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Critiques de Jean Baudrillard (32)
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La société de consommation

Avec cet excellent essai de Baudrillard, on comprend comment on a été lobotomisé en devenant des individus robots mercantiles soumis à la dictature du plaisir de consommer.

En effet, l'auteur nous montre avec pertinence la transition brutale en moins de deux siècles d'une économie de subsistance et frugale à une société de production de masse et d'abondance. Manne providentielle dont nous ne pouvons plus nous passer. D'autant plus que ce changement s'accompagne d'une vision sociale importante, faisant passer les individus d'une classe inférieure à un niveau de vie plus élevé et une position majeure dans le grand jeu sociétal.

Toutes ces addictions consuméristes ou de classes sociales amenant les citoyens à s'individualiser et à devenir des êtres sans but collectif dans une société où règne la concurrence, la compétition et la position sociale.

L'auteur montre également la non-finalité d'une telle société qui nous abrutit, dans une consommation souvent inutile et superflue, annihilant toutes nos capacités intellectuelles et de réflexion sur notre mode de vie devenu habitude.

Tout est consommation, même la culture, les loisirs, les vacances, pseudo-espaces de liberté personnelle dans le cirque consumériste ou l'individu se croit libre. . !

Oui libre de consommer pendant ses périodes de détente, où il peut arrêter de travailler mais pas trop..!

Mais surtout pas de consommer..!

Enfin, l'essai avec une précocité incroyable pour l'époque de sa publication nous met devant nos responsabilités envers la destruction de la nature avec cette folie consumériste et productive.

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La société de consommation



« Contempler des monceaux de nourriture durable, n’est-ce point voir du temps de reste et des actes épargnés ? Une caisse de biscuits, c’est tout un mois de paresse et de vie. »

Valéry



Ouvrage post soixante-huitard, La société de consommation propose une réflexion novatrice sur cette idéologie qui se répand aujourd’hui sur la quasi-totalité de la planète.



Visionnaire, Baudrillard semblait avoir compris que la société de consommation déclinerait et finirait par se mordre la queue très rapidement. Après avoir vécu pendant des millénaires dans une société constituée d’hommes, voilà que nous vivons depuis peu dans une société principalement constituée d’objets. Leur cycle de vie est court : de l’achat jusqu’à la destruction en passant par l’utilisation (facultative), les objets doivent se renouveler avec frénésie, et pour justifier les achats compulsifs, le dogme du plaisir et du jouir-à-tout-prix a été établi comme moteur du système.



« A proprement parler, les hommes de l’opulence ne sont plus tellement environnés, comme ils le furent de tout temps, par d’autres hommes que par des OBJETS. Leur commerce quotidien n’est plus tellement celui de leurs semblables que, statistiquement selon une courbe croissante, la réception et la manipulation de biens et de messages, depuis l’organisation domestique très complexe et ses dizaines d’esclaves techniques jusqu’au « mobilier urbain » et toute la machinerie matérielle des communications et des activités professionnelles, jusqu’au spectacle permanent de la célébration de l’objet dans la publicité et les centaines de messages journaliers venus des mass média, du fourmillement mineur des gadgets vaguement obsessionnels jusqu’aux psychodrames symboliques qu’alimentent les objets nocturnes qui viennent nous hanter jusque dans nos rêves. »



« Il n’est pas question pour le consommateur, pour le citoyen moderne de se dérober à cette contrainte de bonheur et de jouissance, qui est l’équivalent dans la nouvelle éthique de la contrainte traditionnelle de travail et de production. L’homme moderne passe de moins en moins de temps de sa vie à la production dans le travail, mais de plus en plus à la production et innovation continuelle de ses propres besoins et de son bien-être. Il doit veiller à mobiliser constamment toutes ses virtualités, toutes ses capacités consommatives. S’il l’oublie, on lui rappellera gentiment et instamment qu’il n’a pas le droit de ne pas être heureux. Il n’est donc pas vrai qu’il soit passif : c’est une activité continuelle qu’il déploie, qu’il doit déployer. Sinon, il courrait le risque de se contenter de ce qu’il a et de devenir asocial. »



Pourtant, Baudrillard n’y voit là qu’une justification facile pour couvrir la véritable nature de la société de consommation : il ne s’agit en réalité de rien d’autre qu’une société de différenciation à travers laquelle les hommes s’expriment dans un nouveau langage, celui des objets.



« Les différences « personnalisantes » n’opposent plus les individus les uns aux autres, elles se hiérarchisent toutes sur une échelle indéfinie, et convergent dans des modèles à partir desquels elles sont subtilement produites et reproduites. Si bien que se différencier, c’est précisément s’affilier à un modèle, se qualifier par référence à un modèle abstrait, à une figure combinatoire de mode, et donc par là se dessaisir de toute différence réelle, de toute singularité, qui, elle, ne peut advenir que dans la relation concrète, conflictuelle, aux autres et au monde. »



La société de consommation est un nouveau mode de communication. Plus des que objets, nous achetons des signes, des symboles qui nous réfèrent à un modèle et à travers lequel nous rejoignons une communauté ou une manière de penser. C’est la raison pour laquelle la consommation est un cycle sans fin. Les besoins de l’homme en tant qu’être social sont intarissables, et ce sont eux qui constituent le moteur de la société de consommation, davantage que la sensation d’un manque objectif.



Dissimuler tout cela sous le couvert du désir est néfaste, surtout lorsque l’on nous fait croire que celui-ci est bon par nature. C’est oublier toute l’ambivalence du désir, que nous ressentons mais que nous ne comprenons pas. La violence, l’agressivité et la fatigue des victimes de la société de consommation découleraient de cette ignorance. Lorsque rien d’extérieur à la personne ne peut servir d’exutoire à sa violence, celle-ci ne peut s’en prendre qu’à elle-même.



