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Critiques de J. Robert Lennon (41)
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Mailman

Quel drôle de type que cet Albert dit Mailman, facteur d’une petit ville américaine qui ne peut sortir du lit qu’après avoir mâchonné des grains de riz complet cru tout en gardant les yeux fermés. Une vie ritualisée. Une monotonie rassurante établie entre la maison, ses tournées de distribution du courrier et le café de Graham, dressant des remparts invisibles contre les sentiments d’irritation et d’angoisse qui assiègent régulièrement son esprit.

Car Mailman est ce personnage de cinquante-sept ans qui s’impose à nous avec ses démons d’enfants, un homme submergé par ses émotions et son imagination qui vit reclus dans une solitude qui est à la fois son refuge et sa prison, un être abîmé jusque dans ses viscères, "quelque chose pourrit en [lui]" et "risque de bientôt contaminer toute [sa] personne".

Mais il vient forcément un jour où Albert ne parvient plus à se maintenir en équilibre sur la ligne de crête qu’il a érigé, la certitude de la chute se faisant plus forte le jour où il ne distribue pas une lettre à temps. Tel un paumé magnifique, il part, prenant précipitamment une route que lui-seul pouvait décider d’emprunter, celle de la rédemption ou de la déperdition. On espère le voir accéder à une sérénité, ou simplement prendre conscience qu’il a été un fugitif à sa propre existence, un homme absent à ses amours, à sa santé, un homme absent à lui-même…





Dans ce roman éclatant et ténébreux, J. Robert Lennon façonne lentement l’histoire, laissant le temps à ce personnage retranché dans sa vie intérieure de se dessiner un périple. Il tâtonne, se perd, on observe les errances d’un homme intelligent et lucide, mais prisonnier de ses souvenirs sous l’effet d’un double mouvement dans le récit. Celui de la plume habile de l’auteur qui comprime et dilate le temps laissant les fêlures du passé s’entrechoquer et entrer en résonance les unes avec les autres.

Avec un style ferme et serein et une belle sincérité, l’auteur américain nous remet ainsi l’intimité secrète et fragile de cet homme que l’on qualifierait vraisemblablement de maniaco-dépressif. Mis à nu, ce n’est pas beau à voir mais Albert apparaît tel qu’il est : un homme vulnérable.

Roman efficace et profond, mélancolique et moqueur, le dénouement est toutefois quel que peu poussif.

Très belle lecture.

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Mailman

« Mailmaaaaaaaaan, Bring me no more bluuuuuuuuues » chantait John Lennon.



Le Mailman de John Robert Lennon ( le Robert est important sinon on ne s’y retrouve plus) apporte le blues mais il l’a lui aussi, le blues, et pas qu’un peu.

Albert Lippincott, alias Mailman, est un facteur pas bien heureux dans sa vie. Une vie qu’il a monotone et qu’il estime avoir complètement ratée. Alors pour se distraire, il lit le courrier qu’il doit distribuer, en fait des photocopies, les classe et les collectionne, façon de combler sa vie ennuyeuse avec celle des autres.

Sauf qu’un jour, il retient une lettre un peu trop longtemps et apprends que son destinataire s’est suicidé. Mailman est-il responsable ? Où sa curiosité va-t-elle le mener ?



Dans un premier temps, elle le mènera à faire un retour sur sa vie, sur son expérience en tant que bénévole dans une bourgade paumée du fin fonds du Kazakhstan, sur son travail, ses études, sur son mariage, son enfance, sa relation avec ses parents et sa sœur mais aussi avec ses chats. L’occasion pour John Robert Lennon de faire des va-et-vient entre le passé et le présent mais sans jamais perdre le lecteur, le tout sur un ton fluide et avec humour s’il vous plaît.



