Ilarie Voronca

Ilarie VORONCA





Un poète demandait,

nous n’avions pas entendu,

les avions nous seulement ouverts

ces livres de poèmes qu‘il nous adressait ?

En faisant notre choix de quelques livres de poésie,

passe-temps bien agréable entre le tennis,

Le golf

et les gens de lettres,

nous n’avions pas vu l’homme,

celui là, oui,

lui,

qui n’avait pour tout vêtement

que la lumière et la pluie,

nous passions à côté de lui,

en lui accordant moins de regard qu’à l’arbre

du bord de ce chemin

des collines des Karpathes,

dans le feu de l’arc en ciel des mots

du poète qui voulait

seulement

être des nôtres,

et dont par hasard, un jour de novembre,

nous avons retrouvé les mots inachevés

dans une malle

abandonnée dans un grenier.







Alors surgira à nouveau le poète oublié, sur l’île fantôme de Patmos où nous l’écouterons dire la justice de l’avenir, en buvant le vin des poètes à s’en désespérer.





Les poèmes dont les mots se mêlent aux miens: la Poésie commune, Contre-solitude, Permis de Séjour, Ulysse dans la Ville (traduction de Roger Vailland), Amitié du Poète.





effleurements livresques, épanchements maltés http://holophernes.over-blog.com © Mermed


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Un roman livrant à la réflexion sur plusieurs thèmes tels que le robot et l'homme, la femme et l'homme, l'âme des êtres vivants et d'autres.

Il ne faut pas s'attendre à un roman avec des personnages définis, avec une psychologie comme j'ai pu y penser avant ma lecture. Ce n'est pas le cas ici, mais plutôt un roman poétique avec de nombreuses belles tournures de phrase, de beaux vers...

Par manque d'information sur le web j'ai fait confiance à mon bouquiniste, quai de la Mégisserie près du Pont Neuf après avoir été intrigué par le titre. Je ne regrette pas mon choix.



Ilarie Voronca ne cache pas son talent de poète en nous ayant livré un livre de cette espèce. Il l'a en plus écrit directement en français. Publié en 1945 on dirait qu'il s'agit tristement de l'un de ses derniers écrits.

Dans ce bref recueil composé de la confession d'une âme fausse et suivi de deux contes, Ilarie Voronca nous plonge dans une univers surréaliste où un jeune homme, dont l'âme est trop usée pour être réparée, vient consulter un spécialiste et et voit nanti de celle d'une jeune soldat tombé sur le champ de bataille.



Publié en 1942, il s'agit d'un texte d'une très grande modernité. L'auteur, confronté à la question du sens de ses activités quotidiennes, explore cette question de manière métaphorique. De manière assez troublante, ce texte fait écho à notre malaise actuel, où notre vie professionnelle vidée de substance et de sens en vient à attenter à notre vie et notre vitalité.

La poésie de Voronca est toute entière contenue dans ces espaces d'où parlerait une âme que nous ne connaissons pas face à un corps que nous savons prêt à nous abandonner. Expérience de passage. Encore d'avant, presque déjà d'après. Son chant appelle comme celui de l'errant; de celui qui n'a pas, n'a plus aucune demeure-seulement des havres de pur hasard. Et sur les bords de l'incertain rivage, le coeur est l'ancre oublié...



Rien n'est fait; tout tend à l'Idéal qui nous fuit et que nous recréons à la manière d'un prisonnier-celui qui nous habite, semblable à tous les prisonniers qui "ont fait entrer les monts et les blés dans leurs cellules, ont changé le cours des eaux et des frontières."



Voronca construit sa demeure; en même temps que sa

négation. Appel ? Ou nécessité, sans doute: l'inéluctable est son unique destin. Navire "cahoté entre les pierres des tempêtes", il s'éloigne de plus en plus à la recherche de celle qui serait, enfin, l'île ensoleillée. L'évidence que le chant d'amour sera chargé de dire !