« Les moralistes […] parlent tous de culpabilité. […] Or, il est clair que cette culpabilité […] s’approfondit […] au fil de l’abondance. Un gigantesque processus d’accumulation primitive d’angoisse, de culpabilité, de refus, court parallèlement au processus d’expansion et de satisfaction, et c’est ce contentieux qui alimente la subversion violente, impulsive, les acting-out meurtriers contre l’ordre même du bonheur. […] La culpabilité, le « malaise », les incompatibilités profondes sont au cœur du système actuel lui-même, et produits par lui au fil de son évolution logique. / Forcée de s’adapter au PRINCIPE DE BESOIN, au PRINCIPE D’UTILITE (principe de réalité économique), c’est-à-dire à la corrélation toujours pleine et positive d’un produit quelconque (objet, bien, service) et d’une satisfaction, par indexation de l’une sur l’autre, contrainte à cette finalité concertée, unilatérale et toujours positive, toute la négativité du désir, autre versant de l’AMBILVALENCE [économistes et psychologues vivent d’équivalence et de rationalité : ils postulent que tout s’accomplit dans l’orientation positive du sujet vers l’objet dans le besoin. Si celui-ci est satisfait, tout est dit. Ils oublient qu’il n’y a pas de « besoin satisfait », c’est-à-dire quelque chose d’achevé, où il n’y ait que de la positivité, ceci n’existe pas, il n’y a que du désir, et le désir est ambivalent], donc toute cette postulation inverse est laissée pour compte, censurée par la satisfaction même (qui n’est pas la jouissance : la jouissance est, elle, ambivalente) et, ne trouvant plus à s’investir, cristallise en un gigantesque potentiel d’angoisse. »



Le message de Baudrillard est fataliste. Impossible d’échapper à la société de consommation. Sa dénonciation ne se réfère qu’à elle, les marginaux sont uniquement des individus qui en exacerbent certains traits particuliers, et la volonté de consommer « différemment » est un signe sur-ostentatoire.



« Certes, l’homme riche qui conduit sa 2CV n’éblouit plus, c’est plus subtil : il se surdifférencie, il se surdistingue par la manière de consommer, par le style. Il maintient absolument son privilège en passant de l’ostentation à la discrétion (surostentatoire), en passant de l’ostentation quantitative à la distinction, de l’argent à la culture. »



La société du divertissement et les mass media n’échappent pas à la règle. Là où l’on croit pouvoir échapper un peu aux contraintes et à la pression exercée par la société de consommation, nous nous retrouvons à nouveau confrontés aux impératifs du bien-paraître (rien de nouveau ici. Depuis le « temps de cerveau disponible », et même bien avant, nous étions déjà au courant).



« Pour des millions de gens sans histoire, et heureux de l’être, il faut déculpabiliser la passivité. Et c’est ici qu’intervient la dramatisation spectaculaire par les mas médias (le fait divers/catastrophe comme catégorie généralisée de tous les messages) : pour que soit résolue cette contradiction entre morale puritaine et morale hédoniste, il faut que cette quiétude de la sphère privée apparaisse comme valeur arrachée, constamment menacée, environnée par un destin de catastrophe. Il faut la violence et l’inhumanité du monde extérieur pour que non seulement la sécurité s’éprouve plus profondément comme telle (cela dans l’économie de la jouissance), mais aussi pour qu’elle se sente à chaque instant justifiée de se choisir comme telle (cela dans l’économie morale du salut). »



Toutefois, l’ouvrage de Baudrillard est salutaire car il met en lumière de nombreux rouages de ce système, et c’est peut-être dans la lucidité que nous pourrons espérer trouver un peu plus d’indépendance vis-à-vis du monde des objets. Balayant toutes les facettes de cette société sur un ton clair, illustré de nombreux cas concrets et faisant références à de nombreux autres penseurs des sociétés modernes (Galbraith, Sahlins, Chombart de Lauwe…), ce livre ouvre les yeux et propose une explication cohérente au malaise qui caractérise la société de consommation.







Quelques passages qui ont retenus mon attention…



Critique de la croissance et du choix de ses critères :



« Dégradation du cadre collectif par les activités économiques : bruit, pollution de l’air et de l’eau, destruction des sites, perturbation des zones résidentielles par l’implantation de nouveaux équipements (aéroports, autoroutes, etc.). L’encombrement automobile a pour conséquence un déficit technique, psychologique, humain, colossal : qu’importe, puisque le suréquipement infrastructurel nécessaire, les dépenses supplémentaires en essence, les dépenses de soins aux accidentés, etc., tout cela sera quand même comptabilisé comme consommation, c’est-à-dire deviendra, sous le couvert du produit national brut et des statistiques, exposant de croissance et de richesse ! »



La société de consommation ne sera jamais une société d’abondance :



« La société de croissance résulte dans son ensemble d’un compromis entre des principes démocratiques égalitaires, qui peuvent s’y soutenir du mythe de l’Abondance et du Bien-être, et l’impératif fondamental de maintient d’un ordre de privilège et de domination. […] L’égalisation tendancielle des revenus […] est nécessaire à l’intériorisation des processus de croissance, laquelle, nous avons vu, est tactiquement reconductrice de l’ordre social, lequel est une structure de privilège et de pouvoir de classe. Tout ceci désigne les quelques symptômes de démocratisation comme alibis nécessaires à la viabilité du système. »



« […] la société de croissance est le contraire d’une société d’abondance. C’est qu’avant d’être une société de production de biens, elle est une société de production de privilèges. Or, il y a une relation nécessaire, définissable sociologiquement, entre le privilège et la pénurie. Il ne saurait (en quelque société que ce soit) y avoir privilège sans pénurie. Les deux sont structurellement liés. Donc, la croissance, à travers sa logique sociale, se définit paradoxalement par la reproduction d’une pénurie structurelle. Cette pénurie n’a plus le même sens que la pénurie primaire (la rareté des biens) : celle-là pouvait être considérée comme provisoire, et elle est en partie résorbée dans nos sociétés, mais la pénurie structurelle qui s’y substitue est, elle, définitive, car elle est systématisée comme fonction de relance et stratégie de pouvoir dans la logique même de l’ordre de la croissance. »



