Un agréable recueil de nouvelles de Science-fiction qui, malgré l'époque où il a été écrit, n'a pas pris plus d'une ou deux rides.
Les histoires sont plaisantes à lire et les intrigues, dans l'ensemble, sont inintéressantes et donnent à réfléchir sur ce qui peut se passer dans la tête de personnes passablement dérangés ou poussés dans leur derniers retranchements. Mon seul regret, c'est qu'elles ne soient pas un peu plus détaillés, quelques pages de plus chacune ne leurs auraient pas fait de mal, sauf pour une, la dernière, "Chronopolis" qui a elle seule justifie l’acquisition de ce livre, même si "Le vide-sons", "Treize pour le Centaure" et "Le jardin du temps" n'ont pas grand chose à lui envier, elle reste à mes yeux la plus abouties de toutes.
Conclusion, un livre qui mérite qu'on si arrête, et même si on n'est pas un grand amoureux de SF.
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À lire si vous avez l'envie furieuse de comprendre ce qui se passe dans la tête d'un Stuntman Mike, personnage du film Boulevard de la Mort, grand fan des meurtres de jeunes créatures féminines par crash automobile. Ou encore dans l'esprit d'un Patrick Bateman d'American Psycho entre deux passages au pressing.
Autrement, vous risquez comme moi de vite fermer ce livre !
J'ai clairement dû loupé quelque chose car seul me restent à l'esprit ces descriptions insoutenables d'accidents de la route.
Échec et mat pour ce roman que j'avais découvert dans le Premier bilan après l'Apocalypse de Beigbeder. Objectif pour mieux rebondir : redonner sa chance à J. G. Ballard prochainement.
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Je connaissais déjà Ballard pour avoir lu certains de ces romans de "vraie" science-fiction.... et Crash m'était annoncé comme une référence, un roman visionnaire et apocalyptique.... .... après sa lecture, cette annonce est pour ma part un gros FLOP !
Crash ! est juste kitsch, un symbole des années 70 parmi d'autres où certains artistes aimaient bien se masturber le nombril.
La perversion sexuelle et les fantasmes liés à l'automobile, les pulsions de vie liées aux pulsions de mort, la libido exacerbée dans l'automobile via le voyeurisme et l'exhibitionnisme ne sont pas des concepts nouveaux même en 1973 ! Crash pue surtout la testostérone !
Le vertige face à la vacuité du narrateur et des protagonistes m'a fait presque perdre pied.... j'en suis venue à lire en diagonale certains passages de descriptions redondantes sur les sculptures de voitures accidentées.
Certes, le roman Crash ! est très bien écrit. Le roman est très esthétique mais glacé. J.G. Ballard pousse à l'extrême les provocations, trop même ...à un tel point que son roman devient sophistiqué, il perd le lecteur... la déshérence de l'homme, la vacuité de l'esprit dans une société déshumanisée et aliénée à la technologie sont appréhendées sous un angle pornographique. Certes, le roman devient expérimental mais froid et vide de toute émotion. Peut-être le but recherché ? .... mais qu'est-ce que l'art, la littérature sans émotion ? Il n'en reste généralement pas grand-chose dans les mémoires ni dans les consciences.
J'ai essayé d'en faire une lecture politique mais je n'y suis pas arrivée, une lecture sociologique peut-être.... une lecture psychanalytique sans doute....
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J’avais adoré « La forêt de cristal » et « Le monde englouti » , certes il s’agissait de fins du monde mais adoucies par une aura poétique et une floraison d’images stimulantes. Dans « Crash » il s’agit de tout autre chose , et on ne peut pas « aimer » un livre si terrifiant , l’apprécier , reconnaître notre monde en cette glaçante métaphore , oui , on le peut. Mécanique sexuelle , sexe mécanisé, visions sanglantes et métalliques , métal hurlant …. Un des livres les plus traumatisants que j’ai lus. Si vous l’osez découvrez la secte de Vaughan et ses partouzes mortifères …je vous aurai prévenu !
