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3.46/5 (sur 284 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Ingrid Seyman est journaliste, auteure et réalisatrice.

Elle est titulaire d'un master du SKEMA Business School - Sophia Antipolis (1992-1995) et d'une licence de lettres modernes de l'Université Paris IV (1999-2000).

Depuis 2008, elle réalise des enquêtes et des reportages pour Marie Claire, des films institutionnels pour Capa Entreprises, des documentaires sur la thématique du handicap pour France 5.

"La petite conformiste" (2019) est son premier roman.

Elle vit à Montreuil.

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Bibliographie de Ingrid Seyman   (1)Voir plus

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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
A l'inverse d'une partie de notre famille, mon père n'était juif que par intermittence. L'essentiel de sa pratique religieuse consistait à ajouter un suffixe à consonance israélite au patronyme des gens célèbres n'en étant pas encore pourvus. Et il suffisait qu'on entende à la radio les premières notes du tube 'Boule de flipper' pour que Patrick en baisse autoritairement le son et me convoque dans le salon :
« Esther, écoute-moi bien !
Corinne Charby, mon cul.
C'est Corinne Charbit qu'elle s'appelle.
Mais les Juifs ont peur, tu comprends.
Ils continuent à se cacher. »
J'appris ainsi que la plupart des gens qui passaient à la télé étaient de la même confession religieuse que mon père mais préféraient taire leurs origines par crainte des représailles. A trois ans, je ne savais pas encore en quoi consistaient ces représailles mais j'avais déjà peur, au cas où.
(p. 8-9)
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♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=mBiTrNzJ7DE (1986)
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[Ma mère] posa la poêle sur le dessous-de-plat et commença à nous servir.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda Agnès en désignant les rectangles de colin qui baignaient dans leur huile de friture.
- T'as jamais mangé de poisson ? s'étonna Jérémy sans soupçonner qu'Agnès n'ait pu connaître de cet aliment que sa version préindustrielle.
- J'en mange tous les vendredis soir, répondit Agnès. Je n'aime pas trop, à cause des arêtes.
Babeth [ma mère] s'engouffra dans la brèche :
- Esther se plaint tout le temps parce que je ne cuisine jamais et que je préfère de loin jouer à 'La Bonne Paye' avec elle. La maman d'Agnès passe certainement des heures aux fourneaux et Agnès n'est pas contente non plus.
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[ première rentrée à l’école privée Jeanne-d’Arc ]
Toujours bien rangée dans la file de ma classe, j'observai le corps du Christ qu'arboraient à leur cou mère Charles, Mme Monasterio - ma maîtresse de CP - ainsi que la quasi-totalité de mes camarades. Si j'avais déjà pénétré dans une église, c'était la première fois que je le voyais de si près. Le surprendre dans de tels états - agonisant au-dessus du tableau ou étouffant entre les seins de ma truculente maîtresse - ne me rassura pas.
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Toujours bien rangée dans la file de ma classe, j'observai le corps du Christ qu'arboraient à leur cou mère Charles, Mme Monasterio - ma maîtresse de CP - ainsi que la quasi-totalité de mes camarades. Si j'avais déjà pénétré dans une église, c'était la première fois que je le voyais de si près. Le suspendre dans de tels états - agonisant au-dessus du tableau ou étouffant entre les seins de ma truculente maîtresse - ne me rassura pas.
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«  Outre la gymnastique, mes parents partageaient une passion pour l’exhibitionnisme d’intérieur .
Ils vivaient donc nus, regardaient la télé nus, mangeaient des huîtres nus, sans crainte du ridicule ni de la facture de gaz puisque nous avions le chauffage central .
À l’unisson aussi , ils votaient à gauche , militaient contre la peine de mort et refusaient de m’acheter le journal Pif au motif que les communistes avaient du sang ( Juif) sur les mains . »
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Mon grand-père déposait sur la table de la cuisine 'Le Méridional' et 'Le Provençal', qui étaient les deux journaux de Marseille. Babeth, qui ne jurait que par 'Libération', refusait de lire ces torchons, au prétexte qu'ils faisaient semblant d'être de droite ('Le Méridional') et de gauche ('Le Provençal'), mais réussissaient l'exploit de ne parler de rien, tout en disant peu ou prou la même chose.
(p. 106)
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Il faisait très chaud le jour de ma première rentrée à l’école privée Jeanne-d’Arc. Et je fondais dans mes bottines en poil de chèvre.
Les mères des autres avaient fait un brushing.
On était venus en avance et Jérémy, qui s’ennuyait dans sa salopette rouge, tentait d’arracher le sparadrap d’un blanc douteux – qui ornait depuis peu le verre gauche de ses lunettes de vue – censé guider ses yeux vers ce point d’équilibre que ses pieds jamais ne trouvèrent.
Les fils des autres portaient des bermudas en flanelle.
Autour de nous, tout le monde se connaissait. Des filles en robes marine se racontaient leurs vacances. Et des mères en tailleur s’invitaient à boire le thé au bord de leur piscine sur le coup des 15 heures.
Personne n’avait l’accent marseillais. p. 29
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« En fait, Babeth n’avait qu’un seul défaut : mon père. À cause de lui, elle était capable de dire (et de penser) à peu près tout et son contraire. » (p. 55)
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Contrairement à la judéité, le statut de pied-noir n’était pas transmissible. Mon frère et moi ne risquions pas de l’attraper, même en marchant pieds nus sur les trottoirs du Prado, lorsqu’on rentrait l’été de la plage de la Pointe-Rouge. Il n’en demeure pas moins que j’étais incollable en Algérie française car cette région du monde – et plus précisément le village de Souk-Ahras – constituait le principal sujet de conversation de mes grands-parents. Pas une semaine sans qu’Isaac n’annonce à Fortunée qu’ils allaient enfin toucher l’indemnisation prévue pour les rapatriés (c’était comme l’argent du loto : un truc qu’on ne gagnait jamais) et sans que ma grand-mère n’évoque, un mouchoir à la main en prévision de ses futures larmes, les plus fastes années de La Perle de Souk-Ahras.
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En CM1, je me mis ainsi à vouer une passion maladive à l’orthographe et la grammaire, maîtrisant comme personne règles et exceptions. J’aimais les -eau, les -ai au lieu des -é. J’avais de l’affection pour les participes passés irréguliers. Je jouissais en apprenant des listes de « sauf » (hibou, caillou…) et d’obscures terminaisons de subjonctif imparfait. Au Noël de mes huit ans, j’exigeai un tableau de maîtresse et Jérémy me fut livré en guise de cobaye. Chaque soir, après l’école, je fermais la porte de la chambre derrière nous et menaçais son œil sans sparadrap de ma baguette : tu l’as pourtant bien vu ce mot, Jérémy ! Alors tu l’écris ! Et tu le réécriras jusqu’à ce que tu n’aies même plus à penser pour le faire.
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