J’ai beaucoup apprécié les péripéties de notre drôle de facteur. Mailman est très particulier dans son genre et on s’attache facilement à lui. Le tour de force de John Robert Lennon est de nous faire entrer dans l’intimité et la tête de Mailman, de voir à travers ses yeux le regard désabusé qu’il porte sur les personnes et la société qui l’entourent. Un regard désabusé mais acéré et fortement critique voire parfois exagéré.



« Mailman resta planté là avec son carnet de contraventions ; le PV qu’il venait de rédiger voletait sur le trottoir. Nom de dieu de bordel de merde ! où étaient passés la gratitude, le bonheur d’être né dans le pays le plus riche du monde, l’émerveillement devant les incroyables ressources du système éducatif américain ? Le sale petit ingrat ! Et le terme était parfaitement choisi : pour des gamins comme celui-ci, ni les parents ni la hiérarchie n’importaient, ils n’avaient pas la moindre conscience que des gens avant eux avaient dû lutter, travailler, souffrir, se battre et même mourir pour qu’ils puissent glander dans leur chambre, à picoler des bières et à jouer à Super Mario toute la sainte journée ! Les petits enfoirés ! Le genre à aller se plaindre au doyen parce que leur esclavagiste de prof nazi leur a mis à peine la moyenne ! A organiser un piquet de grève devant le bureau du président pour protester contre le règlement concernant la consommation de boissons alcoolisées sur le campus ! »



Il ne se gêne d’ailleurs pas pour exprimer bien haut ses opinions, ce qui lui vaudra quelques déboires et situations cocasses qui ne sont pas pour nous déplaire à nous, lecteurs. Mailman n’est pas toujours fier de ce qu’il est ni de ce qu’il fait et c’est ce qui le rend si attendrissant à mes yeux.



Pourtant il m’aura manqué ce petit quelque chose pour en faire un coup de cœur, le truc surprenant, la petite gifle au détour d’une page, comme pour Karoo, roman avec lequel je ne peux m’empêcher de faire un rapprochement.



Bref, Mailman, c’est tout simplement le récit de la vie d’un pauvre type banal qui n’a pas su saisir ses chances et qui le réalise trop tard. La fin, que j’ai trouvée magnifique, sonne comme un écho à sa vie, Mailman devient :



« Mr Sandman, Bring me a dream … »




Lien : http://0z.fr/7hO54
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Mailman

Albert Lippincott, dit Mailman, est facteur à Nestor, petite bourgade de l’état de New York. Mais Mailman n’est pas un facteur comme les autres. C’est un facteur qui aime lire le courrier avant de le distribuer. Il photocopie les missives après les avoir ouvertes à la vapeur. Une sale manie qui va bien sûr entraîner sa perte. Il faut dire que Mailman est un excentrique doublé d’un maniaque. Il a séjourné quelques temps à l’hôpital psychiatrique, où il a rencontré une infirmière qui est devenue sa femme avant de divorcer et de refaire sa vie avec un médecin. Il entretient une relation particulièrement ambiguë avec sa grande sœur, il déteste les chats, qui le lui rendent bien, il s’est lancé un temps dans l’humanitaire au Kazakhstan (le fiasco total) et il sent depuis peu une grosseur sous son bras qui l’inquiète au plus haut point. Bref, Mailman est un drôle de loustic un peu paumé, un homme qui semble ne rien comprendre au monde et aux gens.



« Il se dit qu’il n’a ni passé ni avenir, qu’il n’y a plus de kilomètres parcourus ni de kilomètres à parcourir, qu’il n’attend plus rien, qu’il n’a plus honte de rien. » Et pourtant, il aurait de quoi avoir honte, Mailman, parce que des casseroles, il s’en trimballe un sacré paquet : la fois où sa mère lui a définitivement fait passer le goût de la masturbation, la fois où il s’est fait choper devant un site porno sur un ordi de la bibliothèque municipale, la fois où il s’est retrouvé devant une classe au Kazakhstan, et tant d’autres encore… Ce personnage pourrait être tout droit sorti d’un roman de John Kennedy Toole, même si je l’ai trouvé moins charismatique que le Ignatius Reilly de La conjuration des imbéciles. Il possède néanmoins ce coté misanthrope, ce coté gaffeur maladroit, cette dimension tragi-comique, cette image de looser permanent qui caractérise le héros de Toole. Son combat est perdu d’avance. D’ailleurs, contre qui, contre quoi se bat-il ? Uniquement contre lui-même sans doute, c’est pour cela qu’il n’a aucune chance de gagner.



