’Antioche a été confiée à son incapable de beau-fils Bohémond… Mais lui qui a été tant haï, qui donc a payé son exorbitante rançon de 120 000 dinars d'or à l’atabeg Nur ad-Din ? C’est ici que commence ce nouveau tome de l’Histoire Secrète…

Car 2000 ans ont passé et les archontes sont toujours en conflit les uns avec les autre… Si Reka a choisi la voie de la guerre en devenant Ishtar et Aker celle de la sagesse en devenant Athéna, Dyo lui est toujours à la recherche la Coupe volé par Moïse… Et chaque parti est persuadé que Renaud de Châtillon, ancien prince d’Antioche, aurait le moyen de retrouve l’ivoire dérobé à Dyo et retrouvé à Antioche lors de la Première Croisade… Pion entre les mains des archontes, il a fort à faire pour récupérer le Graal à Pétra, le Château des Djiins ! It’s survival time !!!



La série est bien plus douée pour jouer avec l’Histoire qu’avec les mythes (et oui désolé, le récit de Moïse et la fuite des Hébreux d’Egypte c’est une légende ! ^^). On s’insinue dans les interstices de l’Histoire, on en explore les recoins obscurs pour la mettre en lumière tout en racontant une aventure rondement menée teinté d’ésotérisme…

Amis lecteurs et amies lectrices, vous devriez reconnaître sans peine les clins d’œil à "Indiana Jones et la dernière croisade" (voir pour les amateurs de BD franco-belge, aux banquiers italiens de la saga "Vasco" de Gilles Chaillet). Mais la chouette idée de ce tome 2 est d’avoir transformé Renaud de Chatillon à la triste réputation en personnage à la R.E Howard, le papa de Conan le barbare (ouais, il y a quelques moments qui sentent bon la Sword & Sorcery, notamment la scène introductive où le chevalier et son écuyer tentent d’échapper aux goules de Dyo ! ^^). Impossible pour moi de m’enlever de la tête les excellents récits de croisades de l’auteur texan de l’entre-deux-guerres avec cet antihéros désabusé qui retrouve avec ses nouveaux compagnons des raisons d’aller de l’avant

- Vasil, une crapule arménienne, fils de Thoros son ancien compagnon d’armes, le voit comme le héros de geste dont son paternel lui a maintes fois conté les exploits

- le dénommé Chrétien de Troyes, un aventurier romantique qui croit dur comme fer aux légendes chrétiennes, le voit comme un paladin en quête du graal qui pourrait guérir Baudoin IV le roi lépreux donc la Terre Sainte du Royaume de Jérusalem… (mdr)

- Aker, la mystérieuse archère aux cheveux blancs qui l’intrigue et le fascine à la fois (une Kriss de Valnor d’alignement Loyal Bon ^^), le voit comme l’homme juste et droit qu’il aurait pu être, qu’il aurait dû être

Notre antihéros désabusé est donc obligé de se mettre au diapason et d’entrer en mode epicness to the max lors de la grosse baston finale entre les Templiers de Reka, les Berserkers de Dyo et les guerriers du désert d’Erlin…

Au final, Aker refuse la proposition du nouveau Seigneur d’Outre-Jourdain et s’en va vers l’Occident dissimuler l’ivoire retrouvé : rendez-vous pour le tome 3… Sinon, l’Histoire reprend ses droits pour Renaud de Châtillon qui a combattu pour la défense des Etats latins d’Orient jusqu’à son exécution des mains de Saladin à la bataille de Hattin… Il avait alors 67 ans !



Bon je crois que vous avez compris que j’ai bien aimé ce tome 2, à mes yeux bien trop court pour aller au bout de ses ambitions (d'où éventuellement une impression de confusion) : c’est à regret que je quitte les personnages de ce qui ferrait une excellente Série B cinématographique… (si un producteur avec un peu d’imagination confiait un tel projet à un Christophe Gans, on aurait un droit à un super film d’aventure, mais on connaît les lacunes crasses du monde du cinéma franco-français)





Parlons du principal dessinateur de la série, le croate Igor Kordey qui a gagné ses galons outre-Atlantique dans le monde des comics… Son travail peut être clivant, car autant son découpage et ses mises en scènes sont très efficaces, autant il a du mal à se départir de mauvais gimmicks comics d’où un charadesign clonesque pas toujours soigné, et des arrière-plans limités pas vraiment soignés. J’imagine aussi qu’il a dû trouver chaussure à son pied niveau encrage et colorisation. Au final il officie comme un bon artisan de la BD en s’inspirant de Goya, Fellini et Sergio Leone, avec un grimm et gritty parfois à la limite du trash quand déboule le sexe et la violence… Mais dans tous les cas, il ne méritait pas la volée de bois vert qu’il a reçu : j’imagine que lui qui rend une BD tous les 2 mois a dû insupporter des dessinateurs qui ne parviennent pas à finir correctement une BD en 2 ans !
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Marshal Bass, tome 10 : Hell Paso

C’est bien beau d’être charmant, mais ça ne sert à rien si on n’a pas de jugeote, Appleby.

