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Citations de Jean Lacouture (225)


Paris libéré ! l'évènement miracle est aussitôt connu du monde entier, jusqu'aux lieux où la nouvelle peut causer la plus juste joie : dans les camps de concentration. Christian Pineau nous a raconté qu'à Buchenwald - où " le bulletin d'information allemand était très sérieux " - on l'apprit dès la nuit qui suivit l'entrée de de Gaulle à Paris.
A Dachau, Edmond Michelet fut aussitôt convoqué par les trois chefs politiques du camp, un Tchèque, un Polonais et un Yougoslave, jusque-là un peu dédaigneux à l'égard des Français, qui lui annoncèrent, les larmes aux yeux, " la plus grande nouvelle depuis que nous sommes ici : Paris est libéré, et Paris est intact ! " En Grande-Bretagne, l'enthousiasme fut à la mesure des services incomparables que le Royaume-Uni avait rendus depuis quatre à la libération de la France, et Anthony Eden, ami fidèle entre tous, exprima à la BBC une joie qui sonnait juste.
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Ce même jour, de Gaulle reçoit une lettre que Leclerc lui fait porter depuis son PC proche d'Argentan. D'où il ressort qu'il n'est de professeur d'audace qui ne puisse trouver son maître : après un rapide rappel des opérations conduites depuis deux semaines à travers la Normandie, le chef de la 2e DB lui annonce tout de go qu'il vient, lui, Leclerc, de prendre la décision de diriger sur Paris, après Versailles pour premier objectif, un détachement commandé par le lieutenant-colonel de Guillebon, qui a " l'ordre de prendre le contact, de me renseigner et d'entrer dans Paris si l'ennemi se replie ".
Quand on sait ce qu'étaient les grandes opérations interalliés, la minutie de leur préparation, la complexité des mécanismes mis en branle - et aussi, en l'occurrence, la gravité des problèmes politiques posés -, l'initiative alors prise par Leclerc, l'envoi de cette colonne blindée à travers la nature avant d'avoir reçu l'ordre d'Eisenhower, relevait à coup sûr du conseil de guerre. L'esprit du 18 juin imprégnait vraiment ces hommes-là... Aussi bien de Gaulle câble-t-il dès le lendemain matin à ce chef selon son cœur : "... J'approuve votre intention. Eisenhower m'a promis que vous alliez recevoir Paris comme direction... Je coucherai ce soir au Mans et tâcherai de vous rencontrer demain ...".
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C'est un artiste, enfin. On a dit qu'à ses yeux le poète l'emporte sur le capitaine vainqueur. L'écrivain, en tout cas, n'abdique jamais en lui, et d'autant moins qu'il écrit avec peine, raturant, se reprenant. Agit-il pour trouver des sujets dignes de lui et d'un art qui eût détonné, s'agissant des affaires de César Birotteau ou même de celles du cabinet de Paul Reynaud ? " De Gaulle est un homme qui, où qu'il soit, ne cesse de crayonner le brouillon de ses mémoires ", disait de lui un homme qui l'avait observé sans complaisance, l'ambassadeur Jean Chauvel.
Redessiner la carte du monde pour trouver, chemin faisant, matière à écrire un chef-d'œuvre ? Pourquoi cette dichotomie, quand écrire (ou " écrire-parler " ) peut être la meilleure arme de l'homme d'action, sinon la meilleure action ? " Je ne parle pas pour ne rien faire ", disait-il. Et il est vrai que se saisissant de la dépouille d'un pays assassiné pour la ranimer et lui rendre au moins les apparences de la grandeur, et longtemps démuni de tout autre moyen, il n'a pas trouvé mieux que des phrases, du 18 juin 1940 au 7 août 1944.
Derrière les mots qu'il lance ainsi depuis quatre ans comme autant de bouteilles à la mer, les Français vont voir paraître un visage et un corps. Mais ainsi incarnés, ce sont encore des mots qui les conduiront, forgés et assemblés par un poète tragique qui semble ne s'affairer à grandir la France que pour ajuster une histoire chancelante à son style majestueux.
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C'est un homme, encore. Un homme dont frappe, aux jours les plus violents, l'attention qu'il porte aux affaires des siens, aux études puis aux affectations militaires de Philippe, aux travaux d'Élisabeth, au sort du "tout-petit". On a cité des lettres à son épouse d'une tendresse et d'un abandon surprenants - sans que la pesée de l'histoire y soit jamais escamotée. Il ne juge pas Yvonne indigne d'être informée de ses préoccupations majeures de " Symbole " et de président du GPRF.