Un roman drôle, très drôle même, mais pas que. Un roman tragique et au final terriblement pessimiste, mais pas que. Un roman où l’Amérique semble habitée par une population au mieux névrosée, au pire totalement cintrée. Bref, j’ai adoré. A part la fin qui, je dois l’avouer, ne m’a pas plu du tout. Et puis ce pavé aurait mérité quelques coupes franches (je parie que cela ne vous étonne pas venant de moi), certaines anecdotes n’ayant pas grand intérêt. Mais bon, ça reste la littérature US décomplexée que j’aime tant.



Encore une bonne pioche pour les éditions « Monsieur Toussaint Louverture », dont le catalogue regorge déjà de nombre de pépites. En plus, ce qui ne gâche rien, l’objet livre est vraiment magnifique. Un régal de manipuler un ouvrage façonné avec autant de soin.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Mailman

Albert Lippincott est habité par son métier de facteur au point de ne vivre que pour le bonheur de distribuer le courrier, pas seulement de le distribuer d’ailleurs !



Bien souvent, sa passion le pousse à dérober quelques lettres par-ci, par-là, à les photocopier pour les lire et les relire avant de soigneusement les classer.



« Ce frisson d’ouvrir une lettre sans la détruire, d’en extraire le contenu sans offenser personne, de voir sans être vu. Il savoure tout autant la conquête que la victoire »



Mais, notre homme est consciencieux et, une lettre DOIT être distribuée, aucun problème, il sait décacheter une enveloppe et la recoller sans dommage et lorsque celle-ci ne résiste pas au traitement, qu’à cela ne tienne, les services postaux ont prévus ces « accidents de manipulation » et les excuses qui vont avec !



Sous des airs faussement comiques, ce roman est l’histoire d’une solitude, Albert est divorcé, sans enfant, sans amis.

Il faut dire qu’il n’a pas grand-chose pour lui ce pauvre garçon, un caractère de cochon, parano, dépressif, incapable d’aimer.

Sa façon à lui de s’échapper à une vie monotone est de se réfugier dans celle des autres.



J. Robert Lennon décortique ses moindres faits, gestes ou pensées au point de nous immerger dans la tête de ce personnage hors-norme.



J’ai apprécié cette étude psychologique minutieuse même si j’ai parfois éprouvé un léger agacement par une foultitude de détails souvent inutiles.



« Mailman » est un roman qui demande une certaine patience, il faut accepter une mise en place d’environ 250 pages avant d’y trouver un réel intérêt.

L’écriture fluide et précise de J.Robert Lennon en rend cependant la lecture de facile et agréable.







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Mailman

Bienvenue à Nestor, « petite bourgade » de l’État de New York : ses 25 000 habitants, ses rives du lac Onteo, sa poste et son facteur, Mailman, 57 ans, célibataire à la vie atypique et incompréhensible pour le commun des mortels.



Sa passion : détourner les lettres qu’il distribue, pour entrevoir des bouts de vie de ces gens qu’il ne fait que croiser le plus souvent. Avant de les refermer artistiquement puis de les redistribuer, ni vu, ni connu. Enfin la plupart du temps…



Mais un jour, avant qu’il n’ait eu le temps de remettre une lettre, son destinataire est retrouvé mort, apparemment suicidé. Et la vie de Mailman va basculer : « Une simple lettre ridicule, truffée de faites d’orthographe, peut-elle soulager une vie de dépression et de folie ? »



Mailman va alors prendre la route pour fuir Nestor et une vie qui n’a plus de sens, si tant est qu’elle en ait eu un jour. Une fuite révélatrice, à défaut d’être salvatrice : « Le problème, c’est lui, Mailman (…) il se demande pourquoi il n’a jamais tiré de leçons de cette révélation. »



Mailman de J. Robert Lennon, traduit par Marie Chabin est un drôle de livre, complexe, dense, dont je ressors avec l’impression d’être un peu passé à côté faute d’intérêt total pour cet antihéros névrosé, aux rapports ambigus avec les femmes à commencer par sa sœur.



