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Critiques de James M. Cain (138)
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Le facteur sonne toujours deux fois

J'ai passé un très agréable moment avec ce roman. Une écriture sans fioriture, sans volonté d'effet littéraire autre que celui de retranscrire la langue âpre de son narrateur principal, mais une écriture très rythmée, très directe : vous êtes en prise tout de suite, il n'y a pas de phase de transition ou d'adaptation. Une écriture coup de poing, en somme. Vous n'y trouverez pas de ces belles phrases qu'on a envie de noter et de retenir tout bas dans un coin de sa tête.



Cependant, l'auteur, James Cain, n'a pas que son type d'écriture à offrir au lecteur : il nous sert également une construction très élaborée où, comme le titre l'indique, tout semble dédoublé : 2 tentatives de meurtres, 2 femmes, 2 fuites du personnage principal, 2 accidents de voiture, 2 chats, 2 procès, 2 rencontres avec l'assistant de l'avocat, 2 engagements du héros dans la station-service, les Chênes-jumeaux, etc.



Pourquoi deux ? Qu'est-ce que cela a à voir avec ce qui semble être le propos véritable de ce roman ? Ça, ce n'est pas clairement spécifié dans l'ouvrage et ce sera donc à chacun d'y apporter, si possible, une réponse propre. Voilà quelque chose qui m'intéresse bigrement. Au départ on croit avoir un polar entre les mains, et puis, en fin de compte, on réalise qu'on a peut-être beaucoup plus : tout dépendra de nous et de ce que nous voudrons bien injecter dans la réflexion autour de cet ouvrage.



Alors vous vous doutez bien que ce que je vais écrire à présent n'engage absolument que moi. Il s'agit de mon propre ressenti, de ma propre interprétation, et, bien malin celui ou celle qui pourrait se targuer d'avoir compris absolument le sens de ce que l'auteur à voulu nous dire. D'ailleurs a-t-il spécifiquement cherché à nous dire quelque chose ? Rien n'est moins sûr, mais je vois là la marque des grands romans, la trempe de ceux qui dépassent parfois le projet littéraire de leur auteur.



Eh bien je crois que le Facteur sonne toujours deux fois s'inscrit dans cette catégorie. On peut le lire comme un polar, comme un roman noir, mais aussi comme une réflexion tout autre sur la dualité qui nous habite tous. Et là, on n'est peut-être plus si éloigné d'un écrivain aux 3/4 philosophe tel que Milan Kundera. Sommes-nous réellement nous lorsque nous agissons ? Ne sommes-nous pas constamment la combinaison de deux pulsions contradictoires qui se déchirent en nous aux moments des choix cruciaux de notre existence ?



Car il me semble là, le vrai sens de ce bouquin : on se questionne, on tergiverse, on échafaude, on croit que c'est la seule chose à faire et puis on fait la chose. Alors la chose en question se déroule, pas toujours — pas souvent même — comme on l'avait voulue, et le petit bout de nous même qui avait perdu la bataille lors de la prise de décision repointe subitement le bout de son nez et nous crie dans le moelleux, à l'intérieur de nous même : « Tu vois bien, fallait pas faire ça ! Je te l'avais dit et t'as pas voulu écouter… »



Ou bien alors tout se déroule exactement comme on l'avait prévu mais un blocage en nous apparaît, un engrenage se grippe, un bout de nous même s'insurge. On était bien certaine d'avoir le cran requis et puis voilà qu'au moment de vérité, on se rend compte qu'on ne peut pas, on a un pieu dans l'estomac, un pli qui se forme dans le cerveau, subitement un coup de blizzard dans le dos et sur les tempes : on n'y arrive pas, on n'y arrive plus… et cet étau qui nous serre la carcasse…, si fort que c'en devient insupportable…



Alors, devant le fait accompli, on apprend un peu du secret serti en nous même ; on connaît maintenant un petit bout supplémentaire du nous même qu'on ne connaît jamais tout à fait. On fait connaissance ; on se dit : « Tiens ! t'étais là, toi ? Je t'avais jamais remarqué. Bah… enchantée. Faute de mieux, faute de pouvoir faire sans, on va devoir faire avec, ensemble quoi, que ça nous plaise ou non… » Je crois bien qu'on passe en réalité notre vie à apprendre à nous connaître, à nous déchiffrer nous-mêmes de l'intérieur. Et je ne vous parle même pas de la gageure d'apprendre à connaître et déchiffrer les autres…



Voilà, en très gros, en très schématique, l'impression que ce roman a suscité chez moi. Plein d'autres personnes vous diraient probablement tout autre chose à son propos, et c'est là encore la marque des grands romans, d'être d'une richesse d'interprétation telle que nulle lecture ne se ressemble tout à fait en fonction du lecteur ou de la lectrice qui l'entreprend.



L'histoire commence dans un camion qui remonte la Californie en venant du Mexique au début des années 1930. Franck Chambers, un resquilleur qui s'est glissé sous la bâche du véhicule, s'en fait sortir manu militari sitôt que les conducteurs aperçoivent son pied endormi lors d'une halte dans une taverne quelconque, dite " des Chênes-jumeaux ", genre de station-service sise dans un bled quelconque, quelque part sur la grand' route qui griffe la Californie du nord au sud.



Franck Chambers se retrouve là, sans le sou, sans programme et sans perspective. Le patron de la baraque, un Grec nommé Nick Papadakis, lui demande si par hasard il n'aurait pas des connaissances en mécanique car il aurait furieusement besoin d'un mécano. Chambers, précisément, trifouille des moteurs et des boîtes de vitesse depuis l'enfance, à croire qu'on lui faisait ses bains à l'huile de vidange.



Une minute et une poignée de main plus tard, Franck est embauché. Nick l'invite dans la taverne et lui présente sa femme, Cora. Entre elle et lui, dès le premier regard, un courant électrique circule et…



… et la suite ce n'est sûrement pas à moi de vous la raconter. Sachez enfin que c'est un ouvrage que j'ai trouvé remarquable tout pendant que l'auteur semblait vouloir s'affranchir des règles de la morale, c'est-à-dire, grosso modo, jusqu'à l'avant-dernier chapitre. Le dernier chapitre était sans doute, en ce qui me concerne, le chapitre de trop, celui où l'auteur essaie à toute force de nous faire croire qu'il se soucie des bienséances.