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Ce tome fait suite à Marshal Bass, tome 9 : Texas Rangers (2023) qu’il faut avoir lu avant car il s’agit de la seconde partie d’un diptyque. Son édition originale date de 2023. Il a été réalisé par Darko Macan pour le scénario, Igor Kordey pour le dessin et la supervision des couleurs, et par Anubis pour la mise en couleur. La traduction et le lettrage ont été assurés par Fanny Thuillier. Le personnage principal est inspiré de Bass Reeves (1838-1910), premier shérif adjoint noir de l’United States Marshals Service à l’ouest du Mississippi, qui a essentiellement officié en Arkansas et en Oklahoma. Il comprend cinquante-quatre pages de bandes dessinées.



Avril 1878, de nuit dans un camp militaire de campagne, un homme est traîné par deux soldats avec un mouchoir pour se protéger la bouche. Il se défend qu’ils n’ont pas le droit de faire, car il n’a rien fait de mal. Les soldats l’amènent jusque devant la bouche d’un canon et l’attachent de telle sorte que son tronc soit collé à ladite bouche. À l’aide d’un porte-voix, le lieutenant Appleby s’adresse aux habitants du village d’El Paso à quelques dizaines de mètres de distance. Il les informe qu’un de leurs concitoyens a été capturé alors qu’il essayait de passer outre le corridor de sûreté établi par l’armée des États-Unis. Pour cela la cour martiale l’a condamné à une exécution sommaire. L’ordre de tir sera donné par le major Philip Penn. Dans la foule au loin, un homme au visage masqué par le rebord de son chapeau serre les dents et répète le nom de famille du major. Ce dernier donne l’ordre de tirer en abaissant son sabre. Le prisonnier est coupé en deux par le boulet, les deux moitiés séparées retombant au sol. Le major lâche un rire de satisfaction.



À Dryheave en Arizona, grand-père Thomas, surnommé Tom, déambule tranquillement dans la rue. Il croise Jake et son frère Joshua, deux de ses petits-enfants, avec un air sombre et regardant jalousement un groupe de garçons en train de jouer au baseball. Il leur demande ce qui se passe. Ils expliquent que les autres ne veulent pas jouer avec des bâtards. Le grand-père leur pose une petite question sur le métier du père de Barney Ellis, celui qui les a rembarrés, puis leur suggère une répartie. Jake et son frère retournent pour demander à jouer et font comme Thomas leur a dit : Barney accepte qu’ils jouent. Thomas poursuit son chemin et passe devant Homer en lui demandant s’il a ce dont ils avaient parlé : pas encore, du coup Thomas lui met la pression. Puis il passe devant le magasin général de Delilah Bass et la salue, ainsi que Cleopatra et Bathsheba. Cette dernière regarde Bathsheba et lui demande s’il y a des soucis. Son interlocutrice répond que pas vraiment, tout le monde a l’air d’apprécier son père, et il est étonnamment bon envers les garçons. En réponse à une question, elle indique qu’il ne touche pas les filles. Et elle continue : il n’a jamais été comme ça. Tout ce qui a toujours vraiment compté pour lui, c’est l’argent. Cleopatra continue en demandant si Bathsheba a des nouvelles de River.



Le lecteur avait laissé River Bass en proie à une crise aigüe de remise en question violente sur lui-même, ses motivations morales et l’espèce d’homme qu’il est. Il avait également découvert la couverture de ce dixième tome au dos du précédent : une situation à laquelle on ne survit pas. Très malins, les auteurs commencent par une exécution sommaire avec ce déchiquetage en deux par un boulet tiré à bout portant. Impossible de s’en sortir ! Encore un peu plus taquins, ils continuent avec une séquence à Dryheave au cours de laquelle le grand-père, c’est-à-dire le beau-père de River Bass, se montre bienveillant envers les enfants, pendant cinq pages. Il faut attendre la page onze pour retrouver le personnage principal, et encore dans la dernière case. Le lecteur tourne la page et dès la treizième retour à Dryheave alors que Cleopatra demande si elle n’aurait pas un boulot pour son fils David qui a perdu un œil dans Marshal Bass, tome 6 : Los Lobos (2021). Puis retour au marshal pour onze pages, et retour à Dryheave. Le lecteur fait le compte : River Bass apparaît dans vingt-sept planches sur cinquante-quatre, la moitié. Il en déduit que l’histoire que voulait raconter les auteurs ne tenait pas dans un seul album, mais qu’elle ne suffisait pas pour en faire deux. Aussi, ils mettent à profit leur confiance dans le potentiel de leur série pour intercaler des séquences développant des personnages connexes comme le grand-père et David, afin de préparer les tomes à venir.



