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Citations de Jean-Joseph Rabearivelo (25)


Jean-Joseph Rabearivelo
Esther Razanadrasoa, Anja-Z (traduit du hova par Jean-Joseph Rabearivelo, auteur d'une Anthologie de la Poésie hova - Mpivahinin’Iarivo)
Sous la lune



Sous la lune blanche qui brille,

De petits oiseaux s'ébrouent et chantent ;

Ils sont heureux tandis que quelque chose les trompe,

et c'est la lumière du jour qui n'est plus.



Comme ils perdent la raison de la nuit avançante !

S'évertuant à rivaliser de beauté,

ils ne voient pas les ténèbres qui se tressent,

ni le départ du jour, seul auditoire possible !



Au soleil qui a déjà chaviré, ils élèvent des hymnes !

Le matin rose, ils l'aiment et l'invoquent …

Pourtant les mains seules de l'ombre y sont,

celles de la lumière étant déjà mutilées !

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Jean-Joseph Rabearivelo
Tu nous viens, ô matin, des murs clos de la nuit,
et telle un fruit d'un bel arbre abattu,
la pulpe de lumière offerte à mon ennui
m'enivre d'un parfum de quel verger perdu!
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Les ruches secrètes sont alignées
près des lianes du ciel,
parmi des nids lumineux.

Butinez-y abeilles de mes pensées,
petites abeilles ailées de son
dans la nue enceinte de silence ;
chargez-vous de propolis
parfumée d'astres et de vent :
nous en calfeutrerons toute fente
communiquant au tumulte de la vie.

Chargez-vous aussi de pollen stellaire
pour les prairies de la terre ;
et demain, lorsque s'y noueront
les roses sauvages de mes poèmes,
nous aurons des cynorrôdons aériens
et des semences sidérales.

p 27-28 "Traduit de la nuit", IX
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Le Poème

Paroles pour chant, dis-tu, paroles pour chant,
ô langue de mes morts,
paroles pour chant, pour désigner
les idées que l’esprit a depuis longtemps conçues
et qui naissent enfin et grandissent
avec des mots pour langes —
des mots lourds encore de l’imprécision de l’alphabet,
et qui ne peuvent pas encore danser avec le vocabulaire,
n’étant pas encore aussi souples que les phrases ordonnées
mais qui chantent déjà aux lèvres
comme un essaim de libellules bleues au bord d’un fleuve
salue le soir.


Paroles pour chant, dis-tu, paroles pour chant,
paroles pour chant, pour désigner
le frêle écho du chant intérieur
qui s’amplifie et retentit,
tentant de charmer le silence du livre
et les landes de la mémoire,
ou les rives désertes des lèvres
et l’angoisse des coeurs.

Et les paroles deviennent de plus en plus vivantes,
que tu croyais en quête du Chant ;
mais elles deviennent aussi de plus en plus fluides et ténues,
comme cette brise qui vient des palmiers lointains
pour mourir sur les cimes sourcilleuses.
Elles deviennent davantage des chants,
elles deviennent elles-mêmes — ce qu’elles ont toujours été
jusqu’ici, en vérité.
Et je voudrais changer, je voudrais rectifier
et dire :
chants en quête de paroles
pour peupler le silence du livre
et planter les landes de la mémoire,
ou pour semer des fleurs aux rives désertes des lèvres
et délivrer les coeurs,
ô langue de mes morts
qui te modules aux lèvres d’un vivant
comme les lianes qui fleurissent les tombeaux.

(poème de PRESQUE-SONGES, p 84-85)
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PRESQUE-SONGES
A tous mes amis, morts et vivants
fils d’Orient et d’Occident

Fruits

Tu peux choisir
entre les fruits de la saison parfumée ;
mais voici ce que je te propose :
deux mangues dodues
où tu pourras téter le soleil qui s’y est fondu.

Que prendras-tu ?
Est-ce celle-ci qui est aussi double et ferme
que des seins de jeune fille,
et qui est acide ?
Ou celle-là qui est pulpeuse et douce comme un gâteau de miel ?
L’une ne sera que violentes délices,
mais n’aura pas de postérité,
et sera étouffée par les herbes.
L’autre,
source jaillissant de rocher,
rafraîchira ta gorge
puis deviendra voûte bruissante dans ta cour,
et ceux qui viendront y cueilleront des éclats de soleil.
p 87
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...Ta flûte
et la sienne –
elles regrettent leurs origines
dans les chants de vos peines.
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LA NOUVELLE TOMBE

