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Critiques de Jean Delumeau (20)
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Une histoire du paradis. Tome 1 : Le jardin..

Après avoir étudié l'histoire des Enfers, il fallait bien que je regarde ce qui s'était passé pour l'autre côté de la barrière. Il faut dire que j'étais un peu moins pressé, car ni moi ni mon entourage n'avons beaucoup de chances d'y entrer. Je lui manifeste donc un intérêt poli, mais la cartographie précise et la description de ce qui s'y passe me concerne nettement moins.



Précisons tout d'abord que l'essai se concentre uniquement sur le paradis chrétien, principalement européen et moyenâgeux, bien que l'auteur se permette de temps en temps quelques incursions ailleurs.



Au départ donc, le paradis a une existence tout à fait concrète dans l'esprit des européens, même si quelques auteurs marginaux avaient déjà opté pour une interprétation allégorique de la Genèse dès les premiers siècles. Il faut dire que la Bible elle-même est assez précise dans sa géographie, le bordant notamment du Tigre et de l'Euphrate. La cartographie de l'époque étant assez basique, les imaginations n'avaient aucun mal à voir le jardin d'Éden toujours présent dans un pays lointain. Les cartes de l'époque mentionnent d'ailleurs fréquemment l'emplacement du paradis à côté de cités ou de territoires prestigieux. Des récits de voyage s'étendent aussi à loisir sur les murs de flamme qui l'entourent, et sur l'ange veillant sur son entrée.



Les choses se gâtent, évidemment, à l'époque des grandes explorations. On a beau envoyer des caravelles et des explorateurs partout, il faut bien se rendre compte que le paradis est aux abonnés absents. On tente de le sauver de plusieurs façons, soit en le reléguant le plus loin possible de l'autre côté des Océans, soit en renonçant aux éléments fantastiques et en déclarant les peuples nouvellement découverts très proches des conditions de vie d'Adam et Eve.



Le coup fatal viendra avec la propagation de la théorie de l'évolution. La thèse de l'allégorie s'impose alors d'elle-même (bien qu'aujourd'hui encore, il existe des théologiens qui tentent d'allier science et lecture de la Genèse aussi littérale que possible), avec pour conséquence une certaine déprime. Savoir qu'un paradis avait existé est tout de même rassurant : « yaka » retrouver les conditions initiales et on y retourne aussi sec. Alors que maintenant, on sait que la possibilité d'une vie idyllique repose uniquement sur nos frêles épaules, ce qui n'incite pas à l'optimisme.



Essai intéressant à parcourir, même s'il m'a un peu moins plu que son homologue sur les Enfers. Le texte est rempli de références, mais il manque à mon sens quelque chose pour lier tous ces extraits ensembles : on a parfois l'impression de parcourir un catalogue de citations.
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La plus belle histoire du bonheur





Trois intellectuels, un philosophe André Comte Sponville, et deux historiens l’un spécialiste du sentiment religieux Jean Delumeau, l’autre du 18ème Arlette Farge se sont interrogés tour à tour sur le bonheur. Ces trois visions se complètent.

André Comte Sponville explique comment les philosophes dès l’Antiquité Socrate, Epicure, les stoïciens mais aussi plus tard avec Pascal, Spinoza… ont réfléchi sur le bonheur.

Jean Delumeau parle de la vie après la mort et de l’image du paradis à travers les 2000 ans de l’histoire chrétienne.

Quand à Arlette Farge elle montre que le bonheur au 18ème siècle ne concerne pas tout le monde. Les plus pauvres sont considérés comme n’ayant pas la sensibilité nécessaire au sentiment de bonheur. L’historienne parle aussi des Lumières et de la Révolution.



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Le fait religieux

Une livre référence. L’ auteur Jean Delumeau est un grand érudit. Il à la intelligence et le talent de proposer un livre clair , documenté et argumenté sur le histoire des religions. Je l’ai lu il y’a 20 ans et ce livre reste très présent dans ma mémoire.Seule l’ Histoire nous dira ce que il adviendra des religions dans les siècles à venir. C’ est un livre de spécialiste écrit pour le profane ou plutôt le lecteur curieux d’avoir une vision claire et synthétique du fait religieux. Il apporte des bases solides qui permettent ensuite au lecteur d’ aborder des spécialistes de l’ histoire des religions beaucoup moins faciles d’accés .Je pense , par exemple , à Mircea Eliade , intéressant mais difficile de accès
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La Bible et les peintres de la Renaissance ..

