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Citations de Israel Finkelstein (25)


Avant que ne prît fin le XXe siècle, l'archéologie avait amplement démontré que les concordances entre, d'un côté, les découvertes réalisées en terre d'Israël et dans l'ensemble du Proche-Orient, et, de l'autre, le monde décrit par la Bible étaient bien trop nombreuses pour laisser croire que cette œuvre n'était qu'une fable littéraire et religieuse de composition tardive, écrite sans le moindre fondement historique. Mais, par ailleurs, les contradictions évidentes entre les découvertes archéologiques et la version biblique des événements demeuraient, elles aussi, bien trop abondantes pour affirmer que la Bible nous offre une description fiable de la manière dont ces mêmes événements se sont véritablement déroulés.
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[À] travers le déroulement de l'histoire du royaume du Nord, l'historien deutéronomiste transmet au lecteur un double message, plutôt contradictoire. D'un côté, il dépeint Juda et Israël comme des États jumeaux ; de l'autre, il les décrit comme férocement antagonistes. Josias ambitionne de s'étendre au Nord et de s'approprier les territoires des hautes terres qui appartenaient jadis au royaume nordiste. La Bible, à l'appui de son ambition, répète donc à satiété que le royaume du Nord était établi sur les territoires de la mythique monarchie unifiée, gouvernée à partir de Jérusalem ; qu'il était un État jumeau ; que sa population était composée d'Israélites qui auraient dû accomplir leurs dévotions à Jérusalem ; que les Israélites qui y vivaient encore devaient se tourner vers Jérusalem ; et enfin, que Josias, l'héritier du trône davidique et de la promesse éternelle faite par YHWH à David, était également le seul héritier légitime des territoires de l'Israël vaincu. Les auteurs de la Bible se devaient d'ôter toute légitimité aux cultes nordistes – principalement celui du sanctuaire de Béthel – et de montrer que les traditions religieuses du royaume du Nord étaient impies, qu'elles devaient être éradiquées et remplacées par un culte centralisé au Temple de Jérusalem.
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La situation est claire, à présent. Les sites mentionnés dans le récit de l'Exode ont bel et bien existé. Certains étaient connus et furent apparemment occupés, mais bien avant, ou bien après le temps présumé de l'Exode – en fait, après l'émergence du royaume de Juda, quand le texte du récit biblique fut composé pour la première fois. Malheureusement pour ceux qui sont attachés à l'idée d'un Exode historique, ces sites étaient inhabités au moment précis où ils auraient, paraît-il, joué un rôle dans les événements qui ont ponctués la marche dans le désert des enfants d'Israël.
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Israel Finkelstein
Nous n'avons pas de preuve historique de l'existence de Moïse, ni par l'archéologie, ni par des textes autres que la Bible. Néanmoins, cela n'exclut pas la possibilité d'une très ancienne figure historique, dont le souvenir serait devenu vague au fils des siècles. La mémoire d'un chef, d'un héros, peut transparaître dans la Bible.

(Le Monde des religions)
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En tant qu'illustration des vertus d'un souverain et d'un comportement aristocratique, le récit biblique de la vie de Salomon a fourni, pendant des siècles, aux artistes, poètes et théologiens d'impérissables images de gouvernance royale. Mais en tant que chronique authentique de la situation au Xe siècle av. J.-C. – dépeignant la vie et les œuvres du véritable Salomon –, le récit est dénué de la moindre valeur historique. Les descriptions grandiloquentes de la fortune et du pouvoir illimités de Salomon contrastent violemment avec la réalité historique de son minuscule royaume excentré, peuplé en majorité d'analphabètes, ne possédant ni service public ni administration centralisée, et ne présentant aucun signe extérieur de prospérité économique.
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Les découvertes archéologiques des dernières décennies révèlent à quel point le monde véritable de David et Salomon différait de la fresque prestigieuse qu'on en a dressée. Pour autant, leur légende ne se réduit pas à une fiction romanesque tissée autour de personnages et d'événements purement imaginaires. Autour d'un noyau central de souvenirs authentiques, s'est forgée, au cours des siècles, une création littéraire d'une richesse immémoriale. Abondant en scènes d'une flamboyance épique – le duel contre Goliath, l'ascension fulgurante de David du statut de hors-la-loi à celui de souverain, la munificence de la cour de Salomon –, la geste de David et Salomon exprime un idéal universel d'indépendance nationale et de valeurs spirituelles dont la transcendance a fini par être adoptée par le monde entier.
