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Critiques de Jacques Saussey (1286)
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L'Embaumeur : Sens interdit[s]

C’est au tour de Jacques Saussey de s’approprier l’univers de L’embaumeur, alias Luc Mandoline.



Neuvième aventure de cet enquêteur atypique, sous la plume d’un neuvième écrivain. C’est tout l’intérêt de cette série, où chaque auteur imprime sa propre âme à ce personnage (et à ses acolytes).



Autant dire que ces aventures, au format défini de 250 pages, se dégustent aussi bien dans l’ordre qu’elle se picorent séparément. C’est mon cas, je découvre la série en question avec la vision qu’en a eue Saussey.



Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec Sens interdit(s), Jacques Saussey ne s’interdit rien, avec un sens de la dérision qu’on ne lui connaissait pas.



Le sujet de cette enquête policière, des meurtres d’enfants, est sombre, sordide même, et l’intrigue prend donc immédiatement à la gorge. Pourtant, ce roman est aussi l’occasion de rire à gorge déployée. Comme si on vous passait une corde autour de la jugulaire, pour plus tard vous rassasier le gosier d’un bon nectar.



C’est tout à l’image de la réussite de ce roman, avec une histoire vraiment noire qui tient la route (malgré le format court qui ne permet pas de grands développements) et une manière de la raconter plutôt jubilatoire.



Car Saussey est ici métamorphosé. L’excellent auteur de thriller, loin de momifier son écriture, a embaumé son récit de bons mots et de joutes verbales réjouissantes.



Il prouve admirablement qu’un bon auteur sait se mettre au service de son histoire et de ses personnages. En grand admirateur de Frédéric Dard, il a donc parsemé son récit de mots d’esprit souvent graveleux mais jamais lourds.



Et la double réussite du bouquin est bien là : arriver à créer une véritable ambiance sombre à travers une intrigue crédible, tout en l’enjolivant grâce à une écriture facétieuse.



L’auteur s’amuse et nous amuse sans qu’on n’ait jamais l’impression de se retrouver devant un exercice forcé. On sent l’écrivain totalement à l’aise, il se lâche et c’est un pur bonheur de lecteur.



Oui Jacques Saussey est également doué dans cet univers où il ajoute des couleurs au noir et fait exploser des pétards (jamais mouillés) pour le plus grand plaisir des convives invités à cette grande messe de la littérature populaire (au bon sens du terme).
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Ce qu'il faut de haine

Un nouveau roman de Jacques Saussey est la promesse d'un bon moment de lecture.

Alice , jeune femme de 19 ans, part pour son jogging du dimanche en forêt du Morvan avec son chien. Elle découvre le cadavre d'une femme mangée par les vers au bord d'une rivière. La police parisienne et la gendarmerie locale enquêtent ensemble. Il s'agit du cadavre de Valérie Freysse, DRH parisienne connue pour avoir liquidé nombre d'entreprises et causé le suicide de plusieurs employés. Est-ce une vengeance liée à son travail ou quelque chose ayant trait à sa vie privée ? Quel est son lien avec le Morvan ? Alice, perturbée par la découverte du cadavre va participer à l'enquête.

Des secrets familiaux enfouis depuis longtemps vont refaire surface.

Un bon suspens, du rythme et des personnages crédibles. Ce roman se lit très vite, un thriller efficace.
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Ce qu'il faut de haine

Alice, jeune étudiante en médecine à Paris, aime plus que tout enfourcher sa Suzuki et venir rendre visite à ses parents, Corinne et Jacques qui habitent à Pierre-perthuis afin de passer quelques jours en famille.

Alice part faire un jogging en compagnie du toutou de la famille et c'est inopinément qu'elle se retrouve au bord de la cure et découvre avec effroi un corps dans un état épouvantable…



Valérie Freysse, 53 ans, était DRH dans un monde aisé est vite identifiée comme la victime.

L'enquête débute et elle va révéler que madame Freysse est dotée d'un sacré parcours professionnel qui a déclenché bien des remous. Même sa fille Justine, 18 ans , à qui l'on annonce qu'elle a perdu sa maman dans d'horribles circonstances, sa réaction est plus qu'une surprise !



Marianne est la fille de l'ancien commandant, il est décédé il y a peu et c'est un peu compliqué pour elle de se retrouver face au successeur de son père qui se révèle être un snobinard de première.

Quoiqu'il en soit c'est elle qui est chargée de l'enquête et cela conjointement avec Montboisier, commandant à la gendarmerie.

Ce sera une mission difficile, l'assassin est un fameux tordu. Sa victime, il ne l'a guère épargnée devant avoir une sacré rage et motivation pour en arriver là.

Celle-ci à quand même été retrouvée, le corps rempli de vers et à moitié dévoré par un sanglier.



Vous l'aurez compris la lecture n'est pas de tout répit et j'ai beaucoup aimé ma première rencontre avec la plume de l'auteur qui ne nous épargne rien mais curieusement c'est tellement bien formulé que cela n'en est pas trop effrayant.



Malgré que l'on apprend l'identité de l'assassin assez rapidement cela n'appauvrit pas la lecture et fait intéressant cela lui donne du rythme.

Nous ne serons pas au bout de nos peines. L'auteur vous fera fumer le cerveau plus d'une fois.

Une lecture qui amène à la réflexion, elle est rythmée, addictive. Je l'ai lu rapidement étant prise par le feu de l'action. Jacques Saussey fait en sorte de mettre le petit grain de sable là ou il faut et résultat, je veux savoir donc je continue jusqu'à cette finale super bien amenée.



Je ne peux que vous conseiller de le lire bien entendu, je continuerai de suivre l'auteur et d'ailleurs, l'aigle noir est dans ma pal.

Je vous souhaite une belle découverte.



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L'Aigle noir

Il y a quelques années, j'ai pu découvrir lors d'un séjour la beauté et la diversité des paysages réunionnais ainsi que l'authenticité et la multiculturalité de ce petit bout de terre perdu au milieu de l'Océan Indien. Depuis, j'adore réactiver mes souvenirs et retrouver cette magnifique île à travers mes lectures. Si Jacques Saussey dans ce thriller policier embarque bien son lecteur pour la Réunion, il ne s'inspire absolument pas de son côté carte postale,. C'est une intrigue très sombre qu'il nous propose mêlant rites vaudous et faits de société innommables.