Un livre intéressant...

L'ouvrage publié par Citadelle et Mazenod présente un extrait de la bible et en face un tableau d'un maitre de la Renaissance. Juste cela, un extrait un tableau. C'est tout l'intérêt de ce livre, mais peut-être aussi sa limite en ce sens que nous n'avons aucune aide pour décrypter le tableau qui est présenté essentiellement comme une illustration d'un épisode de la Bible.

L'ouvrage présente souvent des tableaux originaux. Il faut sans doute être très très calé pour se dire "ah oui j'aurais mis celui là aussi...".

Esthétiquement honorable mais on n'est pas dans le haut de gamme de cet éditeur.
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La peur en Occident

Un ouvrage d'une richesse énorme qui analyse nos peurs à travers les ages. Notre comportement vis à vis de la peur n'a finalement que peu évolué avec l'histoire. Une bonne dose de motivation est tout de même nécessaire pour s'attaquer à ce livre, à éviter pour se distraire en vacances.
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La peur en Occident

Livre conseillé par une de mes professeures de Civilisation portugaise à l'université. Excellente recommandation.

Nous étions en train d'étudier les siècles XIV ET XV, l'Histoire du Portugal et la formation de son empire commercial.

Lire Delumeau est une très bonne introduction pour comprendre comment fonctionnait les peuples à ces époques, quelles étaient leurs motivations et donc leurs réactions et leurs actes. Prendre la Peur comme thème central pour explorer l'Histoire est une idée de génie qui nous renvoie à nos propres réaction sociales en tant qu'individu. Et la situation actuelle sanitaire n'en est que plus proche de ce passé.

A lire donc, car c'est en étudiant le passé qu'on comprend le présent et que l'on prépare le futur.
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Le christianisme va-t-il mourir ?

C'est un lieu commun de dire et répéter que notre époque est marquée par une déchristianisation massive, par opposition à un passé déjà lointain où les sanctuaires étaient pleins. Certains traditionnalistes se lamentent sur cette décadence, qu'ils attribuent souvent aux "dérives" de l'Eglise dans le monde moderne. Moi, j'ai toujours été sceptique à ce sujet. Je pense que la société française était, autrefois, prisonnière d'un carcan de conformisme et de contrainte morale qui pouvait faire illusion, mais qui ne garantissait pas du tout une vraie adhésion des individus à la religion chrétienne (et notamment catholique).

Dans cet essai fort ancien (1977), Jean Delumeau présente un argumentaire qui illustre bien ma thèse. Il résume ainsi sa pensée: « Je dirais que le Dieu des chrétiens était autrefois beaucoup moins vivant qu'on ne l'a cru et qu'il est beaucoup moins mort qu'on ne le dit » (p. 149).

L'auteur souligne que les autorités religieuses ont longtemps exercé une emprise presque totalitaire sur la société européenne et sur les peuplades colonisées par les Européens; et toute opposition ouverte était combattue sans faiblesse. Mais, en fait, cette intransigeance ne contribuait pas du tout à la sincérité de la foi et à la pureté des moeurs des fidèles. Inversement, la masse des "faux chrétiens" a presque disparu aujourd'hui. Ceux qui sont restés dans l'Eglise sont majoritairement plus sincères et plus fervents qu'autrefois; ils sont plus conscients de l'importance et des risques de leur engagement personnel. Cela ne veut pas dire qu'ils s'accordent tous sur l'esprit de leur religion; mais ces différences sont justement l'illustration de leur liberté.

Depuis 1977, les causes d'espoir et d'inquiétude n'ont pas changé chez les (vrais) chrétiens. Les sujets abordés par Jean Delumeau restent pertinents encore aujourd'hui. Mais il faut reconnaitre que la plupart des Français se fichent complètement de cette problématique...