C’est pourtant bien écrit, avec une approche un brin cynique qui n’est normalement pas pour me déplaire et qui vire au conte initiatique à la fin, mais cette distance avec le personnage central m’a parfois fait trouver le temps un peu long.



Reste, une fois de plus, un très joli travail éditorial réalisé par Monsieur Toussaint Louverture.
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Mailman

Tout d'abord, je tiens à tirer mon chapeau aux éditions Monsieur Toussaint Louverture, qui ne cessent de m'étonner. Après l'excellent Et quelquefois j'ai comme une grande idée de Ken Kesey, mon grand coup de cœur de l'année 2013, ils en remettent une couche avec le très bon Mailman de John Robert Lennon. Ce livre est un magnifique objet et la couverture est sublime !



Albert Lippincott alias Mailman est facteur à Nestor, petite ville au nord de l'état de New York. Notre héros de 57 ans, en proie aux doutes, mène une existence monotone, sans la moindre surprise. Il ne reçoit jamais de visite, sa femme l'a quitté quelques années plus tôt et il n'est pas particulièrement proche de sa famille. Enfin, notre homme a quand même une occupation pour combler le vide dans sa vie, et pas des plus banales, il lit le courrier avant de le distribuer. Il va même plus loin, en effet, il ouvre le courrier à la vapeur, le photocopie, le lit puis l'archive avec le plus grand soin, avant de restituer les lettres comme si de rien n'était. Mais un jour, il garde une lettre plus longtemps qu'à l'accoutumée et apprend que son destinataire, Jared Sprain, s'est suicidé. Mailman est-il responsable ? Si Sprain avait eu la lettre, se serait-il suicidé ? C'est ainsi que débute pour Mailman la plus longue semaine de sa vie...



John Robert Lennon amène son lecteur au plus profond du personnage de Mailman, dans sa mémoire, dans son inconscient, au plus profond de son être. De nombreux souvenirs, et autant d'échecs refont surface : sa relation très particulière avec sa sœur, qui'il définit, comme une "tension sexuelle et masochiste latente"; ses séances chez le psy suite à la dénonciation de Kelly Viréo (qui, déjà, le soupçonne de lire son courrier), son séjour en hôpital psychiatrique où il rencontra son ex-femme, son mariage raté avec cette dernière ou encore son escapade complètement foiré au Kazakhstan.



Le personnage de Mailman est attachant, au fil du récit on se prend d'affection pour cet homme qui estime avoir raté sa vie. Ce livre est comique et tragique à la fois, il est bourré d'humour (les passages avec les chats et à la bibliothèque figurent parmi mes préférés), et Mailman ne se gène pas pour clamer bien haut ce qu'il pense. Ce "Monsieur tout le monde" est un homme malmené par la vie et qui tente de trouver le paix. Quant à la dernière partie du livre, en Floride dans ce paradis pour retraités où vivent ses parents, elle est assez surprenante. J'ai passé de bonnes heures (un bon pavé de 670 pages quand même) en compagnie de ce gentil looser qu'est Albert Lippincott.
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Mailman