Des chapitres courts, des alternances passé-présent, une écriture fluide, donnent un rythme soutenu à ce roman tout aussi noir qu'"Enfermé.e" que j'avais lu précédemment. Si ce dernier abordait le thème de la transsexualité, "L'aigle noir" évoque les abus sexuels sur mineurs. L'auteur bâtit une véritable toile d'araignée qui prend le lecteur en otage mais il faut avouer que certains faits sont insoutenables. A postériori, je comprends le choix du titre qui évoque la très belle chanson de Barbara. Peut-être peut-on reprocher à l'auteur la multiplicité des sous-intrigues qui rendent le récit un peu brouillon ? Un 16/20 pour clore cette lecture.
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L'Aigle noir

La Réunion, sa nature sauvage et exubérante , ses magnifiques plages, son lagon aux eaux translucides. C’est dans ce petit bout de France baigné par l'Océan Indien qu’est envoyé en mission Paul Kessler. Ce flic retraité est chargé par Hubert Bourdonnais, un industriel dont la famille a fait fortune dans la vanille, de découvrir si la mort de son fils Pierre dans un accident d’hélicoptère à La Réunion est bien accidentelle, ce dont ce dernier doute fortement.

Après une acclimatation quelque peu compliquée à la chaleur et à l’humidité ambiante, l’enquête officieuse que va tenter de mener l’ancien flic va lui faire découvrir un visage beaucoup plus sombre de l’île et de certains de ses habitants. Ses investigations vont également entrer en résonance avec la disparition d’un enseignant ayant révélé de possibles exactions sexuelles sur une fillette. L’affaire est menée par le commandant Rodríguez et son équipe mais aussi par une collègue du professeur disparu, psychologue scolaire de son état qui a reçu la fillette à la demande de l’enseignant. Trois enquêtes qui vont se croiser non sans heurt alors que la liste des morts suspectes ne fait que s’allonger sur l’île Bourbon.



Encore un très bon cru pour ce nouveau roman de Jacques Saussey qui,en plus de nous faire découvrir les spécificités géographiques de l’île et ses richesses naturelles nous offre un mélange détonnant où drogue, mœurs dissolues, pseudo maraboutisme se combinent dans un funeste concert.

Outre cette enquête aux multiples ramifications, l’auteur nous offre pour son premier roman chez Fleuve Éditions , un récit hyper dynamique qui laisse aux personnages comme aux lecteurs peu de temps pour souffler. Il confronte habilement l’ancien flic aux contingences climatiques, dialectiques comme géographiques de l’île mais aussi à de belles saveurs vanillées. De la vanille qui sent ici le soufre et l’odeur métallique du sang. Car nos enquêteurs vont devoir pourchasser un assassin aux multiples visages qui sait se fondre dans le décor et jaillir de nulle part pour exécuter sa victime d’un fulgurant coup de machette.

Un récit d’une extrême efficacité qui nous laisse malgré tout le temps de nous attacher à quelques personnages , dont de très jeunes filles, victimes innocentes de la turpitude de leurs proches. Des bourreaux dépourvus de toute humanité motivés par l’avilissement des plus faibles.

Un livre à ne pas louper assurément lors de sa sortie en octobre.







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Ce qu'il faut de haine

STOP ! Moi je dis : STOP les auteur(e)s !! Arrêtez de nous écrire des thrillers aussi captivants …. le genre de livre où TOUT le reste devient accessoire hormis la lecture : aller au travail, préparer à manger, tenir sa maison, et même se nourrir… pfff foutaises ! La seule préoccupation est de connaître la fin de ce thriller que l'on a entre les mains 😊

Alors, quelques heures pour dévorer une oeuvre que vous avez mis des mois à écrire… ce n'est pas rentable comme me confiait Olivier Norek lors d'une rencontre…

Et le dernier roman de Jacques Saussey (Ce qu'il faut de haine) n'échappe pas à cette règle… un sacré coup de coeur pour ma part !

Effectivement, tout au long de ce thriller mené de main de maître par Jacques Saussey, le lecteur se fait cette réflexion : « Ce qu'il faut de haine » tout de même pour faire subir à un être humain de telles abominations… même si cet être humain s'avère être une belle saleté… une « vipère » selon les propres mots de sa fille Justine désormais orpheline…

Alice Pernelle fait une macabre découverte lors de son jogging dominical : un corps putrifié git au bord de la Cure, la rivière qui traverse son village natal dans le Morvan. Dans un état de décomposition avancé, ce corps est écartelé et ligoté, grouillant de vers… Aucun doute possible, il s'agit d'un assassinat des plus ignobles.

Le commandant Gontran de Montboissier, de la gendarmerie nationale, va devoir travailler de concert avec la capitaine Marianne Ferrand, basée au Bastion, puisque la victime s'avère être domiciliée à Paris… Comme souvent, cette association n'est, au départ, pas très bien perçue par les enquêteurs, d'autant plus que son supérieur refuse à Marianne l'aide de membres de son équipe.

Une enquête éprouvante pour ce meurtre particulièrement violent qui va trouver des réponses bien des années avant, faisant ressurgir un passé que beaucoup auraient préféré conserver profondément enfoui dans leur mémoire….

Des chapitres très courts alternant le récit des divers protagonistes, y compris le tueur, donnent à ce roman un rythme effréné qui m'a empêchée de stopper ma lecture à des heures raisonnables…

J'ai beaucoup aimé le petit « coup de griffe » en passant à nos dirigeants de tous bords à la page 72, où Alice (la jeune femme qui a découvert le corps putréfié au bord de la Cure) apprend par les infos une visite officielle du président français aux Etats-Unis et où elle qualifie cette « rencontre au sommet avec son homologue américain » de « …deux chiens qui se reniflent le derrière en remuant la queue… » lol

Chaque détail se met en place peu à peu pour contribuer à un final parfaitement maitrisé… Encore une magistrale réussite de notre biker préféré Jacques Saussey… peut-être son roman le plus abouti à ce jour…

A vous de juger en découvrant « Ce qu'il faut de haine » 😉

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Ce qu'il faut de haine

Novembre 2022 dans le Morvan. Un cadavre à moitié dévoré, grouillant de vers, est découvert par Alice, une jeune étudiante en médecine dont les parents habitent aux alentours. Un duo d'enquêteurs, gendarmerie et police, comprend vite que le lieu choisi et la mise en scène ne sont pas anodins et qu'il va leur falloir fouiller dans la vie de la victime,une femme dure, insensible, particulièrement détestée pour trouver le meurtrier qui est certainement animé d'une haine inextinguible pour avoir donné la mort de cette façon.

Le roman est très habilement construit car il alterne le point de vue d'Alice, des enquêteurs et plus surprenant, du meurtrier qui explique comment il a tué sa victime mais bien sûr pas pourquoi et dont on sent la tension au fur et à mesure que le filet se resserre sur lui.

Vous me direz que l'intervention du meurtrier dans l'intrigue a dû en réduire l'intérêt et adoucir le suspense. Pas du tout, bien au contraire et c'est en cela que je trouve l'auteur particulièrement machiavélique. Le premier chapitre est mystérieux, intrigant et la fin est totalement inattendue; au milieu, une intrigue impossible à lâcher.

Alors bien sûr, il faut avoir le cœur bien accroché avec un crime hyper-gore, abominable et qui est une horreur lorsqu'on le visualise mais qui trouvera son explication au cours du roman.