Comme dans tous les tomes, les auteurs consacrent deux pages à un dessin en double page, ici les pages quarante-deux et quarante-trois, et l’objet est une scène de liesse dans le saloon de Dame Cleopatra, alors que l’un des fils de Bathsheba et River Bass se donne à fond à l’harmonica sur la scène, avec un guitariste, un bassiste et un pianiste à l’accompagnement et deux danseuses. Une image de plaisir très communicatif. Ce tome comporte lui aussi son lot de scènes ou d’images marquantes : l’exécution au boulet bien sûr (quelle boucherie barbare), River Bass prenant son repas dans un restaurant mais à une table isolée et à l’extérieur (le racisme restant vivace), les six rangers faisant un massacre, une belle vue sur les tentes et l’enclos à cheval du camp militaire, Cleopatra soumettant un jeune garçon à la tentation, River Bass avançant de dos sur une route boueuse vers une ville semblant déserte, les boulets s’abattant arbitrairement dans la ville, un fleuve en crue charriant de la boue, une charge héroïque menant les cavaliers à une mort assurée, etc.



En outre, le lecteur ressent une forte empathie avec certains personnages, par l’expression de leur visage ou leur langage corporel. Il éprouve la force de la détresse de l’habitant d’El Paso qui a voulu s’échapper et qui se retrouve aux mains de deux soldats, contraint par la force physique, sans plus aucune liberté, en totale panique, l’horreur s’y mêlant quand il comprend le moyen par lequel il va inexorablement être exécuté. Il compatit avec les deux fils de Bethsheba qui ont été exclus du jeu de baseball, et même avec le fils du marchand de whisky qui impose sa volonté aux autres garçons par sa force implicite et qui doit céder au chantage sur la réputation de son père. Il fond devant les expressions qui passent sur le visage de David, le fils aîné de Bass, alors qu’il est soumis à la tentation par Dame Cleopatra, devant sacrifier ce qui lui tient le plus à cœur. Le lecteur prend également conscience qu’il scrute le visage, moins expressif, de Marshal Bass pour se faire une idée de son état d’esprit : résigné à manger dehors, amusé par la demande d’aide de Hare et la manière dont il l’exprime, blasé en anticipant les réactions des Texas Rangers dans l’histoire que lui raconte Hare, très conscient que les soldats du major Penn peuvent l’abattre d’une balle dans le dos alors qu’il s’éloigne de leur camp en marchant, etc. D’un autre côté, il éprouve immédiatement un sentiment de rejet et de dégout pour Philip Penn et son sourire de contentement à la suite de l’exécution par boulet du fuyard, un sentiment de défiance un tantinet craintif à l’encontre du grand-père manipulateur, une forme de mépris devant le regard fuyant de Hare, un sentiment de découragement en voyant les visages fermés des Texas Rangers recourant à la force dès qu’ils sont contrariés. Dans le même temps l’expressivité de ces individus génère une telle intensité dans l’empathie qu’il les comprend et sent sourdre une pointe de pitié envers eux, incapables d’avoir le dessus sur leurs émotions négatives.



D’un côté, les auteurs apportent une fin satisfaisante à leur intrigue principale, celle de River Bass, comme à leur habitude. Ils intègrent le colonel Terrence B. Helena, ce qui permet d’avoir son point de vue sur le recrutement des Texas Rangers (le capitaine Dexter Miller, Bullock & Hare, Jacinto Juarez & Woodrow Watson, Gabriel surnommé le fantôme, William Joseph Beatty surnommé Topeka Kid), et sur la valeur morale de River Bass, avec une mise à l’épreuve séance tenante. Pour une fois, la conclusion du récit semble un peu moins noire, et sa nature permet de relativiser un chouia celle d’un ou deux tomes précédents, en particulier le trois. En même temps, il ressent une forte appréhension pour la suite, que ce soit le sentiment de solitude de Bathsheba Bass, ou la possibilité que Hope, l’enfant recueillie par Doc Moon, soit toujours porteuse de maladies. Dans la seconde moitié du récit, les auteurs construisent leur narration avec une alternance rapide entre le règlement de compte à (He)El Paso et le premier concert de David Bass, une forme de contrepoint. Le lecteur comprend qu’il s’agit d’une mise en parallèle pour l’amener à comparer les deux situations entre elles. D’un côté, River Bass traversant une crise de doute sur ses valeurs et sa moralité ; de l’autre son fils David qui acquiert la certitude (absolue, à son âge) de sa vocation. D’un côté, un homme de loi qui sanctionne les criminels souvent en les tuant ; de l’autre un tout jeune adolescent qui partage sa joie de vivre aux adultes grâce à un mode d’expression artistique. Dans les deux cas, l’un et l’autre sont très conscients de ce à quoi ils ont renoncé pour leur vocation.