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Histoire des pères et de la paternité

Je viens à bout de la lecture de ce traité sur les aspects historiques de la paternité avec des sentiments contrastés : son ambition encyclopédique est celle de rendre compte, sur une période s'étalant du Moyen Âge au seuil du XXIe siècle, du corpus de documents le plus exhaustif possible : non seulement juridiques (de droit privé) auxquels les historiens sont habitués, mais aussi littéraires, philosophiques et théologiques, diaristes, et même iconographiques. Une telle ambition a requis une interdisciplinarité remarquable et le concours de dix-sept spécialistes, dont des psychanalystes (la parité entre les sexes étant presque parfaite). Si une certaine progression chronologique est suivie, qui donne un poids tout à fait prépondérant à l'âge moderne, la variété des approches, des sources, des méthodologies livre une image composite – et complexe – de l'évolution du sujet, sans pour autant éviter les redites et un intérêt inégal que l'on peut légitimement nourrit à l'égard de telle ou telle autre question spécifique. De façon pour moi inattendue, l'éloignement de l'histoire juridique et institutionnelle de la paternité a eu pour conséquence de souligner l'importance absolument centrale du facteur religieux durant toute l'époque moderne : l'humanisme cède soudain le pas à la Réforme et Contre-Réforme, et, mine de rien même, la philosophie des Lumières semble devoir faire les comptes, même sur la question de la paternité, avec un absolutisme directement lié au climat intellectuel (réactionnaire) ayant conduit à la révocation de l'édit de Nantes... Malgré cette surprise, j'avoue que mon intérêt a été ranimé par l'époque contemporaine, mais là aussi j'ai trouvé non sans déception que le XIXe siècle était survolé de façon très expéditive ; peut-être est-ce parce que j'ai, jusqu'à présent, pris l'habitude de considérer l'évolution de la paternité comme une dialectique (féministe) avec une condition féminine qui aspire à une juste égalité, et non dans l'optique adoptée ici du déclin irrémédiable d'une paternité succombant à une dialectique entre pères partout discrédités et fils triomphants. Pour la même raison, sans doute, on ne peut qu'être stupéfait que les chap. relatifs au XXe siècle ignorent royalement Mai 68 et tout ce qu'il a comporté...

Cette édition de l'ouvrage date de 2000 et elle constitue une version revue et augmentée de la première, publiée 10 ans auparavant. Trois chap. y ont été ajoutés, dont un sur le Moyen Âge, pour rendre compte d'une évolution méthodologique chez les médiévistes, et deux sur la fin du XXe siècle, qui tentent de considérer les révolutions de la procréation médicalement assistée (ici abrégée encore en AMP au lieu de PMA comme il est d'usage aujourd'hui) : naturellement, ce dernier ajout est désormais déjà largement dépassé, et l'on peut mesurer à quelle vitesse le débat a avancé (notamment sur les questions relatives à l'homoparentalité) ces 23 dernières années...

Néanmoins cet ouvrage continuera sans doute à constituer une référence, surtout pour l'époque entre la Renaissance et la Révolution française (y compris sur les ambivalences du Code civil dans sa version d'origine), et ses conclusions sur la pluralité des fonctions paternelles me semblent complètement actuelles.







Table [avec les exergues de chaque chap. et appel des cit.] :



Ouverture : « Tendres souverains » (Didier Lett) : « L'histoire des pères et de la paternité a connu, depuis la première éd. du présent ouvrage (1990), un renouvellement surtout marquant dans un domaine : l'histoire médiévale. En s'intéressant à des sources non juridiques […], l'historiographie récente a modifié notre vision du père au Moyen Âge »



Partie I (XIIIe-1750) : L'Âge d'or du souverain



Chap. I : « La désignation du père » (Jacques Mulliez) : « À la fin du Moyen Âge, la paternité se présente comme une institution juridique complexe façonnée par l'enseignement de l'Église et la pratique coutumière, plus ou moins bien revêtue des oripeaux du droit romain. Elle procède alors en effet de trois logiques juridiques qui se conjuguent tant bien que mal d'abord pour désigner le père, pour définir ensuite ses droits et enfin ses devoirs » [cit. 1]