Pour moi, c'est dommage, d'où mon petit bout d'étoile que je lui retire sur la ligne d'arrivée. Mais je vous invite vivement à consulter d'autres avis à propos de cette oeuvre pour vous en faire une meilleure opinion et, pourquoi pas, de la lire, tout simplement, ce qui reste la meilleure chose à faire pour savoir quoi penser d'un livre.



Car souvenez-vous, chers facteurs, et plutôt deux fois qu'une, ceci n'est qu'un avis, un sur des milliards, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Le facteur sonne toujours deux fois

Après ces quelques jours passés à San Francisco sur le divan capitonné du bon docteur Yalom, me voici sur les routes poussiéreuses de la Californie en compagnie de Frank Chambers le personnage principal du premier roman écrit par James M. Cain en 1934.



Quel bourlingueur que ce Chambers toujours par monts et par vaux, incapable de se fixer quelque part ! Son penchant pour l'alcool et son coup de poing facile l'ont déjà conduit plus d'une fois derrière les barreaux.

Dans l'impossibilité de payer son repas, il a quand même accepté ce travail de pompiste que lui a proposé Nick Papadakis le patron d'un restaurant situé à vingt milles de Los Angeles.

La route l'appelle et l'attire mais plus encore les lèvres de la troublante Cora :



“Je l'ai prise dans mes bras et j'ai écrasé ma bouche contre la sienne…

Mords-moi ! mords-moi !...

Je l'ai mordue. J'ai planté mes dents si fort dans ses lèvres que j'ai senti le sang gicler dans ma bouche. Il coulait sur son cou quand je l'ai portée au premier étage.”



Sauf le travail, les choses ne traînent jamais avec Frank Chambers. Débarrasser Cora de ce mari graisseux et puant est largement dans ses cordes...



Le lecteur se laisse d'emblée captiver par ces amants tout feu tout flamme. S'il se doute très vite que le pauvre Papadakis ne va pas faire de vieux os, il est loin d'imaginer la tournure des événements.

Ce petit livre écrit sous forme de confessions est un classique du genre et l'éphémère rédemption de Chambers, l'anti-héros, est comme un rayon de soleil dans un ciel bien sombre.



Le titre métaphorique, “Le facteur sonne toujours deux fois”, est génial et digne du meilleur publicitaire.

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Le facteur sonne toujours deux fois



Aucun thriller n'a connu autant de versions filmées que James M. Cain's "Le facteur sonne toujours deux fois" de 1934. J'ai un peu cherché et j'en ai trouvé 7 (sept).



En ordre chronologique cela donne :

1) En 1939, "Le dernier tournant" un film français de Pierre Chenal avec l'inoubliable Michel Simon ;

2) En 1943, "Ossessione", un film italien de Luchino Visconti ;

3) En 1946, le premier classique américain au titre du livre avec Lana Turner comme Cora Smith et John Garlield comme Frank Chambers ;

4) En 1950, la seconde version italienne "Cronaca di un amore" de Michelangelo Antonioni ;

5) En 1981, le second classique américain avec le même titre, réalisé par Bob Rafelson avec Jessica Lange dans le rôle de Cora et Jack Nicholson jouant Frank ;

6) En 1998, une version hongroise de György Fehér avec le beau titre de "Szenvedely" qui veut tout simplement dire "Passion" et

7) En 2008, une adaptation allemande de Christian Petzold, intitulée "Jerichow" qui est le nom d'une ville en Saxe Anhalt.



Outre les films, James M. Cain a écrit une version théâtrale de son roman qui a connu 72 présentations dans un théâtre à Broadway, New York.

Finalement, un opéra a été présenté en 1982 à Saint-Louis sur la base d'un libretto écrit par Colin Graham et une musique originale conçue par Stephen Paulus. Le tout fondé sur l'édition du livre de Cain de 1934.



Et dire que ce roman a été interdit dans plusieurs pays pendant tout un temps à cause des scènes de violence et de sexe. Pauvre James M. Cain !

Pendant ce temps, Outre-Manche, un critique cinématographique vantait le thriller comme "The best film noir of All Times". La version américaine de 1946 avec la séduisante Lana Turner évidemment.



Je présume que la plupart d'entre vous aient lu le livre ou vu l'une ou l'autre version filmée ou 2 comme moi, qui ai vu celle de 1946 lors d'une rétrospective comme étudiant à Louvain et la version Nicholson-Lange comme des dizaines de milliers d'autres tout bêtement au cinéma du coin.



D'après mes archives, j'ai lu le roman en août 1963 en livre de poche.

Impressionné, j'ai continué avec son "Coups de tête" ou "The Moth", "Galatéa"; "Double Indemnity", etc.



Sur Babelio, le livre a reçu 38 critiques, dont seulement 4 défavorables, qui reprochent essentiellement l'aspect "vieux jeu" de l'ensemble. Il y a 87 ans que le roman fût publié et je pense qu'il convient de situer le roman dans son contexte historique à la lumière des moeurs d'avant-guerre.



Je ne vais pas résumer l'intrigue bien sûr, mais terminer par une phrase qui m'est restée comme représentative de l'atmosphère : Enlever la femme à quelqu'un ce n'est rien, s'accaparer de sa bagnole... c'est du vol.

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Le facteur sonne toujours deux fois

Méfiez-vous de l'eau qui dort

*

J'ai trouvé ce roman dans la boîte à lire de mon quartier (une très vieille édition datant de 1948 , dans un papier assez épais). Connaissant cet auteur américain par Mildred Pierce que j'ai tellement apprécié, j'ai voulu poursuivre avec ce classique du hardboiled , adapté en film.

Un titre énigmatique mais comble du comble, il n'a aucune signification avec le récit. Apparemment, n'ayant pas eu le succès lors de sa recherche d'éditeur, l'auteur a eu une lettre positive que lors de son deuxieme essai.

*

Un format court du roman noir classique des années 30-40 , dans la période prolifique du cinéma d'Hollywood.