Hors de question de rater la seconde moitié de ce diptyque, encore moins avec une telle couverture. Les auteurs mènent à son terme la comparaison entre River Bass et les Texas Rangers, ainsi que leurs motivations, dans leurs ressemblances et leur différence. Un vrai Western toujours noir, avec des conflits armés, et des personnages complexes. Attention : ce tome contient peut-être une trace d’optimisme.
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Le Coeur des batailles, tome 1 : La Marne

Le Coeur des batailles, c'est le titre du journal que Blaise Boforlant, soldat durant la Première Guerre mondiale public quotidiennement sur le front - et pour les civils.

Blaise Boforlant, aujourd'hui devenu un vieux mieux impotent, est en entretien avec un journaliste américain qui souhaite rédiger sa biographie. On apprend vite que c'est un homme très conscient de sa valeur, sans en être nécessairement prétentieux, originaire d'Alsace et né juste avant la guerre de 1870.



Dans cette bande dessinée, l'auteur a mis en avant le sentiment anti-Allemand qui avait court au début du siècle, et a permis - en partie - l'engagement massif des hommes en 1914. Quelques autres "tabous" sont levés, comme, par exemple, l'homosexualité entre les soldats pour "relâcher la pression". On est loin de l'image d'Epinal du soldat de 14-18 dépeint comme La Victime du vingtième siècle.

Et pour ces soldats, un évènement va venir bouleverser ce quotidien peu enviable : l'arrivée d'un soldat "indigène", répondant au nom d'Amaréo Zamaï. Ce soldat des colonies n'est pas des loquace, à l'inverse du narrateur, à aucun moment on ne le voit parler. Non pas qu'il ne comprenne pas, puisqu'il répond à l'insulte d'un soldat par un formidable crochet du droit ! C'est aussi un colosse à la carrure impressionnante, une raison de plus (s'il en fallait une) pour se faire la cible des moqueries des soldats "gris". Amaréo Zamaï se démarque aussi par une autre habitude à laquelle il s'accroche fermement et sur laquelle les poilus ont longtemps tiré un trait : la propreté. Lui tient à ce que chaque parcelle de son corps soit propre, ainsi que son uniforme.

Alors, pourquoi cet homme qui ne cause , a priori, de tort à personne est-il envoyé à la potence dès l'ouverture de l'ouvrage ? La réponse se trouve dans le deuxième tome !



Les dessins sont très précis, surtout pendant les scènes de batailles ; scènes souvent dépourvues de texte. Comme dans d'autres bandes dessinées sur ce thème, on retrouve une opposition entre : les scènes de bataille sur le front dans des couleurs froides et sombres , et les autres scènes faites de teintes plus chaleureuses pour accentuer le sentiment d'oppression et de tragique.

S'il est vrai que j'ai hâte de lire le second tome et que j'ai trouvé la thématique exposée assez riche, il me semble que l'auteur aurait pu développer davantage car en refermant Le Coeur des batailles, j'ai tout de même eu une impression d'inachevé. Les relations entre les personnages sont mises au jour mais manquent parfois de profondeur. Peut-être est-ce dû au type de narration qui se voudrait détacher ? Dans ce cas, c'est un problème de point de vue, et là-dessus, l'auteur est souverain.

Suite au prochain épisode pour avoir une vision plus "globale" !
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Marshal Bass, tome 9 : Texas Rangers

Une bonne vieille pendaison avec un barbecue au programme ?

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Ce tome fait suite à Marshal Bass, tome 8 : La mort misérable et solitaire de Mindy Maguire (2022) qu’il faut avoir lu avant. Sa première publication date de 2023. Il a été réalisé par Darko Macan pour le scénario, Igor Kordey pour le dessin et la supervision des couleurs, et par Nikola Vitković pour la mise en couleur. La traduction et le lettrage ont été assurés par Fanny Thuillier. Le personnage principal est inspiré de Bass Reeves (1838-1910), premier shérif adjoint noir de l’United States Marshals Service à l’ouest du Mississippi, qui a essentiellement officié en Arkansas et en Oklahoma. Il comprend cinquante-quatre pages de bandes dessinées.