La consommation comme travail social :



« Encore une fois, la consommation est un travail social. Le consommateur est requis et mobilisé comme travailleur à ce niveau aussi […]. Il ne faudrait quand même pas demander au « travailleur de la consommation » de sacrifier son salaire (ses satisfactions individuelles) pour le bien de la collectivité. Quelque part dans leur subconscient social, les millions de consommateurs ont une espèce d’intuition pratique de ce nouveau statut de travailleur aliéné, ils traduisent donc spontanément comme mystification à l’appel de la solidarité publique, et leur résistance tenace sur ce plan ne fait que traduire un réflexe de défense politique. L’ « égoïsme » forcené du consommateur, c’est aussi la subconscience grossière d’être, en dépit de tout le pathos sur l’abondance et le bien-être, le nouvel exploité des temps modernes. »



Critique du système « social » :



« Grâce à ses prélèvements et à ses transferts économiques, l’instance sociale (c’est-à-dire l’ordre établi) se donne le bénéfice psychologique de la générosité, se donne comme instance secourable. Tout un lexique maternel, protectionniste désigne ces institutions : Sécurité sociale, assurances, protection de l’enfance, de la vieillesse, allocations chômage. Cette « charité » bureaucratique, ces mécanismes de « solidarité collective » -et qui sont tous des « conquêtes sociales » - jouent ainsi, à travers l’opération idéologique de redistribution, comme mécanisme de contrôle social. […] D’une pierre deux coups : le salarié est bien content de recevoir sous les apparences du don ou de la prestation « gratuite » une partie de ce dont il avait été auparavant dessaisi. »



Pour terminer, un superbe éloge de la fatigue contemporaine :



« […] la fatigue est une contestation larvée, qui se retourne contre soi et s’ « incarne » dans son propre corps parce que, dans certaines conditions, c’est la seule chose à laquelle l’individu dépossédé puisse s’en prendre. De la même façon que les Noirs qui se révoltent dans les villes d’Amérique commencent par brûler leurs propres quartiers. La vraie passivité est dans la conformité joyeuse au système, chez le cadre « dynamique », l’œil vif et l’épaule large, parfaitement adapté à son activité continuelle. La fatigue, elle, est une activité, une révolte latente, endémique, inconsciente d’elle-même. »




Lien : http://colimasson.over-blog...
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La société de consommation

Ce livre essentiel nous montre que la société de consommation est d'abord un réseau d'objets qui remplace l'homme, et que ces objets, potentiels de sens et d'inter-connections, font en sorte que nous tendons toujours vers plus de consommation, par la logique interne même de celle-ci ; cette lubie de la consommation secondaire si ce n'est frivole cisèle aussi non seulement les rapports sociaux, par exemple le concept de "pauvreté" est lié à la société de consommation et introuvable chez les primitifs qui ne visent pas l'abondance mais le nécessaire (et, dans une verve communautaire, ne sont pas dans la métaphysique de la "concurrence du marché"), mais aussi déstructure le rapport narcissique de l'individu, celui étant projeté dans un imaginaire collectif, où il obéit à des ingérences de ladite collectivité sociale (sur le plan esthétique, par exemple, l'idée de "minceur"), ce qui fait que la consommation n'est pas une "jouissance" qui serait "individuelle", mais plutôt un ordre moral de la communauté toute entière, de laquelle on ne peut donc se soustraire, sans se sentir "désintégré".



Ce type de société schizophrène engendre aussi - et surtout ? - de la violence, contre soi (dépression, "fatigue" généralisée, ...), les autres (petite et grande délinquance) et même quand des mouvements de "contestation" de masse lancent une inquisition contre ce modèle social (hippies, ...) ils restent, malgré eux, dans sa logique lugubre.
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La société de consommation

« La société de consommation » est encore un de ces ouvrages de la période post-68 qui, malgré les décennies qui nous en séparent, a gardé un discours pertinent et perspicace. Seuls les noms et les situations ont changés, le reste demeure tel qu'il a été décrit à la sortie de ces années 60 tant mythifiées de nos jours.



Il s'y trouve un nombre assez conséquent de choses que n'importe lequel d'entre nous a déjà pu observer si tant est qu'on soit capable intellectuellement d'en faire une analyse, pour une ligne de départ en somme assez proche de celle étayée par Baudrillard dans cet essai-ci.



Le concept idéologique premier de la consommation est l'objet, que dis-je, un nombre invraisemblable d'objets dont l'utilité n'est que facultative. ce capharnaüm d'objets prend, à mes yeux, la forme d'un prodigieux festin, qui n'a rien de rimbaldien, où tous les gens y sont conviés sans distinction d 'aucune sorte à part celui de faire partie du même groupe social, où la prodigalité est reine ainsi que le bien-être, l'hédonisme mortifère, à l'image de celui illustré dans le film de Marco Ferreri, « La grande bouffe ». Cette société de consommation nous poussant à la régression, à l'infantilisation, dans cette quête acharnée de retrouver un jour le plaisir simple et subit de l'enfance.



La morale chrétienne a été remplacée par celle de la consommation, les centres commerciaux en sont les églises où l'on y viens prier quotidiennement pour son propre salut .(d'ailleurs, le rappeur américain Kanye West, dans une chanson en compagnie de son compère Jay-Z, n'avait-il pas prétendu, non sans ironie, qu'il irait se marier dans un centre commercial !)