Le style est épuré et sec. On peut visualiser les scènes facilement. Un scénario simple, efficace avec des twists qui tombent juste. Je me rend compte qu'il n'y a pas besoin d'écrire des choses alambiquées et compliquées pour une bonne intrigue. La preuve ici. Les dialogues sont vifs, percutants.

Il se dégage aussi une certaine sensualité avec le personnage féminin, je la perçois comme une femme fatale qui n'a aucun scrupule mais qui est aussi naïve. Le personnage principal masculin vu comme un gars simple se densifie au fur et à mesure de ses frasques.



Le crime parfait, vous y croyez? La morale à la fin de l'histoire vous le dira.

Un petit indice : immoral ....

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Le facteur sonne toujours deux fois

Le facteur sonne toujours deux fois reste définitivement dans le panthéon de mes lectures nord-américaines, aux côtés de Des souris et des hommes, Vol au-dessus d'un nid de coucous et 1275 âmes, entre autres.

Littérature de l'aventure, avec vue sur les immensités d'un pays neuf.

Le récit est âpre, animal, sauvage à l'image de Frank Chambers.

Frank Chambers, sorte de "tramp" de l'Amérique des années de crise.

Frank Chambers, échoué dans cette station-service où va se nouer le drame.

Chambers, symbole de l'avidité et aspirant au bonheur quitte à passer par le crime.

Frank Chambers, admirablement interprété par Jack Nicholson dans un film d'anthologie.

Et puis Cora, la femme de l'histoire... comme une fleur qui s'étiole das cette station-service où Chambers vient la cueillir.

Cora, que Jessica Lange jouera aux côté de Nicholson.

Récit à la fin triste et grise, un peu comme le sera celle du salaire de la peur (français, celui-là) qui laisse un sale goût au fond de la bouche du lecteur.
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Assurance sur la mort

Un classique du roman noir? Pour moi plutot un classique de la “pulp literature", des “romans de gare".



Classique parce qu'il surpasse le genre et se detache du lot.



Classique parce que deux ans apres “Le facteur sonne toujours deux fois” Cain recidive avec une trame du meme genre et en fait un prototype etalon, un schema exemplaire que d'autres auteurs de pulp et de noir s'empresseront de copier: une “femme fatale” veut se defaire de son mari pour heriter son argent ou vivre un amour de passage, s'acoquine avec un homme faible ou qui se croit tres fort, et fera avec lui une descente aux enfers programmee d'avance. C'est la femme fatale qui est indispensable dans ce sous-genre, pas l'enqueteur, le policier ou le truand, et Cain est un de ses premiers et de ses meilleurs exposants.



Classique parce que le narrateur est l'assassin et toute l'histoire est racontee de son point de vue, ce qui paradoxalement peut amener le lecteur a ressentir de l'empathie envers lui bien qu'en aucun moment il ne nie ses intentions criminelles.



Classique parce que la demarche de l'enqueteur n'est que supposee ou percue par l'assassin et de toutes facons n'a aucune importance. Demasquer le ou les assassins? Comprendre ses ou leurs mobiles? Decouvrir comment ils ont agi? Aucune importance. Ici il s'agira de rendre compte peu a peu de la puissance de nuisance de la femme fatale. Pour tous autour d'elle comme pour elle-meme.



Classique parce que Cain excelle a rassembler en peu de pages beaucoup des constantes typiques du genre noir (qui deviendront apres lui constantes typiques): une cupidite sans bornes; une capacite de mentir, de mystifier, de pigeonner, illimitee; une misogynie qui va de pair avec des passions bouillonnantes; une vision desesperante de la condition humaine dans une societe organisee et regentee cyniquement. Le tout servant a creer un climat oppressif.



Classique par sa critique du capitalisme a travers la denonciation des agissements des compagnies d'assurances. Critique qui deviendra aussi avec le temps une des constantes du polar noir.



Classique enfin surtout parce qu'a la place d'une action trepidante, Cain met en place une sorte de jeu de strategie, privilegiant la planification, le deploiement, et le denouement de l'action.



Et la fin, classique? Etonnante ou esperee, fatidique, la fin prend figure de chatiment divin, oeuvre des cieux ou des tenebres.



Bon, c'est pas tout, ca, ce qui est vraiment classique c'est le film qu'en a tire Billy Wilder en 1944. Si mes souvenirs ne me trompent pas, le film est meilleur que le livre. Mais le livre vaut quand meme une lecture.

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Mildred Pierce

Coup de coeur !



Pour un roman guère épais (environ 300 pages), il s'en passe des choses dans la vie de Mildred Pierce, une femme courageuse qui prend son destin en main dans la Californie des années 30, plongée dans la crise financière, en pleine Prohibition. Vous l'aurez compris, le contexte n'est pas rose et derrière les murs des maisons calibrées des lotissements, ce sont des drames humains qui déroulent leur cortège d'illusions perdues, de déceptions et de rêves avortés.



Mildred est jeune, forte et elle possède de jolies jambes. Fraîchement divorcée et mère de deux fillettes, il lui faut rapidement trouver un travail sauf qu'elle ne sait pas faire grand-chose d'autre que le ménage et les tartes. Justement, les bonnes tartes se font rares sur les tables des restaurants et Mildred tient peut-être là sa seule carte à jouer. Entreprenante, elle est prête à tous les combats malgré les heurts de l'existence.



Portrait sans concession ni affectation d'une femme confrontée à la nécessité, déterminée à façonner sa propre réussite. Impossible de ne pas ressentir d'empathie pour Mildred, autant que d'aversion pour sa fille Veda dont les caprices de diva hérissent la patience du lecteur. Un très beau travail mené par l'auteur pour donner à ce difficile rapport mère-fille une véracité cruelle.



Enfin, je vous recommande la très bonne adaptation du roman par HBO, à travers une série en cinq actes où Kate Winslet campe une Mildred Pierce époustouflante, dans un décor rétro à couper le souffle.





Club de lecture mai 2017 (en retard, une fois de plus !)