Au passage, l'auteur nous livre une critique non déguisée des RH des entreprises, insensibles machines à licencier et à broyer les destins individuels au profit de la rentabilité.

J'avais découvert et apprécié Jacques Saussey avec son précédent thriller "L'Aigle noir" et j'avais décidé de le suivre; la sortie de de ce roman m'en a donné une belle occasion; il fait dorénavant partie des auteurs de thrillers que je juge incontournables.

#Cequilfautdehaine #NetGalleyFrance
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Toucher le noir

Un recueil de nouvelle autour du polar, quoi de plus basique. Mais quand les nouvelles tournent autour des cinq sens, avec un sens par recueil, le concept a de quoi attirer l'attention. Je n'avais pas lu les 2 précédents opus (Écouter le noir et Regarder le noir), mais j'ai plongé avec envie dans ce livre.

La sélection proposée est vraiment variée et vient de grands noms du polar, comme d'auteurs plus confidentiels, qui offrent une variation sur le toucher, survolant toutes les nuances du noir, de l'enquête de police au thriller domestique en passant par un peu de fantastique.

J'ai vraiment pris beaucoup de plaisir à découvrir ses nouvelles vraiment passionnantes à lire. Chaque auteur offre une histoire vraiment originale plus ou moins proche du thème, mais toujours intéressante à lire.

Et maintenant, je suis vraiment curieuse de découvrir les tomes déjà parus, mais aussi ceux à venir.
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7/13

Je viens de m'envoyer un Jacques Saussey, c'est comme quand t'as très faim et que tu t'envoies un bon steak frites.

Bah moi, J'avais envie d'un bon thriller, alors j'ai pioché dans ma PAL, comme le gourmand dans son frigo et je me suis régalé.

7/13, ça s'appelle. On y retrouve des flics du 36 que les habitués de l'auteur ont déjà rencontré dans de précédentes histoires. Daniel Magne et Lisa Heslin reprennent donc du service après une affaire qui a laissé de méchantes traces, surtout sur le corps et dans la tête de la jeune femme.

Pas le temps de s'apitoyer, il n'y a jamais de temps morts à la Crim.

On vient de découvrir le cadavre d'une femme dans un sale état, décapité, éventré, charcuté, la totale et c'est pas beau à voir, je vous préviens.

Une affaire qui pue, d'autant que les macchabées vont s'entasser sur la table du légiste.

Qu'est-ce qui les relie ?

Peut-être que vous devriez mettre un verre d'alcool fort à proximité de votre lecture, on ne sait jamais. De toute façon Saussey va vous tenir éveillé, soyez tranquille.

Pour vous permettre de digérer les informations, et pour vous éviter une trop forte accélération cardiaque, il va casser le rythme de votre lecture avec une autre histoire. Celle d'un mystérieux officier américain qui s'apprête à prendre un avion en ce 15 décembre 1944, dans un brouillard comme seule la perfide Albion sait se parer.

Qui est-il ?

Vers quelle étrange mission se dirige-t-il ?

Mais d'ailleurs, qu'est-ce que ce récit vient faire dans l'enquête qui nous occupe ?

Il est malin ce Saussey.

En plus, il refile un duo d'enquêteurs, pas piqué des hannetons, dans les pattes du Capitaine Magne. Deux espèces de Jar Jar Binks, aussi agaçants, comiques et utiles que le personnage de la saga Star wars, qui apportent une pointe de légèreté dans un thriller haletant et efficace comme sait les construire le romancier.

Une enquête policière mêlée de sujets d'actualité avec en toile de fond l'une des plus grandes  énigmes du XXème siècle.

En cette période de disette, me voici repu. Je range mes couverts en attendant ma prochaine visite à l'établissement Jacques Saussey, un quatre-étoiles à mon guide livresque.



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L'Aigle noir

Pour être franche, je n'ai pas vraiment regarder les avis concernant ce livre.

J'ai vu Néoules dans le Var, île de la Réunion, des endroits que je connais bien, j'ai plongé sans me poser de questions.



L'Aigle noir de Jacques Saussey, est un livre envoûtant, on plane, cette couleur très sombre nous accompagne durant tout le récit. On ne s'ennuie pas, c'est palpitant.

MAIS, j'ai été très gênée et malheureuse, par la souffrance infligée aux enfants, si j'avais compris avant, je ne l'aurais pas lu. Mais une fois harponnée je n'ai pas pu m'arrêter. Ce n'est que mon ressenti personnel. Il n'y a pas vraiment de détails, mais on comprend très bien ce qui se passe. Chacun se fera son avis.



2016, Sogbe, un chaman Togolais, en compagnie de sa machette qu'il ne quitte jamais est obligé de fuir son pays.

Après un long voyage semé d'horreur, il se cache à la Réunion, crée une église "les filles de Mawu". Il saura enrôler des adeptes par la drogue et autres moeurs dépravés.



2020, Paul Kessler, ex-commandant de police , arrive sur cette île paradisiaque, mandaté par Hubert Bourdonnais.

Ce dernier est un riche industriel, qui a confié sa vanilleraie familiale à Pierre, son fils unique.

Mais celui-ci décède dans un crash d'hélicoptère, la police conclu a un accident, son père n'y croit pas et demande à Paul d'enquêter.



Une île idyllique, des paysages majestueux, un lagon magnifique.

Au paradis, l'ex-policier pensait profiter d'une certaine tranquillité, mais il sera confronté à une histoire de requins, un sorcier sanguinaire, des personnages diaboliques, dénués d'humanité.



Malgré mon bémol, un bon policier, une belle intrigue captivante, qu'on lit très rapidement. Je vous le conseille.

Je lirais très certainement d'autres livres de cet auteur mais je ferais attention aux retours.
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Cinq doigts sous la neige

C’est certainement la chronique la plus difficile à écrire cette année, et sûrement celle que je ne m’attendais pas à devoir écrire… Tout d’abord, parce qu’entre les éditions Cosmopolis et moi, c’est une grande histoire d’amour depuis le début : j’ai une très grosse partie de leurs publications dans ma bibliothèque. Ensuite, parce que si vous me suivez, vous savez que j’ai lu le tout premier tome de la série Daniel Magne/Lisa Heslin cet été (« Colère noire ») parce que j’avais adoré « Du poison dans la tête » et que je voulais absolument connaître la genèse de cette rencontre. Par ces deux romans de Jacques Saussey, j’ai été conquise… Tellement conquise que j’ai acheté toute la série mettant en scène ces deux protagonistes.



« Cinq doigts sous la neige » est un one-shot, il ne reprend donc pas ces personnages récurrents. Mais c’était le dernier Saussey, et c’était la nouvelle sortie de Cosmopolis, donc j’y suis allée les yeux fermés, presque en courant pour l’acheter le jour J. Cette chronique n’est que le reflet de mon propre ressenti de lecture, elle n’engage que moi, inutile de sortir le panier de tomates ou de m’attendre au coin de la rue avec une batte de base-ball. D’autres blogueurs en parlent également et de manière très positive, évoquant l’atmosphère anxiogène de ce roman, puisqu’il se passe lors d’une tempête de neige, dans une maison coupée du monde.



