Jayne Ann Krentz

Les femmes confessent rarement leurs aventures à leurs époux, même si elles ont été prises de force. Elles ont trop peur que le blâme ne retombe sur elles. Et l’épouse de la Bête de Blackthorne Hall ne se risquera jamais à lui avouer qu’elle lui a été infidèle. Parce qu’elle sait bien que la Bête se vengerait sur elle.

Tattersall était en effet le principal marché aux chevaux de race de Londres, et l’endroit attirait les gentlemen comme les sucreries attirent les enfants. Ceux qui avaient les moyens, et même ceux qui ne les avaient pas, se livraient à d’âpres enchères pour les bêtes les plus spectaculaires.

En fait, je m’étais convaincu que je l’aimais quand je lui ai demandé sa main. Avec le recul, je pense que j’étais uniquement envoûté par sa beauté et par le fait qu’une femme aussi séduisante semble vouloir m’épouser. Mais tout ce que j’ai pu ressentir pour Deirdre Rushton est mort le soir où elle m’a avoué qu’elle n’avait accepté nos fiançailles que parce que son père l’y avait obligée, qu’elle était enceinte d’un autre homme et que ma vue la révulsait.

Elle ne maîtrisait toujours pas l’art de s’éventer avec coquetterie. En revanche, personne ne pourrait lui faire de reproches sur sa tenue, une magnifique robe de mousseline turquoise agrémentée de dentelles et de rubans blancs. Felicity s’était chargée de la lui choisir.

Ah, les premiers temps bénis du mariage, quand votre épouse ne voit que vos qualités ! Je n’ose imaginer ce que tu penseras de moi dans un an, Harriet.

Sa féminité résista un court instant à cette intrusion, avant de se refermer sur son membre.

Posséder Harriet à cet instant fut l’une des plus belles expériences que Gideon eût jamais connues. Car si la jeune femme était aussi prête à le recevoir que lors de leur nuit dans la grotte, il savait que, cette fois, il ne risquait pas de lui causer le moindre inconfort.

Que nous fassions l’amour aujourd’hui ou demain, cela ne change rien. De toute façon, c’est inévitable. Tu n’as pas besoin de me prouver l’honorabilité de tes intentions.

Il y a six ans de cela, j’ai oublié tout ce que je savais de l’amour. Cette partie de moi-même n’existe plus. Mais je te promets solennellement d’être un bon mari. Je veillerai sur toi et je te protégerai en toutes circonstances. Je te serai fidèle. Et tu ne manqueras de rien.

Je n’ai jamais pensé que tu étais incapable de te contrôler. Au contraire. Je n’ai jamais rencontré d’homme plus maître de soi que toi. Parfois, j’avoue même que cela m’inquiète. Si tu veux tout savoir, c’est la seule chose chez toi qui me dérange vraiment.

Si tu veux que nous ayons une chance de connaître un mariage à peu près serein, il va falloir que tu apprennes à être moins tyrannique et moins sarcastique. Je ne supporterai pas que tu dénigres ou que tu insultes quiconque s’approche de moi. Je ne m’étonne plus, aujourd’hui, que tu aies si peu d’amis.

Gideon souhaitait de toute évidence tirer profit d’un mariage qu’il n’avait pas souhaité. C’était là une réaction plutôt naturelle, de la part de quelqu’un qui ne se mariait pas par amour. Du reste, il n’avait pas non plus exigé d’Harriet qu’elle soit amoureuse de lui. Tout au plus avait-il cherché à savoir, la veille, si elle éprouvait quelque affection pour lui.

Harriet avait conscience que sa foi inébranlable dans l’honneur de Gideon avait plus d’importance pour lui que n’importe quelle déclaration d’amour. Il avait trop longtemps vécu avec la marque du déshonneur imprimée sur son front.

Harriet regarda Felicity s’asseoir à la table et commencer à manger avec un bel appétit. Depuis leur arrivée à Londres, toutes ces nuits passées à danser avaient donné à sa sœur un intérêt appuyé pour le petit déjeuner.

Le sentir en elle lui avait donné le sentiment inédit d’être enfin complète. Pendant ces quelques minutes, ils avaient été liés l’un à l’autre d’une façon qu’elle aurait pensée impossible entre deux êtres humains. Mais leur intimité n’avait pas seulement été physique. Harriet avait eu l’impression de toucher l’âme de Gideon. En tout cas, il avait atteint la sienne.