A travers lui s'élèvera la voix qui nomme l'au-delà, rejoint la forêt immense. Et tandis que le vivant s'obscurcit et la mort s'élève au plus haut, il retrouve celle dont la voix est plus forte que les murailles. La femme qui, de la mort même fera la Vie. De la douleur, son contraire.

Alors pourra se préparer une nouvelle naissance, et ainsi, peut-être, seront retrouvées ces "clés d'or ouvrant la porte des nuages"...



Dans cette quête-car comment ne pas utiliser ici ce mot propre aux anciens mystiques?-au milieu de la malignité du monde et du vide hostile, le vent seul l'accompagnera encore.



"Parfois, tu es l'aveugle qui chante aux carrefours,

Au dessus des villes tu officies en habit de fumée

Ô mon semblable ! Ô vent !"



A nouveau le quotidien s'impose. Impose ses exigences à celui qui restera l'étranger, l'égaré qui appelle sur la route et s'obstine, en même temps, à proclamer que le monde est (devrait être) une configuration de l'amour. Disant une dernière fois à celle qui fut-et reste-l'aimée: "Attends-moi, peut-être...".

Amoureux éperdu de la Roumanie je n'hésite guère quand je peux découvrir un nouvel auteur originaire de cette contrée si plaisante.



Ilarie Voronca (de son véritable nom Eduard Marcus) tente de nous ouvrir à une écriture qui prend le contrepied de la littérature du désespoir qui inonde le monde moderne depuis -trop- longtemps. Ce Petit Manuel Du Parfait Bonheur pourrait apparaitre donc comme une œuvre philosophique singulière, qui tenterait de s'opposer ou presque aux textes pessimistes produits par un autre philosophe roumain, E. Cioran.



Finalement ce court essai me laisse un sentiment mitigé. Lorsque Ilarie Voronca aborde les thèmes de la réalité et du rêve, celui de l'assimilation du bonheur, lorsqu'il décrit la Nature, sa plume s'avère (à mes yeux) sobrement poétique, plaisante, et se rapproche parfois de concepts philosophiques et spirituels aperçus depuis longtemps en Chine, au Tibet, en Inde, en Orient.



"Il s'agit seulement de pencher son oreille vers cette voix, de vider les yeux de toute autre vision et de se laisser envahir par cette existence extérieure. Voyons-nous au moins ce qui nous entoure ? Il y a si longtemps que j'habite ici. Je sais par cœur chaque contour. Mais si on essaie de se rappeler ces contours, on se rend vite compte que l'on n'en sait pratiquement rien. Peut-être faudrait-il tenir un inventaire constant des joies de ce monde."



En revanche certains passages du livre, qui abordent les souvenirs/la mémoire, la Femme/l'amour, me sont apparus plus redondants, moins pertinents, pas inutiles mais parfois dispensables.



Globalement ce Petit Manuel Du Parfait Bonheur se laisse parcourir assez facilement, et certains passages méritent d'être relevés, mis de côtés, pour y revenir plus tard afin de les approfondir.



Je le conseille donc aux esprits curieux, à la recherche d'une vision sobre et pertinente du bonheur qui présente tout de même certaines faiblesses.

La confession d'une âme fausse est un roman très court, farfelu, qui émeut par sa sensibilité et séduit par son charme. Il soulève, avec une certaine malice et une grande singularité, l'éternelle problématique de l'existence de l'esprit et l'éventuelle interaction de celle-ci avec le corps. Mais comme la présence d'une âme n'empêche aucunement les considérations pratiques, il se lance au passage dans une entreprise téméraire, celle de faire l'éloge de l'ail. Un livre étonnant de bout en bout, un peu fou et résolument spirituel.

L'article complet sur mon blog.
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Neuf poèmes sélectionnés. Très beau mais tous les textes ne m'ont pas touché de façon égale. Je retiens surtout "Amitié du poète" (sur la magie de la poésie), "La beauté de l'aveugle" et "Nous pouvons partir" (sur les richesses accaparées ou l'honnêteté).