Chap. II : « De Gerson à Montaigne, le pouvoir de l'amour » (Sabine Melchior-Bonnet) : « S'ils ne parlaient pas expressément de "nouveaux pères", les hommes de la Renaissance avaient conscience d'en être et de donner à la notion de paternité un contenu beaucoup plus riche que leurs prédécesseurs. Le sentiment paternel ne surgit pas brusquement au XVe ou au XVIe siècle, mais être père fait alors l'objet d'un débat soutenu de la part des humanistes. Ceux-ci voient dans le chef de famille une clé de la vie économique, un pivot du renouveau religieux et le grand responsable, de par sa fonction éducatrice, de la société à venir. De plus, au-delà du vécu quotidien, le thème paternel, avec l'idée de filiation et d'héritage qu'il implique, rencontre les préoccupations philosophiques et historiques d'une époque soucieuse d'explorer son patrimoine culturel et de remonter à ses sources. » [cit. 2]



Chap. III : « Pérenniser et concevoir » (Alain Molinier) : « Du milieu du XVe siècle aux deux ou trois premières décennies du XVIIIe siècle, avant la contestation grandissante de son pouvoir au siècle des Lumières, l'image de la puissance du père s'affermissent dans l'Occident chrétien. La période moderne, à ce titre, peut être qualifiée de "l'âge d'or des pères" »



Chap. IV : « Nourrir, éduquer et transmettre » (Alain Molinier) : « C'est dans le courant né autour du concile de Trente et de l'Église nouvelle que saint Joseph devient l'archétype de la perfection paternelle. Saint Joseph est humble, obéissant, pauvre. Il est le plus parfait des pères dans son rôle de nourricier et d'éducateur : au-delà de l'apprentissage du métier, il initie l'Enfant qu'il aime au mystère de sa Passion future »



Partie II (XVIe-XVIIIe s.) : Le Discours des deux réformes



Chap. V : « Porter le nom de Dieu » (Odile Robert) : « Comment l'Église de la Réforme catholique, à travers théologiens, prédicateurs, pédagogues et moralistes ecclésiastiques, n'aurait-elle pas eu beaucoup à dire du père et au père ? Non seulement parce que son "honneur", partagé il est vrai avec la mère, est l'objet du quatrième commandement du Décalogue. Détenteur de l'autorité dans la famille, dont Dieu lui a donné la charge pour la conduire au ciel, il est la pierre angulaire de l'entreprise de christianisation opérée après le concile de Trente »



Chap. VI : « Les variations protestantes » (Marianne Carbonnier-Burkard) : « En rompant avec l'Église catholique et sa théologie, les réformateurs du XVIe siècle – et les Églises issues de la Réforme – ont-ils rompu aussi avec son modèle de paternité ? En dépit d'un socle commun – Bible, culture classique – on peut présumer que la théologie protestante n'est pas restée sans incidence sur ce modèle »



Chap. VII : « En son for privé » (Madeleine Foisil) : « Tenter d'aller au cœur de la vie intime, surprendre la spontanéité des sentiments, atteindre la confidence, telle est la démarche autorisée par les Mémoires et Livres de raison. "Le père par lui-même", tel pourrait être le titre de cette étude s'il n'était trop ambitieux par rapport aux limites auxquelles nous contraignent les textes ; sauvés de la destruction par la piété familiale ou la notoriété de leur auteur, ces derniers constituent une source de premier ordre. Leurs auteurs se sont voulus les gardiens d'une mémoire ; ils n'ont pas cherché à convaincre sur le sujet qui nous intéresse : l'existence et la valeur du sentiment paternel. Ils se sont contentés de le vivre »



Chap. VIII : « Unique en ses images » (Michèle Ménard) : « Les représentations figurées des Temps modernes donnent au père de multiples visages. Mais, si diverses soient ces effigies, elles appartiennent, les profanes aussi bien que les religieuses, à un univers dans lequel Dieu le Père est, au moins jusqu'au début du XVIIIe siècle, la source de toute paternité » [cit. 3]



Partie III (mi-XVIIIe-mi-XIXe s.) : L'Aventure du fils



Chap. IX : « De la famille à la patrie » (Jean-Claude Bonnet) : « Véritable mythe du XVIIIe siècle, la figure du père inspire un nouvel imaginaire familial qui fonde bientôt un nouvel imaginaire politique. Elle assure ainsi, du privé au public, la circulation d'une même idéologie »