Challenge 1914-1968 2017

Challenge MULTI-DÉFIS 2017

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Le facteur sonne toujours deux fois

Ouch, c'est du brutal ! Pas étonnant que le cinéma ait fait de ce vieux polar des années 30 un classique du film noir car tous les ingrédients bien rudes, bien glauques et bien passionnels sont là : un jeune et beau vagabond, un snack perdu sur une route de Californie, une beauté brute derrière son bar déterminée à sortir du lot, le mari victime, un chat dans la nuit ; la relation passionnelle mêlée de crime et de peur, les juges et les avocats véreux, les compagnies d'assurance, le soleil brûlant ; l'envie de la bonne fortune, l'appel de la route, la rédemption impossible…



Et c'est un régal à lire ce court roman en forme de confession, sans un mot de trop, ‘to the point', qui nous embarque haletant dans l'enchaînement implacable des faits, rien que des faits.

C'est brut, c'est chaud, c'est immoral, c'est tragique : une tranche de noir qui vous laisse une balafre bien nette en travers des yeux.

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Assurance sur la mort

Comment réussir une parfaite arnaque aux assurances ?

En étant agent d’assurance soi-même, tout simplement !



C’est en tous cas ce que pense Walter Neff lorsqu’il rencontre la troublante Phyllis Dietrichson.

Ensemble, ils décident d’assassiner le mari encombrant ce qui leur permettra d’encaisser le chèque de sa police d’assurance qu’ils auront préalablement pris soin de lui faire signer.

On se retrouve rapidement confronté à des personnages immoraux, manipulateurs, parfaitement brossés par l’auteur.



Walter orchestre tout jusqu’au moindre détail, anticipant les réactions et les interrogations de sa compagnie d’assurance.

Ce couple infernal est au fond très attachant, j’ai adoré les détester, je me suis surprise à espérer une totale réussite de leur folle entreprise, leur permettant de vivre d’amour et d’oseille pour le restant de leurs jours.



Si comme moi vous flashez sur la somptueuse couverture des Editions Gallmeister, foncez, vous ne serez pas déçus.







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Le facteur sonne toujours deux fois

STOP. Je rembobine le film. REPLAY. Jessica Lange sur la table de la cuisine couverte de farine – une tarte aux pommes ? la reine des pommes – et moi la prenant dessus par devant ou derrière, mes souvenirs restent vagues sur le sujet. (oui, je sais, avant il y a eu Lana Turner, mais je ne l'ai pas vu ; d'ailleurs petit aparté, qui a revu Jessica Lange depuis qu'elle s'est faite violer par King Kong ?). Parce que c'est l'histoire d'un paumé, dans un trou perdu d'une Californie poussiéreuse. Elle fait du pain perdu dans son restaurant du bord de route. Avec le grec, Demis Roussos, Papadiamandis ou Nick Papadakis (peu importe, les grecs se ressemblent tous, poilus comme des grizzlys. Nouvel aparté, de tout façon t'es pas pressé, Nana Mouskouri est née la même année que le roman, ça te donne une idée du siècle dont l'histoire se découle). Sauf que le Nick, un peu macho, il n'est pas franchement à la bonne pour satisfaire les pulsions de la belle Cora (qui ne travaille pas dans un supermarché – puisque je t'ai déjà dit qu'elle cuisinait dans ce petit routier du bord de route au milieu de la poussière et des cactus). Et moi, Cora, elle me botte un max. Surtout depuis que j'ai vu que King-Kong voulait se la faire.



2 mecs, 1 nana 1 bison. Y'en a un de trop. Et c'est pas le Bison. Ni même Cora. Non. Faut se débarrasser du grec (de toute façon, à part nous apporter des kebabs ou des migrants, à quoi ils servent – note d'humour parce qu'en fait j'aime bien leurs yaourts). Une baignoire, une clé anglaise, un escabeau, une corniche, j'ai que l'embarras du choix. Parce que Cora, je l'ai dans la peau. Une putain d'envie de la baiser sur la table de la cuisine et de la couvrir de farine à m'en prendre pour Jack Nicholson (tu ne trouves pas que j'ai le même physique ? Non, tant pis). L'amour fou, l'amour sauvage, l'amour bestial. Comme je l'aime.



Et peu importe, si j'ai pas un drachme, encore moins de dollars, je te l'emmènerai bien vagabonder à travers les routes poussiéreuses de Californie ou du Nouveau Mexique. California Dreamin'. Avec Cora, la vie ressemble à ce putain de rêve où cette putain de nana me suivrait jusqu'au bout du monde ou en Enfer, là où le diable en comparaison serait un saint face à ma dévotion sexuelle à lui procurer du plaisir. Je suis comme ça, moi, face à une bonne nana, totalement altruiste.



Mais bon, tu n'es pas là pour lire mes divagations orientées, ce roman est un vieux parchemin à lire et à savourer. Il glisse tout seul comme un bon whisky 16 ans d'âge. Une vraie et putain de bonne surprise dans la tradition classique des romans noirs, deux hommes une femme un homme de trop et l'amour dans tout ça qui dérègle le comportement échaudé des hommes et la femme dans tout ça une pure chaudasse belle et manipulatrice je comprends que King Kong en soit tombé amoureux.



On sonne à la porte. Je prends le temps de finir mon pur malt, le majeur entre les cuisses de Cora. Ça doit être le facteur qui vient pour me vendre les invendus de ses calendriers de l'année dernière. Il peut attendre, je ne vais pas laisser mon verre se réchauffer, encore moins refroidir les cuisses de Cora. de toute façon, « le facteur sonne toujours deux fois ».
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Le facteur sonne toujours deux fois

« The Postman Always Rings Twice » (en français, « Le facteur sonne toujours deux fois ») est un polar écrit en 1934 par James Cain. Dans la collection Le Livre de Poche, l'ouvrage, édité en 1957, fait 185 pages. La quatrième de couverture, un extrait de la superbe préface écrite par Irène Nemirowsky, donne de suite le ton : « Littérature brutale, ardente, fiévreuse et frénétique, sans une once de raffinement, littérature-en-coups-de-poings, qui plait malgré cela, ou à cause de cela, selon les tempéraments... On y goute quelque chose de sain, de vif et de fort qui ne se trouve actuellement nulle part ailleurs. »