Je ne vais pas tourner autour du pot trop longtemps : je n’ai strictement rien aimé dans ce récit. D’abord, je n’ai pas retrouvé l’écriture de Jacques Saussey dans sa délicatesse et son élégance. J’ai même été très surprise par la vulgarité de certaines phrases. Ensuite, je n’ai pas trouvé le message fort qu’il y avait par exemple dans « Du poison dans la tête », qui traitait des violences morales faites aux femmes. J’ai été excédée au possible de retrouver encore un écrivain comme personnage central, déballant les affres de son métier par le menu, sa façon de travailler, ses angoisses et ses innombrables succès. Je n’incombe pas cet état de fait à Jacques Saussey, sans doute une erreur de programmation dans une époque où tout le monde a l’air de vouloir parler de la même chose au même moment.



Parlons justement de ce personnage, Marc Torres, reclus dans son chalet vosgien, surveillant contraint d’une bande d’adolescents en pleine crise d’hormones qui ne pense qu’à picoler ou à se droguer. Aucune des réactions, des paroles ou des actes de Torres ne m’ont semblé crédibles. À aucun moment, je n’ai pu m’attacher à ce personnage ni croire une seconde à ses décisions prises en dépit du bon sens. Je n’ai pas adhéré non plus au fait de laisser supposer que, sous la proie d’un stress intense, on puisse faire autant d’âneries en une seule nuit. Pour un écrivain, j’ai envie de dire que le personnage de Marc Torres a deux neurones et une absence totale de discernement et de réflexion. D’ailleurs, sa relative sévérité à l’encontre de son fils en début de roman prouve bien qu’un câble a littéralement grillé dans son cerveau cette nuit-là. Je n’ai ressenti aucune émotion, ni pour l’écrivain, ni pour les ados, ni pour les parents venus récupérer leur progéniture le lendemain de la fameuse nuit quand l’un manquait à l’appel. Je n’ai pas compris non plus ce que venaient faire là les chapitres consacrés aux militaires crapahutant dans la neige sous la direction d’un type givré du cerveau qui ne fonctionne qu’à la haine gratuite, à part peut-être pour lancer un débat sur le monde militaire. La place accordée à la présence de ces militaires n’est pas suffisamment développée pour avoir pu prendre la mesure de l’utilité de ces scènes dans le roman. L’atmosphère supposée anxiogène n’est pas arrivée jusqu’à moi, je n’ai éprouvé ni peur ni angoisse. Même la fin n’a eu aucun effet puisque je l’ai vue venir à des kilomètres.



Alors que dire ? Rendez-vous raté pour « Cinq doigts sous la neige », mais rendez-vous maintenu pour les suivants. Même si la magie n’a pas opéré cette fois-ci, cela ne veut en aucun cas dire qu’elle n’opérera plus, ou qu’elle n’opérera pas pour vous. Je vous conseille, comme d’habitude, de le lire pour vous faire votre propre avis.


Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Principes mortels

Première lecture de Jacques Saussey et quelle bonne surprise ! Quelle maîtrise dans l'art du suspens et de la montée de l'angoisse !



J'ai énormément aimé la description de la vie et des usages à la campagne désertique à cette époque.



Le décalage entre le presque adulte parisien et les adultes ruraux renfermés, malheureux et cachant des secrets est très réaliste, tout comme la douleur qui transparaît régulièrement.



Il est facile d'imaginer que tout ce que Frank endure ne le laissera pas indemne ! Je n'en dirais pas plus car tout se tient, tout s'enchaîne et découle des pages précédentes.



A un moment j'ai eu idée de la fin mais je trouvais que ça serait vraiment machiavélique et en fait c'est le cas ! Bravo, le suspense est au rendez-vous et j'ai eu beaucoup de mal à poser le livre !



CHALLENGE MULTI-DEFIS 2020

CHALLENGE MAUVAIS GENRE 2020

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L'Aigle noir

Super roman

Malgré un sujet principal très délicat, l’auteur arrive à nous emmener avec brio dans son histoire.

Au démarrage plusieurs sujets distincts qui finiront par se rejoindre pour nous donner un ouvrage aboutis ou tout y passe, drogue, religion, tueur plus que dérangé, emprises psychologiques et sévices sur mineurs dans une France d’outre-mer ou Jacques Saussey arrive à nous faire découvrir l’île de la réunion avec brio, s’en pourtant jamais y avoir mis les pieds

Très fort, car on s’y croit vraiment,

Climat et paysages tropicaux, culturel et religion d’une population éclectique, pour une intrigue à multiples facettes.

Et puis du sang, beaucoup de sang avec un tueur qui n’est bizarrement pas au centre de l’histoire, mais qui est franchement dérangé et prêt à tout pour le bien fondé de sa doctrine

J’ai été conquis malgré un sujet qui à la base était loin de m’attirer, comme quoi, il faut parfois savoir faire abstraction de ses préjugés
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Toucher le noir

Un recueil de nouvelles, c'est comme un ballotin de pralines : on ne sait pas sur quoi on va tomber.



La renommée du chocolatier ne fait pas tout, vous pourriez très bien tomber sur une praline dont le goût ne vous plait pas, même si l'artisan y a mis tout son cœur, toute sa science et qu'il a adoré le goût de sa création.



Ces pralines littéraires avaient toutes un goût de reviens-y !



Cette addiction est la même qu'avec la boîte de chocolat, le ballotin de pralines : vous vous jurez que c'est la dernière, qu'ensuite, vous arrêterez jusqu'à demain matin et puis, bizarrement, vous vous dites que vous en prendriez bien une dernière pour la route, puis une autre...



Avant de pousser plus loin ce recueil et d'aller enfin au lit afin de savoir vous lever demain matin.



8118 est la nouvelle qui ouvre le bal, la première praline qui vous explose en bouche et vous donne envie de replonger pour ressentir ce même effet avec les suivantes. Raconter l'histoire à rebours était une riche idée. C'était diabolique ! (5/5)



Le Retour de Soirée était comme j'aime les nouvelles : inattendue, celle qui vous tacle, qui vous fait ouvrir la bouche, béate de surprise. Putain, Valentin Musso m'a scotché au canapé. C'était machiavélique ! (5/5)



L'ange de la Vallée (de Solène Bakowski) qui, en plus de nous offrir un voyage dans le temps, nous a plongé dans l'obscurantisme, la folie religieuse, dans les pulsions humaines les plus abjectes, dans la cupidité, la recherche du profit à tout prix. J'ai fermé les yeux quelques instants à la fin de la lecture tellement j'avais été secouée. C'était horrifique ! (5/5)