Le mythe de la sainte croissance économique éternelle, celle que l'on attend encore aujourd'hui de nos yeux fébriles, ne peut qu'être néfaste car elle ne fait qu'engendrer du sentiment d'insécurité, de peur de se retrouver abandonné sur le bas-côté de la chaussée parmi les laissés-pour-comptes , de la compétitivité féroce, ce qui provoque donc une violence aussi irraisonnée qu'irréfléchie. Le serpent se mord la queue comme le dit le proverbe parce que pour une production optimale, il faut forcément faire un peu de gaspillage sans compter sur l'obsolescence programmée dont on a beaucoup entendu parler ces derniers temps ou la courte utilité que l'on fait des objets dont on s'entoure.



Tout n'est plus que consommation, que ça soit notre rapport avec les autres, la culture transformée en simple marchandise, même et surtout le corps dont il faut prendre soin si on ne veut pas finir par culpabiliser à cause de tous ces messages publicitaires et ces articles de magazine qui sont en fait une véritable campagne de propagande en faveur du narcissisme le plus éhonté.



« La consommation est une institution de classe »



Les marques servent avant tout à se distinguer de la masse, à se différencier. La grande différence étant entre des personnes d'origine populaire et bourgeoise, c'est que les premiers afficheront ostensiblement ces symboles de prestige, de richesse par des vêtements coûteux alors que les seconds se feront plus discrets sur ces signes-là, feront preuve de davantage de subtilité et de raffinement. Seuls ceux capables de décrypter ces codes sauront ce qu'il en est vraiment, de qui est quoi en réalité. De cette façon, on se rend bien compte également qu'il n'y a pas d'égalité entre les gens puisque existe toujours une « ségrégation culturelle plus aiguë et plus subtile » encore.



Il est désormais impossible d'en sortir car même sa dénonciation fait partie de son processus d'assimilation. Toute contestation survenant soudainement est aussitôt avalée et digérée, la preuve étant par exemple l'image du Che affichée sur des paquets de cigarettes ou sur des t-shirts, tout symbole étant vidé de sa substantielle moelle originelle, tout est dilué dans le continuum économique. Le pire, c'est que les pays en voie de développement aujourd'hui, comme le Brésil ou la Chine, prennent notre société occidentale comme modèle de consommation. Au train où vont les choses, si une prise de conscience au niveau mondiale n'est toujours pas à l'ordre du jour, nous risquons de finir notre course effrénée dans le fossé.
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La société de consommation

J'ai toujours senti qu'il y avait un problème avec ce système. Cette longue litanie publicitaire, ces paysages qui se ressemblent tous, ce tourisme du consommable... (Désormais, on va à Auschwitz pour faire un snap photo souvenir). Ces chaines youtubes qui vous vendent une identité (je vise principalement cette fachosphère vendeuse de Goodies), cette stigmatisation sur le respect de la consommation ostentatoire (oh le iPhone 13), des anges de la téléréalité à TPMP tout en passant par BFMTV. Le malaise est toujours grandiose.



Pour ma part, Baudrillard fut une partie de la réponse avec Guy Debord. Baudrillard étudie une partie de la modernité, celle de la consommation et de ses problèmes. La société de consommation est une société de pénurie, une machine à désir insatiable et qui ne peut être satisfaite... Mais bon, ce sont des aspects que nous connaissons tous, mais on ne sait jamais vraiment l'expliquer ni aller plus loin... Baudrillard le fait pour nous.



Pour Marx, les marchandises ont deux attributs, leur valeur d'usage et leur valeur d'échange. Cette distinction entre valeur d'usage et valeur d'échange est importante tout au long de ce livre. Les marchandises ne sont pas des «valeurs d'usage», mais plutôt des symboles qui entrent dans les échanges et gagnent leur «valeur» par leur rareté relative.



Notre capitalisme ne peut exister que sur la base d'une croissance accélérée, mais la croissance n'est possible que si le capitalisme génère des désirs. Ce faisant, il ne crée pas d'abondance ou de richesse, mais plutôt une pénurie, et cela, assez ironiquement, au milieu de l'abondance. Il est impossible que le capitalisme puisse fournir une société vraiment équitable, son seul moyen d'existence structurel est de fournir un mécontentement, une insatisfaction, un conflit ostentatoire sans fin...



Et c'est là qu'intervient Saussure. Pour Saussure, il ne peut y avoir de vrais synonymes dans une langue. La langue est un système de différences. Les mots tirent leur signification du fait qu'ils ne sont pas d'autres mots. Pour Baudrillard, les marchandises sont également dans une relation très similaire à ce que sont les mots entre eux dans ce vaste système de sens que nous appelons langage. Il ne dit pas tout à fait que nous sommes définis par les marchandises que nous choisissons, il veut dire qu'il s'agit en fait d'un processus très dialectique, dans lequel nous sommes tous les deux définis. par les marchandises que nous choisissons, mais aussi que nous sommes presque obligés de les choisir.



La société de consommation est notre lien social, ce qui permet de nous assimiler, de nous socialiser. Tout est objet de consommation assimilant qui se renouvelle perpétuellement. La culture "woke", la cancel culture, l'intersectionnalité, le décolonialisme, la fachosphére, les sjw, le mouvement Qanon... tout en passant par le mythe de la méritocratie ethnique, le conflit Orient-Occident, l'islamo-gauchisme... C'est presque comme si tout le monde était à la fois ennemi et ami de ce système dans le langage. Une magnifique commercialisation de la langue et de l'identité, on parle le novlangue commercial désormais.