Chap. X : « Les leçons paternelles » (Martine Sonnet) : « Rousseau, impossible père-éducateur qui abandonne sa progéniture mais écrit un fameux traité pédagogique, ne doit pas faire ombrage aux pères qui, au XVIIIe siècle, prennent une part active à l'éducation de leurs enfants. Mémorialistes et épistoliers montrent ces pères à l’œuvre tantôt soucieux de procurer une charge honorable pour leurs fils, dans les milieux favorisés, ou de transmettre le métier, chez les commerçants ou les artisans »



Chap. XI : « La volonté d'un homme » (Jacques Mulliez) : « Le Code civil opère une transaction, plus ou moins réussie, entre les principes juridiques propres à la société monarchique d'avant 1789 et ceux issus de la Révolution. Il ne se contente pas d'énoncer des règles juridiques abstraites, valables pour tous sans distinction, conformément à l'article premier de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, il nomme encore le personnage essentiel de cette société nouvelle : "le bon père de famille", seul titulaire de l'ensemble des droits énoncés par le Code. "Bon père de famille", c'est assez dire que le seul citoyen digne de ce nom est aussi et nécessairement père. Mais le Code civil est un code de "propriétaire", d'où il résulte que le personnage normatif du droit civil est le "père propriétaire". Comme l'énonçait déjà l'art. IV du Préambule de la Constitution de l'an III (1795) : "Nul n'est bon citoyen, s'il n'est bon fils, bon père, bon ami, bon époux", où l'on voit bien que le mariage et la filiation, donc la paternité, constituent toujours la base de la société nouvelle, comme ils constituaient déjà celle de la société de l'Ancien Régime » [cit. 4, 5, 6]



Partie IV (XIXe-XXe s.) : Ni tout à fait le même... [cit. 7]



Chap. XII : « La fin des patriarches » (Alain Cabantous) : « Les profondes modifications économiques, sociales, politiques, culturelles qui transforment la société française entre 1750 et 1920 atteignent aussi le père en diversifiant sa fonction et son image. Désormais, à côté du paterfamilias dominant sa maisonnée, se profile peu à peu le père migrant, le père divorcé, le père absent. Les familles comme l'État devront prendre en compte ces réalités nouvelles et difficiles pour l'ordre social » [cit. 8]



Chap. XIII : « Le miroir brisé » (Michèle Ménard) : « Aux XIXe et XXe siècles, l'image de la paternité se fragmente en éclats multiples, qui reflètent l'impossible unité du père contemporain. Lorsque la référence religieuse est oubliée ou abolie, il n'y a plus de réconciliation intime entre les contraires »



Chap. XIV : « Le pardessus du soupçon » (Françoise Hurstel, Geneviève Delaisi de Parseval) : « La paternité contemporaine, de 1945 à nos jours, se caractérise par des transformations rapides et radicales qui en ont affecté tous les aspects. En quarante ans, le statut légal et social du père, les images et les rôles, le vécu se sont modifiés. Une nouvelle définition de la paternité est en cours d'élaboration. Les données concernant cette période forment un ensemble vaste et hétéroclite. Elles proviennent de sources diversifiées : études démographiques, enquêtes sociologiques, textes juridiques et historiques, enfin psychologie et psychanalyse » [cit. 9]



Chap. XV : « Mon fils, ma bataille » (Françoise Hurstel, Geneviève Delaisi de Parseval) : « Comment les pères vivent-ils ces changements ? Les témoignages des hommes, des femmes et des enfants, lors de consultations psychologiques, d'enquêtes ou d'entretiens, sont de véritables "archives provoquées". Qu'il s'agisse du rôle, du vécu, des relations père-enfant, c'est sur un mode personnel – et parce qu'ils ne peuvent plus s'abriter à l'ombre de la loi – que les pères, désormais "sans puissance", vont assumer la paternité » [cit. 10, 11]



Chap. XVI : « Notre contemporain » (Yves Pélicier) : « À l'égard des phénomènes contemporains, nous ne disposons pas de la distance nécessaire pour bien percevoir et justement évaluer. En ce temps préoccupé par ce qu'on appelle le dysfonctionnement familial qui concerne le couple parental ou l'un des parents, les groupes sociaux s'interrogent sur leur capacité à préparer l'enfant à une vie adulte réussie. On s'avise aussi que l'un des facteurs d'une maturation satisfaisante se situe déjà dans la réussite d'une vie d'enfant »



