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Citations de Jean-Baptiste Maudet (72)


On peut toujours renoncer, à tout moment, au lieu de continuer par orgueil à faire quelque chose que l’on n’a pas envie de faire.
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L’Amazonie a fixé des gens venus de toutes parts, des indigènes occupant la forêt depuis des milliers d’années, des Européens, des caboclos issus des métissages coloniaux, des esclaves noirs déportés d’Afrique dont certains descendants vivent aujourd’hui en communauté, des ouvriers seringueiros qui travaillaient pour les barons du caoutchouc, des ribeirinhos dont le nom signifie qu’ils se sont installés près des rivières, des chercheurs d’or qui liquéfient ces mêmes rives et dont le mercure souille les eaux, des aventuriers malheureux enterrés là où ils sont morts, des trafiquants de peaux de panthères ou de drogues, des militaires souvent trop jeunes, des paysans besogneux, des éleveurs de bétail, des contingents de piroguiers, des citadins récalcitrants, des fonctionnaires désabusés, des inspecteurs véreux, d’excellents criminels, de moyennes équipes de foot, des gens… tous devenus, quelle que soit leur raison d’être, des Amazoniens.
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Même mon frère sous ses airs d’homme équilibré cache une folie extrême d’autant plus inquiétante qu’elle n’affleure jamais. Les tarés déclarés sont tarés et les tarés non déclarés le sont peut-être encore plus si l’on se donne la peine d’attendre un peu. Il n’y a qu’à écouter les faits divers. Leur seul point commun est que le voisinage n’en revient pas d’apprendre que monsieur Tout-le-monde ait pu faire une chose pareille. Il était pourtant si gentil avec les gens du quartier. Il aidait même à porter les courses des vieilles dames dans l’escalier.
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Il y a environ sept heures de vol pour se rendre à Yakoutsk. On s’endort le soir et on se réveille le matin, rien d’anormal à cela. Entre-temps, près d’une journée a disparu. Quelque chose lui échappe encore dans cette façon de compter les heures, une incongruité susceptible de révéler la supercherie à laquelle croit toute la planète. Même un cerveau rationnel, comme le sien prend un grand risque à s’affranchir des longitudes. Rajoutez les immensités blanches, et le monde entier vous échappe des mains.
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L’Amazonie transpire, pompe, suinte, ruisselle, déverse, inonde, épuise. Elle alimente les rêves des humains, les mêle dans une même eau, les coule dans l’ombre végétale et se referme sur eux comme une métaphore qui se met à fleurir et devient carnivore.
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Ma mère me manque, finalement. Je ne laisserais personne d’autre que moi dire du mal d’elle. Quant à Françoise, je suis un peu négative à son sujet, mais la rancœur entre belles-sœurs est anthropologiquement structurante, je suppose.
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Avec mon corps vierge de tout dessin et de toute cicatrice, je serai peut-être considérée dans quelques années comme un spécimen admirable. Sous prétexte d’esthétique et de singularité, l’extension du capitalisme aura marqué de son encre tout son bétail sauf ma peau. Je serai la dernière femme nue de la tribu. Il n’y aura rien d’autre à voir, rien d’autre à dire. Je n’aurai rien à cacher, rien à montrer, en tout cas pas ces tatouages maoris ou chinois improvisés sur une plage du Languedoc.
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Depuis longtemps les plantations de marijuana ne suffisaient plus à atténuer la misère et on avait beau sacrifier des taureaux, le maïs et le bétail de Cerocachi n'avaient plus rien de concurrentiel. L'agriculture familiale de la Sierra Madre ne pesait plus face aux arrangements économiques mondiaux auxquels personne là-haut ne comprenait rien, le maire karateka pas plus que les autres.
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Si l’URSS pouvait difficilement faire la démonstration de sa maîtrise du nucléaire au moment de la catastrophe, le pays s’est ensuite employé à mettre en valeur la gestion sociale et politique exemplaire des aléas qui s’ensuivirent. Le discours officiel se voulait rassurant et les moindres avancées scientifiques effectuées sur les décombres de l’accident étaient applaudies par le pouvoir.
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Pour tout vous dire, j’ai envie d’aller vérifier plutôt que d’écouter ceux qui savent toujours mieux que moi ce qu’il faut faire, ce à quoi il faut croire, ce qui est dangereux, ce qui ne l’est pas. J’en ai assez qu’on me parle comme ça. Il y a un proverbe chinois qui dit : « Le détour est l’accès. »
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Dans ce contexte, le patron de Tatiana a été nommé pour hiérarchiser les priorités Il excelle dans l’art d’étouffer les problèmes, calmer la privation des uns en attisant la frustration des autres. La comparaison des misères permet de prendre du recul. Les rivières sont polluées, c’est moins grave que les sols irradiés. La dépréciation du rouble rend hors de prix les semis de printemps, c’est moins grave qu’un pullulement de criquets dévorant les regains. Ce qui compte, c’est le gaz, le pétrole et la continuité politique, même si l’immense Russie se vide de ses paysans – ça ne date pas d’hier – et que ça finira par se voir.