Janvier 1878, une ferme au milieu de nulle part. Deux hommes accueillent Doc Moon, la docteure, la femme restant en arrière avec quatre enfants dans ses jupes et un cinquième dans les bras. Ils s’assurent que c’est bien celle qu’ils attendaient, ce qu’elle confirme en indiquant que les Watterson là-bas lui ont dit qu’ils avaient besoin d’elle. C’est pour leur père qui alité sur une couche de paille dans l’étable. Elle ne peut rien faire pour lui. Ils la détrompent : ils souhaitent qu’elle fasse quelque chose pour eux. Leur père met un temps infini pour mourir : voilà deux ans qu’il est allongé ici, et ils ont besoin du lit et de nourriture pour les petits. Elle entre dans l’étable et leur demande de la laisser seule. Elle s’adresse au vieillard impotent : elle n’est pas vraiment une docteure. Elle lui demande de ne pas avoir peur : il est temps de s’en aller, il est temps de rejoindre ceux qui l’aimaient, tout en plaçant une main sur sa bouche pour l’étouffer. Il rend son dernier soupir, et elle verse une vraie larme. Son acte accompli, elle ressort, reçoit une bouteille de whisky et un peu de bacon comme paiement et s’en va, vers la ferme des Abott qui souhaitent son passage. Elle se répète pour elle-même : Des tombes… Des tombes… Des tombes avides… Les êtres humains construisent des maisons et des cathédrales. Ils construisent l’espoir mais au final, seules leurs tombes leurs survivent.



Quelque part dans l’ouest du Texas, dans une région désertique, à cheval, le marshal Bass arrive devant une petite maison isolée. Il descend de cheval et hèle l’habitant : pappy Segar. Ce dernier se met à lui tirer dessus avec son fusil, une balle à la fois, le ratant à chaque fois, de peu ou de beaucoup. Le chien du fusil finit par casser blessant son bon œil. Bass n’a pas cessé d’avancer vers la bicoque : il ouvre la porte et flanque un grand coup de pied dans la main droite de Segar, faisant sauter le revolver qu’il venait de saisir. Pappy tient des propos racistes, pendant que Bass le neutralise. Doc Moon est parvenue à la ferme des Abott et elle salue la fermière qui est en train de donner le sein à sa petite dernière, avec quatre autres enfants autour d’elle. Elle l’emmène dans la grange et lui demande ce que la Doc peut faire pour sa petite fille de deux ans. Moon lui propose : l’emmener dans les bois et l’y laisser pour qu’un animal la trouve et l’élève comme un des siens ?



Au cas où le lecteur l’aurait oublié, la première séquence lui rappelle sans concession qu’il lit un western noir : Doc Moon, une femme solitaire à la forte carrure, appelée pour abréger les souffrances de malades sans espoir. Pour être bien sûr qu’il ne s’y trompe pas, ils continuent avec un quinquagénaire tirant sur un afro-américain plus contre sa couleur de peau, que pour l’autorité qu’il représente. L’humanité est toujours aussi vile, méprisable, dégoûtante, sordide, méprisable et repoussante, et parfois un peu touchante dans l’adversité de sa misère. Bien sûr, la condition d’afro-américain du personnage principal fait s’exprimer tout le racisme des personnes qu’il rencontre ou avec qui il fait un bout de chemin. Mais de temps à autre, certains voient d’abord en lui un marshal, et parfois même un autre être humain. Apparue pour la première fois dans le traumatisant Marshal Bass, tome 3 : Son nom est Personne (2018), Doc Moon ressort comme une femme singulière. Elle reprend son antienne sur les tombes, à perte de vue, qui recouvrent chaque parcelle de terre, exprimée dans le tome trois, tombes qui survivent aux êtres humains ici. Une docteure d’un genre particulier puisque ses interventions consistent surtout à abréger les souffrances par une forme d’euthanasie d’office, soit demandée par des proches, soit faute de pouvoir sauver un individu dont l’état de santé est déjà trop dégradé. De son côté, le marshal passe d’un combat à l’autre. D’abord comme cible offerte aux tirs peu précis d’un bandit assassin et raciste pendant quatre pages, puis pris comme cible par une douzaine de bandits étant la plupart des fils de pappy Segar pendant six pages, puis par une vingtaine de bandits de grand chemin pendant quatre pages, puis par un tueur de shérif pendant une bagarre à main nue de quatre pages. La vie n’est qu’une succession de combats, souvent contre autrui.