Chap. XVII : « Le père au regard du droit » (Frédérique Granet) : « L'histoire de la paternité en Europe semble marquée par un mouvement de bascule : à la domination du paterfamilias, ancrée dans la tradition, a succédé, au cours du dernier demi-siècle, celle de la mère. Cependant les évolutions les plus récentes des droits des pères s'orientent vers plus d'égalité parentale, comme c'est déjà le cas dans les législations d'un certain nombre d'États »



Chap. XVIII : « De la paternité triomphante à la paternité négociée » (Geneviève Delaisi de Parseval) : « Quelles sont, depuis la première éd. de la présente _Histoire des pères_, les transformations les plus notables dans notre image de la paternité ? En une dizaine d'années, bien des aspects, sociaux et légaux, se sont modifiés, bousculés, voire renversés » [cit. 12]



Conclusion (Daniel Roche)

- Mais pourquoi les pères ? - Pour une histoire socioculturelle des pères – La réalité d'une présence – Pères des droits, droits des pères – Le mariage désigne le père – La sanctification de la paternité – Pères des Lumières entre le mythe et l'existence – Pères en révolution, révolution des pères – De la paternité coutumière à la paternité individuelle – La puissance paternelle émiettée – La seconde révolution des pères.
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L'avenir de Dieu

Delumeau Jean (1923-2020) – "L'avenir de Dieu" – CNRS-éditions, 2018 (ISBN 978-2-271-12124-0) – format poche, 286p. (cop. 2015)



Le titre est trompeur, ce qui est bien dommage.

En effet, ce livre se compose de deux parties distinctes, et le titre ne rend compte que de la seconde, pourtant quantitativement bien moins importante (pp. 211-260).



La première partie (pp. 7-208) s'avère passionnante, car elle résume tout autant le contenu des recherches historiques que la méthode suivie par ce grand historien, et dépasse en tant que telle largement le seul cadre religieux.

On le sait, Jean Delumeau fut "le" grand historien du vécu de la peur, de la confession (en tant que fondement de la psychologie d'aujourd'hui), de la notion de "paradis" et de "purgatoire" dans l'Europe du quatorzième au dix-huitième siècles, une thématique qu'il résuma lui-même sous le titre "histoire des mentalités religieuses dans l'Occident moderne". Dans ces champs de recherche, il fut incontestablement novateur.



La seconde partie réunit des textes de conférences donnés ça et là, traitant de l'avenir non pas de Dieu mais plus spécifiquement de l'Église Catholique Romaine, qui n'est que l'une des variantes de la chrétienté, mais dans laquelle il fut élevé, éduqué, institué.



Le premier de ces textes est sans doute le plus intéressant, puisqu'il traite de la religion chrétienne en tant que fondement (au sens le plus fort) essentiel d'une unité culturelle de l'Europe, qu'il est de bon ton aujourd'hui, dans nos "élites" dirigeantes, d'oublier, de dénigrer, de rejeter. Cette conférence fut prononcée en mai 1991, elle n'eut aucun effet, le désastre culturel est aujourd'hui (2020) entièrement consommé.

Scènes vécues : lors d'une visite du Louvre, j'entends un gamin demander "dis maman, qu'est-ce qu'il fait le monsieur ?" en montrant le Christ au centre des "Noces de Cana" de Véronèse, et la jeune dame d'une trentaine d'années au "dress-code" bien caractérisé, de répondre, "ah ben ça, j'en sais vraiment rien !" sur un ton tout à la fois d'évidence et de quasi fierté (genre "moi, j'ai pas été chez les curés") ; ou encore la "grande reporter" de France-Info, qui – lors de la catastrophe en Haïti – répétait sur un ton d'excuse "oh, vous savez, ici les gens sont encore très croyants" comme s'ils étaient atteints d'une grave maladie d'arriération mentale...



Les autres textes sont encore plus datés, car l'auteur y exprime ses distances critiques envers l'Église Catholique, depuis le désastre de l'encyclique "humanae vitae" (Paul VI, juillet 1968 – pp. 253-254) réduisant à néant les "modernisations" introduites par le concile Vatican II (1962-1965) jusqu'aux sempiternels "débats" sur le célibat des prêtres catholiques, la place dérisoire des femmes dans cette église qu'elles tiennent à bout de bras, le mode de gouvernance autocratique kafkaïen etc etc.