Une foi religieuse double-t-elle sa foi nationale - et celle qu'il voue au personnage qu'il a inventé ? Beaucoup de ses partenaires, ayant éprouvé l'implacable rudesse de ses procédés et pâti des détours de sa démarche, ont mis en doute qu'un si féroce combattant puisse être un bon chrétien. Question à laquelle on se gardera de donner une réponse simple. Retenons toutefois qu'appelé par un agent de relations publiques londonien à donner une description de lui-même à la fin de 1940, il indique, dès la seconde phrase de cet autoportrait : " Je crois en Dieu ". Retenons aussi cette réponse faite à son neveu Michel Cailliau qui lui demande si son grand dessein s'accommode d'une croyance religieuse : " Je suis chrétien par l'histoire et la géographie ". Formule qui peut être tenue pour positive par les uns, négative par les autres...
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Qu'a-t-il de commun avec celui qui est parti, quatre ans plus tôt, semi-clandestin aventuré dans l'impossible, agrippé au radeau des vaincus, plus temporaire que général, plus illégal qu'héroïque, plus scandaleux que prophète, gibier de tribunal voué aux foudres des notables prudents et des militaires plus fidèles à leur serment au maréchal qu'aux exigences de l'indépendance nationale ?
D'échec en rejet, condamné par Vichy, moqué par les notables, honni par ses pairs, nié par Roosevelt, renié par Churchill, il a survécu, grandi, maîtrisé le destin. Et maintenant, modelé quatre années durant par la plus formidable "houle de l'histoire" qu'ait jamais affrontée navigateur de haute mer à bord d'une coque de noix, le voici tel qu'en lui-même enfin l'épreuve l'a changé.
Nous savons qu'il n'a jamais douté d'être à la tête des "affaires de la France". Général de 15 ans ou conférencier à l'Ecole de guerre, auteur du "Fil de l'épée", colonel de chars ou sous-secrétaire d'Etat, ce ne sont que les avatars d'une prépondérance en voie d'accomplissement. Gaston Palewski le percevait confusément dès leur première rencontre, en 1934, sans oser se formuler la question à lui-même : que pèseraient, face à un tel homme, les chefs du parlementarisme français ? Il n'a même pas eu à les affronter, les trouvant très tôt ralliés et consentant - non sans grandeur d'âme - à la "relève" qu'il assure. Et les voici maintenant qui, à l'instar de tous les Français, tournent leurs regards fascinés vers cet inconnu en qui s'incarne l'avenir.
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« Toute la noblesse de l’homme consiste à remonter le courant qui l’entraîne et à vaincre sa nature partout où Dieu exige qu’elle soit vaincue. » A propos de Racine, il écrivait aussi que ce qui importe, chez un homme, ce n’est pas ce qu’il est, c’est ce qu’il est devenu. Dans un autre choix, d’autres ont trouvé joie ou sagesse. Lui a pris ce chemin – celui du refus. Ce n’est pas la moindre des raisons pour lesquelles Julien Green qualifiait la vie de François Mauriac de « tragique ».

On ne videra pas ici la querelle qui s’est élevée à propos du « jansénisme » de Mauriac. Mais faut-il qualifier de janséniste tout climat religieux marqué par le pessimisme, l’angoisse, l’extrême exigence ? Il est vrai que la référence la plus constante et vibrante du chrétien Mauriac est celle qui le tourne vers Pascal, de tous les écrivains celui qu’il aura cité le plus souvent et avec le plus de ferveur.
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L’amitié des femmes ne lui manqua pas : celles de Jean Balde (Jeanne Alleman), de Madeleine Le Chevrel, de Denise Bourdet, de Marcelle Duthil, et d’une certaine façon de Colette, qu’il appelait la « grosse abeille »… Et il connut aussi que parfois les frontières entre l’amitié et l’amour sont mal tracées. A Propos de Thérèse Desqueyroux et du Feu sur la terre, François Mauriac dit ceci :
"… Thérèse pourrait être du côté des impurs et du côté de Proust, qui disait que l’amitié n’existe pas, est un pseudo-sentiment. Il y a les êtres qu’on aime et ceux qu’on n’aime pas (…) Ce sont des sujets extrêmement délicats, extrêmement scabreux, qu’il est très difficile de traiter, même la plume à la main… Car cela touche à des abîmes… »

Ces « abîmes »-là, François Mauriac, écrivain voué à y « jeter des torches », les aura en fin de compte peu sondés. Infiniment moins que ces écrivains contemporains dont il fut si proche par l’art, l’amitié, les préoccupations : Marcel Proust, André Gide, Marcel Jouhandeau, Julien Green. , le fait est que le thème de l’homosexualité n’affleure guère dans une œuvre qui ne pèche pas par la timidité du regard sur la nature humaine en lutte avec la grâce. La vie, plus que l’œuvre, de Mauriac fut hantée par ce type de rapports humains.