Signé de Benoît Philippon nous fera toucher l'art du bout des doigts tout en nous mettant le cœur au bord des lèvres. Le film "Le tatoué" était drôle, sa nouvelle, par contre, ne l'est pas du tout. Elle est bien noire et retorse, comme je les aime. Parce que pour marquer durablement les lecteurs, un twist final est toujours ce qui marche le mieux. C'était sadique ! (5/5)



Mer Carnage d’Éric Cherrière m'a un peu moins emballée. La vengeance est un plat qui se mange froid et pour se venger, l'Homme est prêt à traverser tout. Finalement, c'est à se demander qui est le plus monstre des deux entre le vengeur ou le coupable. Je pencherais pour le vengeur qui ne réfléchit à rien et qui pourrait priver bien des gens du talent de celui qu'il veut abattre. C'était trop classique. (3/5)



No smoking de Michael Mention est la plus longue des nouvelles. Même sans sa signature, on reconnaît entre mille la patte de l'auteur qui va nous entraîner dans un huis-clos entre deux personnages coincés dans un ascenseur. ♫ Deux étrangers qui se rencontrent ♪ Dans l'ascenseur déjà le désir monte ♪... Le désir de fumer(en 1971, il était, hélas, permis de fumer partout). Désir de s'énerver sur cette panne... Leur échange verbal sera des plus intéressants et une fois de plus, j'ai été mise au sol violemment. C'était magnifique ! (5/5)



Doigts d'honneur de Danielle Thiéry nous prouve que l'on peut faire du policier avec peu de pages, que l'on peut parler de la noirceur de l'Homme sans que cela fasse l'épaisseur d'un pavé et qu'avec peu, on peut faire beaucoup. La musique n'adoucit pas les mœurs, sans doute adoucit-elle les meurtres. C'était la musique, oui la musique ♫ (4/5)



L'ombre de la proie de Ghislain Gilberti avait un goût de nouvelle fantastique. J'ai apprécié le récit, le final que je n'ai absolument pas vu venir, mais il m'aura manqué les émotions durant la lecture de son récit. Je n'ai pas vibré comme avec les autres, ni comme l'auteur a déjà su me faire vibrer dans ses romans. C'était vampirique. (3,5/5)



Une main en or de Jacques Saussey ressemble à une nouvelle tout ce qu'il y a de plus normale, au début. Une prison, une envie d'évasion... On s'évade et puis là, tu te prends l'équivalent d'une porte de prison dans la gueule. C'était clinique. (4/5)



Zeru Zeru de Maud Mayeras nous entraînera dans un village africain où ont lieu des pratiques d'un autre âge, mais qui ont toujours court de nos jours. Son histoire est terriblement noire, horrible, inhumaine, violente. C'était tragique ! (4/5)



Et on terminera avec 8118 à nouveau, la première nouvelle auto-reverse, comme nos bons vieux lecteurs de K7 audio du siècle dernier.



L'art de la nouvelle n'est pas facile, mais une fois de plus, les auteurs ont réussi le challenge sans que l'on ait une sensation de trop peu à la fin de notre lecture.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Quatre racines blanches

Daniel magne officier de police a la criminelle parisienne, est envoyé au canada 🍁 pour assis a un congrès sur les nouvelles technologies pour lutter contre la criminalité.

mais a peine arrivé il assiste a un enlèvement et au meurtre d'un collègue canadien.

il va être rejoint par sa coéquipière et amante Lisa

heslin.

une enquête rythmes,

avec de l, action du suspense, des rebondissements. un héros sympa, pour passer un très bon moment.💞
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Principes mortels

Une découverte avec cet auteur Français que j'ai bien apprécié au fil de ma lecture.

Une très bon roman d'atmosphère, plutôt noir dans le genre de la pauvre victime qu'est Franck, ce jeune homme de 19 ans qui doit quitter la maison après les ennuis conjugaux que vivent ses parents. Je dirais plutôt ce que son père, alcoolique fait subir à sa mère.

En conséquence il se voit échouer au bac et tente de s'éloigner du domicile pour aller réviser chez sa tante en campagne. Seulement on croit toujours fuir les malheurs et trouver meilleur ailleurs, là n'est pas le cas du tout... il retrouve une ambiance des plus tragiques et qui le renvoie à la mort de son cousin décédé 4 ans plus tôt.

Tout va basculer pour lui qui aspirait à un peu de tranquillité.

Un très bon moment de lecture que vous ne lâcherez pas avant la fin...

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[Dons]



Après les recueils Santé ! ( 2013 ) et Irradié ( 2014 ), dont les droits d'auteur étaient reversés respectivement à la fondation maladies rares et à l'association Tchernobyl Nord Pas-de-Calais, l'atelier Mosesu publie cette fois un recueil au profit de France ADOT ( Association pour le Don d'Organes et de Tissus humains ).

Ainsi que l'illustre magnifiquement la couverture, le coeur d'un donneur d'organes peut se transformer en or pour un receveur compatible.



Etre donneur d'organes n'est pas encore ancré dans notre culture, même si la mort de Gregory Lemarchal à vingt-trois ans, en attente d'une greffe de poumons, avait provoqué un électrochoc et une brusque augmentation du nombre de donneurs.

Même si nous sommes tous donneurs potentiels, à moins d'être inscrit sur le registre national des refus de dons d'organes ( Qui ne dit mot consent ), la famille s'oppose souvent à ce que soient prélevés les reins, le coeur ou le foie de leur bien aimé disparu. Et comment les en blâmer ? Ils viennent de perdre un être cher et sont en état de choc. En outre la victime est en état de mort cérébrale mais les battements de son cœur sont encore maintenus artificiellement.

Et il est aussi dans notre culture de vouloir préserver les corps de nos défunts le plus longtemps possible, d'où l'embaumement funéraire.

Le malheur des uns peut faire le bonheur des autres, mais à moins d'être sûr que ces prélèvements ne soient la volonté du défunt, cette impression qu'on va mutiler le disparu ( parents, conjoint, enfants ) ne va faire qu'accroître la souffrance. D'où l'importance d'en parler de son vivant à ses proches sans en faire un sujet tabou.



Si théoriquement dès 2018 les familles n'auront plus leur mot à dire suite au vote du projet de loi de Marisol Touraine qui fait passer en force les dons d'organes en les présumant volontaires, ici les treize "auteurs du noir" n'imposent aucun point de vue et se contentent par le biais de courtes histoires de nous éclairer, d'aborder les dons d'organes sous un angle qui parlera ( ou non ) au lecteur, mais qui le laissera réfléchir par lui-même, sans le brusquer, l'amenant peut-être à se positionner sur un sujet si délicat.

Afin que sur les vingt et un mille personnes en moyenne qui attendent une greffe chaque année en France, plus du tiers actuel puisse être soigné.



