Jacquelyn Mitchard

Innocence ou arrogance?Avant ce jour et tout ce qui s'ensuivit,Gordon avait cru de bonne foi que la vie pouvait se vivre comme une expérience,que,selon une méthode scientifique éprouvée,on pouvait obtenir un certain nombre de résultats.Aprés le procès,il se rendrait compte que ce n'était pas viable,à moins de se faire ermite.

- Tu sais, lui avait alors dit Ben, histoire de gagner du temps. On peut aller dans le grand bain, là où c’est profond . Il faut marcher, marcher… Même quand on a la tête sous l’eau on peut continuer à marcher sur le fond. Mais c’est pour revenir que c’est dur.
- Pourquoi Ben ?
- Parce que l’eau efface tout… Toutes les traces de pas. On ne peut même pas faire demi tour et revenir en arrière. On ne s’y retrouve plus.

Le mariage l'avait transformé, apprivoisé, elle qui s'habillait souvent dans la voiture avec ce qu'elle avait acheté en chemin.

Je sais ce que les rêves sont censés être. Ils sont le fond de votre esprit qui parle à la surface ; ils choisissent des choses qu'on ne peut pas retrouver dans la journée ou des choses qu'on essaye d'ignorer.
Mais je ne suis pas sûre qu'il n'y a que ça dans ces rêves.

Ignorance et passion vont ensemble.

J'ai vraiment vécu ma vie à reculons ; j'ai été vieille avant d'être jeune. Je savais tout sur la naissance et tout sur la mort sans savoir grand-chose de la vie.

Mais même si je regrette les conséquences de ce que j'ai fait, je ne regrette pas ... ce que j'ai fait.

Je sais que les sentiments sont puissants, que la passion est puissante.

J'avais envie de hurler comme une folle. Voilà que j'étais mariée au plus bel homme que j'avais jamais vu, que je portais son enfant, que je vivais chez une grande amie dans un lieu très chouette, et je regrettais de ne pas pouvoir être une princesse des fleurs! Comment ça se faisait que je grandissais à l'envers?

Stuart, lui ai-je demandé quand ce fut fini, est-ce que tu as peur? Du mariage? De moi? C'est toi qui dis que la vie est une série de rendez-vous. Et si nous avions sans le savoir raté le bon moment?

La mort n'est-elle pas notre plus grand adversaire à tous?

Ca ne sert à rien d'être triste de ce qu'on ne peut pas changer.

C’était le choc de cette présence si palpable contre la réalité de l’absence qui menaçait de tout faire basculer, comme le passage brutal du chaud au froid ébranle les couches de neige.

" - Vincent, ce problème dure-t-il depuis longtemps ?
- Roy.
- Roy, bien sûr. Excuse-moi, c'est juste que... Tu sais, ça fait bizarre. Pas dans le mauvais sens du terme. C'est même chouette. Mais on ne rencontre pas souvent de gosses qui changent de nom comme ça. En général, ce sont des adultes. "

" - Eh bien, les femmes ne peuvent pas toujours avoir des enfants. Après, elles deviennent trop vieilles et leur corps ne fonctionne plus de la même façon. "
Tu veux parler de la ménopause, pensa Vincent. On leur en avait parlé à l'école. Pourquoi y a-t-il le mot "pause" dedans, si ça s'arrête complètement ? s'était-il dit.

" - Vous êtes chef de la police ? demanda Beth stupidement.
- Non, je suis juste à la tête des inspecteurs. Je m'appelle Candy Bliss. "
Beth ne put réprimer un rire qui s'étrangla dans sa gorge. Mortifiée, elle osait à peine regarder la femme, dont es yeux verts pétillèrent gaiement.
" - Je sais, ça fait un peu strip-teaseuse... Et tenez-vous bien, ma sœur s'appelle Belle, Belle Bliss. On est gâtées toutes les deux. Terrible ce que les parents peuvent vous faire, hein ? "

Depuis très longtemps elle n'aimait pas "vraiment" les enfants, même si elle s'efforçait d'être gentille avec eux, quelquefois attentive. Elle était sûre que Kerry, qui ne l'a jamais connue autrement, ne faisait pas la différence.
Mais Vincent, si. Surtout les soirs où Beth allait le chercher à l'école et oubliait en chemin ce qu'elle faisait là. Quand elle arrivait enfin, en sueur et haletante, elle trouvait Vincent devant l'école, en train de jouer tout seul avec son ballon de basket dans la pénombre grandissante. Il la regardait avec un tel mépris... De quoi la mettre en rage, si seulement elle avait été capable d'une émotion envers lui.

Un enfant adopté ne lui ressemblerait pas.
Il resterait un mystère.
Talents, traits de caractère, maladies …

Il lui avait presque pardonné d'être devenue adulte si brusquement, et sans lui.

Beth se revit soudain a Madison,en train de remonter l'allée un soir, après avoir travaille toute la journée pour un quotidien local qui paraissait l'après midi. elle revit Ben se dandinnant dans sa couche sur l'appui de fenêtre et Vincent filant entre les jambes de Gill pour lui sauter au cou.Et son extase a elle,de voir que ces petits humains drôles,pleins de vie,beaux,intelligents étaient sortis d'elle.