Les dessins présentent l’âpreté voulue pour une telle tonalité du récit. La première case occupe la largeur de la page avec Doc Moon de dos s’avançant vers la pauvre ferme. Le niveau de description impressionne : les petits bouts bois pour servir de clôture de fortune aux parcelles cultivées, les pierres du puits et la potence avec le sceau, l’abri de fortune pour les toilettes, la soupente pour la soue à cochon, les flaques de boue, la maison à un seul niveau et son toit lesté de pierre, la cheminée fumante. Décor auquel il convient d’ajouter les petites silhouettes des quatre enfants, de la mère, des deux hommes en train d’attendre, et au premier plan Doc Moon avec son long manteau et tout son bardas, sac à dos, gamelle et gourde attachées sur les côtés, couverture sur le dessus, sans oublier les lanières de cuir pour faire tenir le tout. De page en page, le lecteur savoure les détails pratiques : le pot de chambre à côté de la couche de paille, le modèle du fusil utilisé par pappy Segar, le puits avec sa pompe dans la ferme des Abott, le tapis de selle de la mule de Segar, l’essence des arbres présents le long du cours d’eau, l’arche avec une cloche à l’entrée de l’hacienda, le poulailler, les fontes des différents cavaliers, etc.



Le lecteur prend tout autant le temps de savourer la tenue vestimentaire de chaque personnage : les vêtements simples et fonctionnels des fermiers et de leurs enfants, le beau manteau long et les belles bottes de River Bass, sans oublier son chapeau melon toujours troué (voir le tome 1), les tenues dépareillées de pistoleros des fils Segar, la tenue un peu plus étudiée des deux Texas rangers Gabriel (surnommé le fantôme) et Dexter Miller, les belles robes des femmes de la ferme où séjournent les rangers et Bass, et les accessoires vaguement indiens pour donner le change du gang de brigands. Il contemple les paysages naturels : les grands espaces ouverts où se trouvent les deux premières fermes, avec une terre aride et peu prometteuse. Puis viennent les formations rocheuses typiques des déserts de ces états du sud : la première sous des nuages effilés. Les suivantes le long de la rivière. Vient enfin celle de la dernière séquence, en page trente-six où campe la bande de brigands se faisant passer pour des Comanches. S’il n’y a pas prêté attention auparavant, le lecteur se dit qu’il a retrouvé les sensations qu’il associe à cette série, en particulier les textures et cette impression de volume. Il retourne à la page de titre et il en a la confirmation : après un album d’absence, Nikola Vitković, le coloriste attitré, est de retour. Et ça se voit : la terre, la roche, le ciel, les nuages, tout semble plus consistant, tout déclenche une impression plus tactile.



Tout du long de cet album, les séquences mémorables se succèdent, les auteurs sachant jouer des conventions de genre du western, tirant un peu sur la corde pour susciter un petit plus de suspension d’incrédulité consentie de la part du lecteur, pour donner plus de goût. Les scènes d’affrontement physiques s’inscrivent de manière indélébile : River Bass confiant dans le manque de précision des tirs de pappy Segar, Bass à terre se protégeant tant bien que mal derrière la carcasse de son cheval pour se défendre contre une douzaine de cavaliers (séquence rendue plausible par l’art de la narraton visuelle, par une mise en scène au cordeau), Bass infiltrant le campement des brigands endormis en commençant par égorger la sentinelle. Le dernier combat, d’homme à homme, s’avère tout aussi brutal, avec Bass entièrement nu. À chaque fois, la prise de vue met en évidence la maladresse des uns et des autres, le manque d’expérience, l’absence de planification et de coordination, et l’avantage que ça procure au combattant aguerri, autant de touches participant à montrer une facette de la personnalité des personnages.



Captivé par l’intrigue, le lecteur en oublie presque de se demander où se trouve le reste de la famille Bass, Bathsheba et ses enfants. Il apparaît que le marshal est en mission pour le colonel Terrence B. Helena, ou simplement pour arrêter un individu avec une bonne prime pour sa capture. Outre les chevauchées et les fusillades, l’histoire happe le lecteur par le comportement des deux principaux personnages, plutôt taiseux, leur obstination à vivre alors que la réalité leur prouve encore et encore la vilenie de la race humaine, l’injustice arbitraire de la loi du plus fort, l’absence de tout principe, fût-il divin, aidant la vie. Gabriel incarne ce questionnement, en se demandant ce qu’il doit faire pour que Dieu le remarque… Et rien ne vient quelles que soient ses actions. River Bass porte en lui la conviction d’être un homme de bien en étant le bras armé de la justice des hommes et il se heurte de plein fouet à la limite de sa tolérance, de sa capacité à donner une seconde chance, à accepter les ouvriers de la onzième heure, à avoir la foi en la possibilité de la rédemption. En face de lui, des individus ont viré leur cuti, espérant de toute leur âme que faire œuvre de bonté les transformera en hommes bons, plaçant leurs espoirs dans le fait que la pratique ou l’existence peut précéder l’essence. Contre toute attente, Doc Moon concrétise cette étincelle d’optimisme en versant son sang pour Hope, fillette de deux ans, en lui donnant de son sang, de sa vie.