Afin de nous sensibiliser, certains auteurs vont choisir de faire parler l'organe ainsi transféré d'un corps à un autre, pour bien montrer qu'une forme de vie peut continuer au-delà de la mort. C'est le cas de Max Obione qui, dans "Vis, Lola !" donne la parole au coeur de Frankie, décédé dans un accident de la route. C'est ce qui lui a permis de rejoindre la poitrine de Lola dans laquelle il bat désormais. Et même si ce nouveau corps lui demande de se réadapter, c'est un coeur énervé, excité et heureux de toujours vivre qui prend la parole pour témoigner brièvement de son sort.

Dans "Iris 216", Eric Maravelias décrit un véritable partenariat entre le narrateur et son hôte dans un univers futuriste où la guerre fait rage. L'organe sera finalement prélevé pour rejoindre un autre corps ( "J'avais un nouveau maître et nous ne faisions qu'un." ) qui cette fois sera un véritable carcan pour celui qu'on devinera rapidement être un oeil d'élite.

Dans les deux cas, l'oeil et le coeur garderont leurs souvenirs passés.



La mémoire cellulaire sera quant à elle justement évoquée à deux reprises. Il s'agit d'une théorie très controversée selon laquelle, lorsqu'on reçoit une greffe, des souvenirs ou des habitudes du patient décédé peuvent être également transférés en même temps que l'organe au receveur.

"La plupart des médecins refusent encore d'y croire. Mais d'autres au contraire se posent sérieusement la question, tant les témoignages des greffés sont nombreux et troublants."

Ainsi, Bob Garcia évoque cette hypothèse dans son très beau texte "Coeur à coeur ou le secret de Laura". Musicien alors en pleine séance d'enregistrement, Pierre est appelé au chevet de son épouse, hospitalisée d'urgence. Un cancer foudroyant lui a été diagnostiqué quelques semaines plus tôt. Quel secret cette ancienne infirmière tient tant à divulguer avant de rendre son dernier soupir ?

Quant à Olivier Norek, dans "J'ai tant de choses à vous dire", c'est également ce thème qu'il explore sous un angle que je vous laisse découvrir. Sachez simplement que dans sa nouvelle, il est question de deux petits garçons qui discutent dans une chambre d'hôpital, l'un victime d'un accident de la route et le second dont le coeur est trop fatigué.

Si cette théorie de mémoire cellulaire venait à être confirmée, ne serait-ce pas la meilleure motivation pour une famille de savoir que leur défunt transmettra un peu de son histoire, de son vécu, comme pour prolonger encore sa trop courte existence ?



Comme nous le rappellent Franck Thilliez et Jeanne Desaubry, les dons sont également possibles de notre vivant, en particulier pour les reins.

L'auteur de " Sharko" évoque dans "La croisée des chemins" un étrange couple. Un homme et un enfant qui marchent l'hiver dans la forêt, qui vivent de chasse, de cueillette et de pêche. L'enfant, Martin, a reçu un rein. L'adulte, Claude, a donné l'un des siens. Et pourtant, il ne s'agit pas d'un père et de son fils.

Pourquoi Martin cherche-t-il à fuir ?

Dans ce texte dépourvu de dialogues, Franck Thilliez aborde le don sur un ton aussi tragique que plein d'espoir. Et rappelle au passage que :

"Les organes ne sont pas comme ceux qui les portent, ils se fichent des races, des sexes et des religions."

La nouvelle de Jeanne Desaubry est très réussie également, en particulier la fin. Le lecteur pourra choisir entre deux conclusions celle qui lui conviendra le mieux. "Hebnie" ( qui signifie mon fils en arabe ) raconte l'histoire de Mimo et de sa mère, une famille monoparentale d'origine maghrébine. La mère est sous dialyse pour insuffisance rénale. Quant à Mimo, il n'écoute pas ses conseils avisés et continue à tremper dans les petits trafics de sa cité. Jusqu'au jour où ils se retrouveront tous les deux à l'hôpital. Mimo est prêt à donner à sa mère un de ses reins : c'est devenu une question de vie ou de mort.

"On peut tenir avec un seul rein, et lui, il veut vivre, peu importe comment, mais avec sa mère. Il n'est pas prêt à la solitude."

Mais peut-on oui ou non demander un tel sacrifice à son propre enfant ? Les deux hypothèses seront étudiées.



Préserver l'anonymat de chacun protège les donneurs et des receveurs. Une mesure que je comprends parfaitement étant donné les abus qui pourraient en découler ( le besoin pour une famille de rester en contact avec ce qui reste de leur enfant, l'obligation du receveur de tout réussir, et d'être toujours à la hauteur du cadeau qu'on lui a fait ) et qui parallèlement me paraît discutable. Ne rien savoir du ou des receveurs ne rend pas le don concret, n'en fait qu'un concept flou et demande par conséquent une abnégation totale de la part de personnes qui ont déjà trop souffert. Ce nouveau sacrifice pourrait paraître vain parce qu'impossible à imaginer, à matérialiser.

Plusieurs auteurs prendront des libertés avec cette législation pour donner plus d'impact à leur histoire.

Dans "Le fils d'Ariane", Claire Favan nous parle d'abord du jeune Elliott qui éprouve le besoin de retrouver les quatre personnes qui ont bénéficié d'une greffe suite au décès de sa mère.

"Notre identité n'est-elle pas censée être protégée ?"

Chacune d'elles nous sera ensuite présentée, et on verra à quoi ressemblait leur vie avant la greffe, et ce que l'opération leur aura permis de réaliser, la façon dont leur vie a pu évoluer. Peu importe le tour de passe-passe qui permettra au garçon de toutes les réunir, le sujet de réflexion étant davantage l'importance de pouvoir le faire pour des raisons qui seront dévoilées à la toute fin.



Stanislas Petrosky nous rappelle quant à lui que nul n'est à l'abri d'un besoin de greffe, et que ce serait une erreur de ne pas se sentir concerné par le sujet. Pour illustrer son propos il met en scène un couple de joggeurs dans "Mécanique cardiaque". L'homme, bon vivant, ancien fumeur, gros buveur, ne parviendra pas à suivre le rythme imposé par sa compagne. C'est elle pourtant qui va s'écrouler et à laquelle sera diagnostiqué une insuffisance cardiaque. Comment se procurer le coeur qui pourra sauver celle qui a prodigué tant d'amour ?

"Il fallait déjà une compatibilité de groupe sanguin, certains peuvent recevoir, d'autres donner, un beau bordel, et toi, comme par hasard, fallait que tu sois du groupe le plus chiant."



Pour éveiller les consciences, Jess Kaan choisit quant à lui la voie de la violence. Sa nouvelle "Pour Maëlle" n'est pas toujours tendre avec les médecins ( "L'impression que vous n'êtes plus humain, juste un numéro face à des toubibs au mieux surmenés, au pire blasés." ) et particulièrement virulente avec les laboratoires pharmaceutiques et leurs arrangements politiques.

Le narrateur est un pompier qui a perdu sa petite fille suite à des erreurs de diagnostic, de traitement et enfin par absence de greffon compatible.

Que va-t-il mettre en oeuvre pour se venger tout en attirant l'attention du public, et la notre par la même occasion ?