Expérience étonnante que ce livre ! Nous voilà plongés dans la vie d’Albert Lippincott, facteur américain surnommé Mailman. Un homme de condition moyenne, peu chanceux, à tendance dépressive, ce qui entraîne en de rares occasions des comportements violents. Sa vie de facteur se résume à se rendre au centre de tri, préparer le courrier de sa tournée, monter dans sa camionnette de la Poste et entamer la distribution des lettres et colis dont il est chargé. Mais Albert a aussi un passe-temps. Il subtilise des lettres qu’il ramène chez lui, ouvre à la vapeur, lit et photocopie avant de les remettre en état et enfin de les distribuer. Il ne pense pas à mal, il s’agit pour lui de se distraire, d’entrer un peu dans la vie de ses clients afin de mieux les connaître, de se faire une meilleure idée d’eux. Or Mailman va se faire démasquer ou presque, et sous la pression du risque de se faire enfermer, va tout quitter. Il monte dans sa voiture et prend la direction de la Floride, où demeurent son père et sa mère. En passant, il s’arrête chez sa sœur à New -York, mais le dialogue n’est pas facile et il repart bien vite. Son périple s’arrêtera finalement chez ses parents.

C’est au cours de ce « road movie » que nous sera dévoilée la vie d’Albert Lippincott, de son enfance et de sa relation ambigüe avec sa sœur, de son acte violent contre un professeur qui le conduira pour la première fois en psychiatrie, jusqu’aux femmes de sa vie, avec lesquelles rien ne se passera comme il l’aurait souhaité.

J’ai eu un peu de mal au début avec l’histoire et son héros, en somme la vie d’un looser sans grand intérêt. Mais peu à peu j’ai mieux compris Albert et ses blessures, ses tentatives maladroites de trouver un peu de bonheur, ses peurs et ses traumatismes. Je me suis attachée au personnage, et l’ai accompagné partout dans son voyage. C’est tragique, mais beau, et j’ai, en refermant le livre, un pincement au cœur.

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Mailman

Une grande découverte !

Il est habituel chez certains français de critiquer les USA , surtout sur le plan culturel .

On à envie de répondre à ces esprits chagris , qu'entre Karoo , Price et cet opus on à trois bijoux de la littérature contemporaine , venant des USA , et qu'on en redemande .

Cette histoire c'est l'exemple même de la tragi comédie de très haut niveau !

L'intrigue est trés bien tissée , alternant avec brio les moments d'une drôlerie irrésistible et les passages beaucoup plus tristes , avec une qualité d'écriture constante .

Les personnages sont singuliers , avec une profondeur psychologique rare .

Il n'y a aucun temps mort , et l'on se retrouve désireux de continuer la lecture une fois la dernière page tournée .

Un tel plaisir de lecture ne peut se refuser !
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Mailman

Nom : Albert Lippincott alias Mailman

Profession : Facteur

Caractéristique : Célibataire acrimonieux.



Enfin ça, c'est juste pour planter le décor parce que vu comme ça, à part deux ou trois mésaventures sans importance, on peut se demander quel est l'intérêt d'un livre de plus de 650 pages avec pour personnage central un acariâtre facteur cinquantenaire vivant - à sa décharge - dans une petite ville tranquille où il ne passe jamais grand chose.

Eh bien, J. Robert Lennon coupe l'herbe sous le pied de cette interrogation tendancieuse et nous offre une oeuvre dense, riche en introspections de fonctionnaire lessivé et en aventures aussi humaines (souvent) que farfelues (souvent aussi).



Parce qu'il en a marre Albert ! Marre d'être seul, marre de son boulot, marre de son patron, marre de ses chats... Son seul plaisir, il le puise dans les millions de lettres volées au fil des ans qu'il a méticuleusement photocopié, trié, classé et rangé. Plus aucun particulier de sa tournée n'a de secret pour lui.

Mais tout ça, ça ne suffit pas, ça ne suffit plus à lui rendre la vie plus douce alors il va chercher à la changer. Changer de boulot, changer de condition, changer de ville, changer de pays même... Autant d'échecs cuisants à l'horizon, mais c'est paradoxalement ce qui va nous le faire aimer et de sale type aigri, il passe doucement au statut de loser magnifique (ça, c'est de la promotion sociale !) et on s'attache, on s'attache, on s'attache d'ailleurs tellement qu'arrivé à la fin du livre, on aurait voulu que ça se termine autrement, ou plutôt non, on aurait bien voulu que ça ne se termine pas.