Baudrillard pose d'autres problèmes, il se questionne sur cette aliénation, sur notre être de plus en plus "inauthentique", sur cet intériorisation du système des signes ostentatoires, sur ce présent perpétuel, sur le conformisme et l'individualisme, sur la croissance infini, sur la désubjectivation et l'érosion du sens... Un ouvrage un peu ardu et ou j'ai raté énormément de chose ainsi que plutôt pessimiste et très (trop?) critique à l'égard de la modernité (dans une perspective marxiste). Mais également un classique contestataire....
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Simulacres et simulation

Je ne prétends pas avoir tout compris de ces textes et il n’est pas question pour moi de gloser sur une œuvre complexe . Mais il me semble que ce penseur a mis le doigt sur un élément essentiel de notre époque qui se pose de plus en plus souvent de questions sur la réalité des informations .Aussi pour difficile qu’il soit ce texte me paraît mérité d’être lu.
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Pourquoi la guerre aujourd'hui ?

Impossible de regarder le débat : manque de dynamisme, nos deux protagonistes au bord de la mort ne trouvant plus assez de matière vive pour régénérer les cellules au moment de l’entrevue.



Impossible d’écouter le débat : Derrick même provoquerait une plus importante décharge d’adrénaline chez l’auditeur.



Autant lire le bouquin. Ça se passe en 2003. L’atmosphère est encore toute chaude des attentats du 11 septembre. (Voyez, on ne se sent même plus obligés de préciser l’année). Grosse claque infligée aux puissances dominantes occidentales. C’est pourquoi les doctorants ici réunis nous disent que la guerre ne pourra plus avoir lieu. Pas que plus personne ne va mourir, ni finir blessé, ni finir morflé, frappé, buté, violé, niqué, mais que la guerre, telle que nous l’avons connue, genre sachant pour quoi elle se bat (si toutefois elle l’a jamais su), ne pourra plus exister : toute guerre à venir sera dirigée uniquement dans l’objectif de corriger l’humiliation symbolique du 11 septembre. Mais Jacquot la fripouille l’a dit : le symbolique, ce n’est pas le réel. Voilà ce qu’en dit Baudrillard : « [La guerre] est un évènement second, c’est-à-dire un événement de substitution, de rachat, de ravalement, du seul événement fondamental qui a été fait le 11 septembre. »





Bon, on comprendra que ça le fait pas trop d’affirmer ça quand pendant ce temps y a de vrais gens qui perdent leurs os, leur gras de phoque et leur sang pour des causes symboliques. L’indécence ne disparaît pas à la seule force des gentilles prétentions intellectuelles. Derrida, d’ailleurs, est un peu moins chaud : « […] Les signes que ces guerres ont eu lieu, comme le 11 septembre, ce sont d’abord les morts indéniables, les milliers de morts, et encore les milliers et milliers de malades, non seulement du côté des populations irakiennes mais du côté même des soldats qui se sont engagés dans la guerre du Golfe. Donc j’aurai toujours du mal à dire simplement que cette guerre n’a pas eu lieu ». Le même creuse la question vers le sens qui nous intéresse aujourd’hui : « L’enjeu aujourd’hui de part et d’autre, c’est le Conseil de sécurité, ce que va devenir le Conseil de sécurité, au sortir de cette crise. Et ce que va devenir par conséquent l’ONU, le Conseil de sécurité étant l’instance souveraine et efficace –relativement efficace- de l’ONU. ».





Rappelons-nous que le débat a eu lieu en 2003. Ça peut être utile de brasser les événements à chaud mais le manque de recul aboutit rarement à des analyses pertinentes. René Major, un autre doctorant, intervient dix ans plus tard pour jeter un petit regard rétrospectif sur ce débat, alors que Baudrillard et Derrida ont crevé comme des rats sans peau. En vue de l’évolution de la situation géopolitique, il veut nous faire croire que les deux vieux schnoques avaient bien compris que le truc qui allait devenir le plus problématique, avec le temps, c’était ce monolithisme du Conseil de sécurité, de l’ONU, de l’OTAN et de tous ces autres jouets qui amusent surtout les Etats-Unis. Bref, nous tombons un peu au fond d’un cul de sac qui nous empêche de réagir face à une situation de plus en plus incontrôlable dans les pays du Moyen-Orient, et c’est la merde. Alors, que fait-on ? On ne saura pas. Peut-être bien faire tout éclater, comme Kofi Annan l’avait diplomatiquement suggéré avant de se faire gommer.





René Major, avec sa petite voix de grand-mère, essaie de nous faire croire que Baudrillard et Derrida avaient été presque dissidents lors de leur intervention. On peut essayer d’y croire. En vrai, ça ne donnera que quelques idées de bon sens pour essayer de maintenir la tête hors de l’eau médiatiquement correcte. Grosse faille du débat : les intervenants abordent la civilisation occidentale comme si elle baignait dans une aura de pureté immaculée. Jamais ils n’évoqueront leurs antécédents violents et leurs interventions schizophréniques dans les pays orientaux pour tenter de comprendre (comprendre n’est pas pardonner, rappelons-le pour les courts d’esprit) les réactions terroristes de leurs victimes. Complétons donc cette analyse par celle de Michel Collon, et le compte est bon : https://youtu.be/WabuB6gXwq4

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De la séduction

Peut-on décrypter les mécanismes de la séduction ? Cet essai essaie de nous prouver que c’est possible, non pas comme un manuel pour séduire mais plus sur ce qui fait la séduction, pourquoi nous comportons nous ainsi. Révélateur et déconcertant !
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De la séduction

Peu d'enseignements pratiques, bien entendu. Qu'est-ce donc que la séduction ? D'abord, Baudrillard le répète mille fois, la séduction, c'est, dit-il dans un discours délicieusement aféministe commenté au crayon papier par une étudiante idiote, féminin, parce réversible, sans profondeur, sans sens. Séduire n'a pas de loi mais a des règles, arbitraires, mais qu'il est nécessaire de respecter.