L'église catholique romaine est son propre fossoyeur...



Ces textes intéresseront sans doute les historiens de notre époque, mais ils ne reflètent – comme l'auteur lui-même le souligne – qu'une opinion personnelle.



L'intérêt de cet ouvrage réside donc dans sa première partie, synthèse des travaux de Delumeau : incontournable pour toute personne s'intéressant à l'histoire des fondements de ce qui fut la culture européenne jusqu'au milieu du vingtième siècle environ.



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La plus belle histoire du bonheur

J'ai bien aimé la partie d'André Comte-Sponville, bien qu'un peu abstraite par moments, elle présente un bon petit aperçu du bonheur vu par les philosophes. La partie théologique sur le moyen-âge ne m'a pas du tout intéressé, d'ailleurs je trouve qu'elle parle plus du paradis que du bonheur. La dernière partie concernant le 18e siècle est très intéressante, elle dépeint bien les conditions de vie d'alors. L'ensemble du livre est quand même très éloignée de nos préoccupations contemporaines, c'est vraiment un ouvrage "intello" qui n'aide pas vraiment à trouver le bonheur ici et maintenant, à notre époque je veux dire !
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La peur en Occident

A lire ou à relire en ces temps d'épidémie ,surtout le passage sur la peste ,qui revenait en moyenne tous les 10 ans .La nature humaine n'a guère changé depuis ces temps lointains ,heureusement la science ,la médecine ont évolué dans le bon sens depuis lors .
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Les grandes civilisations, tome 7 : La civi..

Mine de renseignements sur une époque aussi complexe que foisonnante, ce bouquin explore cette période de la Renaissance qui, bizarrement, n'intéresse plus grand monde aujourd'hui. Les points d'accroche avec aujourd'hui sont pourtant nombreux, parce que la Renaissance, comme notre époque, est une transition, un passé qui n'est pas encore mort et un avenir qui est déjà né. On croit revenir à l'antiquité, qu'on révère, et on la dépasse; on pense retourner au christianisme des origines, et on révolutionne la pensée religieuse; on cherche une voie nouvelle vers un monde connu, et on découvre un nouveau monde. La richesse de ce livre et de l'époque qu'il traîte est dans sa diversité. Tout s'y transforme, la technique, l'économie, la religion, l'art, la science, l'école, l'urbanisme, mais tout garde en mémoire la forme ancienne. La Renaissance porte sans doute mal son nom. Elle est une adolescence, fougeuse et conservatrice, idéaliste et opportuniste, cruelle et amoureuse.

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L'aveu et le pardon

Ma rupture, précoce, avec la religion s'établit en premier lieu par mon horreur de la confession , de devoir me raconter devant un "professionnel" (et de cela vint aussi mon rejet de la psychanalyse) . Jean Delumeau spécialiste de l'histoire religieuse analyse la crise de cette pratique entre le XIIIème et le XVIIIème siècle; 1/La contrainte de la confession privée obligatoire 2/ L'obsétrique spirituelle 3/La confession pour tranquilliser 4/ Les motifs du repentir 5/Etes-vous "attrit" ou "contrit"? 6/ La difficile victoire de l'attrition 7/ Le délai d'absolution 8/ Occasions et rechutes 9/ Circonstances et pénitences 10/ Ne pas aggraver les péchés11/ Préhistoire du probabilisme 12/ L'âge d'or du probabilisme 13/ L'offensive contre le probabilisme et le raz de marée rigoriste 14/ St Alphonse de Liguori:juste milieu et bienveillance.
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Les peintres de la Renaissance et la Bible

Cet ouvrage conséquent (462 p. ) est magnifiquement illustré comme toujours chez cet éditeur . Il collecte en deux parties (Ancien et nouveau testament) les principales représentation picturales issues d’épisodes Bbiblique réalisée à la Renaissance . On y trouve la marque d’un évolution picturale mais aussi des transformations des rapports entre société et religion. Ce que met en évidence la préface du grand historien Jean Delumeau.
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La seconde gloire de Rome, XVe-XVIIe siècle

Vous êtes passionnés d'histoire et de la Renaissance en particulier, vous êtes féru d'art ou curieux de son histoire? Ce livre est pour vous!