Les autres nouvelles de ce recueil sont peut-être moins axées sur la réflexion, ou en tout cas ne font pas spécialement avancer le débat sur l'importance des dons d'organe.



La nouvelle de Cécile Bontonnou aurait davantage eu sa place dans le recueil "Santé !" en réponse à "Lettre à toi" de Gaëlle Perrin. Alors que dans le premier recueil le cancer lui-même s'adressait à sa victime en lui faisant comprendre qu'il ne la lâcherait pas, la nouvelle ici présente "Deux rounds pour une vie" semble être la réponse de la victime aux métastases qui ont failli l'emporter et avec lesquelles elle a livré un véritable matche de boxe. Un bel hymne à la vie, une leçon de courage, mais qui n'avait pas forcément sa place dans le recueil.



Le don évoqué par François Legay dans "Auto-Immun" est celui du sang. Son texte parle d'un homme qui hait son prochain.

"J'aurais voulu voir sombrer, disparaître, se volatiliser l'humanité."

Même tendre la main à un sans-abri, il en est incapable.

Est-ce que son dégoût d'autrui, sa solitude et son aigreur ont un lien avec la paralysie progressive de tout son côté droit ?



Armelle Carbonel et Jacques Saussey n'ont quant à eux pas quitté l'univers noir du polar qui leur est si familier.

"L'horrorscope" ( un beau titre pour la necromancienne ! ) raconte comment une photographe de scènes de crimes interviendra sur un double meurtre dans un chalet de haute montagne. Le petit Pierrot a-t-il été témoin de l'agression de ses parents ? A-t-il vu qui a énucléé son père et qui a arraché le coeur de la poitrine de sa mère ?

En tout cas, l'horoscope qui annonçait "Restez sur vos gardes, les élans du coeur pourraient surgir là où vous ne les attendez pas" se vérifiera bel et bien dans des circonstances glaçantes.

Jacques Saussey quant à lui a imaginé une intrigue machiavélique avec beaucoup d'humour noir où le mot quiproquo prendra un sens inattendu. "En pièces détachées", c'est l'histoire d'un couple charmant qui a pour particularité de s'être connu par l'intermédiaire d'un site de rencontres mettant en lien des personnes en fin de vie.

Les greffes semblent en tout cas particulièrement inspirer l'auteur, qui inaugurait le recueil "Santé !" avec une autre histoire diabolique sur le même thème.



L'humour, c'est également ce qu'a privilégié Ian Manook qui dans "Une belle jambe" raconte l'histoire futuriste d'un écrivain qui a porté réclamation contre la FDG ( française de greffe ) parce que la prothèse de sa jambe droite couine, ce qui met en péril sa vie sexuelle. S'ensuit tout un dialogue complétement absurde bourré de jeux de mots et d'hypothèses farfelues avec les deux commerciaux venus essayer de trouver une solution amiable à ses doléances.

"Vous n'êtes pas satisfait du pack d'éléments motriciels de mobilité augmentée inférieur droit que nous vous avons greffé ?"

Les deux partis pourront-ils s'entendre sur un compromis ?



La qualité de tous ces textes varie beaucoup, mais j'en ai apprécié la grande majorité. Tous ces auteurs réunis autour d'une cause noble ont beau être regroupés sous l'appellation générale "Les auteurs du noir", beaucoup se sont éloigné de leur terrain de jeu favori et les nouvelles, bien qu'unies par un même thème, sont très hétéroclites. Privilégiant l'humour, la noirceur ou la sensibilité ; la science-fiction, le drame ou le polar, chacun a eu son approche personnelle ( certes parfois tirée par les cheveux ) pour nous faire vivre une petite histoire pleine de suspense ou riche de réflexions, et le plus souvent les deux à la fois.



Et puis aucun ne donne de grande leçon de morale, aucun ne cherche à nous faire culpabiliser ou n'insiste sur l'importance d'être donneur. Le sujet est complexe et la démarche très personnelle même si elle nécessite d'être évoquée avec son entourage. Chacun a ses croyances, ses convictions, son seuil de tolérance à la douleur.

Je n'arrivais pas à me positionner réellement sur le sujet, faute également de m'y être intéressé de près. Et à vrai dire je n'y parviens toujours pas même si je me sentirais hypocrite d'accepter le don dont je pourrais un jour avoir besoin si je n'offre pas potentiellement la même contrepartie.

Au moins maintenant je commence à me poser des questions, et j'ai même eu envie d'évoquer les nouvelles les plus marquantes avec mon entourage.

Et c'est déjà un pas en avant.

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Le loup peint

Oh my god comment vous parler d'une lecture pareille, comment retranscrire tout ce que j'ai ressenti à travers cette bombe.

Vous êtes en train de vous dire cette nana aime tout ce qu'elle lit et bien pas du tout, je sélectionne juste autant que possible.

Quand on a compris ce qui nous fait vibrer il suffit de s'y jeter dessus, c'est pourquoi je ne me fais pas prier et justement ayant tout lu et tout aimé de Jacques Saussey j'en redemande dès que possible.

Je pense que ça fait de moi une inconditionnelle et "Le Loup peint" n'a pas fait exception je l'ai dévoré sans sommation.



Ah il est important de vous préciser qu'il s'agit d'un oneshot, les personnages récurrents de la série habituelle ne sont pas présents dans cette dernière publication.

On les aime mais ça change et ça permet de mieux les retrouver plus tard.



Vincent est vétérinaire, son épouse sait qu'il la trompe, leur couple est mort en même que leur fils lors d'un accident de la route.

Je suis rentrée rapidement dans leur vie brisée, leur douleur...

Une nuit il reprend la route après une partie de jambes en l'air avec sa maîtresse, il va croiser une voiture avec des gens armés et va le regretter amèrement.

Quand un des tueurs repart dans sa voiture avec son portable branché à l'intérieur, sa carte grise où figure son adresse, on sent que ça va finir très mal... Un homme prit au piège et accusé du pire...



La tension ressentie pourrait bien se couper au couteau tant elle est épaisse et vous faire cauchemarder, si si c'est fait pour moi et ce dans les 50 premières pages alors imaginez la suite.

Ces scènes d'action sont purement folles, on pourrait les croire tirées d'un film, d'ailleurs en parlant de film si ça pouvait donner des idées ce serait top.

On peut dire que Le Loup peint est terrifiant à certains moments, surtout quand le terrorisme vient se greffer dessus.

L'auteur souffle le chaud et le froid sur son thriller, les milieux bourgeois et les quartiers défavorisés comme l'immersion dans une cité avec son parlé "racaille".

Sans oublier une petite touche d'humour bien placée.



J'ai fait une rencontre surprenante, il s'agit du commandant Paul Colize, d'habitude je ne le croise pas dans des pages mais je lis ses livres.

Les noms de rues et avenues sont du même acabit, un joli clin d’œil ou hommage c'est selon.