L'histoire est d'une simplicité enfantine. Franck, la trentaine, vagabond et routard invétéré, court après son bonheur. Un jour, il rencontre Cora à la Taverne des Chênes-Jumeaux, une gargote comme il en existe des milliers le long des routes californiennes. Cora est mariée à Nick Papadakis, un Grec sympathique, dotée d'une belle voix de ténor, adorant chanter au milieu des voitures qu'il doit réparer (Nick est garagiste). Cora et lui tiennent un restaurant routier attenant au garage. Cora vit aux côtés de Nick qu'elle trouve gras, puant et trop routinier pour elle. Ayant travaillé pendant deux ans dans une cantine de Los Angeles, Cora a gagné un concours de beauté organisé par l'école supérieure de Des Moines. Décidée à prendre le premier type un peu fringué qui se présentera, Cora réalise que Franck peut lui ouvrir de nouvelles perspectives, moins monotones. Cora séduit Franck et le décide à l'aider à se débarrasser de Nick. Comment ? Simple : l'assommer avec un sac à sucre bourré de roulements à bille pendant qu'il prend son bain dominical dans la baignoire ; ensuite, lui plonger la tête sous l'eau, le noyer, se débarrasser du sac, appeler un docteur et faire constater le décès de Nick par noyade accidentelle (il a glissé, s'est fracassé le crâne et s'est noyé). Pas mal imaginé, sauf que … ça rate : le Grec en réchappe avec un fort traumatisme crânien. Qu'à cela ne tienne, Cora et Franck organisent un faux et banal accident de la route : deux types ivres (Franck et Nick), de l'alcool versé dans la voiture, une bouteille pleine servant de casse-tête pour que Franck fracasse le crâne de Nick, une voiture dont Franck enclenche la marche avant et qu'il précipite dans le ravin, bref « un assassinat si stupide que ça ne serait plus un assassinat ». Et bien, ça marche ! Nick meurt, broyé dans la voiture qui plonge dans le ravin, mais Franck, en sautant au dernier moment de la voiture, se blesse grièvement. Cora appelle les secours et Franck est soigné à l’hôpital. La police mène l’enquête. Sackett et Katz, ennemis jurés, avocat retors et agent d'assurance filou, essayent chacun de faire pencher la balance à leur avantage : est-ce que Nick avait contracté une police d'assurance de 10 000 $, ce qui expliquerait que Cora l'ait tué avec l'aide de Franck ? Franck et Cora répètent entre eux, et plusieurs fois, les réponses qu'ils doivent donner aux enquêteurs mais ceux-ci les dressent l'un contre l'autre : si ça n'est pas lui qui a fait le coup, alors c'est elle, ou réciproquement ! Cora flanche et avoue la vérité à Katz, mais Katz suggère à Franck de réclamer des dommages et intérêts à la Compagnie d'assurances. Sackett accepte. Franck ne sera donc pas accusé d'homicide par imprudence, ce sera un accident : en contrepartie, il n'y aura pas de dommages et intérêts. Tout est bien qui fini bien ? Cora et Franck s'en tirent par un non-lieu. Mais Cora, qui est enceinte (oui, Franck et elle n'ont pas su résisté à l'appel de l'amour) depuis plusieurs semaines, se sent mal alors qu'elle sort d'une baignade prolongée en mer : Franck l'emmène aux urgences. Paniqué, il roule trop vite et tente un dépassement malheureux : c'est l'accident. Franck en réchappe par miracle, mais Cora est tuée sur le coup. Franck est alors condamné pour le meurtre de Cora. Pourquoi ? Il avait eu, pendant une absence de quelques jours de Cora qui était allé voir sa mère malade, une liaison avec Magde, une éleveuse de pumas. Franck révait de poursuivre sa vie sous de nouveaux horizons ; il n'en pouvait plus de la pression qu'exerçait Cora sur lui, Cora qui voulait à tous prix agrandir le restaurant routier avec une terrasse où on vendrait de la bière, ce qui signifiait des frais et des servitudes inacceptables pour le vagabond né qu'il était demeuré. Et pour aller, libre et fortuné, vers de nouveaux horizons, il fallait évidemment que Franck se débarrasse de Cora. CQFD.



Je ne vous raconterai pas la fin mais ce livre fort, plein de noirceur, sans digressions, bourré de rebondissements, intense, bien écrit, court et bien construit vous séduira. Les personnages sont attachants. Le récit à la première personne donne l'impression d'une confession désabusée. Morale de l'histoire ? Le crime parfait n'existe pas ; on est toujours rattrapé par la fatalité. Franck et Cora sont deux êtres simples (les dialogues sommaires et populaires s'accordent à merveille à cette caractéristique), deux êtres en perdition, malmenés par la vie. Le côté sensuel, vivant, pour ne pas dire torride de Cora vous étonnera peut-être mais James Cain écrit sans voyeurisme, avec beaucoup de pudeur. Au bout de l'adultère, un crime et un châtiment … pour punir un innocent. Ironie du sort, vous ne trouvez pas ? Superbe ouvrage : je mets cinq étoiles.
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Le facteur sonne toujours deux fois

Un livre fort, lu il y a très longtemps et dont j'ai gardé un excellent souvenir. Beaucoup de noirceur dans ce roman. J'avais vu une version cinématographique éponyme de ce policier, très proche du roman, très bien filmé, rempli de suspens. Un grand classique du roman policier de la première partie du 20 ème siècle. A lire absolument, ce n'est pas une perte de temps!
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Assurance sur la mort

Publié en 1936 et ré-édité aux éditions Gallmeister, « Assurance sur la mort » est un petit bijou de concision et d’humour noir. L’intrigue rondement menée, le style sans fioritures de l’auteur dissimulent la véritable ambition du roman, une plongée aux cœurs des ténèbres de l’âme torturée de la troublante Phyllis Nirdlinger.



L’agent d’assurance chevronné Walter Huff rend visite à une potentielle cliente, la séduisante Madame Nirdlinger. Cette dernière lui soumet le projet de souscrire une assurance vie pour le compte de son mari, sans prendre le soin d’en informer l’intéressé. Walter Huff en a vu d’autres, et détecte aussitôt la tentative de fraude à l’assurance que la femme fatale est en train d’échafauder.