Après avoir retrouvé sa famille dans le tome sept, fait preuve de compassion dans le tome huit, River Bass voit ses convictions, les valeurs qui donnent sens à sa vie, une nouvelle fois mises à mal, percutées de front par une réalité incompatible avec elles. La formidable narration visuelle fait exister les personnages et les lieux, les rendant organiques au lecteur, donnant corps aux drames. Un western plein de bruit et de fureur, ainsi que de convictions, de tourments et d’une imprévisible lueur d’espoir.
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Le Coeur des batailles, tome 2 : Verdun

Comme avec le premier tome, nous sommes toujours en 1940. Marvin, le jeune journaliste américain recueille toujours aussi religieusement les souvenirs de guerre de Blaise Boforlant.

Il s'est écoulé seulement 24heures entre la fin du tome 1 et le début du tome 2 , et pendant ces 24heures :

* non, Jack Bauer n'a pas sauvé le monde d'affreux terroristes,

* mais le Maréchal Pétain s'est rendu à l'Allemagne nazie et invite la population française dans son ensemble à faire de même.

Tous les "héros" ont leur part d'ombre, et Pétain vient de dévoiler la sienne.



Par contre, le mystère sur l'ordre d'exécution du soldat "indigène", Amaréo Zamaï reste entier. Et ma frustration de lectrice aussi par la même occasion !



Pas grand-chose ne change dans l'enfer des tranchés : c'est sombre, ça sent la mort et les pauvres types qui se sont engagés sans savoir dans quoi ils s'embarquaient sont atrocement mutilés.Certes, c'est le lot de la Première Guerre mondiale, difficile de faire original, à ceci près qu'avec la boucherie décrite dans cet épisode, les soldats prennent de plus en plus conscience du fait qu'ils ne sont rien de plus que de la chair à canon dans un conflit absurde.

Les scènes sont toujours bien rendues et avec un discours assez viscéral de la part du vieux soldat. Amaréo est toujours dépeint comme un être quasi surnaturel, un goliathe se mouvant comme une panthère, pas du tout loquace (ce qui rend la tâche de mystification plus facile) et dormant 6heures par jours quelques soient les conditions.



Mais ! parce qu'il y en a quand même un : Amaréo tient une promesse qu'il a faite à un lieutenant mort pendant une bataille : il "casse la gueule aux artilleurs". C'est le début des ennuis pour cet indigène vaporeux, mais lesquels??? Suite au prochain tome.
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Marshal Bass, tome 8 : La mort misérable et s..

Les albums du marshal Bass se suivent, mais ne se ressemblent pas et celui-ci, bien que commençant comme un western classique, prendra une tournure tout à fait différente.



Une petite ville d'Arizona. Bernhardt le Puant a été assassiné dans la maison close et son or a été volé.



Pas besoin de faire venir la fine fleur des enquêteurs, la coupable est connue, c'est la prostituée Mindy Maguire qui a fait le coup.



Comme dans un bon western, le shérif organise une battue (un posse) pour retrouver la fugitive. Pas besoin d'avoir fait un master en Western pour savoir comment cela peut se terminer pour la personne fugitive : la mort, sans procès, sans preuves, juste parce que des mecs seront chauffés à blanc et imbibés de whisky.



Oui, on commence dans du classique, mais ensuite, l'auteur a été assez intelligent que pour bifurquer et nous proposer autre chose, un récit inattendu, presque poétique, doux, beau, où la violence sera présente, mais différemment des autres albums. C'est bien vu.



Le marshal Bass, Noir de peau, ce qui était très mal vu en 1877 (et pas qu'à cette époque, malheureusement), est plus intelligent que les autres zoulous lancés à la poursuite de la fugitive. Sous ses dehors bourrus, se cache aussi une forme d'humanité.



Parce que comme le disait la morale dans la blague du petit oiseau transi de froid : premièrement, ce n'est pas parce qu'on te met dans la merde qu'on te veut forcément du mal. Deuxièmement, ce n'est pas parce qu'on te sort de la merde qu'on te veut forcément du bien. (*) Aller en prison peut te sauver du froid de gueux qui règne en Arizona et te remplir l'estomac.