D'ailleurs la fine équipe de flics est du genre hors norme, limite cocasse parfois.



Il fait chaud dans ce roman, séduction, sensualité et sexe réchauffent l'atmosphère mais il s'y joint le calcul, la ruse et une vraie chasse quand sa proie est tellement faible qu'il faut en passer par là parce que c'est facile.

Je parle de vous messieurs hum...

Le lecteur ressent cette force qu'un être mauvais utilise pour tuer à dessein, on peut presque rentrer dans la tête du tueur c'est parfaitement réalisé.



Je ne serais sûrement pas la seule à me torturer les neurones sur le titre, est-ce un tableau ou encore un loup?

L'explication tombe comme une leçon instructive et appréciable, de celles qu'on apprend à l'école et dont on se souvient longtemps.

J'ai adoré m’asseoir à ma place et écouter le maître, par contre je ne gâcherais pas votre plaisir et ne vous dévoilerais rien, il vous suffit de faire comme moi, venez vous asseoir...



Mon année livresque commence sur les chapeaux de roue, je persiste et j'insiste Jacques Saussey est un excellent auteur, terriblement bon dans le domaine du noir, il fait partie de mes auteurs préférés.

A chaque roman publié j'ai la forte impression que le niveau monte encore d'un cran et je me dis qu'il va être difficile de faire mieux pour le suivant et pourtant cela semble être un exercice devenu facile car le challenge est remporté haut la main.

Et si ça s'appelait le talent tout simplement...




Lien : http://leshootdeloley.blogsp..
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Quatre racines blanches

Câlisse de Crisse ! Tabarnak ! Oui, je suis en train de "sacrer" (jurer) en québecois.



Pourquoi ? À cause de l’excellente lecture que je viens de faire et qui se déroulait au Québec, à l’orée de l’automne, la neige commençant déjà à tomber, nous gelant les chnolles… Les gosses, quoi !



Voilà un roman que je n’aurais pas acheté si un vent favorable ne me l’avait pas déposé sous mon nez… Une connaissance qui me certifia que je passerais un bon moment de lecture tout en me refilant ce roman. Puisque j’avais promis de le lire vite, j’ai évité de le laisser traîner trop longtemps sur ma pile… Lu en une journée (480 pages).



Daniel Magne est un flic parisien et s’il se trouve au Québec, c’est en raison d’un colloque entre poulets francophones. Alors qu’il allait boire un verre avec un policier autochtone, ils assistent à un enlèvement d’une femme. Bardaf, voilà que le collègue du pays de Céline Dion se fait abattre comme un orignal au champ de tir, par le ravisseur.



Deux jours plus tard, la femme enlevée est retrouvée éparpillée aux limites de la réserve des indiens Mohawk de Kanawaghe.



Le tueur lui a fait une ordonnance, et une sévère. Comme Raoul Volfoni ("Les Tontons flingueurs"), il ne correctionne plus : il ventile, il disperse… Cette femme, il nous l’a éparpillé par petits bouts, façon puzzle quasi.



— Comment est-elle ?

— En morceaux…



Pourquoi tant de hargne sur ses phalanges ? Pourquoi l’avoir enlevée ? Qui ? Comment ? Les flics québecois vont pouvoir "sacrer" à coups de "câlisse de crisse" afin de résoudre l’affaire, aidé par un Daniel Magne remonté à balles de guerre et par sa copine qui vient de le rejoindre.



Rien à dire, le récit bouge et on n’a pas le temps de bayer (et non "bâiller") aux corneilles car il y a du rythme, des retournements et l’alternance de chapitres nous permettant de découvrir les différents protagonistes de l’histoire.



On peut donc passer d’un chapitre plus "doux" à un plus trash avec le tueur, un membre d’un gang… L’avantage étant que si le lecteur avait trouvé la réaction des indiens Mohawk un peu violente à la vue des flics à l’entrée de leur territoire, il comprendra un peu plus loin pourquoi ces gens haïssent l’homme Blanc !



Si j’ai parfois trouvé les personnages de Daniel Magne et de sa copine Lisa un peu lisse ou "too much" à certains moments, je me suis tout de même attachée à eux. Malgré tout, je trouve que les autres personnages étaient mieux construits que les deux principaux.



Le Méchant est particulièrement sadique, un vrai fils de pitoune.



Le langage québecois est présent, mais pas de quoi vous importuner durant votre lecture. Une fine dose pour vous dépayser et vous vous imaginez déjà là-bas, certains étant même explicité en note de bas de page. Amusant, bon nombre de noms de famille sont en "La" : Lafleur, Lacouture, Lachance (mais pas de "Latronche En Biais"), ajoutant de l’exotisme à la lecture…



Mélangeant le roman policier "classique" avec la triste réalité des bandes urbaines, des gangs, des yakusa, le tout sur fond de réserve indienne, véritable zone de non-droit possédant ses propres lois, sa propre police ethnique, ses coutumes sans compter une sacré dose d’omerta, ce roman est un récit détonnant qui se lit très vite et facilement.



Plus qu’un simple roman policier : un roman mettant en avant-plan les erreurs des Blancs et des conséquences qui en découlent encore maintenant, sans oublier la cupidité de certains, prêt à tous les trafics pour obtenir plus d’argent.



Ça fait froid dans le dos…


Lien : http://thecanniballecteur.wo..
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Le loup peint

Je découvre Jacques Saussey avec ce thriller.



L'idée d'une intrigue au sein d'un trafic de chiens, dont un plus exotique que les autres, soutenu par un vétérinaire, m'a paru très intéressante, même si l'auteur s'autorise à utiliser de vieilles recettes, un peu éculées : "sexe et hémoglobine", plus quelques clichés attendus pour agrémenter le récit.



Il ne faut pas être fragile pour se laisser embarquer tambour battant par la frénésie de vengeance de Sophie, la "bombe" assassine. Je ne sais pas si le prénom a été choisi à dessein mais Sophie a en effet eu bien des malheurs, qu'elle va faire payer à qui se mettra en travers de la mission qu'elle a décidé de poursuivre en souvenir de son amoureux de mentor.



L'auteur nous ballote au gré des désastres qui vont s'abattre sur un Vincent Galtier qui se laisse porter par les évènements et son "deuxième cerveau", ce qu'il va amèrement regretter. Le vieux brisquard de Richard Milan, policier incolore, a l'instinct de limier va permettre des avancées que le lieutenant Dardenne n'a pas vues venir.



Un thriller habile qui rend captif jusqu'à l'épilogue. J'ai été ballotée au gré des manigances de Sophie, des frayeurs de Galtier, des réflexions de Milan, de tous les twists semés, comme des petits morceaux de pain sur le chemin du lecteur, qu'un corbeau aurait englouti pour le perdre dans les méandres de l'esprit d'un couple infernal, d'un flic obsédé et d'un vétérinaire attentiste et velléitaire.



Un bon moment de lecture !

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