Séduire n'est ni divin ni hasardeux. C'est diabolique (donc féminin, s'empresse d'ajouter l'auteur). Séduire, c'est toujours être séduit (d'où la réversibilité). C'est de l'ordre du mystère et du rite. La séduction, une religion ? Sauf qu'il n'y a pas de système de sens caché derrière. Derrière ? Rien. Le vide. La mort. Ce qui charme est artificiel mais secret. Deux dimensions de la séduction sans lesquelles on reste dans le domaine de la production, du réel, du pornographique : le secret et le défi. La relation duelle de séduction (que Baudrillard oppose à la relation sociale de production et de reproduction) n'est jamais dite même si elle est connue et comme elle est réversible, mouvante, jamais stable, elle constitue pour ceux qui la vivent un défi permanent, une relation dont les codes sont insensés parce que secrets et dont la règle du jeu, non-dite, doit toujours être respectée, sous peine de mort. On ne peut séduire qu'en perdant pied, qu'en acceptant de se conformer à une règle arbitraire qui est le contraire de la loi, parce que ne relevant pas de la vérité mais de l'artifice. Je ne sais pas pourquoi je suis séduit et dans quel but je séduis mais je me laisse prendre par la joie mystérieuse du jeu.
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La société de consommation

Ce livre est un basique pour toutes les personnes qui se questionnent sur le bien-fondé de la société de consommation. Baudrillard y analyse en détail les comportements des personnes face aux biens de consommation. Le message essentiel de ce livre est que la consommation est un mode decommunication au sein de la société. Toutes les personnes qui nese laissent pas trop emporter par cette société trouveront dans ce livre une réflexion très intéressante.
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Cool memories, tome 5 : 2000-2004

Regard d’un philosophe et sociologue ( et poète et photographe et …beaucoup d’autres choses encore) sur le monde comme il va ( ou pas) . La pensée de Baudrillard m’est pour partie inaccessible ( 2 versions : pessimiste: je ne suis pas intellectuellement équipé pour… /Optimiste: C’est du verbiage , du pipeau…) et pour certaines parties ce que je crois comprendre , je ne le partage pas. Mais son parti pris de provocation est particulièrement stimulant et m’a ouvert de nombreuses pistes de réflexion. J’ajoute qu’il a un sens de la formule qui secoue et enchante parfois.
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La guerre du Golfe n'a pas eu lieu

: Un titre qui « clashe » , qui interpelle .Une réflexion qui se situe dans la droite ligne de « Simulacre et simulation » appliquée à un conflit justifié par des mensonges , illustré par des images dont on n’avait aucun moyen de tester la réalité où le sang versé à flot avait disparu derrière le scintillement des écrans et la parade obscène des médias .
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La société de consommation

La société de consommation se base sur le mythe de l'abondance miraculeuse. Pour cela, elle élimine tout ce qui pourrait assombrir le mythe : les modes de production, la pénurie, l'argent et jusqu'à la matière. Les objets disparaissent sous le signe qu'ils représentent, la réalité est mise à distance, entre autre tronçonnée par les médias de masse qui mettent à égalité de discours la publicité et les informations. Ainsi mis au niveau de l'artifice du monde des objets produits, la réalité devient elle-même artificielle. Les consommateurs changent leur identité pour une personnalisation de leur être par l'intermédiaire des signes différenciants qu'ils choisissent d'acheter. La société de consommation vise ainsi à créer des liens sociaux comme elle produit des objets. Le consommateur y est comme le salarié du XIXème siècle : éduqué, enrôlé, poussé à adopter le comportement voulu. Consommer est un acte social qui remplace celui de payer des impôts. En consommant, je donne à la société puisque je participe à nourrir le mythe de l'abondance en m'aliénant à son fonctionnement.



Dans cette société, tout le monde est sous le joug de l'illusion du mythe. Les signes sont produits par les classes favorisées qui éprouvent plus que les autres le besoin de différenciation, donc de signes. Ils redescendent ensuite dans la société lorsque les populations respectives acquièrent les moyens d'acquisition de ces signes ou éprouvent le besoin de s'en enrichir. De là le kitsch, comme un objet qui fait semblant d'être le signe qu'il n'est pas tout à fait. Le problème que pose la spectacularisation du monde, le fait de le mettre à distance et de le rendre artificiel en le mettant en scène, est qu'il favorise la passivité, contraire au système de valeurs d'action et d'engagement qu'elle promeut. Pour concilier les deux, la société de consommation se fait passer pour une "Jérusalem" riche, mais perpétuellement menacée. La menace de la zone de grande prospérité incite donc à l'action sans renier la spectacularisation et la passivité. Dans cette société, les marques de déni ne sont pas l'opposition : elle y est, comme l'ont été les hippies, absorbée. La société de consommation se consolide de sa critique comme le Moyen-Age se consolidait autour des mythes de Dieu et du Diable. Ce qui marque l'opposition à la société de consommation est la fatigue. La vraie passivité est l'accompagnement atone, mais la fatigue est le refus intégré, de celui qui ne trouve plus d'autres solutions d'opposition que sa propre neutralisation.



Preuve de la disparition de la réalité et de son intégration dans le mythe de l'abondance, la société de consommation se parle à elle-même : les célébrités n'ont rien d'autres à leur actif que d'être célèbres, dans une tautologie que l'on retrouve dans les publicités : elle nous incite à devenir ce qu'elle nous montre que nous sommes déjà, dans une sorte de synthèse . La société de consommation est une disparition de la transcendance car elle ne conçoit rien d'autre qu'elle-même, elle se regarde elle-même, se complaît, dans un narcissisme aussi fermé que le consommateur qui consomme des signes pour "personnaliser" sa propre personne.



Aboutissement du processus de domination de la nature par l'homme et le progrès scientifique, la société de consommation est aussi le point ultime de l'aliénation de l'individu, dépossédé de son identité, laquelle ne tient que dans les liens sociaux insincères qu'il doit créer pour exister sur le mode du sourire artificiel de celui qui a quelque chose à vendre, dépossédé de son travail mis à profit par le système de production de la société de consommation, enfermé en lui-même sans échappatoire. La solution pour en sortir ne peut être, pour Baudrillard, qu'une auto-désagragation ou une "irruption "brutale et imprévisible.