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Certains sites de Jérusalem ont été connectés à David par la tradition folklorique, sans le moindre fondement historique. Le Tombeau de David, sur le mont Sion, est une structure médiévale. La célèbre tour de David, proche de la porte de Jaffa – qui joua longtemps le rôle d'icône des aspirations juives pour un retour dans la ville sainte –, est en réalité un minaret bâti par Soliman le Magnifique, pour la garnison ottomane qui gardait la cité. Riche de vestiges d'une haute antiquité, enfouis ou dissimulés par des édifices modernes, Jérusalem a toujours attiré les explorateurs déterminés à découvrir des indices authentiques mais cachés des règnes glorieux de David et Salomon.
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En termes purement historiques, nous savons maintenant que l'épopée de la Bible a émergé dans un premier temps en réponse aux pressions, aux difficultés, aux défis et aux espoirs vécus par le peuple du minuscule royaume de Juda. pendant les décennies qui ont précédé son démantèlement, ainsi que par la communauté encore plus réduite du Second Temple de Jérusalem, pendant la période postexilique. La plus grande contribution offerte par l'archéologie à une meilleure compréhension de la Bible est peut-être celle-ci : que des sociétés aussi réduites et isolées, relativement pauvres, comme l'étaient le royaume de Juda de la monarchie tardive et le Yehoud postexilique. ont été capables de produire les grandes lignes de cette épopée éternelle en un laps de temps aussi court. Une telle compréhension est fondamentale. En effet, ce n'est qu'à partir du moment où nous percevons quand et pourquoi les idées, les images et les événements décrits dans la Bible en vinrent à être tissés ensemble avec une telle dextérité que nous pouvons enfin apprécier le véritable génie et le pouvoir constamment renouvelé de cette création littéraire et spirituelle unique, dont l'influence fut tellement considérable dans l'histoire de l'humanité. (pp. 358-359)
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Aujourd'hui, comme dans le passé, les peuples disposent de toutes sortes de moyens pour affirmer leur ethnicité. La langue, la religion, les coutumes vestimentaires, les rites funéraires, les tabous alimentaires complexes y participent. La culture matérielle élémentaire des bergers et des fermiers qui peuplaient les hautes terres – et qui devinrent les premiers Israélites – n'offre aucun indice révélateur sur leurs dialectes, leurs rites religieux, leur façon de se vêtir ou d'inhumer leurs morts. En revanche, on a découvert un détail fort intéressant concernant leurs habitudes alimentaires. Les tas d'ossements exhumés lors des fouilles des hameaux israélites dans ces régions diffèrent radicalement des ossements découverts ailleurs, sur un point très particulier : les os de porc n'y figurent pas. Les tas d'ossements des habitats antérieurs contenaient des os de porc, ainsi que ceux des habitats postérieurs à l'âge du Fer. Mais pendant toute la durée de l'âge du Fer – qui correspond à l'époque des monarchies israélites –, dans les hautes terres, le porc n'était ni cuit, ni consommé, ni élevé. En comparaison, les données en provenance des sites d'habitat du littoral philistin à la même époque – celle du Fer I – révèlent une présence importante d'os de porc parmi les ossements collectés. Tandis que les premiers Israélites ne mangeaient pas de porc, les Philistins, en revanche, en consommaient ; il en était de même des Ammonites et des Moabites établis à l'est du Jourdain, si l'on en croit les données rudimentaires dont nous disposons.

L'absence de consommation de porc ne s'explique pas seulement par des raisons environnementales ou économiques. Elle reste en fait le seul indice que nous possédions d'une identité précise, partagée par l'ensemble des villageois établis dans les hautes terres situées à l'ouest du Jourdain. Peut-être les proto-Israélites ont-ils cessé de manger du porc uniquement parce que les peuplades qui les environnaient – leurs adversaires – en consommaient, et qu'ils commençaient à se vouloir différents d'eux. Des pratiques culinaires ou des coutumes diététiques spécifiques sont deux des moyens qui permettent de dresser des frontières ethniques. Le monothéisme, ainsi que les traditions sur l'Exode et sur l'alliance n'ont fait leur apparition, semble-t-il. que bien plus tard. Donc, un demi-millénaire avant la composition des textes bibliques, qui présentent les détails des règlements diététiques, les Israélites avaient décidé – pour des raisons qui demeurent obscures – de ne plus manger de porc. Lorsque les juifs contemporains observent cette interdiction, ils ne font que perpétuer la plus ancienne pratique culturelle du peuple d'Israël attestée par l'archéologie. (pp. 144-145)
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Israel Finkelstein
Le roi Josias voulait étendre la domination de Judas vers le Nord, où le royaume d’Israël n’existait plus et où l’influence de l’empire assyrien avait reculé… Il entendait ainsi consolider son pouvoir, restaurer la centralité de la capitale, Jérusalem et l’unicité du Temple de Jérusalem… Pour justifier les conquêtes du Roi et sa théologie, l’idéologie régnante, pouvait-on trouver mieux que le précédent des formidables conquêtes de David et des splendeurs du pays sous Salomon…
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Les descriptions grandiloquentes de la fortune et du pouvoir illimités de Salomon contrastent violemment avec la réalité historique de son minuscule royaume excentré, peuplé en majorité d'analphabètes, ne possédant ni service public ni administration centralisée, et ne présentant aucun signe extérieur de prospérité économique.