Ma tombe est toujours ma tombe, mais mon coeur en est une autre. — C'est ma tombe en dehors de la terre ; c'est ma seconde tombe.
Ce ne sont pas des herbes qui la cachent, ni non plus une pierre mâle. C'est ma chair pleine de souci qui la dissimule.
Mes vibrants soupirs, mes larmes et mes sanglots incontenus y jouent les revenants et me hantent sans cesse.
Là sont les rêves conçus mais qui s'étaient dissipés invisiblement et brusquement. Là sont les épaves du bateau de l'Espérance.
Là les stances du passé et les chants de ma jeunesse sont ensevelis et ne se réveillent plus. Pas même pour donner un écho.
Là sont tous les projets, perdus et oubliés. Là gisent les os de mes jours lointains et des heures sans pouvoir.
Là se décompose lentement la chair. Là, elle flétrit et tombe, quoique jeune. Là sont les morts, tous les morts.
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Que de fois relayés
et que de fois les mêmes,
dans la lumière ruisselante,
les laboureurs de l’azur ?

Ont semé quelles graines,
ont planté quelles tiges
au royaume du vent,
et sur les monts arasés ?

Sont en quel inconnu,
derrière quel feuillage
et sur quelle herbe haute,
près des rives du soir ?

— Boivent à une source noire,
arrachent cressons et menthes,
puis, couchés sur le dos,
regardent les astres croître

jusqu’à votre éclosion,
ô glaïeuls rouges et noirs,
et jusqu’au saccage par le jour
de leurs aires aériennes.
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Ta flûte,
tu l’as taillée dans un tibia de taureau puissant,
et tu l’as polie sur les collines arides
flagellées de soleil ;
sa flûte,
il l’a taillée dans un roseau tremblotant de brise,
et il l’a perforée au bord d’une eau courante
ivre de songes lunaires.
Vous en jouez ensemble au fond du soir,
comme pour retenir la pirogue sphérique
qui chavire aux rives du ciel ;
comme pour la délivrer
de son sort ;
mais vos plaintives incantations
sont-elles entendues des dieux du vent,
et de la terre, et de la forêt,
et du sable ?

Ta flûte
tire un accent où se perçoit la marche d’un taureau furieux
qui court vers le désert
et en revient en courant,
brûlé de soif et de faim,
mais abattu par la fatigue
au pied d’un arbre sans ombre,
ni fruit, ni feuilles.
Sa flûte
est comme un roseau qui se plie
sous le poids d’un oiseau de passage –non d’un oiseau pris par un enfant
et dont les plumes se dressent,
mais d’un oiseau séparé des siens
qui regarde sa propre ombre, pour se consoler,
sur l’eau courante.

Ta flûte
et la sienne –
elles regrettent leurs origines
dans les chants de vos peines
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Un Clin D’œil.


Les yeux s’ouvrent, les yeux se ferment,
— on ne sait s’il peut frapper aux portes du ciel,
pendant ce temps l’éclair le plus rapide.
Les yeux s’ouvrent, les yeux se ferment,
— arrivent-il à franchir ce qui forme l’univers pour une fourmi,
le pas hésitant d’un enfant?

Les yeux s’ouvrent, les yeux se ferment:
tes songes deviendront des cauchemars
si tu penses trop à ce qui peut mystérieusement se passer
pendant ce temps!

Quelles rides, que de rides secrètes
plissent alors le front de la terre,
et les joues de ta bien-aimée,
et celles des femmes que tu désires,
et celles des autres que tu ne connais même pas!
Quelles ébauches de fils blancs
s’apprêtent à coudre la jeunesse
et tressent le linceul qui enveloppera
les personnes qui ont trop vécu!

Les yeux s’ouvrent, les yeux se ferment —
Si tu vas à ces fenêtres
Ouvertes sur le monde,
n’y dénombre pas les fleurs qui viennent de naître
sur la tombe de celles qui sont déjà tombées;
ne cherche pas à y trouver les stèles commémoratives
de ce qui n’est plus
ou de ce qui a changé dans le silence du Sort ;
— ces stèles écroulées aussitôt érigées
au cimetière qui s’étend derrière les yeux.
N’y contemple que cette jeunesse éternelle
qui s’offre à toi,
en un clin d’œil,
et qui est fille des vieux mondes successifs.
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     Écoute les filles de la pluie…


     Écoute les filles de la pluie
qui se poursuivent en chantant
et glissent
sur les radeaux d’argile
ou d’herbes de glaïeuls
qui couvrent les maisons des vivants.

     Elles chantent,
et leurs chants sont si passionnés
qu’ils deviennent des sanglots
et se réduisent en confidences...

     Peut-être pour mieux faire entendre
cet appel d’oiseaux qui t’émeut.

     Un oiseau seul au cœur de la nuit
et il ne craint pas d’être ravi par les Ondines ?
Ô miracle ! ô don inattendu !