Le tableau est noir, et il manque sans doute les raisons fondamentales qui justifient l'existence de cette horrible société (mais après tout, sait-on expliquer facilement les sources relatives au psychisme humain de l'ordre de l'ancien-régime ou de l'empire romain ?), mais on ne peut que noter la formidable anticipation de Baudrillard. La société de consommation crée industriellement des liens sociaux (que sont les réseaux sociaux aujourd'hui ?...), la société se regarde elle-même (la téléréalité ?..), le mythe de l'abondance et le soutien de la société par sa propre critique (la fonte des glaces ne justifie-t-elle pas que l'on consomme "mieux" pour éviter la pénurie des ressources de la planète ?), la "Jérusalem" menacée (le mythe du conflit orient-occident, l'état-nation menacé, la spectacularisation d'un pseudo conflit islam-christianisme...). Bref, un essai brillant, qui montre qu'en 1970, à une époque où pourtant un ménage sur deux ne possédait ni voiture ni machine à laver, la société de consommation n'était déjà pas perçue comme un idéal. Une remarque encore : les Etats-Unis sont présentés par Baudrillard comme les premiers promoteurs de l'aliénante société de consommation ; si la solution se trouve dans les populations, celles d'Europe sauraient-elle impulser un autre modèle ?...
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La transparence du mal

L’auteur écrit ce livre en 1990, au moment de l’effondrement de l’Union Soviétique. Il prévoir que cette « décongélation des pays de l’Est » ne va pas faire repartir la marche de l’Histoire en Occident. Bien au contraire. Il pose la question : « Que devient la liberté quand elle est décongelée ? »



« Si l’ultra-congélation était la marque distinctive, et négative, de l’univers de l’Est, l’ultra-fluidité de notre univers occidental et encore plus scabreuse. Puisqu’à force de libération et de libéralisation des mœurs et des opinions, le problème de la liberté ne peut tout simplement plus y être posé. Il est virtuellement résolu. »



Et, d’une façon prémonitoire, il continue : « La liberté décongelée n’est peut-être pas si belle à voir. Et si on s’aperçoit qu’elle n’a qu’une hâte, celle de se négocier en ferveur automobile et électro-ménagère? Voire psychotropique et pornographique, c’est-à-dire passer d’une fin de l’histoire par congélation à une fin de l’histoire par ultra fluidité et circulation ? »
Lien : https://jacques-ould-aoudia...
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De la séduction

Pas inintéressant à relire cet essai de Baudrillard à notre époque de « Me too » . Sa réflexion sur la séduction comme force de subversion de l’ordre (de tous les ordres) , sur son rapport à la femme et à l’homme,est stimulante malgré u langage souvent un peu abscons.
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A l'ombres des majorités silencieuses;: Ou, L..

Ce court texte est composé de deux parties :A l'ombre des majorités silencieuses (L'abîme du sens/Grandeur et décadence du politique/La majorité silencieuse/Ni sujet ,ni objet/De la résistance à l'hyperconformisme/ Masse et terrorisme/Système implosif système explosif) et La fin du social.Ce texte aux allures de pamphlet analyse la crise du politique avec la verve brillante d'un auteur gourmand de formules-choc. Mais des pistes de réflexion pour aujourd'hui encore.
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La société de consommation

» Sur un thème rebattu ces dernières années cet ouvrage de 1970 signé Baudrillard apporte encore actuellement d’utiles pistes de réflexion en particulier sur les liens consubstantiels entre consommation et inégalité . Ce n’est pas de la lecture de plage mais ça reste assez facile d’abord.
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Sommes-nous ?

Un livre photographique très contrasté, différents styles y sont présents, différentes façon d'approcher le même sujet.

Le format est important pour moi, dans une photographie chaque détails est important, pour ce bouquin le format me convient, ni trop grand et donc impossible de le ranger dans ma bibliothèque et pas trop petit, pas besoin de sortir le compte-fil.
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De la séduction

À l’instar de Baudrillard - De la Séduction ; 1979 : « La séduction représente la maîtrise de l’univers symbolique alors que le pouvoir ne représente que la maîtrise de l’univers réel. La puissance du féminin réside dans la séduction ; Immense privilège du féminin de n’avoir jamais accédé au sens, à la vérité et d’être resté maître absolu du règne des apparences. », Sacha Guitry ne le dira pas autrement : « Ce qu’il y a de curieux avec les femmes, c‘est qu’elles sont toujours prêtes à tout pour sauver les apparences. Les vraies menteuses ne savent pas ce que la Vérité veut dire. » Nous sommes fascinés, attirés et repoussés en même temps.
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A l'ombres des majorités silencieuses;: Ou, L..

Ce court essai aborde la question du social en commençant par l’analyse du concept apriori anodin de « masses », un mot bien pratique dont les médias usent et abusent et que toute la population reprend sans y faire attention. C’est l’une de ces notions imprécises, totalement vides qui pullulent de plus en plus dans le langage pseudo « moderne » du journalisme, du management, de la vulgarisation scientifique, du politiquement correct et de l’euphémisme permanent... mots qui sont utilisés pour leur valeur symbolique souvent identitaire mais qui ne désignent rien en particulier (innombrables anglicismes du monde de l’entreprise qui renvoient à la réussite américaine, « liberté », « authenticité », « bienveillance », « résilience » – réversibles comme des vestes…). Qu’est-ce donc qu’une personne faisant partie de la masse ? Rien, une personne totalement dépouillée de sa personnalité, de son caractère d’animal social et politique. C’est une notion péjorative qui efface l’humain. Elle recouvre en fait la notion plus populaire de « gens ». Et comme tout le monde le proclame aisément en cœur : « Les gens sont c… ! ». En effet, ces « gens » dépouillés de leur histoire personnelle et collective, hors de leur appartenance de groupe, de leur imbrication sociale et professionnelle, de leurs engagements, ne sont plus réduits qu’à leur plus petit dénominateur commun : leur comportement de mouton.