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Des épouses frustrées, une princesse enlevée, d'impitoyables assassins, d'abominables traîtres, des amants cachés, des confidents trahis, d'abjectes crapules, difficiles d'imaginer un générique plus fascinant que celui du cercle de courtisans qui, à Jérusalem, gravitait autour de David. Le récit biblique intitulé par les savants "histoire de la succession" ou "histoire de la cour" (2 S 9-20 ; 1 R 1-2) poursuit, avec une tonalité différente, la trame du narratif de la "montée de David au pouvoir". C'est l'expression d'impérieux désirs, réprimés dans la douleur. C'est l'histoire d'une cour royale livrée à ses penchants les plus bas, sous l'égide d'un roi qui a au moins la noblesse de se repentir de ses mauvaises actions, obtenant ainsi le pardon de ses fautes.
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Il est donc temps que l’archéologie moderne et les sciences bibliques critiques se parlent à nouveau, les sciences bibliques cessant de considérer l’archéologie comme une « science auxiliaire » et les archéologues renonçant à imaginer l’archéologie comme étant la « cour suprême », qui pourrait définitivement trancher des questions et datations débattues par les exégètes
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Israel Finkelstein
La conquête du pays de Canaan ne fut pas le blitzkrieg décrit dans la Bible, mais la longue et pénible migration de tribus sémitiques…
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Israel Finkelstein
L’archéologie biblique était dominée par le récit de la Bible. Le texte se trouvait au centre des préoccupations de mes prédécesseurs… Nous avons radicalement changé d’approche. L’archéologie se trouve désormais au centre du débat.
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Israel Finkelstein
Jusqu’à présent, l’archéologie biblique essayait de repérer les sites, les objets, les personnages et tentait de les faire coïncider avec les faits relatés dans la Bible et leur chronologie supposée. À l’inverse, nous partons de ce que découvre l’archéologie et nous reconstruisons l’histoire à partir de ces découvertes. Nous pouvons ainsi voir en quoi elle correspond ou non avec la réalité du récit biblique, en quoi les événements sont plus tardifs ou plus précoces que ce que nous en savions
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Les textes bibliques vont être compilés et devenir l’instrument d’une religion nouvelle : un seul peuple (juif) ; un seul roi (réunification des royaumes d’Israël et de Juda) ; un seul Dieu (c’est le vrai début de l’idée monothéiste) ; une seule capitale, Jérusalem, et un seul Temple, celui du roi Salomon, au centre de la nouvelle Loi consignée dans le Deutéronome. » « La grande saga biblique sert ainsi la vision militaro-religieuse du roi de Juda.
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Un Israël fort et unifié autour de son Dieu unique et de sa capitale unique, Jérusalem, alors en pleine expansion démographique et économique.
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Le récit des patriarches n’est qu’une sorte de “préhistoire pieuse” du peuple juif, écrite au viie siècle avant J.-C. par des auteurs pour servir l’ambition territoriale du royaume de Juda. Il décrit les prémices de la nation juive, le caractère illimité de ses prétentions géographiques (Abraham, parti d’Ur en Chaldée, va jusqu’à Hébron et s’installe en Canaan). Il montre que les Israéliens (sic) embrassent toutes les traditions du Nord et du Sud.
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L'écart entre l'art et la littérature, d'un côté, et les données historiques et archéologiques, vérifiables et documentées, de l'autre, nous a conduits à prendre les mythes fondateurs pour ce qu'ils sont : des visions partagées d'anciennes identités communautaires, exprimées avec puissance et talent, dignes d'intérêt, certes, mais qu'il serait faux d'interpréter de façon littérale comme des exposés fiables de véritables événements.
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