Et pourtant, séduit par l’appât du gain, la sensualité vénéneuse qui émane de Phyllis, et la beauté formelle de l’anarque parfaite, Walter décide de devenir le complice de l’épouse sans scrupules. Il lui soumet le plan idoine, qui permettra de toucher la généreuse prime allouée par l’assurance, tout en déjouant la sagacité des enquêteurs qui ne manqueront pas de tenter de déceler une éventuelle escroquerie.



Si les deux complices deviennent rapidement amants et si le plan diabolique imaginé par Walter semble magistral, les rouages de la machination issue de la longue expérience d’agent d’assurance du narrateur vont pourtant se gripper. Et tout en levant peu à peu le voile sur la véritable nature de Miss Nirdlinger, le roman noir de James M.Cain va emporter les deux amants machiavéliques dans un tourbillon multipliant fausses pistes et véritables surprises.



« Assurance sur la mort » dont la notoriété doit sans doute au film éponyme de Billy Wilder sorti en 1944, semble de prime abord un roman caustique et ironique, qui repose sur un renversement de paradigme : un agent d’assurance expérimenté, habitué à détecter les fraudes à l’assurance, décide de monter lui-même et à son propre profit le plan parfait.



Et pourtant, à l’instar de son narrateur, James M.Cain brouille lui aussi les pistes. Le roman recèle ainsi une noirceur et une profondeur insoupçonnées, qui se nichent au creux de la psyché torturée de la ravissante Phyllis Nirdlinger, et se transforment peu à peu en un authentique voyage au bout de l’enfer.



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Le facteur sonne toujours deux fois

Le facteur sonne toujours deux fois est un titre plutot connu, par son adaptation deux fois au cinéma. J'avais donc envie de le lire et de découvrir au moins une adaptation cinématographique. Je me suis donc plongée dans le roman que j'ai vraiment beaucoup aimé.



On y fait la connaissance de Frank, un jeune homme qui débarque dans une petite station service restaurant et s'y fait embauché par Nick. Immédiatement, en voyant la femme de Nick, il y a une attirance entre les deux. Mais comment se débarrasser de Nick. Il projette donc de le tuer, la première fois et un échec mais la seconde aboutira. J'ai vraiment aimé ce projet, comment ils imaginent le crime parfait. J'ai adoré le procès, aux multiples rebondissements. Et puis après, il y a eu un passage un peu lent et long et puis cette fin rapide et tragique.



Le roman est vraiment très bien construit, très bien écrit. Il tient le lecteur en haleine. Les personnages sont attachants malgré cette folie meurtrière.



En parallèle donc j'ai visionné le film de 1946. On y découvre incarnant Cora, l'actrice Lana Turner qui est juste parfaite. A la fois mystérieuse et sensuelle. Sous les traits de Frank, c'est l'acteur John Garfield et encore une fois le casting est une réussite.



Le film est très fidèle au livre, on y retrouve de nombreuses répliques tiré du roman. C'est un film qui n'a pas pris une ride, j'adore vraiment les film en noir et blanc.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Le bébé dans le frigidaire et autres nouvelles

Cela faisait une éternité que je n’avais pas lu de Cain. Pour mes retrouvailles avec ce maître du noir, j’ai opté pour ce petit recueil qui regroupe 5 nouvelles.



« Le bébé dans le frigidaire », la nouvelle qui donne son titre au recueil, lance les hostilités de belle façon. Ce récit très bien troussé est un régal d’humour acide. La construction est remarquable et l’intrigue assez inattendue.

Dans « Pastorale », 2ème nouvelle du recueil, on retrouve des éléments classiques du noir en général et de Cain en particulier. En effet, la postérité de Cain est grandement due à ses personnages de femmes fatales. S’il n’a pas créé cette figure, il l’a clairement hissé au niveau d’archétype. Quand on pense Femme Fatale, difficile de ne pas avoir en tête la Cora du « facteur sonne toujours deux fois » (pour la version ciné, Lana Turner est la meilleure) ou la Phyllis de « Assurance sur la mort » (magistralement incarnée par Barbara Stanwick). On retrouve cet archétype féminin dans la nouvelle ainsi que la thématique, récurrente chez Cain, de la fatalité à laquelle on ne peut échapper.

Le hasard malheureux est encore au centre de la 3ème nouvelle intitulée « En route vers la gloire ». Cette histoire de taulard et d’évasion est très bonne également. Bien mené, parfaitement rythmé, ce récit est très plaisant.

J’ai été bien moins convaincue par « la prise de Montfaucon ». Ce n’est pas une mauvaise nouvelle mais je trouve qu’elle n’avait pas vraiment sa place dans le recueil. S’il s’agit bien d’un récit noir par sa tonalité, le contexte est tellement différent des autres nouvelles (la 1ère guerre mondiale, en France) que j’ai trouvé que ça détonnait trop avec le reste du recueil. Si cette nouvelle est plutôt intéressante par bien des aspects, elle ne m’a pas séduite.

Le recueil se clôt sur « le veinard », sans doute la nouvelle que j’ai le plus aimée. En la lisant, j’ai beaucoup pensé au film « l’empereur du nord » de Robert Aldrich, avec Lee Marvin, Ernest Borgnine et Keith Carradine (quel casting !), que j’ai vu récemment. Je sais bien que le film s’inspire d’un récit de London (qu’il faudrait d’ailleurs absolument que je lise) mais j’ai tout de même retrouvé dans la nouvelle de Cain ce même univers des hobos et leurs liens si particuliers avec les trains.



Renouer avec James M. Cain avec ce recueil m’a procuré beaucoup de plaisir. Je conseille vivement cette lecture aux amateurs de noir classique.

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Le facteur sonne toujours deux fois

Ne cherchez pas une signification au titre, ni de facteur dans l'histoire... L'auteur, James M. Cain lui-même, ayant indiqué avoir choisi ce titre à la dernière minute, étonné qu'un éditeur lui octroie enfin un contrat. Donc, pas de véritable sens à donner à ce titre pour le moins étrange.



Si ce roman ne raconte pas la vie dure d'un postier, il nous raconte un morceau de la vie de Frank Chambers, jeune "chômeur vagabond" de 24 ans, qui fait une halte dans une station-service-restaurant pour un repas.