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Adapté aux besoins de la voiture, le monde n'est plus qu'un réseau complexe d'asphalte et d'acier. Les voitures sont partout. Solitaires en bas d'un immeuble, leurs capots glacés réfléchissant la lumière d'un lampadaire, ou bien par milliers, alignées le long des axes routiers, fonçant, zigzaguant, dans les entrelacs d'échangeurs, de toboggans et ronds-points, offrant leurs tôles brûlantes au soleil des parkings de centres commerciaux ou d'aéroports.
Dans cet univers de béton, un groupe de rescapés de la route est entraîné par un scientifique couvert de cicatrices. Ensemble, ces balafrés de la vie développeront une obsession sexuelle morbide pour les accidents de voitures.
Crash ! est un grand tumulte. Une course à cent à l'heure sur l'autoroute, un mélange de sperme, de sang, de siège en cuir et de tôle froissée. Sur ce point le roman est d'une maîtrise stylistique parfaite. Il rend cette impression de s'écraser dans un carambolage en plein coït. Renversé sur le toit, dans un vacarme assourdissant, des étincelles jaillissant au milieu des bris de verre et des grincements du métal sur le goudron.
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le roman démarre avec un accident dont est coupable le narrateur ( qui se nomme lui même Ballard) et qui a réalisé un déclic en lui, il se rend compte par cet accident que la vitesse, les accidents ont un énorme potentiel sexuel et d’excitation pour lui.
L’idée de base était séduisante mais je n’ai jamais réussi a rentrer dans ce roman car entre les phases d’accidents/excitation/vitesse il n’y a jamais réellement de liant, et donc on a plus un amoncellement de scénettes à ce sujet qu’un réel roman avec une histoire suivi et une vraie profondeur, c’est donc une réelle déception pour moi.
Je suppose que le succès du livre tient plus du fait qu’a sa sortie dans les années 70′ mêler vitesse, accidents, morts et sexe devait beaucoup choquer le lectorat. Mais j’avoue que je me suis ennuyé et que je ne l’ai fini que parce qu’il est très court.
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Je n'ai pas accroché du tout à ce livre de Ballard, au contraire de ses "vrais" livres de science-fiction (la forêt de cristal, le monde englouti ...) ou de son magnifique livre-souvenir (empire du soleil). Cet exercice de style sur le concept bagnole/accident/fluides divers/sexe m'a totalement échappé: un livre pas fait pour moi.
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Crash, boum, hue !
Se plonger aujourd’hui dans « Crash » (1973) de James Graham Ballard (1930-2009) des années après le rush branché survenu à la sortie du film de Cronenberg (1996) permet de mesurer avec recul la richesse et la pertinence de la vision de l’auteur. Quand les sensations supplantent les sentiments, que reste-t-il à l’homme pour réaliser sa vie sinon une course-poursuite morbide, une accélération à la surface des choses toujours plus vaine et stérile ? Jouir, oui, encore et toujours, davantage mais de quoi, pourquoi et comment ? Le narrateur porte le patronyme de l’auteur, James Ballard. Sa fascination pour Vaughan, homme hanté par la technologie et la violence, le pousse toujours plus loin vers « l’érotisme pervers de l’accident, douloureux comme l’extraction d’un organe à travers une incision chirurgicale ». Vaughan meurt dans un crash d’entrée de jeu et Ballard se remémore sa rencontre avec Vaughan, son propre accident, ses perversions sexuelles. L’histoire s’écoule telle une pâte fluide, sans bouchon ni caillot. Les phrases sont comme une logorrhée émolliente ; elles disent l’horreur et le carnage sans hausser le ton, le tout allant de soi. Ballard se voit toujours de l’extérieur. Sa souffrance ou sa jouissance ne semble pas lui appartenir réellement. Il est son propre cobaye. Il s’observe sans aucune complaisance, avec un regard clinique. Son intimité est mise à nu, exposée sans fard, disséquée au scalpel : « L’accident était la seule expérience réelle que j’eusse connue depuis des années. Je me trouvais pour la première fois confronté à mon propre corps, inépuisable encyclopédie de douleurs et de déjections… ». Le lecteur se fait voyeur malgré lui, à travers le regard du narrateur. L’accident automobile, son cortège de mort et de mutilation, exerce une fascination malsaine. On est enfermé dans un environnement technologique, artificiel, ritualisé et clos sur lui-même où les états d’âme n’existent pas. « Crash » débute la trilogie de béton qui se poursuit avec « L’île de béton » et « I.G.H. ». Les éditions Gallimard ont publié un emboîtage cartonné qui comprend le film de Cronenberg, une brochure de présentation ainsi que le roman de Ballard, le tout dans la collection Folio cinéma. Lire le roman et visionner le film en même temps permet de mesurer les écarts, les pertes, les ratés ou les enrichissements de part et d’autre. Le film apparaît alors outré, à côté de la plaque (en métal chromé). Les scènes de sexe et de fantasme sont vides, déconnectées, laissant les acteurs et le spectateur tout pantois d’indifférence. La musique et la photographie pourtant travaillées et adaptées au climat du roman ne prennent pas et n’insufflent rien au film. Quelle « mouche » a bien pu piquer Cronenberg pour transformer une œuvre intelligente et sophistiquée en un plat de nouilles à l’eau ? Dommage ! L’écrit peut s’avérer bien plus fort que l’image : la preuve par quatre ici.