Négliger la complexité humaine, c’est mépriser, mal-prendre, réduire un être vivant au degré d’unité de masse (en électricité, être à la masse c’est ne pas être sous tension…). Ainsi, l’utilisation même de ce terme, que ce soit dans un but noble ou pour dénigrer, est une erreur qui par faiblesse définitoire, contribue au renforcement de cette masse informe. Le parallèle avec le terrorisme est clair : en visant au hasard, sans cible précise, le terroriste crée une masse dominée par la peur ; finies les luttes sociales, les débats, les nuances, ne restent que des visages effacés. Jean Paulhan, dans Les Fleurs de Tarbes, appelait « terroristes » les écrivains qui se méfiaient de la langue, rhétoriqueurs ceux qui lui faisaient confiance. Baudrillard qualifierait volontiers de terroristes les discours qui usent de mots vides comme « masse ». Insulter les masses, les gens, où même les considérer comme unités de masse sans identité, c’est attaquer ce qui fait l’humain. Le journaliste, le politique, le policier, l’administratif, voire même le médecin et l'enseignant, deviennent peu à peu des figures détestables car elles ne s’adressent plus à chacun de nous comme à un être humain spécifique, mais comme à une unité de masse à laquelle on prête par avance tous les défauts généralement distribués dans la masse…



Mais le concept même de « social » n’est-il pas également aujourd'hui un leurre, un concept vide pour la plupart de ceux qui l’utilisent…? Il serait ainsi inutile de chercher à créer du social car les hommes seraient des égoïstes-nés (tels que les conceptualise l’économie de marché : l’homo œconomicus, qui rivalise pour survivre… nous sommes les moutons d’un même troupeau, et les plus rapides échappent au prédateur…). Les médias, analyses et discours politiques feraient semblant de vouloir dynamiser un social auquel ils ne croient pas… Leur action serait alors une supercherie, un spectacle de plus dans une matrice qui ferait croire à une élaboration de l’homme alors qu’il s’agit simplement de domination (rappelons que Baudrillard est la grande source d’inspiration du film Matrix). Dans un second glissement, le social est peut-être considéré par certains (les élites) comme des actions destinées à aider les minorités en difficulté (faire du social)… En ce cas, l’action des médias, analyses, discours… reviendrait à considérer que toute personne échappant au concept de masse est un homme anormal, malade… malade parce que refusant son rôle de clone substituable ? Malade par rapport à un idéal d’homme robot qui obéit et ne pose plus de problème ? Le social dans son sens traditionnel (par exemple dans l’anthropologie), c’est l’organisation du groupe dans laquelle sont pris les individus et qui fait qu’ils ont un rôle particulier, une vision relative à leur place, et qui fait qu’ils sont complémentaires et enrichis les uns des autres, ce qui fait que pris socialement, un individu est bien plus et bien autre que l’individu moyen des masses. Cette conception de l'homme social est évidemment inadaptée et même inutile pour des sociétés de consommation où l’identité et l’épaisseur d’un individu se définissent par ses achats… (cf. Baudrillard 1968, Le Système des objets)



Dans « L’extase du socialisme », article publié quatre ans plus tard, peu après l’élection de Mitterrand, Baudrillard se montre extrêmement dur à l’heure d’une euphorie certaine. De manière paradoxale, il présente la réussite électorale du parti socialiste comme l’enterrement des aspirations populaires à un système différent, donc du socialisme comme idéologie de transformation de la société (caractérisée notamment par l’idée de révolution). Le parti socialiste qui s’en réclame car il en porte le nom (tour de passe-passe lexical, mais porte-t-il vraiment la dynamique d’action ? ou n’est-ce que discours creux, postures, symbolique ?), donne l’illusion que ces revendications de changement sont portées par lui dans le débat démocratique, qu’elles seront entendues et acceptées si l’on vote pour lui. Son accession au gouvernement, son acceptation par le système, donne l’illusion que l’idéologie est triomphante, acceptée et acceptable… Hors de lui, les demandes de réforme – celles qui remettent en question le système – seraient irrecevables, irraisonnables ou disproportionnées (menant à l’instabilité, à l’anarchisme ou à la révolution sanguinaire, à la Terreur). Le revirement idéologique du gouvernement de Mitterrand de 1983 en matière d’économie semble lui donner raison : la désillusion qui s’ensuit, la déception des attentes populaires, entraîne une décrédibilisation non du parti mais de l’idéologie socialiste (à nouveau par report lexical), les basses classes sociales vont peu à peu se détourner de l’élection et de l’action politique (ça ne changera jamais rien !) et rechercher ailleurs d’autres remises en cause du système (tricherie, terrorisme, extrême droite… qui accroissent la masse). Ainsi le triomphe du socialisme entraîne sa propre destruction.



Ainsi, par la magie du langage, le système organise à l’intérieur même de sa matrice, toute une illusion de lutte sociale, de remise en question du système, mais qui n’a jamais comme but que l’élimination de toute opposition… Baudrillard donne l’impression de participer à une vision complotiste ou « illuminati » du monde, mais la matrice de la société de consommation n’est pas un pouvoir organisé et conscient, mais plutôt une usine à produire des valeurs vides et piégeuses. En cela, la pensée de Baudrillard est complémentaire de celle de Günther Anders dans L'Obsolescence de l'Homme : la modernité tend à rendre l'humain, au sens fort, caduc, inadapté, démodé ; elle n'est productrice que de fantômes, illusions de vie sociale et politique.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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