Vais regarder mon facteur d'un autre oeil maintenant...

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Mailman

Je n'ai aimé ni la couverture de l'ouvrage, ni sa matière, ni son poids. J'ai été admiratif devant les détails donnés à chaque chose par l'auteur, même quand ils ne font guère avancer le récit. Il est un peu déroutant qu'au bout de 200 pages, il ne se soit pas passé grand chose, même si on a beaucoup appris du personnage principal. J'ai longtemps cru que les choses allaient s'assembler, comme dans La conjuration des imbéciles, ou s'emballer comme dans Le seigneur des porcheries, mais il n'en est rien, ce qui m'a déçu. Reste des passages très savoureux comme la découverte du Kazakhstan et le retour en Amérique au rayon des céréales.

Je me demande s'il faut faire un lien entre l'incontinence récurrente de Mailman et l'espèce de diarrhée verbale de l'auteur/narrateur/héros...
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Mailman

Mailman



« La couverture est du kraftpack de 308 gr, imprimé en offset, puis durement cogné. Comme s’il n’avait pas déjà assez souffert » lit-on sur l’ultime et 672eme page de ce livre ainsi que des renseignements utiles sur la nature du papier intérieur, son poids, sa main (très douce), sur les polices utilisées (un peu petites à mon gout) et la taille du bouquin (140mm x195mm).



On ne peut mieux marquer le côté maniaque de Mailman, facteur américain de 57 ans né en 1943 qui lit un peu le courrier des autres et se débat comme le Hoffman des contes entre des amours impossibles humaines ou animales.



Peut-on épouser son infirmière ou sa sœur ? Peut-on vivre avec des chats, ces sales bêtes qui ont toujours peur de vous après dix ans de partage ?



Peut-on survivre à une tumeur qui se développe insidieusement au creux de votre aine et dont le lecteur finit par ressentir lui-même la tension croissante ?



C’est à tout cela et à bien d’autres questions que Mailman, naïf et émouvant, et drôle malgré lui, doit répondre.



L’absurdité des codes sociaux, la vanité des hiérarchies, l’indifférence des proches le rendent fou et l’entraînent dans des aventures absurdes, comme celle qui le conduit au Kazakhstan pour enseigner l’anglais en bénévole complètement paumé.



La vie n’est cependant pas aussi atroce que Mailman se la représente dans la mesure où il vit des moments simples et heureux. Il faudrait qu’il se lise lui-même pour trouver autant d’occasions de rire et de se moquer de ses manies.



Mais la fin est inéluctable pour nous tous et dans le cas de Mailman, dérisoire et pompeuse et qu’il vit comme un rêve.



Personnage central et omniprésent Mailman, curieux compulsif, est un bon et brave compagnon.



Traduction exceptionnellement claire et adaptée.

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Mailman

Mailman est, comme son nom l’indique, facteur. C’est un type banal et névrosé, comme tout à chacun. Il comble le vide de son existence en lisant le courrier avant de le distribuer. Mailman est aussi un collectionneur : une fois photocopiées, les lettres sont classées et archivées. On se plait à suivre les péripéties de ce paumé magnifique, ses crises de paranoïa, ses accès de colère, de folie et plus largement son inadaptation au monde.



Lorsqu’une lettre retenue trop longtemps semble directement responsable du suicide de son destinataire, la vie de Mailman bascule. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase même si l’image du barrage qui cède brutalement semble plus appropriée. Cet incident dérisoire en apparence fait exploser une tension longtemps retenue, en atteste les flashbacks qui jalonnent le texte et rendent le passé omniprésent, comme si Mailman avait une vie à l’image de sa tournée quotidienne : circulaire. Impossible d’avancer, de se prendre en main et, a fortiori, de se projeter dans le futur. Trop de culpabilité, de regrets et d’incompréhension envers sa famille (absence du père, tension incestueuse avec sa sœur, etc.), la direction de la poste, le monde en général et surtout lui même.