Dans un langage simple et agréable, l'auteur nous emmène vers cette période si riche et pourtant parfois décadente, surtout du côté des chefs de l'Église. Des portraits détaillés des protagonistes de cette période.

C'est ici une excellente synthèse qui plus est agréable à lire et passionnante.
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La peur en Occident

Jean Delumeau est assurement l'un des plus grands historiens contemporains, car l'un des plus profond...
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Une histoire du paradis. Tome 1 : Le jardin..

Premier tome d’une trilogie consacrée à un de ces mythes consolant qui tentent de calmer les angoisses humaines. Ce premier volume est dédié au Paradis terrestre ,celui que nous sommes censés avoir perdu . Au fil de l’histoire et des découvertes géographiques et scientifiques sa quête s’est étiolée mais durant des siècles ce fut un véritable objet d’étude . Aujourd’hui il est renvoyé au symbole et à la mythologie mais continue à structurer notre imaginaire. Livre d’une grande érudition mais agréable à lire par un grand spécialiste récemment disparu.
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Des religions et des hommes

Cette encyclopédie de 509 pages, éditée par la Pochothèque, se compose de 45 chapitres et d'un glossaire.



Les centaines d'illustrations, la plupart en couleur, sont somptueuses.



Un abord synthétique, et d'une grande qualité pédagogique, des religions.







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Alphonse de Liguori. Pasteur et docteur

Bonjour,



J'ai consulté quelques ouvrages concernant Alphonse de Liguori et celui-ci m'a intéressé parce qu'il est construit sur la description comparée de l'oeuvre pastorale et doctrinale d'Alphonse de Liguori, dans le cadre des courants théologiques et pastoraux de son temps.



Alphonse de Liguori est né en 1696 et décédé en 1787 à Naples.

On n'aborde pas ici le détail de la jeunesse et du cheminement, à travers sa carrière d'avocat, d'Alphonse vers la prêtrise et sa consécration entière à la pastorale auprès de tous les milieux. On débute, après le liminaire de Jean Delumeau, par la description de son diocèse, alors qu'il aura tout fait durant de nombreuses années pour retarder sa nomination à la tête d'un évéché rural du royaume de Naples.



Sont analysés de manière intéressante la dévotion mariale d'Alphonse, en comparaison avec l'oeuvre de Louis-Marie Grignion de Montfort et la théologie morale qui se traduit dans la casuistique appliquée -je ne sais si l'expression est celle qui convient le mieux, dans le discernement et le conseil aux croyants qui viennent se confesser auprès de lui.



Ces deux points montrent à quel point Alphonse de Liguori est opposé au triste courant janséniste.



Les recueils qu'il rédige soit à l'intention de religieuses, religieux, prêtres ou fidèles de toutes conditions permettent d'avoir une vision claire de sa théologie morale reposant sur la dévotion mariale, l'oraison et le recours aux sacrements.



Fidèle de Sainte Thérèse de Jésus, il s'abstient de traiter de mystique et recentre ses fidèles sur l'accomplissement de la volonté de Dieu, qui exige humilité, renoncements et simplicité terre-à-terre à une époque où des religieux recherchent les élans mystiques comme une atteinte de la perfection chrétienne.



Et bien entendu, l'ouvrage traite de son grand oeuvre, la création des Rédemptoristes, même si l'ouvrage ne conte pas tous les déboires et toutes les difficultés que notre Saint Alphonse a dû endurer toute sa vie durant.



Je l'avais lu initialement pour comprendre comment s'enseignait dans l'Eglise la pratique du sacrement de réconciliation.



Enfin, l'importance de son oeuvre entraîne l'étude de l'influence qu'elle a eu dans l'Eglise, en particulier au XIXème siècle, en Allemagne ou après la publication de la vie d'Alphose de Liguori par Jean Bosco à Turin en 1887 lors du centenaire de la mort d'Alphonse,



J'avoue que cet ouvrage va plus loin que mes attentes et que c'est un luxe pour moi d'en assimiler tous les enseignements. Il n'en reste pas moins que c'est l'ouvrage que j'ai jugé le plus accessible et le plus synthétique.



Bonne lecture.



Christian.

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