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Dans ce roman que Ballard qualifiait "d'apocalyptique", la vision de notre société est cauchemardesque. Il s'agit du mariage du sexe et de la voiture. Le règne de celle-ci est à son comble, ou en passe de l'être. Elle est l'objet de la libido la plus exacerbée. La voiture apparaît ni plus ni moins qu'un vampire: créant des visions et des actes d'horreur auxquels on ne peut que difficilement s'empêcher de participer, tout entier pris par le charme et la fascination.
Le narrateur, J.G. Ballard, voit sa vie bouleversée par deux faits: tout d'abord un grave accident de la route; ensuite, sa rencontre avec Vaughan, un homme hanté par l'acte sexuel mis en scène au sein d'accident de voitures. Son désir-fantasme ultime: provoquer la mort d'Elizabeth Taylor au sein d'un crash des plus minutieux.
Ballard ne ménage pas son lecteur avec ces nombreuses scènes pornographiques hallucinées et marque un fait toujours d'actualité, cette hégémonie de la bagnole.
Voiture, sexe, mort, tout cela est marié dans une orgie de percussions, de tôles froissées, de corps meurtries, d'écoulement de liquides en tout genre, d'union de matières variées...
L'auteur s'explique par ailleurs dans sa préface sur ce que réprésente la science-fiction selon lui et sur ce qu'il a voulu transmettre avec ce roman en particulier.
"La fiction est déjà là. Le travail du romancier est d'inventer la réalité", nous dit-il.
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Vaughan, ancien présentateur télé totalement narcissique, au physique couturé de cicatrices après un accident de la route, traque jour et nuit les accidents de voiture, la vision des victimes meurtries par la ferraille qui lui procurent un plaisir érotique violent. Branché sur la radio de la police, porté par cette sexualité obsessionnelle et démente, il photographie, détaille, et jouit devant les images des calandres arrachées et des blessures humaines ; et il fantasme sans fin sur un accident qui déchiquèterait les chairs d’Elisabeth Taylor.
Le narrateur de « Crash ! », lui-même appelé James Ballard, après son implication dans un accident de voiture, se transforme. Il commence lui aussi à percevoir le potentiel sexuel des catastrophes routières. Il devient obsédé par Vaughan, ne peut plus s’en défaire.
Le récit est dur, dérangeant, fascinant, comme une anthologie des perversions possibles. Déchirements de la chair, blessures comme des orifices, liquides et secrétions qui sont exposés sans cesse à notre voyeurisme, avec des scènes de sexe comme ritualisées, un choix des mots brutal et sans sensualité.
On imagine le scandale que put provoquer Crash en 1973, dans cet univers qui n’est pas vraiment le futur mais un monde juste au-delà des frontières de la folie du nôtre, un paysage-machine entièrement urbanisé, un monde comme une épave, violent, voyeur et suicidaire.
Inspiré par Genêt, par Burroughs, et par un monde moderne dominé par des technologies sinistres, par la pornographie et la paranoïa, Ballard déploie un éventail hallucinant de perversions, qui irritent ou fascinent, dans ce roman malgré tout porté par la beauté de son écriture. Finalement, on se retrouve piégé, voyeur enchaîné dans un récit mortifère.