Face à Gide, l’argumentation de Mauriac sera plus claire et d’une certaine façon plus forte. A la différence de celle de Proust, il ne voit pas cette œuvre « corrodée par le « vice ». S’il la met en cause sur ce plan, c’est d’abord, dans sa correspondance avec Jacques Rivière — sur un thème proposé par son ami à propos de la supposée incapacité des homosexuels à évoquer la femme, son cœur, son corps et ses passions.
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Ai-je été à ma manière et aux yeux de certains ,le Charlot du Vietnam?Le drapeau que j'avais en mains n'y était pas tout à fait par hasard.Mais s'il fut si vivement agité ou brandi ce fut à l'occasion de circonstances , de rencontres, et de débats dont je n'étais pas tout à fait le maître.
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Mais l'événement c'est quoi? C'est la tache d'huile à la surface, qui signale l'explosion, en profondeur, le changement brusque de rythme dans le flux de l'histoire.
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Bernanos c'est une flamme et Gide c'est un jet d'eau.
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Le Chinois est plutôt avec que contre, mais le maoïsme lui enjoint de croire que le progrès est dans la contradiction.
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Comme tout ce qui se passe en Chine, planète de la spontanéité organisée.
La fête, comme la discussion politique, comme les grands travaux, tout ça, en effet, est très organisé.
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La vie comportait des rites intégrés. Maintenant que la plupart des mythes ont été brisés, il faut bien qu'on les réinvente à travers un rituel.
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Les jeux de 1936 avaient prétendu être un hymne au fascisme. Ceux de 1972 ont été une foire du capitalisme.
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Ce que je suis devenu est dû à des expériences extérieures, très extérieures et même lointaines.
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Mon enfance, si vous voulez, ressemble à la petite pluie bordelaise, au crachin bordelais qui estompe tous les angles.
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Faire "Science Po", pour un jeune bourgeois de province, c'était la petite monnaie de l'évasion.
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- Cette psychiatre qui t’intéresse, tu pense qu’elle a joué un rôle dans un meurtre. Bon, et que comptes-tu faire à présent ?
Ce n’est pas à son tour, mais Kim lui répond néanmoins.
- Obtenir un mandat ? hasarde-t-elle
Tex éclate de rit ;
- Et sous quel prétexte ? je suis sûr qu’elle est aussi respectée par ses pairs que par ses patients et que personne n’a jamais eu à se plaindre d’elle. Même la jeune femme qui a fini en prison aurait du mal à croire qu’elle a été manipulée, alors comment comptes-tu obtenir un mandat ? tes supérieurs penseront que tu as perdu la tête, et tu perdras toute ta crédibilité.
- Merci, doc.
- Je suis honnête, c’est tout. Tu ne détrôneras pas une sociopathe toute seule ; pour cela, vous devriez être plusieurs à la dénoncer. Je crois que c’est Einstein qui a dit :
« Le monde est dangereux à vivre, non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire ».
- Ils peuvent être soignés ?
- Pourquoi le voudraient-ils ? A leurs yeux le sentiment de responsabilité morale net qu’un fardeau. Ce n’est pas eux qui souffrent de leur sociopathie.
- Mais la thérapie…
- Tu ne comprends pas, Kim, l’interrompt-il, exaspéré. Ils sont parfaitement heureux comme ils sont. Ils n’ont pas le moindre désir de changer.
- Ils ne finissent pas par se sentir seuls, à force ?
- Ils n’ont pas de cadre de référence pour cela. C’est comme demander à quelqu’un qui a été aveugle toute sa vie de décrire la couleur bleue. Ils ignorent complètement à quoi ça correspond.
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Le plus grand Montaigne, on veut dire celui qui, bien loin de cacher les misères de son corps, les a douloureusement recensées - pour mieux se hausser sur le plan d'une sagesse où chacun choisira à son gré de retrouver le ton du stoïcisme ou l'accent du christianisme. (p.270).
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Comme le secrétaire florentin, le philosophe gascon peut bien admettre le crime comme "nécessaire" et "utile' , le "mal" comme source d'énergie politique. Mais la rude leçon du Prince, reprise chez lui, est insérée, modulée dans un ample discours pour la tolérance, contre la tyrannie et la cruauté. (p.231).
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