Pourquoi rentres-tu si tard ?
Un autre a-t-il pris ton nid ?
tandis que tu étais en quête d’un rêve au bout du monde ?
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Ce qui se passe sous la terre,
Au nadir lointain ?
Penche-toi près d’une fontaine,
Près d’un fleuve
Ou d’une source :
Tu y verras la lune
Tombée dans un trou,
Et tu t’y verras toi-même,
Lumineux et silencieux,
Parmi les arbres sans racines,
Et où viennent des oiseaux muets.
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La peau de la vache noire est tendue,
Tendue sans être mise à sécher,
Tendue dans l’ombre septuple.

Mais qui a abattu la vache noire,
Morte sans avoir mugi, morte sans avoir beuglé,
Morte sans avoir été poursuivie
Sur cette prairie fleurie d’étoiles ?
La voici qui gît dans la moitié du ciel.

Tendue est la peau
Sur la boîte de résonance du vent
Que sculptent les esprits du sommeil.

Et le tambour est prêt
Lorsque se couronnent de glaïeuls
Les cornes du veau délivré
Qui bondit
Et broute les herbes des collines.

Il y résonnera,
Et ses incantations deviendront rêves
Jusqu’au moment où la vache noire ressuscitera,
Blanche et rose,
Devant un fleuve de lumière.
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Forêt bruissant de silence,
Forêt où s’est évadé l’oiseau à prendre au piège,
l’oiseau à prendre au piège qu’on fera chanter
ou qu’on fera pleurer.
À qui l’on fera chanter, à qui l’on fera pleurer
le lieu de son éclosion.
Forêt. Oiseau.
Forêt secrète, oiseau caché
dans vos mains
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Ta cime,
dans tes cheveux que le vent secoue,
cèle un nid d’oiseaux immatériels ;
et lorsque tu viendras coucher dans mon lit
et que je te reconnaîtrai, ô mon frère errant,
ton contact, ton haleine et l’odeur de ta peau
susciteront des bruits d’ailes mystérieuses
jusqu’aux frontières du sommeil.
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29



  Il est une eau vive
qui jaillit dans l’inconnu
mais qui mouille le vent
que tu bois,
et tu aspires à sa découverte
derrière ce roc massif
détaché de quelque astre sans nom.

  Tu te penches,
et tes doigts caressent le sable.
Soudain tu repenses à ton enfance
et aux images qui l’ont charmée –
surtout à celle où ces mots naïfs mais étonnant se trouvaient
   « LA VIERGE AUX SEPT DOULEURS »

  Et voici une autre eau vive
qui ne cesse de sourdre sous tes yeux,
mais qui attise ta soif :
ton ombre
‒ l’ombre de tes rêves –
devient septuple
et, émergeant de toi,
alourdit la nuit déjà dense.
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14



  Voici
celle dont les yeux sont des prismes de sommeil
et dont les paupières sont lourdes de rêves,
celle dont les pieds sont enfoncés dans la mer
et dont les mains gluantes en sortent,
pleines de coraux et de blocs de sel étincelants.

  Elle les mettra en petits tas près d’un golfe de brouillard
et les débitera à des marins nus
auxquels on a coupé la langue,
jusqu’à ce que tombe la pluie.

Elle ne sera plus alors visible,
et l’on ne verra plus
que sa chevelure dispersée par le vent,
comme une pelote d’algues qui se dévide,
et peut-être aussi des grains de sel insipide
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Presques songes
Danses



Extrait 3

Ce ne sont ni plaintes, ni chants
qui fleurissent son visage :
des larmes l’imprègnent seules
au souvenir de tous les morts…



Se souvenir… Comme une pleine lune
  près de chavirer et de n’être plus visible,
  voici le printemps qui s’effeuille
  et n’est plus qu’un tombeau de feuilles mortes…



Et les doigts se rencontrent :
  les doigts frêles de la femme-enfant,
  et les doigts inertes de la vieille femme,
  doigts pareillement translucides –


se rencontrent et forment comme une passerelle
  qui relie le crépuscule
  déjà éclos sur les collines
  avec le jour qu’annonce le coq !
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— A-t-il enfin les ailes brisées, le Prince-libellule, à force de voler ? Est-elle enfin mariée, la Belle-naive, après un long célibat ?
— La Belle-naïve n'est pas mariée après un long célibat. Ce n'est pas l'oiseau blanc qui marche en titubant que je méprise, ni le grand héron qui reste la bouche béante : je suis la Jeune-femme-qui-n'a-qu'une-parole, et je me garderai bien d'y ajouter du remords !

Les Vieilles Chansons du Pays d’Herina, LVIII
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Il est des mains rouillées sans nombre,
– ondes, ombres, fumées –
qui sarclent et marcottent
dans un buisson de framboisiers,
envahi d’herbes à hauteur de géant
d’où ne sortent que des oiseaux aveugles.
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