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James le narrateur survit à un accident de voiture durant lequel il tue une homme. Né alors un fantasme de fusion avec la tôle froissée des véhicules accidentés, l'ultime acte sexuel étant l'accident frontal. A sa sortie de l'hôpital il refait sans cesse compulsivement le trajet de son accident, prés d'un échangeur d'autoroute à cotés d'un aéroport londonien (lieux de quasi toute l'intrigue). Au départ il se contente de tromper sa femme avec la veuve également survivante du crash, dans la même voiture, prés des lieux de l'accident. Puis à l'occasion de la reconstitution d'un accident spectaculaire, il fait la rencontre de Vaughan, qui le suis et le photographie depuis sa convalescence. Commence alors à se former un club de fétichistes d'accident de voitures, montant méthodiquement le projet d'un accident paroxystique. Vaughan a perfectionné ce vice dans des pratiques aussi frénétiques que transcendantales.
Ce livre est carrément pornographique, James semble assez troublé dans un premier temps par ses nouveaux kinks pour ensuite avec Vaughan en devenir un adepte fasciné, à la recherche d'un absolu esthétique et mystique.
La morale et la nature sont absentes, on est dans la fusion de la sexualité et de la technologie. Cette perversion ultime traduit pour moi parfaitement la fascination pour l'univers automobile et la violence inhérente à l'hubris de la vitesse, symptomatique du monde contemporain (et en particulier des hommes).
Le monde est réduit à une boucle qui fait le tour d'un aéroport, il n'y a que du béton du bitume et des carrosserie qui sont là pour transformer des corps indemnes et baignés d'ennui en interfaces bardées de cicatrices, jouissantes et suicidaires. La répétition des scènes de sexe, de description de carrefour embouteillé et de véhicules accidentés créée un effet insoutenable d'érotisme et de malaise.
La trilogie du béton, dont "Crash!" est le premier opus, semble illustrer à merveille cette citation de W. Benjamin :
"L'humanité est devenue assez étrangère à elle-même pour réussir à vivre sa propre destruction comme une jouissance esthétique de premier ordre."
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Compteur, vinyle, pétrole, carrosserie, moteur, cristal, chrome. Chaque mot de ce roman devient érotique. Sperme, désir, dent, aréole, courbure, blessure, plaie, cicatrice. Chaque attaque de la chair par le métal signe la victoire de l’homme. Les fusées, les avions et les automobiles pourront bien fondre sur nous dans l’espoir de nous réduire en monceaux de tripes écrasées et de visages défigurés, elles ne disposent pas de ce désir ardent qui aide l’homme à se composer un avenir toujours triomphant malgré les blessures infligées.
La déviance n’est pas une perversité gratuite, c’est ici le don des survivants offert à ceux que le progrès et la vitesse ont trompés sans merci.
« A l’aide de nos cicatrices, nous avons célébré la renaissance des massacrés de la route, la mort et les blessures de tous ceux que nous avions vus agoniser sur un bas-côté, les lésions fictives et les attitudes des millions qui mourraient encore. »
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Lecture à peine finie. j'avais vu le film de Cronenberg (réalisateur que j'adore) il y a quelques années.
J'ai beaucoup aimé le film, j'ai énormément aimé le livre.
Etant particulièrement fan des récits traitant des déviances psychologiques, souvent générées par des traumatismes on peut dire qu'avant même de commencer j'étais un client adapté à ce type d'histoire.
C'est brut, direct, cru par moments, il ne faut pas le nier et il faut même prévenir que la part de glauque peut vraiment décontenancer un lecteur qui ne serait pas informé. J'ai un peu pensé à du Burroughs dans la description des personnages et ce style si direct et acéré de l'écriture.
Il demeure une violence, une lourdeur brutale dans le récit, je n'ai jamais été à l'aise mais je n'ai pu m'empêcher de lire, comme justement cette sorte de curiosité un peu malsaine que je n'ai pourtant pas habituellement mais qui pousse les automobilistes à s'arrêter pour regarder l'accident.
Cela pousse à la réflexion sur les causes qui nous déterminent suite à un choc, les modifications de nos comportements, de nos envies. j'ai beaucoup beaucoup aimé.
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