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4.29/5 (sur 38 notes)

Nationalité : Russie
Né(e) à : Moscou , le 03/10/1873
Mort(e) à : près de Paris , le 24/06/1950
Biographie :

Ivan Sergueïevitch Chmeliov ou Chmelov ou Chmeleff (en russe : Иван Сергеевич Шмелёв) est un écrivain russe né en 1873.

Issu d’une famille de « Vieux Croyants », il entre en 1894 en droit à l'Université de Moscou. Sa première nouvelle, "Près du moulin", paraît en 1895. Cette même année il se marie et visite en noces le Monastère de Valaam, qui lui inspire un livre, "Sur les falaises de Valaam". Celui-ci est un échec, et Chmeliov cesse d'écrire jusqu'en 1905. Il achève l'université en 1898, et passe plusieurs années comme fonctionnaire dans les provinces de l'empire.

Il publie des nouvelles ("Désintégration", 1907, et "Le Citoyen Oukleïkine", 1908) qui sont remarquées et le font entrer dans les milieux littéraires comme le cercle littéraire moscovite Le Mercredi, où il côtoie entre autres Gorki et Bounine. En 1911, son roman "Garçon de restaurant" lui vaut une très grande notoriété. De 1912 à 1914 il écrit des nouvelles, dont la plus célèbre est "La Face cachée" (1916). S'il vit avec enthousiasme la révolution de février 1917, qui répondait à ses préoccupations sociales, il rejète fermement celle d'Octobre. Il s'installe en Crimée en 1918, où il vit la terreur rouge et la funeste famine de 1921 à 1922. Il raconte ces événements dans "Le Soleil des morts", son chef-d'œuvre écrit plus tard. Son fils, ancien officier de l’armée blanché, est arrêté et fusillé en 1921. Chmeliov part alors en exil et s'installe en France en janvier 1923.

Après plusieurs livres et récits de veine anti-bolchévique ("Histoire d'une vieille", 1927 ; "La Lumière de la Raison", 1928) ou décrivant la vie des émigrés russes à Paris, il se tourne avec les années 1930 vers des évocations du passé heureux et perdu, le sien et celui de la Russie, culminant avec "L'Année du Seigneur" (1928-1944) et "Le Pèlerinage" (1931). "Les Voies célestes", sa dernière œuvre, qui paraît résumer toutes les autres, est restée inachevée après une première partie parue en 1946.
Il ne parviendra jamais à s’intégrer dans son pays d’exil et fait le choix du repli sur soi et sur la communauté exilée comme lui.
Réhabilité après la chute de l’Union Soviétique, il repose désormais au cimetière du monastère Donskoi près de Moscou.
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Ivan Chméliov
La dorure du Castelle s'épaissit ; on voit davantage de pierres grises ; l'automne avance plus vigoureux, ici coloriant, ici dévêtant. Dans les aubes plus fraîches les cigognes claquettent, puis elles volent en biseaux. Déjà, dans les jardins, sifflent les mésanges.
L'azur du ciel, dans un nouvel éclat d'automne, est plus vif. Les étoiles rendent les nuits plus noires et d'une profondeur infinie. Le cours de la voie lactée, laissant voir de plus en plus de nébuleuses, est plus net.
Le matin, les jeunes aigles commencent à jouer dans le ciel. Ils jettent des cris sonores au-dessus des vallées du Castelle et de la mer, et font des culbutes, heureux de leur premier vol lointain, tandis que, pour les surveiller, les vieux planent au-dessus d'eux.
La mer est devenue, elle aussi, bien plus noire. Le bondissement des dauphins, tournant comme une roue dentée, y jaillit plus souvent.
C'est donc l'automne, et le Babougane annonce les pluies...

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L'horizon, il ne faut pas le contempler. Il est trompeur comme les rêves. Il attire et ne donne rien. Il est bourré de bleu, de vert, de doré ; mais il ne nous faut pas de féérie ; elle est là, sous tes pieds, la vérité ...
Je sais que les vignes, sous Castelle, n'ont pas de raisin ; je sais que les blanches petites maisons sont vides, et que, sur les pentes boisées, sont éparpillées des vies humaines...
Je sais que la terre est imbibée de sang, que le vin sera âcre et ne donnera pas de joyeux oubli. La muraille grise de la Kouchekaïa, que l'on voit de si loin, a enregistré des choses horribles. Le temps venu, on les déchiffrera... (p20)
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Voici déjà la nuit close. Un vent furieux semble vouloir arracher même les étoiles ; elles tressaillent, tremblent, dans l'infini noir. Le vent lisse la mer, qui est comme une vitre froide. Les étoiles frémissent sur elle. Tout le monde s'est depuis longtemps verrouillé, frissonnant aux heurts ; on ne sait pas présentement qui pousse les portes. Et, dans les rafales du vent, des cris, des prières étouffées, arrive-vent...
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Il fait bon rester assis dans la paix matinale de la gorge aux vignes, et s'y cacher de tout. Rien que les ceps... Leurs rangs grimpent au long de la gorge, vers la liberté, là où se trouvent les vieux amandiers, là où sautillent les geais. Quelle cuve paisible ! L'un des côtés est encore à l'ombre ; l'autre est chaud, doré. C'est celui où se trouvent les jeunes poiriers couverts de grosses girandoles. En se retournant, on voit la large baie bleu sombre : la mer. La gorge dévale à pic, et dans son étroite fente, s'aperçoit, la coupe bleue de la mer ; il n'y a qu'à la boire des yeux ! (p36)
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Le soleil est descendu derrière le Babougane. Les montagnes bleuissent. Les étoiles commencent à blanchir. On ne voit plus de merle mais il siffle encore. Et là-bas aussi-où l'on a coupé les amandiers-il y en a un second...tous deux saluent leurs printemps. Mais pourquoi de façon si mélancolique ?...
J'écoute jusqu'à la nuit noire.
Voici la nuit. Le merle se tait. Il recommencera à l'aube...nous l'écouterons pour la dernière fois.