Cette errance est de plus en plus bouleversante à mesure que la tragédie s’annonce, implacable comme un diagnostique médical. Le monde n’est pas parfait, ni même correct, nous dit Mailman à la fin de son voyage (rendez-vous compte : personne n’a encore inventé un tapis anti-dérapant dédié aux photocopieuses !). Looser magnifique, Mailman est passé à côté de sa vie, il n’a pas forcément fait les bons choix, ne s’est pas posé les bonnes questions, et ça le rend tellement humain et terriblement attachant. A lire d’urgence !
Lien : http://lecoutecoeur.wordpres..
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Mailman

Il y a des surprises agréables dans "Mailman": sa construction faite d’emboîtements, d’enchâssements, de rétrospections, de rêveries, de projections, qui anime le récit et balade le lecteur d’un point à un autre, d’un temps à un autre. Le regard sarcastique du personnage, Albert Lippincott, ce fameux facteur maniaco-dépressif incontrôlé et incontrôlable, mais aussi celui du narrateur (John Robert Lennon ?) tout aussi timbré que Mailman. Ce regard dresse le portrait d’une Amérique soucieuse et malade qui cache sa misère existentielle derrière les pacotilles de la réussite matérielle.
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Mailman

Une tragi-comédie où l'on suit Albert Lippincott, alias Mailman, un facteur un peu, non bien déjanté, qui s'ennuie grave dans sa vie banale, tellement banale, où il a tout raté.



Et comme il s'ennuie, il ouvre, lit, photocopie, classe, conserve certaines des lettres qu'il doit distribuer, jusqu'au jour où...



De fréquents allers-retours entre présent et passé pour nous raconter son parcours de looser patenté, mais tellement attachant, et fin observateur de ses concitoyens dans une Amérique qui ne va pas bien non plus.... Des passages que l'on aurait pu couper sans que l'ouvrage en ait souffert, d'autres impayables (sur les chats notamment !). Une écriture foisonnante, cash, d'une drôlerie sans nom par moments.



Passé les cent premières pages (oui, c'est un peu long mais bon...), j'étais complètement accro et j'ai vraiment passé un bon moment de lecture. Je vous recommande vivement ce roman qui sort vraiment de l'ordinaire, comme d'autres de la maison d'édition Monsieur Toussaint Louverture, qui, une fois encore, a fait bonne pioche !!
Lien : http://la-clef-des-mots-e.mo..
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Mailman

arreté ma lecture en route non ,qui en m'interesse pas ,mais je pense que pour moi ce n'est pas la période !!:-)
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Mailman

Quoi! Il existerait un autre John Lennon? Celui ci est américain, né en 1970 (je soupçonne ses parents d'être un peu blagueurs). En tout cas, mis à part la musique -aussi- , il écrit. Et ça décape!



Mailman - Albert Lippincott- est facteur dans une petite ville américaine, quasi obsessionnel dans sa recherche de l'efficacité. Après un mariage raté, il vit seul, enfin, avec des chats. Signe particulier (parmi une multitude de signes particuliers, disons) : il lit certains courriers et les distribue donc parfois en retard : est-il alors responsable du suicide d'un jeune homme?



Mais après tout, ce roman est du genre qui ne se raconte pas. Plongez dans la tête un brin cabossée de Mailman, histoire de prendre un bain de causticité cinglée, qui n'épargne pas le mode de vie américain. Mailman et ses amours, Mailman et les chats (j'adore ces passages!), Mailman à la bibliothèque, Mailman et sa famille (et quelle famille!), bref, j'en passe (et Mailman au Kazakhstan, tiens, si, si!), il y a de quoi ouvrir grand les yeux et s'amuser aussi, un brin inquiet tout de même. Quant à la dernière partie dans le royaume doré des américains âgés (en Floride), c'est quelque chose!