Hé oui, le marshal Bass est là où on ne l'attend pas, se montrant sous un autre jour, qui n'est jamais que le sien, celui qu'il cache, et le récit se révèle plus humaniste et plus psychologique qu'on aurait pu le penser au départ, même si, la violence est présente. L'Ouest de 1877, ce n'est pas Dora l'exploratrice, ni le monde des Bisounours. Surtout lorsqu'on est en terres Indiennes.



Les dessins de Igor Kordey ne me plairont jamais, mais dans cet album, ils passent mieux et sa double dernière planche est, une nouvelle fois, superbe. Comme quoi, on est toujours susceptible d'être surpris. D'ailleurs, le long titre, qui en disait beaucoup, réserve lui aussi une surprise.



Un western qui commence classiquement et qui sort des sentiers battus par la suite. Une bédé où les personnages ont une présence indéniable, que ce soit l'abject shérif ou le guerrier Lakota Epanay, un grand soiffard qui vise juste.



Un huitième album surprenant. Bien vu !



(*) Un petit oiseau tombé du nid se retrouve au milieu d'un chemin de campagne, il pleut, il a froid et il a faim.



Heureusement une vache qui passait par là lâche une grosse bouse sur le petit oiseau. Il se retrouve au chaud dans la bouse, et en plus il y trouve des petites graines à manger ; il est heureux et chante des cui-cui.



Un renard qui passait par là entend les cui-cui, sort le petit oiseau de la bouse et le croque.



Moralité 1 : Si quelqu'un vous met dans la merde, c'est pas forcément qu'il vous veut du mal.

Moralité 2 : Si quelqu'un vous sort de la merde, c'est pas forcément parce qu'il vous veut du bien.

Moralité 3 : Quand tu es dans la merde, ferme-la.


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Marshal Bass, tome 1 : Black & White

Le western est revenu à la mode, tant mieux pour ceux et celles qui adorent ça, dont moi…



Depuis sa sortie, je lorgnais sur cette nouvelle série et puis, je suis passée à autre chose parce que je ne peux pas tout acheter en neuf. Là, ayant pu les acheter en seconde main et je ne me suis pas privée.



Le pitch est pour le moins original puisqu’il met en scène un U.S Marshall Noir, à une époque où les Noirs n’avaient aucun droit et étaient toujours susceptibles de se faire pendre à toute branche d’arbre.



Sa mission, s’il l’accepte ? Infiltrer un gang de Noirs qui braquent les banques et tuent.



Quand on met en scène un tel personnage, il faut tout de même lui donner un peu d’épaisseur et faire en sorte que le lecteur en sache un peu plus sur ce nouveau personnage.



Là, on ne peut pas dire que les auteurs nous ait donné du grain à moudre et on termine l’album en sachant peu de choses sur River Bass, sinon qu’il est marié, a une sacrée marmaille et aime faire l’amour à sa femme. Ah oui, j’oubliais, il tire vite et bien aussi.



À mon humble avis (même si on ne me demande pas), cette histoire aurait mérité de s’étaler sur deux albums afin de lui donner plus de corps, plus de profondeur et ne pas se retrouver avec un récit qui se termine en bain de sang et de manière un peu trop simple, trop facile.



Il aurait été intéressant de suivre plus longtemps Bass dans sa mission d’infiltration afin de savoir si le chef de gang avaient d’autres motivations que celle de se faire plein de fric (il aurait pu vouloir déstabiliser une ville, un réseau de banques, le pays,…).



Les dessins sont spéciaux, j’ai eu un peu de mal au départ et ensuite, je m’y suis faite. Certaines couleurs sont très belles pour les yeux et la double planche du braquage est très réaliste et bourré de détails entre le gang qui s’enfui et les braves gens qui s’interposent pour les stopper.



Quant aux dialogues, ils ne sont pas dépourvus d’humour et d’un brin de cynisme.



Un western violent, sanglant, rempli de cadavres qui n’est pas pour les amateurs de western version Petite Maison Dans La Prairie. Si vous cherchez de la tendresse et des bonnes actions, va falloir changer de saloon.



J’aurais aimé plus de profondeurs, moins de manichéisme, plus de détails sur le passé de Bass mais comme j’ai apprécié ma lecture, je vais continuer la série. Qui sait, j’en saurais peut-être plus sur le Marshall dans les tomes suivants.



Une bande dessinée inspirée d’une histoire vraie.


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Sur un plat d’argent à l’achat duquel trois générations ont contribué, le saumon arrive, glacé dans sa forme native. Habillé de noir, ganté de blanc, un homme le porte, tel un enfant de roi, et le présente à chacun dans le silence du dîner commençant. Il est bien séant de ne pas en parler.

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