( Derniers paragraphes )
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L’histoire ne tient aucun compte des terrains vagues, des berges des rivières désertes, des fosses à ordures, des taudis, des fillettes russes qui troquent contre des pommes de terre leurs corps d’enfants ; elle n’a cure des vétilles. Elle est occupée de trop grandes choses et de trop grands exploits pour prendre son vol sur ces vétilles !… Elle inscrira ceux qui communiquent par radio avec l’univers, ceux qui passent des revues sur les places, ceux qu’on invite aux congrès et qui portent les fracs décents d’un tailleur de Londres ; elle ne parlera pas de toi, Ver-perche ; elle parlera de ceux qui, en votre nom, gens perdus, décident du sort de votre descendance sacrifiée. Mille plumes notent en criant ce qui est agréable à leurs oreilles ; mille plumes vendues et menteuses étouffent le bruit de vos gémissements bègues.

(p. 182)
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Encore plus à droite, le bonnet velu du Babougane boisé. Les matins le dorent, mais il est d'habitude d'un noir profond. Telles des soies, on y aperçoit, quand le soleil liquéfié vibre derrière lui, les aiguilles des arbres résineux. C'est de là que viennent les pluies. C'est là que le soleil se couche. Il me semble, je ne sais pourquoi que c'est de ce sombre et noir Babougane que descend la nuit...
Il ne faut plus songer à la nuit, ni à ces rêves décevants, ou rien n'est d'ici-bas. La nuit prochaine ils reviendront. Le matin arrache les rêves. Voici, là, en dessous, la vérité nue.
L'horizon, il ne faut pas le contempler. Il est trompeur comme les rêves. Il attire et ne donne rien. Il est bourré de bleu, de vert, de doré ; mais il ne nous faut pas de féerie ; elle est là sous tes pieds la vérité.
( premier chapitre)
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Tu vas ton chemin et te dis:dans un instant, j'entendrai la douce prière, refrain si simple et pourtant si particulier, refrain enfantin, chaleureux, et les images soudain te veindront d'un petit lit d'enfant et d'étoiles.
Идешь и думаешь: сейчась услышу ласковый напъвъ-молитву, простой, особенной какой-то, дътски, теплый.. и почему-то видится кроватка, звъзды.
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L'Allemand marchait en se dandinant, à la façon des obèses ; Ivan, comme un niais, avait les yeux fixés sur le large dos, la nuque rougeaude, plissée. Tout lui répugnait dans cet homme : les pans de son habit qui ballotaient avec des boutons brillants à la ceinture, son bâton sec, muni d'un écrou, le bonnet rapiécé, le cigare qui empestait. Ils rencontrèrent un peloton de soldats qui marchaient au son du tambour. Ivan se rappela sa compagnie et devint pensif. Personne ne l'examinait : on savait que ce loqueteux aux yeux gris, à la haute taille-était le prisonnier russe Ivan. il y en avait bien d'autres. Seule une vieille avec un sac d'herbe et petit chien en laisse, le regarda dans les yeux, remua les lèvres. Comprenant que la vieille le plaignait, Ivan se rappela sa mère.
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Je m'arrache à la vue de la mer, je marche, comptant mes pas pour détourner mes idées... Maintenant cognons dur sur les racines millénaires des chênes, enfouies dans la terre...
Les parois forment ici une coupe qui tapissent de noueux pieds de charmes. Au-dessus est le ciel. Cogner sans penser ! Et si les pensées vous assaillent, il faut les arracher aux broussailles, les balayer, les disperser; il faut regarder les étranges formes des charmes, caprices de la nature. Ce ne sont pas des arbustes, mais de merveilleuses métamorphoses... on ne sait quelles mystérieuses allusions à on ne sait quoi...
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