Le patron, un grec du nom de Nick Papadakis, l'engage. Il tient son restaurant avec l'aide de sa belle jeune femme, Cora...



Là, je parie que vous voyez venir l'affaire qui est aussi grosse que le train postal Glasgow-Londres.



Et notre fringant ex-chômeur nous raconte, sans surtaxe, comment il est tombé amoureux de la femme du patron, rêvant qu'elle lui vérifie la colle de son timbre-poste. Attirance qui se trouve être réciproque. Elle aussi veut se faire cacheter la lettre.



Sans tarder, il lui glisse son colis postal dans la boîte aux lettres (celle munie d'une fente), il lui cachette le timbre poste, le lèche, le retamponne, vérifie le colis sous tous les angles, fait des dépôts en liquide et tous deux nous rejouent la mythique scène de "L'arrière-train sifflera trois fois" (-18 ans)...



Non, les images et les détails ne sont pas compris dans le livre. J'extrapole un peu sur les scènes, mais ils s'envoient bien en l'air.



Liaison passionnée, sadomasochiste, même, puisque lors de leur premier baiser fougueux, Cora demandera à Frank de lui mordre les lèvres, ce qu'il fera, jusqu'au sang... Dracula en aurait défailli de jouissance. Entre eux, ce ne sera que morsures durant leurs étreintes brutales et rapides.



Petit soucis dans leur romance timbrée et hautement sexuelle : le mari !



C'est là que nous remarquons que nous sommes en plein roman noir parce que, dans la collection Harlequin, le mari, voyant sa femme éprise d'un autre, aurait soit cédé sa place en pleurant de bonheur pour les deux tourtereaux, ou, au pire, demandé le divorce...



Avec un peu de chance, il aurait même eu un accident mortel, tout seul comme un grand, laissant par derrière lui une lettre dans laquelle il leur souhaiterait ♫ tout le bonheur du monde ♪... Oui, mais... On n'est pas chez Harlequin le champion de l'Amûûr, ici.



"Alors, on en fait quoi de mon graisseux de mari ?"

"Ben c'est tout simple, on le tue..."



Mais on entube pas... heu, on ne tue pas un grec aussi facilement que ça et notre ami survit au coup de la baignoire (Clo-Clo aurait apprécié que survienne la panne de courant, lui aussi).



Puisqu'il est gentil et un peu con, le mari ne remarque rien... La seconde tentative sera-t-elle la bonne ?? Nos expéditeurs veulent l'envoyer de nouveau ad patres, par recommandé cette fois-ci, avec accusé de réception de la part de Saint-Pierre.



Un mot, un geste, la Poste fait le reste... Signez ici pour l'âme du pauvre grec qui s'est quand même fait entuber.



On ne peut pas dire que ce livre pêche par un style littéraire utilisant les mots de plus de dix lettres du dictionnaire, ni que les dialogues soient d'Audiard, ils manquent même de descriptions de ce que font les protagonistes durant leur parlottes.



Malgré tout, la lecture se déroule sans accro, plus rapide que Chrono Post (pas difficile non plus d'être plus rapide que la Poste !).



Je pense que le style littéraire "un peu plat" est voulu, puisque c'est Franck Chambers qui nous raconte son récit juste avant de passer... Je ne vous dirai pas où !



On nagera dans le Noir, avec les tentatives de meurtres, le sexe bestial, l'envie,...



Avec un avocat retors et plus roublard que Perry Mason himself ! Un truc de fou où les agences d'assurances jouent leur grand rôle de faux-cul (elles sont faites pour ça).



Noir, parce que Franck Chambers est un gars qui a la bougeotte et que, une fois conquise la femme du grec, ben il n'aspire qu'à une chose : reprendre la route. Ils manquent même de séparer, la rancœur ayant cédé la place l'amûûr. Un comble alors qu'ils ont tué pour être ensemble.



Le noir, on s'y enfoncera jusqu'au genoux puisque deux coupables s'en sortiront... Et là où le Noir nous prendra à la gorge, c'est quand un innocent sera condamné à la potence. Ironie, quand tu nous tiens...



Qui avait dit "Tu ne convoiteras pas la femme de ton voisin ?".



Décidément, dans les polars noirs, les hommes tombent à cause du fait qu'ils ont été tremper leurs biscuits dans des tasses de café dans lesquelles ils n'avaient pas à aller touiller.


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Le facteur sonne toujours deux fois

Le facteur sonne toujours deux fois est un grand classique du cinéma . Alors quand j'ai trouvé en fouillant à la bibliothèque le roman de James M Cain dont il est l'adaptation j'ai eu envie de le découvrir ..

Première impression ce roman écrit en 1934 ne me laissera pas un souvenir impérissable, seules resteront les splendides images de Lana Turner.

Frank Chambers ne peut pas se fixer,depuis toujours il bouge d'un coin des Etats-Unis à un autre, il prend la vie comme elle vient. Aujourd'hui il est en Californie , le patron de la station service lui propose du travail , au moment de refuser il aperçoit une splendide brune en cuisine... Cora elle s'appelle, les dés sont jetés.

Ce classique du roman policier américain ne m'a guère convaincue. Est-ce l'écriture de M.Cain? est-ce une traduction désuète, est-ce le fonctionnement de la justice américaine qui m'a semblé obscure? Un peu l'ensemble me semble t'il. Au final pour une fois je dirais aller voir et revoir les adaptations cinématographiques et oublier le roman qui les a inspirés.
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Mildred Pierce

Mildred Pierce ou le portrait d'une femme courageuse sous la grande dépression, la démonstration de la ténacité de l'âme américaine dans l'adversité, l'amour indéfectible d'une mère?



Est-ce cela Mildred Pierce? Ou bien est-ce la parabole du vice fondamental du matérialisme américain, le portrait d'une opportuniste au coeur froid enragée à faire fortune, l'évolution inexorablement délétère d'une relation mère-fille venimeuse gangrenée par l'argent?