Il avait parfaitement conscience que, sans cela, la vie de la jeune femme deviendrait un véritable enfer, ici même, à Upper Biddleton. Aussi, même si, de toute évidence, Harriet ne paraissait pas se réjouir à l’idée de l’épouser, elle n’aurait pas le choix.

Cette nuit, Gideon avait découvert tout le désir que cette femme lui inspirait. Un désir partagé, à en croire les réactions d’Harriet. Elle s’était donnée à lui avec un abandon innocent qui avait infiniment plus de valeur que tous les trésors répandus sur le sol de la grotte.

Il glissa la main entre ses cuisses, s’approchant de ce qui paraissait être la source du feu liquide qui coulait dans ses veines, mais quand il voulut glisser un doigt dans cette source, elle se récria, choquée. — Tu es déjà humide, murmura Gideon. Il retira son doigt, mais ce fut pour l’introduire de nouveau en elle, plus profondément. Harriet ferma les yeux et s’immobilisa, afin d’analyser ce qu’elle éprouvait. La sensation était étrange. Délicieusement étrange. Gideon retira encore son doigt, avant de le réintroduire, et Harriet décida qu’elle aimait le sentir en elle. Elle cambra légèrement les hanches et s’agrippa de plus belle à ses épaules. — Tu as envie de moi, murmura Gideon en mordillant la pointe d’un de ses seins. Dis-le. — J’ai envie de vous, répondit Harriet d’une voix étranglée. J’ai envie de vous, Gideon. — Dis-le encore, Harriet. Je veux te l’entendre répéter sans fin. Son doigt allait de plus en plus vite, et la jeune femme avait l’impression que le feu qui la consumait de l’intérieur ne cessait de s’intensifier. Elle se mit à se tortiller sous lui. — Oh, Gideon, s’il vous plaît… s’il vous plaît. — Oui, murmura-t-il. C’est bien. Continue comme ça. Tout à coup, il lui écarta les jambes et se plaça entre ses cuisses. Puis Harriet sentit qu’il guidait son membre vers l’ouverture de sa féminité. Et il commença à la pénétrer. Harriet se tendit, prenant conscience que cette partie de son anatomie était à l’image du reste de son physique. C’est-à-dire particulièrement imposante. Elle rouvrit les yeux. — Je te fais mal, devina-t-il, s’obligeant à s’immobiliser. Je suis désolé. Mais tu es serrée. Et je ne suis qu’une grosse brute qui cherche à te forcer la main. — Non, ne dites pas cela. C’est faux. Vous ne me forcez pas la main. — Bien sûr que si. Je t’ai délibérément initiée à des sensations que tu ne sais pas encore dominer, et maintenant, j’essaie de profiter de ton inexpérience.

La jeune femme s’était révélée être une excellente danseuse et avait manifestement pris beaucoup de plaisir à s’abandonner à la sensualité de la valse. Gideon était convaincu qu’elle ferait l’amour avec la même spontanéité.

Et il rêvait de tenter sa chance. Après tout, elle approchait des vingt-cinq ans, et elle avait du caractère – même un peu trop. Rien n’obligeait Gideon à se montrer chevaleresque ou à se soucier de sa réputation.

Si elle avait envie de jouer avec le feu, cela ne regardait qu’elle.

 

Cet homme est une menace pour toutes les femmes innocentes. Les gens, par ici, le surnomment la Bête de Blackthorne Hall parce qu’il a détruit une jeune femme qui vivait précisément dans cette maison. Elle s’est suicidée à cause de lui. Mais ce n’est pas tout. Après la mort du frère aîné de St. Justin, des rumeurs d’assassinat ont circulé.

Quand vous êtes riche et puissant, personne n’ose vous accuser en face. Par conséquent, cela ne vous laisse aucune chance de vous expliquer. Les accusations se murmurent uniquement dans votre dos. Vous n’avez aucun moyen de vous justifier. Et, au bout d’un moment, vous comprenez que c’est de toute façon inutile, car la vérité n’intéresse personne. Tout le monde ne cherche qu’à rajouter des braises pour alimenter la flamme des ragots.

Vous avez tort. De toute évidence, vous ne savez pas ce que c’est que de perdre sa réputation et son honneur. Sinon, vous ne proféreriez pas de telles énormités.

Mon petit doigt me dit qu’aucune femme n’est à l’abri, avec un tel homme, avait objecté tante Effie. Mme Stone le considère comme bestial, et je pense qu’elle n’a pas tort.