Lennon sait parfaitement rendre Mailman à la fois pathétique, ridicule, sympathique, antipathique, fin observateur de la société. L'humour un brin désespéré affleure partout.



Copieux et jubilatoire.



[Mailman lit un article de journal, intitulé "La bibliothèque cambriolée]

En pleine journée, hier, quelqu'un a arraché le coffre où est stocké l'argent des pénalités de retard. Bien fait pour eux. Jamais il n'a fréquenté de bibliothèque avec une politique de retour aussi tatillonne, ils vous interdisent d'emprunter le moindre livre jusqu'à ce que vous ayez réglé toutes vos pénalités, même si vous n'avez jamais eu de problème auparavant, même si vous ne devez que cinquante cents. Et le jour où vous vous pointez au bureau d'accueil pour régler enfin votre dû, il n'y a personne pour s'occuper de vous et vous êtes obligé de poireauter, ou bien la personne derrière le comptoir vous balance: 'Je ne peux pas m'en occuper maintenant, l'ordinateur est en panne' ou bien 'Je vais vous demander de revenir demain, nous avons déjà comptabilisé les amendes de la journée et il nous est impossible d'en encaisser d'autres.' Sans doute est-ce ce qui s'est passé, quelqu'un a dû venir régler son amende, il n'y avait personne au comptoir et quand il en a eu marre d'attendre, il s'est dirigé vers le coffre pour y glisser l'argent et a pensé soudain: Non, je vais l'embarquer, ce coffre, je le mérite autant qu'un autre. Eh bien, chapeau bas, mec!
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Mailman

Mailman est un facteur de près de 60 ans, habitant de Nestor, ville moyenne de la côte est des états-unis. De son vrai nom Albert Lippincott, il a la fâcheuse manie (entre autres) d'intercepter du courrier pour le lire, avant de le distribuer. On est au début de l'an 2000. Les pans de l'existence d'Albert, mi drolatiques, mi détraqués apparaissent peu à peu dans ce long roman (700 pages) qui n'est pas sans évoquer "La conjuration des imbéciles"... Les rapports d'Albert avec les femmes,puis avec sa soeur, sa mère et son père seront mis en lumière. On sent dès le début qu'on ne se dirige pas vers une fin heureuse : Mailman est malade, sans vouloir le reconnaître. Il finira par devoir rendre des comptes sur les courriers volés, s'enfuira vers New York pour voir sa soeur puis terminus la Floride où ses parents vivent. Le passage le moins grave est une description apocalyptique d'un séjour au Kazakhstan qu'Albert effectue auprès d'une association genre "Peace Corp", qui tournera naturellement au fiasco. Il ne manque de souffle ce gros roman, malgré quelques longueurs vers la fin : son auteur n'a visiblement pas envie d'abandonner Mailman à son triste sort et le lecteur non plus.
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Mailman

Merde, j'ai adoré ce livre ! Putain, dans mon top 3, Seigneur !
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Mailman

Magnifique couverture originale, roman foisonnant, partant dans tous les sens.

Sûrement une réussite littéraire, mais qu'est-ce qu'on s'y ennuie.

J'ai arrêté à la page 140, il y en a 669!
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Mailman

On dirait que se dessine une sorte de ligne éditoriale chez Monsieur Toussaint Louverture, dans la continuité de Karoo ou du Dernier Stade de la Soif. Chez Mailman, comme chez les autres "pauvres bougres" de ces romans, on retrouve cette folie contrôlée (la plupart du temps), cette cocotte minute en puissance évoluant dans un monde dans lequel ils auraient pu briller, mais où désormais ils naviguent tout feux éteints. Une belle tranche de vie tragi-comique, entre empathie et rejet pour notre anti-héros facteur, se concluant dans un final surprenant.
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Thèmes : hommes politiques , romanCréer un quiz sur cet auteur

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