Les clés de lecture ne manquent pas dans ce formidable roman social de l'auteur du non moins formidable "Le facteur sonne toujours deux fois", que je découvre ici avec grand plaisir dans un registre différent mais porteur d'un regard toujours aussi noir et désabusé sur les fondements du caractère américain bien éloigné du glamour positiviste hollywoodien. Un régal!
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Le bébé dans le frigidaire et autres nouvelles

5 nouvelles de James Mac Cain écrites entre 1928 et 1932, avant qu'il ne soit l'auteur reconnu du facteur sonne toujours deux fois et de Sérénade (écrits en 1934 et 1936).

5 portraits de beautiful losers comme dirait L Cohen.

Duke, le garagiste restaurateur, se prend pour un dompteur de fauves mais il est dompté par sa femme Lura sous le regard guoguenard de son employé.

Burbie ne sait pas tenir sa langue ce qui le conduit direct en prison, mais au passage il aura profité des faveurs de la belle Lida.

Red Conley saura-t-il profiter de sa seconde chance après s'être évadé. Vous avez compris que non, bien sûr.

Pendant la première guerre mondiale, une estafette applique intelligemment les ordres de ses supérieurs, mais cela ne lui rapportera rien et c'est son copain Shep qui va se voir décoré.

Dans les trains de marchandises, les hobos ne sont pas à la fête. Surtout pas Ben Fuller qui a le chic pour se faire repérer par les inspecteurs.

5 nouvelles ciselées avec ce style inimitable qui restitue la gouaille de ceux qui n'ont jamais rien à perdre.

Un détail, la 4ème de couverture annonce 6 nouvelles alors qu'il n'y en a que 5.

Comme quoi on ne peut faire confiance à personne en ce bas monde.

De la même façon, les incipits des 5 nouvelles incitent à la méfiance :

"On venait de m'envoyer à la cuisine pour servir la bouffe des gardiens, pas celle des taulards comme on l'a dit à la radio."

"Ouais, bien sûr qu'y z'en ont parlé dans les journaux, de l'histoire qu'est arrivée chez nous, l'été dernier. Mais y z'ont tout mélangé, une vraie salade russe (...)"

Une lecture de canicule....appréciable






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Mildred Pierce

Mildred Pierce, femme au foyer et mère de famille de la classe moyenne dans le Los Angeles des années 30, décide de mettre à la porte son mari Bert, lassée de ses infidélités et des dettes qui s’accumulent.

La voilà propulsée dans le dur monde des femmes célibataires avec enfants à charge, elle qui ne sait au début mettre son orgueil dans sa poche finit, à force de travail, à créer sa propre entreprise et à passer de serveuse à gérante d’un, puis deux et enfin trois restaurants : "Ce n'était pas à elle qu'on pouvait raconter qu'on n'arrivait pas à s'en sortir, même avec cette Crise, quand on avait un peu de cran.".

Car Mildred Pierce n’a pas que des jambes affolantes, elle a aussi du courage et de la ténacité à revendre, outre le fait d’être une cuisinière hors pair et de maîtriser l’art délicat des pies.



Figure féminine du "self made man", cette femme a qui tout semble réussir a pourtant un obstacle dans sa vie, et de taille : sa fille Véda : "Elle avait peur de Véda, de son snobisme, de son mépris, de son orgueil invincible. Et elle avait peur d'autre chose qui semblait toujours être aux aguets sous l'élocution caressante, affectée de Véda : un désir froid, cruel, grossier de torturer sa mère, de l'humilier, et, par-dessus toutes choses, de la blesser.".

Véda n'est pas un cadeau, loin de là, c'est même un personnage fortement antipathique qui finira par causer la perte de sa mère, qui l'aime d'un amour fou et aveugle, et la fera choir de son piédestal.

Pourtant, des personnes ont essayé de mettre en garde Mildred : "Non, l'enfant ne vaut rien, moins que rien. C'est une garce.", mais Mildred avant d'être une femme est avant tout une mère qui se refuse à croire à la méchanceté profonde et à l'ingratitude solidement ancrée de sa fille : "Mildred se persuadait elle-même qu'elle faisait une gentillesse à Véda, mais Véda n'était pas de celles qui laissent un geste profiter à quelqu'un d'autre.".

Mais il n'y aura pas que Véda dans les mauvaises relations de Mildred, il faut aussi compter sur Monty Beragon, un dandy sans le sou qui croisera sa route, qu'elle aimera, qu'elle entretiendra, qu'elle épousera et qui la laissera criblée de dettes.

Ce roman illustre parfaitement le rêve américain, avec une mère qui cherche à donner le meilleur à sa fille et qui réussira dans la vie à force de ténacité, de courage et de travail.

A travers le personnage de Mildred Pierce, l'auteur traite de l'émancipation féminine et plus largement de l'émancipation d'une certaine classe sociale dans ces Etats-Unis d'avant guerre et d'après le krach boursier, mais une fois cette lecture achevée, j'ai la désagréable mais néanmoins légère sensation qu'il prouve aussi par-là qu'une femme ne peut totalement réussir et que l’univers est, une fois de plus, régi par les hommes.

Au final, ce sont les hommes qui gagnent plus que Mildred qui aura, au contraire, accumulée les erreurs de comportement et de jugement, en premier lieu envers sa fille : "Il ne lui vint pas à l'esprit qu'elle agissait beaucoup moins comme une mère que comme un amant qui, à l'improviste, découvre une preuve d'infidélité, et se venge.".

Belle histoire d'un amour cruel que nous raconte James M. Cain et ce, de façon sublime et attachante.

Car Mildred Pierce est un petit bout de femme attachant et il est très difficile de lâcher son histoire une fois commencée.

J'ai découvert ce personnage à travers le téléfilm où Kate Winslet campait une Mildred Pierce plus vraie que nature, ce qui m'avait donné envie de lire le roman.

Je dois dire que le téléfilm est extrêmement fidèle au livre et il me reste désormais à regarder la version cinématographique de Michael Curtiz avec Joan Crawford dans le rôle titre fournie avec le livre.



"Mildred Pierce" est un magnifique portrait de femme comme j'aime les lire et décrit avec justesse par un James M. Cain particulièrement inspiré qui signe-là un roman émouvant, attachant, drôle et triste qui fera date dans mes lectures et à qui je réserve une place toute particulière dans ma bibliothèque.
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