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Enfant, elle perdait toujours un peu la tête quand elle avait sommeil. Elle entortillait ses cheveux en spirale autour de ses doigts en prononçant des phrases incohérentes. Ses parents savaient alors qu’elle avait dépassé son heure. C’était sa manière d’éloigner les démons qui la poursuivaient. Lorsqu’ils étaient trop près, son père lui avait appris à respirer lentement dans son lit et à desserrer autour d’elle les cercles maléfiques qui l’oppressaient. Ça l’aidait à sentir qu’elle n’était qu’un humain sur la terre parmi des milliards d’autres humains, un arbre comme les autres, invisible parmi les milliards d’arbres de la forêt, une feuille parmi les feuilles, aussi fragile soit-elle. Les démons s’échinaient dans les branches, perdaient sa trace et laissaient place aux rêves paisibles.
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Big James m’explique à voix basse que le sol de la forêt, contrairement à ce que l’on pourrait croire, est très pauvre. Presque malgré lui, il supporte des millions d’êtres vivants depuis des millénaires. Les pluies lessivent sans cesse la terre qui n’a pas le temps d’engranger des provisions alors la flore, la faune et l’atmosphère font du troc. Tout va très vite, la vie, la mort, la putréfaction, le dépeçage, le recyclage de la matière pour rassasier un énorme appétit. Le sol n’est qu’un mince tapis sur lequel est posé le cœur troué de la forêt. Elle réserve aux couches ensoleillées de la canopée, loin des humains, les expressions les plus chatoyantes du vivant.
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Tatiana a repris un verre de cognac, vite avalé, puis un autre, histoire de donner à l’ennui un tour mondain.
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Le capitaine annonce qu’on s’arrêtera à Parintins où un autre bateau nous attendra afin de rejoindre Manaus. Personne ne semble s’émouvoir du retard considérable sur l’horaire prévu. Il est vrai que le mot horaire est mal adapté pour de tels voyages. Et qui sait si les passagers ont même quelque chose à faire à destination ? Ils se laissent dériver comme ces poissons immobiles qui oxygènent leurs branchies grâce aux flots. Ils donnent dans la figuration, revêtus de leurs T-shirts à l’effigie de Frida Kahlo ou de Bob Marley qu’il faudra bien un jour libérer de cette humiliation posthume de se voir ainsi reproduits sur tout et n’importe quoi.
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Une fois franchi un premier rideau de lianes, le sous-bois est plutôt dégagé et laisse une lumière verte descendre des hauteurs envahir ses alcôves. Un vrombissement d’insectes monte du sol et des racines. Les chants d’oiseaux tournoient sans parvenir à s’échapper de la voûte végétale, crevée çà et là par un tronc colossal. Agitées par le vent, les branches solidaires balancent leur mollesse dans un souffle de feuilles. Des rayons de soleil que l’on pourrait saisir profitent d’un hasard pour atteindre la terre.
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Les gens les plus riches vivaient dans des quartiers surveillés, cernés de gardes et de barbelés. Les plus pauvres devaient se sentir terriblement pauvres et libres.
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La jeune République mexicaine à peine libérée de la tutelle espagnole n'avait pas pesé lourd face à l'arrivée des Américains. Cette "intervention", que les Mexicains eux-mêmes n'osaient pas appeler une guerre, les avait pourtant dépouillés d'un tiers de leur territoire. La Californie, l'Arizona, une partie du Nevada, de l'Utah, du Wyoming, le Nouveau-Mexique, le Texas avaient bien été mexicains avant que les Étasuniens ne s'en emparent.
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Harper mettait toujours du temps pour s'habituer à l'altitude. Un mal de crâne progressait par à-coups, au rythme des battements de son cœur. Il ne parvenait plus à faire entrer assez d'oxygène dans ses bronches. Harper se sentait comme une truite asthmatique dans des sables mouvants.
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La jeune République mexicaine à peine libérée de la tutelle espagnole n’avait pas pesé lourd face à l’arrivée des Américains. Cette « intervention », que les Mexicains eux-mêmes n’osaient pas appeler une guerre, les avait pourtant dépouillés d’un tiers de leur territoire. La Californie, l’Arizona, une partie du Nevada, de l’Utah, du Wyoming, le Nouveau-Mexique, le Texas avaient bien été mexicains avant que les Étasuniens ne s’en emparent.
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